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contexte › island bay ressemble à n’importe quelle petite ville côtière de nouvelle-zélande, mais il n’en est rien. en bordure de wellington, à une trentaine de minutes en voiture, se trouve un parfait petit endroit où se mélangent étroites maisons en location et grandes villas de propriétaires fortunés. c’est un endroit où il fait bon vivre, du moins d’apparence, puisque comme on sait, l’herbe semble toujours plus verte de l’autre côté de la clôture. tous les habitants d'island bay se sentent ici comme à la maison, en quelque sorte. mais n’en est-il pas autrement de leurs voisins ?
mars 2024
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le jardin d'eden est un café/pâtisserie qui commence à se faire un nom à island bay.
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 ☼ Les Gallagher en vacances

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MessageSujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#)   ☼ Les Gallagher en vacances - Page 3 EmptyLun 17 Sep - 12:18

Murphy suivit son père jusqu'au chalet où il était proposé tout un tas de soins pour le corps et la détente. La jeune fille était entrée elle aussi à l'intérieur du bâtiment où il faisait vraiment chaud. Il y avait pas mal de monde, ce dont elle ne se serait pas attendu en vérité étant donné qu'elle vivait coupée du monde depuis leur arrivée ici. Enroulée dans sa serviette, elle vit son père retirer ses vêtements pour se mettre à l'eau, après avoir préparé son transat pour sa sortie. Murphy regardait un peu l'environnement, il y avait des toboggans, des piscines pour tous les âges, un jacuzzi et puis au fond, des hammam et saunas.  Elle mit quelques minutes avant de se décider à retirer sa serviette. Murphy était du genre très pudique, voir même beaucoup trop. Quand elle était à la plage avec son père, ça passait mais dans un lieu publique, elle n'aimait pas tellement ça. La gamine fini tout de même par retirer sa serviette qu'elle posa sur le transat près de celui de son paternel essayant de cacher au mieux son corps dont le bronzage était inexistant. Elle entra dans l'eau pour se placer pas très loin de son père, quand celui-ci se mit à gueuler à voix haute. Murphy suivit son regard et tomba sur un garçon d'à peu près son âge qui devint tout rouge et qui prit la fuite. Murphy ne comprit pas ce qu'il s'était passé, qu'est-ce que le gamin avait fait, alors qu'en plus il était loin de son père, pour que ce dernier veuille le défoncer ? Murphy ne dit rien et s'abaissa complètement dans l'eau, plongeant sa tête au passage. Elle garda sa respiration afin de rester sous l'eau. Là au moins, il n'y avait plus de bruit, plus de nuisances, plus de troubles, plus rien. C'était apaisant, c'était calme, c'était silencieux. Elle pouvait entendre les battements de son cœur, ainsi que certaines bulles d'air qui s'échappaient d'entre ses lèvres. Avec ses bras, elle essayait de se maintenir à peu près en équilibre tandis qu'elle chassait les dernières réserves d'air de ses poumons pour atteindre le fond de la piscine. A cet endroit, ça n'était pas tellement profond, ce qui n'était pas très compliqué finalement. Une fois assise au fond, elle manqua d'air et ne tarda pas à remonter à la surface, prenant une grande bouffée d'air frais et passant ses mains sur son visage. Oui, ça faisait du bien. Alors qu'elle était de nouveau le visage à l'extérieur de la piscine, son père prit la parole. Il était en train de lui proposer de faire quelque chose ensemble,  une activité juste tous les deux. Murphy n'y croyait pas tellement au départ, si bien qu'elle se tourna vers lui comme pour vérifier sur son visage s'il était sérieux. Il avait réellement envie de partager quelque chose avec elle ? Dans sa tête depuis la veille, Murphy ne cessait de penser que son père la détestait sûrement et qu'il devait très probablement regretter de l'avoir dans sa vie. Alors qu'il lui propose de passer du temps juste tous les deux... elle ne savait pas trop quoi dire. Parce qu'elle était perdue avec tout ce qu'il venait de se passer en quelques heures. Ca faisait beaucoup d'informations, non ? En réalité, elle adorerait partager un truc seulement avec son père, mais ça paraissait trop beau pour être vrai. Si ça se trouve au bout de deux séances, ils allaient arrêter, ou bien Keny viendrait avec eux, ou bien encore ils ne feraient que de se disputer ? Murphy n'en savait rien... Et puis oubliait-il qu'elle était punie ? Murphy se gratta l'extérieur de la narine et puis lança « oui, on pourra essayer quand mes examens seront terminés si tu veux ? » oui, autant rester calme et ne pas s'emballer. Elle le sentait gros comme une maison que Keny allait finir par venir à ses rendez-vous et que très vite, elle n'irait plus mais qu'ils iraient là-bas tous les deux. Elle se mit à penser à quelque chose, et voulu clarifier la situation avec son père « au fait, je pourrai toujours aller travailler à la boutique même si je suis punie ? » parce que ce travail était important pour elle et qu'elle ne voulait pas le perdre. Le dos collé à la paroi de la piscine, Murphy voyait son corps englouti sous l'eau se transformer, prendre des formes diverses et variées, laissant son imagination faire le reste. Elle faisait bouger ses jambes sous l'eau, perdue dans ses pensées. Finalement, elle regarda son père avec cette mine atrocement triste. Jamais elle n'avait été aussi proche de lui depuis son anniversaire, mais jamais elle ne s'était sentie aussi loin de lui. Il semblait tellement intouchable, elle semblait ne pas parvenir à lui parler, à communiquer avec lui, ils semblaient tellement distancés l'un et l'autre. Elle se demanda à quoi il pensait là maintenant, est-ce qu'il se sentait bien quand ils étaient tous les deux ou bien est-ce qu'il n'avait qu'une seule envie c'était de rentrer pour retrouver sa vraie vie ? Est-ce qu'il la détestait sincèrement ? Est-ce qu'il priait pour qu'elle quitte enfin la maison ? Est-ce qu'il voulait qu'elle prenne une chambre à l'université pour être tranquille ? Est-ce qu'il en avait marre d'elle ? Oui, très probablement. Murphy sentie que toutes ces questions provoquaient un remou d'émotions chez elle, si bien qu'elle plongea à nouveau sa tête sous l'eau pour éviter de fondre en larmes. Lorsqu'elle remonta à la surface, elle fini par dire en direction de son père « papa ? » cherchant son attention. Elle baissa alors les yeux, le regard de son père était parfois tellement... tranchant et direct. Elle se sentait mal, très mal et elle même si elle ne savait pas trop ce qu'elle cherchait en disant ça, elle ressentait le besoin de lui dire « je te demande pardon pour hier et puis... pour les autres fois » commença t-elle. Elle se doutait que son père devait en avoir un peu rien à foutre, surtout qu'elle s'était déjà excusé le lendemain de leur dispute, mais elle tenait à lui dire ça « je sais que parfois je m'énerve et j'dis des choses sous le coup de la colère que j'pense pas » elle laissa son œil glisser sur les gens qui se baignaient, ils étaient un peu tous seuls dans leur coin « je sais que j't'ai fait du mal et j'voulais pas ça » enchaîna t-elle. Elle jeta un coup d'oeil à son père et puis baissa de nouveau les yeux sur ses jambes. « Je m'en veux beaucoup » avoua t-elle avant de sentir que sa gorge se serrait. Elle aurait aimé pouvoir lui dire qu'elle se dégoûtait elle-même et qu'elle avait honte d'elle-même, mais c'était comme si les mots ne parvenaient pas à sortir. « Je sais que je te déçois presque tout le temps » finit-elle néanmoins par dire « et j'te rassure, moi aussi j'me déçois, bien plus souvent encore » jetant un dernier coup d'oeil à son père, elle fini par juste lui répéter un « désolé » avant de couler une nouvelle fois sous l'eau et de nager au fond de la piscine pour s'éloigner un peu de son père. Ce n'était sûrement pas le lieu idéal pour ça, ni le moment pour non plus, mais elle avait besoin de lui demander pardon afin d'espérer avancer par la suite. A leur retour à Island Bay, elle tâcherait de se faire toute petite, d'avoir ses examens même si son père chiait clairement sur ses études, de gagner la confiance de sa patronne à son travail et pourquoi pas... de se renseigner pour une chambre universitaire ? Peut-être que si elle s'éloignait de lui, il serait plus heureux ? Probablement que oui.
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MessageSujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#)   ☼ Les Gallagher en vacances - Page 3 EmptyVen 28 Sep - 11:19

