no family is perfect but it's still family (siam)

Une foule d’émotions et de sentiments s’entremêlent dans le coeur d’Arlo tandis qu’il marche presque comme un robot dans les couloirs de l’hôpital de Wellington. Fatigué, mais surtout rempli de certitudes, de craintes et d’espoir, le jeune homme tombe finalement sur ce qu’il cherchait, à savoir un distributeur. En premier lieu, il se désaltère avec de l’eau, puis prend aussi une boisson énergisante parce qu’il risque d’en avoir besoin. Ensuite, il s’achète deux barres chocolatées protéinées, parce que ça fait des heures qu’il n’a rien avalé. Et enfin, il ramasse plein de trucs qui pourraient plaire à Laya - il n’a pas voulu la déranger pour lui demander ce qu’elle voulait, mais malheureusement il ne se souvient pas de ses goûts. Il range le tout dans son sac à dos, content d’avoir fait quelques provisions pour les heures à venir. Il sait qu’ils sont là pour un petit bout de temps encore et il n’a pas encore réfléchi à l’endroit où il pourrait dormir, sans compter que la ville a subi quelques dégâts. Oui, la journée a assurément été bien remplie, véritable montagnes russes d’émotions. Arlo commence tout juste à réaliser ce qui s’est passé, même si son coeur a déjà explosé de bonheur quand un tout petit doigt s’est enroulé autour du sien. Absolument rien n’aurait pu le préparer à cette vague d’amour pur, intense, profond, qui a déferlé en lui : le coup de foudre le plus sincère, le plus authentique qui puisse exister. Assurément, il se sent encore hébété par tout ça. Les infirmières ont emmené les jumeaux pour s’en occuper, pendant que Laya se repose. Il attend avec beaucoup de hâte de pouvoir à nouveau voir ses bébés, mais il a bien compris qu’il devrait patienter encore un peu. Alors avant d’aller à la nurserie, il compte retourner auprès de Laya, qui a été absolument merveilleuse, pour s’asseoir sans faire de bruit afin de la laisser tranquille.

Le brun est donc en train de retourner sur ses pas, sa barre chocolatée à la main, quand il distingue un visage familier à quelques mètres de lui. Surpris, il s’arrête aussi. Bien évidemment, il reconnaîtrait les trais délicats de sa petite soeur entre mille. Mais ce qui le frappe immédiatement, ce sont ses bandages. Visiblement, elle s’est blessée, ce qui explique probablement sa présence ici. Aussitôt, Arlo s’approche. « Siam ? Comment tu vas ? » En la voyant dans cet état, même si ça n’a pas l’air trop important, l’aîné des Mehrtens se sent coupable. Après le séisme, il a bien essayé de joindre ses frangines, mais le réseau était saturé. Ensuite, il a attendu de leurs nouvelles, mais il a passé plusieurs heures en salle d’accouchement, coupé du monde. « Tu t’es blessée dans le tremblement de terre ? C’est rien de trop grave ? » C’est vrai que ces derniers temps, Siam et Arlo ne se sont pas beaucoup parlé. La rancoeur gangrenant leur famille a fini par les toucher eux aussi. Mais à cet instant précis, ça n’a pas beaucoup d’importance pour lui. Distance ou pas, différences de points de vue ou pas, déceptions ou pas, en ce moment il s’inquiète seulement pour sa petite soeur après les événements de la journée et avec tous ses pansements - pour ses deux petites soeurs, d’ailleurs. « Et Cali, elle n’a rien ? »

