darkness falls accross the land → finn

Halloween approchait à grands pas et Ash avait prévu un épisode spécial de son émission pour le coup. Bien évidemment, Noomi était invitée. Mais la soirée pour laquelle elle était actuellement en train de se préparer n’avait strictement rien à voir avec tout ça. Grâce à cette émission, la blonde avait fait la connaissance d’un jeune homme prénommé Finn. Il avait un jour appelé à la radio pour répondre à un appel à témoins et ils étaient resté en contact depuis. Et puis, elle ne se rappelait pas vraiment qui avait eu l’idée – foutue mémoire qui déconne – mais l’un des deux avait dit à l’autre que ça serait cool de se faire une partie de ouija. Cette espèce de planche démoniaque avec tout un tas de règles compliquées pour ne pas finir hanté, voire carrément possédé par un foutu poltergeist qui passe par-là et qui n’a rien de mieux à faire. Et quel meilleur endroit pour jouer à ça qu’au beau milieu d’un cimetière et en pleine nuit ? Une nuit de pleine lune aussi, sans doute, pour parfaire le tableau.

Le hic voyez-vous c’est que les cimetières sont fermés par de lourdes grilles à la nuit tombée. Et qu’il est 23h30 quand Noomi sort de chez elle et monte dans sa Mustang pour passer prendre Finn. Fatalement, ça complique un peu les choses mais ça ne serait pas aussi drôle s’il n’y avait pas un peu de challenge. Comme par hasard, c’est Thriller de Michael Jackson qui passe à la radio et la grecque décida d’y voir un bon présage. Premier arrêt : passer prendre Finn, terminus le cimetière, tout un programme.

« Bon, je sais pas si t’es du genre à croire à toutes ces conneries mais dans le doute, j’ai quand même pris la peine de chercher une liste des différentes règles à suivre lors d’une séance de ouija sur internet. »

Oh, ce n’était pas la première fois qu’elle faisait ça. Bien au contraire, Asher adorait faire ce genre de trucs pour pimenter encore davantage son émission mais c’était toujours lui ou un autre membre de l’équipe le maître du jeu. Et ça change tout. Parce que quand vous n’êtes pas maître du jeu, vous n’avez qu’à vous laisser porter par le flot, suivre le mouvement etc. Toujours est-il que, du coup, la jeune femme avait ramené deux-trois trucs à l’arrache comme un paquet de sel, une ou deux bougies chauffe-plat histoire d’y mettre les formes. Une séance de ouija du tiers-monde, en somme.

La jeune femme se gara non loin de la grille principale et contourna le mur d’enceinte en quête d’une faille suffisamment grande pour qu’ils puissent s’y glisser. Après tout, ce n’était pas sur des pilleurs de tombes qu’ils risquaient de tomber… enfin si mais qui ne seraient pas là pour quelque trésor mais pour une histoire bien plus sordide… quoi qu’il en soit, ces gens étranges devaient bien passer par un endroit. Mais elle ne trouva rien dans la pénombre et en conclut donc :

« Va falloir qu’on escalade. Après toi. »

Okay, ça commençait bien : Noomi n’avait pas la moindre idée de si l’on pouvait poser ce genre de questions ou non. Elle tâcha de se remémorer les séances de spiritisme avec la bande d’Asher mais ça lui demandait toujours un effort considérable alors elle fit appel à son bon sens. Elle ne se rappelait pas avoir jamais entendu des questions comme celles-là lors d’autres parties de ouija, habituellement, ça devait plus ressembler à « comment êtes-vous morts ? », « qui vous a fait du mal ? » ou encore « vous êtes heureux là où vous vous trouver ? » mais ça ne signifiait pas pour autant qu’on ne pouvait pas leur demander des trucs un peu plus originaux. Avec un haussement d’épaules et un sourire, elle répondit :

« C’est quand même vachement intéressant de savoir si on va faire la fiesta une fois qu’on sera morts alors on leur demandera. »

Et pour la pizza. Un paradis sans pizza ce n’est pas un paradis, sorry not sorry. Bref, ils étaient déjà arrivés devant les grilles et Noomi avait déjà checké les différentes options qui s’offraient à eux pour entrer quand l’évidence tomba : il fallait escalader. Par chance, les grilles n’étaient pas bien hautes, elle pouvait donc se permettre de laisser passer Finn devant. Ce qu’il fit. Avec plus ou moins de souplesse. Ce n’était pas encore un chat mais l’honneur était sauf. La blonde quant à elle jeta son sac à dos par-dessus la grille avant de s’élancer à son tour. Jusque-là, aucun souci, elle gérait aussi bien que Lara Croft. C’est quand il fallut se laisser tomber de l’autre côté que ce fut une autre histoire… avec toute la grâce du monde, elle se ramassa lamentablement face contre terre à cause du choc de l’atterrissage.

