it's been a secret for the longest time › siam.

En une soirée, Tao avait fait voler en éclats deux ans d’efforts entrepris par sursaut d’orgueil. Le passage des saisons n’avaient pas aidé, le fait que Siam s’oriente vers Maddox plutôt que vers lui avait toujours laissé un goût amer et il savait que ce détail avait guidé ses agissements. Le serveur et lui n’avaient rien à voir. En matière de séduction, Tao avait trouvé son maître. Maddox avait su comment s’y prendre pour convaincre Siam de se laisser aller à ses charmes, chose que lui n’avait jamais osé faire. Pas que l’idée de déposer ses lèvres sur celles de la soeur de son meilleur ami ne lui avait jamais effleuré l’esprit - et cette ambition demeurait chaste - mais il avait privilégié l’amitié, une fois, deux fois, jusqu’à ce que ce soit trop tard et que Siam fasse un choix. A l’annonce, son coeur avait comme explosé en plein vol. Il s’était senti trahi par sa propre intuition en pensant qu’il avait ses chances. Tout ne se passait pas toujours comme dans les films de Noël : l’héroïne ne finissait pas toujours avec l’option la plus timide, et il devait l’accepter.

Alors après une année de deuil romancé qu’il avait partagée avec Laya dans la plus grande discrétion d’Arlo, il s’était décidé à tourner la page. Le monde était rempli d’aventures, certaines étaient même plus belles que celle proposée par Siam et bientôt, il saurait l’affirmer sans qu’une sensation d’écrasement ne pèse sur sa poitrine. Il s’était ouvert à d’autres univers et s’il lui était arrivé de se perdre en chemin, d’être ralenti par les évènements affectant son quotidien, il avait finalement trouvé le repos dans d’autres bras que ceux de Siam. Des sentiments à la hauteur de ce qu’il avait ressenti, il s’en était préservé par choix, mais il avait réussi à se sentir bien. Pas de promesses, pas d’engagement, il avait attrapé la main de quelqu’un capable de partager le meilleur.

Il était seulement dix heures du matin quand le retentissement insistant de la sonnette de sa villa le tira des bras de Morphée, le visage endormi de son Aphrodite sur le torse. Délicatement, il se dégagea du lit et referma la porte de la chambre derrière lui pour aller mettre fin au vacarme. Il sillonna entre les outils des ouvriers qui rénovaient les lieux et attrapa la chemise blanche qu’il portait la veille et lâchement abandonnée au milieu de ce qui ressemblait à un salon pour l’enfiler avant d’ouvrir la porte.

Siam.

Elle pouvait deviner à sa tête que leur rendez-vous lui était complètement sorti de la tête. Grimaçant, il referma légèrement la porte derrière lui. « Salut » dit-il d’une voix encore endormie « Inutile de te dire que j’avais oublié qu’on devait se voir ce matin, j’suppose ».

@Siam Mehrtens

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crédit/ tumblr ✶ tao

C'est la merde. Depuis la nuit que j'ai passé avec Tao, je n'arrive même plus à me regarder dans le miroir. C'est encore pire depuis que ces tests de grossesse se sont révélés être positifs. Ils l'étaient tous, sans exception. Même s'ils ne sont pas toujours fiables à 100%, il y a peu de chances qu'ils soient tous erronés n'est-ce-pas ? Ouais... c'est la merde. Il faudrait que j'aille faire une prise de sang pour en avoir le coeur net, mais je n'ai même pas envie. J'ai peur que les choses deviennent vraiment concrètes une fois la grossesse confirmée. Si je peux retarder l'échéance et me laisser un semblant d'espoir jusque là, alors je prends. Rongée par la culpabilité, je commence même à me renfermer un peu sur moi-même. Et si Tao était le père de cet enfant ? Non c'est impossible, surtout pas. Et pourtant si, c'est possible justement. Lui ou Maddox, à croire que ça se joue toujours entre ces deux-là. L'histoire se répète. Je n'ai pas revu Tao depuis cette fameuse soirée. En réalité je n'ai pas spécialement envie de le revoir, je me sens déjà suffisamment mal comme ça. Mais il ne semble pas être du même avis. Il m'a envoyé un message pour qu'on se voit. Pour discuter comme il l'a si bien dit. Sans doute pour mettre les choses au clair ensemble par rapport à ce qu'il s'est passé. J'aurais préféré qu'il ne me donne pas rendez-vous directement chez lui, pour éviter que ce soit gênant, mais finalement c'est peut-être pas plus mal d'être discrets. Arrivée devant chez lui, une boule d'angoisse se loge au creux de mon ventre. Après quelques longues minutes d'attente, la porte finit par s'ouvrir. Tao a les cheveux en bataille, le regard endormi et habillé à l'arrache d'une chemise encore plus froissée que lui. « Salut » On dirait bien qu'il a oublié. « Inutile de te dire que j’avais oublié qu’on devait se voir ce matin, j’suppose. » Ça commence bien. « Je te rappelle que c'est toi qui voulait qu'on se voit... » Je soupire, levant un peu les yeux au ciel. C'est quand même lui qui est à l'initiative de ce "rendez-vous". Le mot n'est sans doute pas le plus approprié qui soit mais Tao tenait à ce qu'on ait une discussion. « Mais si ce n'est pas le bon moment, on peut remettre cette discussion à plus tard. » Ou comment essayer d'esquiver la discussion. En réalité ça m'arrangerait de ne plus jamais reparler de cette nuit avec lui. D'ailleurs, je fais presque déjà volte-face, bien décidée à repartir d'où je viens.

