Welcome to my life-Maxyne

Maxyne terminait de préparer ses affaires quand elle reçut le message de Brianna. La jeune femme, qui l’attendait en taxi devant chez elle, lui avait réservé une surprise dont elle se souviendrait longtemps. Via leurs échanges téléphoniques, la nageuse avait reçu un indice de la part de sa nouvelle copine : circuit moto GP. Pas besoin de s’appeler Einstein pour deviner qu’elle aimerait probablement beaucoup le programme concocté par sa nouvelle copine. Comme la rousse l’avait également interrogée sur la validité de son passeport, Maxyne avait aussi capté qu’elles prendraient l’avion. Toutefois, la destination restait encore un mystère. L’idée d’aller rouler en moto sur un circuit réjouissait la nageuse et promettait d’être mémorable. Brianna lui avait décrit les sensations qu’elle ressentait sur une piste, des sensations d’adrénaline dix crans supérieurs à la conduite sur route.

Après leur première session de plongée, les deux jeunes femmes s’étaient revues à deux autres reprises. Au fur et à mesure, Brianna avait pris confiance en elle et avait apprécié l’observation de nouvelles espèces dont celle tant espérée : les requins. Maxyne avait trouvé ces excursions intéressantes car elles sortaient de l’ordinaire dans le sens où la Bass s’offrait des descentes privées et orientées dans un but professionnel. Les deux plongeuses avaient nagé dans des spots magnifiques et approchés des animaux inattendus. Partageant une passion commune pour la moto, les deux jeunes femmes avaient également beaucoup sympathisé sur le bateau, d’où cette escapade surprise organisée par Brianna.

Maxyne quitta son appartement et rejoignit la soigneuse dans la berline. La rousse ne manquait pas de moyens et ne s’en cachait pas mais la nageuse ne jugeait absolument pas, d’autant qu’elle en profiterait aussi cette fois. Excitée, la jolie blonde s’installa rapidement à l’arrière de la voiture. « Salut Bri’ ! Non, je n’ai toujours pas deviné… Tu as tout bien organisé ! » Maxyne avait une petite idée mais comme elle n’était pas sûre alors elle préférait ne pas se mouiller. Brianna lui demanda ensuite si elle voulait garder la surprise jusqu’au bout. « Au moins jusqu’à l’aéroport… Je verrai bien la destination là-bas. » Ajouta-t-elle en souriant. Le chauffeur démarra et prit la direction de l’aéroport de Wellington. « Tu pars souvent comme ça pour aller rouler sur le circuit ? Ça avait l’air habituel pour toi. » En y songeant, Max n’avait pas cherché à savoir la raison pour laquelle Brianna était venue se perdre en Nouvelle-Zélande, si loin de l’Irlande qu’elle affectionnait tant ou de circuits dignes de ce nom. Un nouveau départ, peut-être. Après un court trajet, le taxi arriva enfin devant l’aéroport de Wellington. Les deux jeunes femmes récupérèrent leurs affaires et se dirigèrent dans le hall des départs. « Attention… Verdict ! » Lança Maxyne, en mode suspens.

A mille lieues du monde de Brianna, Maxyne croyait naïvement que la soigneuse avait réservé deux billets sur un vol commercial et qu’elle verrait la destination sur le tableau des départs. Pourtant, plusieurs indices lui démontraient que la pilote ne lésinait pas sur les moyens, à commencer par ses réservations pour des sessions de plongée privées, sa moto en modèle limité, sa possibilité de rouler sur circuit, la location d’une berline pour les emmener à l’aéroport. Tous ces signes ostentatoires de richesse auraient pu l’amener à cette conclusion mais Maxyne était bien trop emballée par cette surprise que pour relever tous ces détails. A la place, elle interrogea Brianna sur la fréquence de ses voyages. La jeune femme essayait de partir mensuellement et elle avait déjà roulé sur tous les circuits des grands prix moto. Impressionnée, la blonde ouvrit de grands yeux admiratifs. En comparaison, elle n’était qu’une conductrice du dimanche avec sa moto de citadine. Les virées entre potes, c’était sympa. Brianna venait d’un monde complètement différent. Pour plaire à sa famille, elle avait accepté d’exercer cette passion comme une professionnelle. Elle était devenue pilote et spécialisée dans la mécanique. « Wow ! Tu étais pilote pour une écurie ou tu participais à des courses pour ton propre compte ? » Brianna lui relata ensuite sa plus belle course. A côté, les requins croisés lors de l’une de leurs sorties en mer étaient bien moins dangereux que de rouler sur cette île. « Oui, bien sûr. Impressionnant ! C’est une course dangereuse, tu joues ta vie ! » Répondit-elle, en sifflant d’admiration. Une chose était certaine : Brianna n’avait pas froid aux yeux. Maxyne se demandait néanmoins comment ce parcours s’était arrêté en si bon chemin. « Mais du coup, comment passe-t-on de pilote professionnelle sur les circuits à soigneuse en Nouvelle-Zélande ? » Sa voix exprimait purement de l’interrogation. Que Brianna soit la papesse de la moto ou la nouvelle venue ici, la nageuse n’en avait cure. Elle voulait juste comprendre ce qui s’était passé entre ces deux vies bien différentes.

