C'est juste une avance, pas de quoi en faire un drame ! [ft. Robin]

**○ inscrit le** : 25/11/2020

Lendemain de fête... ou presque... Que s'était-il passé la veille ? Noah en avait quelques brides de souvenir mais il ne pouvait pas en être tout à fait certain. Il était sorti dans une boite de nuit, avait monnayé son entrée à prix réduit avec le videur, histoire de ne pas se ruiner plus qu'il ne l'était déjà. Il vivait des quelques royalties minables qu'il percevait suite à ses tournages et ses vieux contrats. Des publicités, pour la plupart. Il fallait tout recommencer, maintenant. Et sa mauvaise réputation dans le milieu, même si elle semblait s'être effacée légèrement, faisait encore le tour des producteurs et des réalisateurs. Ce ne serait pas demain la veille qu'il trouverait un vrai boulot. En attendant, il ne baissait pas les bras, il enchaînait les castings. Peut-être qu'il finirait bien par décrocher un contrat ? Pour palier à l'ennui, il se divertissait donc, en boite de nuit. Au programme : du fun, de l'alcool et des filles. Jouer les pique-assiettes, il savait y faire. Il ne fut pas très long pour repérer un groupe et jouer l'incruste. Il pouvait se faire aimable et courtois quand il y avait un intérêt derrière. A force de flagorneries et d'alcool, il s'était immiscé dans cette bande de potes comme si c'était la sienne depuis des années. Trois ou quatre bouteilles de gin plus tard, ce fut le moment de dire au revoir. Et Noah était rentré chez lui. C'est tout ? Hum... non pas tout à fait. Il ouvrit un oeil, et grimaça devant la lumière.

Il se redressa dans son lit, et se rendit compte de la présence de deux jeunes femmes, paisiblement endormies. Coup d'oeil à gauche, coup d'oeil à droite, un sourire passa sur son visage. Il ne gardait pas beaucoup de souvenir de cette nuit de rêve, mais si on retirait ce mal de crâne, il n'en était pas mécontent. Il s'extirpa du lit, dans le plus simple appareil et s'étira. Bon... il allait peut-être attendre un tout petit peu avant de congédier ses muses, non ? Il se rendit dans sa salle de bain, sans porte pour soulager sa vessie. En se voyant dans le miroir, il constata qu'il avait vraiment une tête à faire peur. Il tira la chasse d'eau, se rinça rapidement le visage et revint dans sa piaule, qui était un peu tout à la fois vu qu'il s'agissait d'un studio. Il commença à récupérer les affaires des demoiselles dispersées un peu partout. Il en fit de même avec les siennes, sauf qu'au lieu de les mettre en tas par terre, il les plaça dans sa panière de linge sale. Il irait faire sa lessive chez sa mère... au moins comme ça, pas besoin de payer la laverie. Et puis ça serait l'occasion de lui dire bonjour, de lui demander comme elle allait et de plaider en sa faveur pour qu'elle l'aide un peu. Il utilisait pas mal de stratagèmes pour se faire aider dans cette mauvaise passe. Sa méthode préférée ? Mettre l'adresse de sa mère sur ses factures pour qu'elle les ouvre par inadvertance, en constate le montant et les paie pour lui. Gonflé ? Totalement ! Mais ce n'était que temporaire. Il allait bientôt retrouver du travail et pouvoir payer tout cela lui-même. Il lui rembourserait... Et ça c'était vrai, question de fierté, il payait toujours ses dettes.

Il vint se placer du côté du clic-clac le plus proche et le souleva sans ménagement, pour faire rouler ses deux conquêtes au sol. Voilà une méthode douce pour les réveiller. Alors qu'elles reprenaient leurs esprits, il plia le clic-clac et leur dit, peu aimable :

- Allez, allez les morues ! On se lève et on se rhabille ! C'était bien sympa mais c'est pas un hôtel ici ! Rhabillez-vous et foutez-moi le camp, plus vite que ça...

Elles étaient trop ravagées par leur cuite et leur réveil en fanfare pour réagir. De toute façon Noah n'avait pas que ça à faire. Il enfila un boxer propre et un pantalon. Et constatant que ses deux invitées traînaient la patte, il soupira et se massa le front. Il avait une migraine pas possible, ça l'énervait qu'elles lui fassent perdre du temps. Oh et puis, elles finiraient de s'habiller sur le pallier... tant pis pour elles ! Il ramassa le reste de leurs fringues, leurs chaussures et les jeta dans leur bras. Il s'approcha de la porte et l'ouvrit en grand. Quelle ne fut pas sa surprise quand il tomba sur le visage de Robin ! Sa sœur aînée s'apprêtait à sonner ! Il resta surpris, alors qu'il tenait dans chaque main, le bras de ses deux conquêtes partiellement dénudées.

- Oh ? Robin... je m'attendais pas à te voir... tu parles d'une "charmante" surprise...

La fin de sa phrase était ironique. Il se reprit, poussa les deux femmes dehors et invita sa sœur à entrer. Il allait refermer la porte lorsqu'il vit qu'un string traînait encore. Il le ramassa, le jeta au visage d'une de ses deux amantes et claqua la porte. Il posa son regard sur Robin et maugréa :

- A débarquer à l'improviste, t'aurais pu faire l'effort de m'amener le petit-déjeuner...

Jetant un oeil sur sa montre, et constatant qu'en fait il était midi, il se corrigea :

- Ou le dîner... On t'a jamais dit d'appeler avant de venir ? Ca s'appelle la politesse je crois...

Elle connaissait son frère, bourru et pas franchement agréable en temps normal. Aujourd'hui, c'était assez particulier, parce qu'il avait la gueule de bois. Il se massa le crâne et demanda, un peu moins abrupt :

- Bon... comment tu vas ?

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Fredo, you're my older brother, and I love you. But don't ever take sides with anyone against the Family again. Ever.

Toujours le même train-train ; perdue dans ses pensées, Robin songeait qu’elle prendrait bien quelques vacances, que cumuler trois jobs faisait d’elle une femme moderne mais qu’à force, c’était surtout épuisant. Et un peu lassant aussi. Alors que ses trois activités étaient pourtant très différentes les unes des autres : la journée elle la passait en compagnie de ses lampes à UV, ses pinceaux et son citrate d’ammonium tandis que la soirée, elle la passait à venir en aide aux personnes endeuillées. Et puis, de temps à autres, il lui arrivait de prendre des risques en allant donner un coup de main à la police. De loin le plus gratifiant. Et malgré ça, c’était devenu une routine. Ce qui fait que pour changer un peu, la jeune femme décida d’aller passer sa pause déjeuner en compagnie de sa mère – un peu on a dit, bien que ça soit déjà pas mal en ce qui la concerne étant donné qu’elle avait pour habitude de sauter le repas de midi pour continuer à bosser. Sauf qu’une fois arrivée à la maison, elle s’ennuyait déjà. Bien sûr, c’était chouette de le voir, de prendre de ses nouvelles mais elle avait besoin de s’occuper. En lui faisant sa vaisselle, par exemple ou encore en allant chercher son courrier. Et comme elles n’avaient pratiquement aucun secret l’une pour l’autre, il n’était pas étonnant de voir Robin ouvrir ses lettres de temps à autre. Dont une qui était en fait adressée à son frère, Noah. Bien que ça soit le nom de leur mère sur l’enveloppe. Etrange mais en voyant le nom de son frère, elle n’alla pas plus loin, la replia et songea qu’elle irait bien la lui déposer. Ça serait l’occasion de prendre de ses nouvelles, aussi.

