save the last dance for me → luana

Mercredi soir. Il se trouve que, pas si loin de chez elle, existaient des cours de danse. Chose que Noomi n’aurait jamais sue si quelqu’un qui en prenait ne l’en avait pas informée. A quoi bon prendre des cours ? Elle était nulle, elle le savait et elle n’avait pas vraiment l’intention de percer dans cette voie. Et pourtant, elle aimait bien ça, danser. Je n’irais pas jusqu’à dire qu’elle le faisait dès qu’elle en avait l’occasion et s’en tenait généralement aux slows ou aux danses solo en soirée mais chez elle, bien à l’abri entre les quatre murs de son appartement, elle ne se gênait pas. Parfois avec l’aide de Just Dance et DDR, d’autres fois non parce qu’elle n’était pas vraiment sûre qu’on puisse appeler ça de la danse non plus. Bref, quelqu’un, une demoiselle rencontrée sur une appli de rencontre justement lui en avait parlé et il s’avère qu’elle cherchait un ou une partenaire. Et là on parle toujours de danse. Dans tous les cas, après s’être dit que ce n’était pas fait pour elle – elle était une chanteuse, elle n’était conçue pour se trémousser plus que ça -, la blonde était finalement revenue sur sa décision ; comme elle l’avait fait remarquer, et d’ailleurs c’était une chance pour elle, le ridicule ne tuait pas.

C’est donc ainsi que la grecque était montée dans sa Mustang – loin ou pas, quand on a une Mustang, on s’en sert – et avait pris la direction de la salle. Après s’être renseignée sur sa location exacte puisqu’elle n’avait même pas le souvenir de l’avoir jamais vue. Tout ça était bien noté sur l’un de ses désormais célèbres petits post-it jaunes. Arrivée à destination, elle vérifia l’application pour bien avoir en tête le visage de Luana, ça serait quand même dommage qu’elle aille danser avec quelqu’un d’autre sous prétexte que sa mémoire n’était pas fiable pour un sou et descendit de voiture pour aller son hula-hoop dans le coffre. Hé non, ce n’était même pas une blague : elle se débrouillait vraiment pas mal avec un cerceau bien que ça soit très utile. Les quelques personnes traînant sur le parking la regardèrent un peu bizarrement mais Noomi n’aurait su dire si c’était parce qu’ils la reconnaissaient ou bien si c’était à cause de son accessoire. De toute manière, elle n’en fit pas grand cas et s’engouffra à l’intérieur du bâtiment. Où il y avait pas mal de gens mine de rien. Qui a dit que les danses de salon étaient ringardes ? Quoi qu’il en soit, au lieu de partir immédiatement à la recherche de son contact, la blonde s’attarda un peu pour regarder quelques couples qui s’entraînaient déjà sur la piste.

En voyant les portés de certains des danseurs sur la piste, Noomi eut un peu la trouille. C’est qu’on aurait tout à fait pu se croire dans Dancing with the Stars, là. Bon, pas que. Certes, il y avait aussi des gens qui dansaient de façon normale à côté. Dans un premier temps, ça serait clairement pour ça qu’elle opterait. Puis qui sait, si elle se sentait suffisamment en confiance pour ça – ou si une folie lui prenait, on n’était jamais à l’abri avec elle, après tout -, alors peut-être que plus tard, elle s’y risquerait. Mais pour l’heure, une jeune femme, qu’elle reconnut immédiatement comme étant Luana – au moins une qui ne trichait pas sur ses photos – l’accosta. Elle lui apprit être ravie qu’elle se soit décidée à venir et la blonde eut tout juste le temps de répondre que son prénom était bien Noomi d’un hochement de tête avant que l’autre jeune femme ne se mette à lui poser tout un tas de questions en rafale. Elle en avait vu d’autres ; chaque soir qu’elle passait à la radio où elle prenait des appels, c’était comme ça : des gens qui posaient plein de questions. Pas forcément à son sujet. Plus souvent au sujet de ce dont elle parlait dans l’émission d’ailleurs. Et si ça l’avait un peu déroutée au début, maintenant elle gérait ça like a boss.

« Oh non t’inquiète, j’habite West bay alors c’est pas loin. »

Ce qui fait qu’on ne pouvait pas vraiment parler de route. Ou si oui, alors techniquement, il ne risquait pas de lui arriver grand-chose sur le trajet. Bien qu’elle ait eu l’occasion de se rendre compte qu’il suffisait d’un rien pour vous envoyer dans le décor au volant d’une voiture même quand on est très à l’aise. Enfin bref, ça, c’était une autre histoire.