Revoir le visage de Siam n’était pas ce qu’il y avait de plus agréable pour Tao. C’était lui qui était à l’initiative de ce rendez-vous, mais il le faisait surtout pour mettre derrière lui tout ce qui la concernait. L’accident qui s’était produit entre eux ne devait pas se renouveler, ne serait-ce que par respect pour Maddox, que Tao et son père employaient au Noble. S’il avait opté pour la solution de la faciliter en l’invitant chez lui, c’est notamment parce qu’il préférait éviter d’être vu avec elle. Depuis ce jour où ils avaient partagé bien plus qu’un baiser, le jeune homme de vingt-six ans avait l’impression que quiconque le dévisageait pouvait savoir ce qu’il s’était passé ce soir-là. Même lorsqu’il était allé à se faire tester, conséquence de leur aventure sans protection, il avait senti le poids de la culpabilité sur ses épaules, comme si le personnel médical en personne le condamnait pour ses faits : en plus d’être irresponsable, il avait détourné une femme en couple. Ce soir-là, l’alcool aidant, il avait perdu toute notion de ce qui était et n’était pas. Il s’était contenté de répondre positivement à la question « As-tu déjà été amoureux d’une personne dans la pièce ? » en fixant Siam. Cela avait suffi pour déclencher une suite d’évènements imprévus et qu’ils en arrivent au peau à peau. Si le souvenir, quoique brouillé, était agréable, il savait que toutes les valeurs qui y étaient associés étaient loin d’être acceptables. Dans son esprit, il avait d’ores et déjà conclu que Maddox ne devait pas être mis au courant. Ce serait lui faire du mal pour rien puisqu’entre Siam et lui, rien n’était possible. Il l’avait longtemps voulu, mais aujourd’hui, il avait réellement tourné la page de leur romance à la Romeo et Juliette.

Encore endormi, Tao était pourtant bien éveillé aux moindres signaux que Siam envoyait et le fait qu’elle soupire le laissait dans l’incompréhension la plus totale. Elle n’était décidément plus celle pour qui il avait éprouvé des sentiments à un moment T de sa vie. D’abord blasé, il soupira à son tour, hésitant à la laisser partir puis la rattrapa par le bras. Il ne devait pas céder. Cette discussion, il tenait à l’avoir. Pas pour Siam, pour Maddox ou une quelconque tierce personne, mais pour lui. « Ca suffit, Siam. On va pas tourner en rond pendant des semaines et des semaines en espérant que le temps efface ce qu’il s’est passé. » dit-il sur un ton froid peu habituel. Dans les yeux de tous, Tao était le gentil garçon qui pouvait tolérer un nombre incalculable de choses avant d’exprimer un ras-le-bol et Siam n’échappait pas à la règle. « D’abord, j’aimerais que t’arrêtes de me traiter comme si j’étais un plan cul comme les autres ou du moins que t’essaies de faire semblant. Et ensuite, il faut qu’on trouve un mensonge suffisamment crédible pour expliquer le fait qu’on ait disparu des radars pendant plus de trois quarts d’heure ce soir-là. Ton frère en a entendu parler, il m’a déjà posé des questions et si j’arrive à esquiver ça par message, ce sera pas la même rengaine. »

