Noah Williams # Avec ce super crayon dans la main, je n'ai peur de rien

Noah Williams

Dessine-moi le bonheur !

les informations en vrac

la partie anecdotes ○

> Il dessine partout, sur un bout de nappe en papier, sur un calepin, sur un journal, sur le papier toilettes, bref PARTOUT. Dès qu'il a un crayon ou un stylo entre les mains, c'est plus fort que lui. Il a un talent inné pour le dessin ce qui rend ses esquisses très agréables à regarder.

> La partie préférée de sa vie : l'enfance. La sienne a été emplie de très bons moments où il baignait dans l'innocence et l'insouciance. Il aimerait revenir à cette époque chérie, retrouver ses rêves de gosse, ceux où il se voyait suivre Peter Pan pour vivre des aventures incroyables.

> Il adore lire. Il est capable de faire une nuit blanche pour dévorer un bouquin. Il apprécie tous les styles de littérature mais a une grande admiration pour Robert Louis Stevenson et Jules Verne, dont il connait les histoires par coeur. Il lit par passion et rafolle de ce qui peut stimuler son imaginaire.

> C'est incroyable de voir à quel point le courant passe avec les enfants. Il en a toujours été ainsi, il les comprend sans qu'ils n'aient besoin de parler et il les adore. Leur spontanéité suffit pour le rendre heureux. Il sait établir un lien de confiance avec eux et devenir l'épaule sur laquelle ils peuvent se reposer.

> Derrière son côté jovial et amical se cache un homme qui n'a jamais eu beaucoup confiance en lui. Il pallie cette faiblesse par le contact social et cela fonctionne dans 90% des cas. En dehors de ceux-ci, il se révèle comme quelqu'un d'hésitant, de parfois pessimiste et taciturne, qui par vaincu d'avance. Un état d'esprit difficile à supporter pour lui comme pour les autres.

> Il souffre d'hémophilie depuis sa naissance, ce qui a toujours demandé beaucoup de soins de la part de ses parents mais aussi du personnel médical. Actuellement, il est traité pour palier aux effets de la maladie et celle-ci a très peu d'impact sur son quotidien, autre le traitement et les précautions pour éviter tout saignement.

> Il a un rire très communicatif et souvent beaucoup de mal à s'arrêter. Beaucoup de choses peuvent l'amuser, mais il en est une qui possède un double tranchant : le silence. Ses nerfs se trouvent mis à très rude épreuve lorsqu'il n'y a plus aucun son. De quoi faire très mauvais genre s'il s'agit d'un calme de deuil par exemple. Ca lui est déjà arrivé de partir en fou rire incontrôlé pendant une minute de silence.

> C'est une éponge à émotions. Il peut encaisser beaucoup de choses, sans sourciller. On admire sa patience et son empathie. Cela en fait un excellent confident. Mais comme toute éponge, quand il est trop rempli, il déborde. C'est très rare mais lorsque ça arrive, mieux vaut ne pas être à ses côtés, parce que plus rien ne va. Il alterne états dépressifs et ronchons. Et cela peut durer des jours !

> Il est bourré de petites phobies. Il déteste les piqûres et ne supporte pas la vue d'une aiguille, même pour de la couture. Il a peur du noir et dort toujours avec une lampe allumée. Il est agoraphobe et déteste la foule. Idem avec les espaces clos, c'est un claustrophobe. A côté de ça, il est capable de s'asseoir sur le bord d'un balcon au 35ème étage, sans ressentir le moindre vertige ou de prendre araignées et serpents dans ses mains sans problème.

> Son emploi du temps n'est jamais organisé. Il ne vit jamais le même quotidien, il n'aime pas la routine. Pour se sentir bien dans sa tête, il faut qu'il ait des surprises, des nouveautés. La routine très peu pour lui. Cela pose parfois des problèmes, puisqu'il saute des repas, oublie ses rendez-vous et a la fâcheuse manie d'arriver toujours en retard. Corriger ces défauts ? Pour rien au monde, il ne le ferait, même si ça lui nuit !