Lorsqu’elles arrivèrent à l’aéroport, Maxyne rentra avec empressement dans le hall des départs, désireuse d’enfin découvrir leur destination. Néanmoins, elle déchanta bien vite lorsque Brianna l’invita à la suivre. « Quoi ? Mais où vas-tu ? » Les deux jeunes femmes franchirent facilement les points de contrôle et se retrouvèrent dans la partie VIP de l’aéroport. Perplexe, la jolie blonde suivait sa copine en lançant des regards étonnés. La rousse l’emmena ensuite jusqu’à… un avion privé. C’était juste de la folie pure et dure. « Whaaaat ! Mais ta famille a créé Tesla ou quoi ? » Maxyne était sur les fesses. Apparemment, Brianna disposait d’une fortune sans limites dans laquelle elle brassait à tour de bras pour s’offrir tout ce dont elle désirait. Quand on songeait que la nageuse peinait déjà à boucler ses fins de mois, il y avait de quoi lui retourner la tête ou croire à un rêve sorti de nulle part. Elle en était presque mal à l’aise… car Brianna lui offrait tout ce qu’elle ne pourrait jamais vivre dans son quotidien. Et la blonde ne pourrait jamais le lui rendre. Pas à ce point. Il valait mieux en profiter à fond et éviter de se prendre la tête. « C’est sûr que pour une surprise… » Brianna lui souhaita la bienvenue dans son monde, puis elles montèrent toutes les deux dans l’avion. Max s’installa dans un des confortables sièges et se tourna ensuite vers la jolie rousse. « Nous n’y sommes pas encore mais je sens que tu vas me faire vivre un moment inoubliable. Je ne sais même pas quoi dire tellement c’est wow. Merci pour l’expérience. »

Brianna résuma son parcours dans le monde du pilotage. En dehors de cette course dangereuse, elle n’avait jamais couru en compétition. Sa précédente passion se tournait vers la danse classique et son désir n’avait finalement pas non plus été de devenir professionnelle en raison des exigences d’un sport à haut niveau. « Oui en effet, ça demande beaucoup de sacrifices. » Maxyne était bien placée pour le comprendre. Quand elle avait commencé à obtenir des résultats nationaux et qu’un entraineur l’avait repérée, sa famille s’était pliée en quatre pour lui offrir l’école de natation à Auckland. La fédération sportive avait ensuite pris une partie de ses frais en charge lorsqu’elle s’était déplacée en compétition internationale mais ses proches avaient aussi investi pas mal dans son avenir. Un avenir payant. Maxyne avait gagné des prix importants et avait même participé aux jeux à deux reprises avant de se blesser et d’être dans l’obligation de mettre un terme à sa carrière. Cette blessure avait été traumatisante et à la fois une deuxième chance. La nageuse s’était réorientée vers un travail qui la comblait davantage aujourd’hui et surtout elle avait retrouvé une vie normale. Si aujourd’hui, elle vivait à cent à l’heure, c’était en partie pour rattraper toutes les années de son adolescence et celles qui avaient suivi sa majorité où elle s’était astreinte à une vie saine, à l’hygiène parfaite et ponctuée de restrictions, comme l’avait si bien indiqué Brianna. « Oh tu faisais de la danse classique aussi. Tu as beaucoup d’autres talents dont tu ne m’as pas encore parlé ? » En revanche, lorsque la jeune femme lui expliqua qu’on ne se sentait vivant qu’en risquant sa vie, Maxyne ne partageait pas tout à fait cette opinion. L’adrénaline était certes un sentiment puissant et enivrant quand tout se passait bien. Mais quand la situation tournait mal, on ne pensait plus du tout pareil. « Ce n’est pas exactement ce que je ressentais après mon accident. Je ne me sentais plus vivante. » La blonde ne parlait pas souvent de cet événement. Un de ses ex jaloux et possessif conduisait une voiture lorsqu’une violente dispute avait éclaté entre eux. Il avait essayé de lever la main sur elle, elle avait riposté. Résultat : sortie de route violente, graves blessures pour tous les deux. Maxyne avait été dans l’obligation d’arrêter la compétition et de suivre de la rééducation pendant près d’un an. Elle en avait alors profité pour rentrer à Island Bay, retrouver sa famille et cohabiter avec son frère. Il lui avait fallu cette période de transition pour reprendre véritablement goût à la vie.

