omg they were roommates (valentina)

Pour les derniers jours de la belle saison, il y a encore pas mal de clients au centre nautique. Les touristes comme les locaux veulent en profiter un peu, ce qui fait que les journées de Teddy sont encore bien remplies. D’ailleurs, ça ne le dérange pas de travailler un peu plus, puisque les mois d’hiver seront probablement plus calmes. De toute façon, s’il n’est pas toujours facile de reprendre les bases avec quelqu’un qui n’y connaît absolument rien, il faut dire qu’il aime son métier. Il a longtemps enchaîné les petits boulots après avoir abandonné la fac dès la première année et, si ça lui a permis de devenir rapidement indépendant, il a aussi parfois galéré. À cette époque, il n’aurait jamais cru qu’il pourrait un jour associer son sport favori à son gagne-pain, ce pour quoi il s’estime très chanceux aujourd’hui. Il aime passer une partie ses journées dans l’eau, même si parfois elle n’est pas aussi chaude qu’il le voudrait. Il aime sentir les rayons du soleil sur sa peau, même s’il y a aussi plus de vent que ce qu’il voudrait. Il aime le fait de ne pas devoir s’asseoir derrière un bureau pour huit heures, cinq jours par semaine. Il aime aussi l’ambiance du centre nautique, où il travaille depuis des années et où il s’est fait de bons amis. Parmi eux figurent Maxyne, la meilleure amie de sa petite sœur, qu’il connaît depuis bien longtemps. Elle fait partie de ceux qu’il est heureux de retrouver chaque matin. Et avant de quitter le centre nautique, il ne manque pas de lui lancer une dernière plaisanterie en guise d’au revoir.

Il ne lui faut pas beaucoup de temps pour rejoindre le centre, où se trouve le loft qu’il partage avec deux de ses meilleures amies. Comme il s’est déjà douché au centre, il met directement sa combinaison dans le panier à linge sale et se contente de se sécher un peu mieux les cheveux. Puis il débarque dans la cuisine, ouvrant le réfrigérateur, à l’affût d’une pâtisserie déposée par Alice ou de restes laissés par Valentina. Mais pour une fois, le réfrigérateur est vide. C’est un fait assez rare dans ce loft, où une excellente cuisinière vit et où une pâtissière professionnelle passe quasiment tous les jours - deux personnes pour lesquelles Teddy est profondément reconnaissant. Esquissant une moue, il envisage de commander des pizzas pour tout le monde, histoire que personne n’ait à mettre la main à la pâte ce soir. En attendant, il attrape un paquet de biscuits au chocolat dans le placard, probablement oublié là par Alexie. Se promettant d’en racheter dès qu’il ira faire des courses, le brun s’installe confortablement dans le large canapé en déplaçant des affaires et allume la télévision. Il a envie de regarder un épisode de sa série sur Netflix tout en grignotant, un des rares plaisirs tranquilles qu’il apprécie au quotidien. Il rigole bien, sa faim est momentanément apaisée et il s’apprête à se redresser pour commander des pizzas lorsqu’il entend une porte se refermer. Levant les yeux, Teddy voit Valentina, une de ses colocataires, s’avancer dans le salon. « Salut ! » lui fait-il joyeusement, avant de remarquer qu’elle n’a pas l’air de très bonne humeur. « Ça va ? Il y a eu du monde au café aujourd’hui ? »

Valentina Peñali était ce qu’on pouvait appeler quelqu’un d’actif, très actif même. Elle travaillait dans un café la journée, grâce et avec son amie Alice, ainsi qu’un travail le soir et parfois la nuit dans un bar non loin de chez elle, et elle faisait même de temps en temps des ménages à domicile. Avait-elle besoin d’autant travailler pour avoir des fins de mois agréables ? Non, pas vraiment, mais elle avait besoin de mettre de côté, beaucoup. Elle désirait, depuis de nombreuses années maintenant, ouvrir son propre espace de restauration : un foodtruck aux couleurs du Chili ! Mais pour ce genre de projet, il fallait de l’argent, résultat elle travaillait plus que de raison tout en cherchant des potentiels investisseurs. Sa vie à cent à l’heure se compliqua encore un peu plus, mais pour son plus grand plaisir, lorsqu’elle se remit avec son ex petit ami, Spencer Cooper, qui était malade. Le jeune homme souffrait d’un cancer très sérieux et subissait de nombreux traitements médicaux auxquels la chilienne ne comprenait pas grand-chose. Valentina désira donc prendre plus de temps pour lui, pour le voir, pour le soutenir et l’accompagner à l’hôpital ou simplement pour passer des moments tendres avec lui. Résultat, sa vie était encore plus animée et ses journées bien plus longues… Le temps était d’ailleurs ce qui lui manquait le plus : il lui été devenu difficile de caler un moment super marché dans son programme ou encore lavage de voiture, elle courait partout mais n’avait pas le temps de tout faire ! Il fallait aussi ajouter que le soir, entre ses deux jobs, elle rentrait chez elle, dans sa coloc, et le plus souvent faisait à manger pour tout le monde. Déjà parce que c’était celle qui cuisinait le mieux et que ça lui permettait de s’entraîner ou de tester des nouvelles recettes, mais aussi parce que cuisiner pour ses meilleurs amis lui faisait extrêmement plaisir. Mais voilà, parfois, après une longue journée de travail avec plein d’imprévus c’était difficile de faire ça avec le sourire, alors que la chilienne était d’un naturel plutôt solaire.
Ce jour-là, la benjamine Peñali avait eu une très très longue journée : le matin, elle été passée voir son petit ami chez lui, l’aidant pour quelques petites choses du quotidien et s’inquiétant en silence face à son état de faiblesse, ensuite elle était arrivée au travail pour le service du midi ainsi que celui de l’après-midi, où plusieurs clients furent particulièrement désagréables voire lourds – l’un deux renversant même son café bouillant sur le ravissant chemisier de la jolie brune – , mais elle avait géré en se contenant du mieux possible. Elle avait quitté le café en retard, afin de s’occuper des derniers buveurs de thé et autres boissons de fin de journée, résultat elle avait très peu de temps à passer chez elle avant d’enchaîner avec le bar, juste assez pour cuisiner rapidement des empenadas pour tout le monde.
Elle tourna la clé dans la serrure et entendit le rire de Teddy avec en fond la télévision. Une fois la porte refermée, il releva les yeux sur Valentina qui arrivait dans le salon. Il la salua joyeusement, ce à quoi elle répondit par un rapide signe de tête avant de poser son sac contre le canapé et de s’étirer. Il lui demanda si ça allait, parlant de sa journée. La jeune femme soupira bruyamment et répondit simplement « Grosse journée, clients exécrables, fatiguée ». Sans un mot de plus, elle se traîna jusque dans la cuisine, se lava les mains soigneusement et s’attache les cheveux en un chignon lâche avant d’ouvrir le frigo. « No es cierto !* » s’écria-t-elle, ajoutant sur le même temps agacé « Es una broma ?!** ». Quiconque ne parlait pas espagnol pouvait aisément comprendre que la brunette était énervée, d’abord par le ton qu’elle employait et ensuite par le bruit sourd que fit la porte du réfrigérateur lorsqu’elle la claqua…

