Be the hunter, not the haunted ≈ James ft. Ellie

« Quand on cherche, on trouve » Une phrase qui qualifiait à merveille la situation dans laquelle se trouvait James. Depuis qu’il avait repris les rênes de l’entreprise, le trentenaire ne s’était pas arrêté une seule seconde. Son prédécesseur de père avait de nombreuses qualités en tant que businessman, mais son aîné avait eu un pressentiment qui lui disait que quelque chose clochait. Il avait fouillé dans tous les dossiers de l’entreprise, avait étudié chaque ligne des courriers envoyés et s’était intéressé à toutes les affaires en cours de traitement, mais il n’avait rien trouvé. Seulement voilà, il y avait une piste qu’il n’avait pas exploré parce qu’il pensait qu’elle ne mènerait à rien : la fortune personnelle des Thompson, ou plus précisément, celle de Dave et d’Helena. Cette dernière était la dernière en vie et James refusait qu’elle ne paie les pots cassés.

Dans son coin, le blond avait passé plusieurs jours à enquêter. Il n’avait rien dit à ses frères et sœurs pour ne pas les inquiéter, mais il savait que les données qu’il avait réussi à récolter étaient précieuses. Petit à petit, James avait découvert que son père avait fait des placements en dehors de la Nouvelle-Zélande pour assurer ses arrières. Des millions d’euros mis à l’abris dans les caraïbes, loin du fisc néo-zélandais, mais pour quel usage ? En menant ses investigations, l’aîné de la famille avait fini par éveiller les soupçons des intermédiaires. Seul, il était bloqué. C’est pour cette raison qu’il avait renoncé à faire cavalier seul et avait décidé de faire appel à la police. Enfin, par la police, il entendait Ellie, une jeune femme avec laquelle il surfait régulièrement et qui était dans le domaine. Il n’avait pas enfin d’avoir affaire à n’importe qui : l’histoire ne rendait pas James fier et surtout, il n’avait pas envie qu’elle s’ébruite. Il ne voulait pas que quelqu’un d’autre que lui soit au courant et que la nouvelle se répande à travers la ville. Même si Dave était six pieds sous terre, le nom Thompson se verrait sali et cette hypothèse était tout sauf envisageable.

Ainsi, James avait donné rendez-vous à Ellie dans son bureau. Il l’attendait patiemment, les notes sous le sous-main, tout en se demandant comment il allait aborder les choses. La policière avait une bonne connaissance de la loi et elle savait que ce genre d’affaires pouvaient coûter très cher à la famille. Cependant, si James avait décidé de faire appel à elle, c’était parce que les intermédiaires se montraient de plus en plus menaçants et qu’ils laissaient sous-entendre qu’ils ne feraient pas de cadeau à la descendance du patriarche Thompson si celle-ci venait à mettre du sable dans l’engrenage. Alors qu’il était dans ses pensées, James entendit une main frapper à sa porte : sa secrétaire vint le prévenir qu’une dénommée Ellie prétendait avoir rendez-vous mais que ce rendez-vous n’apparaissait nulle part sur son planning. Il lui demanda de la laisser rentrer sans poser davantage de questions et se prépara à faire face aux ennuis.

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T'es misérable. T'es débile. Tu vois rien. Vraiment rien. Les pupilles dilatées, le regard vide, elle contemplait sans grand intérêt, la pluie qui s'abattait sur la route et qui trempait le pare brise de sa voiture. Les essuies glace battaient à une allure folle. Les pensées de la jeune femme se mêlait à son amertume du moment, tandis qu'elle reprenait la route une fois le feu passé au vert. La vie devait reprendre son cours normal. La brune devait arrêter de se poser un milliard de questions, qui pour le moment ne trouvait aucune réponse. Ce n'était pourtant pas les recherches qui manquaient. En effet, depuis quelques jours, la jeune femme avait décidé que vivre dans le doute n'était pas une option envisageable. Elle se refusait à avoir cette boule au ventre constamment. Mais éprouvait tout de même, un brin de culpabilité, tandis qu'elle mêlait ses affaires personnelles à celles de son boulot. Isaac lui cachait quelque chose. Un lourd secret qu'il se refusait à dévoiler. Faisant mine qu'il n'existait pas. Elle n'était pas dupe. Elle n'était pas conne. Elle avait de l'instinct. Elle n'avait qu'à lever les yeux un peu plus haut que son nez pour découvrir la cruelle vérité, qui lui effleurait déjà le bout du doigt. Mais aujourd'hui, la question n'était pas sur son couple et les mensonges qui en découlaient. Non, elle avait rendez-vous pour tout autre chose.

