bon appetit! ► esteban

« Vous êtes certains que c’est une bonne idée de sortir ce soir ? On a quand même pas mal de boulot de groupe.» Non, il n’aimait pas spécialement faire le rabat-joie,  mais il aimait encore moins échouer, surtout au niveau des études. Teo réussissait les siennes avec brio, faisant la fierté familiale, elle ses études étaient drôlement plus complexes que celles de son cadet – de son point de vue du moins-. Alors Esteban ne voulait pas échouer, il n’avait pas le droit à l’erreur, il voulait rendre les siens Fiers. Alors, faire une grosse soirée qui impliquerait  au minimum une matinée de récupération, il n’était pas franchement que ce soit la meilleure idée qui soit. Il se passa une main dans les cheveux en voyant le regard de ses amis avant d’hausser les épaules. « Comme vous voulez, mais je vous aurai prévenu ! Vous me direz l’heure à laquelle on se rejoint et le lieu ? Je dois filer.» par ce que oui, malgré tout il n’avait pas envie de rater une soirée et il n’était pas certain d’arriver à faire très attention non plus. Il essayerait de se restreindre un minimum histoire de pouvoir avancer le travail  de la fac dès le lendemain… mais essayer ne voulait pas dire réussir. Il aurait pu dire non, les laisser s’amuser entre eux mais non, il n’en avait pas, il préférait partager ce moment avec ses amis. Après tout, il était jeune, il fallait qu’il en profite un peu ! Il pourrait toujours se débrouiller pour bosser plus tard… ou pas. Le tout était également, au final, de pouvoir arriver à rentrer chez lui  en un seul morceau et sans que ses mères voient un état qui serait possiblement pitoyable.

Il était en train de déambuler dans l’université, au niveau des tables extérieures, s’excusant auprès de quelqu’un qu’il venait de bousculer -manquant de renverser son plateau repas- lorsqu’une voix qu’il connaissait bien, il tourna un peu la tête et dédia son plus beau sourire à Nina. « Hey salut toi ! Ca va bien et toi ?» Petit temps de silence «Quoi de neuf ? » Il s’approcha d’elle pour lui faire la bise. Il hésita ensuite quelques instants avant de finalement reprendre la parole «Dis-moi, je vais à une fête ce soir avec des amis de ma promo, j’ai pas tout compris l’heure et le lieu, mais ça te dirait de venir avec moi ? » Ouais, il est comme ça lui, il propose des choses alors qu’il n’a aucune réelle information, mais de toute manière, il est certain que ça ne gênera pas ses amis, ni probablement les personnes (le lieu ?) dans lequel se déroulerait la dite fête. Après, il ne restait plus qu’à savoir si elle voudrait ou pas, si elle était dispo ou pas, si elle allait bien et…. Il avait peut-être un peu trop précipité sa question ! Tant pis, de toute manière à présent, il était un peu tard pour revenir en arrière ! Il aviserait suivant sa réponse ; et puis, dans tous les cas ce n’était qu’une fête, rien de bien important.