Il ne faut pas longtemps à Teddy pour comprendre que Valentina n’est pas aussi en forme que d’habitude. Il ne l’entend pas répondre à son joyeux bonjour et, lorsqu’il lui demande des nouvelles de sa journée, sa réponse est sans équivoque. Non, elle n’a visiblement pas passé de bons moments aujourd’hui. Le trentenaire hoche la tête en signe de compassion. « Oh, désolé pour toi. J’espère que ça se passera mieux demain. » Il baisse le son de la télévision, désireux de ne pas l’embêter. Mais de toute façon, la brune ne s’attarde pas. Elle glisse jusqu’à la cuisine et Teddy recommence à grignoter tranquillement, avant d’entendre des éclats de voix. S’il ne comprend pas l’espagnol - contrairement au français -, le brun n’a pas besoin d’un traducteur pour entendre son agacement. Quand Valentina commence à s’énerver dans sa langue maternelle, ce n’est jamais bon signe. Diminuant à nouveau le volume, Teddy tend l’oreille, juste à temps pour entendre la porte du réfrigérateur claquer. Il ne sait pas très bien pourquoi elle est contrariée, puisqu’elle ne l’a pas exprimé à haute voix. Mais il a bien une petite idée sur la question. Après tout, il vit avec elle depuis suffisamment longtemps pour bien la connaître.

Néanmoins, il est quand même hésitant lorsqu’il s’extirpe finalement du canapé pour se diriger vers elle. « Qu’est-ce qui se passe ? » demande-t-il d’une petite voix, sachant ce que c’est que de s’exposer aux foudres de ses colocataires. « Ne t’embête pas pour la cuisine. Je m’apprêtais à commander des pizzas quand tu es arrivée. Qu’est-ce qui te ferait plaisir ? » Elle a effectivement l’air fatiguée. Ses beaux cheveux sont un peu moins bien arrangés que d’habitude. Et si le moniteur de surf ne connaît pas les détails de son emploi du temps, il sait néanmoins qu’il est très chargé. Valentina enchaîne tout, ceci explique peut-être en partie cela. « Et si tu t’asseyais dans le canapé ? Je vais te servir à boire, on attendra les pizzas et tu mettras ce que tu veux à la télé, ou tu l’éteindras si tu préfères. » Comme elle est tendue, il proposerait bien de lui masser le haut du dos aussi. Mais Teddy attend déjà sa réponse à ses propositions, espérant que ça pourra la détendre un peu, désireux de prendre soin d’elle un minimum avant qu’elle doive à nouveau s’activer. Après tout, c’est souvent l’inverse qui se passe. Alors il ouvre le réfrigérateur. Il n’y a rien à manger, mais il y a à boire. « De l’eau gazeuse ? Un jus de fruits ? »