Descendant de sa voiture, la jeune femme se mit à courir jusqu'à atteindre la porte d'entrée de l'immeuble de société Thompson. Sa course fut veine puisqu'elle était trempe de la tête au pied. Dans sa barbe, elle pesta quelques mots, secouant ses bras pour laisser goûter la pluie qui s'était installée. Elle n'était jamais venu ici. Elle ne connaissait pas cet endroit et pour tout dire, pas plus son propriétaire. Juste une connaissance avec qui, elle avait partagé quelques moments de sport nautique. Pas assez pour se faire un jugement pur et dur. Et lorsque James l'avait appelé pour lui crier son aide, Ellie n'avait pu s'empêcher de répondre à sa demande. Après tout, elle lui devait bien ça. Et la curiosité lui piquait le nez. La belle se prononça à l'accueil et on lui demanda sagement d'attendre sur une chaise. Ce qu'elle fit. Mais la patience n'était pas son fort ces derniers temps. Tapant du pied, elle attendit bien cinq minutes avant qu'on ne vienne la chercher. S'en suivit un long couloir, qu'elle trempa des quelques gouttes qui luisaient dans ses cheveux longs. Une fois devant la porte du bureau, elle laissa la secrétaire faire son boulot et enfin, elle pu mettre un pied dans l'antre du blond. Faisant quelques pas de plus et elle trouva un James au visage quelque peu inquiet.

Salut, ça va ? finit-elle par sortir, tout en s'approchant de lui afin de lui faire une bise. Ce n'était clairement pas très professionnel mais elle ne se voyait pas non plus lui serrer la main, alors qu'il avait vu des cascades plus que chaotique de sa personne. Un fin sourire de politesse étira ses traits et elle prit place sur la chaise, en face de lui, déposant sa veste mouillée sur le dossier. S'il l'avait appelé, c'est que ça n'allait clairement pas. Qu'il avait un service à lui demander. Clairement, Ellie n'était pas une personne dupe et elle voyait à deux milles kilomètres les gens lui demandaient des services. Elle ne refusait presque jamais. On a tous besoin, un jour ou l'autre, d'un coup de main amical et professionnel, tout comme d'une oreille attentive. Qu'est ce que je peux faire pour toi ? Elle n'allait pas passer par quatre chemins et rentrait dans le vif du sujet, joignant les mains sur le bureau du jeune patron, son regard de biche, scrutant le moindre de ses traits.

De l’extérieur, il y avait fort à parier que James paraissait inquiet. Du moins, dans son bureau, seul, il n’avait pas à feindre quoi que ce soit. L’affaire était sérieuse et laissait présager que les choses n’allaient pas aller en s’arrangeant s’il ne s’entourait pas correctement. Seulement voilà, après avoir passé des années à encaisser les coups et à ne pas partager, il était comme emmuré dans ses petits secrets et celui-ci était relativement lourd. Alors c’est vrai, il ne connaissait pas Ellie plus que ça. Ils avaient fait de surf ensemble et James lui avait donné des techniques pour passer plus de temps sur la planche que dans l’eau. Ils avaient discuté de la pluie et du beau temps et avaient très peu abordé le domaine du privé. L’information du métier était arrivée assez tardivement, mais elle avait été suffisamment précieuse pour que James la garde dans un coin de sa tête. Non, il n’était pas comme son père qui voyait davantage la police comme un ennemi que comme un allié. De son côté, le blond barbu était à cheval sur les principes et ne rechignait pas devant la loi. Il s’accordait une certaine marge de liberté, jouant parfois sur les subtilités et se permettant quelques folies, mais il n’allait jamais au-delà des limites qu’il avait fixées. Expliquer toute l’affaire à Ellie allait s’avérer compliqué, d’autant plus que cela signifiait qu’il admette qu’il avait besoin de quelqu’un, mais il était contraint de le faire pour protéger les siens et pour éviter que cette histoire n’ait une répercussion trop importante sur tout ce qui l’entourait.

