when your eyes are so pacific view (maxyne)

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when your eyes are so pacific view

Vendredi 29 janvier 2020, Rona Bay, Wellington, NZ
Piotr s'était donné du mal. Beaucoup de mal.
En réalité, depuis son retour, Piotr avait beaucoup donné pour rattraper ce qu'il avait fait de mal en partant si brutalement le soir du repas de Noël. Il avait tout d'abord été repêché par Chance, avec lequel le petit russe avait bien évidement craqué à l'hôpital, en compagnie de Reira. La convalescence de sa sœur l'avait fait revenir et en même temps, il n'était pas totalement revenu. Piotr avait fait le choix de rester discret pour simplement être présent pour Reira. Ce n'est qu'après l'opération de sa sœur qu'il avait reprit contact avec Imrân, avec Loreleï aussi et désormais, avec Maxyne. Bien qu'il ait trouvé cela dur, de devoir affronter frontalement et aussi simplement que ça ses démons, à savoir ses propres amis à qui il avait fait du mal, il savait que ce n'était rien comparé au combat qu'il avait décidé d'entreprendre pour faire le premier pas envers Maxyne. S'il y a bien une personne pour laquelle le petit russe éprouve de l'amour, fort et puissant, c'est bien elle. Ici, Max a su faire une place à Piotr dans sa vie, auprès de ses amis les plus proches. Elle l'a accueillie, elle l'a aidée, elle l'a réconforté, soutenu et lui... il lui a craché des erreurs. Il a mis toutes les souffrances accumulées, les peurs, les traumatismes et les préjugés dans le même sac et tout ça, sur le dos de celle qu'il voit ici comme une maman. Son amie n'avait rien demandé, outre passer une bonne soirée. Cependant, pour n'importe quelle personne présente ce soir-là, ce noël allait rester gravé dans les mémoires, mais pas forcément comme quelque chose de positif. Il avait fallu trois semaines au petit russe, loin de tout et de tout le monde et même après ce délai, il n'était d'abord revenu que pour sa sœur. C'est surtout au contact de Chance que Piotr a comprit la violence de son comportement ce soir-là. Que sa douleur n'avait pas à prendre le pas sur le respect, sur l'amour et sur les souffrances des autres. Il n'était personne pour dire ce qu'il avait dit, traumatisme ou pas. Maintenant que Piotr avait comprit certaines choses, qu'il avait prit son temps pour digérer aussi les paroles violentes de Max en guise de réponse, qu'il avait aussi ravalé son égo et qu'il était désormais envieux de tourner une page ingrate de sa vie pour recommencer dans de meilleures conditions, il ne se voyait pas commencer tout cela sans elle. Depuis son arrivée, autrement dit moins d'un an, le petit Piotr n'avait jamais été si longtemps sans nouvelle de son amie et il avait horriblement peur de l'avoir perdu pour toujours. Parce qu'il lui avait fait mal, il le savait, elle avait été méchante ce soir-là aussi. Il l'avait blessée. Piotr avait demandé conseil à Imrân, qui était il fallait bien le dire, le sage du couple. Il était diplomate, il savait y faire avec les gens, c'était son domaine là. Son petit ami lui avait donc dit que Piotr était touchant quand il était simplement sincère, et que rien que ça, ça serait déjà beaucoup, en plus d'excuses bien évidemment. Alors ensemble, ils avaient concocté une petite surprise pour la jolie blonde. Piotr s'était renseigné auprès de Chance concernant les horaires de la blonde, lui précisant que oui, il aimerait passer la voir, mais c'était tout. En réalité, il préparait tout autre chose. Et en cette fin d'après-midi là, le cœur battant, le jeune russe était assis sur la moto qu'il avait loué à nouveau. Il n'arrêtait pas d'en louer, parce qu'après avoir apprit à les conduire, il en tombait littéralement sous le charme. Les sensations qu'il pouvait ressentir sur la route étaient identiques, mais plus intenses, que lorsqu'il fumait un joint. Excité et détendu, presque dans un autre monde, libéré de tout. Maxyne y était pour quelque chose, comme Dereck. Son casque à la main, le cul posé sur sa moto, il attendait que son amie sorte de son travail, au centre de plongée. Il ne savait pas trop comment elle allait réagir, si elle allait le laisser faire, si elle était prête à l'écouter, à passer un moment avec lui. Il ne voulait pas la brusquer, mais il ne voulait pas que cette distance entre eux continue de s'immiscer. Puis, il la vit sortir du bâtiment et croiser son regard. A ce contact, il cru mourir. Il se demanda ce qu'il fichait bien ici, que c'était pas le moment, que tout ça était une mauvaise idée, qu'il avait envie de s'enfuir en courant, qu'il aurait voulu se confondre en excuses mais aussi lui dire à quel point elle lui avait fait mal à réagir comme cela, mais non. Il ne dit rien, ne bougea pas, la regardant juste. Au bout d'un moment, il esquissa un sourire timide et lança « salut » un peu maladroit. Il continua alors, après avoir observé un instant sa moto « j'ai... si t'es d'accord j'aimerai qu'on aille quelque part... » dit-il avec son accent russe. Il osait à peine lever les yeux vers elle, intimidé. Mais il le fit un instant, avant de sourire à la réponse de la jolie blonde. Maxyne s'en alla vers sa propre moto, tandis que le petit russe mettait son casque et allumait son moteur. Ils prirent ainsi la route, ensemble. Cet instant fit plaisir à Piotr, parce que c'était un plaisir qu'il avait découvert en partie avec elle, mais surtout, que leur rencontre elle-même était liée à ce véhicule. A ce souvenir, il rigola dans son casque, profitant des paysages sublimes que leur offrait la côte de Wellington qu'ils étaient en train de longer. Après presque trente minutes de route, Piotr s'arrêta enfin près de la côte. Ils étaient à présent rendu sur Rona Bay Beach. Une plage protégée par les montagnes, dessinant un lagon où un immense ponton semblait se perdre dans l'océan pacifique. De loin, Piotr vit ce qu'il avait préparé un peu plus tôt avec son petit ami et cela le fit sourire, Imrân devait sans doute à peine être parti de la plage. Il retira son casque, coupa le moteur de sa moto et observa un instant la vue. Sur le ponton, on pouvait distinguer quelque chose, mais sans forcément parvenir à être précis sur ce que c'était. Piotr jeta un coup d'oeil vers Maxyne, à qui il sourit et il lui lança « c'est là-bas » en désignant du menton, la petite surprise qu'il lui avait préparé. Quand ils descendraient jusqu'à la plage, puis jusqu'au ponton, Maxyne commencerait sûrement à entendre des musiques des années 80's, directement envoyées sur une petite enceinte posée là, tandis que surtout, une table dressée, avec une délicieuse boite à pizza les attendait pour le dîner. Sur la desserte où prônait l'enceinte, se cachait une multitude de desserts français qu'il avait carrément cambriolé de la petite boulangerie française qui se trouvait à Wellington. Bon, il avait demandé conseil à Chance pour être bien sûr que ça plairait à Max, mais il était vraiment impatient de voir sa réaction. Il avait envie de s'excuser, de lui montrer qu'il tenait à elle et qu'au delà de leur dispute, il voulait sincèrement retrouver son amie, sa mamoudzou.

@Maxyne Oakley

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**○ inscrit le** : 04/04/2020

when your eyes are so pacific view

Le temps n’a pas d’emprise sur le passé. Il accumule les souvenirs et les événements de notre vie comme les échelons d’une échelle difficile à gravir et il entasse les sentiments, jusqu’au jour où tout est susceptible de s’effondrer. Lorsque Maxyne quitta le centre nautique après sa journée de travail, elle suspendit sa marche dans son élan. Levant les yeux, elle venait de croiser le regard de Piotr, rempli d’ombre et de lumière, détenteur d’une foule de secrets. Ce regard fit tressauter son organe battant, tandis qu’un flot d’interrogations enfla en elle. Tout comme Chance, elle s’était demandée où il était parti après leur dispute, ce qu’il avait fait, comment il se portait. Au début, elle n’avait pas voulu entendre parler de lui, puis le recul l’avait aidée à redescendre sa colère de plusieurs étages. L’alcool n’avait pas aidé à filtrer ses pensées au repas de Noël, elle avait aussi ses torts mais elle ne comprenait pas pourquoi il l’avait chargée de tous ses problèmes. Blessée et supposant que ce ne serait pas non plus une bonne idée, Maxyne n’avait pas pris de nouvelles directement auprès de lui pendant son absence et depuis son retour, se contentant de glaner des informations par le biais de son meilleur ami. La soirée avait laissé des traces durables : ils avaient besoin de temps et d’espace. Son départ en était la preuve. Alors, la surprise était de taille. Elle ne s’attendait pas à le retrouver un jour après son travail. Le souvenir des paroles que le jeune russe lui avait lancées juste avant de quitter Island Bay ressurgit dans son esprit, elle se rappelait de chaque mot, de chaque inflexion. Elle se souvenait de la fureur qui luisait dans ses yeux foncés lorsqu’il lui avait balancé des horreurs. Maxyne se remémorait aussi le vide qu’il avait laissé derrière lui quand il était parti. Dans les mois qui avaient suivi leur rencontre, elle s’était attachée à lui, elle l’avait laissé avoir du pouvoir sur elle, bien plus encore qu’elle ne l’avait cru, par l’affection qu’elle lui portait. Piotr ne s’en était pas rendu compte ou bien avait-il tout simplement choisi de l’ignorer, toujours est-il que le problème était là. Et elle s’était promis de s’en préserver après son pétage de plomb. Voilà ce qui avait tristement résulté de leur confrontation à Noël. Maxyne avait répliqué avec la même véhémence que la douleur ressentie par ses accusations… Mais la colère de la nageuse était tout aussi mal dirigée, sur un gamin perdu et en détresse, poussé à bout par l’angoisse de ce que ses proches penseraient de lui, criant à corps perdu sa douleur ; il avait perdu le contrôle de toute forme de raison ce soir-là. L’avait-elle réellement poussé à bout ? Avait-elle saccagé sa confiance au point qu’il en soit marqué durablement ? Au point de l’avoir perdu ? Impossible à dire derrière la barrière illisible qu’ils avaient tous les deux instauré dans leurs yeux. D’une voix intimidée, Piotr la salua et lui demanda de l’accompagner. D’un regard entendu, Maxyne accepta et enfila son casque. Baissant sa visière et démarrant le moteur de sa Triumph, elle le suivit jusqu’à la sortie du parking. Très vite, les motos s’éloignèrent de la ville et sillonnèrent les routes longeant la côte de Wellington. La jeune femme n’avait aucune idée de leur destination mais la réponse attendait au bout du chemin. Maxyne profita du trajet pour admirer les paysages et se détendre, comme toujours quand elle montait sur sa moto, une part d’elle était contente de voir Piotr partager cette passion motorisée tandis qu’elle maudissait son cœur de se serrer à cette simple vue. Au bout d’une demi-heure, ils s’arrêtèrent près d’une plage entourée de montagnes. Rona Beach. L’endroit lui était familier, elle y était déjà venue passer un moment en famille quand elle était ado. Le souvenir remontait dans le temps, lui démontrant à quel point les années défilaient. Dans un silence sacré, Maxyne retira son casque et observa la sublime vue qui s’étendait devant eux. Piotr l’avait-il emmenée ici pour parler ou lui adresser des adieux devant le coucher de soleil d’une plage paradisiaque ? Pas le temps de se poser des questions. Le jeune russe l’invita à le suivre sur le ponton. La nageuse quitta sa moto et descendit avec lui sur la plage, apercevant une table au loin. Soudain, elle entendit de la musique des années quatre-vingt, la new wave anglaise qu’elle appréciait. Piotr avait organisé un dîner surprise entre les boites à pizza qui attendaient sur la table et les boîtes à desserts sur la desserte. Maxyne sentit une boule étrange remonter dans son ventre, dont les entrailles nouées la firent frissonner de douleur. Lentement, cette boule progressa en elle, se faufilant dans ses veines trop étroites pour la contenir, elle progressa et se cala contre les parois de son cœur dur. Perdue, elle pria pour que cette maudite boule d’émotions qu’elle sentait dans sa poitrine s’évanouisse, mais elle savait bien que cette sphère resterait, comme toujours lorsqu’une personne réussissait à l’atteindre. La surprise de Piotr la touchait. Pendant sa disparition, elle s’était rendu compte qu’elle ne lui avait par apporté le soutien dont il aurait eu besoin et pourtant elle aurait aimé pouvoir le faire. Après leur dispute, Maxyne s’était jurée de ne plus lâcher les brides de son attachement à un tierce aussi important fut-il en dehors de Chance, mais peut-être restait-il quelque chose à sauver de leur amitié, peut-être que Piotr pourrait la retenir auprès de lui. La garder dans sa vie, à cette place qu’elle occupait sans en porter le titre. Comme un petit frère ou un jeune qu’elle devait protéger de tout. Elle aussi avait failli, magistralement failli. Elle était devenue tout aussi incontrôlable. Troublée, Maxyne resta pourtant debout près de la table. C’était beau, trop beau pour être vrai. Tout lui paraissait trop parfait. Peut-être qu’elle rêvait ou qu’elle avait mal compris le message. Malheureusement, Noël l’avait rendu méfiante. Il ne suffisait pas d’une belle surprise pour que tout soit oublié en un claquement de doigts. « C’est magnifique mais… » Pour la première fois aujourd’hui, elle brisait le silence depuis qu’il l’avait attendue à la sortie de son travail. Dur de trouver les mots exacts, elle était à la fois touchée et plongée dans l’incompréhension la plus complète. D’autant que les tensions entre eux étaient toujours présentes en toile de fond. « Qu’est-ce qu’on fait là ? Tout ceci… Je ne comprends pas. » Maxyne ne voulait pas le blesser alors qu’il s’était donné beaucoup de mal pour la surprendre mais elle avait du mal à suivre. « Tu as été plutôt clair sur ce que tu pensais de moi. » Il l’avait quand même cru capable de détruire sa vie, et pourquoi ? Son plaisir personnel, son orgueil… Alors pourquoi organiser une surprise qui regroupait absolument tout ce qu’elle aimait ? « Où étais-tu passé d’ailleurs ? Tout le monde s’est inquiété. » Demanda la monitrice de plongée, ne parlant pas en son nom propre mais se retranchant derrière tous ses proches.