Le retour à la maison était généralement quelque chose de positif, de libérateur presque, pour la chilienne. Le soir, après le travail, elle avait hâte de retrouver ses colocataires, sa deuxième famille, pour passer une soirée avec eux ou alors bien au chaud au fond de son lit. Oui mais voilà, ce soir-là, elle n’était pas de bonne humeur. Le seul ami qu’elle retrouvait ce soir, Teddy, le comprit d’ailleurs très vite. Il fut désolé pour elle et pour sa mauvaise journée, espérant même que demain serait meilleur, ce à quoi la jeune femme répondit par une sorte de grognement qui indiquait tout sauf de l’espoir quant au lendemain.
Valentina était du genre volcanique : tout se passait très bien, jusqu’à ce qu’une éruption fasse son apparition et décime tout sur son passage. Le sang chaud des latinos coulait dans ses veines, cela ne faisait aucun doute dans ce genre de moments. Il fallait être honnête, la jeune femme avait passé une très mauvaise journée et la moindre contrariété pouvait la faire exploser. Ce jour-là, ce fut donc le frigo vide qui la fit craquer. Ce n’était pourtant pas compliqué de faire les courses, si ? Elle faisait à manger pour toute la coloc les trois quarts du temps, les autres pouvaient bien fournir la matière première non ? C’était le deal sous-jacent au fait qu’elle cuisinait. Mais non, visiblement c’était bien trop demandé que d’avoir les ingrédients à porter de main lorsqu’il était l’heure de faire à manger. Comme c’était trop demandé aux clients d’être polis et respectueux envers une serveuse. Comme c’était beaucoup trop demandé aux chauffards de ne pas écraser les gens à vélo. Comme c’était trop demandé à la voisine de tenir la porte et de dire bonsoir. Et comme c’était trop demandé au cancer d’être moins proche de son copain. Par exemple. L’énervement de Valentina était-il une conséquence de tous ces événements les uns à la suite des autres ? Oui. Devait-elle vraiment s’énerver là, tout de suite, face au frigo vide et face à un de ses meilleurs amis ? Non, mais pas de chance, l’éruption était en chemin.
Une fois la porte du frigo refermée – ou plutôt claquée – Valentina se dirigea vers un placard pour réitérer ce triste constat : même les paquets de pâtes étaient quasiment tous terminés. Avec quoi pouvait-elle travailler dans ces conditions ?! Elle soupira bruyamment, se retint de lâcher un juron dans sa langue maternelle, et repoussa la porte dudit placard pour découvrir que Teddy était venu jusqu’à elle. Avec une petite voix, il lui demande ce qui n’allait pas. Il enchaîna d’ailleurs presque tout de suite en lui indiquant de ne pas s’embêter pour la cuisine, qu’il allait de toute façon commander une pizza et qu’elle n’avait qu’à lui dire ce qui lui ferait plaisir. « Ce qui me plairait, Teddy, c’est que les courses soient faites ! » déclara-t-elle d’un ton sec avant d’ouvrir un autre placard, celui des biscuits cette fois. « Même les friandises sont finies ! » observa-t-elle avec agacement.
Teddy, en jeune homme adorable qu’il était – parce que oui, Valentina, même énervée, savait ô combien son ami était gentil et attentionné – lui proposa de s’asseoir dans le canapé et le laisser lui servir à boire, lui proposant même de choisir le programme de la soirée. La douceur et la bienveillance de jeune homme parvenait quelque peu à apaiser la lave du volcan. La jeune femme le regarda quelques secondes sans rien dire avant de soupirer « De toute façon, no tengo fuerzas esta noche* ». Elle se dirigea ensuite vers le canapé d’un air énergique, ne sachant que faire de cet agacement qui était toujours bien présent.
De sa place, elle entendit Teddy ouvrir le frigo. Elle leva alors les yeux au ciel en ronchonnant « No hay nada** ». Son colocataire et ami lui proposa alors à boire. « Du jus de fruit, por favor » demanda-t-elle alors, sentant que son énervement se calmait légèrement. Après tout, elle savait très bien que le frigo vide n’était pas la raison profonde de tout ça, que ce n’était qu’une accumulation de petites – ou non d’ailleurs – choses agaçantes du quotidien et que le vase avait simplement débordé. Ce soir ou un autre soir, il finissait de toute façon toujours par déborder…


La mauvaise humeur de Valentina fait reculer Teddy d’un pas, lequel envisage très sérieusement d’aller passer la soirée en solitaire dans sa chambre. Mais il n’a pas non plus envie de la laisser toute seule, parce qu’il comprend bien qu’il y a une raison profonde derrière ce ton massacrant. « Je passe une commande dès que je me rassois, je serai là demain matin pour réceptionner les colis. » Ce sera même plus rapide que si c’était lui qui se rendait au supermarché. D’ailleurs, quand il le fait, il oublie presque toujours quelque chose. Alors que quand il est posé et qu’il tapote sur un écran, il y a quand même moins de risques. « Ça te va ? » Déjà, Valentina s’est éloignée vers le canapé. Comme elle le lui demande en ronchonnant, le moniteur de surf lui sert du jus de fruit. C’est l’une des seules boissons qu’il reste encore dans le réfrigérateur, aussi s’empresse-t-il de lui en rapporter. « Tiens. Et il y a un peu de biscuits au chocolat aussi. » Prenant la boîte posée sur la table basse, il la lui tend. Pendant qu’elle s’installe, il commande les pizzas : à force, il connaît les goûts de ses colocataires. Une fois que c’est fait, il vérifie qu’il a assez de liquide sur lui, avant de s’asseoir à son tour sur le canapé. C’était déjà là qu’il était installés avant de comprendre à quel point Valentina était énervée et, maintenant, il la regarde avec un air un peu inquiet. « Ta journée s’est mal passée ? » demande-t-il doucement, avant de penser qu’elle n’a peut-être pas envie de parler. Alors dans cette optique, il glisse vers elle la télécommande, au cas où elle aurait envie de regarder quelque chose pour se distraire. Pendant ce temps, il se penche sur son téléphone pour lesdites courses. Il essaye de penser à tout, comme elle le ferait à sa place. « C’est fait. Je travaille pas demain matin, alors je serai là pour tout ranger quand ça arrivera. » Reposant son téléphone, Teddy se tourne à nouveau vers la brune.