Il haussa un sourcil un peu perplexe lorsqu’elle lui dit que ça irait mieux le lendemain ! Il ne dit cependant rien immédiatement la laissant continuer et effectivement, les nouvelles n’étaient pas bonnes. Il eut une petite grimace, puis une moue compatissante, c’était toujours compliqué de trouver les bons mots, ceux qui étaient adéquats dans ce genre de situation. « Je sais que ça ne changera probablement rien, mais je suis désolé pour toi. Est-ce que tu sais pourquoi il ne reviendra pas ? Tu n’es pas obligée de répondre, hein. Enfin, v’la, si t’as besoin d’en parler je suis là.» Qu’est-ce qu’il pouvait dire de plus ? Il comprenait bien que ce n’était pas une situation franchement facilement, alors à part être là pour elle si elle avait envie d’en causer, il ne pouvait pas faire grand-chose. Ce n’est pas en claquant des doigts ou en chantant une petite chanson dans le monde réel que les choses allaient mieux ! Il se tut quelques instants avant d’hausser un peu les épaules. « Non, je ne sais pas, mais je vais voir avec les gens mes cours si tu veux, si jamais ça intéresse quelqu’un … on ne sait jamais. Faudra que tu me donnes quelques infos de bases sur la coloc du coup, que je puisse tout transmettre d’un coup … je vais bien te vendre t’inquiètes !» Temps de silence. Oui… non, Esteban on ne vend pas les filles. Il se racla un peu la gorge avant de continuer, un peu gêné quand même –mais si peu- « Enfin ton annonce, pour toi quoi ! Pas toi en tant que personne.» nouveau temps de silence «Moi, non rien de spécial, tu sais la routine… » Enfin la routine mais il avait quand même réussi à placer qu’il allait probablement à une fête dont il ne savait rien, il valait mieux ne pas aimer trop la précision avec lui. Il fut agréablement surpris de voir qu’elle acceptait ! Parfait ! Comme elle le disait, ça lui changerait au moins les idées ! Ca ne pouvait pas lui faire de mal de tout manière, n’est-ce pas ? «Parfait alors, c’est coool ! On va bien s’amuser… je pense… je crois. Enfin on verra mieux, on trouvera toujours un truc rigolo à dire ! Et heu… je te propose qu’on se textote tout à l’heure, mes amis doivent me tenir au courant des « modalités »… mais on peut se retrouver avant si tu veux pour se balader, se manger un truc comme ça, suivant l’heure de la fête on pourra direct ! » Si elle était disponible, si elle avait envie de voir sa gueule pendant des heures…. Il y avait vraiment pas mal de si. Mais vu l’humeur maussade qu’elle semblait avoir, il n’avait pas spécialement envie de la laisser seule. C’est pour cela qu’il lui proposer cela, de sortir un peu avant mais ça serait à elle seule d’en décider. Certains préféraient probablement être tranquilles. Il n’y avait aucune obligation là-dedans !

Autrement dit, sans informations supplémentaires, il ne pouvait pas vraiment pas la conseiller ou même l’aider comme il l’aurait voulu ! Il se mordilla la lèvre cherchant quelque chose à dire de pas trop con, mais rien ne lui venait. Néanmoins, il ne pouvait juste pas la fermer, il devait au moins dire un petit quelque chose. Il se racla un peu la gorge avant de reprendre « Je suis vraiment désolé pour toi, mais s’il ne sait pas s’excuser, c’est peut-être, en quelque sorte un mal pour un bien, non ? TU méritais quand même de vraies explications, même si ce n’est pas toujours simple.» Etre franc quoique diplomate c’était quand même quelque chose d’assez important pour lui ; même si parfois le silence, cacher certaines choses était le mieux pour ne pas blesser. Il était plutôt doué dans ce domaine là avec sa famille, c’est bien ce qu’il avait fait pourtant, ne pas dire à quel point il voulait rester à New-York à l’époque, cacher à quel point les débuts à Island Bay avaient été compliqués pour lui ! « C’est normal, je suis là pour ça aussi !» Certains diraient qu’il était un peu con avec ce genre de phrases, d’autres trop gentil, d’autres encore, probablement hypocrites. Lui, ne voyait tout simplement pas pourquoi est-ce qu’il n’écouterait pas les malheurs des gens qu’il appréciait et pourquoi est-ce qu’il n’essayerait pas de les aider s’il le pouvait. Il ne faisait jamais rien d’extraordinaire non plus.

Pour la colocation, par exemple, à part en parler il ne pouvait pas faire grand-chose, probablement qu’l aurait pu se proposer, mais il fallait bien avouer qu’il aimait trop vivre chez ses Mères, dans son élément, avec sa famille. Avec les gens les plus importants pour lui. Il était probablement un peu trop fusionnels avec elle vu son âge, mais il n’en avait rien faire. Chacun son truc. « ca marche, mais sinon, tu peux pas publier ton annonce sur un réseau social pour que les gens de l’univ’ le voit ? Ca pourrait peut-être pas mal marcher aussi. Enfin, j’en sais rien, mais ça me semble juste logique !» Il était plutôt content de voir que, malgré tout, il avait réussi à la faire sourire. Même si la situation n’était pas très joyeuse pour la jeune femme en ce moment ! Il avait d’ailleurs proposé qu’ils se voient un peu la fête si cela la tentait. Celui lui permettrait bien de se change les idées, il eut un petit sourire lorsqu’elle parla de manger bien gras « Ouais ça me va, ou sinon aussi une grosse pizza, ça peut être pas mal, les deux me vont !» Il n’était pas spécialement difficile de toute manière ! « Ouais, je sais, mes plans sont un peu étranges ! Ou alors ce sont mes amis qui le sont de me proposer des choses comme ça sans aucune info …» essaya t-il de plaisanter en se rendant bien compte du ridicule quand même de la situation. « Ouep ! Va pour dix-huit heures, tu veux que l’on se retrouve ? Je peux venir te chercher à l’appart, ou alors on se rejoint directement à un truc où on peut bouffer et suivant ou c’est, la fête, après on voit comment on se déplace ?» Prendre une voiture ou quelque chose comme ça, surtout s’ils buvaient ce n’était pas une bonne idée, alors s’ils pouvaient y aller en transport en commun ou même à pied, ça serait peut-être pas trop mal de son point de vue.

