à tes risques et périls ft. shiva

Les vacances de noël allaient commencer, entraînant à leur passage la fin du premier semestre de cette année universitaire. Comme à chaque fois, une soirée étudiante était organisée pour décompresser des partiels, c'était aussi une occasion pour les étudiants de l'université de se retrouver pour faire la fête, avant de regagner les foyers familiaux pour les fêtes de fin d'année. Clairement, ce n'était pas une période facile pour Murphy, en vue de l'anniversaire de la mort de sa maman, mais elle avait été conviée à cette soirée, comme n'importe quel autre étudiant. D'ordinaire, elle répondait non à ces invitations, la seule fois où elle avait dit oui, ça avait été tout un drame avec Lily et surtout, elle avait accepté d'accompagner son amie. Là, elle y allait seule, et devait retrouver Priam directement à la soirée, si bien que la jeune femme ne savait pas vraiment à quoi elle devait s'attendre. Déjà, elle avait du trouver une tenue. Galérant, elle avait fini par opter pour une robe noire, simple, et avait bouclé ses cheveux pour l'occasion. En vérité, elle n'avait pas le cœur à la fête, mais comme cela faisait longtemps qu'elle n'avait pas vu Priam, elle était contente de passer du temps avec son ami. Ses chaussures aux pieds, Murphy avait profité de l'absence de son père -prit par son travail- et de Kenny afin de prendre le bus en direction de la ville. La petite blonde avait un peu de trajet, avant que le bus n'arrive dans le centre de Wellington. La fête se déroulait dans un bar, où tout le sous-sol avait été privatisé par une association étudiante. N'était-ce pas parfait, en somme ? Et puis si jamais l'ambiance n'était pas à son goût, elle quitterait la soirée avec Priam et finirait probablement à la maison devant un film. Stressée, la jeune femme sentait son cœur battre à tout rompre dans sa poitrine, mais une fois arrivée à l'arrêt de bus, elle descendit de ce dernier pour marcher jusqu'au bar, où la soirée avait déjà commencée. A l'entrée, elle paya un ticket et on lui tamponna le poignet à l'encre, symbolisant son appartenance au groupe d'étudiants. Une fois à l'intérieur, on lui indiqua le chemin pour pouvoir descendre jusqu'à la dîte fête. Priam était sûrement déjà là. La jeune femme suivit les indications, et croisa par hasard sur le chemin, un ami de Priam qui la salua. Souriante, et contente de reconnaître au moins un visage, elle lui fit la bise poliment, lui demandant s'il n'avait pas vu son ami. Le garçon lui apprit alors que Priam l'avait prévenu qu'il avait un empêchement et que, comme elle n'avait pas d portable, il l'avait chargé de la prévenir. Murphy sentit la déception l'envahir, ainsi que ce profond sentiment de solitude et d'abandon qui caractérisait si bien ses journées depuis peu. Elle fit semblant de sourire, le remercia et fut prête à faire demi-tour. Seulement voilà, les étudiants s'étaient agglutinés derrière elle, lui bouchant la sortie. Sous la pression, elle descendit encore pour rejoindre le cœur de la fête. La musique battait son plein, la décoration était au goût de noël et beaucoup d'étudiants étaient déjà là. Murphy ne se sentit pas très à l'aise et voulu tout de suite repartir, mais un garçon lui rentra dedans, lui versant son verre sur sa robe. Il s'excusa, à moitié ivre, alors que Murphy, encore sous le coup, constatait les dégâts sur sa tenue. Ah beh génial, ça commençait bien. A peine arrivée, elle était déjà dégueulasse et allait puer l'alcool jusqu'à demain. Son père allait la tuer, enfin... s'il se rendait compte de quelque chose. « Il faut essuyer ça » lança le garçon, à la fois amusé et ennuyé. Murphy hocha la tête, ouais, c'était une idée de génie ça mec. Il s'approcha, glissant à son oreille « viens, je vais t'aider, les toilettes sont là-bas » montra t-il d'un doigt décollé de son gobelet. Murphy regarda dans la direction indiquée et ne se méfiant pas, suivi le garçon. Il était assez baraqué, et plutôt mignon. Sans doute un mec hyper populaire en soi, un mec avec lequel elle n'aurait jamais parlé en temps normal. Il lui rappelait Bailey, mais en moins beau. Elle fendit la foule sur ses talons, arrivant alors vers les toilettes. « Viens chez les hommes, y'a moins de monde » lança t-il en l'entraînant presque. Là, il posa son verre et Murphy pu voir à la lumière ls dégâts sur sa robe. Elle commença à faire couler l'eau du robinet, prenant quelques chiffons dans le distributeur. Le mec lui faisait clairement la conversation, un