It's true ? Diamonds are girls best friend ?

7 Juin 2019.

Sorti la veille Hayden ne pouvait se permettre de le montrer aujourd'hui, mais il avait sacrément mal au crâne. Il travaillait, encore et comme toujours. Pour lui, rentrer à la maison ne servait à rien, alors autant mettre à profit ce nouveau temps libre pour travailler et effectuer des heures supplémentaires. Au moins il mettait plus de beurre dans les épinards à la fin du mois. Là encore il faisait glisser un verre vers l'un des clients accouder au bar, puis il portait son regard sur les autres consommateurs, apercevant alors une femme qu'il avait vu ici déjà plusieurs fois, commandant essentiellement la même chose, payant de la même façon. Elle avait parfois cette lueur de mélancolie dans son regard. Et c'état intriguant, elle paraissait lointaine mais abordable. Étrange sensation. Hayden l'observait tout en agitant le shaker avant de verser le contenu dans un verre avant d'y placer une décoration et le tendre à la serveuse en lui adressant un simple clin d'oeil professionnel. Puis prenant son courage, voyant le verre vide de la femme il s'approche et le reprend avant de poser son regard vert sur elle.

Il reste un court instant silencieux avant d'inspirer et prendre la parole : "Bonsoir ! Vous voulez changer de boisson ou je remets la même chose ?" Interrogations un peu bête mais pas tant que cela permet de faire relever les yeux de l'inconnu d'il ne savait quoi cela rait à coup sûr. Le blond affichait par la même occasion un sourire vrai, franc, cachant comme toujours au travers de ce masque de barman sympa à qui la vie sourit, un réel ma-être, une envie de parfois faire des conneries plus grosse que lui, ou de tout simplement essayer d'attirer l'attention désespéramment et à distance de sa compagne. Mais non, là il se devait d'être professionnel, droit dans ses bottes. Puis hochant la tête suite à la réponse de la femme il s'atèle à la tâche et vient avancer le verre devant elle. "J'ai pas pour habitude d'importuner les clients, mais vous paraissez lointaine, rêveuse. Vous êtes tracassée ?" Il s'en faisait réellement, et il savait que les barmans comme les coiffeurs étaient comme des psy mais moins cher. Le psy du pauvre entre guillemets. Mais ca, Hayden s'en fichait, s la personne, le client en face avait envie ou besoin de parler il allait l'écouter. Enzo lui avait inculqué ca. Et depuis le blond retenait la leçon, et là encore son instinct le lui disait. Cette femme avait peut-être besoin ou envie de parler à une personne extérieure à sa sphère proche ou privée, avait peut-être envie et besoin d'un avis extérieur neutre à tout cela. Cela pouvait arriver et bien plus qu'on ne le pense. Alors oui, le trentenaire avait pris les devants, peut-être un peu maladroitement mais il essayait encore et toujours de faire au mieux. Se parant de son indéfectible sourire un tantinet charmeur mais juste ce qu'l faut pour amener l'autre à lui faire confiance, à se livre.

Une fois de plus, Noomi se retrouvait dans un bar pour ne pas avoir à passer la soirée seule ou à devoir squatter le canapé de son père. Un bar quelconque, elle ne faisait jamais vraiment attention à vrai dire, peut-être même que c’était souvent le même, elle n’aurait su le dire et ça ne faisait pas partie des souvenirs auxquels elle se raccrochait désespérément. D’habitude, il y avait toujours un but à ses soirées : les finir en bonne compagnie pour tromper l’ennui ainsi que la dépression. Une sorte de thérapie que personne ne recommanderait, c’était certain mais puisque ça lui faisait du bien sur le moment, c’était déjà ça de pris. Sauf que ce soir, elle n’avait même pas envie de ça. C’était l’un de ces soirs où quoi qu’elle en dise, elle aurait mieux fait de s’échouer sur le canapé de son père justement mais elle avait un peu l’impression de ne faire que ça, ces derniers temps. Ce qui n’était probablement pas le cas mais puisque c’était toujours pas mal confus dans sa tête, elle n’aurait su le dire. Bref, la blonde repéra un coin où s’asseoir. Peut-être qu’elle s’attarderait au billard un peu plus tard. S’il n’y avait personne pour la reconnaître d’ici-là, évidemment, elle n’avait pas vraiment envie d’accrocher son sourire commercial, pour une fois.