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crédit/ tumblr ✶ arlo

Cette fois, c'est officiel. Il n'y a plus de doute possible quant à la question. Le résultat de la prise de sang vient de le confirmer ; je suis bel et bien enceinte. Cette annonce a comme l'effet d'un deuxième tremblement de terre dans ma tête. Et c'est justement le cas de le dire étant donné les circonstances du moment. Le séisme qui vient d'avoir lieu ici a fait pas mal de dégâts. Apparemment ce sont majoritairement des dégâts matériels, et heureusement. Pour ma part, je n'ai pas réussi à éviter le drame. Même si en réalité, les égratignures causées par l'incident passent maintenant en second plan. Il n'y a rien de grave en soit, hormis cette plaie légèrement plus profonde que les autres récoltée sur mon avant-bras. Des points de suture qui donneront lieu à une jolie cicatrice en guise de souvenir. Mais là, tout de suite, ce n'est plus vraiment le plus important. J'ai la tête ailleurs, submergée par des pensées toutes aussi contradictoires les unes que les autres. Je ne sais pas du tout quoi faire pour ma grossesse. Que ce soit pour le bébé ou pour Maddox. Et si ce bébé n'était finalement pas de lui ? La question ne se serait évidemment pas posée si je ne l'avais pas trompé avec Tao... ouais, c'est compliqué. Me voilà donc dans une situation plus que délicate. Perdue dans mes pensées, j'erre dans les couloirs de l'hôpital en attendant de pouvoir récupérer les papiers pour ma sortie. C'est bien connu, les formalités administratives prennent du temps. Encore plus quand le personnel hospitalier déborde de tous les côtés. Mon regard croise finalement un visage familier, celui de mon frère. Un sourire se dessine instinctivement sur mes lèvres. « Siam ? Comment tu vas ? » Je suis contente de le voir malgré les circonstances. D'autant que je n'avais pas réussi à le joindre suite au tremblement de terre. Mon premier réflexe est de le prendre dans mes bras. C'est un geste instinctif, peut-être maladroit certes, mais terriblement sincère. « Tu t’es blessée dans le tremblement de terre ? C’est rien de trop grave ? » Je secoue rapidement la tête pour le rassurer. « Non, t'inquiètes pas. Juste des petites égratignures par-ci, par-là. » Rien qui mérite de s'inquiéter pour autant. « Tu me connais, il m'en faut plus pour m'arrêter. » Ajoutais-je en laissant échapper un petit rire amusé d'entre mes lèvres. « Et Cali, elle n’a rien ? » Il s'inquiète pour nous, et ça me fait du bien. « J'ai réussi à l'avoir au téléphone tout à l'heure, tout va bien pour elle. Et les parents aussi. » Je ne sais pas si c'est une information qu'il avait envie de connaitre, mais au moins, c'est dit. « Et toi alors ? Laya a accouché ? » Je sais que Laya est en fin de grossesse, peut-être est-il ici pour ça ? C'est en tout cas tout de suite ce à quoi je pense.



La vue de Siam à l’hôpital, avec des bandages, inquiète beaucoup Arlo. Pourtant, ça n’a pas l’air trop grave. Mais malgré le fait qu’ils ne soient plus très proches, il reste un grand frère à l’instinct protecteur développé - ce qui semble aller de pair, dans la plupart des cas. En tout cas, Siam n’a pas l’air de lui en vouloir de s’être éloigné. La première chose qu’elle fait, en le voyant, c’est de le serrer contre elle. Réconforté par cette étreinte, le jeune homme entoure sa petite soeur de ses bras. Tout en veillant à ne pas lui faire de mal là où elle est blessée, il profite de cette étreinte fraternelle qui lui fait du bien. Ça ne s’est pas passé comme il l’aurait souhaité au sein de sa famille, mais elle restera toujours sa soeur. Et ce n’est pas de sa faute. En plus, à l’instant précis, il réalise encore plus combien elle lui manque. « Je suis soulagé que ce soit rien de grave. Et content qu’on t’ait pris en charge même s’il a dû y avoir pas mal d’urgences. » Bien sûr, Arlo en profite pour prendre des nouvelles de leur petite soeur. Siam le rassure aussitôt : tout va bien pour elle, ainsi que pour leurs parents. « Tant mieux. Au moins, plus de souci à me faire de ce côté-là. » Il en veut toujours à ses parents, mais ce n’est pas une raison. Et s’il n’a pas essayé de les contacter, contrairement à ses petites soeurs, c’est évidemment une bonne nouvelle. « Merci pour les nouvelles. » Rassuré, le brun a l’impression qu’un poids lui est enlevé des épaules. Et bien sûr, sa soeur veut savoir ce que lui aussi fait là. Mais en vérité, elle semble avoir tout de suite deviné la raison. Le sourire d’Arlo s’élargit, venant confirmer l’instinct de Siam. « Oui, Laya a accouché. Elle a été très courageuse. » C’est un processus tout à fait naturel ; mais maintenant qu’il l’a vécu auprès d’elle, c’est beaucoup plus réel à ses yeux. « Ce sont des jumeaux. Un garçon et une fille. Je suis sûrement pas objectif, mais… Ils sont absolument adorables. » Il se doute que tous les parents du monde - ceux qui sont normalement constitués, en tout cas - ont dit la même chose avant lui. Mais c’est vraiment ce qu’il ressent, du plus profond de son coeur. « La sage-femme, ou l’infirmière, je sais pas trop… Les a emmenés pour s’occuper d’eux. Ils seront à la nurserie ensuite. Laya est fatiguée, tu t’en doutes. J’étais venu nous chercher à boire et à grignoter. » Contrecoup des émotions fortes, l’aîné de la famille se met à raconter sa vie. C’est peut-être aussi parce que ça fait plusieurs semaines qu’il n’a pas parlé à Siam. « Est-ce que… Est-ce que tu voudrais les voir ? » La pointe d’hésitation perçant dans sa voix n’est pas liée à son propre ressenti, mais plutôt aux événements ayant secoué la famille Mehrtens (pour la deuxième fois, même s’il ne se souvient pas de la première). Mais la proposition est sincère parce que, peu importe les problèmes qu’ils ont - notamment vis-à-vis de leurs parents -, elle a quand même le droit de voir son neveu et sa nièce. Il faut qu’elle en ait envie, évidemment, mais Arlo pense connaître la réponse à cette question. « D’ici quelques minutes, ils devraient être à la nurserie, si tu veux. »