Une fois le premier contact visuel échangé, James invita Ellie à prendre place sur la chaise qui se trouvait de l’autre côté de son bureau. La position faisait que l’endroit s’apparentait fortement à une réunion d’affaire et pourtant, c’était loin d’être le cas. Il la remercia de s’enquérir de sa santé et le fit en retour, bien que le ton de sa voix montrait clairement qu’il avait quelque chose d’important à communiquer. L’un en face de l’autre, le blond prit une grande respiration et tenta d’être clair et concis. Les faits étaient déjà bien avancés et les remettre en ordre était une sorte de casse-tête qui pouvait amener à des confusions.

« Bon, écoute, il faut que je te parle de petits problèmes que je rencontre depuis quelques temps. » annonça-t-il en faisant le vide dans sa tête « En fouillant dans les affaires de mon père par instinct, j’ai mis le doigt sur ses magouilles. A priori, pas de réseaux mafieux ou de tueurs à gage, mais une somme d’argent placée dans les caraïbes qui sert à je ne sais qui. Les intermédiaires m’ont cramé et ils n’ont pas été tendres avec moi, enfin, j’ai bien senti que si je n’arrêtais pas de poser des questions, je risquais de passer à la casserole. Voilà, ça c’est pour la partie contexte. On fait quoi, maintenant ? » lâcha-t-il comme s’il balançait une bombe du haut d’un hélicoptère sans le moindre regret.

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James et Ellie ne se connaissaient pas plus que ça. Ils partageaient simplement des moments de détentes, de temps à autre, sur une planche, les pieds dans l'eau et le regard complice lorsque la belle faisait des chutes mémorables. Il faut dire, elle n'était pas vraiment douée en surf. Déjà qu'elle avait du mal à tenir sur ses deux jambes en temps normal, alors sur une planche, qui plus est sur l'eau, c'était bien pire. Alors, la jeune femme avait trouvé étonnant de lui rendre visite sur son lieu de travail. Piquée par la curiosité et le besoin irrépressible de penser à autre chose, Ellie avait répondu positivement à son invitation. Ne se doutant pas une seule seconde de quoi il en retournait.

Les cheveux trempent, l'allure d'un chien battu, la belle avait fait son entrée en silence dans le bureau du blond. Ellie n'avait plus le sourire aux lèvres ni l'air joviale qu'on lui connaissait si bien. Non. Clairement, elle semblait ailleurs et là à la fois. Son cul trouva rapidement le siège désigné, et son regard fit face à celui de James. Il semblait inquiet. Ses traits tirés trahissaient une anxiété certaine et le besoin d'en parler. Oui, mais pourquoi à elle ? Rapidement, l'idée fit son chemin jusqu'à son cerveau. Ah oui, elle était flic. Les gens lui demandaient souvent de l'aide. Et Ellie prêtait toujours main forte. Enfin, ça dépendait beaucoup de quoi il s'agissait. Elle ne se mettrait pas dans l'illégalité pour les beaux yeux d'un ami. Non. Clairement. LA jeune femme avait des valeurs qui lui tenait à coeur. C'est ce qui faisait d'elle une sous commissaire accomplie, droite dans ses baskets. Bon, écoute, il faut que je te parle de petits problèmes que je rencontre depuis quelques temps. On entrait dans le vif du sujet. La jeune femme se redressa de sa chaise, le dos bien droit et les oreilles tendues. En fouillant dans les affaires de mon père par instinct, j’ai mis le doigt sur ses magouilles. A priori, pas de réseaux mafieux ou de tueurs à gage, mais une somme d’argent placée dans les caraïbes qui sert à je ne sais qui. Les intermédiaires m’ont cramé et ils n’ont pas été tendres avec moi, enfin, j’ai bien senti que si je n’arrêtais pas de poser des questions, je risquais de passer à la casserole. Voilà, ça c’est pour la partie contexte. On fait quoi, maintenant ? Rapidement, la belle afficha les yeux ronds tandis qu'elle scrutait les traits de son voisin d'en face. Ok. Très bien. Il avait parlé à une allure folle si bien qu'elle n'était pas certaine d'avoir tout retenu. Elle en avait oublié le bon fonctionnement de son job. Alors, sans perdre une seconde de plus, Ellie prit son calepin dans son sac à main ainsi que son stylo et posa le tout sur le bureau. C'était étrange de mélanger professionnel et privé. Parce que oui, James faisait partie de sa vie privée. Elle n'avait jamais abordé le professionnel avec lui, et pour tout dire, elle aurait préférer que ça reste ainsi. Ok. Tu ne sais pas du tout à quoi sert cet argent ? Il ne savait pas grand chose et semblait affoler par la situation. Ellie en déduisit qu'il flippait grave et que du coup, ce n'était pas du tout son style de payer des gens sous la table. Tout comme ce n'était pas son style de diriger une entreprise de cette envergure. D'ailleurs, elle ne l'avait pas imaginé dans ce rôle. Celui d'un PDG caché derrière un bureau. Alors, déjà, je vais être direct avec toi. Si vraiment c'est louche, y aura pas de "on". Crois pas que je vais te laisser te mettre en danger. Au moins, c'était clair et limpide. Suivant ce qu'ils trouveraient sur ces gars, ce réseau et à quoi servait le fric, Ellie ne laisserait pas James en faire plus. Il avait déjà assez fait, au vue de son angoisse pressante. On ne sait jamais sur qui on tombe. Il me faudrait les numéros de comptes, les numéros si tu as. Elle devait faire un point sur tout ça, remettre les choses en place et surtout, que James soit conciliant et coopératif. Après tout, c'était lui qui avait fait appel à ses services.