A peine arrivée, la voilà déjà repartie, donc. Après s’être toutefois assurée qu’elle avait mémorisé la bonne adresse. C’est que Robin ne s’amusait pas à rendre visite à son petit frère tous les jours ; depuis qu’ils ne vivaient plus sous le même toit – ce qui remontait à longtemps, maintenant -, ils avaient leur vie chacun de leur côté. Diamétralement opposées comme il en avait toujours été. Mais la médium ne se permettait pas de juger, encore moins depuis qu’elle avait réalisé qu’il n’était jamais que son frère, pas son fils et que, par conséquent, ça ne la regardait pas.

Lettre en main, Robin retira les écouteurs de ses oreilles et s’apprêtait à sonner à sa porte lorsque celle-ci s’ouvrit pour laisser Noah apparaître. Accompagné de deux nanas ayant l’air de sortir tout droit d’une benne à ordures. Elle ne sourcilla même pas tandis qu’il les virait comme des malpropres. Ça ne la surprenait guère à vrai dire, du Noah tout craché.
« Hé ! »
Petit sourire de circonstance tandis qu’il s’effaçait pour la laisser entrer, ce à quoi elle ne pouvait même pas s’attendre car on ne pouvait jamais prévoir avec lui. Vinrent ensuite les remarques habituelles, celles qui lui faisaient se demander ce qu’elle fichait là, vraiment.
« Haha, je constate surtout que tu es toujours d’aussi bonne humeur le « matin », certaines choses ne changent jamais. »
S’il pouvait se montrer sarcastique, elle aussi. Mais elle n’était pas là pour se disputer.
« Super bien et toi ? »
Quand bien même ça serait tout l’inverse, ça ne serait pas avec lui qu’elle pourrait en discuter ; son frère n’était pas du genre à écouter ni à consoler, il ne voyait jamais que sa petite personne, c’est ainsi. Sans prendre la peine d’ôter sa veste ou de poser son sac quelque part, elle resta dans l’entrée et lui tendit la lettre.
« Tiens, j’ai trouvé ça ce matin dans le courrier de maman. Je me suis dit qu’il valait mieux que tu la récupères assez vite. Oh, et puis désolée de l’avoir ouverte mais comme elle était adressée à maman… »
Inutile de se répandre en excuses, elle ne l’avait même pas lue.@Noah Wade

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**○ inscrit le** : 25/11/2020

Robin le connaissait depuis qu'il était petit. Noah n'avait JAMAIS été du matin. En général, tant qu'il n'avait pas son lait chocolaté et ses céréales, il était absolument infect, ronchon, désagréable, bref, peu recommandable et infréquentable. Encore plus quand il ne se sentait pas en forme. On n'aurait pas pu faire pire malade. Même avec une grippe, il était capable de dire des choses horribles, sans les regretter. Le jeune acteur possédait son petit caractère et il était trop tard pour qu'il en change, de toute façon. En tout cas, son aînée adopta la bonne attitude, puisqu'elle usa à son tour du sarcasme. La chose la plus logique à faire, puisqu'il avait toujours un gros problème avec l'autorité. Au moins, ça évitait de jeter de l'huile sur le feu. Il se radoucit un peu, ce qui ne signifiait jamais grand chose, mais apportait au moins une note positive à l'ambiance globale. Constatant qu'elle ne bougeait pas et restait dans l'entrée, il fronça les sourcils. Elle ne s'imposait pas, elle semblait vouloir partir. C'était ce qu'il voulait, au départ, sauf que son esprit de contradiction entra immédiatement en action. Peu amène, il lui lança :

- Bon, alors, qu'est-ce tu fous ? Pose tes affaires et viens t'asseoir, puisque t'es là !

Changer son fusil d'épaule de la sorte, sans se parjurer, ça nécessitait une certaine expérience de la mauvaise foi. Il en débordait ! Par réflexe, il récupéra le courrier que lui tendit sa soeur aînée. Pas besoin de l'ouvrir, il savait ce qu'elle contenait. Et comme Robin lui expliquait ne pas l'avoir lue, ça voulait dire qu'elle ne savait pas ce qu'elle contenait. Il la lui remit dans les mains en expliquant :

- Tu peux la rapporter à maman. Elle saura quoi faire ! C'est une facture que je vais avoir du mal à payer pour l'instant. Elle s'en chargera pour moi !

Sans plus d'explication et comme si c'était absolument normal (ça l'était pour lui), il se dirigea vers la kitchenette. Il activa la cafetière et du temps qu'elle préchauffait, il sortit son chocolat en poudre, du lait et un bol de céréales. C'était bourré de sucres et absolument écœurant, sauf pour les gosses... et lui. Il ne s'était pas éternisé sur le sujet de la facture :

- Tu prends toujours un café ? Bon en même temps, c'est pas comme si t'avais le choix, j'ai ça ou du chocolat. Sauf que du chocolat, je n'en ai presque plus, donc, c'est niet. Fallait prévenir que tu passerais...

Charmant... vraiment. Au moins les choses étaient dites ! Et de façon très claire ! Il récupéra un cachet d'aspirine qu'il laissa se dissoudre dans l'eau.

- Moi je fais aller... à la recherche d'un casting... comme d'habitude... J'ai eu quelques propositions, mais elles ne sont pas à la hauteur. Tu me vois jouer dans une publicité dédiée aux personnes âgées ? Où le scénario c'est de les aider à traverser la rue et dire à la fin : "Toujours là pour tendre la main" ? Ma main dans ta gueule, tu la veux maintenant ou à la retraite ? Sérieusement... c'est d'une niaiserie !

Il sortit deux verres et du jus d'orange, qu'il verse équitablement dedans. Puis, tout à son ouvrage et à sa confidence, il poursuivit :

- J'ai postulé pour un appel à casting la semaine dernière. Ce serait pour incarner un personnage dans une série policière. Pas un rôle récurrent mais régulier. Ce serait toujours mieux que ces daubes commerciales... Et avec cet argent, je pourrais rembourser maman. Dis-moi, t'aurais pas changé un truc à tes cheveux toi ? Parce que là, c'est vraiment pas terrible...

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Le moins que l’on puisse dire, c’est que Noah avait un talent certain pour ne pas vous faire sentir le bienvenu dès que vous vous trouviez en sa présence. Robin ne savait toujours pas s’il le faisait exprès ou bien s’il était juste comme ça, raison pour laquelle elle restait dans l’entrée sans bouger, sans même prendre la peine d’ôter son trench. Ce qui sembla le pousser à l’inviter à se poser quelques minutes. Je vous jure que vivre avec une diva n’a rien d’évident, sans compter qu’il faut avoir une patience à toute épreuve. Elle se vit ensuite remettre la lettre qu’elle était venue apporter entre les mains – comme si elle était la factrice de la famille -, avec pour toute explication qu’il s’agissait d’une facture que leur mère payerait à sa place. Si la jeune femme arqua un sourcil, elle ne releva cependant pas, sachant pertinemment que ce n’est jamais, mais alors jamais une bonne idée de se mêler des histoires d’argent des autres.
« Okay. »
Elle eut quand même envie de demander si leur mère était au moins au courant mais en arriva toute seule à la conclusion qu’ils avaient dû trouver un arrangement tous les deux et ne fit donc pas montre d’une curiosité déplacée. Puis, si ça la tentait pas mal de sortir une petite réflexion quant au fait qu’elle ne travaillait pas pour la porte, elle se ravisa bien vite, songeant que si son frère faisait des efforts, elle pouvait bien en faire aussi et finit par enlever son trench, poser son sac et s’asseoir.