« Aïe. Putain, ce que la terre peut être basse et dure… »

Quel constat. Mais elle parvint tout de même à se remettre debout, pas de cheville foulée, c’était déjà pas mal. Là-dessus, Finn lui demanda si elle avait préparé des questions de son côté. Ah parce qu’elle aurait dû ?

« Euh non, je préfère l’impro. »

C’était une façon comme une autre de le formuler.

« Oui, j’ai pris la gopro d’Ash, elle est dans le sac. »

Sachant qu’elle venait de balancer le sac par-dessus une grille de cimetière, il n’y avait plus qu’à espérer qu’elle soit toujours en un seul morceau. Mais c’était supposé être indestructible, ces machins ? Soit, elle récupéra ledit sac et en sortit sa lampe-torche. Haha il y avait de quoi être fière, l’équipe de chasseurs de fantômes d’Asher avait tout le matériel qu’il fallait. Elle tourna sur elle-même, le faisceau de la lampe braqué droit devant elle.

« Regarde là-bas, y a des espèces de cryptes. C’est parfait, non ? »

Bien sûr, quoi de mieux qu’une crypte humide sentant le moisi ? Je vous le demande ! On fait les choses bien ou on ne les fait pas du tout.

En avant pour la crypte. Quand on y pense, c’est fou comme ce mot est lié au champ lexical de l’horreur. Sûrement à cause des contes du gardien de la crypte. Toujours est-il que ça fait travailler l’imagination. Finn s’était préparé lui aussi en prévision de cette petite exploration et ils n’auraient pas trop de deux lampes-torches. Car effectivement, ces trucs avaient la fâcheuse tendance à vous abandonner au plus mauvais moment. Bref, ce fut Finn qui poussa la lourde porte et celle-ci émit le même grincement que celui que l’on peut entendre dans la chanson Thriller. Charmant. Direct dans l’ambiance, quoi. Long couloir débouchant sur une petite pièce sombre et pleine de courants d’air. Autant dire qu’il fait aussi froid dedans que dehors mais au moins, ils avaient un toit au-dessus de la tête. Plus qu’à s’installer. Noomi s’agenouilla à l’entrée de la pièce et vérifia que la gopro n’était pas en mille morceaux tandis que Finn lui annonçait qu’il avait ramené de quoi manger au cas où. Cette information lui donna le sourire, ça serait définitivement une séance de spiritisme à la cool.

« Super idée ! Et puis, on pourra peut-être soudoyer les esprits avec des offrandes au cas où ils seraient vraiment pas loquaces. T’as rien ramené à boire, par hasard ? »

Pour eux, pas pour les esprits, il ne fallait pas abuser non plus. Mais attendez une minute, est-ce que Finn avait seulement l’âge de boire ? C’était difficile à dire avec sa bouille de bébé. Et bon, certes, la blonde n’avait pas attendu d’avoir l’âge pour picoler mais elle n’avait pas envie d’inciter les jeunes d’aujourd’hui à suivre son exemple. Soit, il valait mieux lâcher l’affaire et allumer les bougies. D’ailleurs, elle sortit un deuxième briquet de la poche de son blouson et l’envoya au jeune homme.

« Et voilà le moment le plus chiant de la soirée. J’aurais jamais cru dire ça un jour, mais ça peut être d’une lourdeur d’être une allumeuse. »

Haha quelle blagueuse, celle-ci. Elle disposa les bougies en cercle et se servit de l’une d’entre elle pour s’allumer une clope qu’elle coinça entre ses lèvres car les préparatifs n’étaient pas finis. Mais c’était là que ça se corsait ; elle sortit planche, goutte et paquet de sel ainsi que son portable pour lire les instructions de la petite séance de ouija parfaite.

« Alors, ça dit que je dois nous enfermer dans un cercle de sel. T’es prêt ? Parce que ça dit aussi qu’on peut pas en sortir n’importe quand, seulement quand c’est fini. »

En clair, la pause pipi c'était maintenant ou jamais.

Noomi ne s’attendait pas réellement à voir Finn sortir autre chose de son sac, elle avait plutôt dit ça pour rire. Mais il le fit. Du coca, de l’eau et de la bière. Wow, il était décidément plein de surprises, ce petit. Et c’était un compliment. Elle sourit en l’entendant dire qu’il espérait que ça suffirait. Oh, ça allait même clairement au-delà de ses espérances et il faudrait qu’elle soit bien difficile pour que ça ne lui convienne pas.