Max s’interrogea ensuite sur le parcours de Brianna. Comment passait-on de pilote en Europe à soigneuse en Nouvelle-Zélande ? Un des autres intérêts de la jeune femme concernait le monde marin et elle s’était détachée de sa famille pour devenir indépendante. Progressivement, du moins. Elle voulait utiliser sa fortune à des fins utiles pour la faune sous-marine, notamment à la protection des requins. Le raisonnement de la soigneuse prenait forme et Maxyne comprenait mieux l’orientation de leurs excursions privées. « C’est pas toujours facile de s’affranchir de sa famille. En tout cas, tu t’investis dans une belle cause. Comme les requins sont craints, leur protection est souvent reléguée au douzième plan dans l’esprit des gens. » En comparaison d’autres espèces plus populaires… « Qu’est-ce qui t’a attirée en Nouvelle-Zélande en particulier alors ? » Des spots de requins existaient partout dans le monde, en particulier au large d’île comme la Réunion dont certaines zones étaient interdites à la baignade. Brianna avait donc certainement choisi Island Bay pour des raisons complémentaires. Libre à elle de les partager ou non.

Dans l’avion, la riche héritière salua le personnel tandis que Max s’installait dans un des confortables sièges. L’hôtesse partie, Brianna expliqua ensuite où la fortune de sa famille trouvait son origine : l’immobilier en Australie. « Oui, je comprends. Tu as envie de réussir par toi-même. Ils t’ont mis beaucoup de pression dans tous les domaines qui t’intéressaient ? » La jolie blonde choisit un soda pour boire et regarda un instant par le hublot tandis que l’avion s’avançait vers la piste. Heureusement, Max ne paniquait pas en vol. L’avion décolla et Brianna reprit le fil de la discussion. « Non, je n’ai pas encore eu cette chance. » Il existait sûrement des coffrets cadeaux qui permettaient de faire des essais mais la nageuse ne s’était jamais posé la question. De toute façon, elle allait vivre l’expérience en mode vip aujourd’hui. Sa copine mettait les petits plats dans les grands, à commencer par quitter la Nouvelle-Zélande. « Tu ne veux toujours pas me dire où l’on va ? Au moins le continent ? » Maxyne étendit ses jambes et rigola à la dernière interrogation de la rousse. « J’ai été plonger avec des baleines à Kaikoura, nous n’en avons pas dans notre secteur. » Raconta-t-elle, les yeux brillants. « Sinon rien d’autre de cool. Je sors un peu tout le temps… Je viens de changer d’appartement et voilà… » La blonde retourna ensuite la question à la jeune femme. « Et toi alors ? Tu as pris un peu plus tes marques au centre animalier ? »

