Keep caring for each other [Leanne & Marty]

Mon retour au boulot était tranquille puisque je devais seulement effectuer un transfert. De toute manière, je n’avais plus d’équipier, il avait démissionné il y a une semaine, il voulait changer d’air. Je ne pouvais pas lui en vouloir, cela faisait dix ans qu’on faisait ce métier. On ne pouvait pas âtre ambulanciers toute notre vie. J’avais donc parlé au chef de mon souhait de partir sur autre chose et il m’avait mise sur le transfert d’un patient d’un hôpital à un autre. Apparemment un médecin allait m’accompagner, j’ignorais encore que cela allait être le médecin qui m’avait écouté la dernière fois que j’avais craqué en intervention, le jour même où j’avais retrouvé ma fille d’ailleurs. Ma fille était tout ce qu’il me restait à présent, j’avais tellement rêvé de cette famille parfaite avec Allan que je ne pouvais pas croire qu’il nous ait abandonné de la sorte. C’est vrai quoi, pourquoi nous dire qu’on allait former une vraie famille pour disparaitre du jour au lendemain ? Pourquoi m’avoir fait espérer tant de choses en si peu de temps ? Je croyais en notre couple et le simple fait qu’il soit parti, qu’il m’ait quitté sans un mot était la preuve qu’il ne m’aimait pas autant qu’il pouvait me dire. Enfin soit, je venais de quitter la caserne direction l’hôpital pour ce transfert. Une fois sur place, je vis le médecin qui m’attendait pour le transfert. C’était bien le médecin qui m’avait écouté la dernière fois et rassurée. Marty qu’il s’appelait, je crois. J’étais contente de pouvoir travailler avec lui aujourd’hui, au moins c’était quelqu’un que j’appréciais. Par chance, je doute qu’Allan aurait été mis sur un transfert, il était pompier et non ambulancier, c’était une bonne chose. Et puis il devait être loin déjà vu qu’il ne prenait même plus la peine de décrocher à son téléphone. Nous montons donc dans l’ambulance avec le patient et ce fut parti pour prendre la direction de l’autre hôpital. Il me semble qu’il n’y avait pas beaucoup de trajet entre les deux mais avec la circulation, j’allais avoir l’occasion de discuter de nouveau avec ce médecin et un sourire apparut sur mon visage. Sur la route, il vint donc prendre de mes nouvelles, savoir comment j’allais depuis notre dernière conversation par sms.  Il était vrai que pas mal de choses s’étaient passés dans ma vie et s’en étaient allées aussi vite qu’il était revenu d’ailleurs alors je vins lui répondre. « Et bien j’ai connu des jours meilleurs et toi ? J’ai cru qu’un premier amour pouvait être éternel mais je me suis brulé les ailes vu qu’il nous as abandonné moi et notre fille », lui disais-je sans mentir. A quoi bon dire que tout allait bien quand mon visage pouvait facilement me trahir ? Il me fit savoir que cela lui faisait plaisir de travailler avec moi aujourd’hui, j’étais contente aussi, même si le métier d’ambulancière n’était plus pour moi. Peut-être que je devrais reprendre mes études de médecine, tout en aidant ma meilleure amie à la boutique ? Peut-être que dans le fond la médecine était ce qui me correspondait ? A vrai dire, je ne savais plus quoi vers quoi me diriger en ce moment alors je repris. « Je suis contente aussi, même si j’envisage de quitter la caserne pour faire autre chose », lui fis-je, me doutant qu’il allait tenter de savoir ce que je comptais faire. Sauf que j’ignorais quoi lui répondre parce que mon cœur balançait entre reprendre mes études de médecine, monter ma propre affaire ou aider ma meilleure amie dans la sienne. Après tout, ouvrir un café où l’ambiance y sera familiale pourrait être bien, non ? Ce serait certes à l’opposé de ce que je fais depuis dix ans mais parfois il faut savoir s’arrêter pour mieux rebondir. J’attendis sa réponse avant de venir lui faire part de mes hésitations.