peu derrière elle. Murphy levait parfois le nez, pour croiser son regard, mais fut très vite mal à l'aise en voyant que le gars la reluquait sans honte. Gênée, elle fit mine de rien et continua de passer de l'eau sur le tissu noir. « T'es mignonne, tu es de l'université ? » demanda t-il alors. « Oui » répondit-elle sans oser relever les yeux. Le gars s'agita derrière, elle entendit du mouvement et puis sans qu'elle ne comprenne quoi que ce soit, il commença à glisser sa main sur sa hanche, caressant son ventre. Murphy se raidit. Elle stoppa tous mouvements, figée sur place, le cœur battant. Elle n'osait rien dire. Le mec colla son corps contre son dos, continuant à balader sa main sur son ventre. Murphy sentit la peur l'envahir, mais elle ne pouvait pas bouger, pas même dire non, elle était tétanisée. « Qu'est-ce que tu... » commença t-elle à dire, alors qu'il lui murmura « chuuut » dans l'oreille. Il commença à venir lui mordiller son lobe et à cet instant, elle lança « arrête » regardant le mec faire à travers le miroir. Sa main sur son ventre descendit jusqu'à la fin de sa robe, commençant à caresser sa peau. Là, elle se plia sur le côté, souhaitant échapper à ses mains, à sa carrure et se tourna. « Je t'ai dit d'arrêter » lança t-elle alors qu'il avançait vers elle, un sourire aux lèvres.

Soudain, alors que Murphy était trop prise à fixer ce garçon menaçant et insistant, elle ne se rendit pas compte qu'un autre type était en train de sortir des toilettes. En fait, elle ne se rendit compte de sa présence que lorsqu'il intervenu auprès d'elle et en particulier, du jeune homme. Il était grand, un peu basané, plutôt mignon, mais bien plus vieux aussi. Le type qui faisait chier Murphy ne semblait pas prompt à cesser sa quête. Il espérait sans nul doute que l'inconnu finisse par se lasser et lâche l'affaire. Seulement pour Murphy, ce type venait d'apparaître comme son seul espoir de s'en sortir. Il était là, il osait dire quelque chose et ne semblait pas avoir peur que ça dégénère : puisque le mec insistant venait tout de même de le repousser. Et là, tout alla très vite. Murphy fut enfin libérée du mec collant, par l'inconnu. En quelques secondes à peine, il venait de recevoir un poing violent dans le visage, ce qui fit crier Murphy. Elle n'était pas habituée à voir autant de violence, surtout pas d'aussi près. Son père avait des coups de sang, mais il évitait de les avoir devant elle. La jolie blonde se coinça presque entre les deux lavabos, les yeux rivés sur son agresseur qui était à présent au sol. Elle grimaça de douleur quand l'autre mec lui envoya son pied dans le ventre. C'était peut-être bon là non ? Elle ne voulait pas que ça parte en baston non plus. Ce n'était pas son but, que l'un d'eux ou même les deux, finisse à l'hôpital. Finalement, le mec relou se tira la queue entre les jambes, tandis que le basané semblait vraiment sur les nerfs. Oh merde. Murphy n'aimait pas du tout être au milieu d'histoire de ce genre, ni même au centre de l'attention et là, c'était loupé. Et si le mec qui venait de se battre était encore énervé ? Non, après tout, il l'avait défendu et tirée de ce mauvais pas, pas vrai ? Murphy avait encore la bouche entouverte, encore un peu sonnée par la violence des coups donnés et aussi par ce qui aurait pu se passer ce le garçon métissé n'était pas intervenu. Il ne quittait pas les toilettes, bien au contraire et très vite, il se tourna vers Murphy pour savoir si ça allait. Elle croisa son regard, intensément mais furtivement et puis lança « heu... oui-oui » avant de venir toucher sa robe, comme pour la mettre bien en place « je... » elle était à peu à l'ouest Murphy, ce n'était pas du tout son quotidien tout ça. « Oh purée » lança t-elle alors, en passant sa main sur son front, fermant les yeux une seconde « j'me suis cru dans un Tarantino pendant une minute, j'me demandais lequel des deux allait être le Bill de l'autre » lâcha t-elle, ne réfléchissant pas à savoir s'il allait saisir la référence au film Kill Bill. Finalement, elle se redressa un peu, croisa de nouveau le regard du basané et lança avant qu'il ne se décide à repartir à sa soirée « en tous cas... » elle fini par sourire légèrement « merci beaucoup de... d'être intervenu » oui, parce que si ce gars n'était pas venu à ce moment-là, Murphy n'osait même pas imaginé ce qui aurait pu se passer. Elle qui était encore vierge et qui comptait bien le rester jusqu'à trouver l'homme dont elle serait amoureuse un jour... elle