Valentina était loin d’être méchante ou mauvaise, encore moins avec ses meilleurs amis, mais elle avait tendance à être assez sèche et froide lorsqu’elle était énervée, ce qui était le cas ce soir-là. Teddy s’en aperçu rapidement, effectuant même un mouvement de recul avant de déclarer qu’il comptait commander les courses peu de temps après et qu’il les réceptionnerait demain, demandant même à la chilienne si cela lui allait. La brunette hésita quelques secondes avant d’hocher la tête « D’accord, merci » dit-elle avant de se rendre dans le salon pour se poser sur leur canapé. Elle était épuisée et ce moment de calme serait le bienvenu, tout comme la pizza qui comblerait le ventre vide de la jeune femme. Son colocataire et meilleur ami lui rapporta un verre de jus de fruit et elle le remercia avec un fin sourire avant de reporter son attention en direction des biscuits au chocolat. Elle en saisit un avant de l’enfourner dans sa bouche plus vite qu’un enfant avec des bonbons à l’heure du goûter.  
Une fois les pizzas commandées, Teddy vint s’installer à côté de sa colocataire et lui jeta un regard inquiet avant de lui demander si sa journée s’était mal passée. La brunette hocha la tête, la bouche toujours remplie de biscuits. Il lui passa alors la télécommande avant de se pencher sur son téléphone pour faire les fameuses courses donc la jeune femme avec besoin. Elle n’alluma pas la télévision, préférant se resservir un biscuit en silence avant de se tourner vers Teddy. Ce dernier, une fois la commande validée, se tourna de nouveau vers son amie. Valentina se senti alors particulièrement mal d’avoir été si sèche avec lui. Elle le regarda avec une petite moue avant de répondre « Désolée, tu n’y peux rien et j’ai été odieuse… ». Elle soupira avant de s’enfoncer un peu plus dans les coussins moelleux du canapé. « Oui, la journée a été compliquée et j’ai l’impression que ça n’arrête jamais » dit-elle avant d’ajouter « Peut-être que je suis juste fatiguée… D’habitude, je maîtrise ce genre de choses ! ». Les mauvais comportements des clients, Valentina connaissait bien, à force. Elle savait s’y prendre pour les recadrer poliment tout en ayant assez de recul sur la situation pour ne pas en être trop impactée. Et puis, les soucis personnels aussi, elle gérait d’habitude. Elle relativisait plutôt bien en général. Pour son affaire aussi, elle commençait à avoir l’habitude d’essayer des refus de la part d’investisseurs potentiels. Alors pourquoi là, elle n’y arrivait pas ? Pourquoi elle se sentait aussi à fleur de peau, agacée, dépassée ? Peut-être le manque de soleil, ou de sommeil.

Le petit sourire de Valentina encourage un peu Teddy, qui n’a pas l’habitude de voir la jeune femme de mauvaise humeur. C’est vrai qu’elle a son caractère et ils se plaisent parfois à la taquiner un peu en disant qu’elle a le sang chaud des latins ; mais dans l’immédiat il comprend surtout qu’elle doit être soit stressée, soit au bord de l’épuisement, voire les deux. L’observant engloutir un biscuit au chocolat, puis les enchaîner à la suite, le surfeur se dit qu’il devrait prendre soin d’elle un peu plus souvent. Comme chacun de ses amis, elle lui est précieuse, mais il a parfois du mal à le montrer. La moue qu’elle affiche l’attendrit, le faisant sourire en coin. D’un geste de la main, Teddy balaye ses excuses pour lui montrer qu’elles ne sont pas nécessaires. « T’inquiète pas pour ça, c’est rien. » Imitant la chilienne, il s’enfonce à son tour dans les coussins moelleux du canapé. La télévision éteinte, il se dit que c’est sûrement l’occasion d’en profiter pour discuter un peu tant qu’ils sont seulement tous les deux. « Je peux faire quelque chose pour t’aider ? » demande-t-il d’un ton un peu soucieux, quand elle évoque ses journées compliquées. « On devrait se commander à manger plus souvent. On adore ta cuisine c’est clair, mais évidemment il faut surtout pas se sentir obligé, surtout quand tu es fatiguée… J’aurais bien proposé de faire moi-même à manger, mais j’aurais peur de vous empoisonner » glisse-t-il avec un sourire. Lentement, le brun pose les mains sur les épaules de la jeune femme, pour la masser un peu. Ses muscles sont tendus, en plus du fait qu’elle lui dit qu’en ce moment, elle a plus de mal à gérer que d’habitude. « Peut-être qu’il y a un événement particulier qui te tracasse ? » suggère-t-il, regrettant de ne pas être d’une grande aide. « On peut en parler, si tu veux. Sinon, on peut juste se goinfrer de pizzas devant Netflix. »