@Piotr Tsvetkov

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Maxyne se laissa entraîner jusqu'à la table, que le couple russe avait prit soin d'installer plus tôt dans la journée. C'était un peu surprenant, oui. Piotr s'était bien demandé comment il pouvait reprendre contact avec ceux qu'il avait quitté aussi brutalement ce soir-là. Chacun à leur manière, ils s'étaient retrouvé pour discuter, pour comprendre, pour se comprendre. Après Maxyne, c'était Aela. Piotr savait que cela serait bien plus difficile pour l'une, comme pour l'autre. La relation avec Loreleï demanderait davantage de temps pour retrouver toute sa complicité, mais Piotr y croyait. Pourtant, en ce qui concernait Maxyne et Aela, il avait un profond doute. Il n'était pas sûr de retrouver une relation avec les deux femmes. Aela encore moins et pour le coup, il le comprendrait. Tout comme Maxyne, finalement, mais c'était différent puisque tout avait été gâché par une seule et unique soirée. Par un mélange de rancoeurs, de peurs, d'alcool et de drogue. Piotr ne voulait pas croire que le lien qui l'unissait à Maxyne se soit totalement détruit ce soir-là. Il lui en avait voulu, plus qu'à quiconque même. Mais il avait perdu le contrôle avec elle, avec Chance, en leur hurlant dessus comme il l'avait fait. Bien sûr que l'un et l'autre ne pouvait comprendre ce qu'il se passait dans sa tête, mais en aucun cas il n'avait le droit de traiter des gens aussi biens, de la sorte. A sa décharge, Piotr a grandit seul, sans autorité maternelle, sans aucun amour maternelle ni fraternel finalement. Il s'est fait seul, a apprit seul, et surtout, il n'a que vingt ans. En plus de toutes ses douleurs, de ses traumatismes, de ses angoisses quotidiennes, il a également la fougue de son jeune âge qui vient parfois accentuer ses émotions déjà exacerbées.
Mais là, debout sur ce ponton, avec une musique des années quatre-vingt en fond sonore, roulant sur les vagues énormes qui viennent mourir sur le sable. Piotr n'ose pas croiser le regard de la blonde, il voit bien qu'elle est aussi fermée qu'une huître. Il ne la même jamais connu ainsi, puisque dès leur rencontre, Maxyne s'était montré avenante, chaleureuse et rassurante. Là, elle lui faisait penser à un petit animal effrayé qui se demandait bien pourquoi il se trouvait ici ? Et d'ailleurs, la blonde ne tarda pas à le demander au plus jeune. Lui aussi, mal à l'aise, se gratta l'arrière de sa tête et puis fini par lever timidement les yeux vers les siens. « Beh j'me suis dit que tu devais avoir des questions justement ou... » il joua avec ses bras, ne sachant pas trop quoi en faire tout d'un coup. « J'me suis dit qu'on aurait pu parler si t'en as envie » il lança sa main vers elle, la désignant, n'osant pas recroiser son regard. « Mais si ça t'dit rien, t'inquiète je... » il regarda l'océan, juste là, tout près. Terrifiant, immense, intense, mystérieux, divin, totalement libre et libéré. Piotr sourit alors en regardant la vue et puis termina sa phrase « si ça ne te dit rien c'est pas grave » en haussant les épaules, d'une voix plutôt sereine, un doux sourire aux lèvres.

@Maxyne Oakley

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ton gif est trop cool, j'ai réutilisé ton post hihi

**○ inscrit le** : 04/04/2020

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Maxyne gardait un souvenir précis du repas de fin d’année. De son retour chez elle, de cette sensation de flotter, des regards noirs et des insultes qui avaient conclu la soirée. Pendant une seconde, elle fut tentée de lui dire que tout allait bien, que tout était oublié, sans discussion, mais tout ceci n’aurait été qu’un mensonge. Elle aurait pu lui mystifier la réalité, lui dire toutes les choses qu’il espérait, mais l’attachement qu’elle lui portait l’en empêcha. Les pensées de Maxyne étaient confuses mais dans la brume de leurs retrouvailles, elle était certaine qu’elle refusait de lui mentir. Incertaine, la voix de Piotr s’éleva face aux interrogations de la jeune femme. Ce n’était pas une nouvelle confrontation, c’était une offre de paix. La jolie blonde aurait pu le deviner au mal qu’il s’était donné pour organiser un dîner dans un endroit magnifique en prenant soin d’y inclure tout ce qu’elle aimait pour la surprendre mais elle avait mis du temps à percuter. C’était comme si son cerveau s’était mis en mode œillère depuis qu’elle l’avait vu à la sortie de son travail. Devait-elle regretter tout ce qui s’était passé à Noël ? Une partie. Certains actes, certains mots. Cependant, cette dispute avait aussi apporté son lot de points positifs. Piotr avait vidé son sac, ses angoisses, ses émotions refoulées, sa colère accumulée. Et il pourrait enfin être lui-même s’il se donnait la chance de vivre son amour au grand jour après ses révélations. La vie avait appris à Maxyne qu’éviter des situations où l’on commet des erreurs est justement la plus grande erreur que l’on pourrait faire. Car apprendre de ses erreurs faisait partie intégrante de cette vie. Elles permettaient de grandir, d’évoluer, de s’accomplir. Piotr avait tellement gagné en maturité par rapport à un an auparavant. Alors, cette dispute avait servi par certains côtés. Il avait été courageux pour se dévoiler, se mettre à nu devant tout le monde. Et il n’avait pas eu tort sur tout en ce qui la concernait. De son côté, Maxyne stagnait dans sa vie personnelle. Depuis plusieurs années, elle vivait dans l’ombre du passé et fuyait l’amour comme d’autres avaient la phobie des araignées. Il avait raison oui, elle était fière et orgueilleuse mais elle n’aurait jamais cherché à le blesser ou à se servir de son secret contre lui. Non, elle manquait de courage pour se dévoiler et se cachait derrière une façade de caractère uniquement pour se protéger, ne pas monter ses vulnérabilités, dissimuler ses blessures. Son but n’avait jamais été de blesser les autres. Auparavant, elle avait encaissé de nombreuses déceptions, de nombreuses désillusions. Elle apparaissait toujours comme cette femme forte, cette femme sur laquelle son entourage se reposait. Tout comme Piotr l’avait fait, en quête de son amour, de son affection, et elle la lui avait donnée parce qu’elle ne pensait pas qu’il la blesserait un jour. Alors, avoir baissé sa garde de la sorte, pour se prendre la fureur qu’elle avait reçu à Noël, ne l’encourageait pas à retenter l’expérience. Elle était redevenue méfiante, tranchante. Un brin rancunière aussi. A nouveau : Piotr avait aussi des raisons de lui en vouloir, il était pourtant revenu vers elle, parce qu’il tenait à elle. Il avait mis sa colère de côté et avait fait un pas pour la retrouver. Le perdre n’était pas une option pour elle non plus. Si Maxyne ne réagissait pas maintenant, si elle ne donnait pas la chance à la discussion par peur (peur de quoi au juste ? qu’un garçon en détresse réagisse encore impulsivement ? Elle pourrait gérer maintenant) alors leur amitié ne s’en remettrait probablement pas de sitôt. Les paroles de la chanson qui s’élevait sur le fond sonore firent écho à ses pensées. In these trembling hands, my faith tells me to react. Le regard fixé sur les vagues devant eux, elle prit une profonde inspiration, laissant cette réflexion l’envahir et une émotion positive l’inonder ; son cœur se remit à battre normalement. Tell me to relax, I just stare. Maybe I don’t know if I should change, a feeling that we share. Maxyne tourna les yeux vers lui. « Non, c’est moi, je… » Elle n’était pas timide ou gênée. C’était sa surprise… Il avait réussi à la mettre sans voix, elle s’était pris une claque dans la figure. Jamais personne ne lui avait préparé un truc pareil pour tenter une réconciliation. « T’as organisé un truc de dingue, j’m’y attendais pas. » Digne du scénario d’un film. C’est aussi pour cette raison qu’elle avait tiqué, qu’elle avait mis du temps à le croire. Mais la gêne de Piotr l’avait réveillée, sortie de sa torpeur. Elle serait idiote de ne pas l’écouter. De manière inconsciente, la main de Maxyne effleura la sienne, dans un geste doux, presque tendre, comme l’affection qu’elle lui portait. Voilà ce que sa fierté inébranlable avait failli détruire. « Et ça m’a scotchée. » Souffla-t-elle d’une voix émue. Son sourire, bien que discret, n’était pas feint. D’une attitude plus engageante, Maxyne s’avança ensuite vers la table pour prendre place. Son regard retrouva le sien, comme si cet échange marquait l’accord tacite qu’ils étaient en train de passer. Et parce qu’il fallait bien commencer quelque part, elle reprit le fil de la discussion. « Après Noël, je n’étais pas certaine que tu veuilles reparler de tout ça, reparler tout court. »