n'aurait jamais pu encaisser une agression sexuelle. Oh non, pas après tout ça, tout ce qu'elle devait déjà trainer derrière elle. « Vraiment merci » ajouta t-elle. Parce que c'était important que des gars comme lui, continuent d'intervenir dans ce genre de situation. Oui, il n'avait pas eu peur de se prendre un coup, il était donc courageux, et puis persévérant aussi, et peut-être un peu impulsif, mais pour le coup, ça arrangeait bien Murphy. Il reprit la parole, conseillant alors Murphy à l'avenir. Apparemment, ce type avait l'air de s'y connaître en technique d'agression sexuelle... pas très rassurant ça quand même. Et surtout, il laissait bien sous-entendre à la jolie blonde qu'elle n'y connaissait rien et qu'elle était vraiment naïve. Beh oui, elle était naïve. Elle n'avait jamais eu de copain, elle se faisait jamais draguer. Elle regarda le type. Oui, il avait raison, c'était une idiote de s'être faite avoir ,ou presque. « On est pas tous adeptes des beuveries étudiantes où la moindre parcelle de peau dénudée excite des boeufs. En tous cas, je le saurai maintenant, du coup j'insiste pas plus, après tout, tu viens quand même de casser la gueule d'un inconnu dans les toilettes... ça fait aussi partie d'une technique ancestrâle que je devrais connaître pour attirer la fille la plus conne dans un piège encore plus con? » vexée, elle? Nooooon. Pas du tout...

Quand il lui demande s'il la vexé, Murphy se demande à qui il joue et surtout, si elle n'a pas dégoté un mec encore plus con que le premier. Elle ne dit rien et le laisse faire son cirque, quand il valide l'idée que cette façon d'être intervenu soit une autre technique de drague. Il pointe un cabinet, sous-entendant -avec ironie ou non- que ça finira ici pour eux deux. Elle regarde le doigt et puis arque un sourcil « les supers-héros n'existent pas » lança t-elle ironiquement à son tour. Ok, ce mec était à priori habitué à ce que toutes les femmes lui disent oui, ou veuillent lui dire oui. Eh bien pas de chance, Murphy, ça ne l'intéressait pas ces choses-là. Alors elle fit volte-face et se regarda une seconde dans le miroir, réajustant ses cheveux. « Je vais briser tes rêves à défaut que tu te vides les couilles mon cher, mais c'est pas avec moi que tu t'amuseras dans ces toilettes » avant de se tourner encore une fois et de le regarder une seconde. Oh mon dieu, barres-toi de là tant qu'il en est encore temps. Il avoua n'en avoir rien à faire de ces soirées, ce que Murphy trouvait étrange. Qu'est-ce qu'il foutait là dans ce cas ? Pourquoi venir à quelque chose que l'on ne supporte pas ? Hormis si c'est une obligation... il n'y a pas de raison suffisante aux yeux de la jolie blonde pour se forcer à être dans un endroit où l'on ne veut pas être. « Pourquoi t'es là si tu supportes pas ce genre de soirée ? » demanda t-elle alors par curiosité. Quand il se justifia, Murphy sourit une seconde et demanda « donc à priori j'suis débile ou nympho, c'est ça ? » demanda t-elle amusée avant de continuer « et vu que j'ai pas voulu céder à l'autre gros porc, j'dois en conclure que j'suis débile ? » rigola t-elle finalement légèrement. Oui, autant rire un peu de tout ça, au moins, ça lui faisait un peu oublier le drame qui aurait pu se passer un tout petit peu plus tôt. Oui, en rire était le meilleur moyen d'accepter ce qu'il s'était passé et de ne pas créer un traumatisme. Quand il entra dans une analyse des hommes présents à cette soirée et émettant le fait que Murphy valait mieux que ça, elle croisa les bras sur sa poitrine et l'observa. Il était psy ? « Qu'est-ce qui te fait croire que j'vaux mieux que les autres ? » après tout, il ne la connaissait pas. Ce n'était pas parce qu'elle avait voulu se dégager d'un pervers, qu'elle n'en était pas une à son tour ? Peut-être qu'elle dealait de la drogue ? Ou bien qu'elle avait un cadavre qui l'attendait dans son garage ? Ou qu'elle était shootée aux médocs pour réussir son année universitaire ? Peut-être même qu'elle était escort pour payer ses études, qu'en savait-il ? « Tu juges sur le physique ? » lança t-elle amusée. Parce que dans ce cas, l'analyse qu'elle pouvait faire de lui... c'était qu'il était un anti-conformiste dans le fond, mais capitaliste par besoin. Qu'il semblait détester le monde tout entier parce qu'il ne trouvait tout simplement pas sa place, et que c'est bien plus facile d'en vouloir aux autres. Elle en savait quelque chose, elle était exactement comme ça aussi. Elle sourit et puis lança « tu as