- Oui, bien sûr ! On en rediscutera, tu me diras ce que tu aimerais faire.

Caïn hocha doucement la tête. Il n'y croyait pas vraiment. En fait, la réponse de sa fille avait tout l'air d'une fin de non-recevoir. Elle ne semblait ni emballée, ni disposée à ce qu'ils fassent un truc ensemble. C'est la conclusion qu'il fit, hâtive, comme d'habitude. Au moins, on ne pouvait pas lui reprocher d'essayer et de proposer. Il n'aborderait plus ce sujet. Ce n'était pas son genre de tendre l'autre joue pour y recevoir une nouvelle gifle. Tant pis. Il aurait aimé passer du temps avec elle hors de la maison, dans une discipline où ils pourraient s'avérer complémentaires, éviter d'entrer en conflit ou en opposition. Après ce qu'il s'était passé ce week-end, il n'en était pas surpris. Dans un sens, ça n'était peut-être pas plus mal ? Chaque projet qu'ils tentaient de faire tous les deux virait à l'échec cinglant. Ils s'évitaient donc de récidiver encore et que ça finisse encore en eau de boudin. Il y eut un silence. Caïn en profita pour promener son regard dur dans la salle. Il aperçut le jeune qui avait osé regarder sa fille comme un morceau de viande. Il détestait ce type d'attitude. Avec le temps les gens devenaient de plus en plus cons et de moins en moins civilisés. L'avantage de la beuglante qu'il avait poussé, c'est que maintenant, plus personne n'osait les regarder, ils étaient tranquilles. Ce n'était pas pour rien, cela dit, que les regards se tournaient. Pour quelqu'un de son âge, Gallagher était bien foutu, très bien foutu même. Grand, musclé, il était dans la fleur de l'âge. Et ce n'était pas Keny qui viendrait dire le contraire, malgré leur écart d'âge. Quant à Murphy, elle avait hérité du meilleur de son père et de sa mère. Le trader aimait bien s'en vanter d'ailleurs, parce que sa fille, elle surpassait tout le monde dans cette pièce. Et bien que la nudité soit taboue entre eux, Caïn connaissait ses atouts et savait en jouer pour rendre les autres verts de jalousie. On est un connard ou on ne l'est pas. Il fut sorti de ses pensées par une question de Murphy au sujet de sa punition.