@Piotr Tsvetkov

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Il avait d'abord cru sincèrement que Maxyne allait lui dire que c'était bien mignon, mais que c'était mort, avant de voir que la jolie blonde était surtout surprise. A ces mots, Piotr retrouva un sentiment de sécurité qu'il appréciait avec sa mamita. Au léger contact de sa main près de la sienne, Piotr retrouva un sourire plus large. Elle était contente de la surprise, et ne se priva pas de le lui dire. Quand elle s'approcha de la table pour s'y installer, Piotr la regarda, l'esprit un petit peu plus serein et confiant. Maxyne venait de laisser la petite porte ouverte. Elle ne l'avait pas fermé d'un coup de talons, ou d'une gifle, parce que clairement, il s'était aussi préparé à cela. Il s'était préparé à ce qu'elle lui dise ses quatre vérités dans la gueule, qu'elle lui dise qu'elle était déçue, qu'il lui avait fait du mal, et que non, elle ne passerait pas outre. Et sincèrement, Piotr l'aurait accepté. Parce qu'il savait qu'il s'était mal comporté, même si c'est compréhensible pour certains, ce n'est pas tolérable pour d'autres. Alors qu'elle venait de s'installer sur sa chaise, le plus jeune alla l'y retrouver. Tirant la chaise face à Max, il se posa dessus. La jolie blonde évoqua noël, et Piotr affronta difficilement son regard. Baissant les yeux vers leurs assiettes et leurs verres, il prit la bouteille de soda pour l'ouvrir, proposant silencieusement à la jeune femme si elle voulait qu'il la serve. Alors qu'il lui remplissait son verre, puis le sien, il répondit « beh... j'pense qu'on avait tous besoin d'un peu de temps pour digérer cette soirée là... » souffla t-il à la fois comme une question. Il croisa son regard, attendant qu'elle confirme ou non sa phrase. Posant la bouteille sur la table, il tourna la tête vers les boites à pizza et lança à la blonde « on en a prit deux différentes, je te laisse choisir ». Il prit son verre, le leva vers Maxyne amusé par ce geste. Il trinqua alors avec elle, bu une première gorgée et puis lança « j'estime que j'me suis mal comporté. En plus des mensonges, j'vous ai balancé tout ça à la gueule sans aucune explication et puis c'était juste violent en plus... » expliqua t-il avec son accent russe. Il n'avait pas le vocabulaire soutenu qu'il aurait pu avoir en russe, pour former de jolies phrases. Ca ne serait pas poétique, juste concret, simple et essentiel. Il joua légèrement avec le pied de son verre, avant de tousser, la gorge fatiguée par le tabac. « Déjà je... » il grimaça un peu, avant de lever les yeux vers Maxyne. « J'te d'mande pardon Maxyne » et on pouvait sentir la sincérité de ses paroles à sa voix. Sa voix émue, ça voix tremblante un peu. Parce qu'en ce moment, il a quand même atrocement peur de l'avoir perdue, elle, sa mamita. « J'te d'mande pardon pour vous avoir hurlé dessus, t'avoir hurlé dessus à toi et pour t'avoir dit ça... » il marqua une pause. Après quelques instants, sa voix se fit de nouveau entendre « quand tu m'as sorti ça dans le garage à noël... » il grimaça à nouveau, baissant les yeux. « Pour moi c'était horrible parce qu'on se cache depuis cinq ans, qu'on a jamais été grillé hormis le soir de l'agression... et que... » il ne savait pas comment s'expliquer dans une langue qui n'était pas la sienne, pour quelque chose d'aussi important que l'était cette discussion. « Pour nous, pour moi » réctifia t-il, puisque Imrân n'avait jamais été d'accord avec tout ça « si on apprenait ça, qu'on était homo... pour moi ça voulait dire qu'on allait mourir » avoua t-il alors en croisant le regard de Max. « Y'a pas d'acceptation, y'a pas de communauté en Russie, tout ce qu'il y a, ce sont des gens qui te disent que t'es malade, qu'tu mérites pas de vivre, que t'es pas normal... on leur fait du mal en Russie et c'est normal là-bas » expliqua t-il. « Je me suis sentie en danger, j'me suis sentie trahie mais je sais que c'était pas le cas, que c'est juste moi qui... » il ne termina pas sa phrase, faisant le signe de sa main, près de son visage, de son cerveau qui déraillerait alors.

@Maxyne Oakley

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**○ inscrit le** : 04/04/2020

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La surprise de Piotr l’avait tellement scotchée que Maxyne avait accepté d’ouvrir la porte à la discussion. Il était revenu vers elle pour s’expliquer, mettre les choses à plat. Elle aurait été idiote de refuser même si tout était loin d’être réglé entre eux. Ce qu’il avait dit sur elle, ce dont il la pensait capable, faisait froid dans le dos. Lui avait-elle donné des raisons de croire qu’elle était apte à lui causer du tort par amusement ? Cette phrase résonnait encore dans sa tête et elle n’arrivait pas à passer au-dessus. De toutes les affirmations que Piotr avait lancées, c’était sans doute celle qui faisait le plus mal, en dehors de ses insinuations selon lesquelles tout le monde dans le groupe avait eu la belle vie parce qu’ils avaient eu la chance de naitre ici. L’avait-il blessée ? Oui. Était-elle déçue ? Dans un sens, oui aussi. Mais Maxyne devait aussi remettre les choses en perspective. Ce soir-là, ils avaient dérapé tous les deux. Elle quand elle avait remarqué ce qui se tramait juste sous le nez d’Aela et ensuite quand Piotr lui avait balancé ces attaques gratuites. Impulsive, la blonde avait répliqué pour se défendre. Et la situation avait dégénéré. Au final, ils étaient tous sous l’influence de la boisson et les esprits étaient échauffés par la tension ambiante qui régnait au cours de ce repas. Ce n’était pas une excuse mais ces facteurs avaient contribué à augmenter les incompréhensions entre eux. Car la base du problème, c’était avant tout que personne ne s’était mis à la place de Piotr parce que personne n’avait traversé ce qu’il avait vécu. En parallèle, il ne connaissait pas tout de leur passé non plus, des motivations qui avaient parfois poussé quelqu’un comme Maxyne à réagir autrement que comme la personne dont il aurait eu besoin ce soir-là. Pas comme une mamita. Alors oui, il était devenu nécessaire de crever l’abcès entre eux et d’aborder les non-dits. En s’installant, la jeune femme évoqua Noël. Inutile de tourner autour du pot. Bien sûr, tous les deux avaient eu besoin de prendre du recul. Avant de continuer, Piotr leur servit un verre de soda et l’invita à choisir une pizza. Lorsqu’elle entendit le « on », la jeune femme comprit qu’il n’avait pas organisé cette surprise tout seul. Il avait retrouvé Imrãn. La révélation de Noël leur permettrait de vivre leur relation au grand jour si c’était ce qu’ils voulaient. Personne ici – à part des cons – ne les jugerait pour ça. C’est d’ailleurs ce que Piotr allait lui expliquer aujourd’hui, que dans son pays natal, ce n’était perçu de la même façon. Aimer la personne de son choix était parfois une question de vie ou de mort. Avant ces confessions, les deux amis trinquèrent puis Piotr reprit le fil de la discussion. Il était navré de la tournure des choses, de la violence de ses mots. D’une oreille attentive, Maxyne l’écouta, en silence. Elle entendait la sincérité dans sa voix, le timbre tremblant, la nervosité qui filtrait dans ses cordes vocales. C’est à peine si le jeune russe osait la regarder depuis qu’ils étaient arrivés sur cette plage. Pourtant, il leva les yeux vers elle quand il lui demanda pardon. En dépit de sa colère, Maxyne n’était pas insensible. Le voir ainsi la chamboulait. Depuis qu’elle l’avait rencontré, Piotr n’avait jamais été dans la demi-mesure. C’était tout ou rien. Il était entier. Que ce soit dans sa colère, dans sa tristesse, dans ses peurs et dans son amour aussi. Pour lui, son homosexualité n’était pas que synonyme d’amour, elle était associée à un profond traumatisme et au souvenir d’avoir dû vivre caché, brimé par une société où la tolérance devait encore trouver sa place. Maxyne n’était pas de nature violente mais elle se surprit à penser qu’elle aurait été capable de tuer ceux qui avaient osé leur infliger une telle douleur. Vérité dévastatrice qui faisait rugir son cœur de haine. De son agression, la nageuse ne savait rien, à peine quelques bribes d’informations que Piotr avait laissé échapper au repas de Noël et aujourd’hui. Elle avait cette intime conviction que cette histoire se dressait entre lui et la sérénité, le bonheur, qui faisaient défaut au jeune homme. Le côté protecteur de la nageuse ressortait et elle lâcha la fourchette qu’elle tenait pour attraper les mains de Piotr et les serrer très fort dans les siennes. Le contact physique entre eux restait… timide mais il se renouait petit à petit. Lorsqu’il arrêta de parler, Maxyne compléta sa phrase. « Hey ça va aller... Oui, tu revivais ta plus grande peur. » A son tour, elle poursuivit. « Je n’ai pas les mots pour ce que tu as vécu là-bas… Le chemin est encore long pour que la mentalité des gens évolue. » Personne ne pouvait le comprendre à leur place, c’est sûr. Quoique pour la violence, Maxyne comprenait peut-être un peu, mais ce n’était pas le sujet. « Tu as raison quand tu as dit qu’ici, c’est un peu plus safe. Et jamais, jamais, je ne jugerai la personne que tu as envie d’être ou que tu as envie d’aimer. J’espère que ça, tu le sais. Que ce n’est pas ce qui m’a poussé à réagir comme je l’ai fait. » En principe, il l’avait compris mais elle voulait être parfaitement claire là-dessus. Relâchant doucement les mains du jeune russe, la jeune femme continua ensuite sur sa lancée. « Je pense que ce qui s’est passé ce soir-là a juste précipité les choses, ça aurait fini par éclater. » Imran et Piotr avaient tellement besoin l’un de l’autre qu’ils s’étaient échangés des messages (au moins celui que Maxyne avait vu) et s’étaient pratiquement absentés à chaque fois en même temps sans Aela. Sans parler des surnoms en russe. Ils avaient essayé de nier quand elle avait tiqué mais elle avait finalement grillé leur relation. Plus le repas avançait, plus c’était devenu flagrant, l’alcool aidant. Pour le fait d’avoir compris, Maxyne ne s’en excuserait pas. Par contre, elle n’aurait pas dû confronter Piotr de la sorte, à moitié aigrie par la boisson. « Je suis sincèrement désolée aussi. Je n’aurai pas dû te balancer ça comme ça, c’était très déplacé de ma part. Et gênant. » Elle aussi lui expliqua ce qui s’était passé dans sa tête à ce moment-là. « En fait, je ne comprenais pas ce que tu faisais avec Alea. Maladroitement, j’ai voulu te demander une explication sans avoir conscience de ce que ça a provoqué chez toi. C’est pour ça que je n’ai pas compris toute la colère qui en a découlé ensuite et que j’ai bêtement répondu avec la même colère. Alors que tu avais juste besoin d’être rassuré. Et pour ça, je te demande pardon aussi. » Si elle avait réussi à soutenir son regard jusqu’à ce stade de la conversation, elle les baissa légèrement en direction de la pizza. Se mordillant la lèvre inférieure, Maxyne prit une profonde inspiration puis elle continua son explication. « Si j’ai réagi comme ça, c’est parce que j’ai déjà vu les dégâts qu’un tel mensonge peut causer. » Alors même que les deux histoires n’avaient pas de rapport en termes de vécu et de personnes impliquées. « Quand j’étais plus jeune, c’est la raison pour laquelle mes parents ont divorcé. Mon père avait quelqu’un d’autre dans sa vie. Un homme. Il n’a pas eu l’honnêteté de le dire. Je crois qu’il n’assumait pas, par peur surtout, de briser la famille, de nous perdre, du regard des gens et de son entourage. Mais ma mère a fini par le découvrir : ça durait depuis des mois. » La plupart des proches de Maxyne était au courant de cette histoire, ceux qui en tout cas vivaient à Island Bay depuis des années. Après une période compliquée avec son père, l’ado avait fini par accepter ce qui s’était passé. On ne pouvait pas expliquer ce qui poussait à tomber amoureux d’une personne. Quand l’adolescente furibonde avait compris ça, Maxyne était retournée vers son père après plusieurs mois sans lui avoir adressé la parole. Au début, il avait manqué de courage mais il avait pris ses responsabilités quand sa femme avait découvert la vérité, promettant à ses enfants que cette séparation ne l’empêcherait pas d’être présent pour eux. Il leur avait appris des valeurs importantes même si Maxyne lui en avait voulu d’avoir fait souffrir leur mère. Avec les mois, puis les années, la blonde s’était réconciliée avec lui d’un point de vue relationnel. Aujourd’hui, il était toujours en couple avec l’homme dont il était tombé amoureux, un homme que les enfants Oakley appréciaient d’ailleurs. « Ça a été une période compliquée. Elle a beaucoup souffert à cause de ça. Je crois qu’elle ne s’en est jamais vraiment remise… Même si maintenant ça va mieux. » Poussant la réflexion plus loin Maxyne développa ce qui s’était passé après le coming-out de son père. « Pour une femme… C’est délicat d’être quittée pour un homme. Pendant longtemps, elle s’est remise en question, s’est demandée ce qu’elle avait bien pu faire, alors qu’elle n’a rien fait, c’est juste comme ça… Je ne sais pas ce qui m'a pris sur le moment, je crois que je ne voulais pas qu’Aela ressente quelque chose comme ça. » Alors que Piotr fréquentait déjà un homme, il se cachait et se servait de la Walsh pour se couvrir. Voilà ce qui était une des raisons de la réaction déplacée de Maxyne en plus de l’alcool ingurgité et de s’être mêlée de ce qui ne la regardait pas. « Tu l’as revue depuis Noël ? » Demanda-t-elle, curieuse du dénouement de cette fausse relation. La conversation était loin d’être terminée mais elle prit une gorgée de son soda tout en écoutant sa réponse.

