je préfère ne pas savoir ce que vous faites (jimmy)

Aujourd'hui, c'est la course et j'en suis la principale responsable. Je savais qu'après nos cours théoriques, nous devions nous retrouver entre étudiants pour faire du rugby. Rien de conventionnel, juste comme ça, pour passer des moments ensemble. Il n'en faut pas plus pour que ça fasse du bien au corps et à l'esprit. Seulement voilà, avec une matinée chargée, mon sac est vite remplit et je prends la décision d'écourter ma pause du midi pour venir échanger mes affaires. Sur le papier, c'était parfait. Dans les faits, c'est bien différent. Arrivée à un peu plus de la moitié du trajet, je réalise que j'ai oublié mes clefs à l'université, dans mon casier. Il est trop tard pour faire demi-tour, car je perdrais plus de temps qu'autre chose à faire l'aller-retour. Et puis, Iggy était censée être là. À ma connaissance, elle ne travaille pas, qu'est-ce qu'elle pourrait bien faire d'autres. Seulement, en arrivant devant la villa, tout est calme, beaucoup trop calme. Je dépose mon vélo dans l'allée et fais rapidement le tour du bâtiment. Rien. Fais chier. Je prends mon téléphone et essaye de l'appeler, mais je tombe sur sa messagerie. Une fois, deux fois, trois fois. Elle ne répondra pas, je dois me rendre à l'évidence. Je récupère ma bicyclette et redescend l'allée que j'ai montée il y a quelques minutes. Par réflexe, je regarde à gauche et à droite, jusqu'à croiser un visage qui m'est familier. Subitement, je pile et je remonte les quelques mètres que j'ai perdus avec mon temps de réaction. Cet homme, je ne le connais pas. Mais ma mère oui, alors peut-être qu'il va pouvoir m'aider. « Bonjour ! » Je crie ce mot et pourtant, je crois qu'il ne m'entend pas. Je lâche mon vélo, une nouvelle fois, et cours pour passer derrière son portail avant que celui-ci ne se referme. J'espère que ce n'est pas illégal de faire cela, je ne voudrais pas devenir une habituée du commissariat de Wellington. « Excusez-moi ? » Je m'approche doucement et lorsque j'ai enfin son attention, je poursuis sur ma lancée. « Est-ce que vous savez où est ma mère ? » Dis comme ça, j'ai un doute qu'il puisse m'aider. Je dois être un peu plus précise. « Iggy Rayne. Brune, pale, à peu près haute comme ça. » D'un signe de la main, j'indique quelques centimètres de plus que moi, pas grand-chose. Au moins là-dessus, il y a eu un peu de génétique. Pour les cheveux, on repassera. « Ne faites pas comme si vous ne la connaissiez pas, je vous ai vu ensemble l'autre jour. » Qui il est ? Je l'ignore. Ce qu'il fait ? Je préfère ne pas savoir, même si j'ai déjà une vague idée.