> Grand amateur de dessins animés, il fait partir des quelques adultes capables de s'esclaffer devant Wallace et Gromit ou des chefs d'oeuvre de Disney. Son personnage préféré : Donald Duck, qu'il arrive à refaire à la perfection. Il a un vrai don pour ce qui est de faire des bruitages avec sa bouche et reproduire des cris d'animaux.

> En amour, c'est un gros trouillard. Il a tendance à attendre que l'autre fasse le premier pas et se réfugie dans l'humour pour tenter de faire face aux situations les plus embrassantes. Cette attitude l'a toujours desservi. Dernièrement, Noah s'est juré de changer sur ce point, parce qu'il aimerait vivre une vraie relation de couple et puis fonder une famille aussi.

>  Il s'est toujours un peu négligé. Ses cheveux sont toujours en bataille, sa barbe est rarement taillé et il porte des vêtements qui ont quand même bien vécu leur vie. Il aime vivre simplement et a du mal à se séparer des vieilles choses. Ca le rassure d'avoir son pull-over au bout du rouleau sur lui. Et sans qu'il ne s'en rende compte, cela lui donne aussi un certain charme.

> Il n'a pas l'air comme ça, mais il peut arriver qu'il se mette en colère. Il faut vraiment le pousser dans ses retranchements pour voir ça. Cela étant, tous ceux qui y sont parvenus l'ont amèrement regretté. Parce que Noah est quelqu'un de gentil mais qu'il ne faut pas trop le titiller. Quand il explose, gros dégâts en perspective et d'autant plus que c'est compliqué de le faire redescendre. Vous êtes avertis...

> Il ne va jamais voir les films inspirés de romans. Il sait que ça va forcément être raté et lui pourrir tout ce qu'il s'était imaginé. Il n'a jamais vu le Seigneur des Anneaux, par exemple, ou Harry Potter. Le cinéma, ça l'intéresse pour les dessins animés, les films d'animation ou les comédies sans prise de tête. Oubliez aussi les films d'horreur, il n'aime pas avoir peur.

> Il pratique le tir à l'arc, en guise de sport. C'est le seule qu'il apprécie vraiment, avec le badminton. Malheureusement, les risques de blessures sont trop important pour qu'il puisse continuer à user de la raquette. Alors il joue de ses flèches pour avoir une activité physique minimale. Il n'a jamais été un grand sportif, même si physiquement, il n'est pas si mal que ça !

> Il a deux cicatrices. Une au niveau du bas ventre suite à une opération de l'appendicite. L'autre au niveau de la poitrine, beaucoup plus visible. Adolescent, il a voulu monter sur un arbre, mais la branche sur laquelle il prenait appui s'est brisée. En tombant, une partie du bois s'est plantée dans son thorax. Il a failli y rester.

> Il n'aime pas l'argent. Son talent de dessinateur lui en rapporte beaucoup mais il ne se sent pas à l'aise. Il fait donc fréquemment des dons conséquents à des associations, comme si l'idée de conserver ces dollars néo-zélandais était insupportable.

les indiscrétions sur le joueur

 

Code:

<pris>○ jamie dornan</pris> noah williams

Code: Noah

Code: Williams

l'histoire de ma vie

Je suis le cours des choses, je vais où l'on m'entraîne
Je suis de ces gens-là qui ne choisissent pas
Tu peux bien penser que ces vies sont des vies vaines
Mais le hasard invente et colorie parfois

- Votre candidature m'intéresse fortement, Monsieur Williams. Je vois que vous avez travaillé au total plus de dix années dans diverses maisons d'édition en tant qu'illustrateur jeunesse. J'ai pris la liberté d'acquérir quelques uns des livres que vous mentionnez. Je dois le dire, vous êtes doué.