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crédit/ tumblr ✶ arlo

Bien que nos relations familiales soient compliquées, ça ne change absolument rien au fait que je tiens énormément à mon frère. Encore plus qu'avant d'ailleurs. Son accident m'a permis en quelques sortes d'ouvrir les yeux. Sur la pression de notre père, les conflits qu'ils ont pu avoir avec Arlo et tout ce qui s'en suit. Et je m'en veux de ne pas avoir été suffisamment présente pour lui. A cette époque, j'étais peut-être un peu jeune pour m'en rendre compte. Mais maintenant, les choses sont différentes. Le problème, c'est que la situation est encore compliquée. Je ne voulais pas être complice de la supercherie des parents concernant sa perte de mémoire et de son mariage avec Laya. Mais je n'ai pas trouvé les mots ni le temps de lui révéler la vérité. Encore une occasion ratée qui ne joue pas en ma faveur... et pourtant, Arlo me manque terriblement. Je rêve de pouvoir retrouver un jour notre complicité d'antan. Le voir ici, à l'hôpital, n'arrange en rien ma culpabilité. Même si un sentiment de bien-être et de bonheur infini s'empare de moi lorsque je le prends dans mes bras. Après les nouvelles données rapidement, je me concentre sur lui et sur son nouveau statut de papa. « Oui, Laya a accouché. Elle a été très courageuse. » Des étoiles viennent instantanément illuminer mon regard. « Toutes mes félicitations ! » Je suis contente pour eux, comme je suis contente d'être officiellement tata. « Ce sont des jumeaux. Un garçon et une fille. Je suis sûrement pas objectif, mais… Ils sont absolument adorables. » Je ne peux m'empêcher de rire en répliquant. « Normal, c'est de famille. » Je hausse les épaules le plus naturellement du monde. « Ils ont surement pris tous les gênes de leur tata. » Ajoutais-je en riant de nouveau. Laya est fatiguée et se repose en ce moment même. Arlo était venu lui chercher de quoi grignoter. « Est-ce que… Est-ce que tu voudrais les voir ? » Ils devraient apparemment être à la nurserie d'ici quelques minutes. « Bien sur ! » La réponse est évidente, et mon enthousiasme se lit aisément sur mon visage. Je suis tellement excitée à l'idée de pouvoir rencontrer mon neveu et ma nièce ! « Et alors, comment ces bout'chous s'appellent ? » Je suis curieuse de savoir les prénoms qu'ils ont choisi pour eux. Et inconsciemment, je ne peux m'empêcher de penser au bébé que je porte moi-même depuis peu dans mon ventre. Si je décide d'aller au bout de ma grossesse, je vais devenir maman aussi à mon tour. Mais suis-je réellement prête pour ça ?