« Pas encore, j’étais en train d’admirer ces danseurs. C’est plutôt impressionnant. » dit-elle en pointant du doigt les gens toujours en train de faire des acrobaties.

Puis l’attention se porta sur son cerceau ; un truc ultra bling bling à paillettes qu’elle n’avait même pas honte d’exhiber. La vérité, c’est qu’elle l’avait piqué à Sarah, sa fille de six ans. Ou plutôt, disons qu’elle le lui empruntait de temps à autres.

« Haha merci ! Attends de voir ce que je sais faire avec. »

Elle avait promis une démonstration, elle s’y tiendrait. Mais en attendant, elles étaient là pour danser. Ce fut donc à son tour de poser quelques questions.

« Tu sais déjà faire des pirouettes comme ça, toi ? Et rassure-moi, on va pas commencer par ça, hein ? »

Super ça, une voisine ! Noomi ne se rappelait pas avoir jamais croisé la jolie bouille de Luana auparavant mais encore une fois : pour ce que sa mémoire valait désormais… ç’aurait tout aussi bien pu être le cas et de façon quasiment quotidienne qu’elle ne s’en souviendrait pas à moins de le vouloir vraiment. Quoi qu’il en soit, la discussion reprit et la jeune femme lui demanda alors comment elle était venue ici. En d’autres circonstances, la blonde y aurait peut-être réfléchi à deux fois avant de répondre. Sauf que bon, elle n’avait plus cinq ans et qu’elle doutait sincèrement que Luana soit du genre à se balader dans une vieille camionnette toute déglinguée pour offrir des bonbons à qui serait intéressé. Ce qui fait qu’elle ne pensait pas prendre trop de risques en répondant :

« Ma voiture est garée devant. Je peux te ramener, si besoin. »

L’offre s’était faite tout naturellement, parce qu’elle était comme ça, Noomi, elle aimait rendre service si elle en avait l’occasion et puis en plus, ça évitait toute dérive du genre « c’est pas loin, faut venir à pieds ou en vélo », chose qu’elle ne ferait même pas s’il faisait beau ; il fallait tout de même bien que sa voiture serve à autre chose qu’à faire des accidents. Même si elle en avait changé entre-temps. Enfin bref, la grecque observa attentivement le couple qu’on lui désignait et qui évoluait sur la piste avec grâce. Okay alors si c’était ça qu’on attendait d’elle, autant dire qu’il faudrait des mois de pratique avant d’arriver à quelque chose qui y ressemble ne serait-ce que vaguement. Elle acquiesça d’un mouvement de tête ; elles pourraient rester là pendant des heures à les regarder danser tellement ç’avait quelque chose de fascinant. Voire même d’hypnotique. Mais son attention se reporta sur son interlocutrice qui avait l’air à peu près aussi fascinée par ses histoires de hula-hoop et là, elle comprit qu’elle en faisait parfois trop. Toujours avec humour mais trop quand même, ce n’était pas comme si elle était gymnaste ou quelque chose comme ça, juste qu’elle avait un bon déhanché. Mais vous auriez beau essayer de le formuler de toutes les façons possibles, ça sonnerait toujours un peu pervers, dit comme ça.

Luana se mit ensuite à parler du fameux porté de Dirty Dancing et, aussi étrange que ça puisse paraître, Noomi fut drôlement rassurée. Alors certes, la grecque se doutait qu’il s’agissait d’une blague mais toujours est-il qu’elle l’avait réussi, ce porté ! Une fois et avec un ami hyper baraqué avec qui elle s’y entraînait depuis qu’ils se connaissaient, c’est-à-dire plus de quinze ans.

« Oh tu sais quoi ? Je l’ai réussi une fois alors il me fait plus peur, celui-là ! »

De toute manière, elle faisait partie de ces gens qui ignorent un peu la peur – moins depuis qu’elle était mère, il est vrai – et qui avaient la fâcheuse tendance à foncer dans tout ce qu’ils entreprenaient. Ce qui lui avait causé pas mal de soucis par le passé mais pas que. La jeune femme lui avoua alors qu’elle en était toujours à apprendre des pas de danse basiques. Bon, au moins il n’y aurait pas un trop grand décalage entre les deux, c’était parfait.