- Tu es privée de sortie, pas de cours ou de travail. Donc oui, tu peux aller travailler. Par contre tu rentres de suite dès que tu as fini.

Il avait fait une réponse ferme. Le sujet de la punition restait encore très tendu. Caïn n'avait pas digéré ses aveux. Il était même furieux de savoir qu'elle avait bu. Il dut prendre énormément sur lui pour ne pas être cinglant et plein de reproches. Autant ne pas remettre ce sujet sur le tapis, pas maintenant ni dans ce cadre. Au loin il repéra un homme, qui ressemblait sacrément à Keny. Il le fixa, le regarda avancer avant de se rendre compte que non, ça n'était pas lui. Au début, il l'avait trouvé très beau, très à son goût, mais dès l'instant où il se rendit compte que son esprit lui jouait des tours, son cerveau le balança directement à la décharge et il plongea dans l'indifférence la plus absolue. C'était violent, mais il se rendait compte que même les autres hommes ne l'attiraient plus. Seul Keny avait ce privilège. Et il le garderait très certainement pour toujours. Une nouvelle fois, Murphy le sortit du fil de sa réflexion. Il posa les yeux sur elle mais elle baissa les siens. Elle s'excusa une nouvelle fois. Comment lui expliquer qu'au fond il ne lui ne voulait pas, mais qu'il était blessé et qu'il lui en voulait parce que c'était comme ça ? Ca n'avait aucun sens rationnel ! Pourtant, c'était ce qu'il ressentait. Il ne lui en voulait pas pour le fait qu'elle se soit mise en colère. D'ailleurs, il ne lui en voulait plus du tout. Il avait suffi d'un mot pour provoquer l'ire de son père et pour lui porter une sacrée estocade. Homophobe. C'était ça le sujet majeur de la discorde. Tout pouvait s'oublier sauf ça. Murphy aurait beau s'excuser, être parfaite, le jour où ils se prendraient la tête à nouveau, la rancoeur referait surface, comme un poison violent venant envenimer une situation déjà délétère et compliquée. Elle n'y pouvait rien. Personne n'y pouvait rien. Caïn fonctionnait comme ça. Il avait la rancune tenace et un penchant certain pour la colère. Quand il explosait, tout revenait et tels de puissants jets d'acide, cela nécrosait tout sur son passage. Alors, la première chose qu'il voulait lui dire, c'était de ne pas en reparler et d'oublier. Mais sa fille était lancée, alors il l'écouta.

Elle s'en voulait beaucoup. Il voulait lui dire que ce n'était pas grave, qu'il fallait laisser ça derrière, mais la petite voix du sale con lui murmurait qu'elle avait intérêt à s'en vouloir et que maintenant si elle gardait des remords, c'était bien fait pour sa gueule. Difficile de maîtriser la "bête" qui sommeillait en lui, un rien pouvait la faire surgir et il devenait la pire personne au monde. Quand sa fille parla du fait qu'elle le décevait, là, il tiqua. C'était faux, totalement faux. Et ce n'était pas vraiment le problème, d'ailleurs. Elle replongea sous l'eau et s'éloigna. Caïn la fusilla du regard. Elle ne pouvait pas lui balancer un truc pareil et s'en aller faire quelques brasses comme ça ! Il avança à son tour, vers elle, et ne tarda pas à la rattraper. Alors qu'ils avaient atteint l'autre bord, Gallagher prit la parole :

- Non, tu ne me déçois pas. Les gens qui me déçoivent sortent de ma vie et me laissent indifférent. Ce n'est pas ton cas, ça ne sera jamais ton cas, Murphy. Alors, sors-toi cette idée du crâne, parce que je reste fier de toi. Pour le reste, tu n'as pas tiré le meilleur lot. Tu as hérité de ma colère et de ma facilité à m'emporter. C'est comme ça. J'aurais préféré que tu n'hérites pas de ça. Pour toi ça aurait été bien plus simple.

Il n'était pas loin de penser que pour elle, il aurait mieux valu qu'elle ne le connaisse jamais et qu'elle vive sans père. Voire même que son géniteur soit un autre. Caïn n'avait jamais réussi à être un bon père. Il avait fait des efforts, mais sa maladresse et son mauvais caractère contribuaient à les plomber. Et puis il partait avec un handicap considérable, à la base. Il n'avait pas connu l'autorité ou le conseil d'un père. Il ne possédait aucun modèle sur lequel se baser.