Les étoiles illuminant le regard de Siam font instantanément plaisir à Arlo. Elle est très heureuse pour eux, ça se voit, même si la situation entre Laya et lui est toujours assez particulière. « Merci, soeurette. » La jeune femme adresse naturellement ses félicitations et le jeune père, lui, décrit évidemment les jumeaux comme étant les plus beaux du monde. Siam souligne que c’est normal puisque c’est de famille, avant de souligner que ça vient probablement de la tente. Arlo se met à rire et, en même temps, il se rend compte qu’il se sent plus léger. Trop pris par sa rancoeur envers leurs parents, il n’a pas réalisé à quel point ses petites soeurs lui manquaient. Et même si leur famille est compliquée, même si rien n’est évident, ça ne change pas le fait que Siam et Cali viennent de devenir tatas. « Sans vouloir réduire tes rêves à néant, je pense quand même qu’ils seront plus bronzés que toi… » Avec une maman indienne et un papa avec du sang maori - qui est plus ressorti chez Arlo que chez Siam d’ailleurs -, il y a des chances que les enfants soient un beau mélange. Mais il faudra sûrement plusieurs mois au jeune homme avant de réussir à dire à qui ils ressemblent ou pas. En attendant, il demande à Siam si elle veut voir son neveu et sa nièce. La réponse semble évidente et, bien entendu, Arlo partage son enthousiasme. « Alors allons-y. D’abord, tu veux quelque chose à grignoter ? Ça fait peut-être des heures que tu es là… » Comme pour joindre le geste à la parole, le brun ouvre son sac à dos pour en montrer le contenu à sa frangine. Il y a une bonne quantité de snacks et de boissons et il doute que Laya, malgré l’exploit qu’elle vient d’accomplir, ait envie de tout ça. « Je me souviens pas de ce qu’elle aime ou pas… En tout cas, il y a de quoi nourrir un régiment, alors tu peux te servir. » Puis les Mehrtens prennent ensemble la direction de la nurserie. « Tu sais si maman travaille ici aujourd’hui ? » Arlo est presque certain que si c’est le cas, elle apprendra très vite que des enfants portant le même nom qu’elle viennent d’être mis au monde. L’idée qu’elle puisse débarquer comme une fleur alors qu’elle n’a jamais voulu de Laya crispe l’aîné des Mehrtens, mais chaque problème en son temps. Et puis à l’instant précis, il est tout à sa joie fraîche et intense. « Les jumeaux s’appellent Kala et Theo Mehrtens. » Quand ils arrivent à la nurserie, ils n’attendent en réalité pas très longtemps avant que l’infirmière - ou la sage-femme, encore une fois il ne s’y connaît absolument pas - amène les bébés. Ils ont été lavés, mesurés, pesés et portent leur petite étiquette spécifiant leur identité. En posant son regard sur eux, Arlo sent immédiatement son coeur fondre de bonheur et d’amour. « Alors, qu’est-ce que ça te fait d’être tata ? »

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Être directement confrontée à la naissance de mon neveu et de ma nièce me pousse à me poser des questions sur l'avenir de mon propre bébé. Ce n'était pas une grossesse désirée et la question de le garder est forcément dans un coin de ma tête. Je ne sais pas s'il est de Maddox ou s'il est de Tao, puisque j'ai couché avec les deux hommes à la même période. C'est bien ça le plus gros du problème. Même si je n'étais quoi qu'il en soit pas prête à tomber enceinte. Ce n'était pas vraiment dans mes plans... ni dans ceux de mon petit-ami, je suppose. En réalité nous n'avons jamais parlé d'avoir un enfant ensemble. Notre relation est encore trop récente à mes yeux. Je n'ai que vingt-trois ans, et j'ai encore le temps de penser à ça. Enfin quoique... maintenant que c'est réel, je n'ai plus beaucoup de temps avant de faire un choix. En attendant, je me réjouis pour mon frère et pour Laya. C'est une bonne nouvelle et je suis contente que la famille Mehrtens vienne s'agrandir. « Sans vouloir réduire tes rêves à néant, je pense quand même qu’ils seront plus bronzés que toi… » Bon ok, Laya est indienne et c'est une certitude, ils n'auront sans doute pas une tête blonde comme moi. « Oh tu sais, les gênes de la perfection ne se résument pas qu'à une simple couleur de peau ou de cheveux. » Répliquais-je en riant. Sur le coup, je l'interdis de me casser mon délire. Ils seront parfaits comme leur tante, un point c'est tout. Arlo me propose un petit quelque chose à grignoter avant d'aller voir les bébés à la nurserie. C'est vrai qu'il en a pris pour un régiment, il n'a pas fait les choses à moitié. « Non ça va merci. » Je n'aime pas vraiment les hôpitaux, et je crois que je suis encore un peu brassée. « Tu sais si maman travaille ici aujourd’hui ? » Je secoue instinctivement la tête à la négative. « J'en ai aucune idée... en tout cas, je ne l'ai pas croisé. » J'imagine que sa question n'est pas qu'une simple question pour faire la conversation. Mais je ne veux pas rentrer dans leurs conflits. « Les jumeaux s’appellent Kala et Theo Mehrtens. » Je ne peux m'empêcher de sourire. « Ce sont de très jolis prénoms. » Et je suis certaine que ça leur ira à merveille. D'ailleurs nous ne sommes plus très loin de la nurserie à présent. Et rapidement, mon regard se pose sur les deux bébés. « Alors, qu’est-ce que ça te fait d’être tata ? » Mes yeux s'illuminent comme une enfant. « Ça me fout un sacré coup de vieux. » Je laisse échapper un petit rire amusé d'entre mes lèvres avant d'ajouter, plus sérieusement. « Tu avais raison, ils sont magnifiques. » Même si je ne peux pas encore les prendre dans mes bras ou les voir de plus près, je suis déjà aux anges de pouvoir les observer derrière cette vitre. « Je crois qu'il va pas me falloir très longtemps avant d'en devenir gaga. » On ne peut que fondre face à deux petites bouilles d'ange comme celles-ci.