Trop d'éloges, trop de compliments en moins d'une minute. Comme s'il était pris par surprise, Noah se gratta l'arrière de la nuque en rougissant. Cela le mettait toujours mal à l'aise de recevoir autant d'adjectif pour quelque chose qu'il faisait de façon naturelle. Dessiner n'avait rien de fabuleux. Il suffisait d'une bonne habileté, d'imagination et voilà. Certes, ses esquisses s'avéraient vraiment belles, mais il avait bien conscience que d'autres possédaient également ce talent.

- Hum... merci. J'essaie de toujours faire au mieux pour que mes dessins apportent du plaisir à ceux qui les regardent.

- Je vois que vous revenez sur Wellington, après cinq ans sur Boston. Qu'est-ce que vous amène ici ?

- Le climat, sans aucun doute ! Avec tout le respect que j'ai pour Boston, qui est une très belle ville, le soleil et les températures raisonnables m'ont manqué !

Il éclata de rire ce qui surprit son interlocuteur. Celui-ci finit par rire à son tour. Le contraste était saississant. Quelques minutes plus tôt, Noah lui était apparu couvert de timidité et de modestie. Désormais, il semblait totalement à l'aise, tant et si bien qu'il poursuivit, avec un ton extrêmement jovial :

- J'ai grandi ici, et quand je suis parti, j'ai laissé derrière moi le soleil, mon soleil. Un choix que je regrette et donc me revoilà !

- Vous parlez de Wellington comme d'une femme ! Cela fait plaisir à entendre.

Noah s'abstint de dire qu'il évoquait bien une femme et non sa ville natale. L'homme qu'il avait en face de lui s'occupait du recrutement. Il n'en avait rien à faire de ses histoires de coeur. De toute façon, Williams n'était pas du tout le genre d'hommes à étaler ses sentiments comme ça, à n'importe qui. D'autant que l'individu en face de lui devait facilement avoir la soixantaine. A en juger par les photos qui occupaient ses étagères et par l'usure du bois massif de son bureau, cela faisait de nombreuses années qu'il travaillait ici. Il aurait pu être son père, proche de la retraite et donc pas vraiment préoccupé par les histoires d'amour à l'eau de rose. Car sa vie sentimentale n'était absolument pas passionnante. Comment y accorder de l'intérêt ? Il aimait la femme que son frère avait épousé. Après leur mariage, il avait mis une sacré distance entre lui et eux, pour ne pas trop souffrir. Sur Boston, il avait laissé son charme opérer, avec quelques succès. Seulement voilà, la flamme n'était pas présente. Impossible de faire perdurer ces relations, Briséïs occupait toujours ses pensées. Sa plus longue histoire de couple s'était étalée sur deux mois. Cora fut d'excellente compagnie, elle possédait beaucoup d'humour, un sens profond de la répartie. Mais elle avait bien vu qu'il peinait à se concentrer sur eux. L'histoire s'était mal terminée... comme à chaque fois. Inconsciemment, Noah faisait tout foirer. C'était plus fort que lui.

- Bien, Monsieur Williams, je vais être sincère, je ne tiens pas à ce que la concurrence puisse vous avoir. Considérez que vous êtes embauché ! Vous commencez lundi, 9h ! Félicitations !

- Vraiment ? Eh bien... merci ! C'est... je suis honoré de travailler pour votre maison d'éditions ! C'est génial ! Merci encore !

Ils se levèrent et se serrèrent chalereusement la main. Noah n'en revenait pas. Premier entretien, succès total. Ils réglèrent les détails administratifs et quand il sortit, il alluma une cigarette. Ok, il s'était promis d'arrêter, mais là, avec le stress qu'il venait de vivre, il pouvait bien s'en griller une. De toute façon, dans la précipitation, il en avait oublié de mettre son patch. Le tabac s'engouffra dans ses poumons, ce qui le fit tousser. Mais c'était vivifiant... il se sentait bien, renaitre. Wellington lui rappelait tellement de souvenirs...