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crédit/ tumblr ✶ tao

Jouer la fille lâche, c'est un peu devenu une habitude pour moi. Une mauvaise habitude que je n'arrive définitivement pas à me défaire. Le pire ? C'est que c'est plus fort que moi, je ne le fais même pas exprès. Comme si j'étais vouée à enchainer les mauvaises décisions dans ma vie. Ce n'est pas la première, et ça ne sera sans doute pas la dernière. Je n'ai pas envie d'avoir cette discussion avec lui. Pas parce que je n'assume pas ce qu'il s'est passé entre nous. Enfin si, peut-être un peu quand même. Mais c'est surtout que le fait d'en parler avec lui rendrait les choses plus concrètes. Et je suis la seule à savoir qu'à présent il ne s'agit plus seulement d'un simple coup d'un soir. Il y a dorénavant cette incertitude qui plane au dessus de ma tête. Ce bébé. C'est plus compliqué pour moi que ça en a l'air pour lui. Et puis, même s'il est pote avec Maddox, c'est encore moi qui a le plus mauvais rôle dans cette histoire. Nous devons en assumer les conséquences, c'est vrai, mais c'est plus facile à dire qu'à faire. Tao ne me laisse pas fuir si facilement, me retenant par le bras. Il tient définitivement à avoir cette discussion. Ok, c'est maintenant, je n'ai plus vraiment le choix. « Ca suffit, Siam. On va pas tourner en rond pendant des semaines et des semaines en espérant que le temps efface ce qu’il s’est passé. » Si seulement les choses pouvaient être aussi simples... mais je suis bien consciente qu'il est impossible de faire machine arrière. « D’abord, j’aimerais que t’arrêtes de me traiter comme si j’étais un plan cul comme les autres ou du moins que t’essaies de faire semblant. Et ensuite, il faut qu’on trouve un mensonge suffisamment crédible pour expliquer le fait qu’on ait disparu des radars pendant plus de trois quarts d’heure ce soir-là. Ton frère en a entendu parler, il m’a déjà posé des questions et si j’arrive à esquiver ça par message, ce sera pas la même rengaine. » Une grimace vient inconsciemment se figer sur mon visage. Il ne faudrait pas que ça arrive aux oreilles de mon frère, surtout pas. Aux oreilles de quiconque d'ailleurs si je ne veux pas que Maddox finisse par le savoir. « Je ne te considère absolument pas comme un vulgaire coup d'un soir... » Que je murmure doucement d'entre mes lèvres. Justement, c'est aussi ça un peu le problème. Notre relation a toujours été particulière... Tao est particulier à mes yeux, dans mon coeur aussi, et c'est justement parce que c'est lui que je réagis comme ça. « Ok, tu as raison, on ne peut pas effacer ce qu'il s'est passé ce soir-là. On avait bu, la soirée a dérapé et... on a clairement merdé. » En réalité, le fait qu'il avoue indirectement ses sentiments pour moi lors d'une question pendant le jeu avait tout fait basculer. « C'était une connerie, et ça ne voulait rien dire. » Pourtant, je ne suis pas certaine que ça soit aussi simple que ça, mais passons. « On a qu'à dire que j'avais trop bu et que j'étais malade. » Il a très bien pu veiller sur moi et me tenir les cheveux dans la salle de bains pendant tout ce temps. C'est quelque chose qu'il a toujours fait : veiller sur moi. Ça ne serait pas la première fois.