- Si j'ai pu te laisser penser que j'étais déçu, je m'en excuse. Mais je ne l'étais pas. La colère et la déception ne sont pas la même chose, tu sais. Je ne sais pas comment bien l'expliquer, c'est difficile. Le jour où tu feras quelque chose qui ne me suscitera que du mépris, ce jour là, ce sera de la déception. Mais si ça m'énerve, si ça me fait sortir de mes gonds, si ça me fait rire, que ça suscite mon admiration, c'est que j'en suis très loin. Je n'ai pas le meilleur caractère, j'en suis conscient. Je ne suis pas non plus le plus expressif. Quand tu as un doute, demande-moi, ok ?
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MessageSujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#)   ☼ Les Gallagher en vacances - Page 3 EmptyVen 28 Sep - 12:05

L'idée qu'elle puisse continuer de se rendre à son travail rassura la jeune femme. En effet, elle prenait du plaisir à s'épanouir dans son travail à la boutique et d'ici la rentrée, plein de choses positives allaient venir de sa patronne. Murphy allait peu à peu prendre confiance dans une voie qu'elle ne connaissait pas, celle des Antiquités. Et puis elle allait s'épanouir et prendre confiance face aux responsabilités qu'allaient lui confier peu à peu sa patronne. Oui, ce travail allait beaucoup lui apporter et même si pour l'heure, elle l'ignorait encore, elle était rassurée de savoir qu'elle pourrait continuer d'y aller. Finalement, Murphy parvint à livrer une partie de son mal être à son père, notamment sur cette impression de le décevoir en permanence, de ne jamais être à la hauteur, de ne jamais parvenir à comprendre son père non plus. Alors qu'elle s'excusa et qu'elle plongea pour faire quelques brasses dans l'eau chaude du bassin, son père ne tarda pas à la rattraper (en même temps quand Thor nage à côté de toi, normal qu'il te rattrape en deux temps trois mouvements). Murphy posa ses bras sur le rebord, laissant ses jambes s'agiter pour se maintenir à flot. Elle n'avait pas pied ici, le bassin était plus grand de ce côté là. Son père expliqua tranquillement qu'il n'était pas déçu et qu'il ne le serait jamais. Pourtant... ne serait-ce que ce qu'il avait dit à propos de ses études... n'était-ce pas une forme de déception ? Murphy l'écoutait, mais ne comprenait pas réellement ce qu'il voulait dire. Il parlait alors d'héritage, de cette colère en eux qu'ils ne parvenaient pas à évacuer comme il le fallait. Oui, là-dessus, pas de doute possible, elle avait tout prit de lui. Murphy essaya de se souvenir d'une fois où sa mère l'avait disputé. En réalité non, il n'y avait pas eu un seul coup de gueule contre elle. C'était surtout contre ses frères, Murphy se souvint de grosses disputes entre sa mère et eux, mais la première fois qu'elle s'était faite disputée, c'était avec son père Il avait sortit sa grosse voix, son regard ferme et froid et Murphy se souvint avoir eu peur. En fait, elle se souvint que cet épisode l'avait beaucoup marqué, profondément même. Elle ne connaissait pas vraiment ce type qui se disait être son père et quand il s'était énervé, avec la façon qu'il avait de le faire... Murphy avait eu très peur. Est-ce que ça avait un lien avec son comportement d'aujourd'hui ? Elle n'en savait rien. Son père s'excusa et Murphy leva tout de suite les yeux vers lui à ce moment-là. C'était quelque chose d'assez rare et c'était presque sorti naturellement là, étrange non ? La petite blonde sécha ses lèvres humides par l'eau de la piscine et puis lança finalement « bé au moins on est sûr d'avoir un truc en commun... même si c'est de la colère... ? » elle sourit furtivement, presque timidement. C'était au moins ça non ? Elle se sentait tellement différente de lui... est-ce que la colère ne serait pas le seul moyen qu'elle avait trouvé pour se rapprocher de lui ? Pour créer un lien entre eux ? Peut-être... Une forme de communication qui ne passerait qu'entre eux. Quand son père lui proposa de venir lui demander directement dès qu'elle n'était pas sûre de quelque chose, Murphy sentit son cœur s'emballer légèrement. En fait, elle avait une question qui lui brûlait les lèvres, quelque chose qu'elle aimerait savoir. Elle sentait qu'il y avait une ouverture, un moyen de poser cette fameuse question. Murphy avait peur, mais elle se dit que c'était le moment où jamais « j'ai une question alors » lança t-elle tout bas. Elle laissait ses yeux fixer le carrelage de la piscine, suivant les traits bleus des joints. Ses jambes s'agitaient toujours et alors que ses doigts glissèrent dans les jointures du carrelage, elle ajouta « j'voudrais que tu répondes sincèrement, sans avoir peur des conséquences de la réponse, tu vois ce que je veux dire ? » elle chercha le regard de son père et puis retourna sur les carreaux blancs humides assez rapidement. Elle soupira légèrement et puis demanda de but en blanc « est-ce que parfois, tu regrettes de m'avoir fait entrer dans ta vie ? » avant de tourner doucement sa tête pour voir le visage de son père. Elle voulait essayer de lire sur son visage la vérité. Elle espérait qu'il soit honnête. Murphy se disait que... leur relation était étrange. Après tout, ils avaient du apprendre à s'aimer et vivre ensemble assez tard, peut-être que justement, c'était trop tard ? Peut-être que tout simplement, ils ne s'entendraient jamais ? Peut-être que son père était atrocement malheureux depuis qu'elle était ici avec lui, alors peut-être qu'il valait mieux pour lui qu'elle parte, qu'elle s'éloigne et ça ne ferait pas de lui un mauvais père pour toujours... Caïn était assez jeune pour refaire sa vie, pour reconstruire une nouvelle famille dont il serait fier et avec laquelle il serait heureux. « Parfois... » murmura t-elle avant de s'arrêter totalement, même physiquement. « Parfois je me dis que j'suis de trop et que... tu sais, si tu veux que je parte, tu peux me le dire, je le comprendrai... j'veux pas que tu te forces parce que tu penses me devoir quelque chose » elle haussa les épaules. Dire ça était horrible, parce que qu'est-ce qu'elle deviendrait sans lui ? « Tu... tu pourrai refaire ta vie, fonder une vraie famille et... et tu sais, je ne t'en voudrais pas papa... » murmura t-elle en sentant une larme couler sur sa joue et sentant sa gorge se serrer. Eh merde.
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MessageSujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#)   ☼ Les Gallagher en vacances - Page 3 EmptyDim 7 Oct - 13:32