Avec toute l’amabilité qu’on lui connaît, Noah lui proposa un café. Laissant entendre que c’était soit ça, soit rien puisqu’il n’était pas question qu’il partage ce qui lui restait de chocolat avec elle. Pas nécessaire, vraiment. Mais Robin en avait l’habitude ; vingt-sept ans qu’elle le côtoyait, ça ne lui faisait presque plus rien, à force.
« Un café, ça ira très bien. »
Puis elle l’écouta lui raconter comment lui allait pendant qu’il préparait ce qui ressemblait vaguement à un petit-déjeuner. La simple idée qu’il puisse jouer dans une publicité où il fallait faire mine d’aider les personnes âgées la fit sourire. Non, effectivement, ça ne collait pas. Mais n’était-il pas un grand acteur ? Parce qu’alors, peu importe, ce n’était jamais qu’un rôle qu’il pourrait quitter à la seconde où le réalisateur aurait crié « coupez ! ».
« J’ai du mal à l’imaginer, oui, mais faut voir l’occasion si elle se présente. Des tas d’acteurs ont commencé comme ça. »
Sauf qu’ils avaient quelque chose comme dix ans. Enfin bref, il n’était pas question de lui rappeler que le temps passait. D’autant que d’autres acteurs avaient également connu la gloire sur la tard, ça ne voulait donc rien dire.
« Oh, ça c’est cool. Je connais des gens dans la police. Ils pourraient peut-être te donner des tuyaux pour mieux entrer dans le rôle si jamais. »
Puis elle avait de quoi faire entre le commissaire qui s’arrangeait toujours pour la faire intervenir sur des affaires irrésolues et Jackson, l’agent qu’elle en venait parfois à voir comme son partenaire attitré alors qu’il n’en était pourtant rien mais avec qui elle aimait bien bosser parce que c’était le seul qui ne la prenait pas pour la dernière des cinglées, ça pourrait lui être utile.@Noah Wade

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Noah gromella dans sa barbe bien taillée. Non, il n'approuvait pas l'idée de faire cette publicité pour personnes âgées. Mais il ne voulait pas reconnaitre que Robin avait raison. Toute offre était bonne à prendre dans son cas. Il ne pouvait guère se permettre de refuser grand chose, au risque de tuer définitivement sa carrière en ayant la réputation d'un caractériel, ce qu'il était pourtant, au demeurant. Il y songerait, mais franchement, ça se voyait sur sa tête que l'idée ne l'emballait pas du tout. Il écouta Robin poursuivre, en évitant soigneusement de parle de sa coiffure. Avait-il mis le doigt sur un truc blessant ? Peut-être. Enfin, il n'allait quand même pas lui dire que ses cheveux étaient magnifiques alors que ce n'était pas le cas ! Il n'était pas un faux-cul... sauf s'il y avait de l'argent à la clé. Il haussa un sourcil alors qu'elle semblait lui proposer son aide. Vraiment ? Pourquoi donc ? Qu'est-ce qu'elle avait à y gagner derrière ? Oui, parce que dans son esprit, la charité pure n'existait pas. Il y avait forcément la volonté d'obtenir quelque chose en retour : de l'argent, une place au paradis, bref quelque chose. L'acte désintéressé, ça n'existait qu'au cinéma... Etait-il en train de rêver ou Robin lui parlait en plus de le mettre en relation avec la police ? Il se hâta d'avaler ses céréales, sans perdre trop de temps à les mâcher. Puis il répondit, de façon un peu virulente :

- Tu te fous de ma gueule ? Aller parler et sympathiser avec des poulets ? Moi ? La dernière fois que j'ai fini au poste, c'est parce que j'avais jeté des oeufs pourris sur le ministère de la défense. Ces connards m'ont serré... je parle pas aux collabos du gouvernement, moi. Et tu devrais faire pareil.

La douceur, faite Noah. N'empêche que Robin n'avait peut-être pas tort. S'il voulait auditionner pour avoir le rôle, ce qui au passage lui permettrait d'avoir un train de vie plus confortable et peut-être de se lancer ? Allez savoir ! Il caressa sa barbe d'une main, avec un air songeur. Bon peut-être que finalement, sa soeur n'avait pas dit une énormité comme il le pensait. Par contre, ça lui crèverait le foie de l'admettre. Il préféra ajouter :

- Cela dit, ces trous du cul peuvent peut-être servir ma carrière. Il suffit que je joue mon petit hypocrite gentil et aimable, je leur cause, je grapille des informations pour me préparer pour l'audition et puis basta... ça n'engage à rien. Bon, si t'as des noms et des numéros de téléphone, je veux bien que tu les notes...

Il se leva pour aller chercher un calepin. Il le lui passa, avec un stylo. Sur le calepin, il y avait déjà des notes, écrites de façon très lisible. Noah avait une belle écriture, pour un homme. Elégante, soignée, nette. On sentait, en étudiant sa manière de faire les lettres, qu'il s'agissait d'une très forte personnalité, appliquée, rigoureuse. Le calepin servait un peu à tout, noter des choses de la vie courante, des idées, des adresses, des numéros. Sur la page où il avait demandé à Robin d'écrire, il y avait les dates d'anniversaire de toute la fratrie et de leur mère. Car oui, Noah ne souhaitait jamais les anniversaires de lui-même... Il les oubliait. A vrai dire, il n'aimait pas trop l'idée que l'on fête le fait de vieillir. Mais au moins cela témoignait d'une volonté de faire un très petit effort. Reprenant sa place pour poursuivre son petit-déjeuner, il reprit la parole :

- Donc comme ça tu connais des gens dans la police ? J'imagine qu'en tant que super femme modèle, ce sont devenus tes amis ? Ma foi, ça peut être utile si un jour j'ai besoin de faire sauter mes PV. Autant que ces glands me servent à quelque chose d'autre.

Comme toujours, il avait beaucoup de mal avec l'autorité et tout ce qui pouvait la représenter. Changeant de sujet, il demanda :

- Tu fais toujours de la musique, au fait ?

