One more cigarette [Cleo & Kimmy]

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One more cigarette

Cleo & Kimmy

Premier jour de retour au travail depuis sa sortie de l’hôpital. Kim aurait préférée avoir une semaine de plus pour se reposer, sauf qu’elle est au milieu des rencontres de son équipe de scénaristes réunie pour le projet d’une toute nouvelle série télé. Elle ne peut donc pas se permettre de manquer davantage de rencontres sous peine de perdre sa place au sein de l’équipe. Physiquement, ça ne va pas trop mal. Ses points de sutures seront enlevés la semaine prochaine, ce qui commence à faire long à son esprit. Au moins, après cela, la peau de son abdomen pourra commencer à se replacer progressivement. Elle a des douleurs seulement le matin, au réveil. Un peu le soir, si elle a marché beaucoup durant la journée. Le reste du temps, c’est surtout sa tête qui lui pose problème. Elle réfléchit trop. Kimmy est devenue une véritable boule de nerfs. Elle est nerveuse et stressée comme jamais. Chaque évènement lui paraît une montagne. Il n’y a qu’en présence de Finn qu’elle parvient à se détendre un peu. Mais, sans lui, il est inutile d’espérer retrouver le clown de service qu’elle avait l’habitude d’être avec les autres. La cigarette est d’ailleurs un échappatoire facile pour elle. Kim a presque doublé sa consommation de nicotine afin de retrouver un peu de sérénité. Bon sang, elle s’est transformée en une véritable cheminée qui vagabonde entre les plateaux de tournage et les portes d’entrée des bâtiments du studio où elle travaille ces temps-ci. Les gens qui ne la connaisse pas pourraient très bien assumer que c’est une détraquée qu’on a laissé entrer par mégarde. Personne n’ose toutefois l’aborder pour vérifier si c’est bien le cas. Kim oubliant comme toujours de mettre sa carte d’employée, ça pourrait jouer contre elle. Du coup, afin d’être isolée des regards, la fumeuse choisit son coin préféré pour exercer sa dépendance en fixant le gazon à proximité. Une activité bien peu divertissante, puisqu’elle s’ennuie à mourir. Sauf que ça lui donne un point à fixer alors qu’elle aspire toujours plus de fumée blanche. Le sentiment qu’il y a une présence derrière elle l’alerte, bien qu’elle ne réagisse pas immédiatement. Ce sont les bruits de pas qui finissent par lui faire comprendre ce qui se passe. Ce qui ne l’empêche pas pour autant de sursauter bien fortement, au point où son cœur se débat dans sa cage thoracique. Se retournant, Kim voit à travers le nuage de fumée qui l’entour une présence familière. « Cleo. Salut. » Dit-elle tout en expirant le résidu de cigarette de ses poumons. Il manque de l’enthousiasme dans ses salutations, c’est difficile à expliquer. Kimmy est un peu comme l’ombre d’elle-même, une imitation dénaturée de celle qu’elle a autrefois été avant qu’on lui tire dessus. Son amie Cleo ne connaît d’ailleurs pas cette nouvelle version. C’est bien ce qui inquiète d’un coup la brune qui se raccroche à sa cigarette comme à une bouée de sauvetage.

**○ inscrit le** : 29/01/2018

Il n’y a pas à dire, son travail commence à lui sortir par tous les orifices. Voilà bien une expression dont Cleo n’a aucune envie de connaître l’origine. Et maintenant qu’elle y pense, elle n’a d’ailleurs plus trop envie de l’employer. Ce qui est bien la preuve que son job l’épuise mentalement. Mais plus qu’un an à tenir. Lorsqu’elle est au bout de rouleau, comme c’est actuellement le cas entre deux prises, la jeune femme tâche de faire le vide dans son esprit et de se répéter cette phrase encore et encore, comme une litanie. Et ça marche. Enfin, plus ou moins. Ce qui ne l’empêche pourtant pas de jeter – façon de parler, c’est un peu trop coûteux pour se permettre de faire ça – par terre et de se ruer sur son sac à mains à la recherche de son paquet de clopes à la pause. C’est d’ailleurs ce qu’elle s’empresse de faire une fois de plus.

Ce n’est pas toujours le cas mais, une fois n’est pas coutume, ils tournent en intérieur et dans de véritables studios. Ce qui est un peu un luxe dans cette branche si… particulière. Des studios qui se trouvent non loin de ceux où travaille l’une de ses amies. Une vraie amie, pas une vague connaissance comme c’est souvent le cas avec la rouquine. Quelqu’un qu’elle connaît depuis plus de trois semaines. Hé oui, ça existe. En sortant à l’air libre, la jeune femme ne s’attend pas spécialement à la croiser mais elle est pourtant là. Kimmy a l’air perdue dans ses pensées. Rien d’étonnant à ça puisqu’elle est seule. De toute façon, ce n’est pas vraiment le genre de Cleo de juger quelqu’un qui s’isole puisqu’elle est passée maîtresse dans cet art. Un sourire aux lèvres, elle décide quand même d’aller l’aborder ; ce n’est pas tous les jours qu’elles ont la chance de se croiser durant le boulot alors ça serait idiot de passer à côté.