- Alors Noah, comment tu vas aujourd'hui ?

- Je me sens fatigué, mais sinon, ça va...

Colton s'assit sur le lit de son frère. Il n'avait qu'un an de plus que lui et pourtant, une sacré différence de taille les séparait. L'aîné jouait au basket depuis qu'il était gosse. Il dépassait tous ceux de son âge. Il avait un corps élancé, assez sec. On lui donnait bien plus que ses 13 ans. Noah, lui faisait encore petit garçon, avec son visage potelé, ses yeux verts pétillants et son sourire éternel. Affectueusement, Colton passa sa main dans ses cheveux, pour les ébourrifer. Il lui tendit un cahier et un crayon. Il se mit alors à raconter sa journée de classe :

- J'ai récupéré les cours auprès de Sammy, il est vraiment très gentil lui, tu as toujours su bien choisir tes amis. Tu as la liste des devoirs à faire aussi, ne tarde pas trop. Maman et papa vont rentrer tard, ce soir, ils vont chez tata, pour régler une histoire de vente, je crois... Aujourd'hui on a étudié les équations en maths et la reproduc... enfin, la biologie quoi...

Colton s'était rattrapé in extremis. Il allait éviter de parler de ce qu'il avait appris sur la reproduction à son frère. De toute façon, celui-ci commençait déjà à dessiner sur le cahier que l'aîné venait de lui apporter. Il poursuivit :

- Demain, j'ai un match de basket, pour la compétition. Je ne pourrais sans doute pas m'entrainer...

- Je pourrais venir ? Le docteur a dit que je pouvais sortir un peu du lit.

Colton secoua négativement la tête. C'était trop tôt pour qu'il sorte. Noah avait quand même frôlé la mort. Le repos restait obligatoire. Après cette chute de l'arbre, il avait perdu pas mal de sang à cause de son hémophilie. Et ça l'affaiblissait beaucoup. Comprenant que le refus ne serait pas négociable, le garçon fit une moue triste et posa le cahier à côté de lui. Pour éviter que la déprime n'arrive, Colton s'empara du livre l'Île au Trésor et en commençant la lecture, avec passion. Bingo. Noah, captivé ne tarda pas à boire ses paroles, et à rêvasser de cette fantastique aventure qu'il connaissait bien, maintenant. Il affichait un sourire béat, rayonnant, qui faisait oublier le piètre état dans lequel il se trouvait !



- Tu sais, l'autre jour, ils repassaient cette vieille chanson d'Elton John, Sacrifice, celle que tu passais en boucle quand on était gamins... Maman avait tellement regretté de t'avoir acheté ce disque... Je crois qu'elle l'aurait bien brûlé...

Un éclair zébra le ciel et éclaira l'espace d'un instant, le visage de Noah, ruisselant de pluie. Cela faisait plus d'une heure qu'il pleuvait des cordes. L'eau était froide, glaciale même. Elle le faisait grelotter, mais il n'avait pas pris de parapluie et il n'avait pas tout à fait terminé. Son regard se perdit dans le vide. L'avantage de la pluie, c'est qu'elle cachait les larmes. Elle s'y mêlait pour donner l'illusion que tout allait bien. Cela faisait deux jours qu'il était revenu sur Island Bay et qu'il envisageait de venir ici, au cimetière. Il savait que c'était l'occasion, aujourd'hui. Parce que Briséïs n'y viendrait pas. Elle n'aimait pas la pluie, ça frisait ses cheveux. Et puis ça l'empêchait de lire et de prendre des photos, donc non, avec cette météo, les chances de la trouver ici, dans ce lieu paisible mais noyé par les éléments, avoisinaient le néant. Noah était adossé contre la stèle, Il avait apporté des fleurs, qu'il faisait tourner dans ses mains. Un nouvel éclair fendit les nuages. Il faisait sombre, ici. La fin de la journée approchait et Noah sentait que bientôt il serait obligé de sortir, pour éviter de se retrouver emprisonné là. Il serra les poings et baissa les yeux. Quand il reprit la parole, il eut le plus grand mal à retenir son émotion :