Demander un coup de main avait demandé un effort considérable à James. Agir seul, c’était ce qu’il avait l’habitude de faire et ce qui lui convenait d’habitude si bien. Seulement voilà, sur cette affaire, il avait été raisonnable. Si son père avait encore été de ce monde, il lui aurait dit qu’il avait échoué et qu’il était un motif de déception. James y avait pensé. Dave n’avait jamais plié de la sorte. Son père non plus. Quelque part, il y avait une forme de prudence qui témoignait d’une grande maturité et d’une vraie rupture avec le passé. Personne n’était au courant, à part Ellie désormais, mais même s’il n’avait pas eu l’aval de quelqu’un, James savait qu’il avait pris la bonne décision. Restait maintenant à savoir comment les choses évolueraient. Une chose était sûre, le blond ne laisserait pas la main à la police. S’il avait fait la démarche de contacter Ellie, c’était surtout pour pouvoir compter sur son expertise et son expérience. Il ne resterait pas les bras croisés à attendre qu’elle prenne des décisions. Malgré toute la bonne foi dont pouvait faire preuve le jeune PDG, il n’était pas prêt à lâcher l’affaire, même sur demande. « A mon avis, il ne sert pas à fabriquer des peluches. Cela dit, même si mon père a toujours eu les dents longues, je pense qu’il n’avait pas vraiment idée de ce que cet argent deviendrait. » Pourtant de nature critique avec son paternel, James était sûr de ses propos. Toute sa vie, Dave Thompson avait été un requin. Il avait su placer des pions pour faire de son entreprise un empire surpuissant. Cependant, l’imaginer placer de l’argent pour servir des causes terroristes était impossible. James ne voulait pas y croire et il savait que s’il découvrait quelque chose de la sorte, il serait obligé d’aviser.

Devant la volonté d’Ellie de le tenir hors de portée des malfaiteurs, James ne put s’empêcher de souligner son professionnalisme. Ses propos étaient tout à son honneur, mais ils n’étaient pas recevables pour le blond. « J’aurais pu continuer tout seul, mais j’ai choisi d’avoir un coup de main. Il s’agit de mon entreprise, de ma famille et de tout ce qu’elle a. Alors même si je dois mettre ma vie en danger, tu ne m’excluras pas de l’affaire. » dit-il fermement. L’histoire devait faire le moins de bruit possible et pour ça, il était prêt à se sacrifier et à mettre de côté un bon nombre de choses. A sa demande, James sortit une liste de chiffres et de lettres qui rassemblait un tas d’informations concernant les comptes. Sur cette même feuille, on pouvait y voir tout le travail qu’il avait abattu seul. C’était lui et lui seul qui était remonté jusqu’aux racines des comptes et qui avaient découvert le pourquoi du comment de leur existence. « Voilà ce que j’ai réussi à avoir pour le moment. Et pour te faire un résumé des mails que j’ai reçus, ils m’ont vivement conseillé de ne pas stopper les transactions. Je me suis renseigné pour trouver d’où ils envoyaient les mails et ils ont été envoyés de Nouvelle-Zélande donc a priori, ils ont forcément un intermédiaire ici. Peut-être même que cette personne faisait pression physiquement sur mon père. »