Pour la première fois en dix ans de métier, j’appréhendais mon retour à la caserne. J’avais peur de croiser Allan, de ne pas savoir quoi lui dire ou pire de lui dire ma manière de penser. Oui, en fait je crois que si je venais à le croiser en ville ou à la caserne, je ne pourrais pas m’empêcher de lui mettre une gifle. Après tout, m’avoir fait croire qu’on avait de nouveau un avenir ensemble, avoir fait croire à sa propre fille qu’il serait là pour elle, pour nous avant de disparaitre, c’était tout bonnement inconcevable à mes yeux. Toutefois, je me devais de continuer à aller au boulot, de continuer à vivre. Je devrais remonter la pente pour ma fille qui n’avait strictement pas demandé à ce que son père n’assume pas sa paternité. Je pouvais comprendre que cela lui fasse un immense choc d’apprendre vingt ans après qu’il était père mais j’avais espéré un peu moins de lâcheté de sa part. Mais pour l’heure, je devais effectuer le transfert d’un patient d’un hôpital de la ville à un autre. Cela ne me disait rien qui vaille jusqu’à ce que je m’aperçoive que j’allais devoir faire le trajet avec un médecin que j’appréciais. Je n’avais pas osé lui envoyer de sms, par peur de le déranger avec mes problèmes sentimentaux car il devait avoir les siens. Après tout, on a tous notre lot de problèmes dans la vie. Alors le retrouver sur ce transfert me faisait réellement plaisir, même si cela ne pouvait pas vraiment se lire sur mon visage. En même temps, depuis de longues semaines, je ne cessais de repenser à cette journée où j’avais confié la vérité à Allan, cette journée où il m’avait assuré me pardonner. Et pourtant depuis, mon cœur saignait, mon cœur était comme vidée de toute émotion. Comme si avant de s’en aller, il m’avait pris tout ce que j’avais de plus beau en moi afin de mieux me briser en mille morceaux, comme j’avais pu le faire à l’époque avec lui. Se vengeait il du mal que je lui avais fait au lycée ? Honnêtement, c’était fort probable mais voilà il n’était plus là pour me dire ce qui l’empêchait vraiment d’être heureux avec moi, avec notre fille. Non, il avait préféré la solution de facilité, la solution que n’importe quel lâche envisage quand ils veulent fuir des problèmes. Apparemment, nous étions un problème dans la vie de monsieur Evans alors dans le fond, pourquoi me miner le moral pour lui ? Et puis ce n’était pas le moment non plus, j’étais en train de bosser, même si on parlait un peu de tout avec Marty. Il semblait désolé du départ de mon premier amour alors je vins lui répondre. « Merci c’est gentil mais en effet, il ne me méritait pas », venais je de lui répondre, sachant pertinemment que je ne croyais pas un seul mot aux paroles que je venais de prononcer. J’avais cru que mon amour pour Allan allait redevenir intact mais il fallait reconnaitre la vérité, celle que nous avions vraiment changés tous les deux en vingt ans. Quoiqu’il en soit, je ne lui pardonnerais jamais d’avoir abandonné notre fille, de lui avoir fait croire qu’elle comptait pour lui et de lui avoir menti, tout comme il m’avait menti. J’ignorais si j’allais surmonter cela et retomber amoureuse un jour mais pour l’heure ce n’était plus ma priorité du moment. Non, en ce moment, ma priorité était de savoir ce que je voulais faire à présent de ma vie. Je savais que je voulais changer de métier, être ambulancière m’aura beaucoup apporté depuis ces dix dernières années mais il était temps pour tourner la page et de commencer autre chose. D’ouvrir un autre chapitre de ma vie. Marty semblait confiant quant à cette reconversion soudaine. Même si pour ma part ce n’était pas si soudain que cela, j’y réfléchissais depuis quelques temps alors je vins lui répondre. « Je te remercie de ton soutien, ca me touche beaucoup. A vrai dire, j’ai quelques idées de reconversion mais c’est radical comme changement … », lui disais je, également pour le rassurer. Je n’étais pas à plaindre, j’avais encore ce métier que j’avais aimé plus que tout mais j’avais en tête d’ouvrir un petit café sur South Bay. Après tout, c’était un quartier à la fois familial et touristique, cela pouvait être le lieu parfait pour ouvrir un café. Seulement un tel projet était un changement radical dans ma vie et cela me faisait peur, je ne pouvais le nier. Toutefois, je savais que ma meilleure amie me soutiendrait, elle tient une boutique, elle connait bien le métier, je savais que je devais lui en parler et c’était ce que je comptais faire très vite.


Puis tout d’un coup, nous fûmes propulsés vers l’arrière, je tente en vain de me relever mais l’ambulance vint se coucher sur le côté, me faisant recevoir un coup sur la tête et m’évanouir rapidement. J’ignorais comment allait Marty, je l’ai vu se faire propulser en arrière aussi et puis ce fut le blackout. Nous venions d’avoir un accident et le blessé que nous transportions avait été également touché. De toute évidence, quelqu’un ne voulait pas qu’il change d’hôpital ou ce n’était qu’un malheureux accident. En tout cas, ce n’était pas une simple voiture qui nous avait percuté, le choc était tellement fort que ce ne pouvait être qu’un camion qui avait grillé un feu rouge. Le conducteur de l’ambulance ne semblait rien avoir car je pouvais percevoir des bruits, il était en train d’appeler les secours pour venir nous aider. Ma tête me faisait mal et à cet instant, je ne pouvais m’empêcher de ne penser qu’à ma fille. Elle était ma raison de vivre, celle qui me faisait me battre suite au départ de son père. Très rapidement, je pouvais entendre au loin les sirènes des ambulances, mes collègues arrivaient à notre secours, on allait être sauvés. J’étais à moitié consciente mais je ne pouvais voir Marty là où j’avais atterri avec le choc alors je décidais de l’appeler à demi mots. « Mar-ty, tu m’entends ? », dis je en chuchotant car je sentais que le poids de mon corps lourd comme si quelque chose était tombé sur moi suite à l’accident. Cette journée était définitivement un cauchemar et cela confirmait que travailler à la caserne n’était plus fait pour moi. J’avais beau aimé l’adrénaline de sauver des vies, je voulais un métier plus calme à présent, qui me laissait plus de temps pour profiter au maximum de ma fille. On avait tellement d’années à rattraper toutes les deux que je ne voulais plus perdre une seconde de sa vie. Mais pour l’heure, l’essentiel était de se sortir de là et de m’assurer que Marty allait bien.