Cet homme, je ne le connais pas. Pourtant, sur le moment, c’est la seule option que je vois pour retrouver ma mère. J’ignore d’où ils se connaissent et je préfère ne pas savoir. Mon imagination peut parfois être très productive et aller vite en besogne. Autant dire que quand ça concerne ma mère, c’est quelque chose que je préfère éviter : on ne se connaît pas depuis si longtemps que ça, je préfère garder l’image d’elle que j’ai. Vive les repas de famille sinon. La surprise se lit sur le visage de l’homme. Il ne pensait pas me trouver là et encore moins se faire interroger ici, dans son propre jardin. Visiblement, il lui faut quelques secondes pour replacer ma mère, ce qui n’annonce rien de bon. Mais lorsque c’est fait, il m’interroge sur le rôle qu’il a à jouer ici. « Parce que vous travaillez ensemble ? » Bon.. c’est vrai que pour le coup, il me sauve un peu. Sans lui, je n’aurais pas su quoi lui répondre. D’ailleurs, cette nouvelle information me laisse perplexe. Maintenant, une partie de moi à envie d’en savoir un peu plus et l’autre reste persuadée que le déni est la meilleure défense. « Vous faites quoi ensemble ? » C’est finalement plus fort que moi, mais très vite, je me reprends. « En fait, vous savez quoi.. je préfère ne pas savoir. J’aimerais éviter de faire des cauchemars et garder au maximum des nuits paisibles. » Que ce soit son collègue et plus si affinité, son client ou alors son patron, tout me ramène à la vie sexuelle de ma mère et je préfère me préserver d’une telle chose. Elle n’est pas encore dans la tranche d’âge où passer l’arme à gauche se rapproche dangereusement, alors je suppose qu’elle s’amuse encore, mais moins je le sais et mieux je me porte. Très vite, l’homme me fait remarquer que la manière dont je m’y suis prise n’est pas forcément correcte. Comment répondre à cela ? Sur la défensive. « Pour informations, quand je suis passée, le portail était ouvert. Je dois être dans la légalité. Je pense. » Au fond de moi, je ne suis pas certaine que cela excuse tout. Ça reste son domicile, il est libre de faire ce qu’il veut et donc d’accepter ou non les personnes qui se présentent à lui. « Vous n’avez aucune idée de l’endroit où elle pourrait être ? Elle n’est pas chez nous et elle ne répond pas à son téléphone. Pas quand j’appelle en tout cas. » Ça, c’est une autre histoire. Si elle pense que je l’appelle juste pour lui demander quelque chose, ce qui n’est pas complètement faux, elle serait capable de m’envoyer directement sur sa messagerie et d’utiliser son travail comme excuse. Son travail.. on en revient toujours au même point j’ai l’impression.

Qui est cet homme ? Je l’ignore. Qu’est-ce qui le lie avec ma mère ? Aucune idée. Enfin si, les choses s’éclaircissent un peu lorsqu’il évoque le travail qu’ils font ensemble. Mais est-ce vraiment la seule chose qu’ils font tous les deux ? En quatre ans, je ne l’ai jamais vu avec quelqu’un, homme ou femme, alors peut-être qu’elle le fait en cachette, comme une vraie adolescente. Je suis tiraillée entre ma curiosité et la peur d’être dégoûtée à vie, alors après avoir demandé des informations à cet homme, je finis par me rétracter. En réponse à cela, il commence une phrase, sans la finir. Ça part d’une bonne intention, j’en suis sûre et pourtant, ça laisse beaucoup de place à mon imagination qui est un peu trop réactive à mon goût aujourd’hui. Lorsque j’essaye de me rassurer en évoquant au propriétaire de la maison que je ne suis pas complètement en torts, celui-ci ne semble pas du même avis que moi. Il a sûrement raison, je ne suis pas vraiment au point sur les questions juridiques. Je ne partais pas avec une mauvaise intention et c’est ça qu’il doit savoir. J’ai passé une nuit en garde à vue récemment, mais ça ne me ressemble pas. D’ailleurs, s’il pouvait éviter d’appeler la police, ça m’arrangerait, car une fois c’est exceptionnel, deux fois ça commence à faire beaucoup. J’évoque comment il pourrait m’aider, mais il ne semble pas du même avis et très vite, ça donne l’impression que nous tournons en rond. « Si vous faites affaires avec elle, peut-être que vous êtes au courant de l’un de ses rendez-vous, ou quelque chose comme ça. » Nous sommes en journée, alors si elle n’est pas à la maison, c’est sûrement parce qu’elle est au travail. Enfin ça.. c’est l’option la plus logique qui me passe par la tête, mais je me trompe peut-être. « J’ai oublié des affaires pour les cours. Et mes clefs aussi. Donc je ne peux pas les récupérer. » En soi, si je ne la trouve pas et que je reste à la porte de chez nous, ce ne sera pas un drame. Mais j’aimerais quand même pouvoir récupérer de quoi me changer. « Vous le feriez ? » Dis-je, en réponse à la proposition qu’il fait de l’appeler. « Si elle vous répond, je ne sais pas trop comment le prendre par contre. » Elle n’a jamais été la mère impliquée dans mon éducation, ce ne serait donc pas une surprise si elle continuait sur la même voie aujourd’hui. « Sinon.. par le plus grand des hasards, vous n’aurez aucune astuce pour rentrer dans une maison sans les clefs ? » Je hausse légèrement les épaules. Aux grands maux, les grands remèdes.