Lorsque Siam évoque les gènes de la perfection, Arlo ne peut s’empêcher de sourire à nouveau. Il sait qu’il n’est pas objectif, mais il se met à nouveau à penser qu’il a assurément les plus beaux bébés au monde. Il ne sait pas si les jumeaux se ressemblent, ni s’ils ressemblent à l’un de leurs parents en particulier - à ses yeux, il est beaucoup trop tôt pour le dire, même si certaines femmes semblent avoir un don particulier pour déceler les ressemblances -, mais il a en tout cas hâte de le voir. « Les mélanges sont les plus beaux, mais j’espère quand même avoir une petite fille qui soit un peu comme moi et un petit garçon qui soit le portrait craché de sa maman. » Comme ça, tout le monde serait content. « En tout cas, je suis trop heureux d’avoir déjà la paire. » L’essentiel est évidemment que les bébés soient tous les deux en bonne santé. Le fait d’avoir un garçon et une fille n’est que la cerise sur le gâteau, comme pour compléter le parfait tableau de famille qu’ils ne forment pourtant pas. « Bon, ça promet des nuits d’insomnie et des journées dans le cirage, mais je suis sûr que ça en vaudra largement la peine… » Arlo se sent prêt à découvrir les joies et les difficultés parentales. Il n’a évidemment aucune expérience, même s’il s’occupait de Cali quand elle était petite, ce n’est définitivement pas la même chose. Mais comme beaucoup de jeunes parents, il va apprendre sur le tas à prendre soin de petits êtres humains et à assumer son tout nouveau rôle. Il se doute que ce ne sera pas toujours facile, d’autant plus que sa situation avec Laya n’a rien de classique. Mais les nouveaux sentiments qui l’ont envahi dès qu’il a posé les yeux sur les jumeaux sont les meilleurs moteurs qui soient. Il a l’impression d’être un homme tout nouveau, aussi cliché que ça puisse paraître. « C’est moi qui ai choisi le prénom Theo. Et Kala est un prénom indien, on voulait qu’au moins un des deux le soit. » En tout cas, Siam approuve le choix. Et surtout, elle a l’air émerveillée quand ses yeux se posent sur son neveu et sa nièce. L’aîné des Mehrtens l’observe en souriant - il la comprend. « On est d’accord. » Il porte à nouveau son regard sur ses bébés. « Déjà endormis… J’espère que Laya en profite pour se reposer. » Parce que c’est sûr qu’elle n’aura plus beaucoup l’occasion de le faire. Leur vie vient de changer à tout jamais, mais c’est pour la meilleure raison. « C’est vrai que ça fout un coup de vieux. » Arlo a seulement vingt-six ans, pourtant il a l’impression de mettre un pied supplémentaire dans la vie d’adulte. Et évidemment, il est loin de se douter que sa petite soeur est en proie aux mêmes pensées que les siennes. « Et sinon, à part ça… Qu’est-ce que tu racontes de beau ? » Ils sont réunis pour un heureux événement, mais le brun en profite pour demander des nouvelles de Siam, vu que ça fait longtemps, c’est l’occasion.