bien raison sur une chose, je fais c'que j'veux » sourit-elle et ça, son père le savait très bien depuis le temps. Mais bon, Murphy, elle s'était quand même calmée depuis le temps, non ? Finalement, la jeune fille secoua un peu sa robe qui s'était imprégnée d'alcool et puis passa devant le type pour rejoindre la sortie des toilettes et donc, retrouver le reste de la soirée. « Bon et bien sur ce, bonne soirée ? » lança t-elle en croisant son regard. N'attendant pas de réponse, elle passa devant lui pour sortir de la pièce et puis se retrouver immergée dans un bain de foule. Bon, étant donné que Priam ne viendrait pas... à quoi ça lui servait de rester ? La jeune fille traversa donc la foule dans l'espoir de retrouver le chemin de la sortie le plus rapidement possible. Aucun intérêt de rester là, entre les violeurs, les ivrognes et les gens qui n'attendaient que l'un, ou l'autre.

La gamine essayait tant bien que mal de traverser la foule, tel un pauvre navire abandonné sur les flots enchaînés. Les gens formaient des barrières insubmersibles dont elle peinait grandement à passer outre. Marchant avec difficulté, se faisant bousculer violemment, elle continuait tout de même son chemin du mieux qu'elle le pouvait. La musique était forte, les gens étaient en train de boire, chanter, danser et jouer à des jeux, si bien que la frénésie était à son paroxysme. Finalement, c'est une sensation enroulant chaudement son bras qui la fit froncer les sourcils. Une main venait de s'enrouler autour de son bras, la traînant alors sur l'un des bords de la pièce principale. En quelques secondes, elle se retrouva auprès du garçon qui l'avait tiré de la mauvaise situation des toilettes. Il lui demande son nom, comme ça, comme si tout ce qui venait de se passer était tout à fait normal. Murphy fronçait les sourcils, encore un peu outrée qu'on la prenne par le bras comme ça alors qu'elle était en train d'avancer vers la sortie. Pourquoi vouloir connaître son prénom ? Ca servait à quoi ? Elle ne comprit pas, si bien qu'elle demanda « pourquoi tu veux le connaître ? » avant qu'il essaye de la convaincre de lui dire son prénom. Il le fit, pour sa part et Murphy prit une mine surprise. Shiva, c'était bien la première fois qu'elle entendait ce prénom, c'était de quelle origine ? Asiatique ? Elle n'en savait rien. Finalement, quand il lui expliqua qu'il était en école de Police, elle ne comprit pas pourquoi il lui disait ça. Etait-ce une façon de lancer une conversation ? Parler de ce que l'on fait dans la vie ? Elle n'en savait rien du tout, mais il passa sa main dans sa poche et en sortit quelque chose -à peine- qui attira l'attention de la jeune étudiante. Elle ne savait pas ce que c'était, mais ça ne semblait pas légal. Peut-être de la drogue ? Il lui expliqua qu'il était encore en école et qu'il était ici en mission pour essayer de coincer des gamins qui souhaiteraient se droguer, ou acheter de la drogue. Elle fit mine de comprendre, marquant sur sa face un léger « ahhh » avant d'hocher la tête. « T'es en mission d'infiltration c'est ça ? » rigola t-elle alors. C'était peut-être ça alors, le côté protecteur dans les toilettes, ça sonnait bien flic, c'était vrai. Ils étaient là pour protéger, servir et défendre la loi, non ? Mais pourquoi venir lui demander son nom ? La soupçonnait-il de vouloir consommer ce genre de trucs ? Etait-ce à nouveau, une technique pour essayer d'avancer dans son enquête ? Si c'était ça, il était mal barré, c'était pas du tout son délire à elle. Alors la jeune femme reprit « j'pourrai pas t'aider, je ne connais personne qui se drogue et c'est pas mon délire » avoua t-elle alors, balayant la pièce du regard. Ils avaient tous l'air dans un état second ici, c'était dingue et à son avis, ce n'était pas que pour l'alcool. La jolie blonde évita un garçon qui avançait maladroitement et qui se cognait aux murs, évitant ainsi de se faire bousculer et puis elle lança en direction de Shiva « j'vais partir, mon ami ne viendra pas et... » elle jeta un coup d'oeil devant elle, parmi la foule « c'est pas trop mon délire tout ça » elle posa de nouveau ses yeux dans ceux du garçon et lança « tu l'as dit toi même, je suis mal fagotée, ça s'voit que c'est pas dans mes habitudes tout ça non ? » elle sourit alors et puis fini par soupirer avant d'ajouter « bon courage pour ta mission comando » rigola t-elle, sans lui avoir répondu à sa question. Celle de connaître son prénom, une partie de son identité. Elle se tourna alors et continua de longer le mur jusqu'à arriver en bas des marches qui étaient encore blindées de monde souhaitant entrer dans la boite. Elle essaya de gravir les marches sans se casser la gueule, bousculée par les autres et une fois devant le vigile, elle lui sourit pour qu'il la laisse sortir. « Bonne soirée » lui dit-elle avant de passer enfin la porte. Il faisait frais, mais putain ce que ça faisait du bien de ne plus être serrée comme une sardine dans cette boite de conserve. Maintenant, il fallait choper le bus pour rentrer jusqu'à chez son père, quel enfer.

