enfer oublié | chance o'brien

Chance O'brien

l'enfer n'est que là où est celui qui a refusé de vivre une vie réelle.

les informations en vrac

la partie anecdotes ○ {1} tu fumais pas avant de rentrer au bercail. Enfin, t'avais arrêté pour passer les tests de l'armée, et ça faisait dix ans que t'avais pas repris. Mais quand t'es rentré, t'as eu cette envie d'aller acheter un paquet au tabac du coin. Et depuis, t'en achète un nouveau tous les deux jours. {2} t'as fais pas mal de missions, depuis dix ans. T'es quasiment jamais rentré chez toi, ou quand t'avais des permissions, tu rentrais pas à Island Bay. T'allais à Wellington, chez d'anciens collègues à toi. Tu créchais dans un hôtel, pas forcément du grand luxe. Et dès que tu pouvais, tu rentrais "chez toi", à la base militaire. {3} t'as des origines françaises par ta grand-mère maternelle. Elle est venue vivre a Wellington pour vivre une nouvelle vie, y a rencontré ton grand père, et ils ont eu ta mère. Tu parles plutôt bien la langue de Molière, même si ça t'a pas servit à grand chose jusqu'ici. {4} t'as un rire particulier. Non, sérieusement, quand tu ris, on te regarde mal. Mais du coup, ton rire est plutôt contagieux. Il reflète la bonne humeur. {5} t'as tenu un journal pendant toutes tes années à l'armée. C'était une idée de ta sœur que t'avais d'abord prit en riant. Mais quand elle t'a envoyée un carnet par la poste, tu t'es laissé convaincre. T'écrivais tous les jours dans aucune exception. 3502 jours au total, le dernier étant le jour de ton départ définitif.{6} tu n'as jamais relu ce que tu écrivais dans le carnet, même quand tu étais encore en service. Aujourd'hui, il ressemble plus à grand chose, terreux, boueux, brûlé et mouillé, y'a des pages qui sont illisibles. T'as même dû rajouter des feuilles, sur les derniers mois pour avoir la place de tout écrire. Il est dans ta valise, dans une poche que tu ne cherches pas à rouvrir. Ton histoire, ce que tu as vécu, tes peines, tes peurs sont inscrites dedans. Et c'est d'y faire face qui t'effraie le plus. {7} t'étais autrefois très proche de ta sœur, de cinq ans ta cadette. Mais tu t'es éloigné, tu ne donnais pas de nouvelles, tu n'envoyais pas de lettres. Elle en a envoyé tous les mois pendant trois ans, tu ne lui répondait que pour les fêtes de fin d'année, ou son anniversaire. Puis tu as oublié. Et elle a arrêté. {8} Ta mère à eu de nombreux fibromes, des tumeurs bénignes. Tellement que les médecins lui ont dit qu'elle n'auraient probablement jamais d'enfants, que ce serait très compliqué. Mais tu es arrivé, elle avait 30 ans. Tu étais son petit miracle, et elle n'a pas perdu espoir d'avoir d'autres enfants. Alors après cinq ans à avoir essayé d'avoir un autre enfant, il y a eu ta sœur. Elle aurait voulu en avoir un troisième, seulement vu son âge et sa pathologie, les médecins lui ont fortement déconseillés, et tes parents ont décidé d'adopter. Il avait déjà cinq ans quand ils l'ont ramenés à la maison. Vous ne l'avez jamais rejetés avec ta sœur, et il a tout de suite été intégré à votre petite famille. {9} ton plaisir en soirée, c'est le whisky. Sous toutes les formes, toutes les couleurs. Tu peux le boire pur, en cocktail ou avec du coca, mais tu ne bois que ça. {10} t'as pas connu beaucoup de femmes dans ta vie. Quand je dis connu, c'est dans le sens connaître. Certaines, tu ne te souviens plus de leur nom. Parfois pendant tes permissions avec les camarades, vous alliez boire quelques verres en boîte. Avec certaines, ça se finissait aux toilettes. Avec d'autres, c'était dans un lit, ou une voiture. Mais t'as retenu le visage d'aucune d'elles. Tu t'évadais, t'oubliais tout, et tu reprenais ta vie. {11} t'as jamais pensé à faire de longues études, t'as jamais su ce que tu voulais faire. Alors quand t'as dû prendre une décision, tu t'es souvenu de ce soldat qui était intervenu en classe. Et t'as eu envie d'être fier, comme lui, d'agir pour les autres et pas pour toi. {12} t'es un grand fan de rugby, tu louperais pas un seul match des All Blacks. {13} tu veux pas affronter les difficultés. S'il y en a, tu les contourne, tu les fuis. Tu te planque derrière toi-même, au point de te mettre des gens à dos, juste parce que tu ne sais pas comment agir. T'es un gars super maladroit dans le fond. {14} t'as développé une peur bleu de la mort, pendant ton service. Tu ne l'as jamais dis à personne, parce que même toi tu t'en souviens pas. Mais personne n'est dupe. {15} comme tout ancien militaire qui aurait passé plusieurs années en service, t'es pas tout blanc. Mais t'es pas noir non plus, et il s'est passé des choses que tu aimerais bien virer de ta mémoire. Mais t'en rêve la nuit, tu l'entend le jour quand y'a un peu trop de bruit. Le bruit des vagues contre les rochers te rappellent les tirs. Mais tu fais comme si de rien n'était. {16} tu te laisse porter par les gens, t'as pas d'ambition, et c'est probablement ton plus grand défaut. Personne sait pourquoi t'es devenu cet homme sentimentalement discret, derrière une carapace de fer, alors qu'enfant t'étais un vrai livre ouvert. {17} t'as jamais touché à tes économies, à chaque fois que la paye tombait, t'en mettait un beau paquet de côté. Aujourd'hui, tu pourrais te payer une petite maison modeste, mais tu préfères attendre, sans vraiment savoir pourquoi. T'as peut-être peur d'être seul pour la première fois depuis 10 ans. {18} t'es rentré à Island Bay comme si on t'attendait les bras ouverts. T'es pas vraiment tombé de haut, quand ta mère à éclaté en sanglots et que ton père t'a presque insulté de tous les noms, quand t'as sonné à leur porte. Mais tu vis chez eux depuis ton retour mi-mars. {19} d'ailleurs ton paternel n'a qu'une envie : que tu les laisse tranquille. T'as suffisamment fait de mal à ta mère en partant, en ne revenant jamais. Ils savaient que t'étais pas mort, car sinon l'armée les aurait prévenus. Mais ils n'avaient aucune idée de où tu te trouvais, comment tu allais, et si tu étais ne serait-ce qu'encore toi-même. Alors il cherche les locations en ville pour toi, entre les colocations et les appartements seuls c'est pas ce qui manque, mais il est jamais satisfait. Tu ne sais pas vraiment ce qu'il cherche pour toi, mais tu sais que d'un certain côté, il veut te garder sous la main. Sinon, il t'aurait envoyé bien plus loin qu'Island Bay. {20} t'as pas vraiment de projets de famille. Faudrait déjà que tu rencontre quelqu'un sérieusement, et c'est pas ton but. Alors tu t'amuse, tu rattrapes les dix ans que t'as perdu sans vraiment t'en rendre compte. T'es peut-être même un peu excessif là-dessus.  {21} t'as plusieurs cicatrices sur le corps. Y'en a une qu'est assez récente, elle a moins d'un an, juste sur la jonction de l'épaule. Les autres sont dans le ventre et la poitrine.