- Tu me manques Colton... Je repense à tous ces moments où nous avons ri, à ceux qui où tu m'as aidé, quand tu as été là aux moments où rien n'allait. J'y repense, en permanence. Et puis, je me souviens de Briséïs, tu sais. De la manière dont tu la regardais. Elle était l'amour de ta vie... Tu me racontais la vie que tu voulais construire avec elle. Et moi je t'écoutais... je restais silencieux et tu me taquinais en pensant que j'étais trop timide pour imaginer une vie aussi intime. Tu avais partiellement raison... ça n'a jamais été mon truc de me projeter. Je n'aime pas ça, c'est "adulte". Au fond de moi, cette vie que tu décrivais avec elle, c'était exactement celle que je voulais vivre moi aussi... Est-ce que j'aurais du m'opposer à votre mariage ? Non... je n'en avais pas le droit. Tu as donné tant de choses pour moi, tu ne m'as jamais abandonné. J'étais heureux de te savoir aimé en retour et éperdument amoureux, même si cela m'a fait souffrir.

Signe ou pas, la pluie semblait se calmer. Noah essuya ses yeux d'un revers de main. Il renifla bruyamment et poursuivit, la voix brisée :

- Je te promets de la protéger, Colton... si je le peux encore...

Il déposa les fleurs et se leva. Ses lèvres étaient violacées, et son visage ravagé, comme autrefois, quand il était enfant et qu'il avait peur dans le noir. Il essuya son visage avec sa manche trempée puis il s'éloigna, dans la nuit tombante, alors que l'orage grondait toujours et que le déluge reprenait.


- A l'instant même où je l'ai vue, ingénue, je suis tombé amoureux d'elle...

- Oh pitié, Noah...

- Désolé !

- Franchement, qui à part toi regarde encore des Walt Disney, hein ? Il faut que tu grandisses !

- Allons Robert, laisse-le se distraire comme il l'entend !

- Merci m'man.

Robert Williams leva les yeux au ciel et fit un mouvement avec les mains pour signifier qu'il renonçait à ce combat qu'il savait perdu d'avance. Et pourtant, dans un sens, il n'avait pas tout à fait tort. A 35 ans, passer encore du temps devant des dessins-animés, c'était quand même très particulier. Judith, son épouse, ne portait pas le même regard là-dessus. Elle avait toujours tout fait pour que Noah n'ait pas à grandir trop vite. Elle s'était occupée de l'encourager quand il le fallait et comme Colton quand il était encore vivant, elle n'avait jamais bridé son imagination. Robert se retrouvait donc en minorité au sein de la famille. Son fils ne voulait cependant pas créer de discorde, il s'approcha de lui pour lui faire un câlin affectueux, le genre qui permettait de radoucir l'atmosphère en un clin d'oeil. Parce que Noah détestait les conflits et qu'il n'avait jamais été avare de signes démonstratifs envers sa famille. Ici, c'était son cocon, malgré les années qui défilaient. Evidemment, sans son frère aîné, la maison faisait vide. Mais chaque pièce, chaque babiole lui évoquait quelque chose. Ainsi, quand il posait les yeux sur ce dessin de famille soigneusement encadré au mur, il se rappelait du travail fourni pour leur faire plaisir. L'esquisse était magnifique, les couleurs resplendissantes. Une scène de vie tout ce qu'il y avait de plus intense. Ils étaient là, tous les quatre, sur cette feuille de dessin, dans le jardin. Une image simple, immortalisée par Noah.

- Bon sang, tu m'as l'air tout maigre ! Ils ne se nourrissent pas à Boston ?