« Hello, K ! »

La réponse de son amie est plutôt plate. Contrairement à d’habitude mais Cleo ne s’en inquiète pas outre mesure ; ça arrive à tout le monde de passer une sale nuit/une sale journée/une sale semaine (rayez la mention inutile). Non, ce qui la tracasse davantage, c’est que Kimmy a les traits drôlement tirés, et c’est surtout une façon polie de dire qu’elle a mauvaise mine.

« Tu vas bien ? J’irais pas jusqu’à dire que tu fais couleur locale pour Halloween mais t’as vraiment pas l’air de ton assiette. »

C’est à ça qu’on reconnaît une amitié de longue date : on peut se permettre de dire cash ce que l’on pense sans crainte au lieu de tourner autour du pot ad vitam aeternam.

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One more cigarette

Cleo & Kimmy

La nicotine n’a même plus l’effet bénéfique de la détendre à ce point. Kim est aussi tendue que les muscles du corps humain le peuvent. Elle tente pourtant de se calmer en prenant de plus grandes inspirations, avec ou sans fumée de cigarette pour chatouiller ses poumons. Rien ne semble fonctionner et c’est bien cela qui est perturbant. Le stress a décidé de s’installer en elle en roi et maître et elle est incapable de le déloger de là. Du coup, en voyant Cleo apparaître, Kimmy comprend qu’elle n’est pas du tout subtile dans son mal être. Il serait peut-être préférable qu’elle rentre chez elle pour se recoucher. Qu’elle soit dans les studios ou bien dans son appartement, il n’y aura aucune véritable différence dans son état. À quoi bon s’enfuir, alors ? Portant ainsi nerveusement sa cigarette à ses lèvres, elle en aspire une grande bouffée avant de la soupirer longuement. « C’est si apparent que ça ? » Évidemment que ça l’est, sinon Cleo n’en serait pas aussi préoccupée. Après quelques secondes à réfléchir, Kim décide de s’ouvrir à son amie. À quoi bon garder à l’intérieur ce qui la hante viscéralement. « J’ai… je ne sais pas trop si c’est véritablement ce qui est arrivé parce que j’étais dans les vapes, mais… j’ai passé près de la mort… un type m’a tiré dessus. Je me suis retrouvé en chirurgie. Je suis encore en vie. Et là je suis terrifiée en permanence. » Conduisant sa cigarette à sa bouche comme si elle ne pouvait plus respirer sans nicotine, elle termine ainsi sa clope avant de s’en allumer une seconde prestement, les doigts tremblant un peu. Kim sourit face à l’absurdité de sa situation. « Ne stresse pas, ok ? Il n’y a pas un tueur en série qui cherche à m’éliminer. La police dit que c’était qu’un cas isolé… un cas isolé qui est tombé sur moi, vraiment génial... » Il y a un peu de frustration dans ses mots alors qu’elle range son briquet dans sa poche et débute la consommation de cette nouvelle cigarette.

**○ inscrit le** : 29/01/2018

A la première question de Kimmy, Cleo répond par un hochement de tête. Le moins qu’on puisse dire c’est qu’elle ne s’attend pas le moins du monde à la révélation que son amie s’apprête à lui faire. Et qu’elle en reste comme deux ronds de flan une fois les mots prononcés. Si bien que la rouquine se demande si elle a bien compris. Une espèce de taré a tiré sur Kimmy comme ça, pour le délire et elle s’est retrouvée en chirurgie, frôlant la mort. C’est tellement digne d’un scénario qu’elle se demande si elle n’est pas sérieusement en train de perdre les pédales et d’inventer tout ça. Ça serait complètement mais pas plus que ce qu’elle est en train d’entendre.

« T’es sérieuse ?? »

Mais voyons, Cleo, à en voir sa tête ainsi que sa réaction, c’est évident que oui. Mais selon Kimmy, il ne fallait pas qu’elle stresse. Ah bon okay, voilà qui réglait la question, alors. No panic. Le point positif c’est effectivement que cette attaque ne la visait pas précisément. En gros, son amie s’était retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment et ce sont des choses qui arrivent mais quand même.

« Okay. C’est complètement dingue. Tu m’étonnes que tu sois « un peu à cran ». »

Si ça lui était arrivé à elle, elle n’est pas sûre qu’elle sortirait aussi facilement ; elle préférerait se terrer pendant un petit temps. Ou alors être escortée. En permanence. Mais là n’est pas la question, il ne s’agit pas d’elle mais de Kimmy qu’elle trouve vraiment courageuse.

« Si je peux faire quelque chose, n’hésite pas, surtout. »

C’est qu’elle y tient à son amie. Trop rares sont les gens qu’elle connaît depuis aussi longtemps alors la démarche est peut-être un peu maladroite mais elle tient à faire savoir qu’elle peut compter sur elle en cas de besoin.

« Quand est-ce que c’est arrivé ? »

Cleo marche un peu sur des œufs. Si ça se trouve, Kimmy n’a pas envie d’en parler et loin d’elle l’idée de la forcer à revivre cet horrible moment. Si elle sent une quelconque réticence de sa part, elle ne posera plus de questions.