« Oui t’inquiètes, c’est nickel. »

Puis les préparations commencèrent et le jeune homme exprima sa craint de mettre le feu à la crypte. La blonde n’y avait pas pensé jusqu’ici mais c’est vrai qu’avec toutes ces bougies… Et cette crainte entraînait forcément quelques questions ; que se passerait-il si c’était le cas ? Est-ce que c’était passible de prison s’ils mettaient le feu aux ossements ? Par accident, évidemment. Ils n’étaient clairement pas là pour accomplir un rituel viking ou une connerie du genre mais on ne savait jamais. L’idée de voir marquer « vandale dans un cimetière » à côté de « voleuses de Golden Globe » dans son casier judiciaire la fit bien rire alors que ça ne devrait pas. Au moins, on pourrait dire qu’elle soignait ses crimes car c’était vraiment stylé pour le coup. Bref.

« J’espère aussi, ça m’a pas l’air super agréable comme mort. Mais il fait un peu humide ici, ça devrait aller. »

Par contre, elle espérait également que le vent qui filtrait par la porte d’entrée n’allait pas souffler les bougies toutes les cinq minutes sinon ça risquerait de devenir vite énervant. Soit, ils étaient prêts alors Noomi finit de tracer le cercle dont ils étaient prisonniers jusqu’à ce que la séance soit finie. Après quoi Finn lui demanda si elle était coutumière de tous ces trucs. Les séances de spiritisme, les maisons hantées et tout ce qui s’ensuit. Voilà bien une question à laquelle elle n’aurait jamais cru répondre par l’affirmative. Et pourtant.

« Hum oui, je crois qu’on peut dire ça. J’ai un pote qui raffole de tout ça. D’ailleurs, il a sa propre émission sur youtube, tu sais, un peu comme Buzzfeed Unsolved et il aime bien m’avoir comme guest, va savoir pourquoi. »

Sauf qu’elle savait très bien pourquoi : il lui était déjà arrivé de faire tout une émission accrochée à lui comme Rose à sa foutue porte pendant le naufrage du Titanic, juste au cas où il se passerait quelque chose. Et ça, les gens adoraient.

« Mais on a jamais eu de résultat concluant avec le ouija. Et toi ? C’est le genre de trucs que tu fais souvent ? »

Faire attention avec le feu, voilà un conseil qu’elle comptait bien suivre à la lettre. Pourtant, elle n’avait rien contre l’idée de passer la soirée avec les mignons pompiers tout en muscles d’Island Bay. Bien au contraire, en fait, elle serait même plutôt du genre à les appeler à la moindre occasion. Mais mieux valait quand même éviter de mettre le feu à une tombe, dans la mesure du possible. Par respect pour les morts. Et pour eux-mêmes. Bref, après avoir tout allumé et refermer le cercle de sel protecteur sur eux, ils étaient fins prêts. Non, une seconde, Noomi prit une gorgée d’eau – parce que si un incendie venait à se déclarer, ce n’était certainement pas en versant de la bière dessus qu’ils parviendraient à l’éteindre – et les voilà fins prêts. Bon moment pour se raconter leurs différences expériences. La blonde fit part à Finn de ses nombreuses visites dans des endroits totalement insolites pour le bon plaisir des abonnés d’Asher. Et le jeune homme, quant à lui, il n’y a eu que la fois où il a visité un vieil hôpital. Ah oui, c’est vrai. C’est grâce à cette histoire qu’ils avaient fait la connaissance l’un de l’autre.

Un ancien hôpital, n’empêche, y avait pas moyen de faire plus creepy que ça, elle en était sûre. Du coup, la blonde n’avait aucun mal à croire que ç’avait dû être intense. Dans tous les cas, il en avait dit trop ou pas assez et elle avait réellement envie de savoir ce qu’il voulait dire par-là. Histoire d’établir une espèce d’échelle d’intensité de leurs diverses expériences.

« Intense comment ? T’as vu ou entendu des trucs bizarres ? »

Ça l’intéressait parce que Noomi ne savait pas si elle croyait à tous ces trucs ou non. Sûrement que oui, du moins un peu, sinon elle ne serait pas là en ce moment. Et elle ne passerait pas son temps à sursauter pour le bon plaisir des abonnés. Bref, Finn lui demanda alors s’il fallait qu’ils joignent leurs mains. Ce n’était pas précisé sur son espèce de mode d’emploi mais elle l’avait vu faire tellement de fois dans les films qu’elle acquiesça, posa son téléphone sur un genou et pris ses mains dans les siennes. Franchement, si le gardien du cimetière, interpelé par la lueur des flammes de bougies tout autour d’eux, choisissait ce moment précis pour venir voir ce que c’était que ce bordel, ils auraient l’air fin, tiens.