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L'argent donnait du pouvoir aux gens. Du moins, ils croyaient en avoir. C'était fou comment le monde tournait. Il n'y avait rien de pire que le fric. Il était la cause principale de tout. Il rendait les gens foncièrement mauvais au contraire de les aider. Ellie n'était pas dupe et elle n'était pas toute blanche non plus. L'argent, elle en avait également. Avec Isaac ils ne vivaient pas dans une cabane au fond des bois et la jeune femme ne manquait de rien. Ils habitaient dans une belle maison avec une vue imprenable sur l'océan. Elle n'avait qu'à faire quelques mètres pour avoir les pieds dans l'eau. Tout ça pour dire, que l'argent faisait tourner les têtes. Il rendait fou le peuple et donnait le pouvoir aux mauvais. Le monde serait bien plus simple sans tout ces billets verts.

A mon avis, il ne sert pas à fabriquer des peluches. Cela dit, même si mon père a toujours eu les dents longues, je pense qu’il n’avait pas vraiment idée de ce que cet argent deviendrait. Ellie en doutait fortement. Comment ne pas voir la vérité en face ? S'il avait tenu une entreprise de cette envergure, il devait se douter que son fric n'allait pas pour les misérables et les gens affamés. Seulement, la jeune femme préféra garder cette pensée pour elle même. Ce n'était pas le sujet et elle se devait de ne jamais donner son avis personnel. Elle n'avait aucun jugement à fournir sur les actes de chacun. J’aurais pu continuer tout seul, mais j’ai choisi d’avoir un coup de main. Il s’agit de mon entreprise, de ma famille et de tout ce qu’elle a. Alors même si je dois mettre ma vie en danger, tu ne m’excluras pas de l’affaire. James ne semblait pas enclin à rester sur la touche. Ça, Ellie l'avait bien compris. Mais il n'était pas flic et n'avait sans doute jamais porté d'armes. Elle ne lui disait pas comment gérer sa boite. Chacun son boulot. On en est pas encore là. Mais si tu veux que je t'aide, il va falloir aussi que tu me laisse gérer ... En toute confiance. Shelby se devait de mettre un point d'honneur sur le terme confiance et il était hors de question qu'il joue solo sur le moment. S'il l'avait appelé, il se devait de respecter son travail et ses dires. Ellie ne se laissait jamais marcher sur les pieds, et au moindre faux pas, elle saurait monter le ton et faire valoir son rang. Après tout, c'était elle l'insigne et l'uniforme. James finit par sortir les divers papiers en question et la belle se mit à les feuilleter avec attention. Il était clair qu'il n'avait pas lésiné sur les moyens pour regrouper le plus possible d'informations. Elle en était presque épatée. Cette histoire semblait lui tenir à coeur et la jeune femme ferait tout pour lui venir en aide. Avec les moyens qu'elle avait en sa possession. Non, ne stoppe rien. Pour les coincer, il faut continuer à jouer le jeu. Ses yeux vagabondaient sur les lignes, attentive à la moindre information pouvant l'aider un peu plus. Une idée lui vint soudainement à l'esprit. Une idée qu'elle n'approuvait pas vraiment mais qui pourrait les aider. Ce n'était pas l'idée du siècle et encore moins, la moins dangereuse. Inspirant légèrement, la belle finit par lever le regard vers James et se mordit la lèvre inférieure tout en y pensant. Devait-elle la lui soumettre ? Il était clair que le refus ne sortirait pas de sa bouche. J'ai peut être une idée pour aller plus vite. Ce genre d'affaire peut mettre un temps considérable à se résoudre. Mais si t'es prêt à donner de ta personne, alors peut être, je dis bien peut être, qu'on peut organiser quelque chose. Elle se devait de le mettre en garde et qu'il est, bien entendu, tous les éléments en sa possession avant de continuer.