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Arlo vit une période compliquée, et je suis vraiment contente de le sentir aussi épanoui. Disons qu'après tout ce qu'il a pu vivre, l'accident et sa perte de mémoire, il mérite d'avoir le droit de vivre un moment de bonheur comme celui-là : la naissance de ses enfants. Comme une parenthèse dans son quotidien difficile. J'imagine que dans sa tête, ça ne doit pas être tous les jours faciles. Parce qu'il a oublié les dernières années de sa vie, tous ses souvenirs... sa relation avec Laya en première ligne. C'est surement une situation délicate à gérer. Mais là, émerveillé par ces deux petits anges, Arlo est pleinement heureux et le reste n'a que très peu d'importance. Il espère avoir une petite fille comme lui et un garçon qui aura le portrait craché de Laya. Mais l'inverse est possible aussi. Ou un mélange des deux d'ailleurs. Des jumeaux, c'est en tout cas le jackpot. Deux pour le prix d'un. « Bon, ça promet des nuits d’insomnie et des journées dans le cirage, mais je suis sûr que ça en vaudra largement la peine… » Je ne peux m'empêcher de rire. Effectivement, l'arrivée de deux bébés en même temps changera forcément sa vie. Et celle de Laya. Leur vie commune, même si c'est sans doute compliqué entre eux depuis l'accident. On a pas encore vraiment eu l'occasion de parler de ça tous les deux. « Déjà endormis… J’espère que Laya en profite pour se reposer. » Je ne suis pas sûre qu'elle aura vraiment le temps de le faire, mais si elle peut gagner quelques minutes de sommeil d'avance, c'est toujours ça. « Et sinon, à part ça… Qu’est-ce que tu racontes de beau ? » Ah. J'aime autant que le sujet ne dérive pas sur moi... ça m'arrangerait. Mais je ne peux pas esquiver sa question pour autant. « Bah écoute pas grand chose, c'est un peu la folie ces derniers temps au travail... » J'enchaîne les heures supplémentaires et les rendez-vous de partout, mais ça me permet aussi de ne pas trop penser au reste. Et à ce bébé qui est venu se loger au creux de mon ventre, par exemple. « J'ai l'impression de vivre à l'agence. Par moment, je suis à deux doigts d'avoir envie d'installer un lit dans mon bureau. » Je ris un peu avant d'ajouter. « Je crois que j'ai besoin de vacances. » Mais c'est malheureusement pas prévu pour le moment. « Et Laya, comment elle va ? » Ma question ne se résume pas simplement à son état physique après l'accouchement, mais bien d'une question plus générale. Notamment par rapport à eux, à leur couple. « Comment vous allez tous les deux ? » Ajoutais-je pour qu'il comprenne exactement où je veux en venir. Je ne sais pas s'il va vouloir en parler, mais si jamais il ne veut pas, je pourrais facilement comprendre et respecter son choix.



« Beaucoup de mariages à organiser ? C’est vrai que les cérémonies hivernales sont populaires aussi… » Arlo ne se souvient pas de son propre mariage, mais il a vu des photos et il sait que c’était en hiver. C’était surtout simple et sans chichis, à l’image des jeunes mariés en somme. En petit comité, le plus dommage était sûrement de ne pas avoir beaucoup de personnes à se réjouir pour eux. Mais c’était quand même très beau, de ce qu’il a vu. Et même s’il n’aurait pas voulu autre chose, le jeune homme peut comprendre qu’il n’en soit pas de même pour tout le monde. Dans l’agence où elle travaille, Siam doit organiser toutes sortes de cérémonies. « Je veux bien croire que c’est pas de tout repos. Tu n’as pas de congés à poser ? » Même si elle aime ce qu’elle fait, tout le monde a besoin de vacances de temps à autre. Et il espère que, travail épanouissant ou pas, sa petite soeur ne se tue pas à la tâche. Même si leur situation familiale est compliquée, il continue évidemment à se soucier d’elle et de Cali. Et en retour, Siam lui demande comment va Laya, comment ils vont tous les deux. Arlo comprend qu’elle ne pose pas la question d’une manière générale, mais qu’elle s’interroge par rapport à son accident, à son amnésie et à ses conséquences. Le brun hausse légèrement les épaules. « Ça va, merci. » Bien entendu, il y a beaucoup de personnes qui ont des problèmes et des malheurs bien pires que les leurs. Alors il n’a pas très envie de se plaindre. « J’ai ré-aménagé à Porirua, dans la maison où on s’était installés, je sais pas si tu le savais déjà. Ça me fait une petite trotte le matin pour aller au travail, mais c’est pas très grave. » Leur famille a vécu plusieurs années dans cette ville, ils ont toujours une partie de leurs cousins là-bas et Arlo a détesté quitter cet endroit, ça n’aura donc rien d’étonnant pour Siam. « Sinon au musée ça se passe bien. C’est beaucoup plus petit qu’à Wellington, mais ça a d’autres avantages. Je me suis fait une collègue très sympa. » Le néo-zélandais se doute que sa benjamine ne demandait pas spécialement des nouvelles de son travail, mais il a envie d’en parler quand même. Après tout, au cours des dernières semaines, ils n’ont pas beaucoup échangé. « La première fois que je suis retourné dans la maison que j’ai partagée avec Laya à Porirua… J’ai eu un flash. Bref, mais précis. Je me suis souvenu du jour où je l’ai demandée en mariage… Et ça m’a fait beaucoup de bien. » Ça l’a soulagé, de réaliser que tout ce qu’il a vécu avec sa femme est encore là, quelque part dans sa tête. Et même si c’est toujours frustrant, ça lui a donné de l’espoir. « C’est compliqué, mais… J’ai l’impression de faire des progrès, petit à petit. Lentement… Mais sûrement, j’espère. » Un peu soucieux, Arlo pose à nouveau les yeux sur les jumeaux. Devenir papa est évidemment une nouvelle source de motivation et d’espoir pour l’aîné des Mehrtens. « Et puis avec ces deux-là… Je sais que ça va aller mieux. » Arlo ne saurait dire pourquoi il affirme ça de cette manière, mais il en a la certitude, quelque part au fond de lui. Alors il adresse un sourire qui se veut confiant à Siam.

