what's the problem (chawn)

L’avantage que je vois en vivant avec deux hommes qui tiennent à moi, c’est que je n’ai pas grands choses à faire à l’appartement, et surtout, ils prennent soin de moi. Hadès a sa façon m’aide à oublier la douleur en moi et Shawn, en étant lui même, me sortant de ma mélancolie. En tout cas, une chose est sûre, je me sens beaucoup mieux depuis que je me trouve en colocations avec ces deux là. Tellement, que cette nuit, j’ai réussi à dormir plus de quatre heures d’affilées sans me réveiller en sursaut. Alors je peux dire que c’est une bonne nuit et en ouvrant les yeux ce matin, j’ai l’impression que cette journée va être bonne. Pour une fois, je décide de trainer dans les draps, comme si le lit ne voulait pas me laisser sortir. Je me sens bien. C’est si rare, que ce réveil, je veux le faire durer. Mais mes réveils me rappellent que je n’ai pas le droit de rester couchée si longtemps. Enfin, je pourrais, mais je finirais par me rappeler des choses qui font mal, et encore une fois, déprimer seule dans mon lit. D’ailleurs, j’entends du bruit dans la cuisine, alors j’imagine que l’un de mes colocataires est debout. Intérieurement, je pari que c’est Shawn, Hadès ne se levant que très rarement tôt le matin. Je me lève enfin, émergeant doucement, mes yeux encore collés. A la sale de bain, je me refais une petite beauté légère, me brosse les dents et les cheveux avant de me sentir enfin prête à sortir de ma tanière habituellement. Je ne porte qu’un t-shirt et une culotte, mais devant mes colocataires, je n’ai aucunes gênes. D’ailleurs, les garçons ne se gênent pas pour trainer en caleçon dans tout l’appartement. En laissant même quelques uns sales au sol. On se voit plus comme des prétendants potentiels, seulement comme des meilleurs amis, une autre famille.

Comme je m’en doutais, c’est Shawn que je vois derrière le bar de la cuisine en train de se préparer un petit-déjeuner. Evidement que ce n’est pas Hadès. Mon meilleur ami ne m’entend pas arriver alors je le surprends doucement. « J’espère que c’est pour moi ce que tu prépares. » Il se retourne mais je ne vois aucunes réactions de sa part. D’ailleurs il ne rétorque rien, comme il fait d’habitude et je suis un peu surprise. Peut-être s’est-il levé du pied gauche, ou n’est-il pas encore réveillé. Bien que je trouve ce comportement un peu étrange. Je préfère ne rien dire, allant juste à la cafetière me faire mon café matinal. Il n’y a aucuns sons dans la pièce et une tension se faire ressentir. Je sais que quelque chose se passe, et que ce n’est pas normal. « Hadès est à l’appart ? » Demandais-je pour entamer une conversation, même si je m’aperçois vite que mon colocataire n’a vraiment pas envie de parler. Il est rentré tard hier, alors j’essaye de me persuader qu’il est juste fatigué. « tu n’as pas bien dormi cette nuit ? » Demandais-je, un peu inquiète de son comportement étrange. J’espère juste ne pas être trop lourde.

Il avait traîné tard hier soir. Ça devait être une simple visite de courtoisie et pourtant, il y avait passé des heures. Des heures à discuter. À s'agacer. À tourner autour d'un problème sans solution naissante. Il en était presque à s'y arracher les cheveux. Pour un amour maudit, pour un amour détruit. Shawn qui s'était affalé dans son lit à peine rentré à l'appart. Il se demandait quand est-ce qu'il retournerait voir son frère. Pas tout de suite. Son téléphone qui vibre dans la poche de son manteau, Leo qui lui demande s'il est bien rentré. Oui. Bien rentré. Pas dans les plus beaux draps du monde. Pas dans la plus grande délicatesse du jour. Pas dans le plus grand bonheur d'un soir. Mais il est bien rentré. Son portable affiche l'heure fatale de trois heures du matin. Un soupir. Un mouvement sur la gauche. Il laisse ses chaussures tomber au pied de son lit. Ses yeux qui se ferment. Mais le sommeil n'arrive pas à le trouver. Son cerveau qui trime depuis des heures, un indice qu'il demande. Y'a de la colère qui bouillonne dans le fond de ses entrailles. Il se demande comment c'était possible. Shawn n'avait rien vue, rien compris, rien du tout. Pas un centième de l'histoire il l'avait soupçonné. Sortir avec Charlotte, les indications de Leo, ses sous-entendus, ses doux sourires et Charlotte. Charlotte. Dans l'histoire, elle est de quel côté ? Du cœur brisé en mille morceau ou du côté criard d'un amour déchut ? Il ne sait pas, il ne sait plus. Il tourne et tourne toute la nuit. Les heures de supplice infinis. À neuf heures, le soleil qui vient caresser sa joue, il a peu dormit. Il comprend toujours pas. Ça le tracasse, ça le fait sentir patraque. Il se lève, quitte ces draps insomnies pour traîner des pieds vers la cuisine. Ses idées, ses réflexions sont entrain de construire un mur de glace qui bloque quoique ce soit d'entrée ou de ressortir. Il bloque sur cette idée que Charlotte, elle est peut-être mentit. Qu'elle ne lui a peut-être jamais rien dit. Qu'elle était peut-être au courant. D'eux deux. De Leo et elle. Prénom qui ne veux même plus passer par sa conscience. Briser un cœur pour en sauver deux. Charlotte. Charlotte. Elle parfume leur appartement, se dandine avec un sourire, ses yeux gonflés par les larmes qu'elle a lâché la nuit. Charlotte, elle aurait pas pu lui mentir. Meilleurs amis, qu'ils s'étaient dit. Elle peux pas lui mentir. Elle n'a tout bonnement pas le droit.

