just like fire. — ft. Inbar Lavi.

l'histoire de ma vie

do not look for healing
at the feet of those
who broke you.

_doucereuse ezra. tu ouvres tes _prunelles sur les terres _italiennes mais tes premiers _pas foulent celles de l'australie _— bercée par la houle, éblouie _par les rayons de l'astre solaire, _la sicile t'ouvre les bras, _t'enveloppe avec amour. enfant _unique, cuillère en or massif _dans la bouche, tu es choyée, cajolée, entourée et adorée. tu grandis parmi les sourires, parmi les rires. ta famille c'est une mère généreuse, un père dévoué malgré ses absences professionnelles. ta famille c'est aussi un mélange culturel — l'australie et l'italie. l'australie à temps plein. l'australie et sa douceur de vivre. l'australie et ses océans. l'australie et sa rudesse parfois. puis, l'italie. l'italie et ses traditions d'antan. l'italie et ses blés en herbe. l'italie et sa fierté. l'italie, bien différente de l'australie et pourtant, si complémentaire à ton cœur chéri.

les années passent, tu t'épanouies et vient le jour du grand départ. ton paternel est muté et tu te retrouves à fouler la terre voisine, celle un peu plus au sud. vous emménagez à island bay, charmante bourgade non loin de wellington. quand vous pénétrez dans la ville, ce que tu vois, tout autour de toi, a un goût de paradis. maisons aux couleurs vives, des pelouses verdoyantes aux multiples arbres fruitiers et fleurs en tout genre. il y règne une atmosphère aussi reposante qu'angélique. la langue n'est pas un obstacle mais tu n'en demeures pas moins dépaysée, attristée, nostalgique malgré le cadre qui s'offre à toi. « tu verras, on sera bien ici aussi ma chérie. » tu sais qu'elle n'a pas tort alors tu relativises. jour, nuit, jour, nuit. au début ça te paraît une éternité. les secondes deviennent des minutes, les minutes des heures, les heures, les heures, les heures, tu les comptes. encore et toujours. tu te retrouves dans un cercle continu, infini jusqu'à ce que tu entres à l'université. tu sais déjà ce que tu veux étudier, à la tête de quel genre de boîte tu t'imagines alors tu te lances. sans relâche pour accomplir ce que tu désires tant faire, wedding planner. après quelques années d'études, tu obtiens tes diplôme avant de commencer à travailler pour une petite entreprise. tu n'es pas si bien payée mais tu n'en demeures pas moins passionnée. tu t'investis, tu t'accroches, tu assumes toutes les tâches qui te sont confiées et tu sais que, tôt ou tard, viendra ton tour d'être à la tête de ta propre entreprise.

du haut de tes trente-quatre-ans, tu es fière du chemin parcouru. pdg, propriétaire de ton appartement à deux pas de l'océan pour prendre ta dose quotidienne de brise salée, une famille toujours présente et soudée malgré les aléas. tout te réussit, ezra. tout sauf ce qui t'est le plus cher. il t'a laissé un goût amer au bout des lèvres le sombre enfoiré. il a creusé le gouffre dans lequel tu t'es retrouvée il y a six mois de cela. t'avais cessé de sourire, cessé de rire. tu pleurais, t'avais le sommeil léger. t'arrivais plus à te relever. plus d'une fois tu t'es échouée, frêle sirène, sur ce tabouret où tu l'as rencontré mais tu n'as jamais revu son visage. ni son visage, ni son sourire enjôleur, ni même entendu sa voix faire écho. pourtant, au fond de toi, t'espérais que ce soit lui dans l'embrasure de la porte. t'es comme ça, ezra. t'es entière et aujourd'hui, aujourd'hui encore, tu sens l'odeur de sa peau nacrée qui tapissait les draps soyeux de ton lit. tu le revois, lui et ses cheveux éméchés, ses yeux plissés alors que tu le regardais s'éveiller. tu ressens encore les frissons que lui procuraient tes mains. tu ressens toujours la sensation de ses lèvres charnues contre les tiennes, de vos baisers voluptueux, fougueux, brûlants. de ta poitrine contre la sienne. t'entends ses cris percer le silence, chaque pu-tain-de-nuit. il t'a enflammé, ezra. il t'a réduit en cendres et pourtant, tu es réapparue comme un majestueux phœnix. âme accablée, cœur meurtri, tu le hais. du plus profond de ton être.