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Si elle n’avait pas pris la peine de répondre à la remarque de son frère concernant sa coupe de cheveux, ce n’était pas parce qu’elle était froissé mais plutôt parce qu’elle était habituée ; puis quand on voit la tête des nanas qui viennent tout juste de sortir de chez lui, pas sûre que ça soit des plus pertinents. De plus, elle croyait se souvenir qu’il avait fait la même remarque à la mère pas plus tard que quelque chose comme quelques jours auparavant. Celeste n’avait qu’à bien se tenir car elle était sans doute la prochaine sur sa liste. Pas Lou, en revanche. Jamais Noah ne ferait une remarque de ce genre à sa sœur préférée. Okay, alors pour tout dire, Robin n’était pas non plus du genre à aimer la police. Pas tellement parce qu’elle ne les aimait pas de base ou parce qu’elle les trouvait inutile mais surtout parce qu’elle avait été amenée à collaborer quelques fois avec eux et qu’ils la prenaient toujours de haut. Et pour une illuminée, de surcroît, mais ça, ça ne changeait pas du reste du monde. Ou presque. Ce qui fait qu’elle ne blâmait même pas Noah pour avoir une telle opinion d’eux. En revanche, elle tiqua un peu sur le fait qu’il lui dise qu’elle devrait en faire autant. C’est qu’il était comme ça, son petit frère, toujours à faire la morale à tout le monde alors qu’il était souvent mal placé pour ça. Serait-ce une bonne idée de lui apprendre qu’elle ne faisait pas que les connaître mais qu’elle les aidait carrément de temps à autre ? Et pas à coller des prunes aux gens mal stationnés ou encore à en traquer d’autres que téléchargent illégalement sur le net. Non, la jeune femme avait vraiment la sensation d’être utile. Soit. Pour toute réponse, Robin se contenta d’hausser les épaules : elle ferait de toute façon ce qu’elle avait envie de faire, quoi qu’il en dise et elle proposait seulement pour être sympa. Puis il revint alors sur sa décision, songeant que ça pourrait éventuellement le servir. Et ben voilà, on y était enfin. Ce qu’il pouvait parfois être long à la détente. Cette réflexion lui provoqua un petit sourire tandis qu’elle hochait lentement la tête.
« C’est toi qui vois. »
Puis elle se saisit du calepin et du stylo qu’il lui tendait pour y noter le nom et le numéro du commissaire qui essayait régulièrement de la placer sur telle ou telle enquête stagnante. Et pensa bien à y noter les coordonnées de quelques agents avec qui le courant n’était pas passé, uniquement pour se venger d’eux mais ça ne pourrait qu’envenimer la situation, donc elle n’en fit rien.
« J’appellerais pas ça des amis, des collègues occasionnels, à la rigueur. Mais oui, ça a un côté pratique. »
Pas qu’elle soit du genre à en profiter, cependant. Robin était du genre à admettre son erreur si elle-même se prenait une prune pour s’être mal stationnée – car oui, bien sûr que ça lui arrivait aussi - et la payait sans sourciller. Puis Noah la questionna ensuite en rapport à la musique.
« Oui bien sûr, quand j’ai le temps. »
Ce qui était moins souvent le cas ces derniers temps mais elle essayait tout de même de trouver quelques minutes à consacrer par-ci, par-là à sa passion.@Noah Wade

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- "Quand j'ai le temps" ! A t'écouter on dirait que tu es devenue Ministre ! Tu fais toujours tes trucs avec les "esprits" ? Hum... non en fait, je veux pas savoir... comme dirait l'autre, je m'en fous.

Oui, Noah parlait avec un énorme scepticisme. Il n'y croyait pas à ces choses là. Mais alors carrément pas. Il trouvait ça idiot et totalement infondé. Et il ne comprenait pas comment on pouvait accorder du crédit à ce genre de "sornettes". Alors quand il en parlait, on sentait un mépris certain. Un jugement aussi. Mais il eut la décence (à défaut de bonté) de ne pas trop insister et de ne pas se montrer trop virulent. Il haussa les épaules, en levant les yeux au ciel. Ce que faisait Robin de son temps, ça ne le concernait pas. Il n'aimait qu'on fouille dans ses affaires, qu'on se mêle de sa vie, alors il en faisait de même avec sa famille et ses proches. Bon, à quelques exceptions près... Il lui arrivait de faire une exception, soit parce qu'il s'intéressait vraiment, soit parce qu'il était d'humeur à chercher les embrouilles. Avec lui, et son esprit de contradiction, il fallait vraiment s'attendre à tout, surtout au pire. Il termina ses céréales et se leva pour mettre son bol dans l'évier après l'avoir rincé. Alors qu'il se retourna vers Robin, il lâcha un rot sonore. Ouais, ça aussi, ça ne devait pas lui manquer à sa soeur. Le nombre de fois où il avait exprès de roter ou de lâcher une caisse à côté d'elle, juste pour l'emmerder... Il ne s'excusa même pas. De toute façon, il était chez lui. On n'allait pas lui faire une leçon sur le savoir-vivre et la politesse. Il ne l'aurait pas permis. Pas même à sa grande soeur, c'était le plus sûr moyen de faire exploser une querelle de laquelle aucun des deux ne sortirait gagnant ou grandi. Au lieu de ça, il préféra changer de sujet et lui enchainer sur la musique, où on sentait que la réponse de Robin l'avait quelque peu déçu.

- C'est con de reléguer la musique au second plan. Parce que tu as du talent. Tu pourrais largement en faire quelque chose... je trouve ça dommage. Après, tu fais ce que tu veux, mais je me rappelle des airs que tu jouais et c'était bien. Tu sais que je ne suis pas du genre à faire des compliments donc, je peux te dire que je suis sincère.

Là dessus, clairement, il ne mentait pas. De toute façon, Noah ne s'embarrassait jamais pour dire les choses. S'il n'avait pas eu une quelconque admiration pour son talent artistique, il ne l'aurait même pas évoqué, ou alors se serait empressé d'être cassant et dévalorisant. Il percuta alors sur un truc. Sa soeur n'avait pas le temps pour jouer de la guitare, en revanche, elle en avait pris pour venir le voir. Comme toujours, quand il s'agissait de montrer une gratitude ou des sentiments, Noah était assez maladroit.

- T'as pas le temps pour la musique, mais t'en as pour moi, pour m'amener mon courrier. Je crois que t'aurais bien besoin de revoir tes priorités, Robin !

Oui, ça n'en avait pas l'air comme ça, mais il était plutôt reconnaissant. Il avait prononcé ces mots sans agressivité, avec une certaine douceur. Et il ajouta :

- Qu'est-ce que tu as prévu de beau aujourd'hui ?

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Ah, il n’y a que les gens qui ont trop de temps pour eux qui ne savent pas ce que c’est que d’en manquer. Robin n’était pas ministre, non, elle jonglait seulement avec trois jobs. Rien que ça. Cependant, il n’était pas question de juger l’emploi du temps de son frère, principalement parce que c’était son choix à elle, pas une nécessité et que, si attendre sagement qu’on reconnaisse enfin son talent lui convenait alors c’était très bien comme ça. La jeune femme ne prit même pas la peine d’essayer de trouver quoi répondre à la question de Noah concernant les esprits – rien que sa façon de prononcer ce mot sonnait comme une insulte -, elle savait pertinemment ce qui allait suivre. Tant de soutien de la part de son propre sang, il n’y a pas à dire, ça fait chaud au cœur ! Blague à part, ça faisait belle lurette que ça ne lui faisait plus rien. Puisqu’elle ne pouvait pas faire avec leur aide – car oui, ça s’étendait à presque toute la famille -, elle ferait avec celle de parfaits étrangers. On ne choisit pas sa famille, comme on dit. Pour toute réponse, elle lui adressa un sourire énigmatique qui voulait à la fois tout et rien dire, ignora son impolitesse et le laissa poursuivre sur la musique.