Plus les minutes passent et moins ma présence ici est justifiée. Je me suis un peu introduite ici et je me demande si le fait que je récupère mes affaires est si important que ça. J’ai parlé d’un cours, alors qu’en réalité, il s’agit plus d’une activité extra-scolaire, du sport en plus avec mes amis. Mais maintenant, il est un peu tard pour me corriger, surtout qu’il serait capable de me laisser là, sans rien, si je lui dis. Même si finalement, indirectement, c’est un peu ce qu’il fait lorsqu’il me suggère d’aller en cours sans affaires, un peu comme une touriste. Visiblement, c’est quelque chose qu’il connaît. On ne dirait pas pourtant quand on voit sa voiture et sa belle maison. Après quelques hésitations, le jeune homme finit par composer le numéro d’Iggy. Mais comme avec moi, elle ne répond pas. Au moins, j’aurais essayé. Il reste bien une autre option pour que je puisse récupérer mes affaires, mais celle-ci est loin d’être légale. Loin d’être experte dans la matière, je lui demande s’il connaît un moyen pour rentrer à l’intérieur d’une maison sans les clefs. C’est un peu osé, c’est vrai. Mais qui ne tente rien, n’a rien. Lorsqu’il propose de casser un carreau, je grimace un peu. Crocheter la serrure à la rigueur, oui, mais de là à abîmer une fenêtre qui devra faire intervenir quelqu’un pour être réparée, non. Encore une fois, il insiste sur le fait d’aller en cours bredouille. « De sport. Communication et management sportif. Mais là, mes affaires, c’est pour la partie sport. » Dis-je, une grimace dessinée sur le visage. « C'est pour ça que je crains que l'option touriste ne soit pas une bonne idée. » Si j'avais eu besoin d'une feuille et d'un crayon, je n'aurais pas fait l'aller-retour ici, j'aurais simplement demandé à d'autres étudiants de m'en prêter. « Pour du rugby en plus. J'aurais bien tenté l'option sous-vêtements, mais ce n'est pas le sport adapté pour ça. » Si encore c'était de la natation, cela aurait pu passer. « Vous savez quoi, oubliez. Je vais simplement passer mon tour pour cette fois. Merci quand même. » Je passerais un coup de téléphone à mes amis pour les prévenir de ne pas m'attendre. Ce n'est pas la première partie qu'on fait ensemble et ce ne sera sûrement pas la dernière, je me rattraperais une prochaine fois. Timidement, je lui fais un signe de la main et me retourne, avançant doucement vers le portail pour quitter sa propriété. Mais très vite, je m'arrête et fais un demi-tour pour lui faire face. « Rassurez-moi, vous n'êtes pas son mac ? » Pour le coup, je crois que je ne pouvais pas être plus directe. Mais il est peut-être temps que j'en apprenne un peu plus sur ma mère si c'est bien ça son métier. « Je suis désolée, ça sonne bizarre comme ça. » D'ailleurs, s'il ne me vire pas de chez lui à coups de pieds au cul, je crois que je suis chanceuse. « Je suis peut-être un peu jeune, un peu naïve, mais je ne suis pas bête pour autant. Je ne la vois jamais partir au travail et pourtant, vu notre maison, elle doit toucher un sacré salaire. Donc finalement, ce métier – respectable, loin de moi l'idée de dénigrer celles qui le font – est peut-être le sien ? » Son proxénète ou l'un de ses clients d'ailleurs. Avec une telle maison, je suis sûre qu'il peut se payer les services de n'importe qui, pour n'importe quel service.