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crédit/ tumblr ✶ arlo

Je n'ai pas nécessairement envie de parler de moi. Parce que je n'ai rien de spécial à dire, ou plutôt parce que je ne peux pas vraiment en parler. Il ne faudrait pas que l'annonce de ma grossesse arrive aux oreilles des autres avant que je puisse leur dire de vive voix. Surtout aux oreilles de mon petit ami, le principal concerné. Même si Tao devrait peut-être être mis au courant aussi... sait-on jamais, et si c'était lui le père ? Je pourrais avoir envie de me confier à mon grand frère sur le sujet - pour ma grossesse j'entends, pas pour lui avouer avoir couché avec son meilleur ami, mon dieu, ça, non. Mais là, ce n'est pas vraiment le bon moment. Je n'ai pas envie de lui gâcher la fête. Alors je me contente simplement de lui parler de ma surcharge de travail et de mon envie de vacances. « Je veux bien croire que c’est pas de tout repos. Tu n’as pas de congés à poser ? » Une légère grimace s'installe au coin de mes lèvres. « Si j'en ai, à revendre même d'ailleurs. Mais encore faut-il que je puisse avoir le temps de les poser. » Je soupire un peu sans m'étaler plus sur le sujet. Ce qui m'importe le plus à cet instant, c'est de savoir comment lui il va. Et comment il gère la situation. « Ça va, merci. » Il me parle de son réaménagement à Porirua dans la maison qu'il partageait avec Laya. Et de son travail au musée aussi. Malgré sa situation complexe, je le sens quand même épanoui. Et ça, c'est plaisant à entendre. Je suis contente pour lui, et inconsciemment je déculpabilise peut-être un peu. Je regrette encore de ne pas avoir eu l'occasion de lui dire à temps la vérité sur son mariage et sur sa vie. « La première fois que je suis retourné dans la maison que j’ai partagée avec Laya à Porirua… J’ai eu un flash. Bref, mais précis. Je me suis souvenu du jour où je l’ai demandée en mariage… Et ça m’a fait beaucoup de bien. » Il a eu un flash, comme un souvenir. Un premier pas important dans la suite de sa convalescence. Pour moi, c'est bon signe. L'espoir que sa mémoire est encore là, quelque part. « Oh, ça, c'est une bonne nouvelle ! » Cette nouvelle ne réjouira sans doute pas mes parents, mais ça, ce n'est plus mon problème. « C’est compliqué, mais… J’ai l’impression de faire des progrès, petit à petit. Lentement… Mais sûrement, j’espère. Et puis avec ces deux-là… Je sais que ça va aller mieux. » C'est vrai que la naissance des jumeaux est comme un miracle tombé du ciel. « Je suis convaincue que tu es sur le bon chemin. Il te faudra sans doute du temps, de la patience aussi, mais c'est déjà un excellent début. » En tout cas, moi, j'y crois. « Si tu as besoin de quoi que ce soit en tout cas, tu sais que je suis là. Je serais toujours là pour toi. » Je viens lier ma main dans la sienne, signe de toute l'affection fraternelle que je lui porte. « Si ça peut me permettre de me faire pardonner... » Que je murmure d'entre mes lèvres plus pour moi-même qu'autre chose.