Vivre de la musique n’avait jamais vraiment fait partie de ses projets. C’était une passion, quelque chose qui lui remontait le moral, dans quoi elle pouvait se plonger quand tout le reste semblait s’effondrer autour d’elle mais elle n’avait jamais eu pour ambition de faire carrière là-dedans. Oui, elle avait un joli timbre de voix et oui, elle était plutôt douée avec une guitare entre les mains mais ça s’arrêtait là. Pourtant, elle savait aussi que c’était probablement la seule chose que son frère et elle avaient en commun. Et que c’était aussi très rare qu’il fasse un compliment.
« Qui sait ? Si un jour un producteur fiable me propose de financer mon album, peut-être que je lâcherai mon travail au musée. »
Évidemment que non, son job au musée c’était une sécurité qu’elle n’aurait jamais dans la musique donc le choix était vite fait mais ça ne faisait pas de mal de rêver un peu.
Là-dessus, Noah lui fit remarquer que si elle n’avait pas le temps pour la musique, elle en prenait pour venir le voir. Il est vrai qu’elle aurait pu faire quelque chose de plus… de mieux… juste faire autre chose de son temps-libre et elle était partagée entre regretter d’être passée et se dire qu’oh bon, ça n’allait pas non plus la tuer de passer un peu de temps avec son petit frère mais la suite de sa phrase la fit sourire.
« A qui le dis-tu. »
Puis il s’enquit de ce qu’elle comptait faire du reste de sa journée. Fait suffisamment rare pour être souligné. Mais malheureusement, sa réponse ne le passionnerait probablement pas des masses.
« Retour au musée. Et puis ce soir peut-être un ciné, ça fait longtemps. Ou alors un concert, tu m’as donné envie, à parler de musique. »
En compagnie de Matt, bien entendu mais inutile de le préciser, ça non plus, ça n’intéresserait pas Noah. Et ce n’était pas plus mal pour l’instant.
« Et toi ? »@Noah Wade

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**○ inscrit le** : 25/11/2020

Noah n'approuvait pas le fait que Robin fasse passer la musique à un plan secondaire. Parce qu'il la trouvait talentueuse et qu'il était persuadé qu'elle pouvait réussir. Cela dit, ça ne tomba pas dans l'oreille d'un sourd, qu'elle puisse changer d'avis si un jour un producteur lui proposer un contrat en béton. Noah, toujours assez premier degré, se dit que si jamais il en avait un jour la possibilité, il la prendrait au mot. Peut-être qu'en voyant sa carrière décoller, il pourrait faire jouer ses relations et s'en servir pour elle. De l'altruisme ? Non... il préférait la savoir en train de se produire sur scène ou dans un studio, avec un public réel et humain, plutôt qu'à divaguer sur l'existence supposée d'esprits... Ca la raccrocherait un peu au pragmatisme et ça ne lui ferait pas de mal ! Parce que quand même, son histoire de médium... il n'y croyait pas une seconde et il avait un mot pour ça : hallucinations. Oui, quand Robin en avait parlé, il n'avait pas été loin de la qualifier de folle... vive l'ambiance et le soutien familial ! Bref ! Contre toute attente, le jeune homme s'intéressait à elle. Et il le faisait avec sincérité. Voilà un truc qui avait changé depuis son départ pour New York.

- Ah oui, c'est vrai que tu restaures toujours les oeuvres d'art ! L'autre jour j'étais un peu bour... enfin, bref... je suis tombé sur un reportage à la télévision où ils parlaient de ces restaurations. En fait, c'est un travail très méticuleux ! Je pensais pas que c'était aussi simple, faut dire que j'ai jamais trop pris la peine de m'y intéresser vraiment... Tu dois voir passer de superbes oeuvres ! T'as jamais pensé à poster des photos de tes travaux sur instagram ? Faire un genre d'avant/après ? Ca pourrait mettre en lumière tout ça et faire venir plus de monde au musée. Aujourd'hui, tout le monde a le nez sur son téléphone. Quand tu regardes les gens dehors, ils ressemblent à des débiles, à admirer leurs écrans... Faut profiter un peu de ça. Ils sont attirés par le beau, l'esthétique... alors faut leur en montrer... C'est le nerf de la guerre, j'ai l'impression !

Noah n'avait pas de compte Facebook, Instagram, Twitter ou autre. En fait, il n'avait un téléphone portable que pour être contacté, appeler, envoyer des SMS, se prendre en photo, draguer des femmes sur des applis... bref, il se tenait à l'écart de ces aspirateurs de données personnelles. Et il se montrait toujours extrêmement critique à leur égard. Mais c'était aussi quelqu'un d'assez intelligent et de manipulateur. Il ne voyait aucun mal à utiliser la psychologie des gens pour les amener à un but donné. Après tout, s'ils étaient assez cons pour suivre aveuglément la manipulation sans se poser de questions, c'est qu'ils méritaient leur sort. Point barre. Il haussa les épaules alors que Robin lui demandait ce que lui avait prévu :

- La routine... je vais appeler pour voir quels contrats seraient disponibles... je vais travailler mon audition de la semaine prochaine et puis ensuite, bah je vais probablement sortir... y'a une soirée "célibataires" dans une boite de nuit pas loin. Ils font de très bons cocktails et les nanas là-bas sont toujours de belles bombes.

Pas besoin d'en dire plus, Robin comprendrait aisément la finalité. En dépit de ses efforts, Noah avait du mal à cacher le fait que sa situation professionnelle, le rendait taciturne. Quand il parlait de chercher quelque chose, on sentait qu'il était désabusé et qu'il partait pessimiste. Son échec à Broadway l'avait mis un peu KO. Il avait du mal à s'en relever.

- Ciné ou concert, peu importe, les deux sont bien ! Mais ça fait longtemps que je n'ai pas fait l'un ou l'autre. Cela dit, tu peux faire les deux ? Il y a une comédie musicale qui passe en ce moment, un classique, Westside Story. Franchement, je te la conseille, j'en ai entendu beaucoup de bien, il parait que la troupe est bien. Et puis y'a la blonde là, que je me suis tap... enfin, c'est une ancienne camarade de classe... hum... Elle joue bien ! Elle a du talent.

Noah, organisateur de soirée pour sa soeur... et sans le savoir son mec ? Il n'était pas encore au courant. En même temps, il faut dire que Robin avait toutes les raisons du monde de le tenir à distance. Il était tellement imprévisible... et puis bon, mine de rien, ils étaient frères et soeurs, mais ce n'était pas auprès de Noah qu'elle pourrait faire des confidences. Son frère était un rustre, prompt à juger et à être désagréable avec tout le monde, y compris leur mère... Cela ne faisait pas de lui quelqu'un d'inhumain, mais ça contribuait un peu à freiner les confidences.

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Ce qu’il pouvait être mignon, Noah, à lui parler de son métier comme si elle n’y connaissait tout ça parce qu’il était tombé sur un reportage un soir où il était bourré. Mais mieux valait profiter de ce moment où il s’intéressait un peu à la vie de quelqu’un d’autre, pour changer. Non, Robin n’y avait pas cru quand on lui avait rapporté que son petit frère avait changé depuis son retour de New York. Au contraire, elle avait été certaine qu’il serait encore plus insupportable qu’avant son départ parce que monsieur avait vécu dans la grosse pomme, avait côtoyé même de très loin allez savoir quel réalisateur, avait ses entrées dans un club branché et ainsi de suite. Mais elle ne pouvait plus en dire autant maintenant qu’elle avait les preuves de ce changement sous les yeux ; lui qui avait toujours oublié leur anniversaire à tous, avait finalement noté les dates dans un carnet, si ce n’était pas une preuve, ça. Bref, méticuleux, oui, il fallait une sacrée dose de patience et de délicatesse, ce qui tombait très bien puisqu’elle en avait à revendre. La jeune femme hocha la tête lorsqu’il supposa qu’elle devait voir passer des œuvres superbes. Bien sûr, tout est toujours affaire de goût alors elle avait autant l’impression de devoir bosser sur des horreurs bonnes pour la poubelle que sur de véritables chefs-d’œuvre.
« Tu crois ? »
Le fait est que Noah n’avait probablement pas tort ; quand Robin prenait le temps de se balader un peu dans les salles du musée, elle ne voyait jamais que deux types de personnes : les intellectuels d’un âge certain et des élèves qu’on avait traînés là de force et elle trouvait ça dommage. Tout le monde devrait avoir accès et développer un intérêt pour la culture et l’art. Mais c’était sans doute une vision quelque peu utopique des choses. Cela dit, elle prenait l’avis de son petit frère en compte, après tout, il s’y connaissait bien qu’elle lui qui courait après le succès depuis des années. Elle tenait à ce que son propre compte instagram reste personnel mais elle pourrait en ouvrir en second et voir ce que ça donnait.

