Where is my mind ?
when you try your best but you don't succeed
Me voilà à l'aéroport de Berlin, mes valises et mon billet en main, complètement tétanisée à l'idée de quitter cette ville où j'ai tout vécu.
J'y ai grandit, j'y ai sombré, je m'y sentais à la fois en danger et en sécurité.
Mais j'étais décidée à la quitter et à retrouver quelque chose de beaucoup plus familier et rassurant ; Iris.
Comment ai-je pu la quitter ? L'abandonner et la laissant à nos parents qui étaient, à défaut d'être pleins aux as, bien trop avares de sentiments et d'affection. Je me demande comment elle a pu succomber à tous ces monts et merveilles de cet univers mondain. Je n'ai peut-être pas hérité du gêne de la luxure après tout. Ce qui serait tout à fait normal vu que c'est Anja qui m'a tout appris. Elle était comme une mère pour moi, même si c'était seulement une de nos domestiques.
Je me rappelle, elle me préparait toujours des Strudel quand je rentrais l'école. Elle m'aidait à faire mes devoirs, jouer avec moi, me réprimander quand je faisais des bêtises. Elle me consolait quand j'étais triste parce que papa et maman étaient toujours de sortie, me laissant seule dans la maison. Elle me racontait des histoires, enfin surtout ma préférée ; Rapunzel. Elle a dû me la lire des millions et des millions de fois. Elle me répétait sans cesse que j'étais sa petite princesse et qu'un jour moi aussi je connaîtrais une fin heureuse.
Elle disait que j'étais déjà très éveillée pour une petite fille de mon âge, que mes parents devaient être fiers d'avoir une fille comme moi. Que c'était dommage de laisser filer une étoile.
Elle avait sans doute raison mais mes parents ne le voyaient pas de cet œil. Je ne sais pas si ils m'ont un jour aimer. J'étais comme mon prénom l'indique, une plante décorative, je devais faire briller le nom.
Mais ils n'étaient jamais présents où alors très peu. A Noël, au gala de charité où on me coiffait et tirait à quatre épingles pour faire jolie. Encore.
La seule chose qu'il ne m'ait jamais offert d'intéressant fût mon premier appareil photo. Je ne le quittait jamais. Chaque moment de ma vie était immortaliser à coup de flash. Je mitraillais tous les domestiques de la maison et surtout Anja qui en avait marre que je la prenne en photo. Elle se dépréciait tout le temps et préférait que je me prenne en photo.
Seulement Anja dû partir prématurément, elle m'avait dit qu'elle devait déménager pour se rapprocher de sa famille en Pologne. Mais je savais très bien que mes parents y étaient pour quelque chose.
Son départ m'a dévasté et je me sentais plus seule que jamais. Même les cadeaux que me parents me faisaient n'arrangeait rien. J'étais inconsolable. Pas faute de m'offrir des belles choses ;sac, montre, jouets de grandes marques et j'en passe. Toujours dans l'apparence et la valeur, je crois que la simplicité était un mot interdit chez nous.
Je continuais cela dit à prendre des photos, mais beaucoup plus tristes, plus sombres. A l'image de ma tristesse.
Mais arriva le jour le plus merveilleux qu'il soit. Mes parents m'offrit une petite soeur ; Iris. J'avais 8 ans. J'étais tellement émerveillée de voir cette jolie poupée. Elle était magnifique, si belle, si innocente. Ce n'était qu'un bébé et je l'aimais déjà. J'aurais pu être jalouse mais je perçu sa naissance comme un cadeau. Je venais de devenir grande soeur. Et je me rappelle m'être promis de la protéger de tout et n'importe quoi et de l'aimer de toutes mes forces quoiqu'il puisse arriver. Je ne voulais pas qu'elle manque d'attention et d'affection comme j'avais pu en manquer. Je ne voulais pas qu'elle devienne comme moi ; une plante décorative Von Dust. Déjà que je pensais qu'elle était un cadeau je n'avais pas envie que mes parents la voient comme un objet aussi. Même si à l'époque je pensais que c'était le cas.