Ses amis étaient très importants pour la jeune chilienne, qui en prenait donc grand soin. Elle essayait toujours de penser à eux, à ce qu’ils pouvaient penser et ressentir, en toute circonstance. Il était donc assez rare qu’elle se laisse submerger à ce point par les émotions négatives, jusqu’à être mauvaises avec un de ses meilleurs amis. Elle se sentait assez mal d’avoir parlé de cette manière à Teddy, qui n’avait rien à voir avec les choses négatives qui se passaient dans sa vie et qui était toujours un amour avec elle. La preuve en était encore que, lorsqu’elle s’excusa, il balaya d’un geste de la main ces excuses comme si ce n’était ni nécessaire ni important, déclarant qu’elle n’avait pas à s’inquiéter pour ça, que ce n’était rien. Décidemment, Valentina avait vraiment de très bons amis. Quelques instants plus tard, il lui demanda même s’il pouvait faire quelque chose pour l’aider, ce qu’elle trouva adorable. Il affirma également qu’ils devraient commander à manger plus souvent, qu’elle ne devait pas se sentir obligée de le faire. La brunette laissa échapper un petit rire lorsque Teddy parla de ses talents culinaires. « Je ne tiens pas à mourir, donc non évites de t’approcher de la cuisine ! » dit-elle en lui donnant un léger coup de coude. « J’aime vous faire à manger, ça me fait plaisir, vraiment » affirma-t-elle alors que son meilleur ami avait pour projet de détendre ses muscles. « Toi non plus, ne te sens pas obligé » dit-elle en sentant les mains de Teddy sur ses épaules. Valentina avait toujours eu du mal à se montrer en position de faiblesse face aux personnes qui l’entouraient : elle voulait être le pilier de toute le monde, et non l’inverse, mais c’était comme ça que fonctionnaient les relations humaines. Et puis elle ne pouvait pas dire que ce massage ne lui faisait pas du bien, ce serait mentir éhontément.
Son meilleur ami lui suggéra que, peut-être, un événement en particulier la tracasser. La brunette se mordit la lèvre et baissa le regard. Il y avait plein de choses qui la travaillaient, mais c’était vrai qu’une en particulier occupait beaucoup ses pensées… Se goinfrer de pizza devant Netflix était une bonne échappatoire, qu’elle aura bien volontiers pris. Sauf que voilà, Valentina en avait conscience : si elle n’en parlait pas, elle finirait par être de plus en plus désagréable et renfermée sur elle-même. « Il y a bien quelque chose… » chuchota-t-elle presque. « Je sais que je ne vous en ai pas parlé, et peut-être que tu seras un peu fâché mais je… Je fréquente quelqu’un actuellement » avoua-t-elle. Valentina avait un lien très fort avec ses amis, leur parlant généralement de tout. Mais son histoire avec Spencer, elle l’avait gardé pour elle, le temps de bien se rendre compte que c’était réel, qu’ils étaient de nouveau ensemble, qu’il l’aimait toujours…


La plaisanterie de Valentina achève de détendre Teddy, lequel se met à rire. « C’est promis. Je m’en voudrais beaucoup de vous empoisonner. » D’ailleurs, il sait bien que Valentina aime cuisiner, particulièrement pour faire plaisir à ses proches. Il sait que pour elle, c’est une question de partage, une preuve d’amour même - ce qu’il apprécie beaucoup. Seulement, il ne veut pas qu’elle se sente systématiquement obligée de le faire. Elle aime prendre soin des autres, c’est dans sa nature. Mais elle aussi, elle mérite amplement qu’on prenne soin d’elle. C’est dans ce but que le brun lui masse les épaules, espérant qu’elle laisse ses muscles se détendre un peu. Et tandis qu’il lui propose soit de manger tranquillement devant Netflix, soit de parler de ce qui la tracasse, il comprend que la jeune femme penche pour la deuxième option. Le regard vers le bas, elle baisse la voix, obligeant Teddy à tendre l’oreille. Quand il comprend de quoi il s’agit, ses mains s’interrompent sous le coup de la surprise. Il ne s’attendait pas à ça, mais il est aussi décontenancé par l’une de ses phrases en particulier. « Pourquoi je serais un peu fâché ? » Le surfeur ne comprend pas ce que la brune veut dire par là. À moins que ce soit quelqu’un de pas fréquentable et qu’elle sait qu’il s’inquièterait forcément ? Cette idée n’a rien de très rassurant. « Mais c’est super. C’est une bonne nouvelle, je suis content pour toi » souffle-t-il sincèrement, l’incitant d’un contact de la main à se retourner vers lui. « Ça fait combien de temps ? Enfin d’ailleurs, c’est pas très important. Mes oreilles sont toujours grandes ouvertes pour toi, mais tu n’as pas à tout nous dire tout de suite hein. » Ils ont aussi le droit chacun à leur jardin secret, même s’ils sont très proches. « Je le connais ? » demande-t-il, forcément curieux d’en apprendre davantage sur l’identité de la personne en question.