- Oh si ! Ils mangent même trop, si tu veux mon avis ! Mon estomac n'y est pas trop habitué. Je pense que tu exagères un peu, je n'ai pas l'impression d'avoir maigri tant que ça...

- Estimes-toi heureux, fiston, parce qu'à moi, elle me dit que je suis en train de devenir obèse !

Ils éclatèrent de rire et Noah s'installa sur le canapé face à la table basse où sa mère avait déposé trois tasses, deux cafés et un chocolat chaud pour lui. Robert enchaina, avec curiosité :

- C'est une surprise de te revoir. Tu es ici en vacances ?

- Non, je suis revenu pour de bon !

- Oh ? Ca s'est mal passé à Boston ?

- Non, tout se passait même très bien, mais j'arrivais à la fin de mon contrat et j'avais envie de retrouver Wellington, de vous retrouver vous... Ca m'a fait du bien d'être là-bas, de découvrir de nouvelles choses, de faire de nouvelles rencontres...

- Tiens, puisque tu parles de ça, tu es revenu seul ou accompagné ?

- Robert !

- Quoi ? C'est normal que je pose cette question ! Je suis son père ! J'ai le droit de savoir quand il a prévu de se marier et de faire des enfants !

Judith leva les yeux au ciel mais le fait qu'elle ne dise rien de spécial démontrait qu'elle n'était pas tout à fait en désaccord avec le fond. Noah secoua négativement la tête sans les regarder dans les yeux.

- Non, je suis seul.

Un silence gênant s'installa. Il n'allait pas leur expliquer qu'il avait des vues sur quelqu'un, parce que ses parents allaient chercher à savoir sur qui et qu'il serait alors contraint de parler de Briséïs. Or, il préférait éviter le sujet pour l'instant. Le souvenir de Colton restait toujours présent. Il ne serait pas opportun de pointer les projecteurs dessus, pas dès le premier jour de leurs retrouvailles. Robert, conscient qu'il fallait dire quelque chose, changea de sujet :

- C'est bien que tu reviennes ! Tu nous manquais, tu sais...

- A moi aussi, vous m'avez manqué ! Ce sera beaucoup plus facile de se voir, maintenant. Et plus pratique que par Skype et webcams interposées. J'ai déjà trouvé un boulot, c'est fou le nombre de maisons d'édition qui cherchent des illustrateurs !

- C'est aussi et surtout parce que tu as beaucoup de talent, Noah. Tu refuses de l'admettre, mais ça n'enlève rien au fait que les gens le voient !

Nouveau moment gênant mais pas pour les mêmes raisons. Noah avait beaucoup de mal avec les compliments. Il les fuyait en permanence, en estimant qu'ils n'étaient pas mérités. Il prit son chocolat pour en boire une gorgée. Il se rappela alors, en sentant les arômes du cacao sur son palais, les après-midi passés avec Colton et Briséïs, ici, dans ce salon. Leur mère apportait le goûter alors qu'ils planchaient sur un exposé pour l'école. Enfin, ils passaient beaucoup plus de temps à parler et à rigoler, qu'à vraiment travailler. Chaque jour, un souvenir de ce genre lui revenait en tête, avec à chaque quoi le sourire charmant et magnifique de sa belle-soeur.



Dans ce petit appartement cosy de Boston, la température était en train de monter en flèche. Du moins, c'est ce qu'Amanda essayait de faire depuis plusieurs minutes. Elle avait pensé à tout, aux bougies, à la lingerie. Elle portait un ensemble légèrement transparent. Clairement, il s'agissait de signaux envoyés à son petit copain du moment, Noah Williams. A peine celui-ci fut-il arrivé qu'elle l'accueillit de façon très tactile, l'invitant à se mettre à l'aise, à retirer ses chaussures, à déboutonner légèrement sa chemise et à la suivre jusque dans le salon. Sa mission ne serait pas facile à atteindre, parce que ça faisait plusieurs jours qu'elle essaie de lui fait comprendre, par des méthodes subtiles, qu'elle le désirait. Sauf que Noah faisait partie de ces hommes qui n'avait pas beaucoup de confiance en eux et qui attendaient que tout leur tombe rôti dans la bouche. Amanda était prête à faire avec ça, persuadée qu'une fois que l'étape de l'intimité serait franchie, ils pourraient vivre une relation intense et très dense. Elle servit deux verres de kir, dans lesquels baignaient une cerise. Elle attrapa la sienne et la porte à sa bouche de manière très sensuelle.