« Alors j’sais pas trop. Faisons quelque chose de classique. Esprits, êtes-vous là ? »

Sans doute l’un des plus gros clichés de films d’horreur mais elle ne voyait pas comment débuter la séance autrement. Et maintenant, on attend. Une quelconque réaction. S’il-vous-plaît.

Sans rien dire, elle écouta attentivement le récit du jeune homme. Ça ressemblait au scénario d’un film d’horreur mais elle voyait bien qu’il y croyait vraiment. De toute façon, elle ne se permettrait pas de juger de la véracité de ses propos ; elle ne savait pas si les esprits existaient ou si c’était là une façon de se rassurer face à la mort. Croire qu’il y a peut-être une forme de vie après la mort, ça doit aider quand sonne le glas. En fait, ça lui plairait plutôt bien d’y croire les yeux fermés elle aussi. Alors si elle pouvait avoir une toute petite preuve, ça serait bien. Sauf que bien sûr, c’est compliqué d’avoir une preuve. Même Asher qui travaille dans ce milieu depuis des années n’en a pas une tangible. Cela dit, lui n’a de toute évidence pas besoin de ça pour y croire. En ce qui concerne Finn, ça a l’air différent. Si elle avait vu tout ça, alors qu’elle aussi y croirait très certainement. Et ça lui évoque une autre question mais pour l’heure, il lui demande si elle le croit fou.

« Oh non, pas du tout. Je veux bien te croire. Et je me demande : ça ne t’as pas effrayé ? T’as pas peur de recommencer et de revivre tout ça ? »

Ça serait quand même surprenant que ça se reproduise et d’un autre côté, il y a des gens qui ont cette sensibilité particulière, qui ressentent des choses quand les autres non. Peut-être était-ce le cas de Finn. Et s’il se produisait quelque chose d’étrange ce soir, alors il faudrait qu’Ash l’invite dans son émission, ça en vaudrait définitivement la peine.

Enfin bref, la séance débuta alors et puisque c’était la première fois qu’elle orchestrait plus ou moins ça, Noomi décida de commencer par un classique. Finn suivit en se présentant et en leur demandant de se manifester. Autre grand classique mais sinon, est-ce qu’ils le feraient ? Pas sûr donc il valait mieux passer là. Ils pourraient même aller jusqu’à leur demander de frapper un coup pour oui, deux coups pour non mais la blonde préféra attendre sagement qu’il se passe quelque chose. Ou pas. Car au bout de quelques minutes et avec la meilleure volonté du monde, il ne se passait rien. Du moins c’est ce qu’elle crut jusqu’à ce qu’une bougie – une seule- soit soufflée.

« T’as vu ça ? Elle doit être dans le courant d’air. »

Même si ça lui semblait bizarre qu’une seule bougie soit éteinte, son cerveau essayait d’abord de trouver une explication rationnelle.

Un an, wow. Finn a l’air de croire que ça fait longtemps mais Noomi se demande si elle s’en remettrait si vite si ce genre de choses lui arrivait à elle. Mais à tous les coups, c’est son espèce de syndrome de Scully qui prendrait le dessus, elle ne voudrait pas croire que ça lui était arrivé et elle trouverait une autre théorie, aussi farfelue soit-elle. Du coup, elle trouvait le jeune homme assez courageux. Elle opina du chef et c’était donc parti. Et le moins qu’on puisse dire c’est que ça commençait assez fort étant donné qu’une seule et unique bougie s’éteignit. Oui, c’est un peu bizarre, un courant d’air en aurait probablement soufflé plus d’une, son souffle n’étant pas dirigé que vers une seule flamme mais autant croire que ça peut arriver. D’ailleurs, Finn ne la contredit même pas. En revanche, il lui fit part d’une information qu’elle ne détenait pas vraiment de là où elle se trouvait, à savoir : qu’il ne le sentait pas, ce fameux courant d’air. Ses sourcils se froncèrent légèrement sous l’effet de la perplexité.

« Ouais… »

Une fois qu’elle eut dit ça, le silence retomba pesamment sur le mausolée. Juste avant qu’un bruit sourd ne se fasse entendre. Comme si quelqu’un avait claqué très fort la porte d’entrée. Alors s’il s’agissait des esprits, franchement, that esclated quickly. Passer d’une petite bougie qui s’éteint à un vacarme pareil… ils sont définitivement tombés sur la tête. Puis il semblerait que Finn en soit arrivé à la même conclusion qu’elle, soit c’est quelqu’un en chair et en os – il suggéra le gardien -, soit c’était quelqu’un raide mort depuis des lustres. Et la blonde ne savait pas vraiment laquelle elle préférait des deux options. Elle répondit par un haussement épaules, admettant qu’elle n’en savait pas plus que lui puis lâcha ses mains pour se relever sans pour autant sortir du cercle supposément protecteur.