En écoutant Siam évoquer le boulot monstre qu’elle a, Arlo se contente de hocher la tête en signe d’assentiment. Il peut comprendre qu’elle soit dévouée à son travail. Il peut aussi comprendre qu’au sein d’une entreprise, il soit parfois difficile de poser des congés. « C’est vrai que je pense pas souvent à ce genre de choses. » Lui-même a toujours travaillé pour un musée, alors c’est différent. D’ailleurs, le jeune homme parle aussi un peu de son travail. Mais surtout, il partage des nouvelles qui, il en est certain, tiennent davantage au coeur de sa petite soeur. Il parle de son ré-aménagement à Porirua, mais aussi du flash qu’il a eu, ce précieux souvenir, cette lueur d’espoir. Siam partage son enthousiasme, preuve qu’elle ne se positionne pas du côté de leurs parents dans ce conflit qui les oppose. En réalité, Arlo a plutôt l’impression qu’elle adopte une neutralité prudente. Elle ne veut pas s’en mêler, ce qu’il peut comprendre. Et s’il ne sait pas avec certitude pourquoi elle a gardé le silence sur tout ce qu’il a vécu et sur les agissements de leurs parents, il pense quand même avoir une petite idée sur la question. Il connaît suffisamment son père et sa mère pour savoir que quand ils mettent la pression à quelqu’un, il est difficile de s’y opposer. Et il se doute aussi que sa mère, médecin compétent, a pu présenter des arguments qui allaient tout à fait dans son sens. Quand il a finalement appris la vérité, ces questions ont perturbé le brun. Ce n’est plus le cas désormais. Il n’espère pas grand-chose du côté de ses parents, même s’il vient de leur donner des petits-enfants. En revanche, il sait que ce serait une bonne idée de rétablir le dialogue avec ses frangines. Mais il est un peu maladroit, ayant du mal à trouver sa place dans cette structure familiale bouleversée. C’est sûrement pour ça qu’il est encore plus content de revoir Siam, aujourd’hui. Non seulement il y a un événement joyeux à fêter, mais en plus le séisme lui rappelle qu’on peut facilement perdre des proches d’un instant à l’autre. Alors il profite de l’instant partagé avec l’organisatrice de mariages, approuvant d’un hochement de tête quand elle lui prodigue quelques paroles d’encouragements. « Je pense aussi… Le temps m’aidera, j’en suis sûr. » Ou en tout cas, il veut y croire, tout comme il veut croire à un tas de belles choses… L’unité de toute sa famille n’en fait pas particulièrement partie, mais encore une fois il a une nette tendance à mettre ses soeurs dans un autre panier - et il a ses raisons pour ça. « Moi aussi… Si tu as besoin de quelque chose, de moi, je suis là, toujours. Peu importe le reste, ne l’oublie pas. » Arlo resserre sa main dans la sienne, comme pour qu’elle ne doute jamais de l’amour qu’il lui porte et qu’il lui portera toujours. Et malgré tout ce qui peut bien se passer chez les Mehrtens, il a envie qu’elle se sente libre de venir vers lui. Alors quand elle évoque en murmurant le fait de se faire pardonner, le jeune papa a l’impression de sentir son coeur s’effriter en morceaux. C’était déjà une journée très riche en émotions, aussi a-t-il l’impression de se retrouver totalement à court de mots. Il passe donc les bras autour d’elle pour la serrer contre lui, déposant un baiser sur son front avant de la relâcher. « Je vais retourner voir si Laya a besoin de quelque chose… » Il ne peut pas s’attarder toute la journée. Bientôt, les jumeaux seront emmenés dans la chambre de leur maman. « Mais n’oublie pas… Peu importe de quoi il s’agit. J’ai pas changé de numéro. » Adressant un sourire complice à sa soeur, Arlo lui pince la joue pour la taquiner avant de s’éloigner. Il s’en va vers un tout nouveau rôle, mais il n’oublie pas pour autant celui de grand frère.