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crédit/ tumblr ✶ tao

Il y a comme un gouffre qui se crée entre nous. Je sais pas trop comment l'expliquer, mais j'ai l'impression que ce qu'il s'est passé l'autre soir n'a fait qu'empirer notre relation. Comme si l'aboutissement de cette tension n'était finalement qu'une vulgaire et grossière erreur. C'est d'ailleurs justement comme ça que je qualifie la soirée. Même si, en réalité, c'est plus compliqué que ça en a l'air. Ça a toujours été compliqué avec Tao. Mais je ne peux pas me permettre de l'avouer. Encore moins de continuer à me poser trente six mille questions toute ma vie. J'ai fait un choix il y a deux ans, à moi d'en assumer les conséquences. « C’est ça, on a merdé et ça ne voulait rien dire… j’comprends même pas que ce soit arrivé. » Moi, si. Je sais exactement pourquoi c'est arrivé justement. Et c'est bien ça le problème... voilà où nous en sommes maintenant. La distance entre nous est encore plus flagrante. Parce qu'on se doit de ne pas "merder" encore plus que ce qui a déjà été fait. « Faisons comme ça, t’étais malade et j’ai joué les bons samaritains. » Exposée ainsi, la situation parait tout à fait crédible. Logique même dans un sens. Parce qu'il a toujours joué ce rôle de protecteur avec moi. Un silence pesant finit par s'installer dans la pièce avant que Tao se rapproche, faisant accélérer un peu les battements de mon coeur. A cet instant, c'est un ouragan d'émotions et de sentiments contraires qui se bouscule en moi. Je suis tiraillée par l'envie de le fuir, tout faire pour oublier ce moment d'égarement et la peur profonde de le perdre. Parce que je ne suis pas encore prête à renoncer à lui... et à notre amitié, aussi étrange soit-elle. « Je compte sur toi pour te rendre indisponible la prochaine fois qu’Arlo veut organiser quelque chose à plusieurs. J’imagine que ce sera pas trop difficile de prétexter vouloir profiter d’un moment avec ton mec. » Ça, c'est cadeau. Et en même temps, c'est tout ce que je mérite n'est-ce-pas ? « Alors, c'est ça ta façon de vouloir mettre les choses au clair ? » Tao a l'air déterminé à tout faire pour ne plus qu'on se voit. Au point vraiment de tirer un trait sur notre amitié ? « On tourne la page et on arrête définitivement de se voir ? » Peut-être que c'est inconsciemment pour ça que je ne voulais pas avoir cette discussion avec lui... parce que je ne veux pas en arriver là. Au point de non-retour auquel nous sommes à présent confrontés. Et si c'est pas ce dont j'ai envie ? Il pense certainement à lui, à son bien-être. Peut-être pour se préserver du mal que je pourrais lui faire - que je lui ai déjà fait (?). Mais, et moi ? Il est important à mes yeux, et dans ma vie. Et je n'ai pas envie de perdre notre complicité pour des conneries. « C'est pas ce que je veux, Tao. » Je plonge mon regard dans le sien alors que nos visages sont toujours aussi proches l'un de l'autre. Je sais que ma réaction est paradoxale, et en même temps, je suis perdue.

D’habitude si conciliant, Tao n’était pas d’humeur à prêcher la bonne parole, surtout dans la situation qui était la sienne à ce moment précis. Une part de lui haïssait de devoir porter le poids de ce fardeau au quotidien et de devoir cacher la liaison qu’ils avaient eue, surtout à Maddox. Même si celui-ci avait eu l’avantage dans le cœur de Siam, il détestait le retour de bâton qu’il lui imposait. Pire, il arrivait difficile à imaginer un avenir dans lequel il devrait lui mentir au quotidien. Il prit une grande respiration pour contenir tout ce qui le traversait : angoisse, rancœur et regret. « Il fallait qu’on se voie pour trouver une parade. Les sms, c’est beaucoup trop risqué » dit-il, autant pour elle que pour lui. Maddox pourrait tomber sur un message au contenu ambigu et la situation dégénérer bien plus vite que prévu.

« Chaque fois que je t’aperçois, je repense à ce qu’il s’est passé entre nous, Siam » commença-t-il avant de marquer une pause pour peser ses mots « c’était une connerie, mais ça ne s’efface pas aussi facilement que je le voudrais et ça va être difficile de croiser Maddox tous les jours, de prétendre ». Il baissa la tête, se massa la nuque et recula pour de bon. « J’avais pas prévu que ça se passerait comme ça, mais c’est mieux qu’on se tienne éloignés et que chacun vive de son côté, le temps qu’on oublie ce qu’il s’est passé et qu’on passe à autre chose ». Passer à autre chose. Il pensait avoir tourné la page Siam depuis un moment, mais la reprendre dans ses bras avait ranimé une flamme qu’il pensait éteinte.

Il tourna le visage vers sa maison et se décida à rentrer. La personne qui l’avait remis dans le droit chemin et qui lui avait sorti la tête de l’eau après que Siam ait fait son choix et qu’il soit resté sur le carreau l’attendait et il n’avait pas envie que la première chose qu’elle voit ce soit un retour vers le passé. « J’pense qu’on s’est tout dit maintenant, à moins qu’il y ait autre chose que tu veuilles me dire ? ». De son côté, il avait fait le tour des choses qu’il pouvait lui dire sans prendre le moindre risque d’essuyer un retour brutal. Ce qu’il pensait vraiment resterait entre lui et sa conscience, c’était mieux pour tout le monde.