« Y a quelqu’un ? »

Plusieurs longues secondes passèrent, seul son écho lui répondit.

« Ça doit toujours être le courant d’air. Si c’était un gardien, il nous aurait déjà crié de déguerpir sinon il appellerait les flics et il essayerait pas de nous flanquer la frousse. »

Du moins c’est ce qu’elle croyait. Même si elle était persuadée qu’ils n’étaient pas les premiers à venir faire une séance de spiritisme dans ce cimetière. Alors peut-être que les gardiens du coin avaient fini par en faire un jeu, qui sait ? Et oui, vous aurez noté qu’elle se raccroche désespérément à cette histoire de courant d’air qui ne tient pas la route mais je vous avais prévenu : syndrome de Scully.

« Esprits si c’est vous qui avez claqué la porte, faites-le nous savoir : un coup pour oui, deux coups pour non. »

Noomi ne s’attendait pas à une réponse, raison pour laquelle elle fut très surprise d’entendre deux coups frappés sur la pierre, pas loin d’eux. Okay, il devait y avoir des p’tits malins voulant leur faire une blague, elle ne voyait pas d’autre explication.

Ce qui était étrange, c’est que tout se mettait en place d’un seul coup. C’est précisément ce qui faisait penser à Noomi qu’il pouvait s’agir de quelqu’un en train de leur faire une farce. Comme le gardien. Bon, il aurait un sacré sens de l’humour mais qui sait, c’était peut-être – sûrement – une excellente façon de s’assurer que des petits crétins dans leur genre ne reviennent pas troubler le long sommeil des morts. Lorsque le soi-disant esprit répondit par la négative tandis qu’elle demandait si c’était lui qui avait claqué la porte d’entrée du mausolée, Finn se leva à son tour pour menacer les personnes vivantes présentes. C’était du bluff car ils n’étaient pas armés. Enfin, la blonde se baladait toujours avec la bombe au poivre que son père avait glissé dans son sac il y a de ça des années mais c’était tout. Alors on ne peut pas dire qu’ils étaient vraiment dangereux mais ça, personne d’autre qu’eux n’avait besoin de le savoir. Quoi qu’il en soit, pas de réponse. Finn émit alors d’autres possibilités que le gardien. Comme de sales gamins venus foutre le bordel. Allant même jusqu’à ajouter qu’il ne devait pas y avoir qu’eux qui avaient l’envie subite de s’offrir une petite virée nocturne dans le cimetière du coin. Non, en effet. Il y avait même pire que de sales gosses, Noomi le savait très bien mais elle n’avait pas vraiment envie de penser à eux. Les nécrophiles. Voilà bien une tendance à laquelle on n’a jamais envie de penser.

« Ouais, j’imagine. »

Là-dessus, il ajouta encore qu’ils allaient passer plus de temps à se demander s’il y quelqu’un que l’on pourrait toucher avec eux plutôt qu’à questionner la planche de ouija. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas tort. Il annonça ensuite qu’il devrait peut-être aller voir histoire d’être sûr une bonne fois pour toutes. Bonne idée. Même si cela revenait à sortir du cercle de protection. Est-ce que la blonde croyait seulement à toutes ces conneries ? Elle resta un moment à observer la ligne de sel avec circonspection avant de finalement hausser les épaules et passer au-dessus.

« Oui, faisons ça. Je viens avec toi. »

Car il n’était pas question qu’elle le laisse prendre des risques tout seul sous prétexte qu’il était l’homme du duo. Au contraire, elle était l’adulte alors il était plus ou moins sous sa responsabilité. Noomi prit donc la tête du binôme et sortit pour s’apercevoir que le vent s’était bel et bien levé mais pas non plus au point de pouvoir claquer de lourdes portes de mausolée. Des bruits de branches qui craquent, des silhouettes en train de se mouvoir, elle vit tout ça. Ou en tout cas, elle crut le voir mais c’était peut-être tout simplement son imagination qui lui jouait des tours. C'est pourtant avec plus d'aplomb que ce qu'elle aurait cru qu'elle déclara :

« Y a quelqu’un, c’est sûr et certain mais ce ne sont pas les cachettes qui manquent par ici, malheureusement. »