les indiscrétions sur le joueur

 

Code:

<pris>○ jaime lorente</pris> chance o'brien

Code: chance

Code: o'brien

l'histoire de ma vie

on pensait à une belle histoire

Jour 1.

Je sais pas ce que je fais. Pourquoi je le fais. Ni si c'est une bonne idée. Mais c'est une idée de la petite, et m'avoir envoyé ce carnet, c'est un peu m'obliger à le faire, pour elle. Mais c'est aussi me rapprocher d'elle, je pense. Peut-être que si elle à tant insisté pour que je tienne ce journal de bord, c'est seulement pour pas que je les oublis, tous les quatre. Si j'écris là-dedans, c'est comme si je leur écrivait. Est-ce qu'il aura assez de pages ? Est-ce que j'écrirais tous les jours ? Je ne sais même pas si j'en ai envie. Je verrais.
Je suis dans le l'avion, il est 7h16 du matin. Direction la base de Waiouru, où je vais être formé avec les autres recrues. Je ne sais pas combien de temps ça va durer, c'est pas vraiment ce qui m'intéresse.
Je ne sais pas ce que je suis allé chercher là-bas, on verra si je le trouve.

[...]

Jour 631.

Je viens d'être promu sous-officier, avec Medrick. C'était pas prévu, mais je sais pas vraiment si j'étais en droit de refuser. Apparemment, j'ai les caractéristiques pour monter encore en grade ces prochaines années.
Je saurais pas estimer mon temps de survie. C'est pas comme si on avait du monde contre qui se battre ici. Mais j'ai quand même une préférence pour les missions à l’extérieur. Ils sont en train de préparer des équipes pour le Cameroun. Avec l'autre gaillard, on aimerait bien intégrer les bataillons. Alors on va en parler au supérieur, et on verra bien.
Jusqu'ici, ça n'aura été que des interventions de routine. Je sais toujours pas ce que je cherche, mais je cherche encore.