L’amitié, pour Valentina, c’était quelque chose de sacré. Déjà que la jeune femme était très proche de sa famille, il en était de même pour ses amis, qu’elle considérait comme une seconde famille, tout aussi importante que la première. Ses colocataires faisaient partie de ce groupe d’amis qu’elle avait rencontré lorsqu’elle était encore très jeune et qui ne l’avait pas quittée depuis, alors forcément, elle était très très attachée à eux. Depuis toutes ces années, ils s’étaient toujours serré les coudes, se soutenant les uns les autres, partageant tout. La brunette, contrairement à ses habitudes, n’avait cette fois pas parlé de Spencer aux autres, leur cachant presque la vérité de ce qu’il se passait entre eux. Bêtement, elle se sentait un peu coupable de ne pas avoir partagé cela avec eux dès le début, comme elle le faisait habituellement. Elle avait même peur qu’ils soient un peu fâchés, ou tristes, ou simplement déçus de se dire qu’elle avait préféré garder cela pour elle… Teddy s’étonna lorsque cette dernière lui exprima l’idée qu’il allait être fâché, demandant pourquoi. « Porque ... no te dije nada* » répondit-elle en haussant les épaules.
Bien loin de la réaction à laquelle s’attendait la chilienne, Teddy sembla être ravi par cette nouvelle, disant qu’il était content pour elle et lui demandant combien de temps cela faisait. Valentina sourit légèrement. « Quelques semaines je crois… Depuis la Saint Valentin » se souvint-elle plus précisément. « Tu ne le connais pas vraiment, mais tu en as déjà entendu parler ! Je suis déjà sortie avec lui il y a trois ans, juste avant que j’emménage avec vous tous » expliqua-t-elle, se souvenant avoir évoqué avec ses amis ce qu’il s’était passé entre eux : leur soi-disant ami en commun les ayant berné tous les deux et ayant brisé leur histoire d’amour avant même qu’elle ne commence réellement… « Il s’appelle Spencer, il est illustrateur » déclara-t-elle avec un petit sourire.
La jeune femme se redressa un peu et se tourna pour pouvoir regarder Teddy. Elle chercha ses mots quelques instants, avant finalement murmurer « Mais… C’est un peu compliqué… ». Elle soupira avant de reprendre « Il y a tellement de perturbateurs… Premièrement, il est encore marié, mais la procédure de divorce est en cours. Deuxièmement, il est très timide, et parfois j’ai peur de le brusquer. Troisièmement il… ». Valentina se coupa. C’était la première fois qu’elle allait le dire, à voix haute en tout cas. Ça rendait tout cela bien trop réel à son goût. « Il est malade » finit-elle par cracher du bout des lèvres.

Si Teddy ne parle pas espagnol, il y a en revanche quelques mots qu’il a appris à comprendre après plusieurs années d’amitié avec Valentina. Il saisit donc le message, qui le fait sourire. « Je doute pas que tu avais tes raisons. » Même si en se côtoyant de près, c’est normal de partager beaucoup de choses ; ils ont aussi tous le droit d’avoir leur jardin secret ou encore de de ne pas tout dire dans l’immédiat. Mais maintenant que la chilienne en parle, le brun a naturellement des questions à poser. « Depuis la Saint-Valentin, c’est romantique » la taquine-t-il. Fronçant légèrement les sourcils, Teddy tente de se rappeler de ce que son amie lui a confié à ce sujet. « Il y a trois ans… Il s’était passé quoi, à ce moment-là ? » Pour qu’ils ne soient plus ensemble, il y a forcément eu quelque chose. Quoi qu’il en soit, le prénom sonne effectivement comme familier aux oreilles du moniteur de surf. « Oh oui, Spencer. Je me souviens que tu m’en avais parlé, mais… Je me rappelle pas des détails, désolé. » Car s’il s’intéresse naturellement à ce qui se passe dans la vie de ses meilleurs amis, sa mémoire n’est pas forcément très bonne. En tout cas, le fait que Valentina et le dénommé Spencer se retrouvent montre bien qu’il y a quelque chose de particulier entre eux. Néanmoins, Teddy fronce à nouveau les sourcils quand la chilienne lui explique que c’est compliqué - forcément, il se fait un peu de souci pour elle. « Pour vous, j’espère que la procédure avancera aussi vite que possible » souffle-t-il. « Ça te dérange beaucoup, qu’en pratique il soit encore marié ? » demande-t-il, tentant de se mettre à la place de Valentina pour comprendre ses sentiments. « Ah, s’ił est timide, on peut remettre à plus tard les présentations. On risquerait de lui faire peur même sans le vouloir, rien que par nos personnalités » admet-il, un peu amusé. Son sourire s’affaisse néanmoins au dernier aveu de la brune. « Malade ? Et… Euh… C’est grave ? » Désolé, il passe un bras dans le dos de son amie. « Même si c’est un peu compliqué, ça se passe bien quand même entre vous ? »