« J’pense pouvoir y arriver. Juste une question : c’est quoi les pas basiques ? Comme le madison ? »

Oui bien sûr, si jamais elle revenait. Mais Noomi pensait bien revenir. Pas tellement parce qu’elle adorait danser mais parce qu’elle appréciait la personnalité, voire même l’aura qui émanait de Luana. C’est d’ailleurs ce qui l’avait poussée à venir ce soir-là. Et jusqu’à présent, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’est pas déçue. La grecque répondit d’un hochement de tête avant que la réaction de la jeune femme lorsqu’elle lui apprit qu’elle était capable le sacrosaint porté de Dirty Dancing ne la fasse sourire. Le genre de figures qui laissait tout le monde rêveur, c’est clair. Bon, là, tout de suite, elle ne voyait pas quoi donner d’autre comme conseil que d’avoir un bon gainage, ce que Luana devait déjà avoir ou pas loin mais ça ne l’empêcha toutefois pas de répondre :

« Avec plaisir. Tu connais des gens de confiance pour faire la base ? »

Non parce qu’au final, c’était bien tout ce qu’on leur demandait à ceux-là ; de pouvoir avoir confiance en eux histoire de ne pas se rompre le cou. Sinon, ils n’avaient pas grand-chose d’autre à faire. Tout ça pour dire que, comme ça, elle ne voyait pas trop qui elle pouvait appeler à la rescousse. Il y avait bien sûr son ami mais il était rentré au pays alors en dehors de Rafael qui n’était peut-être pas une base assez solide ou de son père… Peut-être Asher, un collègue qu’elle considérait aussi comme un ami depuis le temps qu’ils faisaient des vidéos ensemble. Bref.

Quoi qu’il en soit, la blonde fit mouche avec son évocation du madison. La vérité c’est qu’elle l’avait en horreur, c’est ce qu’on danse dans les mariages et, aussi étrange que ça puisse paraître, Noomi n’en raffolait plus tellement, au point de se crisper à chaque fois qu’elle avait le malheur de recevoir un faire-part. Toujours est-il que la proposition de la jeune femme l’amusa.

« Non, t’en fais pas, ça me parle beaucoup moins que le reste. »

Ou en tout cas que les danses latines pour lesquelles elle pensait avoir une prédisposition toute naturelle. En théorie, là il fallait dérouler les hanches, elle devrait être bonne. Ou en tout cas pas trop mauvaise. Comme quoi, le hula-hoop ça pouvait servir pour la danse également.

« Super alors, je crois que j’ai plus de questions pour l'instant. On commence quand tu veux ! »

Ce soir, Luana serait le maître Jedi tandis que Noomi serait la padawan obéissante.

La description de Luana eut le don de la faire rire. Des types qu’on appelle en cas de déménagement, c’était exactement ce qu’il fallait pour ce genre de voltige. Noomi approuva en opinant du chef.

« Parfait, alors on devrait y parvenir en un rien de temps. »

Parce que bon, certes, elle-même avait mis presque quinze ans avant d’y arriver mais il fallait prendre en compte que son ami était pratiquement toujours une crevette la première fois qu’ils s’y étaient essayé et aussi qu’ils vivaient sur deux continents différents et qu’il fallait attendre de se retrouver pour faire de nouveaux essais. Aucun doute que ça devrait donc prendre beaucoup moins de temps dans le cas de Luana. Encore heureux d’ailleurs parce que ça pourrait vraiment décourager n’importe qui dans le cas contraire. Voire même de l’en dissuader carrément. Il fallait bien admettre que ça serait dommage. Mais trêve de bavardages, il était temps de commencer l’apprentissage. La blonde posa ses affaires dans un coin et se laissa entraîner sur la piste. Pas au centre, heureusement. Oh, Noomi se fichait un peu qu’on la juge parce qu’elle était nulle, ce n’était pas le problème, c’était plutôt qu’elle avait envie de se concentrer, de ne pas se laisser distraire par les rythmes de danseurs plus professionnels qu’elle ne le serait sûrement jamais.