[...]

Jour 1523.

Medrick est mort. Je l'ai tenu dans mes bras quand il m'a demandé d'appeler sa fiancée. Il allait avoir trente ans le gaillard, et il comptait arrêter à la fin de son contrat, pour s'occuper de madame... Une mine qu'on avait oublié, qu'à explosé sous notre voiture. Elle était défaillante, mais pas assez pour nous épargner complètement. Je suis quasiment indemne... mais lui, il conduisait. Ses jambes ont été arrachées. C'est ce que m'ont dit les médecins, je ne me souviens de rien. Et puis j'ai encore ce son strident dans l'oreille gauche. Et puis je vois pas très bien. Je sais même pas si j'écris lisiblement.
Je suis dans le lit de camp de la base médicale, on vérifie que tout aille bien pour moi. Lui, il a été emmené. J'ai pu appeler Louisa. Je l'ai rencontrée l'été dernier, la jolie Louisa. Ils prévoyaient d'avoir un enfant, quand Medrick mettrait fin à son service pour l'Etat. Même plusieurs. Elle me faisait rire, cette Louisa. Ils s'étaient rencontrés au restaurant, elle était serveuse, et lui, il l'a pas lâché de la soirée.
C'était mon binôme. Depuis l'entrainement des recrues. C'était nous deux contre tout le monde. Lui, il savait pourquoi il était là : c'était son rêve de gosse. Du plus loin que je me souvienne, j'ai jamais eu de rêve comme le sien.
Medrick est mort.
Et pas moi.
Je sais pas ce que je cherche, mais j'ai trouvé une fin dont je ne veux pas.

[...]

Jour 1895.
J'ai décidé de prendre une permission et de rentrer au pays, cette fois. En arrivant hier, j'ai rencontré une nana, au bar. Là, elle dort. Complètement ivre. Elle a vomit cette nuit, alors j'ai nettoyé. Au moins elle se réveillera pas honteuse d'avoir dégueulassé ma chambre d'hôtel, elle sera jamais au courant. Elle est sympa, je veux pas qu'elle s'en veuille. Elle ne s'est même pas réveillée quand j'ai nettoyé son visage à l'éponge humide. Elle baignait dedans, la pauvre.
J'ai pas réussi à dormir. Je devais aller voir Louisa, pour l'aider dans le déménagement. ça fait un an qu'elle vit dans leur appartement, à tous les deux. C'est dur pour elle. Je lui avais promis. Mais j'ai pas pu.
Il est 5h48. J'ai peur qu'elle m'en veuille.
J'ai vraiment envie d'aller la voir, de l'épauler. Mais j'y arrive pas. Mon corps veut pas. Je vais essayer, quand même.
Faut que j'écrive un petit mot à mademoiselle Y. Je sais plus comment elle s'apelle. Que je lui dise de filer les clés à l'accueil quand elle partira. Que si elle veut prendre une douche, elle peut. Je vais lui commander un petit déjeuner. Et puis, je vais m'excuser.

[...]

Jour 2267.
C'est l'anniversaire de maman. Je l'aurais bien appelée, mais j'ai perdu mon cahier d'adresses, avec le numéro de la maison. J'ai aucun moyen de les joindre depuis trois mois. Et eux, ils ne savent pas non plus où je suis. J'ai pas assuré, j'ai jamais prévenu.
Je suis parti pour une mission de plusieurs années, en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Mon contrat se finit dans cinq ans. Je suis devenu officier, alors j'ai dû en signer un nouveau, et rallonger mon temps de service. Je sais pas si c'est ce que je voulais, mais c'est pas comme si j'avais beaucoup de seconds choix.
Si j'arrête l'armée, qu'est-ce que je vais pouvoir faire ?
J'ai aucun diplôme, à part le NCEA. Je me sens pas forcément bien ici, mais je me sens pas mal non plus. Alors pourquoi partir ? Autant finir mon service. Ou rester encore. Qui sait, peut-être que dans cinq ans, j'aurais trouvé ce que je cherchais.

[...]

Jour ?