Il acquiesça doucement, il trouvait ça normal d’être là pour les gens qu’il appréciait. Ils vivaient dans un monde qui était loin d’être celui des bisounours, un monde rude, compliqué, souvent fait de déceptions. Alors, les amis qu’il avait, il en prenait soin, c’était juste quelque chose de logique, presque d’inné pour lui… même si ses amis passeraient toujours après, ça ça avait toujours été clair et précis pour lui. Haussant finalement les épaules, il lui fit un petit geste de la main, pour lui montrer qu’elle n’avait pas à s’en faire, ou même à s’expliquer. « T’inquiètes pas pour moi, tu sais, je suis un grand garçon, si un jour ça m’emmerde, je peux dire non, ou ne pas te proposer quelque chose » il haussa de nouveau les épaules, il n’avait pas non plus envie de passer pour le bon samaritain qui disait oui à tout et qui n’avait pas beaucoup de caractère par ce que ça serait faux. « Je trouve juste ça normal pour mes… disons amis. C’tout ! Il n’y a rien d’exceptionnel là-dedans !» Il ne lui donnait pas non plus un rein… c’était juste un peu de son temps, qui n’était pas si précieux que cela.

Ils avaient fini par changer de sujet et parler de la colocation, il eut un petit sourire amusé lorsqu’elle parla d’attirer les détraqués. « Tu sais, peut-être qu’en réalité j’en suis un détraqué, ou celui que tu trouveras, même si tu penses le connaitre un peu. Malheureusement, des fois on peut se tromper sur les personnes, même que l’on connait. Ceci dit, je comprends totalement ce que tu veux dire ! Je ne suis pas certain non plus que je publierai ce genre de chose sur un réseau social et pourtant j’suis un mec.» Il avait logiquement, théoriquement, moins de chance de tomber sur un détraqué. La plupart s’attaquaient aux petites dames, les fourbes, les lâches. « Et le bouche à oreille ? Peut-être que certaines de tes connaissances, connaitront quelqu’un qui pourrait te convenir non ? Après voilà, de toute manière à part si tu trouves un ami avec qui te mettre en colloc, avec les autres il faudra que ça colle.» Est-ce qu’il pourrait faire de la coloc comme ça ? Il n’en était pas sûr. C’était quand même beaucoup de contrainte, alors avec certains de ses camarades de classe, ou même avec son frangin – surtout avec son aîné- cela n’aurait pas posé de problèmes, avec les autres il n’en savait rien et ne s’était jamais trop posé la question, étant trop bien chez ses mères.

En attendant il l’avait invitée à la fête de ce soir, et lui avait même proposé, compte tenu du manque d’informations, qu’ils aillent manger un peu avant quelque chose comme une pizza. Et ce mot était visiblement un mot magique pour Nina vu le sourire quelle lui fit dès lors ! « Ouais voilà une pizza quoi, après chacun la prend avec ce qu’il veut dessus ! Mais j’suis d’accord, les pizzas, c’est vraiment top !» Il acquiesça doucement « Ok, ça marche ! On peut se rejoindre tout à l’heure à la pizzeria proche de chez toi et…. Ouais, j’espère que j’aurais eu quelques informations, mais elles devraient tomber dans le courant e l’après-midi ou en début de soirée !» il haussa un peu les épaules mais finalement s’assit à côté d’elle. « T’as pas faim, tu manges rien ? Nous fais pas un malaise avant qu’on aille manger, hein ! L’hypoglycémie ça ne prévient pas toujours.» il lui fit un petit clin d’œil amusé. « Bon, je ne vais pas m’éterniser, on se voit tout à l’heure, si tu as le moindre souci, n’hésite pas à me textoter. Je devrais pouvoir me libérer plus tôt si besoin, ça marche ? Et on reparle de tout ça ce soir !»