Seulement les années passaient et Iris s’intéressait au monde mondain. J'étais un peu déçue que mes parents aient réussit leur coup avec elle. Mais bon, tant qu'elle était heureuse. Je m'assurais qu'au niveau de l'affect elle ne manque de rien. Je la trainais tout le temps avec moi, je lui racontais des histoires, lui expliquer ce que Anja m'avait appris. Même si elle avait l'air imperméable à ce que je lui disais mais bon, c'était une petite fille.
Mon Dieu, je suis dans un aéroport et me voilà en train de parler de mon passé. Une larme coula le long de ma joue. J'étais dans un sens nostalgique. J'étais présente pour elle, plus maintenant. Mais ça allait revenir. Je me dirigea sur le tarmac pour prendre mon avion. Ca y est c'est le moment de partir. Je pensais à ce que je laissais derrière moi, mon passé, Vincent.
Vincent Teufel, l'homme de ma vie peut-être qui sait. Enfin, après notre conversation de la veille je me demande si il m'aime vraiment. Avec un peu de recul, il me considérait peut-être comme un objet. Ou peut-être pas.
Je me rappelle quand je l'ai rencontré. Je devais fêter mon 20ème anniversaire avec Iris. Mais comme de bien entendu les parents n'étaient pas d'accord, enfin surtout mon père. Chef d'entreprise même au sein de sa famille, un vrai maniaque du contrôle.
Ca je l'avais bien compris et très jeune en plus. C'est pour ça que je m'étais rebellée à ma période adolescente. J'avais toujours la remarque qui tue. Toujours pour le contredire et pour lui faire comprendre que j'avais saisi son manège, ses manipulations, et qu'il ne réussirait jamais à m'avoir à moi.
Je pense qu'à force d'avoir fait la une des journaux aux bras de ces adversaires, il était obligé de m'enlever ma précieuse soeur.
J'étais dans un bar, un peu pommée, un peu bourrée à force d'enchaîner les Martinis Dry. Quand soudain un homme assis juste à ma droite m’offrit un autre verre. C'était Vincent. Je n'avais jamais vu un aussi bel homme. A la fois très classe tout en restant très simple. Pas de costume trois pièces, pour une fois. Il était beau, mystérieux. Nous parlâmes pendant des heures et des heures. J'étais complètement tombée amoureuse. Il me remonta le moral et nous partîmes dans sa chambre d'hôtel. Je perdis ma virginité le jour de mon 20ème anniversaire. Mais, j'avais, pour la première fois de ma vie un petit ami. Une personne qui me comprenait. On ne se quittait que très rarement. Il me fit prendre mon premier rails de coke. J'étais déjà camée rien qu'en le regardant. La coke ne faisait qu'accentuer mes sentiments et le fait que je planais totalement avec lui. Je me sentais vivre et exister pour quelqu'un.
Il me fit connaître des quartiers sombres de Berlin. Il me faisait aimer le goût du risque. J'étais dépendante de lui, de la drogue, de la vie.
Un soir je rentra à la maison Von Dust, complètement allumée et je surpris mes parents dans le grand bureau en train de parler. Je me cacha derrière la grande bibliothèque juste à côté de la porte qui menait au grand bureau.
Je ne sais pas si c'est la drogue mais j'avais l'impression d'être directement à côté d'eux. Je les entendais parler de moi, d'Iris. C'est ce soir là, le 10 mars 2005 que j'appris que j'étais la tâche noire du tableau de famille.
La honte de la famille, une vulgaire junkie selon mon père. Mon sang ne fit qu'un tour et je débarqua dans le grand bureau.
Je me rappelle avoir hurlé de toutes mes forces à quel point je les détestait. Que je les détestait dés que j'ai eu l'âge de comprendre que je n'étais qu'un pantin pour eux. Qu'ils m'avaient fabriqué une petite soeur parce que je ne voulais pas de leurs cadeaux de bourges.
C'est là que mon père me regarda, me fixa dans les yeux, me dévisagea et me dit qu'il n'avait pas plus grande honte que d'être mon père. Iris était loin d'être un cadeau pour me combler. Il était tellement déçu et ma mère également, qu'il était hors de question de voir le nom Von Dust couler avec une progéniture aussi minable. Qu'il valait avoir un autre enfant que moi. C'est pour ça qu'Iris est né. Pour qu'ils puissent enfin connaître le sentiment de fierté.