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Alors qu'il demandait pardon à son amie, la toute première sur cette île, celle par qui tout avait commencé et même : si bien commencé ; celle-ci fini par lacher sa fourchette près de son assiette, dans un bruit reconnaissable. Au contact de sa peau sur les mains du plus jeune, celui-ci croisa son regard. Piotr se sentait coupable, il s'en voulait beaucoup, il avait aussi très peur d'avoir perdu son amie, ou alors d'avoir perdu leur potentiel. Il ne voulait pas que leur amitié change, qu'elle soit différente dans le sens où quelque chose serait perdu à jamais. Au contraire, il voulait chercher à tous prix le seul moyen qui ferait qu'ils tourneraient ça en positif. Il avait les yeux brillants, parce qu'il n'avait que vingt ans et qu'il était aussi très sensible comme garçon, depuis le temps tout le monde l'aura bien comprit. Alors de ses doigts, il serra comme il le pu, les mains de Maxyne dans les siennes. Le plus jeune écouta les paroles de la femme blonde assise face à lui autour de cette table, tandis que la chanson « you shook me all night long » d'AC/DC passa. Pas du tout appropriée à l'ambiance émotive de cette discussion, cela aida le plus jeune à garder le contrôle de ses émotions. Parce que cette musique, il savait la jouer parfaitement à la batterie. Quand Maxyne s'excusa, de l'avoir confronté ainsi, Piotr baissa les yeux. Il les ferma une seconde, parce que ses excuses là, elle n'était pas obligée de les faire Max, pourtant, elle venait de les lui présenter. Cela voulait dire qu'elle tenait à lui, à eux deux et que ça avait encore du sens. Alors il serra encore la main de sa mamita dans la sienne, hochant positivement à ses paroles. Il acceptait ses excuses, bien sûr. Et en fait, d'entendre son amie lui dire que sa douleur existe bel et bien, ça le rassurait sur sa santé mentale. Parce qu'il savait très bien qu'après presque deux ans maintenant après l'agression, il avait acquis des automatismes néfastes pour lui, pour son développement personnel et son avenir. Il allait avoir besoin d'un médecin de la tête, comme il disait -parce qu'il ne retenait pas le mot anglais pour dire psychologue. Avec Imrân, ils en cherchaient justement un pour avancer ensemble dans la nouvelle vie qu'ils s'étaient choisi.

Alors que leurs mains se séparèrent doucement, la jolie blonde expliqua alors à Piotr la raison d'une telle réaction le soir de Noël. Elle expliqua alors son histoire, une histoire personnelle que Piotr ignorait. Et il n'aurait jamais pu imaginer en fait, que c'était l'histoire de la blonde. Il ne cacha pas sa surprise en entendant cela. En entendant que le papa de Max était comme lui, gay, et qu'il avait menti lui aussi. Et Piotr n'avait pas besoin de se demander les raisons de ce mensonge. Parce que là, il y avait des enfants en jeu, Maxyne et son frère. Il était normal pour son père d'avoir eu peur, d'avoir cru tout perdre, d'avoir eu la trouille que son essence même ne soit pas compatible avec ce qui nous rend heureux : sa famille. C'est horrible cette sensation d'être tendue entre deux mondes qui ne semblent pas vouloir vivre ensemble. Mais Piotr n'allait pas excuser le père de Max, ni lui trouver d'autres excuses. Lui, il savait parfaitement pour quelles raisons son père avait réagit ainsi et il se dit qu'à son époque, il aurait sûrement été capable de faire cela lui aussi. C'était d'ailleurs un peu ce qui avait précipité tout cela, quand Imrân le lui avait demandé clairement : est-ce qu'il allait mentir toute sa vie ? « Je sais juste que quand on se sent en danger, on réagit avec une autre dimension qui est pour nous notre réalité et ça fausse tout... » expliqua t-il alors, mais il ne voulait pas entrer dans un débat ici et maintenant. L'histoire de Max ne le regardait pas, il n'avait pas à avoir un avis. Mais il comprenait très bien son père, ouais c'était un fait. D'ailleurs, il aimerait davantage faire sa rencontre un jour, peut-être qu'une discussion entre eux aiderait Piotr à ne pas commettre d'autres erreurs?

Maxyne termina alors son explication et Piotr l'avait écouté tout du long, croisant parfois son regard, le fuyant à d'autres moments aussi. Maxyne évoqua Aela. Ce sujet était encore sensible et délicat pour Piotr, qui ne s'était toujours pas confronté à son ancienne fausse petite amie. Parce qu'il savait comment ça se passerait, qu'il savait à quoi s'attendre. La jeune fille Walsh n'allait pas le laisser s'en sortir comme ça, il le savait bien. Aela était loin d'être méchante, mais quand on lui faisait du mal : on savait à quoi s'en tenir. Et il savait qu'il lui avait fait du mal -du moins il en était encore convaincu à ce moment-là. Le petit russe répondit d'abord en pinçant ses lèvres, puis en bougeant de façon négative sa tête, finissant par croiser le regard de la jolie blonde assise en face de lui. « Non... j'ai... c'est la suivante » précisa t-il. « Je sais que ça ne sera pas facile, je sais que... » il soupira, s'installant de façon plus droite sur sa chaise, les coudes posés sur la table, une main jouant avec sa propre fourchette. « J'avais pas la force de l'affronter tout de suite » avoua t-il comme l'enfant lâche qu'il était. Et puis, il ne savait même pas ce qu'il allait pouvoir lui dire. Il allait lui demander pardon bien sûr que oui, mais il savait aussi que ça ne suffirait pas. Que peut-être son frère et son père viendraient en rajouter une couche ? Ils auraient bien raison, il a été un vrai con.