Murphy commença à faire quelques pas en sortant du bar, quittant ce capharnaüm pour la fraîcheur de la nuit. Il y avait un peu de monde devant la boite, mais ça allait. Elle passa de l'autre côté du trottoir pour être plus au calme et instinctivement, son regard fut attiré par les étoiles qui brillaient au dessus de sa tête. Le ciel était parfaitement dégagé, il n'y avait pas un nuage et quand on tendait l'oreille, on pouvait entendre le bruit des vagues venir manger le bord de la ville. C'était reposant, apaisant et profondément plein de magie. Le regard de Murphy était rivé sur ces centaines, ces milliers d'étoiles qui scintillaient au dessus d'elle, c'était magnifique. Elle se demanda si sa mère et ses frères la voyaient, de là où ils étaient. Est-ce qu'ils pouvaient voir tout ce qu'elle faisait, ou bien ce qu'elle disait ? Elle espérait en partie que oui, mais aussi que non. Parce que bon, elle avait besoin d'intimité quand même. Trouvant l'idée amusante, elle sursauta presque quand une voix la tira de ses pensées, pour la ramener sur terre. « Ah putain » s'empressa t-elle de dire en posant sa main sur le cœur. Oui, il lui avait fait peur, à l'instant ! Quelle idée de venir par derrière pour poser ce genre de question à une fille seule dans la rue. Un instant, elle pensa à Bailey. Elle l'avait prit pour un violeur, un tueur de jeune fille alors que ce mec là était une crème. Elle espérait qu'il aille bien, depuis son retour en Australie. Elle se promit de lui envoyer un mail sous peu, afin de prendre de ses nouvelles. La jeune fille se tourna donc pour contempler le clown qui venait de la surprendre et fini par sourire quand il lui fit remarquer qu'elle ne lui avait pas dit son prénom. Pourquoi vouloir à tous prix le connaître ? Après tout, elle pouvait très bien lui en donner un faux ? Ce mec était insistant tout de même, non ? Ce n'était pas quelque chose dont il fallait se méfier ? Elle pensa à Bailey, elle avait été trop fermée avec lui et il avait presque failli l'abandonner dans la rue, et s'il l'avait fait, ils n'auraient jamais été amis. Comme quoi... Il lui annonça qu'il allait changer de soirée, parce qu'il ne trouvait pas ce qu'il voulait ici, ce que la jeune femme eu du mal à croire « tu ne trouves pas ce que tu veux ? C'est bizarre, ils sont tous défoncés, tu n'as plus qu'à les cueillir » rigola t-elle en pensant bien évidemment qu'il était policier. Il redemanda son nom, si bien que très vite ça amusa la jeune femme. Il voulait tellement le connaître que ça allait devenir un jeu de le garder pour elle. C'était amusant de conserver un peu de suspens, non ? Il fini par lui parler d'un rapport, indiquant que son identité apparaîtrait quelque part. Elle fronça les sourcils et fini par dire « eh oh, j'ai pas signé pour apparaître où que ce soit moi, hors de question d'apparaître sur ton rapport, tu te débrouilles comme tu veux » il n'avait qu'à omettre cette partie de la soirée, après tout, il allait vraiment se vanter d'avoir cassé la gueule d'un type ? « Eh puis je croyais que tu étais à l'école, t'as pas de rapport à faire » ouais, ça lui paraissait bizarre. « Il est où ton coéquipier, enfin... le gars qui doit te surveiller ? » lança t-elle en regardant autour d'eux. Finalement, amusée, elle lança « c'est chiant quand on pose des questions hein ? » avant de rire. Le type s'était allumé une clope et par politesse, il demanda à la jeune femme si elle fumait, elle hocha négativement la tête et croisa ses bras sur sa poitrine « bon, c'est où ta soirée ? » demanda t-elle alors. Après tout, si elle pouvait faire un bout de chemin à côté d'un flic, c'était toujours plus rassurant que de rentrer toute seule, non ? « Tu y vas à pieds ? » demanda t-elle alors pour savoir s'il pouvait l'accompagner jusqu'à son arrêt de bus. Finalement, commençant à se mettre marche, elle lança « je m'appelle Murphy » en tournant la tête afin de croiser son regard.