Teddy avait raison, lorsqu’il taquinait Valentina sur le côté romantique de sa mise en couple avec Spencer. Ça l’avait été, au départ en tout cas. Elle avait organisé un pique-nique dans les bois, ambiance romantique et champêtre, mettant les petits plats dans les grands pour ce moment qui aurait dû être inoubliable… Quoi que, inoubliable, il l’avait été, mais pas forcément dans le sens qu’elle avait prévu. Déjà, le jeune homme l’avait mise au pied du mur en lui demandant pourquoi elle avait organisé tout ça, concrètement, ne comprenant pas qu’elle pouvait juste vouloir être avec lui, malgré sa maladie. Puis la pluie s’était invitée à l’après-midi romantique – très romanesque finalement – ils durent donc s’abriter sous un arbre alors qu’ils étaient trempés… « Tu n’imagines pas à quel point ! » répondit la jeune femme à son ami avec un petit sourire.
Le moniteur de surf était le genre de garçon a toujours avoir une oreille attentive lorsqu’un de ses amis avaient besoin de parler, sauf qu’il n’avait pas forcément la mémoire qui allait avec, ce qui amusait beaucoup la chilienne. Il lui demanda donc ce qu’il s’était passé il y a trois ans. « Disons qu’un ami en commun nous a menti à tous les deux, et nous a séparé bêtement… » expliqua-t-elle en haussant les épaules. Franchement, elle en voulait tellement à cet homme d’avoir fait ça, elle l’avait éloignée du garçon tant elle étant tant amoureuse, mais au final, c’était un peu de sa faute. « Aucun de nous n’a pensé à communiquer plutôt que de croire ce mec sur parole, du coup on a rompu tout contact à ce moment-là ». C’était une histoire bête.
Valentina était touchée de voir les sourcils de son meilleur ami se froncer. Il était inquiet pour elle, et elle trouvait ça adorable de sa part. Il lui demanda si cela dérangeait beaucoup que Spencer soit encore marié. « Oui, je suis peut-être vieux jeu, mais ça me gêne… Je sais pas pourquoi, c’est juste que… Officiellement, il appartient à une autre, tu vois ? » tenta-t-elle de s’expliquer. Aujourd’hui, ce n’était pas comme cinquante ans auparavant, bien sûr, mais pour la jeune femme l’institution du mariage était quelque chose d’important. Déjà qu’elle sortait avec un homme marié, il ne fallait pas qu’elle pousse le bouchon trop loin !
« Oh oui, les présentations, on va attendre un peu. Juste histoire que vous ne le mangiez pas tout cru ! » affirma-t-elle en riant légèrement. Ses meilleurs amis étaient nombreux, leur petit groupe était bien fourni. Ils étaient tous aussi adorables les uns que les autres, mais pour un nouveau venu, il était parfois difficile de faire sa place, ou juste d’en avoir une, alors Spencer risquait de se renfermer sur lui-même… Autant y aller petit à petit, un par un par exemple, c’était une idée à creuser.
Teddy lui demanda ensuite si sa maladie était grave. Une ombre passa sur le visage de la brunette, mais elle tenta de garder une certaine contenance. « Un cancer… » laissa-t-elle échapper dans un souffle. Cette maladie dont tout le monde avait peur, qui avait emporté tant de personne, dont son père lorsqu’elle était très jeune. « Mais, il va s’en sortir, je crois ». Elle haussa les épaules et se blottit contre son ami avant d’hocher la tête. « Oui, ça va, même très bien. A part ça, je suis très heureuse avec lui ! Je… Je l’aime… ».



Le sourire de Valentina fait plaisir à voir, réchauffant le coeur de Teddy. Mais évidemment, il ne peut s’empêcher de trouver dommage l’histoire qu’elle lui rappelle, à savoir qu’un prétendu ami les a séparés intentionnellement. « C’est vraiment nul, ça. Et c’est encore mieux que vous ayez réussi à vous retrouver aujourd’hui. » Il ne fait pas de commentaire sur le fait qu’ils n’aient pas communiqué à l’époque, estimant que tout a déjà été dit. Il espère seulement que cette histoire est derrière eux, d’autant plus que visiblement, des difficultés et des obstacles les attendent encore. C’est le cas de toutes les histoires d’amour, mais à différents degrés sûrement. Valentina évoque notamment le fait qu’officiellement, Spencer est toujours marié. « Oui, je vois ce que tu veux dire. Et je comprends, je crois. C’est sûr que ce sera un soulagement pour vous quand le divorce sera enfin prononcé. » Comme elle précise aussi qu’il est timide, ça fait sourire le brun. Les présentations sont effectivement repoussées à plus tard, ce qu’il peut comprendre. « Ouais, on est peut-être trop bruyants tous ensemble. Si tu veux mon avis, c’est mieux de procéder individuellement, pris chacun séparément on est moins pénibles j’imagine » plaisante-t-il (à moitié seulement). Aucun d’entre eux n’est désagréable, bien au contraire. Mais il veut bien imaginer que rencontrer tout ce beau monde en même temps, ça puisse être impressionnant. Néanmoins, les soucis de la brune doivent être tout autres. La gravité de la nouvelle qu’elle lui annonce fait s’affaisser un peu le sourire de Teddy. « Je suis désolé. » Il ne sait pas très bien quoi dire et peut-être n’y a-t-il même pas grand-chose à dire, en réalité. « Il est bien pris en charge ? » Comme elle se blottit contre lui, le moniteur de surf entoure la chilienne d’un bras. Il est pensif, mais l’aveu de cette dernière le ramène aussitôt à la réalité. « Je vois ça, il y a des étoiles dans tes yeux » la charrie-t-il. Il lui pince la joue pour la taquiner. « C’est trop mignon. Et ça me fait vraiment plaisir de voir ça. Tu mérites tout le bonheur du monde. » Il termine à peine ses mots que l’interphone retentit et il se lève prestement pour aller récupérer leur commande. « Pizzas chaudes ! » annonce-t-il ensuite. « Dommage qu’on n’ait rien pour trinquer à ton amour retrouvé. »