Ils me demandèrent de quitter le grand bureau et d'avoir vider les lieux au petit matin. Ils me stipulèrent que je n'étais plus leur enfant, que je n'étais plus sur le testament. Qu'à leurs yeux, je n'étais plus rien à part un déchet de la société. Et, aussi et surtout ils me demandèrent de ne plus jamais rentrer en contact avec eux et encore moins avec Iris. Qu'il était hors de questions que ma soeur suive mes traces. Et que si jamais j'osais faire quoique ce soit, ils feraient ce qu'il faut pour que je sois rayer définitivement de la surface de la terre.
Je n'avais jamais vu mon père parler ainsi. Je m'effondra lamentablement sur le sol. Je les supplia de ne pas me faire ça, que je quitterais les lieux mais que je ne pourrais me passer de ma soeur. Ils me dévisagèrent de nouveau et s'en allèrent se coucher.
Je me rappelle avoir pleurer toute la nuit et ne pas avoir fermer l'oeil. Comment allais-je faire sans Iris ? Elle était ma protégée, elle était tout pour moi.
Je ne me faisais pas vraiment de soucis à mon sujet puisque j'avais Vincent à qui je raconta ce mélodrame familial. Il me promit d'être présent et de s'occuper de moi.
Le lendemain matin, mes baluchons en main je croisa Iris et les parents dans le salon. Ils étaient en train de la congratuler pour son stage. J'étais tellement fière d'elle. Elle se dirigea vers moi le sourire aux lèvres voulant m'embrasser pour fêter la nouvelle. Et Dieu sait que ses élans de gentillesse étaient rares mais m'étaient toujours destinés.
Je pris son acolade mais ne lui rendit pas. Je le regarda dans les yeux et lui dit "
Félicitations petite soeur. Je pars, je pars pour longtemps. Je pars pour toujours. "
Me voilà dans l'avion, et rien que de penser à ses adieux avec Iris me fila une boule au ventre, je partis me repoudrer le nez. Je préfère planer mille fois que de sentir cette douleur atroce au coeur.
Je préfère ne pas me rappeler de la totalité de cette conversation trop déchirante.
C'est ainsi que commença mon ascension dans le monde impétueux de la drogue. Vincent à mes côtés. Il m'apprenait tout ce qu'il savait sur les drogues, des plus douces au plus dures. On ne prenait que des dures ; cocaïne, LSD, éther, mescaline...
On avait mis en place un vrai marché, il s'occupait de tout. Moi je le regardais et je le contemplais, il était tellement beau mais plus le temps passait et moins j'avais l'impression de lui plaire. J'étais affreuse, un vrai squelette cerné. J'essayais tout de même de me rendre utile, je refilais les commandes aux clients, je gardais l'appartement en son absence tel un chien de garde. Un vrai caniche pour dire vrai. Mais je ne voulais pas décevoir Vincent, il était mon tout. Même si il lui arrivait d'être rochon et de me molester de temps à autre. C'était mon amour.
Et un jour, alors que je gardais l'appartement, les flics débarquèrent. J'étais aveuglée par la lumière de leur lampe torche. Ils me demandèrent de me mettre face contre terre. Je me plia à leur demande. Ils hurlaient et me demandaient avec qui je vivais. Qui était le fournisseur. Je ne savais pas quoi faire. Mais j'aimais tellement Vincent. Je leur avoua que j'étais la passeuse, et ils m'embarquèrent, les mains menotées. Et je passa 5 ans de ma vie en prison, à Stadelheim. 5 années affreuses. Je n'avais plus rien. Plus d'âme. J'avais reçu un courrier de Vincent qui me remerciait de mon sacrifice mais qu'il ne pourrait pas venir me voir. Trop dangereux. Je comptais les jours, les années. Je baisais pour oublier. Pour avoir ma dose. La vie en prison est simple, une partie de jambe en l'air avec un gardien et j'avais tout ce que je voulais. Ma dope, la seule chose qui me faisait tenir. Je ne parlais à personne. Je ne me regardais même plus dans un miroir. Même ma colocataire, Maria, ne me parlait pas. Je n'étais rien. Je ne voulais rien être. Je ne dissociais plus les choses de leur réalité. En même temps j'étais déjà trop défoncée pour différencier Maria de la cuvette des chiottes.