- Alors, comment s'est passée ta journée ?

Noah tentait de faire diversion, mais elle ne perdait pas le nord. Elle se blottit contre lui, en posant nonchalemment une mains sur sa cuisse.

- J'ai fini première des ventes aujourd'hui ! Devant toutes les autres !

- Bravo !!! C'est génial ! Le kir c'est pour fêter ça ?

- Oui, en partie...

Elle approcha ses lèvres pour poser un baiser dans son cou. Sa main remonta légèrement, s'approchant dangereusement de son entrejambe. Noah aurait voulu dire quelque chose, mais elle l'embrassa et il se laissa faire. D'un mouvement, elle l'enjamba et se plaça sur lui. Ils se regardèrent. Amanda était ravissante, vraiment et il lui fallait bien l'admettre, elle ne le laissait pas insensible. Il posa ses mains sur ses hanches. Il était temps qu'il tourne la page et qu'il se fasse une raison. Briséïs avait épousé son frère, ils vivaient heureux et jamais ils ne se sépareraient. Amanda ne lui mettait pas autant de papillons dans le ventre, mais elle était gentille, douce et attirante. Il pouvait au moins essayer de construire quelque chose avec elle et de se lâcher. Ses mains glissèrent sur ses fesses et ce fut comme un signal. En l'espace de quelques secondes, les habits volèrent, les corps nus s'enlacèrent succombant au jeu torride auxquels s'adonnaient leurs hormones. Quand, quelques minutes plus tard, le point d'orgue fut atteint, ils se trouvaient à même le sol, sur le parquet, la peau ruisselante. Amanda posa sa tête sur sa poitrine. Noah respira doucement l'odeur de ses cheveux. Ils avaient la même couleur que ceux de Briséïs... mais elle portait un parfum différent. Il récupéra un coussin pour cacher son intimité, ce qui fit sourire la jeune femme :

- Ca sert à rien de la cacher, tu sais ! Elle et moi, on vient de faire connaissance !

Elle éclata de rire et Noah sourit à son tour. Elle marquait un point. Il la laissa retirer le coussin et ils s'embrassèrent. Le téléphone de Williams se mit à sonner. Il bougea légèrement pour attraper son pantalon et regarder l'écran. Il ne connaissait pas le numéro, mais à en croire le préfixe, l'appel venait de Nouvelle-Zélande. Il décrocha. A l'autre bout du fil, Briséïs. D'entrée, à sa voix, Noah sut que quelque chose n'allait pas, que c'était grave. Sous le regard d'Amanda, il se décomposa. L'appel en lui-même fut bref. Il lâcha un "j'arrive" avant de raccrocher. Il se mit alors à trembler de toutes parts et le jeune femme, soudain inquiète se mit à côté de lui. Juste à temps.

- C'est... c'est Colton... mon frère... Il a eu un accident de voiture... il est...

Il ferma les yeux et son visage se tordit de douleur. Là, dans sa poitrine, où quelques minutes plus tôt son coeur s'était mis à battre la chamade dans l'étreinte, il le sentait se fracasser comme un verre de cristal que l'on aurait projeté sur un mur en béton. Et comme lui, Noah explosa en sanglots, inconsolable.