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Cleo & Kimmy

La moitié de sa cigarette est déjà partie en fumée lorsqu’elle se décide à tourner la tête vers Cleo. Expirant un long nuage blanc, la scénariste commence à ressentir certains effets bénéfiques de la surconsommation de nicotine combinée à la présence d’une amie à proximité. Il lui est donc plus facile de respirer et de réfléchir. C’est sur qu’elle est vraiment à cran et que ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Par chance que c’est Cleo qui est devant elle et pas son patron, parce que ce dernier n’apprécierait pas de la voir aussi peu en état de travailler. La dernière chose que veut Kimmy c’est de se faire virer et de n’avoir plus aucun autre passe-temps que de tourner en rond dans son appartement. Vraiment une très mauvaise idée. Cleo se dévoue pour l’aider. C’est justement ce dont elle avait besoin. Retirant la cigarette de son visage, elle prend une minute avant de répondre, laissant même le temps à son amie de lui poser une autre question supplémentaire. « Deux semaines. Mais j’ai encore l’impression que c’était hier... Pour ce qui est de ta proposition… Et bien, si tu n’y vois pas d’inconvénient, j’aimerais bien avoir de la compagnie pour le reste de la journée. La solitude est en train de me tuer. Je peux… si tu veux, je peux me mettre dans un coin pour écrire sur mon ordi pendant que tu es au travail. » Kim connaît le domaine dans lequel est employé l’autre femme. Ce n’est pas que le porno l’intimide, c’est surtout qu’elle ne veut pas déranger. Ou qu’on la vire du plateau parce qu’elle ne devrait pas s’y trouver. Ce n’est probablement pas une bonne idée de chercher à suivre Cleo comme son ombre, sauf qu’elle n’y peut rien. Il lui faut trouver un moyen de retrouver son calme complètement afin de reprendre sur elle. Par réflexe, elle a même fait un pas vers la perchiste, comme pour se rapprocher instinctivement de son protecteur. Abandonnant au final l’envie puissante de fumer tout ce qu’elle a à disposition, la scénariste se racle la gorge et soupire doucement. « Laisse tomber, je pense que je suis revenue au boulot trop tôt... » C’est difficile pour elle de l’admettre, sauf qu’elle doit bien se rendre à l’évidence qu’elle est totalement à la merci de ses sentiments et de ses souvenirs des récents évènements. Le traumatisme est trop frais à son esprit et il lui faut un peu plus de temps pour arriver à prendre du recul des évènements.

**○ inscrit le** : 29/01/2018

Deux semaines et Kimmy est déjà de retour au boulot. Loin de Cleo l’idée de jouer les mères moralisatrices, ça serait un peu l’hôpital qui se fout de la charité mais ça lui semble quand même un peu précipité après un tel traumatisme. Elle acquiesce en apprenant que son amie a l’impression que c’était hier. C’est toujours ce qu’on ressent après un choc, non ? Puis elle rebondit sur sa proposition et lui fait savoir qu’elle aimerait éviter de rester seule pour le reste de la journée. En voilà une bonne idée. Elle n’a bien sûr rien contre mais elle n’a pas envie de la forcer à voir le genre de scènes qu’elle a quotidiennement sous les yeux. Ce n’est pas vraiment un beau spectacle.

« Je peux prendre la journée, inutile qu’on reste là à regarder ça. »

Depuis qu’elle a touché son héritage, l’écossaise peut bien se permettre de prendre autant de jours de congé qu’elle le souhaite. Certes, son contrat l’empêche toujours de faire vraiment n’importe quoi mais ce n’est pas comme si elle en abusait. Loin de là.

« Qu’est-ce que tu as envie de faire ? On peut se poser chez toi ou chez moi, commander des pizzas et se mater des films. Ou on peut jouer en coop, qu’est-ce que t’en dis ? »

Non parce qu’elle doute sincèrement que Kimmy ait envie d’aller faire du shopping, d’aller au ciné ou tout autre activité avec de la foule tout autour. Ce qui lui convient très bien, soit dit en passant, ça ne la dérange en aucun cas de traîner à la maison. En plus, son mari est au travail lui aussi donc le champ est livre. La jeune annonce ensuite qu’elle a fait une erreur en revenant travailler trop tôt. Comme dit précédemment, elle n’a aucune envie de jouer les moralisatrices, ce n’est tout simplement pas son genre, aussi se contente-t-elle de répondre :

« Deux semaines c’est pas beaucoup. Pense quand même à te reposer. Ça prend le temps que ça prend. »

Elle lui sourit, lui tapote gentiment l’épaule d’un geste qui se veut rassurant. En mode « tout va s’arranger ». Du moins elle espère que c’est le message qu’elle fait passer car les relations humaines n’ont jamais été trop son fort mais elle se débrouille quand la situation l’exige. Et là, c’est le cas.

« Allez viens, je vais récupérer toutes mes affaires et on décampe. T’es en voiture ? Sinon y a mon vélo. »

Pas le choix puisqu’elle n’a toujours pas récupéré le permis.

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