Le groupe Thompson était né bien avant James et même bien avant son père. Son fondateur, l’arrière arrière-grand-père du blond, avait mené une existence simple et modeste pendant l’essentiel de sa vie. Il avait commencé par investir quelques économies et avait croisé les doigts pour qu’elles ne s’envolent pas. Il avait fallu qu’il travaille d’arrachepied pour que son entreprise sorte de terre et devienne rentable. Après lui, son fils et son petit-fils l’avait rendu plus prolifique. Les Thompson, autrefois connus pour être filles et fils de colons, étaient devenus une famille phare de Nouvelle-Zélande. Certains les aimaient, d’autres n’avaient de cesse de répéter combien ils étaient à l’affût de la moindre terre à vendre. Le père de James avait été un requin et il n’avait pas hésité à mener des croisades endiablées pour faire briller le blason familial. Cependant, de son vivant, il n’avait jamais laissé sous-entendre la moindre entourloupe. Si James avait des difficultés à être comparé à son père, il savait pourtant que celui-ci détestait les histoires pouvant réellement entacher sa réputation. C’était pour cette raison qu’il pouvait affirmer ses dires. Au fond de lui, le trentenaire savait bien qu’Ellie ne le croyait pas. Il connaissait les avis du commun des mortels et savait s’en accommoder. Seulement dans ce cas, il espérait qu’elle soit suffisamment objective pour utiliser les informations qu’il mettait à sa disposition pour aller le plus vite au cœur du problème.

« Chacun son boulot. On en est pas encore là. Mais si tu veux que je t'aide, il va falloir aussi que tu me laisse gérer ... En toute confiance. » lança Ellie comme pour le ramener sur terre. Elle avait raison sur un point : James n’était pas le mieux placé en termes de maintien de l’ordre. Il avait souvent défié l’autorité de ce qui n’était pas de son monde et il s’intéressait très peu aux polars et aux séries policières. Mais ce qu’Ellie semblait ignorer, c’était que sans lui, elle ne pouvait rien faire. Pourtant, cherche à résoudre une telle affaire lui apporterait sûrement quelques vagues d’adrénaline qui était l’énergie principale des flics. « Je te laisse gérer, mais je sais aussi jusqu’où je peux aller sans me faire griller par mon conseil d’administration. » Non pas qu’il avait peur de perdre son siège, mais il savait qu’une telle histoire aurait le don de semer la zizanie. Depuis l’arrivée de James, beaucoup de cadres qui avaient émergé sous le règne de son père avaient été bousculés et il y avait fort à parier qu’il ne pourrait pas compter sur leur soutien. Il fallait éviter de tenter le diable. Et pour ça, James était prêt à se mettre en danger, en espérant qu’il soit la seule cible de ces détracteurs. « Soit, je vais continuer. » déclara-t-il en bon citoyen. Il laissa Ellie réfléchir et écouta son plan avec attention. « J'ai peut être une idée pour aller plus vite. Ce genre d'affaire peut mettre un temps considérable à se résoudre. Mais si t'es prêt à donner de ta personne, alors peut être, je dis bien peut être, qu'on peut organiser quelque chose. » Le jeu en valait-il la chandelle ? James n’avait aucun doute là-dessus. Il ne se laissa que quelques micro-secondes de réflexion avant de donner sa réponse d’un air déterminé « Je suis prêt à tout pour préserver l’entreprise et tout ce qui gravite autour. Alors je suis ton homme, je t’écoute. »

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Thompson. Une famille puissante de Nouvelle-Zélande. Si on ne connaissait pas personnellement la famille en elle même, on connaissait au moins le pouvoir qu'elle avait et les finances qui en découlaient. Jamais elle n'aurait penser qu'un jour, un des fils lui demanderait de l'aide. Elle ne pensait pas non qu'elle finirait par connaitre un peu plus James. Ellie ne venait pas de son monde. Elle était la petite fille d'un commissaire au salaire plus que raisonnable, alcoolique après avoir perdu l'amour de sa vie il y a des années. Ellie faisait partie de la classe normale des gens du bas peuple. Ni trop pauvre, ni trop riche. En soit, bien éloigné du monde de James. Pourtant, la brune avait réalisé qu'elle était bien loin de l'image qu'elle s'était toujours imaginée d'eux. James n'avait rien à voir avec le petit fils du riche. Il dénotait dans le paysage et dans le fond, c'est sans doute pour cela qu'un bout de confiance avait jailli entre eux.