La description de la soirée de son frère l’amusa et un sourire en coin se peignit sur ses lèvres : ça lui ressemblait tout à fait.
« Et aux aboies, j’imagine. Ça doit rendre la tâche plus facile. »
Peut-être trop. A l’évidence, Robin n’avait elle-même jamais fréquenté ce genre de soirées, souvent trop occupée ou alors pas intéressée. Il avait toujours été clair que ce qu’elle voulait, elle, c’était du sérieux, quitte à remballer pas mal de prétendant(e)s n’ayant pas la même vision des choses. Par contre, elle s’était un jour inscrite à une randonnée à vélo de la Saint-Valentin. Ouais, une randonnée à vélo, quelle drôle d’idée, quand même. Elle tapota alors l’épaule de Noah.
« Je croise les doigts pour ton audition. »
C’est alors qu’il lui proposa d’allier le cinéma au concert par le biais d’une comédie musicale et pas des moindres puisqu’il s’agissait de West Side Story. Pas sa préférée principalement à cause de Natalie Wood et de sa voix d’opérette. Bizarrement, Robin préférait des comédies musicales telles que Chicago, Grease ou encore Singin’ in the Rain qui collaient mieux avec sa propre voix et par-dessus lesquelles elle pouvait chanter à tue-tête mais il n’était pas question de voler la vedette à la blonde que Noah s’était envoyé.
« Ah, tonight, tonight ♪ pourquoi pas ? Ça fait longtemps que je me suis plus posée pour regarder une comédie musicale, c’est vrai. »
Cela dit, il faudrait qu’elle voit avec Matt. Matt qui adorait la musique, oui, mais les comédies musicales, c’était toujours une autre paire de manches. D’ailleurs, Noah semblait être le seul homme de sa connaissance à les aimer à ce point.@Noah Wade

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- Aux abois, ce n'est pas vraiment le terme que j'aurais utilisé, mais... ouais ok, disons que c'est plus poli...

A force, Robin devait être habitué à la sa façon de parler des femmes, surtout que Noah ne se cachait pas d'être un coureur invétéré. La preuve, elle venait de le cueillir au pied du lit, alors qu'il mettait dehors son plan du soir. Cette vie débridée, ça caractérisait bien sa personnalité. Il avait toujours cherché l'excès, la démesure. Pourquoi ? Pour faire parler de lui, mais pas que... tant d'ouvrage à l'outrance témoignait aussi d'une volonté permanente d'être anti-conformiste, de se défaire des normes, des règles qui encadraient tout son quotidien. En définitive, Noah avait trouvé dans sa personnalité disruptive, une façon bien à lui d'exister et d'occuper la place. Il n'était pas du genre à subir. Il préférait donner les coups, faire preuve d'audace et d'impertinence pour aller chercher ce qu'il estimait lui revenir de droit. Tant d'assurance, si durement douchée par son échec à Broadway... Est-ce que ça influait sur sa façon d'être ? Non, clairement pas. Il se montrait toujours aussi imbuvable, toujours aussi séducteur et infâme avec ses coups d'un soir. Fêter la Saint Valentin ? Jamais de la vie. A quoi bon dépenser de l'argent pour entretenir une flamme alors que tout autour, des centaines de femmes célibataires attendaient simplement de passer un bon moment ? S'il pensait ainsi, cela avait surement un rapport avec le fait qu'il n'ait jamais rencontré l'amour, le vrai. Et il ne savait pas ce qu'aimer voulait dire. Un jour, peut-être ? Lui n'y pensait même pas. Passer d'une fille à l'autre ne le dérangeait pas le moins du monde. Au contraire !

- Mouais, enfin, c'est pas parce que tu croises les doigts que ça va avoir un effet quelconque, tu le sais ça... toutes ces conneries sur se souhaiter bonne chance, etc.. mais quelle merde en conserve franchement ! La vérité, c'est que ça va dépendre de deux facteurs : mon talent et l'intelligence du sélectionneur. Pour mon talent, je ne me fais pas d'inquiétude, j'ai ça dans le sang. Par contre, pour l'intelligence du type ou de la nana, là, je n'y peux rien. Soit je tombe sur un/une abruti-e. Soit sur un/une génie.

S'il avait une haute opinion de lui-même ? Quelle question ! Bien sûr que oui ! La façon dont il avait remballé Robin, par contre, ça n'était pas très sympa. Mais si quelque chose avait tendance à l'irriter, c'était les encouragements. Ils faisaient toujours plaisir à entendre, sauf qu'il refusait de l'admettre. Comme si accepter d'être épaulé, soutenu, réduisait son mérite. Il ne fallait pas s'en formaliser. Noah était comme ça et maintenant qu'il vivait comme un adulte (enfin, les 3/4 du temps), il n'allait clairement pas se métamorphoser. Chassez le naturel, il revient toujours au galop. Alors qu'ils embrayaient sur les comédies musicales, Robin confia qu'elle n'était pas allé en voir une depuis un bout de temps. Noah secoua la tête, pensif. Oui, ça le chagrinait que ce genre d'oeuvre artistique passe au second rang. Parce qu'il restait un admirateur inconditionnel. Il soupira :

- Hum... Tu n'es pas la seule à te détourner des comédies musicales. A Broadway, c'était souvent compliqué de remplir les salles, même pour des représentations célèbres. Il fallait parfois un surinvestissement en marketing pour que les dernières places se vendent.

Pendant quelques instants, son visage, si dur et si affable, laissa transparaitre une profonde et sincère tristesse. Avant que tout cela ne soit balayé par une colère sourde :

- Pas étonnant quand tu vois que tout ce qui compte maintenant, ce sont les blockbusters débiles. Les gens se déplacent pour aller voir des bouses du style Jurassic World ou Dragon Ball Z Evolution... ça ne demande aucune réflexion. Ils acceptent de se faire lobotomiser et d'y laisser de la thune... La plupart du temps sans même le regretter... A côté de ça, tu as des comédies musicales, avec de vrais artistes, qui savent danser, chanter, jouer... faire rire, faire pleurer. Ca, c'est du talent ! Du Gene Kelly, du Meryl Streep... ça a quand même plus de gueule de l'autre con de Chris Pratt qui fait le beau devant un dinosaure en synthèse...

Il tapa du poing sur la table, dont il s'était rapproché, avant de lâcher, dépité :

- Fais-moi plaisir, si tu vas voir un truc, soutiens au moins des artistes authentiques. Et de préférence ceux qui se font descendre par la critique. Parce que franchement, une bande de connards qui ont incendié Elvis, Sinatra, Charlie Chaplin ou encore Clint Eastwood, moi je dis qu'il peuvent continuer à dégueuler leur bile, je leur chie sur la gueule.

Châtié, le langage... Peut-être que Noah poussait un peu histoire de se faire rabrouer par Robin et de chercher querelle. Peut-être... avec lui, tout restait possible et imaginable.