Un verre ou deux plus tard, le barman vint lui-même à elle pour lui demander s’il lui resservait la même chose. La grecque haussa les épaules.

« J’sais pas trop. Surprenez-moi ? »

Le changement c’est bien parfois. Et pour être surprise, le moins que l’on puisse dire c’est qu’elle le fut par la suite. Le barman – qu’elle ne se rappelait pas avoir déjà vu au demeurant mais what’s new ? – lui demanda si elle était tracassée. Noomi resta les sourcils froncés sans savoir trop quoi répondre tout d’abord. Est-ce que ça signifiait qu’elle avait plus une tête de déterrée que les autres jours ? Et est-ce qu’elle devait s’en inquiéter ? Parce que c’était une première, quand même. Mais pourquoi pas, après tout ? Il avait un sourire sympa et s’il posait la question c’est qu’il attendait probablement une réponse. Peut-être pas celle qu’elle pourrait lui donner mais bon, ça… Noomi se dérida et un petit sourire se dessina sur ses lèvres.

« Laissez-moi deviner : vous vous ennuyez derrière le bar alors vous étudier le comportement des gens de passage, c’est ça ? »

Une fois de plus, la blonde haussa les épaules.

« On peut dire que vous êtes plutôt doué. C’est juste que la vie n’est pas toujours simple mais elle ne l’est pour personne. »

On se console comme on peut.

Hayden appréciait toujours qu'on lui demande de surprendre, cela lui laissait place à son imagination, son observation pour le client. Il tâchait alors de créer ou de faire un cocktail pouvant convenir soit au physique, soit à l'état moral du consommateur. Là il préparait une tequila sunrise, il ne savait pas trop pourquoi mais cette idée de cocktail lui était venue très vite en regardant la femme. Le tequila sunrise lui rappelait la nostalgie de sa jeunesse, une certaine mélancolie. Fin de soirée où trône sur la table des restes d'alcool et cette bouteille de tequila. Plus de citron, plus de sel, déjà bien consommer lors de jeux où l'on parsème le ventre ou l'entre seins d'une jolie fille de sel, elle tient entre ses dents cette lamelle de citron... Et tout le monde connaît le principe, mas une fois le tout consommer il ne reste que la dite bouteille. Où l'on la regarde et on veut simplement sot se noyer dans ce fond d'alcool ou bien regarder les soft encore bien plein et opter pour un cocktail. Pour Hayden, les fins de soirées étaient ainsi. Finir par un cocktail et se payer un mal de crâne après.

Il glissait donc le verre de l'ingénue dans sa direction "Pour le goût de la nostalgie." Un maigre sourire avait orné son visage avant qu'il ne continue sur sa lancée en l'interrogeant sur cet air penseur. La réaction de l'inconnue le surpris un peu, il ne s'y attendait pas. La plupart du temps soit on l'envoyait sur les roses avec une insulte pour toute parole cérémonieuse, soit on lui répondait avec colère ou tristesse et on crachait le morceau à cette oreille attentive. C'était aussi ca son métier. Se montrer patient, compréhensif, être dans l'empathie et à dire vrai, écouter les soucis des autres lui permettait d'oublier l'espace d'un instant les siens. Bon échange pour des êtres malheureux comme les pierres sur cette terre. Mais la surprise passée il trouvait sa répartie amusante.
Hayden se savait séduisant, charmeur, il savait, il plaisait à la gente féminine au grand damne de sa femme. Gulia était jalouse, peut-être même possessive envers lui et si elle le prenait à se pencher un peu vers la femme à coup sûr il se prendrait un regard noir de sa part. Mais pas ce soir, pas le soir suivant, ni même celui d'avant. Gulia n'était pas là. Elle ne serait pas non plus dans leur maison ce soir.