Luana annonça alors qu’elles allaient commencer par la valse. Ah bon, très bien, ce n’était pas ce qu’il y avait de plus compliqué ? Du moins pour le commun des mortels, ceux qui ne sont pas issus de la haute société ? Bon d’accord, la grecque provenait d’une grande famille d’acteurs mais elle ne se rappelait pas qu’aucun d’eux valsait. Danser le sirtaki, oui, la valse, non. Mais soit, elle préférait faire entièrement confiance à la jeune femme qui savait tout de même ce qu’elle faisait. Bien évidemment, la proximité ne la dérangea en aucune façon - bien au contraire -, en revanche, elle tâcha de se redresser autant que possible. C’est qu’elle avait un jour regardé quelques épisodes de Dancing with the Stars, avant que ceux-ci ne deviennent beaucoup trop nombreux pour pouvoir en tenir le compte et que les danseurs avaient toujours l’air d’avoir un balai dans le derrière, voire pire, à leur posture. D’ailleurs, c’était souvent à ce sujet qu’ils se faisaient lamentablement saquer par les juges. Pour ce qui était du rythme en revanche, en tant que musicienne, elle n’avait aucune difficulté. Aucun risque qu’elle marche sur les pieds de sa partenaire, c’était déjà ça.

« Ça va ? Pas trop catastrophique ? »

Spoiler:

La remarque de Luana quant à sa façon de danser et surtout quant au fait que ça ne la surprenait pas plus que ça étant donné qu’elle savait jouer du triangle la fit rire. C’est vrai qu’elle avait précisé ça dans son profil ; Noomi aurait pu mentionner qu’elle était musicienne au sens large, que si son instrument de prédilection c’était le piano, elle savait également jouer de la guitare, du banjo, de l’harmonica et même de la guimbarde – Louisiane oblige -, mais non, c’était le triangle qu’elle avait décidé de mettre en avant. Elle n’avait pas menti d’ailleurs, elle savait également en jouer mais qui ne saurait pas ? N’importe qui pouvait se prétendre musicien s’il disait pouvoir jouer du triangle. C’était d’ailleurs ce qui l’amusait là-dedans puisque ce n’était pas la première fois qu’elle utilisait cette technique de drague puisqu’elle avait remarqué que peu importe l’instrument, ça impressionnait toujours un peu lorsqu’on avouait être musicien. Soit, tout ça pour dire que :

« Alors on va dire que c’est le triangle qui m’aide pour ce qui est du rythme, oui. »

En tout cas, ce n’était certainement pas grâce à ses prouesses sur Just Dance ; la console avait beau lui dire que c’était « super », la blonde savait pertinemment que c’était uniquement parce qu’elle bougeait le bras tenant la wiimote au bon moment. Bref, sa partenaire lui annonça qu’elle s’apprêtait à lui faire tourner la tête, formulation qu’elle trouva très juste sur l’instant et pas uniquement à cause du sens littéral de cette expression puisqu’elle lui fit faire un tour sur elle-même au même moment. Noomi appréciait la fraîcheur de Luana, ça la changeait de la plupart de ses autres relations, quelles qu’elles soient d’ailleurs et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle ne regrettait pas d’être venue.

« Hé ben, pour quelqu’un qui se dit débutante, t’as tout d’une pro. »

Hormis peut-être le partenaire qui aide à faire les portés. Car si on s’en tient à ce qu’on peut voir dans Dancing with the Stars même pour une danse aussi classique que la valse, il y a des portés. Cela dit, ce n’était pas parce qu’elles se retrouvaient entre femmes qu’elles ne pouvaient pas s’essayer à l’exercice non plus, il fallait juste qu’elles trouvent un porté qu’elles seraient capables de reproduire sans avoir besoin d’un homme dans l’équation. Noomi était sûre que ça existait.

Spoiler:

Ça serait avec grand plaisir que Noomi ferait une démonstration de triangle à Luana un de ces jours. Et puis peut-être d’autre chose aussi, selon les envies, parce que ce serait tout de même dommage qu’elle ne s’en tienne qu’à ça. D’ailleurs elle répondit en hochant vivement la tête. Voilà qui l’enthousiasmait non seulement parce qu’elle pourrait partager sa passion mais aussi parce qu’elle pourrait revoir la jeune femme. Elle trouvait que le contact passait bien entre elle et ça serait également dommage de ne s’en tenir qu’à cette rencontre. Pourtant, elle ne s’était attendue à rien d’autre de la part d’une appli de rencontres. C’est qu’elle savait comme se comportaient les gens en général sur ces applications. Aussi bien les femmes que les hommes d’ailleurs ; ils se comportaient comme s’ils avaient sérieusement la dalle. Ce qui était sans doute le cas et ce qu’elle ne critiquait pas puisqu’elle avait fait la même chose dans le même but. Bref, ce qui explique pourquoi elle était ravie de tomber sur quelqu’un qu’elle apprenait à connaître un minimum et qu’elle appréciait déjà. Bref, elle lui apprit alors qu’elle s’était entraînée pour l’impressionner et la blonde ne put qu’en être flattée bien qu’elle se doute que ça soit un rien exagéré