**○ inscrit le** : 04/04/2020

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Dans les yeux de Piotr, Maxyne voyait la même sensibilité traverser ce garçon de vingt-ans qui avait perdu ses moyens le soir de Noël. Il n’avait pas grandi dans un foyer entouré d’amour et de reconnaissance, il n’était pas habitué à des sentiments comme l’acceptation et la bienveillance. Tout cela était nouveau pour lui. Pourtant, il pouvait voir que l’affection de ses proches, en tout cas ceux assis autour de la table de ce dîner explosif, n’avait pas changé pour lui parce qu’il était gay. Ce qui avait mis le feu aux poudres n’était qu’un enchainement d’incompréhension et de colère mal dirigée entre les convives. Maxyne n’allait pas lui mentir. En Nouvelle-Zélande, comme partout ailleurs, les gens n’étaient jamais à l’abri croiser des idiots à l’esprit étroit qui se permettaient des remarques ou des commentaires déplacés mais le pays était connu pour être ouvert et pour protéger la communauté homosexuelle. Pour leur bonheur, la nageuse souhaitait aux deux amoureux de vivre leur amour librement en dehors du cercle familial mais ce choix leur appartenait à eux et à eux seuls. « Comment va Imrãn ? Tout est ok entre vous ? Il n’était pas fâché après ce qui s’est passé ? » La révélation de Piotr avait autant touché son petit-ami, puis sa disparition soudaine n’avait certainement pas aidé à calmer les inquiétudes du russe. Bien sûr, Maxyne savait qu’ils s’étaient revus puisqu’elle avait eu des nouvelles par l’intermédiaire de Chance. A son tour, elle présenta ses excuses à Piotr pour l’avoir confronté de la sorte, c’était déplacé de sa part. La nageuse lui expliqua ensuite ce qui l’avait poussé à réagir ainsi, motivée par une histoire qui avait trouvé résonance chez elle : le divorce compliqué de ses parents. Compliqué parce que son père était partagé entre sa famille et son véritable amour. Il avait essayé de combiner les deux dans sa vie mais ce n’était plus possible. La révélation avait eu de bénéfique qu’il vivait désormais en étant lui-même et que ses enfants étaient heureux pour lui. D’autant que près de vingt-ans auparavant, l’homosexualité était un sujet encore plus sensible à aborder qu’aujourd’hui. Les consciences avaient évolué mais le chemin était encore long. Piotr comprenait totalement la réaction du père de Maxyne. Après ses explications, la nageuse évoqua ensuite Aela. La fille de Roméo. Roméo, qu’elle connaissait aussi. A vrai dire, personne ne savait exactement à quel point Piotr et Aela étaient proches. Il avait été plutôt discret. D’ailleurs, le soir du fameux repas, c’est la première fois que Maxyne rencontrait sa « petite-amie ». La réaction de la jeune femme dépendrait donc sûrement de l’attachement qu’elle avait pour lui. Embarrassé, Piotr n’avait pas encore eu la force de la revoir. « Tu crois qu’elle t’en voudra beaucoup ? » S’étonna-t-elle. « Vous n’étiez pas ensemble depuis très longtemps ? » Peut-être qu’il réussirait à réparer les pots cassés, qu’Aela comprendrait. « Si tu lui expliques comme tu viens de m’expliquer, peut-être qu’elle comprendra. En partie. » Il faudrait être insensible pour ne pas se mettre un minimum à la place de Piotr mais son mensonge avait sûrement blessé la jeune femme aussi. Le mieux, c’était d’être honnête et de parler avec son cœur comme il venait de le faire. A espérer qu’Aela accepte de le revoir. Maxyne avait commencé la pizza mais elle n’avait pas très faim, toujours cette boule dans le ventre. Même si elle avait accepté les excuses de Piotr et surtout ses explications selon lesquelles il se sentait en danger, acculé dans une situation où il avait l’impression de perdre pied et de ne plus rien contrôler, il y avait certaines paroles qu’elle n’arrivait pas à oublier, à retirer simplement de sa tête. La dureté de certains mots l’avait ébranlée et la brûlure dans son cœur ne s’était pas encore éteinte. Pourquoi y attachait-elle autant d’importance ? Difficile à dire. Maxyne ne voulait pas relancer une tension qui venait de trouver son accalmie mais elle s’inquiétait de la façon dont Piotr l’avait perçue. Était-ce uniquement sous le coup de la colère ou y avait-il un fond de vérité ? « Il y a quand même quelque chose que j’aimerai te demander… Je n’arrive pas à me l’enlever de la tête. » Reprit-elle, d’une voix intriguée. « Tu pensais ce que tu as dit quand tu me croyais capable de vouloir te faire du mal volontairement ? Et gratuitement ? » Elle n’avait pas l’impression de lui avoir donné de raison de le penser avant ce soir-là, pas avec lui en tout cas. Bien sûr, dans un moment impulsif et revanchard, Maxyne était capable de blesser des gens qu’elle aimait, comme elle l’avait fait au repas de Noël en répondant par une colère à la mesure de la tornade qui lui était tombé dessus, mais il ne lui serait jamais venu à l’idée de le blesser par « plaisir personnel ». Alors, elle se demandait d’où ça lui était sorti, si cette dispute avait cassé quelque chose entre eux à commencer par la confiance qui existait dans leur amitié. Il avait dit qu’il s’était glissé dans une dimension où sa vision des choses était différente, peut-être que c’était la seule explication à y voir. De son côté, si Piotr souhaitait également revenir sur ce qu’elle avait dit, lui poser d’autres questions, elle lui répondrait sans détour.

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La jolie blonde prit des nouvelles du petit ami de Piotr, ce qui le fit tout de suite sourire. Piotr en profita par contre par se servir de la pizza, tandis que la musique résonnait toujours, au dessus du bruit des vagues. Il croqua dans la pizza, après avoir souhaité à Maxyne un bon appétit. Finalement, après avoir mangé sa première bouchée, il fini par répondre « il m'en a beaucoup voulu » avoua t-il. Il s'essuya les bords de sa bouche, avala le reste de sa bouchée et continua après avoir croisé le regard de son amie « il était très inquiet » comme tout le monde, finalement. Il n'y avait pas eu une seule personne qui ne lui ai pas fait la morale à ce sujet-là d'ailleurs. Imrân avait été fou d'inquiétude, il avait retourné la ville avec sa sœur, alors qu'il avait fui jusqu'au bout de l'île. Il s'en voulait pour tout cela, clairement. Il croqua à nouveau dans sa pizza et continua par la suite « mais ça va mieux, on s'aime très fort » avoua t-il. « Je crois que c'est surtout ça qui nous sauve à chaque fois » et c'était vraiment ce qu'il pensait. Il marqua une pause, bu un peu de son soda et annonça à la jolie blonde « on est en train de se chercher un appartement d'ailleurs ».
Concernant le sujet d'Aela, ce n'était pas du tout le même délire aux yeux de Piotr. Il grimaça alors et fini par répondre à l'ancienne nageuse « je crois qu'elle aurait le droit de mal réagir » avoua t-il. En fait, il n'avait pas préparé ce qu'allait être la réaction de la jeune femme. Il s'était juste préparé à s'en prendre une, de sa part, de la part de Lou, qui allait forcément lui en vouloir d'avoir utilisé sa meilleure amie ainsi, et peut-être même du frère et du père de cette dernière s'ils étaient au courant. Piotr se préparait au pire, à s'en prendre plein la gueule et à la perdre. Il n'avait pas trop d'espoir à ce sujet-là et il ne savait même pas s'il allait lui raconter toute l'histoire. Il ne voulait pas trouver des excuses à son geste, parce que dans le fond, il l'avait utilisé comme un objet. Il avait chié sur les sentiments entre eux, peu importe ce qu'ils étaient. Il avait bafoué la personne qu'elle était, il ne l'avait pas respecté, il lui avait menti et l'avait réduite au symbole qu'elle représentait. C'était dégueulasse. Il s'était comporté comme le pire salaud avec elle, et non, Aela ne méritait pas cela. Elle avait toujours été si gentille, si douce, si chaleureuse avec lui. Il haussa les épaules quand Maxyne lui conseilla de lui parler à cœur ouvert comme il venait de le faire. Mais il n'était pas certain de vouloir être pardonné par Aela. Il fallait qu'il soit puni, qu'il comprenne. Il était perdu, cela se voyait. C'était beaucoup d'émotions pour un gamin de vingt ans. Il sourit furtivement à son ami, avant de laisser son regard se porter sur l'océan tout près d'eux. C'est la voix de la jolie blonde qui le ramena sur la terre ferme. Maxyne était curieuse de savoir quelque chose, alors bien sûr qu'il allait répondre à ses questions. « Vas-y je t'écoute » lança t-il en croquant à nouveau dans sa pizza. Il observa son amie, hocha la tête et termina rapidement la bouchée qu'il venait de prendre. S'essuyant à nouveau les lèvres, il fini par passer sa langue dessus, avant de soupirer « au moment où je te l'ai dit je l'ai pensé oui » il se laissa tomber contre le dossier, les yeux rivés sur son assiette. « Parce que pour moi à ce moment-là, ma réalité était réelle » dit-il en pointant son cerveau de son index, tapotant alors sa tempe. Il enfonça ses yeux dans ceux de Max, avant de se remettre davantage vers l'avant, posant ses avant-bras sur la table. Sa main appela celle de la jolie motarde. « En fait... » commença t-il en soupirant « dans ma tête à ce moment-là, tu venais de tout découvrir et tu ne comprenais pas pourquoi je mentais, pourquoi j'avais créé tout ça autour de moi, de nous » expliqua t-il. « A mes yeux à ce moment-là, tu voulais juste dire à tout le monde la vérité, pour avoir la satisfaction de te dire que tu avais tout découvert, que tu n'avais pas été bernée, que tu étais celle qui détenais la vérité » essaya t-il d'imaginer en anglais. « Tu n'arrivais pas à te dire qu'il y avait une raison, et cette raison là pour moi, c'était ma réalité, mon quotidien, tout ce qui résume ma vie depuis l'agression » il posa une main près de son cœur à lui. « Pour moi, vraiment, si on apprenait que j'étais homo, j'allais mourir » expliqua t-il. « Y'a pas à expliquer plus que ça, si on découvrait que j'étais un pédé, j'étais mort et Imrân aussi » et du coup, ça s'arrête à ça. « Alors quand j'ai vu dans tes yeux que tu voulais que la vérité sorte, pour moi, c'était comme si tu faisais tomber le couperet au dessus de ma tête, c'était exactement la même chose, c'était violent et douloureux, c'est pour ça que j'ai pété un plomb » se justifia t-il. Il marqua une pause. « Mais je sais que tout cela, ma vision, ma réalité, ma façon de concevoir les choses... » il chercha ses mots « je sais que c'est pas bien, je sais que j'ai une vision détraquée de tout ça » parce que c'est vrai : il est malade. Malade de l'esprit. Il haussa les épaules, le regard bas. « Je sais que j'ai eu tord, je sais que tu n'es pas comme ça Max, mais oui, sur le moment où je t'ai dit cela, je le pensais, parce que j'avais surtout très peur pour moi... les gens comme vous n'existent pas » avoua t-il. Et cela faisait écho à Lo aussi. Elle l'avait bien surprise en réagissant de la sorte avec lui à son retour. Il n'avait pas cru possible tout ceci. « J'ai mis du temps à comprendre que vous n'étiez pas comme les gens en Russie, mais c'est difficile de se dire ça, j'ai connu que la Russie, tu le sais bien » avoua t-il encore. « Il me faut du temps et aussi de l'aide pour comprendre que ma réalité à moi n'est pas la réalité pour tout le monde, qu'il y a vraiment des gens biens et que... » il prit une respiration. « J'ai de la chance de vous avoir, vraiment » il venait d'enfoncer ses yeux dans ceux de son ami. « Je suis tellement désolé » avoua t-il alors, marquant sur son visage la douleur que c'est pour lui de réaliser et de dire à voix haute que son esprit est malade par le traumatisme de l'agression, et par le conditionnement russe qu'il a subi toute sa vie.