Inspirant pour chasser ses pensées et il passe un coup de chiffon sur le bar et sourit un peu plus en coin avant de darder son regard vert sur celui de la cliente. Il était doué, vraiment ? Chouette ! "Au risque de déplaire, je ne m'ennuie pas. Je suis intrigué. Voir des gens afficher une telle mine au bar m'interroge toujours." Nouvelle esquisse de sourire. l recule et prend une commande avant de continuer sur sa lancée. "La vie n'est jamais simple en effet, mas vous semblez aussi abattue par la vie justement. " Subtilement, par ses mots il l'invitait à se livrer un peu plus. Hayden pouvait mettre les pieds dans le plat franchement comme il pouvait aussi marcher sur des oeufs pour ne pas que l'interlocuteur en face ne se renferme comme une huître. Et là c'état ce qu'il faisait, essayant la subtilité mêlé à la sympathie, au fat d'être réellement intéressé car il l'était, vraiment.

Une tequila sunrise, Noomi ne fut pas déçue ; ça la changeait et ce n’était pas pour lui déplaire. Elle sourit à l’évocation de la nostalgie. C’est qu’il n’avait pas tort, ça devait bien faire une éternité qu’elle n’avait plus bu ce cocktail, du temps où sa vie avait encore un peu de sens et qu’elle y avait goût. Autant dire que ça remonte. Elle l’écouta la contredire. Au risque de déplaire ? Parce que ça pouvait déplaire à quelqu’un qu’on ne s’ennuie pas à son travail ? La suite de sa réponse la fit pouffer. Ah bon ? Il n’en voyait pas tous les jours des gens qui traînent seuls dans les bars pour tromper leur ennui, leur solitude, pour mettre de côté leurs problèmes l’espace d’une soirée ? Durant plusieurs années, les bars étaient son principal lieu de travail. Elle s’y produisait quand on avait besoin d’une pianiste, ce qui fait qu’elle avait pas mal fréquenté ces endroits et c’est ainsi qu’elle s’était souvent représenté la faune qui les peuplait.

« Et ça vous arrive pas souvent d’être intrigué, dans ce cas ? »

La grecque avait bien conscience qu’elle repoussait l’idée de se livrer à un parfait inconnu. Pourtant, c’était parfois des inconnus que venaient les meilleures solutions, puis ils ne vous jugeaient pas comme pourrait le faire un proche mais encore fallait-il pouvoir franchir le cap. Le barman, après avoir pris une autre commande, confirma que la vie n’était jamais simple et lui assena comme un coup de pelle en pleine poire en lui faisant savoir qu’elle avait l’air abattue. Bon ben mince, ce n’était pas encore maintenant qu’elle se verrait décerner l’oscar de la meilleure actrice. Mais à quoi bon essayer de le cacher ? C’était le cas : elle était épuisée. Noomi haussa les épaules.

« Les gardes partagées, ça a de quoi vous abattre, c’est sûr. »

Ça, ainsi que les divorces, les accidents de voiture et les problèmes de mémoire qui en découlent. Bref, ça faisait beaucoup pour une seule personne. Et ça faisait un tout. Mais quitte à aborder ses problèmes avec un inconnu, autant commencer par le plus préoccupant, le plus présent et bien évidemment, c’était le fait de ne plus pouvoir voir sa fille tous les jours. Comment vouliez-vous qu’elle se rétablisse quand elle broyait du noir parce que sa fille lui manquait ? Mais c’était bien le problème, c’est que ça formait un cercle vicieux, tout ça.