La danse était apparemment le choix de la mère de Brianna, pas une passion choisie par la jeune femme contrairement à la moto. Malgré toute la fortune dont elle disposait, la Bass ne semblait pas avoir vécu une histoire de famille facile comme quoi l’argent n’était pas spécialement synonyme le bonheur, même s’il contribuait bien sûr à vivre décemment quand on en avait. Lorsque Brianna avoua qu’elle ne se sentait en vie qu’en risquant la sienne, Maxyne ne partagea pas complètement son opinion à cause de son accident. Elle aussi aimait l’adrénaline, l’euphorie, les moments puissants… Cependant, elle ne considérait pas qu’il fallait vivre dangereusement pour se sentir en vie. Pour la nageuse, faire de la plongée, des virées en moto normales ou du saut à l’élastique revenaient à profiter de la vie et à se sentir bien vivante. Elle ne ressentait pas nécessairement le besoin de vivre la version la plus risquée de l’expérience en se confrontant par exemple aux requins à chaque plongée ou en roulant dans des courses dangereuses à moto. Max ne jugeait absolument pas Brianna, chacune avait son ressenti. Elle pensait juste différemment sur ce point. Comme la soigneuse le disait si bien, un accident changeait la vision des choses. « Oui, en effet, un accident de voiture. Mon ex était au volant, on s’est disputé et on a fait une embardée suivie de plusieurs tonneaux. On a été grièvement blessés tous les deux. » Expliqua-t-elle brièvement. « J’ai eu de la rééducation pendant un certain temps et c’était assez frustrant. Ça m’a vraiment poussée à aborder la vie d’une autre façon. Je profite toujours à fond mais je suis un peu moins tête brûlée. Je sais la chance que j’ai eue. » De s’en être sortie, de ne pas avoir pire, de ne pas avoir gardé de séquelles non plus. Malgré tout, Max ne vivait pas une vie rangée comme Brianna avait pu le constater, elle était juste un peu plus mesurée que sa copine, un peu moins fonceuse qu’avant. Elle pratiquait les activités sans en rechercher les côtés les plus dangereux. « Enfin, ce sont des choses qui arrivent. » Le but de la blonde n’était pas de plomber l’ambiance en ressassant le passé alors elle se reconcentra sur Brianna, désireuse de mieux la connaître aussi.

Ainsi, elle apprit que les relations entre la rousse et sa famille n’étaient pas au beau fixe. La jeune femme avait carrément fui la famille et était venue se poser en Nouvelle-Zélande puisque ses parents n’avaient pas d’investissement financier dans la région. Ils ne pourraient donc pas exercer une mauvaise influence sur elle. En revanche, Brianna n’était pas certaine de s’éterniser dans ce coin du globe. « Les histoires de famille, c’est souvent compliqué. D’autant plus quand ce sont des histoires de relève ou d’argent… Je comprends que tu aies voulu voler de tes propres ailes. » Max ne se permettait pas de trop commenter parce qu’elle ne connaissait pas toutes les raisons des tensions entre eux et ensuite parce qu’elle n’était pas encore une amie proche de Brianna. Les deux jeunes femmes avaient surtout partagé un lien professionnel pour l’instant et quelques bons moments de délire. La soigneuse lui détailla alors l’atmosphère dans laquelle elle avait grandi. Ses parents avaient voulu l’utiliser et elle était partie. « La petite dernière. Tu as des grands frères alors ? »

Les deux copines se reconcentrèrent ensuite sur le programme de la journée. Brianna continua de jouer les mystérieuses et Max arrêta d’essayer de deviner leur destination. « Eh bien… J’ai hâte de découvrir tout ça. » Elle s’installa confortablement dans son siège et dégusta sa boisson. La jeune femme raconta ses dernières péripéties et retourna ensuite la question à la soigneuse, qui déclara avoir pris ses marques dans le zoo et toujours éviter les autres la plupart du temps. Le milieu dont elle était issue ainsi que sa fortune généraient parfois des interrogations multiples et des jalousies. Bri ne cachait pas vraiment sa richesse, ce qui pouvait effectivement agacer des gens. Ils ne cherchaient pas forcément tous à la connaître. Max en avait eu l’occasion parce qu’elles s’étaient vues lors de plusieurs sessions de plongées et parce que la nageuse n’avait pas eu d’apriori sur la jeune femme. « C’est vrai que parfois les gens ont du mal à côtoyer des personnes qui viennent d’un milieu différent… Comme tu dis, l’important au fond, ce sont surtout les animaux dont tu t’occupes là-bas. » Brianna l’interrogea ensuite sur les bons plans pour sortir à Island Bay sans forcément passer par Wellington. « Oui, bien sûr. Tu as les bars du centre-ville à Island Bay, des boutiques, des endroits pour manger, la plage est animée aussi en été. Après, tu as plus à Wellington, tu trouveras le centre commercial, des bars aussi, des salles de jeux, des restaus sympas, des boîtes de nuit, une fête foraine même. Il y a de quoi faire la fête et s’amuser même si on n’est pas à Ibiza. »