- Je sens bien que je ne suis pas le père idéal, que je suis même plutôt nul, par bien des aspects. On ne va pas se mentir, ta mère a toujours été plus douée que moi avec les gens. Elle avait la fibre maternelle, elle a su comment t'élever pour que tu deviennes une grande fille et une belle personne. Ce n'est pas mon cas, ne nous voilons pas la face. Donc, oui, parfois je regrette de t'infliger ça. Je me dis que tu serais cent fois mieux avec ta mère qu'avec moi, que la vie n'a pas été juste et qu'elle aurait peut-être du inverser les choses sur celui qui est resté en vie. Mais je regrette surtout d'être sorti de ta vie. Si j'étais resté, rien de tout ça ne serait arrivé. Tu aurais eu un père, j'aurais, j'imagine, eu plus de facilité avec la paternité. Ce qui est sûr, c'est que tu n'es pas le problème. Le problème c'est moi, j'en suis bien conscient. Je fais du mieux que je peux pour être là et t'aider, même si, visiblement, c'est bien insuffisant.

C'était étrange d'en parler ici, en plein milieu de la piscine, avec des gens, non loin, susceptibles d'entendre des brides de leur conversation. Mais justement, le fait de se retrouver dans un endroit public, avec du bruit, derrière, ça évitait les silences trop lourds, les moments de gêne. Contrairement à sa fille, Caïn avait encore pied. L'eau arrivait sous son menton. Il ne se tenait pas au bord. L'avantage de cette position, c'est qu'il ne pouvait pas baisser les yeux et qu'il la regardait donc directement. Son regard restait de toute façon le parfait miroir de ses émotions. Capables d'une froideur intense et d'une fermeté permanente, ils laissaient aussi filtrer la chaleur, lorsqu'il en éprouvait. Et dans leur situation, c'était le cas, un mélange de chaleur pour elle et d'amertume, vis à vis de lui-même. Murphy enchaina et expliqua un peu plus en détail son mal-être. Il comprenait mieux pourquoi elle se faisait petite. Elle craignait de le déranger. Encore un échec... lui qui espérait qu'elle s'épanouisse, il se rendait compte qu'à son contact c'était tout l'inverse. Pourtant, Caïn mettait beaucoup d'énergie à lui créer un cocon familial. Il ne prenait pas conscience des multiples maladresses qu'il générait, en croyant bien faire. Outre son passé qui n'aidait en rien, et le fait qu'il n'assume pas encore son homosexualité, son caractère imprévisible et écharpé ne permettait pas vraiment d'en faire un père parfait. Caïn fronça les sourcils lorsque Murphy poursuivit. C'était donc ça l'impression qu'il lui donnait ? De vouloir qu'elle parte ? Alors que c'était tout l'inverse ? Il s'était battu pendant des mois pour l'éloigner de ses frères, la mort de ces derniers l'avait réjoui, parce qu'il savait qu'il allait récupérer sa fille. Oui, c'était cruel, c'était même méchant et égoïste mais pour Murphy, il était prêt à beaucoup de choses, même à renoncer à sa carrière si c'était nécessaire. Il reprit la parole, en secoua la tête et parlant plus rapidement que d'ordinaire, parce qu'il ne voulait pas entendre la suite :

- Non. Non. Tu n'es pas de trop, tu n'es jamais de trop. Au contraire, heureusement que tu es là. Je ne veux pas que tu partes. C'est un problème, je le sais. Car tu devras bien partir un jour pour faire ta vie. Je n'y suis pas prêt. Tu fais des études et je me demande tous les jours quand tu viendras me dire que tu te prends un petit appartement ou une chambre d'étudiant pour quitter la maison. Je redoute cet instant. Ce que tu vois est une façade... parce que je ne veux pas que cela influence tes choix. Je t'ai assez pourri la vie comme ça. Je ne me force à rien. Je te dois beaucoup de choses mais ce n'est pas pour ça que veux que tu restes. Je veux que tu restes parce que tu es ma fille et que je t'aime.