Quand il lui demanda si ses parents ignoraient sa présence ici, ce soir ; Murphy aurait pu sourire, si ça n'avait pas été autant douloureux. Sa mère aurait été partante pour qu'elle sorte ce soir, pour que sa fille voit du monde et profite de sa jeunesse et puis, ses frères auraient peut-être été de la partie, s'ils avaient été encore là. Alors elle ne répondit rien, et préféra jouer la carte du silence. Shiva se braqua légèrement lorsqu'elle chercha à en savoir davantage sur ce fameux rapport, elle fronça quelque peu les sourcils avant de finalement, laisser courir. Il ne fallait apparemment pas grand chose pour le faire monter dans les tours celui-ci. Finalement il lui arracha un sourire lorsqu'il aborda le fait qu'il avait des répliques meilleures que dans les films : ça, elle attendait de voir. « Non j'veux pas v'nir » lacha t-elle elle aussi sur la défensive à présent. Pourquoi est-ce qu'il la suivait ? Pourquoi lui parlait-il ? Qu'est-ce qu'il voulait ce type ? Lui courir après et une fois qu'elle était là, refouler chacune de ses questions ? Apparemment la soirée là-bas n'était guère plus fameuse, ci bien que clairement, elle comprit qu'il n'irait pas non plus à cette autre soirée. Finalement, il avoua avoir une moto. Là-dessus, le cœur de Murphy s'accéléra. La moto, c'était un truc qui l'avait toujours fascinée, elle avait toujours voulu grimper sur l'une d'elles, mais ses parents le lui avaient toujours interdit. Sa mère trouvait ça trop dangereux -du moins pour ses frères- et son père avait toujours peur de tout. Seulement elle, elle avait toujours eu envie d'en faire, de voir ce que ça faisait, de ressentir quelque chose. Est-ce que son père allait encore une fois la punir ? Très probablement, alors au final, autant se laisser porter non ? Enfin quoi que... ce gars, elle ne le connaissait pas, si ça se trouve, il voulait juste l'attirer dans un coin et la violer et puis se faire protéger par ses amis policiers. Dans ce cas là, son père le tuerait à mains nues. Comme quoi, avoir un père psychopathe, ça a quand même du bon, non ? Quand elle lui avoua son nom, à demi mots, il sembla sourire légèrement, et fut enchanté de ces présentations, ce qui fit sourire timidement la jolie blonde. Ils marchèrent quelques mètres, juste de quoi réduire la distance entre eux et la fameuse moto. Elle était belle et ça attirait Murphy sincèrement. Elle la fixait en retenant un sourire, si bien que lorsqu'il lui proposa de la ramener, elle s'interrogea sur le port du casque. Il lui répondit très sincèrement qu'il n'en avait qu'un et qu'il était pour elle, si elle acceptait de grimper dessus. Murphy regarda sa robe, se demandant comment elle allait grimper dessus. Puis, Shiva lui parla de hantise, tout en lui tendant le casque. « Tu ne serai pas le premier à venir me hanter, j'te rassure », ouais, les fantômes du passé, elle y était habituée, elle ne connaissait que ça finalement. Murphy hésita, longuement, était-ce sincèrement une bonne idée tout ça ? C'était dangereux, ses frères s'étaient tués sur la route... mais au fond d'elle, le goût du risque l'attirait et puis finalement, si elle mourrait... et bien tant pis, non ? Elle retrouverait ses proches, et ça serait tout aussi bien, non ? Alors ses mains saisirent le casque, qu'elle observa un peu avant de le mettre, cherchant rapidement le moyen de l'accrocher. N'y parvenant pas, elle demanda « tu peux m'aider ? » attendant qu'il le fasse. Puis, elle regarda la moto et regarda à nouveau sa robe. Elle attendit que Shiva grimpe sur sa moto et posa sa main sur son bras pour grimper sur le petit marche-pied afin de passer l'une de ses jambes autour de la moto. S'installant confortablement, timide, elle posa ses mains contre la veste du conducteur, sans trop oser s'accrocher. « C'est la première fois » lança t-elle par dessus le bruit du moteur. Finalement, Shiva fit gronder sa moto et commença à rouler, se plaçant correctement sur la route. Sans vraiment laisser le temps à la gamine de se préparer, le voilà déjà en train de partir vite, obligeant Murphy a attraper sa veste de ses mains -gelées par le vent froid. La moto dévorait la route, fendait l'air et très vite, la gamine se surprit à sourire à l'intérieur de son casque. La vitesse, la sensation, tout était agréable. Elle n'en oubliait pas la proximité qu'elle entretenait avec cet inconnu, mais même ça... ça avait un côté, excitant.