Max esquissa un sourire en entendant la plaisanterie de Brianna à propos des dangers de la vie en couple. « Oui, comme tu vois, je menais une vie risquée avant. » La soigneuse n’était pas restée sur le carreau non plus en termes d’accident car elle avait détruit ses deux premières motos. Ces incidents avaient renforcé son goût du risque et repoussé ses limites jusqu’à la célèbre course à laquelle elle avait participé. « Oui, tu t’es sentie invincible. Nous vivons tous les conséquences d’un accident différemment. » Celui de la nageuse ne lui avait pas provoqué de traumatisme permanent. Il avait surtout mis en évidence une relation nocive qui avait failli lui coûter la vie, et cette même relation l’avait impactée au point qu’elle se protège de toute forme d’engagement durable depuis lors. De son côté, Brianna doutait de se calmer un jour à moins de se faire vraiment peur. « Oui. Parfois, on prend du recul avec les années mais je ne vais pas parler comme une vieille. »

Pendant le vol, Max apprenait à connaître sa nouvelle copine. Ainsi, elle découvrit les dessous de sa famille. Malgré tout l’argent dont les Bass disposaient, Brianna ne semblait pas heureuse de son entourage. La famille se déchirait entre des luttes de pouvoir, d’héritage et d’argent. En s’installant en Nouvelle-Zélande, la soigneuse avait essayé de s’échapper – temporairement – de leur influence. Outre ses parents, elle avait deux grands frères avec qui les relations étaient tout aussi tendues. A l’entendre, Brianna était prête à tirer une croix sur sa famille. « C’est compliqué quand rien ne va avec les proches… Mais il arrive qu’on soit mieux loin d’eux. » Max compatissait sincèrement même si elle ne voudrait échanger sa propre famille pour rien au monde. « Oui, j’ai un grand frère aussi. On est très proches. Il est juste parti vivre en Europe depuis deux ans alors ce n’est pas comme si on s’invitait tous les week-ends chez l’un ou l’autre. » Un nouveau sourire illumina le visage de la nageuse à l’évocation de Trey. Depuis toujours, les deux Oakley étaient fusionnels. Le divorce de leurs parents les avaient davantage soudé tout comme la période après l’accident de Max où elle était revenue à Island Bay et où elle avait habité avec lui.

Peu sociable dans son travail, Brianna préférait la compagnie des animaux dont elle s’occupait. Elle leur accordait plus de confiance qu’aux êtres humains. Max se rendait compte que son rapport aux autres ne paraissait pas toujours facile même si le courant passait bien entre les deux jeunes femmes. La Bass avait peut-être trop souvent rencontré de mauvaises personnes ou été déçue. « Tu as déjà un petit préféré  ? » La blonde s’intéressait sincèrement au travail de son élève puisque celui-ci était en rapport à la vie sous-marine. Le terrain de Max était par contre beaucoup mieux puisqu’elle partait directement au contact des animaux dans leur milieu naturel. Lorsque les deux copines évoquèrent ensuite les endroits susceptibles d’intéresser Brianna dans les environs d’Island Bay, la soigneuse confia ne pas être du genre à se la jouer spring break dans ses sorties. « Qu’est-ce que tu aimes faire ? » Demanda alors Max dans l’idée de mieux cibler ce qu’elle recherchait pour occuper son temps.

A l’instar de Brianna, Max finit par s’endormir après avoir admiré les nuages à travers le hublot. La nageuse se réveilla au moment de l’atterrissage et découvrit enfin leur destination : le Japon ! Ce n’était pas la première fois que la blonde venait en Asie puisqu’elle avait participé aux JO de Pékin et à d’autres grandes compétitions mais elle n’y avait pas remis les pieds depuis longtemps. Brianna lui avait réservé une belle surprise. « Oh wow ! Le circuit des motos gp, rien que ça ! » En passionnée, Max regardait régulièrement les courses moto et se souvenait bien du tracé du circuit Motegi. Il ne manquait pas de virages et de courbes qui requéraient de l’adresse de la part de pilotes aguerris. « Je ne sais vraiment pas quoi dire tellement c’est… Wow ! C’est vraiment génial ! » Emballée, Max suivit Brianna jusque dans la voiture qui les attendait. La soigneuse réalisait vraiment un rêve que la blonde n’aurait jamais cru pourvoir concrétiser un jour. Qui pouvait prétendre privatiser et rouler sur un circuit d’une ampleur mondiale ? Quelques rares privilégiés fortunés ou des proches d’un des pilotes. La somme dépensée équivalait au moins au salaire d’une vie entière d’une personne ordinaire. Max préférait ne pas y penser. Dans la voiture, Brianna l’informa alors de la durée du trajet et lui donna de nouveaux détails. « La vraie surprise ? Ce n’était pas le circuit la vraie surprise ? » La nageuse se demandait ce qui les attendait encore.