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Un sourire en coin aux lèvres, Robin écoutait Noah. Oh, elle savait très bien que ce n’est pas ainsi qu’ils les appelleraient mais sa sœur aînée était une jeune femme bien élevée qui aimait tout particulièrement trouver les bons mots. Ça signifiait la même chose mais c’était formulé autrement. D’une façon si pas spécialement plus polie, plus élégante en tout cas. Dans le fond, peut-être bien qu’elle aimait bien se donner un genre, elle aussi mais d’une autre manière. Pendant qu’il lui expliquait que la chance n’était pas à prendre en compte – apparemment jamais, quel que soit le domaine, selon lui -, elle touillait dans son café avant d’en boire une gorgée. Pour tout dire, elle se posait encore la question, quant à elle. Parfois elle était tentée de croire que le facteur chance n’existait tout simplement pas, d’autres fois, il était tout bonnement impossible de l’ignorer. Néanmoins, c’était le genre de débat qu’il ne valait mieux pas avoir avec Noah, elle le savait bien : il voudrait toujours avoir le dernier mot. Elle finit donc par hausser les épaules.
« Okay je le sais, ce qui fait que ça ne mange pas de pain. Par contre, si tu pars du principe que ce sont des cons alors ils le ressentiront et agiront comme tel, tu crois pas ? »
Ce qui n’a rien de mystique en l’occurrence, ça serait plus de la psychologie qu’autre chose. Et cette fois encore, elle ne le disait pas dans l’optique de diriger sa vie, ce n’était qu’un conseil pour que ça se passe au mieux ; qu’il le prenne ou le rejette, le choix lui revenait.

Puis ils en vinrent à parler de comédies musicales. Comme souvent, son petit frère avait un avis très tranché sur la question et celui-ci était que les blockbusters étaient en train de les tuer à petit feu. Contrairement à lui, elle n’était jamais allée à New York et ne pouvait donc que s’y fier lorsqu’il lui disait que les théâtres de Broadway avaient de plus en plus de mal à faire salle comble. Mais si on lui posait la question, elle aurait plutôt tendance à croire que la cause de tout ça, c’était internet : plus besoin de sortir de chez soi pour voir absolument tout ce qu’on a envie de voir et pour pas un rond, souvent. En revanche, elle ne pouvait pas nier que la plupart des blockbusters ne sollicitaient pas beaucoup la matière grise, ça, c’est vrai mais parce que ça n’avait jamais été leur but, leur but n’était jamais que de divertir et de faire de l’argent. Mission accomplie pour le coup.
« Et encore, mieux vaut un blockbuster que certains trucs qu’on peut trouver sur Netflix, crois-moi. »
Surtout leurs films en fait… Ça l’hallucinait toujours de voir à quel point certaines de leurs séries étaient incroyables alors que leurs films… vraiment ? Il y avait de quoi s’emporter comme c’était le cas de Noah présentement. Sa demande avait un petit quelque chose d’attendrissant et Robin était du genre à y accéder le seul problème c’est que quitte à payer pour se divertir, autant en avoir pour son argent. C’était bien pour cette raison que les gens ne prenaient plus le risque de donner leur chance aux nouveaux talents. Pour se faire connaître, ils leur fallait alors rester dans le sillage « valeurs sûres ». Chacun avait les siennes mais tout le monde s’accordait sur certains noms tout de même. Soit.
« Autant que possible. »
Ça lui semblait être un bon compromis. C’est que ç’avait l’air de lui tenir à cœur, à son frère alors elle n’allait quand même pas s’amuser à le provoquer alors qu’elle était d’accord avec lui. Un peu, en tout cas.@Noah Wade

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A de très rares occasions, Robin était parvenu à lui couper le sifflet. Par principe, Noah avait tendance à s'opposer à tous ses arguments et à lui chercher querelle. Leurs joutes verbales avaient donné lieu à des moments tristement mémorables dans la maison familiale. Toutefois, sa sœur aînée parvenait à lui décocher des KO de temps en temps, sans qu'il ne puisse en faire de même. Elle avait l'intelligence de ne plus se lancer dans des débats où elle se doutait qu'elle l'aurait à l'usure. Par contre, elle ne devait pas forcément faire de longs discours pour le mettre dans les cordes. Rien que sa réflexion sur les cons, ça suffit à clouer le bec à son frère. Celui-ci entrouvrit la bouche mais rien n'en sortit. Évidemment, cela l'énerva, l'agaça même. Il poussa un soupir d'exaspération. Mais il n'avait rien à répondre à ce qu'elle venait de dire. Oui, s'il prenait les gens de haut, ça allait provoquer une réaction qui ne serait pas à son avantage, loin de là... Il lui jeta un regard noir. Il l'avait mauvaise qu'elle lui cloue le bec et encore plus qu'elle ait raison. Pourtant, dans ses mots, rien de méchant ou de mal intentionné, juste de la logique et du pragmatisme : ses armes... C'est pour ça qu'il ne pouvait pas contester. Et qu'il se faisait avoir. Dès qu'on lui mettait une évidence sous le nez, le coup devenait imparable. Il bouillait de l'intérieur. S'il avait pu la foudroyer du regard, il l'aurait fait volontiers. Et pourtant, il ne tonna même pas. A quoi bon chercher à contester des faits avérés ? Ça n'aboutirait à rien. Et ça le ferait mettre un pied dans le côté mystique, les suppositions abracadabrantesques. Hors de question. Il resta donc silencieux. Et finalement, que la conversation parte sur les comédies musicales, ce fut salutaire et ça permit d'oublier ce point.

- Netflix... ouais, ça aussi, c'est une vraie saloperie sur l'aspect qualitatif... Cela dit, c'est en train de faire péter l'industrie de l'intérieur et ça, tu vois, c'est peut-être pas si mal. Tous les studios qui se prétendaient maîtres du monde se rendent compte que maintenant, ils ont un adversaire qui peut bien les mettre KO et plus rapidement qu'ils ne le croient.

Est-ce que ça serait mieux ou pire ? Trop tôt pour le dire. Mais Noah parlait ainsi parce que, de tout temps, il avait toujours un sérieux problème avec l'autorité et le "système" comme il l'appelait. Robin s'engagea à tout cas à respecter sa demande, sur le fait d'aller voir des artistes authentiques, celles et ceux que la critique mettait minable. Pire qu'une industrie qui faisait du fric sur le dos de ses artistes, il y avait ces prétendus experts qui pouvaient ruiner une carrière d'un coup de stylo. Ces "crétins" comme il aimait les appeler, se permettait de parler d'un sujet dont il ne connaissait même pas la quintessence. Et ça, ça le faisait sortir de ses gonds. Que des gens parlent sans rien savoir, qu'ils comparent deux actrices, deux interprétations, en bien ou en mal, ça suffisait à ce qu'on les envoie sur une île déserte sans eau ni nourriture. Au moins là-bas, ils pourraient méditer au sens profond de leur vie pathétique. Des discussions comme ça, avec Robin, il n'en avait pas souvent. Et il ne fallait pas non plus que ça devienne une habitude, ça aurait été trop... bizarre ? Pour lui en tout cas. Il regarda sa montre et brut de décoffrage, il lui dit :

- T'as pas dit que t'avais autre chose à faire, au fait ?