L'homme me suggère d'aller en cours sans mes affaires, mais dans ce cas précis, ce n'est pas vraiment possible. D'ailleurs, il ne s'y attendait pas vraiment. Cependant, il semble avoir réponse à tout, puisqu'il me suggère de demander à l'une de mes amies de me prêter une tenue. Vraiment, il ne compte pas m'aider. Très vite, il m'interroge sur la nature du sport que je pratique, comme s'il doutait de mon honnêteté. Du rugby-flag ? Vraiment ? Sous prétexte que je suis une fille, c'est ça ? Il correspond de plus en plus à l'archétype du macho. « Vous êtes néo-zélandais ou vous ne l'êtes pas ? Vous ne m'en pensez pas capable, c'est ça ? » Le rugby est comme une religion ici, hommes ou femmes, il faut au moins y passer une fois. Peu importe le genre, peu importe la corpulence. Comme quoi, les préjugés concernant les carrures des joueurs ont la vie dure. Pourtant, dans ce sport, il faut bien des personnes avec des jambes pour pouvoir amener le ballon de l'autre côté du terrain. Et puis, je pratique le rugby uniquement pour le plaisir : loin de moi l'idée d'en faire en compétition et de jouer face à des joueuses qui donneraient tout pour me réduire en cendres. Voyant que je ne pourrais rien obtenir de lui, je décide de baisser les bras et de quitter son jardin. Mais avant ça, j'ai une question qui ne peut quitter mon esprit depuis que je sais qu'ils travaillent ensemble. Malheureusement pour moi, il me comprend mal et commence à penser que je lui demande s'il est avec elle. N'est-ce pas une sorte de révélation ? Comme s'il était pris au piège, à son propre mensonge. Néanmoins, il se reprend assez vite, me demandant si je pense vraiment qu'il pourrait faire ça à une femme. Machinalement, je hausse légèrement les épaules. Je n'en sais rien. Si on prend les préjugés en compte, je ne vais pas mentir, il a bien la tête de l'emploi. Cherchant à me retirer cette idée de la tête, il évoque le fait qu'Iggy pourrait être une escort de luxe. Je n'avais pas pensé à cette possibilité, mais ce n'est pas si bête à bien y réfléchir. Très vite, il réalise qu'il n'a peut-être pas été dans le bon sens en me parlant de ça, alors il essaye de me rassurer. Qu'à moitié, car si elle n'est pas là-dedans, c'est qu'il y a autre chose. « Vraiment ? Ça fait quatre ans que je vis avec elle, vous pensez vraiment que ce matin je me suis réveillée en me disant "tiens, si je prétextais une fausse perte de clef pour parler au voisin" ? Ce n'est pas mon genre. » Il m'arrive de mentir, mais pas dans ce cadre-là. Qu'est-ce que j'aurais à y gagner ? « Mais.. si vous dites que ce n'est pas son métier et que vous travaillez ensemble, ça veut dire que vous savez ce qu'elle fait. » S'il pensait s'en sortir aussi facilement, c'est raté. Si je pars maintenant, j'aurais l'esprit encore plus confus qu'avant : ce n'est pas une bonne idée.

Même si ça me rend folle de l'entendre dire cela, je ne peux pas vraiment le contredire sur ce point : bien souvent, les personnes qui pratiquent le rugby sont un peu plus épaisses que moi. Néanmoins, je ne peux m'empêcher de trouver sa phrase un peu machiste. Sous prétexte que je suis fine, je ne peux pas pratiquer ce sport ? Bon.. ce n'est sûrement pas l'endroit pour ce débat et je suis presque certaine qu'il ne me laissera pas avoir raison, alors il est inutile de me lancer là-dedans avec lui. Lorsque j'évoque de nouveau ma mère, l'homme a le culot de me demander si je suis honnête au sujet de la clef perdue. Qui mentirait pour ça ? Visiblement pour lui, n'importe qui. Mais à sa nouvelle réflexion, je crois comprendre que j'ai un peu touché son égo en sous-entendant qu'il puisse payer pour les services d'une femme. Parce qu'il défend les femmes ou parce que selon lui, il n'a pas besoin de ça pour les attirer dans son lit ? Je n'en sais rien et pour le coup, je ne demanderais pas. Je le rencontre aujourd'hui et c'est sûrement