Hello, I've waited here for you everlong (Dawn)

❝ Dawn & Julian❞

- Dawn !

Julian tambourine à la porte de son amie depuis plus de cinq minutes déjà. Il avait pris sur un coup de tête la décision de sortir ce soir, et si le roux s’était psychologiquement mis en tête de passer la soirée dans un bar, envoyant un sms à son amie pour la prévenir de son passage, Dawn, elle, semble moins bien emballée. Pour ce qu’il en sait, son absence de réponse aux appels aurait même pu l’inquiéter s’il n’avait pas repéré de mouvement à l’intérieur et qu’il n’était pas au courant de sa charge de travail qui ne faisait qu’augmenter. Une piètre excuse pour Julian qui, justement, a pensé à elle au moment de décider qui l’accompagnerait ce soir.

- Dawn, il pleut ici et ça fait trois plombes qu’on ne s’est pas vus, tu pourrais au moins répondre.

Il tambourine encore un peu, sans grande conviction mais bien décidé à ne pas la laisser s’en sortir comme ça. Elle est bien trop prise par ce boulot, ça fait d’ailleurs des semaines qu’ils ne se sont pas retrouvés autour d’un verre tous ensemble et Julian a des choses à fêter. Genre : l’obtention d’un contrat à durée indéterminée après plusieurs mois de chômage forcé. Rien que ça. Le roux souhaite et obtiendra la présence de son amie, peu importe le temps qu’il devra attendre devant sa porte et sous l’averse.

- Ok, si t’as décidé de jouer, on va jouer ! Devine combien de temps je peux tenir à t’attendre ?

Petite pause. Julian en profite pour s’asseoir, s’appuyant lourdement sur sa béquille. Dos à la porte, les bras croisés, il prend ses aises et allonge les jambes. La pluie et le froid rendent la position bien plus inconfortable qu’elle ne l’est déjà et l’inconscient connaît par cœur le florilège de maladies qu’il risque à rester planté là. Pourtant, il ne bouge pas d’un poil.

- Longtemps, Dawn, finit-il par crier, répondant lui-même à la question. Je peux attendre très longtemps, et si je dois passer la nuit ici pour que tu daignes ouvrir cette porte, je le ferais !

Il en est capable. Et Dawn est parfaitement au courant de cela.

(c) Miss Pie

Julian & Dawn

Et encore une journée infernale pour la brune, entre les coups de téléphone, les réunions d’équipe, sans oublier les piques incessantes entre les deux hommes qu’elle considère comme ses deux meilleurs amis, Dawn est à bout lorsqu’elle arrive chez elle. Ou se sentirait à bout si seulement elle se laissait l’opportunité d’enlever ses stilettos Jimmy Choo et de prendre un bon bain chaud pour détendre ses muscles. Mais ne rêvons pas, Dawn Gaiman ne dort pas plus de deux heures et ne prend jamais de bain. Pas le temps.

Ses lunettes bien en place et ses cheveux attachés en un chignon strict, la working woman se déplace dans tout l’appartement faisant claquer ses chaussures, son téléphone vissé à son oreille. Un débit de paroles affolant s’échappe de ses lèvres qui ne sont plus colorées après cette longue journée de dur labeur. « Bien sûr que non ça ne va pas, je te l’ai répété au moins cinq fois aujourd’hui, alors si tu veux espérer avoir ce CDI à la fin de ton stage, je te prierais de te remuer un peu les fesses. » Le dragon qu’on l’appelle au travail. Et oui elle le sait, tout comme Dawn est au courant des nombreuses références au lapin d’Alice que ses amis lui font sans cesse ou à la comparaison beaucoup moins flatteuse avec Miranda, le Diable qui s’habille en versace, ou un truc du genre. Ce n’est pas comme si Dawn avait le temps de regarder des comédies romantiques non plus !

Mais surtout, Dawn tente d’ignorer les poings insistants qui tapent sur la porte de son entrée. Elle sait très bien qui sait, parce qu’il n’y a qu’une seule personne assez idiote – et adorable la partie un peu plus douce de son cerveau lui murmure – pour se déplacer jusqu’à chez elle avec ses béquilles alors que la réponse à son invitation était plutôt claire. « Pas envie. Bisous » Mais non, le jour où Julian n’en fera plus qu’à sa tête n’est pas arrivé. Et il continue, et sa voix gronde à demi étouffée par les murs de son loft. Un remord s’empare d’elle lorsqu’elle remarque la pluie et Dawn en oublie la conversation téléphonique avec l’incapable qui lui sert de stagiaire. Enfin l’espace d’une demi-seconde, et là voilà de nouveau toute à son interlocuteur. « Écoute, je ne vais pas t’expliquer une énième fois pourquoi la com n’acceptera jamais ta propal. Du coup, je vais raccrocher. » La productrice se tourne alors vers la porte « j’ai UN CHAT ERRANT A VIRER DE CHEZ MOI et quand je te rappelle, je veux une nouvelle propal qui tienne la route et avec une prés cette fois. Allez bye. » Sans attendre une réponse, Dawn pose son téléphone sur la table en verre de son salon-salle à manger-cuisine américaine et se dirige vers la porte. Un coup d’œil au judas et un soupir exagéré. « Julian, je t’ai dit que je ne voulais pas venir. J’ai une tonne de travail à accomplir encore, alors les verres en pleine semaine non merci. » Mais voilà que le remord ressurgit maintenant que le téléphone est éloigné. « Bon, je t’ouvre, mais c’est juste parce que je ne veux pas avoir à me débarrasser de ton cadavre à force d’attendre devant ma porte. Manquerait plus que tu me rajoutes des choses à faire ! » Dawn s’exclame en ouvrant la porte violemment. Incapable de cacher un sourire à l’idée de passer quelques minutes avec son ami. « Ca pouvait pas attendre ce week-end quand même ? » Et de le voir au sol, et d’exploser de rire.

(c) Miss Pie