Encore habillé de la veille, Shawn s'attarde à son petit déjeuné. Parce qu'il a la dalle. Son t-shirt froissé, ses cheveux ébouriffés, son jean qu'il ne cesse de remonter toutes les deux secondes car sa ceinture n'est plus là. Les idées noirs qui le travaille, la biscotte qui se brise lors d'un passage du couteau à beurre. Putain, c'est quoi cette matinée là.. il vient à regretter le monde entier, s'énerver contre une plaquette de beurre et maudire toute sa famille de beurre. Un mouvement se fait entendre, il fait la sourde oreille. Que ce soit Hadès ou Charlotte, Shawn n'existe plus. Il prie pour être un fantôme hantant ces couloirs jusqu'à la réussite de réparer le cœur de son grand-frère. « J’espère que c’est pour moi ce que tu prépares. » un faible sursaut, il se retourne pour y trouver la jolie blonde. Leur jolie Charlotte. La jolie Charlotte aux lèvres menteuses. Il répond rien, trop occupé à insulter mentalement ses biscottes de si bon matin. « Hadès est à l’appart ? » ça le démange. Ses lèvres qui le rongent, ses envies de lui dire d'aller voir ailleurs. Un grognement faible sort de ses lèvres pour lui répondre. Il croit qu'Hadès est à l'appart. Il pense, il croit. Il en sait rien et c'est pas ce qui le préoccupe maintenant. « tu n’as pas bien dormi cette nuit ? » non, et c'est à cause de toi. Vrai ou faux, il n'arrive plus à délier les deux. Non il n'a pas bien dormit cette nuit. Il n'a pas dormit. Shawn sait qu'elle ne le lâchera pas jusqu'à avoir une réponse correcte à ses interrogations. Mais Shawn, il veux juste partir en catimini et ne plus jamais revenir. Plus. Jamais. Alors il ouvre la bouche et fait un effort. « J'ai mal dormis. » il prend une gorgée de son jus d'orange et ose se retourner vers Charlotte. Yeux dans les yeux, il ne pipe mot pendant quelques secondes. « Je suis allé voir Leo hier. On a beaucoup parlé. » il se dit qu'elle aura peut-être une réaction. Qu'elle comprendra où il veux en venir. Il voit pas grand chose à vrai dire. Il voit rien du tout même. Shawn qui prend son assiette et son jus d'orange pour aller s'asseoir sur la table du salon. Il veut tout lui dire. Tout lui dire là, maintenant. Qu'elle avoue, qu'ils comprennent ensembles le pourquoi du comment. Mais ça semble impossible à dire. À ses yeux, ça serait comme trahir une des bases fondamentales de l'amitié.

Pour une fois dans ma semaine, je me sentais bien. J’avais passé une nuit à dormir presque deux heures d’affilés, sans me réveiller en sursaut, pensant à l’absence de ma sœur. Pour une fois, je ne m’étais pas levé ne me demandant si cela valait le goût de vivre sans elle. Bon, j’avais quand même engloutit la tablette de chocolat qui trainait dans ma table de nuit. Et dire que je fais attention à ma ligne depuis ma naissance pour que tout soit gâché par les malheurs de la vie. J’espère qu’un jour au moins, je retrouver l’envie de retourner courir. Autre quand dans le parc ou je retrouvais ma sœur tous les jours. Mais en me retrouvant dans la cuisine avec mon meilleur ami, tous mes espoirs de passer une bonne journée s’envolent. Je sens que quelque chose ne va pas et il n’a pas l’air de vouloir m’informer de ce pourquoi il à l’air plus énervé que d’habitude. Les autres matins, j’ai le droit a un « salut beauté », mais là, je n’ai le droit qu’à ces grognements. Alors je décide de le questionner, tout en restant discrète sur mes intentions. Je veux juste comprendre son comportement. Je sais qu’il est rentré tard hier soir, et j’ai l’espoir que sa soirée ne se soit pas passer aussi mal que je l’imagine. Je ne sais même pas ou il était, bien que le bar du coin est son endroit préféré. « J'ai mal dormis. » Répond-t-il enfin, avec une phrase, enchainant plusieurs mots de façon normale. Ça ne m’en dit pas plus, et il n’a pas l’air de vouloir le faire. Je lève les yeux au ciel en attrapant le jus d’orange pour me servir. Il se tourne à ce moment là vers moi, fixant son regard dans le mien. « Je suis allé voir Leo hier. On a beaucoup parlé. » Je fronce les sourcils, il a l’air de me reproché quelque chose. Quel rapport avec Leo ? Je ne comprends pas. Son frère et moi sommes proches, puisqu’il était le meilleure amie de ma sœur, mais nous avons rien de plus comme relation. Et pourquoi une soirée avec son frère aurait un impact sur moi ? « D’accord. Et je peux savoir ce qui rend si affectueux ce matin ? » Demandais-je, assez agacé par son comportement qui à l’air de me juger. Il prend alors son assiète et son verre et se dirige vers le salon, sans répondre à ma question. « Eh ! Shawn Hogan, tu vas parler pour une fois ! » Dis-je en le suivant dans la pièce d’à coté, l’énervant prenant place dans mon corps. Je veux juste connaître la vérité, et je ne comprends surtout pas le problème avec moi. « Qu’est ce que Léo t’as dis ? » Demandais-je alors, et c’est ma dernière tentative pour parler avec lui, sinon je quitte cet appartement.