la dernière fois que je vais le voir, ce qui m'intéresse là, c'est ma mère et s'il l'a connaît un peu, alors il devrait pouvoir m'aider. Il n’est pas totalement de cet avis puisqu’il me dit de voir directement avec elle. Alors quoi, c’est un secret ? Ce refus de sa part ne m’indique rien de bon : s’il ne veut rien dire, c’est qu’il y a quelque chose de louche. Ce ne peut pas être un métier comme les autres. Détective privée. Voilà donc le premier métier qu’il me sort. Si je lui dis ne pas y croire, est-ce qu’il va m’en donner un autre ? Car je suis désolée, mais il n’est pas crédible. Sinon, ça voudrait dire qu’elle s’intéresse à la vie des autres, alors qu’elle ne l’a pas fait pour moi pendant dix-sept ans. Ok.. là, ça serait mon égo qui serait touché. « Vous la couvrez. C’est mignon. Vous l’aimez bien en fait. » On en revient finalement à l’hésitation qu’il a eu tout à l’heure, ou plutôt l’incompréhension. Il n’a peut-être pas compris ce que je lui disais pour une raison bien précise, parce qu’il avait peur que je comprenne leur petit jeu. Vu comment il fuit chacune de mes questions, je ferais mieux de le laisser. « Je ne vais pas vous embêter plus longtemps. Vous avez sûrement des choses à faire. » Ou pas, mais ça ne me regarde pas. « Ne vous en faite pas, je ne dirais pas à Iggy que vous l’aimez bien. » Je dis cela sur le ton de la plaisanterie, mais il ne me connaît pas, alors il peut bien l’interpréter autrement.

Je pense que nous avons suffisamment tournés autour du pot. Je venais ici dans l'espoir de trouver un moyen pour contacter Iggy, malheureusement, je vais repartir bredouille. Mais comme il semble la connaître dans un environnement différent que moi, je me permets quelques questions. Peut-être que ma curiosité me perdra. Heureusement pour moi, ou alors pour ma mère, l'homme ne semble pas très loquace pour me répondre, pire que ça, il essaye même de me mentir. Je lui ai déjà dit tout à l'heure, je suis peut-être jeune et un peu naïve, mais je ne suis pas non plus née de la dernière pluie. Détective privée ? Pourquoi cacher une telle carrière ? Aux dernières nouvelles, ce n'est pas illégal. Alors que je m'apprête à partir, je ne peux m'empêcher de lui lancer une nouvelle pique, faisant référence au mot qu'il a cru comprendre tout à l'heure. Mais là, la seule chose qui semble l'inquiéter, c'est qu'Iggy soit une veuve noire. Que je dise quoique ce soit à ma mère, il s'en fout royalement. Il est quand même un peu bizarre et je n'arrive pas vraiment à le cerner. Pour en revenir à cette histoire de veuve noire, ce n'est pas impossible. En réalité, je n'en ai pas la moindre idée. En quatre ans, je n'ai jamais vu ma mère avec un homme et je n'ai pas connaissance de ses histoires passées. Entre mon père et mon arrivée à Island Bay, il a bien du se passer des choses dans sa vie. Je ne me suis jamais intéressée à cela. C'est d'ailleurs sûrement pour cela que j'ai supposé que ma mère faisait des faveurs sexuelles contre de l'argent : si tu n'as personne qui tient à toi, tu ne risques pas de blesser quelqu'un à faire cela. « Si vous l'envisagez, c'est qu'au final, ce n'est pas si déconnant que ça. » Il plaisante sûrement, mais à vrai dire, maintenant, je m'attends à tout. Ça expliquerait notamment la villa dans laquelle nous vivons. Cependant, ça, je me garde bien de lui dire. « Force à vous si vous tentez votre chance. » Ses jours sont sûrement comptés si jamais Iggy a commencé à mettre en place son plan machiavélique. « Surtout qu'à en voir votre maison, vous êtes la proie parfaite. » Dis-je, tout en haussant les épaules. Cela expliquerait pourquoi elle "travaille" avec lui. Si c'est ça, elle a un bon flair. À en voir l'extérieur de sa maison et ses vêtements, il sent l'argent. Pas l'argent de poche que l'on donne aux enfants chaque mois, non, l'argent le vrai. Celui qu'on déplace seulement en liasse.