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Les abcès ayant été crevés entre Piotr et elle, Maxyne prit des nouvelles du couple. Le jeune russe lui expliqua qu’Imran lui en avait voulu, notamment à cause de l’inquiétude qu’il avait soulevée chez sa sœur et son petit-ami. Cependant, les tensions s’étaient dissipées entre eux grâce à l’amour qu’ils se portaient. Désormais réconciliés, ils projetaient même de franchir une étape en se trouvant un nid pour s’installer ensemble. « Oh wow ! Génial ça ! Vous avez vu des annonces qui vous intéressaient ? Tu cherches dans un quartier particulier ? » L’ancienne nageuse était sincèrement contente pour eux. Le couple avait décidé de vivre leur amour au grand jour, de vivre heureux. « Maintenant que vous allez emménager ensemble, vous envisagez d’en parler à vos proches en Russie ou pas vraiment ? » Le sujet restait délicat mais la question méritait d’être posée. Si des membres de la famille ou des amis trainaient sur les réseaux sociaux, ils finiraient par se rendre compte un jour ou l’autre des nouveautés. Autre sujet délicat : Aela. Piotr ne l’avait pas encore revue mais il souhaitait lui donner des explications et surtout s’excuser de s’être servi d’elle pour cacher sa véritable relation. Il n’y avait en effet pas de bonne façon de justifier un tel geste, la jeune fille avait aussi des sentiments et elle s’était retrouvée au milieu d’une histoire où elle n’avait rien demandé. Piotr avait eu ses raisons, peut-être qu’elle pourrait les comprendre mais elle était effectivement en droit de lui en vouloir. « Oui, totalement. Ce que je voulais dire c’est qu’elle encaissera peut-être mieux ce qui s’est passé parce qu’il y a une raison que s’il n’y en avait aucune. » Parfois, des couples se déchiraient et se séparaient sans véritable explication et c’était difficile à vivre pour les personnes plongées dans l’interrogation. Par contre, en dépit du dialogue qui s’était rétabli entre Piotr et elle, des torts qu’ils avaient reconnus, des excuses qu’ils s’étaient formulés, Maxyne avait l’impression qu’ils n’avaient pas encore été au bout des choses. Déjà parce que certaines phrases prononcées ce soir-là lui trottaient toujours dans la tête. Intrigué, Piotr l’écouta attentivement. Le jeune russe se posa contre son dossier et chercha ses mots avant de revenir vers la table et d’appeler la main de Maxyne. Se rapprochant légèrement, elle s’appuya sur le rebord et l’écouta. Globalement, il répéta ce qu’il lui avait déjà dit : oui, il avait pensé ce qu’il avait dit parce qu’il percevait les choses autrement à ce moment-là, il pensait qu’elle s’en servirait contre lui pour crier au monde qu’elle savait, qu’elle refusait de voir plus loin pourquoi il avait menti. Hochant la tête, Maxyne posa ses yeux bleus sur lui avec délicatesse et compréhension. Il ne fallait pas chercher plus loin, Piotr avait vu la potentielle révélation de son secret comme une menace, et il avait réagi en conséquence. Face à l’ancienne nageuse, ses cauchemars avaient pris vie dans la réalité. Dépourvu de toute couverture, il était apparu tel qu’il était. Vibrante, la détresse et la vulnérabilité du jeune homme trouvèrent à nouveau écho chez elle. Depuis Noël, la perception de la réalité de Piotr avait changé. Avec le recul, les semaines. Il savait qu’elle ne lui causerait pas du tort volontairement et il était même surpris que des gens comme eux existent – en référence aux invités présents ce soir-là. « Je comprends. Le vécu a énormément d’importance et nous influence beaucoup. » Elle le comprenait à d’autres niveaux, pas sur ce sujet-là spécifiquement mais sur d’autres choses puisque son passé à elle continuait de la hanter par rapport à ses relations amoureuses chaotiques. Les doigts de Maxyne se resserrèrent autour des siens, son cœur pulsa plus fort dans sa poitrine, tandis qu’une émotion inédite la submergeait. « Je n’ai jamais été regardée de travers pour avoir fréquenté des hommes ou des femmes, et c’est sûrement ce qui joue dans le fait que je ne m’en cache pas. Que sur le moment, je n’ai pas compris la raison de ton mensonge et la portée de ce que je faisais. De la peur que je t’ai causée. » En plus de ce qu’elle avait vécu avec ses parents et des dégâts que le mensonge de son père avait causé – à l’époque. Ce point-là avait déjà été abordé plus tôt. Cette fois, elle n’hésita plus. Quittant la table, elle se leva et la contourna. Au diable ces putains de tensions. Dans une très rare démonstration d’affection, Maxyne s’approcha de lui et le prit dans ses bras, debout à côté de lui. Elle posa sa tête sur le haut de la sienne et le serra contre elle, geste de réconfort à travers cette étreinte, comme protection contre le monde extérieur. « Je t’aime, Piotr. Et je serai là pour toi aussi longtemps que tu en auras besoin. » Souffla-t-elle dans une confession unique. Ces trois petits mots qu’elle ne formulait pratiquement plus, à cause des mauvais souvenirs qui la poursuivaient toujours aujourd’hui, des blocages qu’elle avait développés. Les yeux bleus de la nageuse se fermèrent, elle prit une inspiration, leur amitié se reconnectait, l’affection qu’elle avait pour lui n’avait jamais paru plus évidente. Avant d’ouvrir son cœur à nouveau, en tout cas à ses plus proches amis, Maxyne avait traversé quelques années comme une coquille vide. Et maintenant, elle savait qu’elle devait arrêter de se cacher derrière des murs sordides. Desserrant finalement son étreinte, la jeune femme se rapprocha ensuite du bord du ponton. Elle s’assit sur le rebord, retira ses chaussures, puis alluma une clope avant de glisser ses pieds dans l’eau, observant l’horizon, perdue qu’elle était dans ses pensées.

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Maxyne soulevait une question intéressante. Et Piotr ne se cacha pas de marquer sa curiosité. Un bras sur le dossier de sa propre chaise, où plutôt son coude ; il se tient de façon bien plus décontractée que tout à l'heure. « C'est rigolo que tu en parles » commença t-il alors après avoir reprit une position normale, sur sa chaise. Il en profita pour terminer sa part de pizza et pour boire un peu de soda par la suite. « J'ai envie qu'on aille en Russie, bientôt » il essuya ses lèvres de sa serviette en papier « j'ai envie de l'annoncer à mon père et de lui présenter Imrân officiellement » sourit-il. Et très sincèrement, il ne savait pas du tout comment son père pourrait réagir, mais dans la tête du plus jeune, son père ne pouvait pas l'abandonner. C'était même assez évident et c'était aussi pour cela qu'il était si confiant. « Imrân a besoin d'encore un peu de temps pour l'annoncer à sa famille » et même si ça faisait du mal au plus jeune de le savoir, il ne pouvait pas en vouloir à son copain. Il savait que c'était délicat, il ne voulait pas le presser, le forcer ou bien lui faire commettre les mêmes erreurs que lui. « Mais c'est dans nos projets » sourit-il alors. Piotr écouta la jolie femme aux cheveux d'or lui conseiller de ne pas perdre plus de temps que cela avec Aela, de préférer lui dire la vérité, lui expliquer les choses aussi. Mais Piotr s'en voulait beaucoup, Aela et Imrân avaient été les deux personnages principaux de cette histoire, et même si l'amour de sa vie avait comprit, il ne s'attendait pas être pardonné par Aela.

Leurs voix se mêlant l'une à l'autre, les doigts de Piotr ne tardèrent pas à rencontrer ceux de Maxyne. Au dessus de cette table, avec cette odeur de pizza, sur cette musique du groupe The Moody Blues, face à cet océan et ses vagues somptueuses. Les deux personnes assises autour de cette table n'étaient pas du même monde. Ils venaient de deux pays bien différents, sur plein d'aspects différents. Ils ne parlaient pas la même langue, n'avaient pas été bercé par les mêmes idéaux, les mêmes environnements, ni les mêmes modèles. Pourtant, il s'était passé quelque chose, un jour. Leurs âmes s'étaient rencontrés, un peu brusquement, sur le bord d'un trottoir, au détour d'une chemise arrachée. Ils auraient peut-être pu anticiper le caractère surprenant et violent de leur rencontre ? Prémices de ce qui allait suivre pour eux, ensemble ? Le plus jeune serra la main de son amie dans la sienne, alors qu'enfin, il sentait que Maxyne avait véritablement comprit. Qu'il ne s'agissait pas de l'un, ou de l'autre, mais bel et bien de tout leur ensemble. Et c'était sans doute très difficile pour elle d'admettre qu'il y a en ce monde des gens bien différents d'elle. Comme cela a été très dur à Piotr de comprendre que c'était également le cas, dans l'autre sens. Il existe des gens biens, profondément. Et il en avait beaucoup parmi son cercle d'amis proches, il était chanceux, mais il devait apprendre. Chaque jour, au contact de l'un ou de l'autre, Piotr apprenait. Il se rendait compte que les liens entre les gens peuvent durer, que l'abandon n'est pas la seule issue possible, que la conversation, la tolérance, la bienveillance sont des qualités incroyables qui peuvent faire que des gens différents vivent ensemble, se respectent. Maxyne lui expliqua alors qu'elle aussi, tout comme Reira le lui avait apprit à peu près de la même façon d'ailleurs, elle n'avait pas spécialement de préférence pour un genre. Il ne se serait jamais attendu à ça ! Alors il ne cacha pas sa surprise de l'apprendre, toujours les doigts de son amie dans les siens. Il sentait que la jolie blonde était émue, il l'avait sentie dès ce repas de Noël. Quand elle avait explosé ainsi à table, face à lui qui lui explosait dessus. Il avait senti que quelque chose d'extérieur à eux venait tout gâcher : le résultat de ses mensonges, de son hypocrisie, de sa peur et de son immaturité. Piotr avait comprit que l'amour entre les gens ne suffit pas toujours, qu'il ne faut jamais oublié le respect, la communication, la confiance, la loyauté. Il avait comprit la portée des relations entre les gens, jusqu'où ça peut aller et surtout, jusqu'à quel niveau cela peut être beau et puissant. La jolie blonde quitta alors sa chaise, rompant le contact avec les doigts du plus jeune. Elle contourna la table et Piotr comprit vite ce qu'elle voulait faire, se tournant alors pile au moment où elle arrivait près de sa chaise. Quand Max prit la tête du plus petit contre elle, le serrant fort et surtout, quand elle lui dit qu'elle l'aimait, pour la première fois, le petit russe senti une sensation particulière. Comme si une fleur, la plus belle et la plus rare du monde, venait de pousser en lui, depuis son cœur. Une fleur magnifique, rayonnante, éblouissante, qui écartait tout ce qu'il y avait de sombre, les doutes, les inquiétudes, les angoisses. C'était la voix de Maxyne qui venait de faire taire les millions de voix appeurées qu'il pensait entendre au fond de lui, c'était les mains de Max contre son crâne, le retenant ainsi contre elle, qui montrait la force de son engagement envers lui, c'était sa présence, et toute la beauté de ce moment. Parfois, on a l'impression d'être au bon endroit, au bon moment. C'était l'un de ces moments. Comme si la nature, ici tout autour d'eux, venait de leur offrir un petit moment de calme, de repos, dans cette vie tourmentée. Comme si la vie les réunissait pour de bon, pour de bon. Le petit russe avait passé ses bras autour des hanches de Max, se collant alors à elle de toutes ses forces. Il n'osa pas parler, il ne trouva pas ses mots en anglais, il ne su pas quoi lui répondre car jamais il n'avait eu un moment aussi fort, avec Maxyne. Et clairement, ils auraient pu ne pas se parler, l'amour qu'ils se portaient l'un à l'autre se ressentait, se voyait, c'était au délà d'un sentiment. Pourtant, la jolie blonde fini par s'éloigner de lui, pour retirer ses chaussures et s'installer sur le bord du ponton. Piotr la regarda faire et fini par aller la rejoindre, tandis qu'elle s'allumait une clope. Il sorti ses cigarettes à son tour, en coinça une entre ses lèvres et alors que ses pieds nus entraient dans l'eau, il l'alluma, observant cette vue magnifique. Epaule contre épaule, il fini par échanger un regard complice avec la jolie blonde et puis même par rire, amusés l'un et l'autre par l'un et l'autre. Piotr était pudique, trop habitué à cacher ses sentiments, à les faire taire, à ne rien dire. Pourtant, il avait envie de dire un truc à Maxyne, et il le dit dans sa langue natale, sa langue maternelle. « YA nikogda ne govoril tebe ran'she, no u menya srazu vozniklo osoboye chuvstvo s toboy, s togo momenta, kak ty kosnulsya menya svoim mototsiklom » il sourit devant l'incompréhension de son amie et continua cependant en russe « YA vsegda chuvstvoval sebya v bezopasnosti s toboy, vsegda uteshalsya, v tebe ... ogromnaya sila, i ty delish'sya yeyu s okruzhayushchimi » il sourit alors et termina, d'une voix très douce finalement « Inogda mne kazhetsya, chto ya ... » il marqua une pause, baissa les yeux un peu gêné et puis avoua « kak budto ty zdes' dlya menya kak mama. » Il fit alors un petit mouvement de l'épaule contre celle de Max et puis hocha la tête « je n'arrivais pas à te le dire en anglais tout ça » en souriant timidement. Il prit une taf, recracha la fumée et tourna la tête vers celle de Max avant de lui dire « j'crois que c'que j'ressens pour toi c'est ce que j'aurai du ressentir pour ma mère » tout simplement.

