mathangi - eastward bound

mathangi chowdhury

la plume et l'épée

les informations en vrac

la partie anecdotes ○ 1 Mathangi est née à Mumbai, au sein d’une fratrie qui comptait déjà quatre enfants. Sa famille et elle vivaient dans la misère, dans un petit appartement de trois pièces en plein centre d’un bidonville. Pour venir financièrement en aide à ses parents, elle commence à travailler dès l’âge de douze ans dans une fabrique de textile, et ce jusqu’à ce qu’elle déménage en Nouvelle-Zélande peu avant ses dix-sept ans. 2 Son père Anwar rachète une boutique de tailleur dans une petite rue de Wellington. Les affaires marchent pendant un temps, mais il est obligé de fermer au bout d’un an à peine. Après ça, il enchaîne les petits boulots sans jamais faire le difficile sur ce qu’on lui propose. Shanti, sa mère, est technicienne de surface de certaines sociétés de la ville. Les revenus de la famille sont assez bas, mais suffisants pour nourrir tout le monde. 3 Mathangi est très attachée à ses racines indiennes. Ce n’est pas une grande croyante, mais elle essaye d’appliquer les différentes traditions qu’on lui a enseignées au quotidien. Elle aime également beaucoup rendre visite à sa famille, généralement deux fois par an voire plus si elle en a l’occasion, et cuisiner divers plats indiens à ses proches. Attention, elle y va franco sur les épices ! 4 Elle a toujours abordé le sujet avec légèreté, mais ses parents faisaient pousser du cannabis dans le jardin pour financer une partie de ses études. Par chance, les voisins et les amis qui venaient à la maison était ouverts d’esprit et compréhensifs. 5 Ce n’est pas au goût de tout le monde, mais elle aime être intrusive : s’intéresser à des conversations qui ne la regardent pas, aller là où elle n’est pas censée aller… Mauvaise habitude ou plaisir secret, difficile à dire. Mais c’est probablement l’une des raisons pour lesquelles elle est partie pour un reportage en Syrie, il y a un peu plus d’un an. 6 Ce reportage aura été à la fois le point culminant et le point final de sa carrière. Blessée à la jambe par un éclat d’obus, elle a été ramenée en urgence à Chypre afin d’obtenir des soins. Elle vient tout juste de rentrer à Island Bay, avec une jambe qui lui fait défaut et pour laquelle elle commence des séances de rééducation avec une kiné adorable. Il lui faut aussi un appartement et, une fois qu’elle pourra marcher normalement, un nouvel emploi. Mais bon, il y a un temps pour tout. 7 Mathangi a toujours été d’un naturel calme, tournée vers son prochain, d’autant plus depuis qu’elle est rentrée. Traumatisée par cette expérience, elle ressent le besoin d’être entourée, de constamment avoir du monde à qui parler. Elle était autrefois une fêtarde de première, qui ne ratait jamais une occasion de recevoir du monde pour danser jusqu’au bout de la nuit. Elle avait d’ailleurs cette réputation dans certains quartiers d’Island Bay puisqu’elle finissait un peu toujours chez tout le monde. Maintenant, elle est plus posée et préfère autant passer une soirée tranquille en comité réduit, avec des gens à qui elle tient réellement ou à regarder une série dans sa chambre. 8 C’est une femme décomplexée sur beaucoup de points, ce qui peut surprendre au premier abord. L’une des seules choses qui la chiffonne en ce moment, c’est sa sexualité. Elle n’a jamais vraiment été très sûre d’elle à ce sujet et ne s’est jamais réellement posée sur le long-terme avec quelqu’un, pour la simple et bonne raison qu’elle ne sait pas si la personne en question devrait être un homme ou une femme. 9 Habituée à la vie à plusieurs dans un espace réduit après des années à se marcher dessus avec sa famille, Mathangi aime l’idée d’être amie avec ses voisins. Dans son ancien appartement, même si elle était bruyante et considérée comme une emmerdeuse par certains, elle aimait cuisiner des plats pour les nouveaux arrivants ou lorsqu’elle apprenait qu’il était arrivé quelque chose - en bien ou en mal - à quelqu’un. Oh, et elle adore la fête des voisins. 10 Ses parents ont gagnés une certaine somme grâce à un jeu télévisé, il y a trois ans de ça. Comme tout le reste de la fratrie, Mathangi a reçue sa part qu’elle a gardée bien au chaud sur son compte en banque. Sage décision, puisque c’est dans le genre de moments qu’elle vit actuellement qu’elle en a besoin. 11 Lorsqu’elle est énervée ou stressée, elle a la fâcheuse tendance de parler un mélange rapide d’anglais et de hindi. Certains trouvent ça mignon, d’autres ridicule. Elle elle s’en moque, elle n’arrive pas à faire autrement.

les indiscrétions sur le joueur

 

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<pris>○ freida pinto</pris> mathangi chowdhury

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l'histoire de ma vie

retour à la civilisation

“Prenez des photos ! Prenez des photos !”