Il semblait enclin à l'écouter et à faire ce qu'elle voulait. Mais Ellie se savait à une place plus que bancale. L'affaire du siècle entre ses doigts, tout comme elle pourrait être sa chute si elle échouait. Wellington n'était pas une grande ville où beaucoup de choses se déroulaient. Tout le monde connaissait tout le monde, ou en avait, du moins, déjà entendu parlé. Si l'affaire était rendue public, il est certain que l'entreprise en souffrirait. Il n'était pas question de ça. Seulement de rendre service à un ami. Il faudrait que tu organise une rencontre. J'installe un micro sur toi, tu les fais parler et si y a transaction d'argent, c'est le mieux. Ainsi on les prend sur le fait accompli. Ils seront coincés. Les yeux dans les yeux, Ellie exploitait toutes les perceptives qui s'offraient à elle sur le moment, sans mesurée un temps soit peu, les conséquences qu'il pourrait y avoir. On ne sera pas loin. Mais il faut que je te dise ... Elle se stoppa avant la fin de sa phrase, se mordant la lèvre supérieure. Elle retrouva le visage de femme et d'amie, et non plus celui de flic. Il y a des risques. Ils ne semblent pas rigoler et j'veux vraiment que tu prennes toutes les risques en considération. Il n'était pas obligé d'accepter et elle comprendrait totalement.

Une chose était sûre : James n’était pas le « fils de » qu’on s’imaginait. Son éducation faisait qu’il avait un certain nombre de principes, mais la vie avait fait qu’il avait fait une croix sur certains d’entre eux. Traîner qu’avec des gens de sa classe sociale, il ne pouvait le concevoir. Non seulement parce qu’il se retrouvait souvent être le vilain petit canard de la bande, mais aussi et surtout parce qu’enfant déjà, il adorait connaître autre chose. Il aimait aller vers ce qui ne lui ressemblait pas. C’était pour les mêmes raisons qu’il avait tenté de se mettre au rugby, mais cela ne lui avait pas réussi. Alors avec les années, il s’était arrêté à des choses un peu moins dangereuses. Il avait sympathisé rapidement avec Ellie. Sans même se préoccuper d’où elle venait et ce qu’elle faisait, il l’avait aiguillée dans son apprentissage du surf. Il n’était pas un professeur parfait, mais ses conseils leur avaient permis de surfer ensemble à plusieurs reprises et de s’adonner à des discussions futiles. Le surf était avant tout un moyen de s’éloigner des misères du quotidien. Dans l’esprit de James, Ellie était liée à ce concept. Pourtant, en un coup de fil, il avait ruiné ce principe. Elle était désormais liée à quelque chose qui le rendait mal à l’aise, pour ne pas dire inquiet, et il espérait que cela ne durerait pas bien qu’il fallait s’attendre à ce que la mue soit sans retour possible.

A trente-quatre ans, on aurait pu attendre de James qu’il fasse le choix de la raison : ne pas s’exposer. Trouver un autre moyen, un figurant, quelqu’un qui puisse le mettre en sécurité. Mais voilà, comme dans la vie privée, il avait toujours un semblant de folie qui faisait qu’il ne refusait presque jamais rien quand il s’agissait des siens. La proposition d’Ellie était osée. Marcherait-elle ? Il ne le savait pas. A vrai dire, il ne savait pas grand-chose au sujet de la tournure que prendraient les faits. Cependant, si les choses devaient évoluer, il fallait que ce soit dans le sens de la légalité. Pour lui, pour la famille, pour l’avenir. « Allons-y pour ça. Je serai ton appât. En revanche, évite de me laisser trouer comme une meule de gruyère, ce sera bien plus difficile de gérer tout ça sinon. » dit-il en exécutant un mouvement circulaire avec son doigt pour parler de l’entreprise. L’humour… Il fallait bien qu’il s’autorise un moment de décompression maintenant qu’il était destiné à prendre des risques. « Pour être honnête avec toi, j’espérais que tu me proposes cette solution. » conclut-il avec un ton plus sévère. « Dis-moi où, quand et comment. Je suis ton homme. »