Ok, ça sonnait un peu comme s'il voulait la foutre dehors, et pour être honnête, c'était un peu ce qu'il désirait. Pas qu'elle le dérange, mais il n'était pas friand des moments sentimentaux où chacun se dévoilait et discutait pendant de longues minutes. Il n'aimait pas faire la conversation, parce qu'il se sentait con, il n'avait jamais grand chose à dire. Il ajouta, perplexe :

- Sérieusement, va falloir régler cette histoire de cheveux, hein... Plus je regarde, et plus je me dis que ton coiffeur t'a bien entubé quand tu y es allée !

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Pour un acteur, Noah était ce genre de personnes qu’on avait l’impression de pouvoir lire comme un livre ouvert. Elle sut immédiatement que son conseil ne lui avait pas plu bien qu’il n’en dise rien. Inutile, ça se voyait qu’il fulminait ; à son regard bien sûr mais encore plus à cette manière qu’il avait de serrer les mâchoires et de se redresser comme si on lui avait subitement enfoncé un balai dans le derrière. Cette réaction la faisait souvent rire autrefois : c’était le signe qu’elle avait marqué un point. Robin aurait bien sûr pu en marquer plus mais Noah agissait toujours en enfant gâté qui ne supporte pas de ne pas avoir le dernier mot, ce qui peut devenir agaçant à la longue. Alors le mieux était souvent de lâcher l’affaire, de le laisser parler dans le vide et surtout de le laisser croire à un triomphe illusoire. Bref, puisqu’il eut le bon goût de ne pas revenir là-dessus, pour une fois, ils en vinrent à parler de ce qui pouvait bien pu nuire aux comédies musicales. A savoir les blockbusters, certes, mais aussi Netflix. Elle était intimement convaincue que Netflix – et maintenant tous ses concurrents – devait nuire à bien des choses. Et ce en ayant pourtant épuisé leur catalogue et s’être pris un VPN pour aller voir celui d’autres pays, elle le reconnaissait.
« C’est pas faux, on aura peut-être droit à nouveau à du contenu un peu original à la place des remakes et reboots à répétition. »
En tout cas elle l’espérait parce que se contenter des remakes et de reboots pour les remettre au goût du jour niveau technique c’est bien beau mais faire une copie d’une copie d’une copie à la fin ça devient infâme. Et puis sans crier gare, son frère s’amusa à mettre un terme à ce petit moment de complicité entre eux en la mettant à la porte. Ah, elle le reconnaissait bien là. Robin termina son café et se leva.
« Si. Je retourne bosser, merci pour le café. »
A force, la jeune femme n’était même plus vexée ; Noah était comme ça et ça serait limite déraisonnable de vouloir le changer. Si seulement c’était possible. En guise de dernière pique, il revint alors sur cette histoire de cheveux. Décidément, ça ne devait vraiment pas lui plaire pour insister aussi lourdement là-dessus. Elle aimait bien, elle. D’autant que c’était un changement majeur pour elle dont l’unique changement capillaire se résumait autrefois à se couper la frange ou non.
« J’en prends note. Puis si je décide de passer engueuler mon coiffeur, je prendrai maman avec. Elle m’a fait savoir que tu n’aimais pas trop son nouveau style non plus. Faut que j’emmène Celeste et Lou avec ou bien ça ira comme ça ? »
C’est qu’il avait toujours un avis à donner, même quand on en voulait pas, Noah. Puis elle récupéra son sac et lui montra une fois de plus la lettre, raison de sa présence ici.
« Je reprends ça avec moi. Mais la prochaine fois, passe voir maman, ça lui fera plaisir. »
Ce qui était quand même la moindre des choses étant donné qu’elle payait ses factures.@Noah Wade

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Faire des piques, c'était une façon pour Noah d'éluder les questions sentimentales. Il n'aimait pas les dialogues à coeur ouvert où on se disait tout et où l'émotion débordait. Il préférait plutôt être désagréable, couper court dès qu'un semblant de complicité naissait. Pourquoi ? Il l'ignorait lui-même. La seule chose qu'il savait c'est qu'il n'aimait pas qu'on rentre sans son cercle intime. Autrement que pour satisfaire ses envies masculines bien sûr. En l'espace de quelques minutes, il mit Robin à la porte et critiqua ouvertement sa coiffure. Avec lui, pas d'aspect constructif. C'était acerbe, brut, tranchant. Ca plaisait ou non, il s'en foutait. Sa soeur aînée se mit à ironiser mais Noah ne capta pas le côté sarcastique de sa remarque. Evidemment qu'elle n'allai pas emmener toute la famille pour se plaindre. Terre-à-terre, le jeune homme hocha sérieusement la tête et ajouta :

- Lou, pas besoin. Celeste et maman ça sera un bon début. Oh et puis si tu as moyen, embarque Josh avec toi. Il a toujours eu des goûts de merde en terme capillaire, mais genre... vraiment.

Josh, c'était pourtant son meilleur ami... son seul ami, d'ailleurs. Parce que les personnes qui parvenaient à le supporter se comptaient sur les doigts d'une main... On pouvait voir l'ambulancier comme un vrai héros. Au delà de son travail, il fallait de belles qualités pour ne pas haïr Noah Wade. En guise tacle, sa soeur lui rappela qu'il pouvait voir sa mère. Le jeune homme sentit la moutarde lui monter au nez. Il détestait les sermons et ça avait tout l'air d'en être un... légitime, au demeurant. Il ouvrit la porte d'entrée et bouscula légèrement Robin vers la sortie. Elle n'avait pas prévu de s'éterniser. Quand elle fut sur le palier, il lâcha, fortement agacé :

- Tu vas pas continuer à me les briser, hein. Allez dégage, et BELLE journée !

Il claqua brutalement la porte et ferma à clé. Peu de chances que Robin ne revienne. Il venait de la virer comme une malpropre et cet imbécile le regretta aussitôt. Il n'aurait peut-être pas du agir comme ça... le moment de culpabilité dura très exactement deux secondes et trois dixièmes... Il haussa les épaules. Après tout, il était chez lui, pas à la maison. Ses ordres et ses conseils, elle pouvait bien se les garder pour elle. Comble du dédain, il avait ponctuait sa phrase par "BELLE journée" en insistant bien sur le mot "belle". Quand on connaissait Noah et sa détestation pour cette formulation, il fallait y voir le souhait que les pires choses vous arrive. Il n'en démordait pas, mais une journée pouvait être bonne, excellente même... sûrement pas belle. Si ça ne tenait qu'à lui, il traquerait le premier à avoir sorti cette expression nullissime pour le brûler, comme au Moyen-Âge... Bref ! Il reprit son train-train, comme si de rien n'était. Et un peu plus tard, il se prépara pour aller voir sa mère. Parce que oui, Robin était insupportable à ses yeux et elle l'avait passablement agacé ce matin. Mais elle avait l'air de penser qu'il ne voyait leur mère que comme une vache à lait. Il détestait l'idée de lui donner raison sur ce point. Alors son esprit de contradiction l'amena à lui faire une visite. Juste pour que Robin en entende parler et qu'elle ait tort. Le jeune homme était tellement imprévisible et de toute façon il se berçait d'illusions. Soit Robin avait lâché la réflexion pour le contrarier et c'était réussi. Soit elle l'avait fait pour qu'il veuille lui donner tort et rapplique à la maison familiale. Dans les deux cas, elle y gagnait. Trop aveuglé par son orgueil et sa fierté, Noah était bien incapable de voir les choses ainsi, ni même de comprendre à quel point, quelqu'un qui le connaissait bien, pouvait le manipuler...

[FIN]

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