Brianna rectifia l’interprétation de Maxyne. Elle cherchait juste à se sentir vivante et à repousser ses limites rien de plus. Elle expliquait d’ailleurs qu’elle en profitait maintenant parce qu’elle n’avait rien à perdre, sous-entendant que sa vision serait susceptible d’évoluer si la situation changeait. La nageuse abonda dans son sens, c’était finalement une façon assez saine de penser. La Bass était une fonceuse mais une fonceuse réaliste. Durant le trajet en avion, les filles partagèrent leurs expériences de famille. Celle de Brianna passait le plus clair de son temps à s’entredéchirer, les frères et la sœur se voyaient d’ailleurs davantage comme des concurrents que comme les membres du même fratrie. « Oui, au final vous avez subi l’influence de votre famille entre vous aussi... » Maxyne constatait que la lutte de pouvoir et d’argent s’était étendue à la nouvelle génération, peut-être pas à la rousse qui cherchait justement son indépendance. « Ils ne peuvent pas te voir autrement que comme une rivale ? Surtout que reprendre l’affaire de famille ne semble pas t’intéresser. » L’argent nuisait aux relations humaines. Maxyne réalisa alors que ce n’était pas ses affaires et que Brianna n’avait peut-être pas envie de s’étaler sur le sujet alors elle s’appliqua à parler de son propre frère puisque la soigneuse lui avait retourné la question. Il n’y avait pas beaucoup à en dire non plus. Les deux Oakley partageaient une relation fusionnelle, qui s’était distendue à cause du déménagement de son frère à l’autre bout du monde. « Oui, il me manque beaucoup. Nous n’avons pas souvent l’occasion de nous voir. » Vu les moyens financiers limités de Max, ils ne se voyaient presque plus. Cependant, elle n’avait pas envie de rentrer dans ces détails.

A défaut de bien s’entendre avec ses frères ou de chercher à se lier d’amitié aux autres soigneurs du zoo, Brianna s’était prise d’affection pour une otarie. Elle appréciait le caractère compliqué de l’animal. « Je vois le genre oui. » La nageuse sourit en imaginant cette scène cocasse de la rousse en train de déjeuner en compagnie de Jack puis qu’il se tire sans prévenir. La riche héritière lui avait aussi demandé la liste des activités possibles à Island Bay et Maxyne lui en avait indiqué plusieurs, ne connaissant pas les centres d’intérêt de Brianna sur son temps libre. Toutefois, la jeune femme n’était ni une fêtarde ni une fan des sorties entre amis. Encore fallait-il qu’elle lie connaissance avec des gens du coin d’abord. Elle préférait la lecture ou les balades le long de la mer. « Il y a une belle promenade qui longe la plage. » Island Bay regorgeait aussi de beaux endroits plus orientés « nature ». « Et je t’invite à venir boire un verre aussi. » Dans un des bars sympas du centre-ville. Ça leur permettrait de se découvrir dans une autre atmosphère cool et détendue. Et c’était aussi la moindre des choses pour la remercier après la surprise énorme que Brianna lui avait organisé aujourd’hui.

Plus tard, lorsqu’elles roulaient en direction du circuit, la soigneuse lui expliqua que conduire sur piste représentait pour elle un bon moyen de se défouler tout en essayant d’améliorer ses performances. « Oui, j’imagine bien que c’est le genre de journée qui vide toute ton énergie. » Une certaine endurance était indispensable pour une telle activité physique. Il n’y avait qu’à voir comment les grands pilotes de la profession s’entrainaient à garder la forme pour leurs grands prix. « Tu envisages de participer à de nouvelles courses à l’avenir ? » Maxyne s’extasia en tout cas de leur destination, un circuit qui servait justement aux courses motos de classe mondiale. Cependant, pour Brianna qui était une habituée de la discipline, elle était plus impressionnée par celui de Suzuka qui accueillait la F1. Apparemment, elle y avait déjà roulé aussi. « Ça marche. Pour moi, ça sera quand même une expérience, peu importe le circuit. » Elles venaient de deux mondes complètement différents, ce n’était pas un secret, alors pas besoin de s’attarder là-dessus Brianna lui confia ensuite que la surprise qui les attendait était une moto particulière. On pouvait donc s’attendre à tout et surtout à une machine d’exception.