Lorsqu'il lui demanda si elle avait des cadavres dans son placard, Murphy ne su pas quoi répondre. Aborder un sujet aussi glauque, aussi rapidement, ce n'était pas trop dans ses habitudes. Bon, elle l'avait bien fait avec Bailey dès le lendemain de leur rencontre, mais parce que c'était lui, et qu'il y avait un feeling. Là, ce mec, elle ne savait pas encore si elle le trouvait marrant, ou juste insupportable. Alors elle fit mine de rien, enfila son casque -non sans mal- et puis grimpa sur la moto grondissante. Shiva ne mit pas longtemps avant de démarrer en trombes, surprenant la gamine au passage. Ses cuisses se serrèrent contre celles du conducteur, tandis que ses mains s'accrochaient à sa veste. Le vent venait tirer la peau de ses mains, de ses jambes dénudées et de son visage, puisque la visière était relevée. Bon, outre les yeux qui pleurent par le froid et le maquillage qui avait du se barrer aux coins de ses yeux, la gamine était réellement à fond dedans. Observant la route que dévorait la moto, sentant le moteur gronder sous ses fesses et surtout, ressentant la vitesse à vive allure. C'était la puissance à l'état pure, et son corps commença à réagir à cela par la création d'adrénaline. Une substance corporelle naturelle dont de si nombreuses personnes semblaient addict. En avait-elle déjà ressenti les effets par le passé ? Pas sûr. La vie de Murphy était calme et tranquille, régie par des règles soigneusement édictées par son père et la moto, n'en faisait pas partie. Comme tout le reste finalement, Murphy ne prenait aucun risque dans la vie, elle n'était pas de ce genre là. Alors finalement, jouer avec les interdits, avec le feu et jouer avec sa propre peur... ça avait quelque chose de fascinant et aussi d'excitant. Quand Shiva prenait des virages, d'instinct, elle cru comprendre qu'il fallait qu'elle se penche de son côté. Au départ, elle positionnait son corps à l'inverse du conducteur, comme tout le monde lors de son premier voyage en moto à vrai dire. On a tendance à vouloir faire « contre-poids » afin d'éviter la chute. Seulement en se mettant du même coté que le conducteur, on fend davantage l'air, ne perdant pas sa vitesse et profitant un maximum des sensations. Alors très vite, malgré la peur de tomber à la renverse, elle suivi les mouvements de Shiva. Ses mains serrèrent davantage la veste du pilote, tandis que parfois, ses yeux se fermaient seuls. Mais à aucun moment le sourire qui s'était dessiné sur ses lèvres n'avait disparu, bien au contraire, il ne s'en finissait plus de s'élargir. Seulement voilà, au bout d'un moment, le joli brun commença à freiner, ralentir et puis carrément à immobiliser le véhicule. Murphy su pour quelle raison, il allait lui demander où est-ce qu'elle vivait. Sauf qu'elle, elle venait tout juste de prendre goût à la moto et n'avait aucune envie que ça se termine « non, encore ! » lança t-elle comme une enfant qui était à Disneyland. Son sourire était franc, sincère et surtout, immense. Ses cuisses s'étaient resserées à nouveau contre Shiva, ainsi que ses mains avaient presque tapotées son torse, comme pour lui indiquer à quel point elle voulait que ça continue. Peu importait l'essence, le froid, la fatigue peut-être du conducteur, et même si elle avait froid et que ses doigts et ses jambes la brûlaient, elle voulait continuer encore la balade en moto. Elle y prenait réellement goût et se dit qu'il fallait absolument qu'elle en profite au maximum, après tout, c'était peut-être la seule fois qu'elle en ferait de toute sa vie ?