Fonder une famille ? Pour quoi faire ? Il avait déjà une fille. Et vu la piètre façon dotn il s'en sortait avec elle, il préférait largement ne pas faire de nouvelle progéniture ni même adopter. De toute façon, dans la mesure où il était attiré par les hommes et où son petit ami était Keny, à moins de faire un séjour par la Thaïlande, il ne pourrait pas tomber enceinte. Ce qui franchement, n'était pas plus mal ! Là, néanmoins, Murphy mettait le doigt sur quelque chose de beaucoup plus intime. Il ne pouvait pas encore lui avouer la vérité à ce sujet. Il n'était pas prêt à faire son coming-out. Cela ne l'empêcha pas de poursuivre :

- Ma famille c'est toi. Il n'y a jamais eu que toi. Et si un jour, je me mets en couple avec quelqu'un, tu resteras la pierre angulaire. Toujours. Il n'y aura jamais de compétition. Il ne peut pas y en avoir.

Il s'approcha pour la serrer contre lui. L'armoire à glace qui enlace un bouquet de fleurs ! Il était tellement massif comparé à elle.

- Est-ce que tu peux me dire ? Ce que je fais ou que je dis, qui te laisse penser que je ne veux plus de toi dans ma vie ? Ou que je veux te mettre dehors ? Ne me ménage pas.

C'était un ordre. Caïn avait besoin de savoir ce qui gênait dans son attitude pour rectifier le tir, du moins, pour essayer.
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MessageSujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#)   ☼ Les Gallagher en vacances - Page 3 EmptyDim 7 Oct - 17:40