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crédit/ tumblr ✶ tao

Alors, c'est vraiment ça qu'il veut ? Qu'on arrête de se voir et que je m'arrange pour décliner toutes les invitations des soirées qui pourraient potentiellement le concerner aussi ? Même si nous avons fauté ensemble, je ne pensais pas que Tao en arriverait à ce point de non-retour. Mais il semble vraiment prêt à vouloir tirer un trait définitif sur notre amitié. Cette entrevue organisée pour mettre les choses au clair n'était finalement là que dans ce but précis. Au moins, je ne peux pas lui reprocher d'avoir pris soin de me le dire en face. Il a raison sur un point : les sms, c'était trop risqué. Même si ça aurait été sans doute plus facile pour moi d'encaisser la nouvelle. Parce que là, devant lui, je n'en mène pas large. Je n'arrive pas à faire semblant. Il me connait suffisamment pour comprendre à quel point cette situation est en train de m'affecter. Je ne cherche d'ailleurs même pas à m'en cacher puisque je viens de lui révéler que ce n'est pas ce que je souhaite...  « Chaque fois que je t’aperçois, je repense à ce qu’il s’est passé entre nous, Siam. » Mon coeur se serre violemment dans ma poitrine alors que je tente, malgré tout, de rester de marbre. « C’était une connerie, mais ça ne s’efface pas aussi facilement que je le voudrais et ça va être difficile de croiser Maddox tous les jours, de prétendre. » Si seulement je pouvais claquer des doigts et revenir en arrière. « J’avais pas prévu que ça se passerait comme ça, mais c’est mieux qu’on se tienne éloignés et que chacun vive de son côté, le temps qu’on oublie ce qu’il s’est passé et qu’on passe à autre chose. » Je hoche un peu la tête, résignée. « Si tu penses vraiment que c'est ce dont tu as besoin... » Je parle pour lui, parce que de mon côté, je suis complètement perdue. En réalité, je ne sais pas exactement ce qui est le mieux pour moi. « Je respecterai ton choix. » Même si je risque d'en souffrir... et qu'il me manque déjà. « J’pense qu’on s’est tout dit maintenant, à moins qu’il y ait autre chose que tu veuilles me dire ? ». Il y a autre chose oui... mais je ne peux pas vraiment lui dire. Je ne peux pas balancer la bombe comme ça. Après tout, je ne sais pas encore si je suis vraiment enceinte. « Je... » Je plonge mon regard dans le sien, venant légèrement frôler sa main. « Tu vas me manquer Tao... » C'est tout ce que je m'autorise à lui dire, et c'est déjà beaucoup pour moi.

« Si tu penses vraiment que c'est ce dont tu as besoin... » les mots de Siam résonnaient en lui comme une mélodie dramatique. Ce dont il aurait eu besoin, c’est que rien ne se passe du tout et qu’ils restent dans une relation platonique comme celle qu’ils entretenaient jusque-là, mais c’était trop tard pour ça. La ligne rouge avait été franchie et ils allaient devoir agir en conséquence pour éviter d’en payer les pots cassés. Tao savait que Siam respecterait son choix. Il la connaissait bien et même si selon lui, elle avait pu faire les mauvais choix et s’égarer parfois, il avait anticipé le fait qu’elle ne s’opposerait pas à sa volonté. Cette décision était la bonne pour tout le monde à commencer par eux-mêmes.

Instantanément, il sentit la peau de Siam frôler la sienne et ce simple contact superficiel suffit à lui rappeler les bribes de leur soirée par flashs. Il retira aussi vite sa main pour installer une distance physique à la hauteur de la distance psychologique qu’il avait décidé de mettre en place.

« C’est mieux comme ça » dit-il froidement. C’était une évidence, elle lui manquerait aussi. Quand bien même tout avait basculé entre eux, il ignorait à quoi allait ressembler sa vie maintenant qu’elle n’en faisait plus vraiment partie. D’une part, il était déçu de lui-même pour ne pas avoir su résister et de l’autre, il était rongé par la culpabilité d’avoir mis en péril leur relation, mais aussi toutes celles qui gravitaient autour d’eux. Il se demandait bien comment il allait faire pour regarder Arlo dans les yeux ou pour travailler aux côtés de Maddox, au quotidien, tout en sachant que c’était lui que Siam rejoignait chaque soir.

« Il faut que je rentre » furent les derniers mots qui franchirent la barrière des lèvres de Tao. Pas un au revoir, pas un adieu, il en était incapable. Il fallait juste qu’il trouve une excuse pour regagner l’intérieur de sa maison en plein travaux. D’abord parce qu’il était attendu à un réveil, mais aussi parce qu’il se refusait à montrer la moindre émotion. Ça ne rendrait les choses que plus difficiles. Aussitôt, il tourna les talons et remonta l’allée qui menait jusqu’à la porte d’entrée, jeta un dernier coup d’œil en direction de Siam puis appuya doucement sur la poignée pour regagner ses quartiers. A pas de loup, il referma la maison derrière lui et fit un rapide passage par la salle de bain pour se passer de l’eau sur le visage avant de regagner le lit. Il ferma les yeux sans parvenir à se rendormir pour autant, l’avenir de sa relation avec Siam en tâche de fond.