Hayden écoutait, patientant les réponse, tout en sortant de verres du lave-vaisselle pour les essuyer à l'aide d'un chiffon propre. Par ailleurs l espérait avoir vu juste pour le cocktail, et au visage surpris mais pas maussade de la cliente, cela le rassurait. Il avait fait le bon choix. Néanmoins, le blond ne s'attendait pas vraiment à ce type de réponse de la femme. Mais elle avait le droit de répondre en l'interrogeant aussi. Amusé, il adresse un mince sourire tout en déposant un verre propre sur une des étagères derrière lui. Hayden se retourne et scanne de ses yeux clair le visage fatigué et légèrement sur la défensive de la cliente. "Ca m'arrive oui. Pas par tout le monde. Il a des personnes plus intrigantes que d'autres. Mais certaines envoie plus d'ondes par exemple, ou bien font comme vous. Répondre par une interrogation." Un mince sourire se dessine sur le visage du barman tandis qu'il reprend son activité, allant tirer une bière à la machine pression, ôtant le surplus de mousse à l'aide d'un bâtonnet plat, puis il fait de même avec une seconde bière et une troisième. Comme si le proverbe : jamais deux sans trois, prenait image sous son regard vert. Il confiait le tout à sa collègue serveuse avant de revenir s'enquérir à nouveau de la femme.

A son analyse, il sait, il a visé juste. Alors patient la réponse, il reprend son activité : faire briller les vaisselle. Chiffon dans le réceptacle et hop on essuie, on fait briller. Il recommence avant d'arquer un sourcil à la phrase prononcée. Garde alternée... Merde alors, il ne s'y attendait pas. Mais peut-être pouvait-il le comprendre aussi. Lui ne voyait plus son fils depuis plusieurs mois, il n'avait même pas le droit à une garde alternée. D'ailleurs il ne savait pas où se trouvait sa femme et son fiils, ca l'angoissait. Mais il aurait apprécié avoir une garde alternée. "C'est si épuisant ? Ou bien est-ce parce que vous désirez le garder plus longtemps ?" Hayden marquait une pause, avant de réagir rapidement intérieurement. Peut-être ses questions étaient déplacées. Peut-être devrait-il simplement rester à sa place de barman. Mais cela faisait aussi parti de son job, faire du social, discuter avec les gens, essayer de les diriger vers la bonne voie. Un comble pour un barman servant de l'alcool à de potentiels alcooliques. Alors il reprit avec calme. "Je ne juge pas, mais je me dis que j'aimerai avoir mon fils de temps en temps aussi. Après je ne connais pas le rythme de la garde alternée... Mais cela fait longtemps ?" Le blond n'était pas un type méchant, simplement il exposait à demi mot sa situation, comme pour inviter la femme face à lui à continuer de s'exprimer. Parfois trouver un écho chez une personne pouvait aider à se libérer un peu.

Ainsi, le barman lui expliqua qu’il lui arrivait d’être intrigué par quelques-uns de ces clients et que certains, comme elle, s’amusait à lui répondre par d’autres questions. Bien. Si quelqu’un d’autre sur terre agit de la même façon que vous alors tout va bien. Du moins c’est ce qu’on se dit pour se rassurer. Noomi ricana et hocha la tête avant de prendre une gorgée de son cocktail. Puis, contre toute attente, elle avait lâché la bombe. Les mots étaient sortis de sa bouche sans qu’elle y fasse vraiment attention, comme souvent. « Garde alternée » ce n’est pour ainsi dire jamais positif mais dans son cas, c’était clairement dévastateur. Toujours est-il que les mots firent mouche et que le barman voulut comprendre ce que ça pouvait bien représenter pour elle. La blonde songea un instant qu’il n’était pas prêt pour ça avant de se rendre compte que c’était ridicule puisqu’il ne la connaissait pas, il ne pouvait donc pas être si sensible à son malheur que ça. C’est bien pourquoi elle lui parla sans filtre.