Et à 8 mois de ma libération alors que je regardais la télévision dans la grande salle de jeu mon passé refit surface. Je zappais les chaînes en espérant ne pas y voir Vincent mort, c'était un peu ma roue de la fortune version réelle. Et là je vis la tête de quelqu'un qui m'étais familier ; Iris Von Dust, rédactrice en chef du magazine Vogue NZ. Waw, j'en était tombée de ma chaise, un peu comme maintenant dans mon fauteuil seconde classe du vol qui me rapprochait d'elle.
Je me rappelle avoir eu l'impression de faire une crise cardiaque. Et j'ai eu un déclic. Je ne savais si c'était la drogue ou quoi, mais je voulais la revoir. Même Maria avec qui je commençais de parler me supplia de la retrouver. Que mes parents ne pourraient pas faire pire que de me remettre en prison. Que j'étais déjà morte sans leur aide. Elle parlait beaucoup de façon imagée cette Maria. En même temps, elle était condamnée à perpétuité pour avoir tuer son mari.
Les jours passèrent. Les semaines. Les mois. Et si les parents faisaient quelque chose ? Et si Iris ne voulait pas me voir. Je l'ai abandonnée. Mais je me rappela alors de la promesse que je m'étais faite, celle de l'aimer et de la protéger quoiqu'il puisse arriver.
C'est comme ça que je décida de reprendre les rennes de ma vie. Je sortis de prison le 6 mars 2016. Je pris un job, un appart, je passais ma vie à éplucher les journaux qui parlait d'Iris. Il n'y avait que ça.
J'avais réduis mes 9 traces de coke à seulement 4 par jour. C'était pas grand chose mais déjà un bon début.
Et hier donc le 8 avril, alors que j'avais fini mon boulot à l'avance, qui était devant chez moi ? Vincent.
Je ne sais pas si c'est les effets de la drogue mais j'étais contente de le voir. Enfin à la fois contente et à la fois défoncée en fait.
Je le regardais, le regard dans le vide, j'étais en pleine montée. Il me fixa, ria et me prit dans ses bras. Il me dit qu'il avait enfin réussit à me retrouver et que je pouvais quitter mon poste de serveuse minable. C'était plus la peine de faire semblant de jouer les innocentes. Stadelheim était loin derrière c'est bon.
Je le regarda, les larmes aux yeux et lui demanda de partir sur le champs. Il était complètement interloquée, il m'attrapa par le bras me demandant qu'est ce qu'il m'arrivait. Je lui expliqua alors, la gorge pleine de sanglots que j'avais décidée d'arrêter tout ça. Que je voulais renouer avec ma soeur.
Il me repoussa, me jeta un sachet de coke au visage. Il me fit la morale. Que je n'avais pas besoin de me créer une lubie, que nous aussi on pourrait avoir autant d'argent que ma crétine de soeur. Qu'elle me rejetterai de toute façon. Qu'il était le seul à m'aimer.
Après avoir entendue le mot crétine pour qualifier ma soeur, je pris le sachet de coke et alla me barricader chez moi. Il me suivit et cogna contre la porte en disant qu'il n'en avait pas terminer avec moi. Que nous étions fait pour finir ensemble. Qu'il était désolée d'avoir été aussi brutal mais qu'au fond il fallait que j'avoue qu'il avait raison. Je ne fis aucunes remarques. Il cogna une dernière fois la porte et partis.
Je sanglotais comme une lycéenne mais je me demandais si il n'avait peut-être pas raison. En même temps, je n'ai toujours eu que lui. Non j'avais Iris, mais je l'ai lâchement abandonné. J'étais tellement perdue dans mes pensée. A deux doigts d'ouvrir et de courir après Vincent. Mais non, il faut retrouver Iris. Etant en plein litige avec moi même, je pris la totalité du sachet que Vincent m'avait jeté au visage.
Et voilà mon passé derrière moi, le vol terminé. La tête et le coeur retourné. Il est long le chemin de la rédemption. Et ce n'est que le début.
18694 Kilomètres parcouru en avion, me voilà en Nouvelle Zélande, plus déterminée que jamais à retrouver ma petite soeur, mon petit ange. Iris.