La réponse que son père lui lâcha depuis le bassin de cette piscine fit beaucoup de peine à la jeune femme. En fait, elle avait l'impression que c'était le genre de réponse qu'elle aurait pu faire, si le souci avait été inverse. Se sentir coupable, avoir l'impression de ne pas être à la hauteur, de ne pas faire ce qu'il faut, d'être maladroit et puis de ne pas savoir faire. Alors presque instinctivement, la jeune femme ne pu s'empêcher de sourire légèrement et de répondre doucement « on a le chic tous les deux pour laisser croire qu'on est forts alors qu'au fond, on sait juste pas comment s'y prendre ». Elle leva doucement les yeux vers son père et puis ajouta « c'est pas insuffisant, c'est juste que... » elle soupira et regarda ailleurs, cherchant ses mots « tu sais, j'ai compris que... » elle soupira encore et leva les yeux vers les larges vitres qui entouraient la piscine, se perdant un peu sur la buée qui les recouvrait, elle lança « j'ai pas encore accepté la mort de maman, ni des garçons... » avoua t-elle comme une faute, comme une bêtise. Elle avait l'impression d'être nulle de ne pas avoir réussi à faire son deuil et d'être un vrai boulet. Il fallait qu'elle tourne la page et elle le savait très bien, elle ne pourrait pas continuer à vivre de cette manière. Quand son père lui avoua que non, elle n'était pas de trop et surtout, qu'il ne voulait pas qu'elle parte, ça lui dit profondément du bien. En fait, elle sentit un poids s'enlever de ses épaules et ça lui faisait du bien. Elle espérait qu'il dise quelque chose comme ça, parce qu'elle, elle n'avait pas envie de partir. Comme elle le lui avait dit le soir de son anniversaire, elle ne voulait pas le quitter, sous tous les aspects que ça comporte. Qu'il puisse s'agir de quitter le domicile familial, ou bien qu'il lui arrive quelque chose, ça angoissait Murphy l'idée de vivre loin de son père. Il était tout ce qu'elle avait désormais et il ne semblait pas du tout comprendre à quel point ça représentait de l'importance pour la jolie blondinette. « Tu m'pourris pas la vie, c'est moi qui te la pourris... j'suis toujours là à te faire des reproches et... et j'continue de te faire payer j'sais pas quoi... et tu dis rien... » et c'était peut-être ça le vrai reproche. Qu'il ne dise rien, que tout soit considéré comme normal alors que non. Il fallait qu'il l'engueule, qu'il la punisse, qu'il prenne des positions face à elle, comme un vrai père pourrait le faire. Mais Murphy savait qu'il se sentait coupable de l'avoir laissé plus jeune. Son père la rassura alors sur le fait qu'elle ferait toujours partie de sa vie et surtout, de sa famille, peu importe ce qu'il se passe. Et quand il s'approcha d'elle, à travers l'eau chaude de la piscine, la jeune femme se laissa caliner sans oser trop bouger, assez mal à l'aise d'être autant en contact physique -nu- avec son propre père. Elle aimait les calins avec lui, mais pas à moitié à poil, ça la dérangeait. Et elle savait que son père était un peu pareil. Son père lui demanda alors ce qui lui laissait penser qu'il ne voulait plus d'elle dans sa vie. Murphy se décolla de son père et mal à l'aise par ce rapprochement physique, avoua « j'sais pas... j'ai parfois, souvent, la sensation que tu aurai aimé que je sois autrement... » elle leva les yeux vers lui et lança « un exemple tout bête, mais ce matin, quand tu parlais de mes cours à la fac... tu ne comprends pas à quoi sert l'anthropologie, tu dis que ça ne sert à rien... mais c'est ce que je fais... » avoua t-elle en grimaçant, ne voulant pas lui faire de la peine. Elle baissa les yeux vers l'eau et balançant ses jambes en essayant de nager sur place, elle lança doucement « j'sais que tu t'en veux de ne pas avoir été là quand j'étais bébé... mais... » elle soupira le regard vague et puis lança en collant ses yeux dans ceux de son père « viens on s'en fout ? » souffla t-elle, comme épuisée de ce combat-là. « J'ai pas b'soin d'un père qui s'en veut tellement qu'il n'ose jamais m'engueuler, me punir, se mettre devant moi quand j'fais un truc nul... » son visage était las, fatigué et presque triste « tu dis que tu ne sais pas être père... moi j'pense que tu sais, mais que tu t'en veux trop pour jouer ce rôle » elle baissa les yeux et lança « et tu vas dire que j'sais de la psychologie de comptoir... » elle sourit en croisant le regard de son père « mais viens, on a assez perdu de temps à culpabiliser... j'veux dire... » elle soupira encore « la vie elle passe papa... » elle le regarda et puis lança « j'ai déjà perdu maman, les gars... et toi... j'ai l'impression que même si tu es là, t'es pas vraiment toi-même... » et ça la dérangeait. « Sois un père, arrête de te sentir coupable pour tout... t'es là, et même si par le passé tu as chié dans la colle... ça fait trois ans que je chie dans la colle avec toi... ça compense, non ? » lança t-elle. « On perd du temps et... j'ai l'impression qu'on passe à côté de notre vraie relation... moi l'escalade je kifferai trop en faire avec toi tu sais ? » avoua t-elle. « J'avais juste l'impression que... que tu ne voulais plus de moi, ou que j'étais pas assez bien... » elle haussa les épaules. « Mais tu sais... j'compte pas partir de la maison hein » elle lança son pied dans l'eau pour essayer de l'atteindre sous l'eau, ne parvenant qu'à l'effleurer et à sourire en pinçant ses lèvres. « Et même si un jour je pars... bé tu s'ras toujours mon père hein » oui, le jour où elle fondera sa propre famille, son père serait toujours là, bien présent. Et elle viendrait le voir, elle continuerait de vivre tout prêt, elle ne le laisserait jamais elle non plus. Elle n'imaginait pas cela possible en fait. « Juste que... j'crois qu'on a assez perdu de temps avec des bêtises, de la culpabilité de merde, des reproches alors qu'on est pareils, enfin surtout mes reproches à moi en fait » avoua t-elle en souriant doucement « mais dans le fond... faudrait qu'on avance... faut qu'on... qu'on fasse le deuil d'avant » lança t-elle tout bas en parlant bien évidemment du passé. Elle de sa vie de famille d'avant, et lui, de l'homme qu'il avait été en abandonnant sa fille. Il fallait qu'ils tournent la page et qu'ils se pardonnent. Murphy prit quelques secondes et avoua tout bas « si tu attends que j'te pardonne quoi que ce soit, sache que c'est le cas depuis que t'es rev'nu hein, même si je te montre que le contraire » pinça t-elle ses lèvres doucement. Ils se ressemblaient tellement tous les deux, c'était quand même assez dingue. Murphy fini par lui avouer « c'est quoi ce qui te dérange le plus, me concernant ? » demanda t-elle honnêtement, espérant qu'il répondrait sans ménagement à son tour. Après sa réponse, elle fini par dire « mais ça fait beaucoup de trucs négatifs, t'as de belles qualités tu sais ? » lança t-elle en souriant « moi j'admire ton côté... déterminé ? » elle chercha son regard complice. « Quand tu veux un truc, tu te donnes les moyens de l'obtenir et j'admire ça chez toi » sourit-elle alors. Elle aimerait bien qu'il lui apprenne d'ailleurs. « Et puis t'es drôle, même sans le savoir » rigola t-elle enfin, en repensant à quelques blagues qu'il a pu faire par le passé. « Et puis t'es franc, c'est une belle qualité ça aussi » avoua t-elle, même si parfois ça faisait mal, est-ce que c'était toujours intentionnellement méchant de la part de son père ? Non... c'était surtout de la maladresse.
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MessageSujet: Re: ☼ Les Gallagher en vacances (#)   ☼ Les Gallagher en vacances - Page 3 EmptyMer 24 Oct - 22:09