« Pas qu’un peu, je suis presque bluffée. »

Puis Luana la surprit en lui apprenant que c’était facile de danser avec elle. Bon, disons qu’elle n’était pas aussi raide qu’un piquet – sans quoi son hula-hoop aurait tôt fait de tomber par terre -, c’était surtout ça qui devait aider. Elle se mit donc à rire avant de commenter :

« Il faut croire qu’on s’est bien trouvée dans ce cas. »

Au cas où il n’y aurait pas de cafeteria, la grecque avait eu la bonne idée d’emporter une bouteille d’eau dans son sac. Si ça ne tenait qu’à elle, elle ferait déjà une pause mais elle ne tenait pas montrer que sa condition physique était plutôt déplorable alors au lieu d’aller s’asseoir sur les gradins, elle se contenta d’aller chercher sa bouteille qu’elle garderait tout près d’elle. Puis elle attendit donc la prochaine danse en croisant les doigts pour qu’il s’agisse d’une danse qui lui permettrait de se déhancher un peu, histoire de garder la réputation qu’elle s’était elle-même créée sur son profil intact. En attendant, elle fit la conversation.

« Alors, parle-moi un peu de toi ! Fabricante de douceurs… j’imagine que tu es pâtissière et pas dealeuse ou chimiste, j’ai vu juste ? »

Le moins que l’on puisse dire, c’est que le sourire de Luana était communicatif et celui de Noomi s’élargit encore davantage en l’entendant la questionner sur ce « presque impressionnée ». C’est qu’elle l’avait remarqué, évidemment, parce qu’elle avait l’air d’être assez observatrice. Du moins, c’était l’impression qu’elle donnait. Une qualité appréciable, voire même enviable. Bien qu’on ne puisse pas aller jusqu’à dire que la blonde n’était pas observatrice ; elle l’était mais uniquement en ce qui concernait les êtres qui lui étaient chers. Et moins depuis l’accident, à l’évidence, car toute sa concentration était monopolisée par le fait de ne pas oublier. C’en devenait parfois une véritable obsession.

« Pardon, j’ai souvent tendance à modérer propos pour éviter que les gens prennent le melon. »

C’est dit avec beaucoup d’humour, pourtant, ce n’est pas tout à fait faux. Dans son milieu il faut parfois encourager certaines personnes. Et en faire redescendre d’autres sur terre. Et si Noomi n’aime pas particulièrement ça, elle est tout aussi capable de l’un comme de l’autre. Malheureusement, ce n’était pas dans ses habitudes de mâcher ses mots. Quoi qu’il en soit, Luana lui fit alors la proposition de devenir sa partenaire attitrée, ce qui n’était tout de même pas rien. La grecque aimait beaucoup l’idée, principalement parce que ça lui permettrait de mieux connaître la jeune femme qui lui avait forte impression, aussi bien via écrans interposés qu’en face à face. Un nouveau sourire en coin étira ses lèvres.

« T’as pas peur de prendre des risques, à c’que j’vois. Ça me plaît bien alors ça serait un honneur de devenir ta partenaire. »

Et puis on ne va pas se mentir, tout ce qui lui permettrait de s’assouplir était bon à prendre. Sans avoir spécialement besoin de préciser le pourquoi ça le serait. Toujours est-il qu’entre deux danses, elles en vinrent à parler de leur compte sur l’appli de rencontre qui leur avait permis de se rencontrer, justement. Un détail du profil de Luana avait beaucoup amusé Noomi mais sans n’était-ce qu’à cause de son esprit quelque peu délirant par moment puisqu’elle ne semble pas avoir pris conscience de ce détail de son côté. On reconnaît facilement les gens qui ont trempés dans ces affaires louches et ceux qui ne l’ont pas fait. Quoi qu’il en soit, ça la fit rire encore une fois.

« Non. Enfin, seulement si tu ne reçois aucune demande un peu bizarres. Je pense que les gens qui traînent sur lovemaker sont capables de faire le rapprochement tout comme moi. »

En tout cas, elle l’espérait sincèrement, sinon il y avait de quoi être désespérée.

« Où est-ce que tu travailles ? »

Toujours intéressant de connaître les bonnes adresses.