Alex & Joey - A candle warms up every heart.

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On ne peut pas vraiment dire que tu es une croyante dévouée. Tu ne saurais pas dire comment c'est venu dans ta vie. Ton père ne t'a jamais assommée de psaumes, il ne t'a jamais forcée à te rendre à l'église non plus. Il a sûrement perpétué inconsciemment des traditions et des croyances jamais questionnées. Les messes de Pâques et toutes celles qui rythment l'année. On dit que les enfants sont sensibles aux habitudes et aux rituels, c'est ce qui a du te plaire au début. Et puis progressivement, entrer dans une église a pris une tout autre symbolique. Franchir les portes est devenu un moyen d'être instantanément apaisée. Plus les années sont passées, plus tes fréquentations se sont faites discrètes cependant. Parce que tu avais moins de temps. Parce que James n'était pas vraiment amateur de religion bien que vous vous soyez mariés devant un prêtre. Parce que t'as eu honte. Enfin t'as toujours un peu honte d'avoir fait couler ton propre mariage, toute seule, de tes propres doigts après t'être engagée devant le divin.

T'as passé ta journée en ville, chose qui t'arrive rarement. Noël t'avait légèrement remotivée pour en finir avec tes travaux. On ne sait jamais combien de temps ça durera, tu avais donc sauté sur l'occasion. Tu te débrouilles comme tu peux pour ouvrir ton coffre et déposer les pots de peintures dont le poids te rappelle à quel point tu manques de force. Toi et ton petit corps. Le vendeur ne t'as pas vraiment pris au sérieux par ailleurs quand tu lui as demandé s'il louait des scies circulaires. Avec un soupir, tu finis par te débarrasser de tes sacs et tu reprends la route direction Island Bay. Alors que tu es presque arrivée à destination, le toit de l'église se dessine. Sans y réfléchir plus que ça, tu te gares devant. Automatiquement. Ton corps s'active seul, mué par sa volonté propre. Ça paraît logique sur l'instant. Évident. Alors te voilà, poussant les portes, une heure avant que le bâtiment ne soit fermé. C'est à ce moment là qu'il y a le moins de monde. Tant mieux. Tu préfères être seule dans ces moments. Et également parce que tu portes une vieille salopette tachée de peinture, une tenue pas vraiment adaptée. Pas besoin qu'on te regarde.

L'air est un peu plus frais. Le silence si épais que tu as la sensation de t'y enfoncer confortablement. Tu inspires profondément, avant de t'avancer lentement toujours aussi admiratives de la beauté des lieux. Tu prends place sur un banc près d'une chapelle latérale, celle où on y dépose des bougies. C'est l'endroit le plus réconfortant. Tu fermes les yeux et puis tu te laisses envahir. Des images défilent, dans le désordre. Il te faut toujours un peu de temps avant que le calme ambiant atteigne ton esprit. Un bruit retentit, celui de la porte. Tu te retournes dans un sursaut. Tu te sens un peu stupide. Il n'y a qu'un homme. Pourquoi es tu à fleur de peau ici ? Tu lui adresses un léger sourire avant de retourner à tes prières.

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A candle warms up every heart

joey harwell
&
alex shim

J’ai promis. Je pourrais me contenter de lui assurer que je l’ai fait, elle ne saurait rien du mensonge. Je pourrais. Je peux le faire. Entrer dans l’église et m’acquitter de ma tâche avec la même attention que je mettrai demain dans mes gestes. L’acte chirurgical nécessite une grande précision. L’acte religieux, je ne sais pas. Je ne sais pas si les mots doivent être particuliers avec un agencement bien spécifique pour que la phrase soit légère pour s’envoler vers celui qui prête l’oreille aux battements d’ailes et de coeurs. Je n’ai jamais prié. Je ne prierai pas dans cette église, mais j’ai promis que j’allumerais un cierge. Elle m’a demandé à quelle heure pour prier au même moment. Cela à un sens pour elle, mais pas pour moi. Ce qui a du sens, c’est la manière dont je vais utiliser le bistouri demain.

Alex stationne sa voiture près de l’église. Il s’est permis quelques secondes pour réfléchir à la raison qui lui a fait dire oui. Il sort et rejoint l’entrée à pas lents. Le poids de la porte le surprend. On n’entre pas ici par hasard, il faut donc faire un effort pour pousser le panneau de bois et franchir le seuil. Il y met tant d’énergie que la porte cède brutalement sous la pression. Encore plus surpris, il manque presque de tomber. Il regarde rapidement ce que son intrusion a pu chambouler dans ce lieu de recueillement. Par chance, il n’y a pas d’office religieux. Seulement deux yeux sont venus se poser sur lui. Il hoche de la tête, pour saluer et s’excuser.

Il est dans la place. Et maintenant ? Il repère la zone où se trouve les cierges à la lumière des flammes qui ne dansent pas dans les courants d’air. La porte s’est refermée sagement derrière lui. Il avance. Il prend soin de faire le moins de bruit possible. S’il osait, il ôterait ses chaussures. Cela ne se fait pas dans les églises chrétiennes. Il a atteint sa destination. Des cierges brûlent, plantés sur des piques métalliques. D’autres attendent dans un râtelier. Un mot explique comment les utiliser et où mettre l’argent pour avoir droit d’en prendre un. Cela ne lui est absolument pas venu à l’esprit qu’il fallait payer pour un acte aussi simple. Glisser l’argent dans le tronc. Pas de boitier pour une carte de crédit. Il fouille ses poches. Son porte-monnaie n’est gardien que d’un billet. De quoi acheter l’intégralité des cierges ! Il n’en veut qu’un. Il regarde sa montre. Il n’a pas le temps d’aller chercher de la monnaie s’il veut craquer l’allumette à l’instant où sa patiente demandera à son dieu d’être bienveillant. Tout naturellement, il se tourne vers la jeune femme qu’il a déjà dérangée. Il avance vers elle son billet à la main, sans rien dire. Il avance, enfant penaud qui vient de faire une bêtise et qui espère ne pas se faire disputer.

BY CΔLΙGULΔ ☾