Le trajet jusqu’au circuit se déroula rapidement. Max n’était pas mécontente d’arriver. Entre les heures de vol et de la route en voiture, ses jambes s’étaient engourdies. Elle se massa légèrement les mollets au moment de sortir de la berline, puis elle admira l’endroit où Brianna l’emmena derrière les stands. Rien que d’entrer dans les coulisses du circuit s’avérait impressionnant et la blonde profitait de chaque minute. De l’autre côté, elle apercevait les tribunes habituellement réservées aux spectateurs ainsi que les zones presse. Dire que le circuit accueillait des courses de classe mondiale, que toutes les télés du monde se braquaient dessus chaque année… Juste vertigineux. La soigneuse l’entraina ensuite jusqu’aux motos qui les attendaient. La rouge qui lui appartenait et une noire juste à côté. Des motos digne d’une course. « Oh oui, prête. » Max n’avait certainement pas le niveau de sa copine sur un circuit mais elle ne rechignait pas à en découdre pour prendre son pied. La peur ne faisait pas exactement partie de son vocabulaire à moto. Une autre machine, bâchée, trônait dans le stand. La surprise de Bianna. Quand elle la dévoila enfin, Max se sentit défaillir. What, what, whaaaaaaaat… La jeune femme avait réussi à mettre la main sur la Yamaha qui avait servi pour le grand prix de l’année précédente et qui n’appartenait à nul autre qu’au plus grand nom des courses moto. « T’es pas sérieuse… Comment c’est possible ? » Si Brianna voulait lui causer une crise cardiaque avant d’aller rouler sur le circuit, ce serait bien sa vaine. « Et demain, tu m’emmènes voir Beyonce c’est ça ? » Cette boutade sous forme d’humour servait à masquer sa fébrilité. Max s’approcha et admira la machine, pas certaine que l’engin soit très approprié pour une amatrice comme elle. « Pfiooooouuuuuuu ! J’en reviens pas, j’ai l’impression que je suis dans un rêve, que quelqu’un va me pincer ou que je vais tomber du lit. Je vais bien finir par me réveiller. » A ce stade, Max était totalement dépassée, ce n’était juste pas croyable. Son regard sauta sur les deux autres motos avant de revenir sur celle-ci. « Mais ça veut dire qu’on va pouvoir l’essayer ? » Tout était possible avec Brianna, voilà ce qu’elle apprenait aujourd’hui. « Va falloir qu’on s’équipe. » La nageuse supposait qu’elle devrait enfiler un minimum de protection avant d’enfourcher une de ces belles machines.

Max avait bien compris que Brianna ne se posait pas en rivale dans sa famille puisqu’elle cherchait à obtenir son indépendance mais dans un sens, ses frères la jalousaient sinon il n’y aurait pas autant de tensions entre eux. La famille Bass ne semblait en tout cas pas des plus idéales malgré tout l’argent qu’elle possédait. Les membres de l’entourage de Brianna s’entredéchiraient tous pour de l’argent ou du pouvoir comme s’ils n’étaient pas déjà assez riches et puissants. Contrairement à la rousse, Max n’avait pas grandi dans une famille très aisée mais elle n’avait jamais manqué de rien et surtout pas de l’amour de ses proches. Quand ses parents avaient divorcé alors qu’elle était toujours une ado, la famille Oakley avait traversé des turbulences mais l’avion de leur séparation avait réussi à atterrir sans encombre et les deux parents étaient restés suffisamment soudés pour continuer à élever leurs deux enfants. Aujourd’hui, Max vivait mal la distance induite par le départ de son frère pour l’Europe, cependant les nouvelles technologies permettaient de maintenir facilement le contact comme l’indiquait très justement Brianna. « Oui, je n’ose même pas imaginer comment c’était avant. Nous avons la chance de vivre dans une génération où l’on peut voir et entendre la personne à peu près quand on veut. » Du temps des guerres et compagnie, ce devait être l’angoisse totale de ne pas avoir de nouvelles de ses proches pendant des semaines entières. L’époque actuelle avait tout de même ses bons côtés.