Ni Caïn, ni sa fille, n'avait hérité du mode d'emploi pour leur relation père-fille. Si pour Gallagher, tout était compliqué dès qu'il s'agissait de parler de sentiments, pour sa fille, ça semblait beaucoup plus facile. Elle se livrait et fournissait une tonne d'informations qu'il lui fallait digérer. Il n'arrêtait plus sa fille et il aurait bien aimé pouvoir appuyer sur pause. Déjà, il allait éviter de parler de ses frères. Ca n'était pas un secret qu'il les détestait et s'il y avait bien une personne sur Terre qui se réjouissait de leur mort, c'était lui. Certes, à choisir, il aurait préféré qu'ils finissent en taule, mais bon, on ne décide pas du destin de ses ennemis. Evidemment, la peine de Murphy dépassait l'entendement, encore qu'elle ne savait pas toute la vérité. Il faudrait bien qu'il la lui dise à un moment donné. Quand elle confia le fait qu'il devait l'engueuler, Caïn manqua lui faire remarquer sans tact quelconque que la dernière fois qu'il l'avait punie, elle l'avait traité de connard d'homophobe. Ce qui en passant aurait du lui valoir le triple, côté sanction disciplinaire, mais le coup avait été si brutal et si inattendu, que le trader s'était renfermé et l'avait envoyée paitre. Il se renferma quand elle parla d'un possible départ. Il n'y était pas prêt, pas du tout même. Psychologiquement, l'effort restait trop dur à fournir. Déjà qu'il ne supportait pas qu'elle passe la nuit chez une copine... alors la savoir loin de lui, de façon durable et continue, ça le minait. Un jour, pourtant, elle devrait partir, prendre son envol. Elle rencontrerait un garçon ou une fille, elle en tomberait amoureuse et elle deviendrait une femme, une maman ? Ca lui donnait des frissons dans le dos. Il avait perdu huit années de sa vie... rien ne lui permettrait de les rattraper. Et quand Murphy parla de pardon, il se rendit compte qu'en réalité, ça n'était pas ça, le problème. Caïn portait un regard extrêmement dur sur tout le monde mais il y avait une personne qu'il n'épargnait jamais : lui-même. Quand il était contrarié, quand il explosait de colère, sa rage se dirigeait contre lui, tout le temps. La fois où il avait appris l'anorexie de sa fille, il s'était fracassé le crâne contre le double vitrage de la baie vitrée, il avait défoncé le verre à coup de poings, ce qui lui avait valu une opération au niveau des phalanges. La bête qui l'habitait était capable des pires choses. Et Murphy n'avait encore jamais vu à quel point son père pouvait être méchant, cruel, violent et sanguinaire. Il soupira alors qu'elle lui demandait ce qui le dérangeait le plus à son propos.

- Parfois, j'ai l'impression que tu es taciturne pour une raison que j'ignore. J'aimerais te redonner le sourire, mais mes tentatives ne fonctionnent pas. Tu es têtue, tu es obstinée... tu es trop casanière... mais tu l'es aussi parce que ça m'arrange bien, parce que je suis trop protecteur... Et tu dis parfois des choses sans réfléchir, des choses qui blessent... Après, comment peut-il en être autrement puisque je suis pareil... j'aurais aimé te donner autre chose que ces traits de caractère.

Il ne s'attendait pas à ce fleuve de compliments. Et il resta sur la défensive. Il arqua un sourcil quand elle le qualifia de drôle. Ca dépendait avec qui, mais Caïn avait un sens de l'humour très limité. Il était très premier degré et il avait tendance à réagir de façon trop ferme avec les autres. Au fond, Murphy avait quand même raison. Il pouvait sortir un blague avec un naturel qui forçait le respect. Il fallait juste éviter de lui faire une vanne sans sérieusement préparer le terrain, au risque de l'irriter fortement. En somme, puisque l'on parlait de qualités, il brisa le court silence qui venait de s'installer :

- C'est plutôt toi qui es espiègle, tu as une énergie qui émane de toi et que tu sais utiliser pour avancer. Même si ça me dépasse et même si j'ai du mal à te suivre, mais ça n'est pas de ta faute, je suis casse-couilles.

Caïn regarda sa montre. L'heure de rendre les clés du chalet approchait. Ils sortirent de l'eau, se rendirent au vestiaire pour se rhabiller puis ils quittèrent le complexe pour passer récupérer leurs affaires. Arrivés devant le chalet, Caïn proposa une photo. Ils posèrent côte à côte.

- Objectivement, tu as choisi un bel endroit. Ca aurait pu être nettement pire si je m'en étais occupé...

Il devait reconnaitre qu'au fond, ce séjour avait été bénéfique, malgré les drames. Ils en garderaient un souvenir différent. Dans les bons moments, Caïn penserait à Murphy en train de sourire... au coup de l'eau chaude subitement coupée. Et dans les mauvais, il entendrait la voix de la jeune femme le qualifier d'homophobe. Une blessure qui n'était pas près de se cicatriser et qui le hanterait. Il récupérèrent leurs affaires et arrivèrent à la réception une minute avant l'heure de départ. Caïn rendit les clés, le visage fermé et peu aimable. Ils embarquèrent ensuite dans la voiture. Le retour se ferait en musique, avec la même playlist qu'à l'aller. De quoi raviver les coeurs et mettre entre parenthèses les prises de tête. Bien qu'il soit pressé de retrouver sa villa, Caïn prit son temps en roulant en dessous de la vitesse autorisé. Son esprit semblait paisible. Pourtant, au fond, se préparait une tempête. Cette nuit, la solitude allait le prendre dans ses griffes, dans son grand lit froid, pour l'empêcher de dormir et lui faire ressasser les pires moments de sa vie, ses secrets, ses angoisses. Il l'ignorait encore, et comme toute personne ignorant son destin, candide, il respirait l'insouciance. Mais quand on est un écorché vif, aucun moment n'était propice à baisser sa garde. La vie ne manquerait jamais de le lui rappeler.

[FIN]
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