« C’est ma fille, vous comprenez, ma fille. Ce n’est pas que son père ait joué un rôle secondaire dans toute cette histoire, non, c’est qu’il en a été totalement absent pendant cinq ans. Puis du jour au lendemain, il rapplique, décide que, tout bien réfléchi, il veut faire partie de l’aventure et je me retrouve à ne la voir qu’un week-end sur deux. Vous trouvez ça normal, vous ?? »

Parce qu’elle non. Bon d’accord, elle avait omis de parler de l’accident de voiture et des séquelles qu’elle en avait gardé qui avaient considérablement pesé dans la balance au moment du verdict mais ce n’était qu’un détail. Depuis quand est-ce qu’on refile une petite fille à un père dont elle ne porte même pas le nom alors que le père de Noomi était tout à fait apte à s’occuper d’elle en attendant qu’elle se rétablisse ? Ça la sidérait, qu’on ne s’étonne pas que tout le monde se plaigne que la justice n’est pas juste puisqu’elle ne l’est effectivement pas. Soit, la grecque s’excusa de s’être un peu emportée d’un geste de la main et écouta à son tour le barman qui semblait vivre une situation à peu près similaire.

« J’dis pas, la garde alternée ça peut être un bon compromis parfois. Si la situation s’y prête. »

C’est-à-dire s’il n’a pas fait comme Frank : dire au revoir à sa femme le jour où elle lui a annoncé qu’elle était enceinte pour revenir la face enfarinée une fois que le plus dur était fait.

« Ça fait un peu plus d’un an maintenant. »

Le temps qu’il fallait pour se remettre d’un accident de voiture, tout de même.

Hayden écoutait, attentivement, laissant même de côté les verres pour poser ses mains, paumes contre le plans de travail humidifié à cause des gouttes d'eau provenant des verres propres. Il n'y prêtait pas attention, il n'aurait qu'à se sécher les mains avec un torchon propre plus tard. Pour le moment, il perçait peu à peu sa cliente, l'interrogeant et faisant un effet miroir sur sa propre vie de merde, sa situation hautement déplorable. Peu de gens désiraient vivre la même chose, pourtant des tas de couples vivaient cela à différentes échelles.
L'entendant insister sur le fait qu'il s'agissait de sa fille, le barman ne pouvait que comprendre. Même s'il était un abruti paumé, c'était aussi son fils. Alors oui, ce sentiment il le comprenait. Néanmoins la situation de la femme était plus complexe, surprenante aussi. Et tout comme elle, il fronçait les sourcils. Comment avait-on pu autorisé la garde partagée avec l'arrivée soudaine d'un parent absent. Normalement pour lui, la mère devait avoir le plus de garde. C'était dans la logique d'Hayden, c'est pour cela que si un jour Gulia demandait le divorce, il accepterait sans rechigner de voir Maël un week-end sur deux. Vivre avec Gulia serait plus équilibré pour leur enfant. Et pour la femme, ce devait encore être une décision prise par un juge ne jurant que par le patriarcat... Un soupire mince s'échappait de ses lèvres.

"Je ne trouve pas cela normal, revoyez un avocat plus compétent peut-être." C'était une idée, une suggestion, le blond ne jugeait pas, il ne faisait que donner son avis. Participant ainsi à la conversation, et il en était réellement intéressé à dire vrai. Au fond de lui, il pouvait comprendre son désarrois, sa peine. Lui aussi avait songé à aller se morfondre dans des bars, ca lui arrivait de se prendre une cuite chez lui, seul, ou bien avec un pote. Le lendemain l avait la gueule à l'envers, un mal de crâne intense, et ne se sentait pas mieux pour autant. Mais cela l'empêchait un peu de trop ressasser le passé et se faire encore plus de mal psychologiquement.
La conversation continuait, le sujet n'était pas joyeux mais lui tenait à coeur. Il se sentait bêtement concerné par ce que traversait la femme. Ca lui faisait de la peine, cela faisait même appel à son empathie. De plus le temps passait, et plus d'un an à jongler ainsi, il se demandait comment elle faisait pour encore tenir debout. Déglutissant il hochait doucement la tête. "Ne perdez pas espoir, essayez de vous battre pour obtenir sa garde principale. Je pense sincèrement que votre fille vivra mieux aux côtés d'une mère que d'un père jadis absent revenant par surprise sur un cheval blanc." Une pointe de mélancolie transparaissait dans ses propos. Maël, Gulia, tous deux lui manquaient, il lui avait écrit, déposé la lettre à son travail, il ne pouvait désormais qu'attendre la prochaine mi-temps.