La réponse du brun ne se fit pas attendre. Il ne semblait pas contre, du moins ce n'était pas un non catégorique qui s'était échappé de ses lèvres. Mais très vite, Murphy perdit de son sourire quand il lui demanda si elle voulait essayer de conduire sa moto. « Hein ? Heu... non » répondit-elle tout de suite en se ratatinant sur son siège arrière. Mais le brun ne lui laissait pas le choix, et son pied décrocha la béquille de sa moto qui grondait toujours. A cet instant là, le cœur de Murphy se mit à battre à tout rompre dans sa poitrine. Non, elle ne pouvait pas conduire cet engin, elle n'y arriverait pas, elle était bien trop grosse, lourde et puis Murphy n'avait même pas son permis encore ! Non, c'était une folie, pourquoi lui proposait-il ça ? La peur s'empara d'elle et de ce fait, elle ne pensa pas une seule seconde que c'était illégal et donc, assez étrange qu'un flic lui propose cela. Shiva quitta la moto, invitant Murphy à glisser jusqu'à l'avant. Elle déglutit, le cœur emballé dans sa poitrine et l'adrénaline de l'excitation commençant à envahir son corps. Elle avait peur, vraiment. Peur de faire une connerie, peur de mal réagir, peur de voir la moto partir en avant et qu'ils se blessent tous les deux. Un accident était vite arrivé et ça, son père le lui répétait sans arrêt. Murphy hésita avant de glisser vers l'avant de la moto, s'aidant de ses mains posées sur la carrosserie froide de la moto. « J'ai peur... » lança t-elle avant que Shiva ne vienne s'installer derrière elle. Elle sentit ses cuisses encercler son corps et ses mains se poser sur sa taille. Aucun garçon n'avait mis ses mains sur elle auparavant et rien que ça, ça eut le don de la raidir sur cette moto. La seule réponse du brun à son alerte fut qu'il allait lui montrer. Il s'approche, et lorsqu'il pose sa main sur la sienne, congelée aussi, et qu'il la pose sur l'accélérateur de sa moto, le moteur se mit à gronder. Murphy sourit, toujours sous l'adrénaline de cet épisode, mais la peur était en train de s'emparer d'elle. Il essaye de la rassurer, lui disant qu'il était là, qu'il pouvait reprendre le contrôle si elle paniquait, et il ne semblait pas avoir peur. Pourquoi ? Après tout, il était plus probable qu'elle ait un accident qu'elle n'y parvienne. Murphy se mordillait la lèvre, à l'intérieur de son casque et elle répéta encore une fois « j'ai peur » en retenant un rire. Comme une indication de la trouille ressenti, mais l'envie d'y aller tout de même. « Tu reprends le volant si ça s'emballe hein ? » demanda t-elle pour être sûre avant d'ajouter « tu veux pas plutôt mettre tes mains avec les miennes et tu les enlèves quand j'ai compris comment ça marche ? » demanda t-elle alors. Oui, elle avait peur de la moto, de la réaction, de la force, la vitesse que ça pouvait avoir et surtout, qu'elle ne soit pas prête à supporter ça, que ça soit trop pour elle. Alors que s'il était là à ce moment-là, elle pourrait s'y habituer non ? « Oh putain » lança t-elle en soufflant et en s'agitant sur la moto. Ses pieds se posèrent sur les emplacements prévus et puis une nouvelle fois, elle répéta le protocole indiqué par le brun. « Okay... » murmura t-elle la voix tremblante. Ses yeux fixaient ses mains, posées sur le guidon et après quelques secondes, sa mains commença à tourner l'accélérateur de la moto. Le moteur gronda, et après quelques secondes, la moto démarra à toute allure. Murphy cria, alors que la moto partait vite, et que ses mains ne parvenaient pas à stabiliser le guidon droit, forçant la moto à zigzaguer sur la route. Manquant de se prendre le trottoir, elle avait peur, et ses mains se tétanisèrent sur les poignées du guidon. « Ahhhhhh » cria Murphy sous le poids de la moto, c'était dur de garder l'équilibre face à un tel engin. « Reprends ! » cria t-elle à l'intention de Shiva pour qu'il reprenne les rennes, qu'il freine parce qu'elle n'y arrivait pas, qu'elle avait oublié et surtout, qu'elle était partagée entre la peur et l'adrénaline excitante.