Je sais pas pourquoi j'écris encore dans ce carnet. J'étais pas obligé, aujourd'hui. Je sais pas pourquoi j'ai engueulé les recrues venues pour voir comment j'allais, pour qu'ils courent me chercher ce morceau de carton gribouillé avec des pages dedans. Y'a plus important, dans une vie. Comme sa propre survie.
Je suis réveillé depuis trois heures. Il leur a fallut trois heures pour aller me chercher cette connerie et revenir. Je leur ai permis de fouiller dans toutes mes affaires, pour trouver la sacoche dans laquelle il se trouvait.
Il est quasiment 22h. J'ai pas sommeil. Pourtant, à voir ma tête dans le miroir sur la table, j'ai vraiment pas bonne mine.
Bonne mine. Mine.
Pourquoi j'utilise ce mot ?
Encore une, comme Medrick.
Apparemment, on a perdu personne cette fois. Enfin presque.
J'avais des éclats dans le ventre et la poitrine. Juste à côté du cœur. C'était y'a quelques jours, je crois. J'ai pas demandé la date, alors aujourd'hui, y'a pas de date.  

Jour 3110.

Je sais enfin quel jour on est. Mon 3110^ème. C'est le médecin qu'est venu me voir y'a quelques minutes qui a pu me répondre. C'est le seul a qui j'ai demandé la date, en fait. Je suis dans ce lit depuis six jours. Quatre jours et demi de coma, entre la morphine quand j'ai débarqué et l’anesthésie pour l'opération. J'ai pas demandé à ce qu'on prévienne les parents. Ça fait cinq ans qu'ils n'ont plus de nouvelles, de toutes façons.

[...]

Jour 3130.

Je peux enfin espérer sortir de ce foutu lit, selon le doc'. Il a passé sa pause avec moi, pour me tenir compagnie, depuis que je ne veux plus que l'équipe rentre dans cette foutue tente. On a bien discuté. Il m'a parlé de sa famille. Il est dans l'armée depuis un peu plus longtemps que moi, mais lui, il est médecin. Alors il était plus vieux, quand il a commencé. C'est un bon gars ce Leo Thompson. Il veut arrêter. C'est bientôt la fin de son contrat, il renouvellera pas. Ça me tente, mais j'ai encore quelques années à tenir.
Mes chances de survie entre temps ? Je ne les estime même plus. J'aurais dû crever y'a une semaine, et on m'a sauvé. Mais c'est même pas comme si j'en étais heureux. En fin de compte, j'm'en fout.
C'est pas que j'ai pas peur. Non, parce que j'suis mort de trouille. Réellement. Mais vivre avec la trouille toute ma putain de vie, tous ces putains de mois qu'il me reste à tenir... Je sais pas si il aurait pas mieux valu que je clamse du temps où j'avais pas peur. A la place de Medrick.
Moi j'avais pas de projet. Pas de nana.
Une famille que je délaissais.
Moi j'étais pas un bon mec, comme lui. Je prenais pas soin des autres, comme lui.
Y'avait que lui et moi. Les autres, j'en avais rien a foutre.
C'est là, que j'aurais dû prendre sa place.

[...]

Jour 3425.

J'ai des nouvelles du doc. Il à quitté l'armée depuis 5 mois.
Il a des nouvelles de moi. Je suis à nouveau dans une tente médicalisée.
Cette fois, on faisait une ronde en Israël. Une zone soit disant calme. Puis y'a eu une attaque. J'ai perdu deux hommes.
Avec l'adrénaline, je me souviens de rien. C'est les jeunes qui m'ont raconté.
Ils voulaient les ramener à la voiture, pour qu'on puisse ramener les corps à la base. J'ai refusé. Ils ont insisté. Y'a un de ces trou du cul qu'est quand même allé les chercher. J'ai été obligé de le suivre, au moins pour le couvrir. Dix-neuf ans le gosse. Tête brûlée.
En face, y'avait un sniper et un deuxième à découvert, qu'on à réussi à toucher. Mais son pote il m'a pas raté.
C'est l'épaule qu'à été touché. Merci le gilet par balle, il en a tiré une seconde en plein dans le poumon. Alors j'ai perdu connaissance.
Leo me dit que je dois arrêter. Mais je suis pas arrivé à la fin de mon contrat. Il veut faire jouer son rang d'ancien médecin militaire pour me faire sortir, je sais pas si ça marchera.
Mais j'irais où, si ça fonctionne ?

[...]

Jour 3502.

Je rentre.
La technique de Leo a fonctionné.
Je suis dans l'avion, direction Island Bay, où le doc' m'attend.
C'est marrant, qu'on se retrouve dans ma ville, lui qui n'était pas d'ici. Il vit ici maintenant, avec sa sœur.
Il doit me déposer chez mes parents, le temps que je me trouve un endroit où crécher. Je les ai pas prévenus, que je rentrais. Personne n'est au courant.