Bien sûr, ne parlant pas arabe, elle ne comprenait pas un mot de ce que l’homme en face d’elle lui criait. C’est un interprète, qui accompagnait le petit groupe depuis quelques semaines maintenant, qui s’occupa de traduire pour la brune.

“Des photos. Il veut que vous preniez des photos.”

Elle souffla d’agacement en posant son oeil contre le viseur de l’appareil. Ces dernières semaines avaient été mouvementées, et Mathangi avait déjà frôlée la mort à plusieurs reprises. Malheureusement pour les autres, elle réagissait très mal au stress et en devenait vite irritable. Elle prit une série de clichées de la catastrophe qui se trouvait à quelques mètres d’elle, un village en ruine, déserté après un bombardement il y a quelques jours à peine. En un peu plus d’un an, l’indienne et ses acolytes, ainsi que leur interprète, avaient traversé la moitié du pays, de manière clandestine et en passant leurs nuits dans des réseaux de grottes. Comme tous les jours depuis un an, elle portait un gilet en kevlar bleu, flanqué du fameux “PRESS” qui, de son point de vue, lui donnait surtout des airs de cible à abattre, ou tout au moins de grande valeur. Sur ce gilet il était aussi écrit O+, son groupe sanguin. On lui avait fortement recommandée de l’indiquer, à peine la frontière passée. Mathangi releva la tête de son appareil pour observer de ses propres yeux le désastre face auquel elle se trouvait. Puis elle prit tout de même le temps de répondre à l’interprète.

“Qu’est-ce qu’il croit ? C’est pour ça qu’on est là, non ? La journée a été longue, et on a encore vu notre lot d’horreur pour aujourd’hui. Alors dites-lui d’arrêter de vouloir m’apprendre à faire mon boulot, ou alors il peut aller se faire voir.”

Oui, Mathangi était très irritée. Les jours défilaient les uns après les autres, et elle avait cette impression que la mort rôdait autour d’eux. Qu’elle pouvait frapper à tout moment. Elle avait déjà été blessée, plusieurs fois, elle savait ce que c’était. Mais la mort ? Le groupe avait commencé à avancer dans le petit village, dans lequel quelques habitants réunissaient le peu d’affaires qu’ils trouvaient sous les décombres, probablement avant de partir trouver refuge ailleurs. La voiture avec laquelle l’indienne et ses collaborateurs étaient arrivés sur le site les attendait à quelques pas à peine. Alors qu’elle posa la main sur la poignée de la portière, la brune entendit un bruit sourd retentir dans l’air, comme un coup de tonnerre. Elle tourna la tête vers les autres dans un élan de panique, avant que tous ne se mettent à hurler de trouver un abri. Le son se faisait de plus en plus aigu, strident. Mathangi se mit à courir aussi vite que le pouvait quelqu’un paralysé par la terreur, avant qu’un obus n'atterisse sur le moyen de locomotion du groupe, soufflant dans son impact tout ce qui pouvait se trouver sur une quinzaine de mètres à la ronde.



“Et tes médicaments, tu prends bien tes médicaments ? Est-ce que tu manges au moins ? Ta soeur m’a dit que tu n’avais pas beaucoup d’appétit.

- Mais oui, maan. Je te dis que tout va bien. C’est juste… ma jambe, c’est difficile de marcher avec un poids mort.

- Ne parles pas comme ça, mera dil. Les choses finiront par s’arranger, tu verras.

- Il faut que je te laisses, maan. Je t’aime. Et embrasses pita pour moi, aussi.”

Dhury, comme on l'appelait parfois dans son entourage, rangea son téléphone dans son sac et se leva difficilement pour sortir du bus qui l’avait amenée jusqu’à un lieu bien particulier : un petit pâté d’appartements dans lequel elle avait rendez-vous pour trouver un logement. Une colocation, en l’occurrence : Mathangi avait un réel besoin d’être entourée depuis son retour en Nouvelle-Zélande, elle avait besoin de communiquer, de partager des choses avec des gens qu’elle connaissait plus ou moins bien. Voir cette annonce sur internet était une aubaine pour elle, et elle comptait bien donner bonne impression ; même si il est difficile de ne pas avoir d’aprioris sur quelqu’un qui se déplace avec une béquille. Après de longues minutes à arpenter les rues, elle tomba à la bonne adresse. Elle toqua une fois, deux fois, trois foi-... on finit par lui ouvrir. Timidement, elle reprend un bon appui sur sa béquille et cherche ses mots.

“Je suis bien chez madame Schepper ? Mathangi ? Je vous ai, euh... contactée, il y a quelques jours.”