Noah se réveilla un peu brutalement. Il ne se souvenait plus trop de ce qu'il avait rêvé mais ça ne lui avait pas vraiment plu ! Il regarda autour de lui. Il s'était assoupi dans le salon, devant Disney Channel. Un regard sur sa montre lui indiqua qu'il était 2h30... Il se redressa, la mine bougonne et éteignit l'écran. La porte du couloir était allumée. Il se leva et gagna sa chambre, assez ankylosé, la tête dans le cul, littéralement. Il alluma une petite lampe, dans un coin, puis il ouvrit la fenêtre. Même en plein hiver, il ne pouvait pas dormir dans une pièce totalement fermée. Pour éviter les cambriolages, il fermait ses volets. Il fit un détour par la salle de bain pour se brosser les dents. Objectivement, à ce moment précis, il n'avait rien, absolument rien, de sexy. Mais bon, dans la mesure où il était célibataire et qu'en plus, il ne désirait qu'une chose : dormir, ça n'était pas bien grave. Il s'approcha du lit et se laissa tomber dessus, comme un point mort. Seulement, voilà, au lieu de s'endormir, son cerveau commença à tourner en boucle des sujets parasites... son nouveau boulot, la poubelle qu'il n'avait pas vidé... son frigo qu'il fallait bien se décider à remplir et puis... Briséïs.

Il ne l'avait pas encore informée de son retour. Le devait-il ? Elle avait sans doute refait sa vie avec quelqu'un. Il revenait sans savoir. C'était ce qui arrivait lorsque l'on s'absentait sans donner de nouvelles. A la mort de Colton, il était revenu, pour l'aider, pour enterrer son frère. Les retrouvailles furent d'autant plus difficiles qu'il comprit que son coeur s'affolait encore en sa présence. Depuis deux ans, ils faisaient chacun leur bout de route, avec un silence radio mutuel. Comme s'il était trop tôt pour se parler. D'un côté, Noah s'était éloigné dès leur mariage, il avait mis le cap sur Boston, pour vivre de nouvelles aventures, loin d'eux, non pas que leur compagnie fut un problème, mais à chaque fois qu'il les voyait se faire des papouilles, il ne pouvait s'empêcher d'avoir mal. Cette souffrance, il la gardait pour lui. Il refusait de faire du mal à Colton. La distance lui fit du bien, elle l'empêcha de devenir jaloux, d'éprouver de la haine ou de la frustration. Refaire sa vie ? Facile à dire, mais pas à faire. Il avait rompu avec Amanda, six mois après l'enterrement. D'avoir revu Briséïs, si fragile et si ravagée par le chagrin l'avait bouleversé. Son image ne le quittait plus et son esprit ne pouvait s'empêcher de retourner les évènements en boucle. Comme cette nuit.

Il se redressa, prit son cahier et son crayon, puis il commença à dessiner un visage. Le sien, souriant, tel qu'il le gardait en mémoire pour aller mieux lorsqu'il perdait un peu pied. En quelques minutes, il avait terminé ce petit portrait, sobre mais au sens tellement profond. A défaut de pouvoir l'aimer, il se promettait de veiller sur elle comme un ami, comme autrefois. Parce que Noah n'avait jamais oublié cet après-midi où Colton avait débarqué dans sa chambre, alors qu'il dessinait, accompagné de la belle Briséïs. Il se souvenait de ce premier sourire qu'elle lui adressa, de la profondeur de son regard. Ce jour là, Noah eut l'impression d'avoir vécu un uppercut. Et depuis, il était subjugué. Affectueusement, il caressa de son pouce le contour des yeux qu'il avait dessiné, pour ajouter cette petite touche de maquillage qu'elle mettait toujours. Il posa le dessin. L'heure était venue d'aller lui parler, de renouer cette complicité qu'ils possédaient des années plus tôt. Et au fond, Noah espérait qu'elle ait refait sa vie. Dans le cas contraire, cela voulait dire que le souvenir de Colton était encore présent. Ce qui rendrait les retrouvailles plus compliquées et balaierait sans doute tout espoir que le charme opère. Il angoissait et il fut bien incapable de se rendormir...