Durant le vol, les filles en profitèrent pour discuter de tout et de rien, et pour se reposer. Lorsqu’elles se retrouvèrent dans la voiture, Brianna lui dévoila leur destination, à savoir un circuit très connu au Japon. Et elles y arrivèrent après un long trajet de plusieurs heures. Quand elle descendit de la voiture, Max se laissa gagner par l’enthousiasme, elle avait envie de se dérouiller les jambes en plus de ne plus savoir où donner de la tête tellement la surprise lui paraissait incroyable. Comme une petite fille qui recevait son cadeau de Noël avant l’heure, la nageuse admira les lieux, la piste, les stands… Tout était une véritable découverte pour elle. Brianna l’emmena ensuite voir les fameuses motos tout en lui expliquant qu’elle ne comptait pas reprendre les courses prochainement. Elle appréciait simplement rouler pour elle-même et pour améliorer ses performances. Bien sûr, la soigneuse conseillait à Max de profiter de son côté et de ne pas chercher à se mettre la pression. « Je compte tester ce que la machine a dans le ventre… Mais oui, je ne flirterai certainement pas avec les mêmes vitesses que toi. » La blonde était une bonne pilote, elle maitrisait bien les motos qu’elle enfourchait, avait de bons réflexes et un bon sens de l’anticipation. Néanmoins, elle restait une conductrice de ville ou de longues virées à moto, elle n’avait aucune expérience dans les performances de course. Max profiterait donc au mieux de l’expérience sans devenir une folle alliée de la vitesse si elle ne maitrisait pas l’engin.

Un instant plus tard, elle découvrit les nouvelles surprises de Brianna entre une moto semblable à celle de la rousse pour rouler et enfin celle qui avait servi au grand prix l’année précédente. La soigneuse lui vendait du rêve, Max voulait se pincer pour voir si elle n’était pas endormie. L’héritière Bass lui raconta qu’elle avait intégré l’école de Rossi en Italie, que le pilote mondialement connu l’avait même aidée pendant sa formation. De fil en aiguille, connaissance oblige, il lui prêtait sa moto aujourd’hui. Max siffla de stupéfaction. « Eh ben ! Tu as vécu un truc exceptionnel, j’espère que tu le sais. » Brianna semblait lui partager cette histoire comme si tout le monde pouvait s’en targuer alors que non. C’était incroyable. Passé le moment de surprise, la blonde admira la moto de grand prix. La soigneuse l’invita ensuite à s’équiper dans un camion tandis qu’elle saluait l’équipe. Privilégiée, Brianna était déjà venue à maintes reprises et connaissait les techniciens et mécanos. Max partit se préparer et revint ensuite près des motos pendant que la soigneuse s’équipa à son tour.

Brianna la présenta ensuite aux ingénieurs et autres membres du personnel. Rarement intimidée, la blonde ne savait pourtant plus où donner de la tête. Rouler sur un circuit, avoir une équipe qui l’encadrerait, tous ces paramètres étaient nouveaux pour elle. « Oui, prête. » La soigneuse lui indiqua d’abord celui qui la guiderait durant les tours de piste. « Salut, moi c’est Max, enchantée. » Elle serra la main du « nounours » et adressa sourire en aparté à Brianna, qui lui décrivait le ressenti du monsieur. « On dirait que tu partages avec lui la même relation que tu as créé avec l’otarie Jack. » A savoir mi-figue, mi-raisin. Brianna lui désigna ensuite les mécanos et l’encouragea vivement à communiquer un maximum avec son « équipe » du jour pour s’améliorer. Néanmoins, Max n’avait rien d’une pilote professionnelle alors elle ferait de son mieux. « Salut tout le monde. » Elle se rapprocha d’eux tandis que la Bass partit parler à ses propres ingénieurs. Max lia connaissance avec son équipe et les informa honnêtement de son inexpérience. Elle se mettait un peu la pression mais ils la détendirent tout de suite. Après ce temps mort, il était temps pour les filles d’enfourcher leurs belles machines de course.