Se redressant il posait ses yeux sur l'ingénue et souriait faiblement tout en ajoutant. "Le cocktail, je vous l'offre. Votre situation me touche, j'peux comprendre votre peine et votre sensation de vide je pense. Et c'est pas pour vous draguer !" Hayden riait un peu, se défendant de cette prise d'initiative. Il était raide dingue de sa femme, ne se voyait pas la tromper, jamais.

La remarque du barman au sujet de son avocat eut le don de la dérider un brin ; il est vrai qu’à priori, on pourrait tout lui remettre sur le dos. C’était bien connu que dans la majorité des cas, la garde revenait toujours à la mère. Encore plus quand le père s’était carrément lavé les mains de cette histoire pendant des années et des années. Le pire dans tout ça, c’est qu’elle ne pouvait même pas s’en plaindre. Enfin, pas tellement. Pourtant oui, elle était une très bonne mère. Noomi n’aurait jamais misé là-dessus avant la venue au monde de Sarah mais elle avait su s’en tirer, faire de sa fille une enfant bien élevée, stable, équilibrée, bref, tout ce qu’on demandait à un parent et sans l’aide de personne. Personne d’autre que son propre père en tout cas. Non, c’était simplement ce foutu accident de voiture qui l’avait fourrée dedans jusqu’au cou. Voilà ce que ça peut laisser comme traces de passer quelques jours dans le coma : des troubles de la mémoire qui vous valent la garde exclusive de votre fille. La blonde eut alors un sourire un peu amer.

« C’est pas si simple. »

Puis elle questionna le fond de son verre.

« Pourquoi ça le serait ? »

Pure question rhétorique évidemment, elle n’appelait pas vraiment de réponse, si ce n’est qu’en effet, avec elle, c’était toujours un peu, beaucoup compliqué. Cela étant dit, c’était un tout autre sujet. Là-dessus, le jeune homme l’encouragea à ne pas perdre espoir. Jamais. Enfin ça, c’est ce qu’elle disait maintenant mais elle était bien loin de cette pensée optimiste il y a de ça quelques mois seulement. Quand elle voyait que plus elle s’acharnait et plus le moindre souvenir se faisait un malin plaisir à lui fausser compagnie dès qu’il en avait l’occasion. Pour une obscure raison, maintenant ça allait un peu mieux. La grecque ne pouvait tout simplement pas sombrer et laisser Sarah aux mains de Frank. Qui ne s’en occupait pas si mal que ça, à ce qu’il paraît mais qu’importe, c’était lui l’intrus.

« Bien sûr, je me dois de garder espoir. Même si ça traîne. Les choses finiront par s’arranger. »

Puis il déclara qu’il lui offrait son cocktail avec le sourire ; sa situation l’avait apparemment touché. Elle aurait pu rétorquer que non par fierté mais Noomi était d’avis que la fierté pousse à faire des choses idiotes, aussi lui rendit-elle son sourire et se contenta de le remercier.

« C’est intéressant de discuter avec quelqu’un qui a l’air de comprendre à peu près ce que ça fait. Ça fait longtemps que vous ne voyez plus votre fils, vous ? »

Après tout, les confessions, c’est toujours mieux quand ça marche dans les deux sens.