**○ inscrit le** : 04/04/2020

when your eyes are so pacific view

Ce voyage avait fait abandonner à Piotr tout ce qu’il avait toujours connu, ses racines, sa patrie, dans l’espoir d’échapper à une vie teintée d’incompréhension et de rejet, de découvrir un autre monde que celui qu’il avait toujours connu. Et ce voyage l’avait amené à la plus belle des destinations, lui avait chamboulé la vie. En affrontant ses peurs, en reconnaissant ce qui constituait son être, en prenant pleinement conscience de ses sentiments et de tout ce qui comptait réellement dans la vie, entre la famille qu’il avait retrouvée, celle qu’il s’était créé et la révélation de son amour au grand jour, son cœur pouvait à nouveau pleinement ressentir une étincelle éteinte depuis trop longtemps. Une sensation de bonheur inédit, un bien-être qui égorgeait soudainement les silences et les frustrations qui l’avaient habité depuis si longtemps. Pour toute ces raisons, le voyage en Nouvelle-Zélande avait changé sa vie. Le cœur au firmament ou en lambeaux, Imrân ferait toujours partie de Piotr, comme si quelqu’un avait marqué la peau du jeune russe au fer rouge et que la brûlure ne guérirait jamais. Lui aussi avait fini par accepter cette évidence, il ne cachait plus cette brûlure au reste du monde, désormais prêt à la montrer fièrement, au point de retourner dans sa terre natale et de tenter de surmonter le mal qui leur avait été fait. « Quelle est la relation que tu as avec ton père ? Vous vous entendez bien ? » Demanda Maxyne pour avoir une idée dans quoi Piotr mettait les pieds. Elle ne connaissait pas du tout son paternel ni sa mentalité. Il pouvait être ouvert d’esprit comme complètement fermé. Des fois, des parents affirmaient avoir un esprit « tolérant » jusqu’à ce que leur propre enfant leur annonce leur homosexualité. Chaque histoire était différente mais Piotr avait en tout cas fait beaucoup de chemin pour être prêt à rentrer chez lui et à se jeter à l’eau. En revanche, Imrân avait besoin de plus de temps. « Peut-être qu’il attend de voir comment ça se passera avec ta famille. » Le couple avait longtemps vécu leur amour caché avant de le révéler au grand jour, c’était tout nouveau. Le petit-ami de Piotr avait peut-être besoin d’un temps d’adaptation surtout après ce qui s’était passé en Russie. « En tout cas, ta famille de Nouvelle-Zélande voudra tout savoir de ce voyage. » Dit-elle en souriant et en s’incluant dedans. Pour l’heure, ce n’était qu’un projet, pas une idée déjà concrétisée par des billets d’avion et des dates précises.

La suite de la conversation les avait poussés à se mettre à nu. Leur pudeur les préservait des autres mais générait aussi des incompréhensions qui avaient failli prolonger les tensions entre eux. Avec le temps, Maxyne avait compris que prendre du recul puis communiquer était la meilleure façon de résoudre des prises de tête telles que celle entre les deux amis à Noël mais elle n’aurait pas osé revenir vers Piotr avant plusieurs semaines s’il n’avait pas organisé cette surprise. Dans la tête de la blonde, il avait besoin d’espace et ne voudrait pas la revoir avant d’avoir digéré les mots violents qu’elle lui avait adressé. Pourtant, Piotr avait fait le premier pas, teinté d’une maturité qu’elle ne lui soupçonnait pas La conclusion à tirer de la soirée de Noël était heureuse : cet épisode permettait aux deux russes de vivre leur amour librement. Pour le reste, Piotr avait juste terriblement manqué à Maxyne. Maintenant qu’elle comprenait ce qui s’était passé, pourquoi la discussion avait dérapé à ce point, la blonde avait juste envie d’enterrer les incompréhensions. Détruisant le mur qu’elle avait instauré, elle se leva et contourna la table pour réduire la distance entre eux. Lui offrant la chaleur réconfortante de ses bras, la nageuse lui exprima à quel point il comptait pour elle et lui promit d’être là pour lui aussi longtemps qu’il en aurait besoin. Passant les bras autour de ses hanches, Piotr enfouit sa tête contre elle et lui rendit cette longue étreinte, qui traduisait mieux que n’importe quel mot, l’amour qu’ils avaient l’un pour l’autre. Au bout d’un moment, Maxyne rompit le contact et elle partit se poser sur le bord du ponton. Allumant une clope, elle glissa les pieds dans l’eau et profita de la vue magnifique tandis que Piotr la rejoignit. Assis à côté l’un de l’autre, ils échangèrent un regard et un sourire complice. Piotr se mit même à rire et à parler dans sa langue maternelle. D’un regard interrogateur, Maxyne écouta et capta un mot de temps en temps comme moments et moto. La blonde comprit qu’il évoquait leur rencontre et ce qui avait ensuite découlé entre eux. Malgré la barrière de la langue, c’était visiblement important : il lui ouvrait son cœur. Kak mama, comme une mère. Voilà ce qu’il ressentait pour elle. L’amour d’un fils pour une mère. Un rôle qui ne cadrait pas du tout avec la Maxyne délurée et irresponsable qu’elle était parfois mais leur relation avait évolué d’une manière particulière, de sorte que Piotr s’était déjà tourné vers elle pour trouver comme un refuge, un refuge émotionnel. Traduisant la fin de sa phrase en anglais, Piotr lui donna un petit coup d’épaule affectueux arrachant un sourire à la blonde. Touchée par sa déclaration, elle se cacha derrière l’humour, pudeur qui reprenait le dessus. « Une maman, ça peut engueuler et donner des leçons. T’es prêt à m’avoir sur le dos ? J’suis pas sûre. » Répondit-elle, d’un ton léger. « J’devrai même pas te laisser fumer. » Bien sûr, elle n’était pas sérieuse, pas quand elle montrait le mauvais exemple juste à côté de lui. Par cette boutade, elle avait détendu une atmosphère chargée en émotions. Pour preuve, la chair de poule qui marquait ses avant-bras. « Mais t’as de la chance, j’suis plus cool qu’une maman ordinaire. Tant que je ne me retrouve pas avec un surnom foireux, ça devrait le faire. » Un frisson lui parcourut l’échine, elle balança légèrement ses pieds dans l’eau.

En ouvrant son cœur à Piotr, Maxyne avait surmonté une de ses plus grandes difficultés. Depuis cet accident provoqué par son ex harcelant et violent, exprimer son attachement à une autre personne était un véritable défi pour elle. Mais elle avait appris que vivre dans le passé n’était qu’un prélude pour réveiller la peine et la souffrance, et ce cœur barricadé dans sa poitrine, avait tenté d’exorciser toute trace de peine. La souffrance était demeurée pourtant, tapie dans les recoins sombres et inaccessibles de cette cage qui abritait tous les rêves interdits et secrets qui polluaient chaque esprit humain. Pendant des années, elle s’était protégée, aimant se croire supérieure à tous ces êtres en manque d’amour, de ceux qui appelaient à l’aide, dans l’attente indécence qu’un jour, un être tout aussi seul s’accrocherait à eux. Mais c’était impossible, personne ne pouvait vivre sans amour et surtout sans l’exprimer. Cette année avait tout changé, elle avait compris qu’elle devait s’ouvrir davantage et montrer ce qu’elle ressentait. Une mauvaise rencontre ne devait pas changer celle qu’elle était et un seul événement ne devait pas définir le reste de sa vie. C’était ainsi que les choses fonctionnaient : l’amour n’était qu’un dessin coloré qui cachait à peine les traces de crayon troublantes et brouillonnes des âmes entre elles. Et parfois, loin d’un banal dessin digne d’un enfant de cinq ans, parfois, une œuvre d’art apparaissait. Comme ce moment partagé avec Piotr aujourd’hui, un moment des plus parfaits. Parce que l’amour, peu importe sa forme, régissait toutes les relations humaines. « Tu sais, je n’ai pas toujours été aussi bien armée dans la vie, aussi bien dans mes baskets. J’ai vécu des mauvaises expériences et j’ai mis longtemps avant de m’en remettre. Et puis, j’ai décidé que ça ne devait pas définir le reste de ma vie, que je ne donnerais plus aux événements ou aux personnes responsables cette emprise sur moi. Au final, c’est ce qui m’a rendu plus forte. Et c’est ce que je te souhaite aussi. » Des paroles qui feraient peut-être écho à son passé à lui.

@Piotr Tsvetkov

AVENGEDINCHAINS

Sorry pour mon temps de réponse + j'adore ton nouvel avatar when your eyes are so pacific view (maxyne) 2913072852

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Dreamer of the shore

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ONGLET 1 ONGLET 2

La relation avec son père ? Comment Piotr aurait pu la définir ? Son père était bien la seule personne à avoir toujours été là, à ne jamais l'avoir laissé tomber, à n'être jamais parti. Jamais. Et pour ça, Piotr lui voue un amour, un respect et énormément d'estime. Il est au dessus des autres, parce que lui, n'a jamais failli. Après, ils ne s'entendent pas forcément sur tout, son père est un homme riche et russe... il aime l'argent, il est très matérialiste, il veut le meilleur, il est très exigeant, il est déterminé, fort de caractère. Il a aussi une mentalité russe, mais même à ce sujet-là, Piotr ne sait pas trop ce que son père a dans la tête... parce qu'ils n'ont jamais parlé de ce sujet-là, Piotr aurait eu trop peur d'être découvert à l'époque, ça aurait même signé son arrêt de mort pour dire vrai. « Beh... c'est le seul qui n'soit jamais parti » avoua t-il. Piotr avait fini sa pizza et ses doigts jouait sur la fourchette dont les pics lui titillaient la pulpe des doigts. Pourtant, lui, il l'avait laissé. Piotr avait laissé son père seul, après la disparition de Reira, le départ des deux femmes de sa vie et il s'en voulait un peu. Parce que son père lui, ne l'avait jamais abandonné. Bien au contraire, il avait plutôt préféré quitter son épouse et Reira, sa fille, pour lui et sa mère. C'était bien la seule fois qu'on l'avait choisi et ce sentiment là, relevait des cieux pour Piotr. Son père c'était une vraie bonne personne, un homme que Piotr respectait et aimait profondément. Il releva les yeux vers Maxyne et fini par se sentir un peu angoissé, à l'idée d'annoncer tout ça à son père lui aussi. En fait, il n'y avait jamais vraiment réfléchit sérieusement, du coup, il n'avait jamais pensé à comment son père allait réagir. Parce qu'en Russie, la plupart des gens est homophobe, mais là, il s'agit de son père quand même... peut-être qu'il réagira bien, hein ? En fait, il n'en savait rien, mais il était tout de même loin d'imaginer son père l'abandonner. Non, son père n'était pas capable de faire ça et là, il en était convaincu. « On s'entend bien mais bon... » il hausse les épaules, pensant au simple fait qu'ils soient russes et que ça changeait tout. Mais là, clairement, Piotr ne voulait pas parler de tout ça, ce n'était pas le moment. Evoquant ensuite Imrân, Piotr croisa les yeux de Maxyne et hocha la tête. Ouais, peut-être que l'homme de sa vie avait simplement besoin d'un peu de sa force, de son courage, pour se lancer à son tour ? Il espérait qu'il en serait capable en tous cas, mais la dernière phrase de la jolie blonde assise face à lui lui déccrocha un joli sourire en retour. Il aimait bien ce qu'elle venait de dire, évoquant leur petit groupe comme s'ils étaient une famille, mais aux yeux de Piotr, c'était le cas. Maxyne, Chance, Loreleï, Imrân et puis Reira... ils étaient sa famille. Celle qui comptait plus que tout le reste, finalement.