Du côté des relations amoureuses, cela n’avait jamais été vraiment simple pour la dernière des Peñali. En effet, elle avait connu quelques histoires, mais celles-ci ne se passaient jamais vraiment bien : un jeune homme volage, un autre qui espérait vivre à son crochet, un autre qui avait été à deux doigts de lever la main sur elle… Au final, sa plus belle histoire, cela avait toujours été celle partagée avec Spencer, même si elle avait été écourtée par une personne mal intentionnée. Ce qu’ils avaient partagé avait toujours fait figure d’exemple pour elle, d’espoir même. Elle n’imaginait pas, il y a quelques mois de cela, pouvoir retrouver le jeune homme et vivre de nouveau quelque chose de ce genre, si fort et évident. Pourtant, ils avaient eu beaucoup de chance et avaient fini par se remettre ensemble, ce que confirmait Teddy. Finalement, c’était en effet encore mieux aujourd’hui qu’il y avait trois ans. Ils avaient évolué, et ils étaient maintenant enfin prêts pour faire du chemin ensemble. C’était l’essentiel.
Il y avait évidemment encore des obstacles à traverser, sinon ce n’était pas drôle, devait se dire le destin. Déjà, le fait que le jeune homme soit encore marié, officiellement du moins. Forcément, c’était un petit compliqué de se projeter, pour Valentina en tout cas qui prêtait une certaine importance à cela. « Oui, clairement ! On fêtera ça avec du champagne » déclara-t-elle en souriant. En toute logique, cela ne devrait plus tarder… La jeune femme laissa échapper un rire lorsque Teddy affirma que tous ensemble ils étaient trop bruyants. « Vous risqueriez de le faire fuir » renchérit-elle avant d’hocher la tête. « Un par un, ça devrait être envisageable et beaucoup plus calme. Tu me diras quand tu seras dispo, j’aimerais vraiment que tu le rencontres ». C’était important pour elle que Spencer rencontre ses meilleurs amis, ils faisaient partie de sa vie au même titre que sa famille et elle tenait beaucoup à eux. Elle avait même hâte.
Le jeune homme affirma être désolé lorsque Valentina évoqua le cancer de Spencer. La jeune femme lui répondit par un petit sourire, appréciant la sollicitude de son ami. « Oui, ses médecins sont aux petits soins et les infirmières font bien attention » affirma-t-elle lorsqu’il lui demanda s’il était bien pris en charge. Il allait guérir, il n’avait pas le choix, de toute façon Valentina ne le laisserait pas faire autrement !
La chilienne avoua ensuite à son colocataire qu’elle était amoureuse, ce qui fit visiblement plaisir à ce dernier qui affirma qu’elle méritait tout le bonheur du monde. « Gracias » se contenta-t-elle de répondre, un petit sourire aux lèvres. La sonnerie stridente de l’interphone les interrompit, faisant presque sursauter la jeune femme. Teddy se désola qu’il n’y ait pas de quoi trinquer à son bonheur amoureux alors que les pizzas arrivaient. Avec un petit regard malicieux, Valentina sauta du canapé et, en lui faisant un clin d’œil, déclara « Espere* ! » avant de filer dans sa chambre. Elle dénicha, bien rangée derrière des livres de cuisine, une vieille bouteille de pisco, une eau-de-vie de vin typique du pays natal de son père. « Tadam » dit-elle en revenant dans le salon. « Ça me vient directement de ma abuela**, tu vas m’en dire des nouvelles ».

Le risque de faire fuir le compagnon de Valentina, tout à fait involontairement bien entendu, est bel et bien présent. Teddy lève donc les mains en l’air comme pour accepter la sentence. Heureusement, la jeune femme est bien plus ouverte pour les présenter individuellement, ce qui est d’ailleurs très compréhensible. « Je suis souvent disponible, à vrai dire » avoue-t-il en riant. C’est vrai qu’il aime bouger et enchaîner les activités, mais il n’a pas de programme précis. « Si le week-end prochain vous n’avez rien de prévu, on peut se caler ça. On peut peut-être même manger ensemble, je vais voir avec Livia si elle libre aussi. » Tout en faisant des plans, le brun dispose les pizzas sur la table basse. Il est affamé, d’autant plus avec la bonne odeur qui vient chatouiller ses narines. « Tu paries combien qu’il y en a qui vont bientôt débarquer ? » plaisante-t-il. Entre eux, il faut croire qu’ils ont un don pour ça, lui le premier. « Oh, tu as vraiment de quoi trinquer ? » Valentina revenue de sa chambre, elle lui présente une bouteille qui a l’air ancienne. Intéressé, Teddy la débouche et leur sert un verre à tous les deux. « Ça vient du Chili ? » Lui tendant son verre, le surfeur lève ensuite le sien pour traquer. « À la beauté de l’amour… Et aux amitiés éternelles. » Puis il goûte le fameux breuvage. « C’est plus fort que ce que je pensais… Mais j’aime bien ! » Ils ont en tout cas tous les deux de quoi passer une très bonne soirée. Un peu d’alcool, des pizzas et de la bonne compagnie. « On se lance un film ? » propose-t-il en lui tendant la télécommande pour qu’elle fasse son choix sur Netflix. « C’est cool qu’on puisse passer la soirée ensemble. » Ça n’arrive pas si souvent que ça, contrairement à ce qu’on pourrait croire. « Bon appétit ! » Confortablement installé en commençant à manger, Teddy sait qu’il va passer un bon moment.