Une fois installés sur le bord du ponton, épaule contre épaule, Piotr ne touchait pas des pieds la surface de l'eau. Pourtant, il sorti à son tour une clope, qu'il coinça entre ses lèvres, tandis qu'il s'apprêtait à déclarer dans sa langue maternelle, son amour pour la motarde assise à ses côtés. Et elle capta, elle comprit, elle réussit à ressentir ce qu'il voulait lui transmettre et ça le fit rire. Comme à Noël, elle réussissait à comprendre ce qu'il disait alors qu'il se pensait discret, ce qui lui arracha un sourire amusé. Il rigola même quand elle évoqua le fait d'être sur son dos et il ne se priva pas d'ajouter « tu sais que jamais personne ne l'a fait avant toi ? Ca me fait presque envie... » parce que c'était le cas. Son père était autoritaire, du moins assez pour qu'on n'ait pas envie de son confronter à lui et ses discours. Donc, il n'avait même pas besoin d'engueuler son fils ou de lui faire la morale. Sa mère, elle était partie vivre en Asie, et clairement, n'avait jamais été préoccupé par son fils, d'ailleurs, ça faisait un moment qu'il n'avait plus eu de ses nouvelles. Devait-il lui écrire ? Est-ce que ça servait encore à quelque chose de se battre pour une histoire qui n'existe plus ? Il rigola encore, il aurait tellement aimé qu'une personne l'aime assez, s'inquiète suffisamment, pour lui faire la morale, pour le punir dans sa chambre, pour lui interdire d'aller en soirée ou de boire de l'alcool. Sa vie aurait été différente, il aurait été différent, c'est obligé. « Mama » lança t-il en russe, avec l'accent de sa naissance, pour dire ce mot presque mystérieux et magique, qu'il n'avait pas souvent prononcé en fait. Etant donné que sa mère ne voulait pas qu'il l'appelle maman, mais qu'il l'appelle par son prénom. L'horreur.

Assis sur ce ponton, alors que le soleil était en train de disparaître à la surface de l'eau, là où le ciel se confondait avec l'océan. Les couleurs étaient douces, l'air était chaud, ce moment était agréable. Fumant sa cigarette, il écouta finalement parler son amie. Et il observa ses traits, au fur et à mesure de son discours. Piotr ne connaissait finalement que peu de choses sur la vie de la jolie blonde, mais il était la personne la mieux placée pour comprendre que certaines choses ont besoin de temps, pour être dîtes, mais aussi entendues. Il avait toute la vie devant lui pour découvrir un peu plus Maxyne. Sa main d'ailleurs, vint trouver celle de la nageuse, mêlant ses doigts aux siens, sentant la chaleur de sa paume dans la sienne. Il sourit à ce contact. Maxyne était elle aussi passée par des moments difficiles, et il avait connaissance de quelques uns, sûrement. En vérité, il semblerait même qu'ils traversent la même chose, ou du moins, qu'ils fassent ce même chemin, à des années d'écart. Piotr espérait sincèrement s'en sortir aussi bien que Max, et il ne se priva pas de le dire « j'espère que je m'en sortirai aussi bien que toi » en souriant. Il termina sa clope, laissant le mégot près de lui pour le jeter plus tard. Bien sûr que Maxyne n'était pas une personne parfaite, mais c'était une bonne personne, qui essayait de prendre soin des autres, peut-être même trop, puisqu'elle s'oubliait ; mais elle était un exemple de force, de persévérance, de détermination et ça, personne ne pouvait le lui retirer. Max était la générosité à l'état pur. Il ne savait pas s'il pouvait se permettre de dire cela, pourtant, il osa le dire, parce qu'il voulait qu'elle le sache, qu'elle comprenne qu'il arrivait aussi à sentir cela chez elle « faut que tu laisses les gens prendre soin de toi aussi ». Il croisa son regard, un regard doux et rempli d'amour. « Я люблю тебя » finit-il par lui dire tout bas. Et ça, il ne le disait pas souvent, la seule personne à l'entendre, c'était Imrân. Même avec Reira, Piotr restait pudique avec ces mots là. Mais ce soir, face à cette vue, sentant la chaleur, l'amour et la bonté de Max à ses côtés, comment Piotr aurait-il pu ne pas le lui dire ? Lui qui pensait sincèrement avoir tout gâché entre eux, avoir tout perdu, il se sentait désormais plus fort, plus riche de chacune de ses relations. C'était ça, sa plus belle force. Eux.

Ta réponse était encore une fois incroyable !! Je l'ai beaucoup aimé :)
Peut-être qu'on peut cloturer doucement notre sujet, qu'en penses-tu?

**○ inscrit le** : 04/04/2020

when your eyes are so pacific view

Chaque cœur avait des envies d’ailleurs, des rêves d’autres jours, sous une lumière plus clémente, loin de la vie et des tracas quotidiens. Pourtant, parfois, le bonheur se tenait juste sous leurs yeux. Dans les personnes qui leur étaient proches ou en faisant ce qu’ils aimaient. Il ne fallait pas toujours s’évader pour trouver ce qui comptait le plus. La vie était un exercice difficile, tortueux et sans l’ombre d’un doute unique ; mais c’était aussi le plus passionnant. Piotr se devait de profiter de sa vie, de lutter pour ce qu’il aimait à chaque instant. C’est ce qui valait la peine de se relever, de se battre et de continuer. Lorsque Maxyne lui demanda quelle relation il entretenait avec son père, le jeune russe précisa qu’il était le seul à ne pas l’avoir abandonné, ce qui au regard du passé de Piotr, résumait la gratitude et le respect qu’il lui vouait. Dans le tourbillon des départs qui avaient jalonné sa vie, son père représentait une figure stable, celui qui était resté. Cependant, la relation entre un parent et son enfant était souvent compliquée. En dépit de la bonne entente et des liens étroits qui unissaient le père au fils, Maxyne comprit que Piotr se persuadait que tout se passerait bien mais qu’il n’en était pas sûr. Prière muette de son inconscient pour obtenir une paix relative. L’aval de son père compterait énormément pour lui. « Oui, tu verras bien quand le moment viendra. » Sentant la nervosité qui avait gagné le jeune russe, l’ancienne nageuse entreprit de le rassurer. Ne s’engageant pas sur la réaction de son père, elle se concentra plutôt sur la famille qu’il s’était créé en Nouvelle-Zélande et qui serait de toute façon là pour l’accueillir à son retour. Des paroles qui illuminèrent le visage de Piotr d’un grand sourire.

Assis sur le ponton, les deux amis continuèrent de partager un moment spécial, une amitié particulière sur laquelle ils avaient réussi à mettre des mots. Tout ce qu’ils se disaient aujourd’hui avait une importance telle que non seulement les ponts se rétablissaient entre eux mais cette journée marquerait aussi un tournant nouveau pour eux, un tournant dont ils se souviendraient, un tournant qui les rendaient plus proches que jamais. Aujourd’hui, ils n’étaient que dans la sérénité, la compréhension et l’amour. Piotr considérait Maxyne comme une maman de substitution. Aussi surprenante que flatteuse, cette comparaison la toucha plus qu’elle ne le montra, se réfugiant derrière l’humour pour désarmer cet instant chargé en émotions. Puisqu’il lui avait défini ce rôle, elle était donc en droit de s’en attribuer les prérogatives dont celle d’être sur son dos. En réalité, il était presque demandeur parce qu’il n’avait jamais connu cette dynamique auparavant. Maxyne ne remplacerait jamais sa mère et elle ne chercherait nullement à le faire. D’ailleurs, être perçue comme telle était nouveau pour elle mais elle lui avait promis qu’elle serait auprès de lui quand il en aurait besoin. Oreille attentive, épaule sur laquelle pleurer, source de conseils, de rires ou de recadrement ou tout simplement amie, toutes ces casquettes cumulées se regroupaient finalement joliment sous le « mama » qu’il répéta avec conviction dans sa langue maternelle. A côté d’elle, Piotr ne pourrait voir que le sourire sincère qui se dessinait sur le visage de la blonde et les étoiles qui brillaient dans ses yeux.

Était-ce le moment, le contexte de ce paysage magnifique, de ce soleil couchant, de toute l’énergie positive qui se dégageait… Peu importe. Maxyne s’abandonna à la réflexion et continua de s’ouvrir en lui partageant l’écho de ses pensées. Piotr avait traversé beaucoup d’épreuves, plus que la plupart des gens de son âge. Son innocence lui avait été durement arrachée à maintes reprises, que ce soit au travers des abandons, des mauvaises rencontres, des mésaventures que la vie avait placés sur son chemin. Mais elle espérait qu’il réussirait à tirer une force de ces événements, qu’il ne les laisserait plus le ronger de l’intérieur et surtout qu’il arriverait à être heureux dans la nouvelle vie qu’il se construisait ici. La main de Piotr glissa dans la sienne et Maxyne entrelaça ses doigts aux siens, chaleur réconfortante qui se répandit dans son corps. La part d’elle-même où se terrait les restes de l’enfant insouciante qu’elle avait été, lui soufflait qu’au niveau de leurs paumes, avait lieu l’union de quelque chose de plus grand qu’eux. Le pacte d’un amour indestructible. Sensible à ce qu’elle venait de lui avouer, Piotr tenait à ce que Maxyne laisse aussi les autres veiller sur elle, ce qu’elle avait parfois encore du mal à faire. Elle opina de la tête et puis une nouvelle vague d’émotion pure la submergea, tandis qu’il lui souffla les trois petits mots en russe, elle-même ne sut que dire, la gorge bien trop nouée par cet ascenseur émotionnel. C’était leur cœur qu’ils venaient tous les deux de mettre sur la table. Peu habituée aux déclarations d’amour si franches, Maxyne écarta sa cigarette et se rapprocha de Piotr pour déposer un baiser tendre et affectueux sur sa joue. Epaule contre épaule, ils continuèrent ainsi d’admirer le soleil disparaître derrière l’horizon bleuté. Le jeune homme qu’elle connaissait avait gagné en profondeur, le cœur encore troublé certes, mais prêt à affronter ce qui se dressait devant lui. Il savait désormais que jamais plus il ne serait totalement seul au monde.

AVENGEDINCHAINS

Sujet terminé when your eyes are so pacific view (maxyne) 2913072852

@Piotr Tsvetkov

J'ai adoré la tienne aussi, le genre de rp qui donne les frissons when your eyes are so pacific view (maxyne) 902541242

when your eyes are so pacific view (maxyne) 794295163

du coup, j'ai conclu avec ma réponse, merci pour ce sujet plein de feels when your eyes are so pacific view (maxyne) 320765364

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