i'm glad to see you again // celeste #2

i'm glad to see you again
crédit/ tumblr ✶ celeste

Un changement de vie est toujours compliqué à gérer. Et pour être honnête, mon retour sur Island Bay est quand même difficile à vivre. J'ai eu de la chance, professionnellement parlant, de pouvoir obtenir ce poste d'institutrice remplaçante en maternelle. Mais pour le reste, l'adaptation est plus périlleuse. A Londres, ma vie était stable. Finalement, le fait d'avoir dû tout remettre en question du jour au lendemain n'était pas vraiment de mon ressort. Je pense avoir vécu le pire, ou presque. Surprendre sa femme dans le lit conjugal avec une autre, c'est un choc auquel personne ne s'attend réellement. Ou comment tomber de son petit nuage en l'espace d'une seconde. Heureusement, je ne suis pas totalement en territoire inconnu à Island Bay. Je connais déjà les lieux, certaines personnes aussi, même si c'est quand même bien différent par rapport à mon ancienne vie londonienne. Il va sans doute me falloir du temps pour réussir à oublier, et me reconstruire. Du courage aussi, un peu. Mais j'essaye tout de même de rester positive. Revoir Celeste par hasard à l'école la dernière fois était une bonne surprise. Je ne savais pas qu'elle était la maman d'Elliot. Ça fait toujours du bien de retrouver un visage familier, notamment quand le visage en question fait partie intégrante de notre passé. Malgré les années, la jeune femme a toujours eu une place particulière dans mon coeur. Elle a été mon premier amour, la première qui ait réellement compté à mes yeux. Je n'avais rien de prévu ce matin, et après avoir fait un peu de shopping dans le centre-ville, je me décide finalement à aller faire un tour dans son café. Pas seulement pour le café qu'elle a promis de m'offrir, mais bien pour honorer son invitation et tenter de la revoir. Même si nous avons perdu contact toutes les deux suite à notre rupture, la brune reste tout de même quelqu'un d'important pour moi. Celeste avait raison, le contexte sera surement plus approprié ici qu'à l'école pour prolonger nos retrouvailles, qui finalement m'ont laissé un petit goût d'inachevé. Encore faut-il qu'elle soit là, si elle ne veut pas penser que je fais exprès de l'éviter. En même temps, je ne vois pas pourquoi je le ferais ? Il n'y aucune raison à cela. Même si je dois bien avouer que la revoir après tant d'années m'a finalement plus chamboulée que je ne le pensais. Mais c'est normal en soit. J'ai partagé une relation avec elle, n'importe qui à ma place serait troublée de retrouver son ex, non ? En poussant la porte du café, mon regard croise rapidement le sien. Je me rapproche alors d'elle, un sourire naturel s'installant inconsciemment au coin de mes lèvres. « J'ai tenu ma promesse. » Bon, ok, c'en était pas vraiment une mais ça, c'est un détail.

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Après notre entrevue à l'école, il était de mon ressort de provoquer le destin pour qu'on puisse rapidement se revoir. Pour ça, rien de plus facile que d'honorer son invitation en venant faire un tour dans son café. C'était l'occasion parfaite d'approfondir nos retrouvailles dans un contexte différent. Il s'est passé beaucoup de choses en treize ans et nous n'avons pas vraiment eu l'opportunité d'en parler. « Bonjour. » Je suis contente de la revoir. Et le sourire qui s'affiche sur mes lèvres en est la preuve. « Est-ce que je dois en déduire que tu voulais me revoir ? » Je hausse les épaules dans un sourire mutin qui en dit long sur la réponse à sa question. Libre à elle d'en faire sa propre interprétation. Mais, c'est certain, si ce n'était pas dans le but de la revoir, je ne serais très certainement pas venue jusqu'ici. Je peux facilement trouver des cafés plus près de mon quartier. « Installe-toi, je t'en prie. » Je m'exécute et prends place sur un tabouret derrière le comptoir. Celeste s'occupe d'un encaissement alors que j'en profite pour observer les lieux. C'est chaleureux ici, et il ne me faut pas beaucoup de temps pour apprécier l'ambiance qui se dégage de cet endroit. « Qu'est-ce que je t'offre ? » Je n'ai pas encore eu le temps de regarder la carte. Pour une femme qui n'aime pas spécialement le café, c'est toujours difficile pour moi de trouver chaussure à mon pied. Est-ce que ça confirme le fait que je ne sois pas là uniquement pour le café offert qu'elle m'avais promis ? Ok, grillée. « Nous proposons même des pâtisseries, si le cœur t'en dit. » Ah ça, c'est déjà plus tentant. A croire qu'elle n'a pas oublié comment il fallait me parler. « Je veux bien un chocolat chaud et un cookie, s'il te plait. » La base. Malgré les années qui défilent un peu trop vite à mon goût, je crois que je garderais toujours mon âme d'enfant. « C'est très joli comme endroit. » Ajoutais-je dans un sourire qui se veut vraiment sincère. Même si elle n'est pas l'unique propriétaire des lieux, je peux facilement remarquer à quel point ce lieu lui ressemble. « J'ai toujours su que tu avais bon goût. » Je ne me rends pas vraiment compte du double sens que peut avoir ma phrase, quand on connait le passé qui a pu nous lier. Pour être honnête, ce n'est même pas volontaire de ma part : il n'y aucun sous entendu derrière ce compliment. « Marley t'as laissé toute seule aux commandes ? » Elle n'est pas là, et en réalité, ce n'est pas plus mal. La connaissant, elle aurait très bien pu venir mettre son grain de sel dans notre conversation pour nous faire un interrogatoire.

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Que Marley ne soit pas au café aujourd'hui est finalement une bonne chose. Par le passé, bien que je cherchais par tous les moyens à l'éviter, sur le coup, ce n'est évidemment pas pour cette raison que je pose la question. Notre relation s'est nettement améliorée avec le temps. Et maintenant, entre nous, les choses sont bien différentes. « C’est mon jour aujourd’hui. On essaye de tourner pour pouvoir avoir des jours de repos dans la semaine. » Si elle avait été là, Marley aurait sans doute pu vouloir jouer les filles un peu trop curieuses. Voir même les entremetteuses dans son genre. Rien d'étonnant quand on connait le spécimen. « Je suis bien tombée alors. » Que Celeste soit là est le principal. En même temps, ce n'est pas pour voir ma demi-soeur que je suis venue ici. Elle, je peux la voir facilement dans un autre contexte. « Alors, raconte-moi tout. » C'est vrai que la dernière fois, nous avons principalement parlé d'Elliot. Un peu d'elle aussi, mais le contexte professionnel ne se prêtait pas vraiment à plus de confidences. Pour être honnête, ça m'arrangeait bien de ne pas avoir à parler de moi. Si je peux éviter le sujet, je ne me gêne pas pour le faire. Mais Celeste, ce n'est pas n'importe qui. « Qu'est-ce qui t'a poussé à revenir dans le coin ? » Voilà l'une des questions que je cherchais justement à éviter. La raison de mon retour sur Island Bay n'est pas très joyeuse, et je crois que j'ai encore du mal à me confier à ce sujet. « Je crois que j'avais besoin de changement. » Un changement radical. Des millions de kilomètres pour changer de vie et tenter de me reconstruire. Si seulement c'était aussi simple que ça... Pouvoir tourner la page du jour au lendemain et tout oublier. Mais dans la réalité, les choses ne se passent jamais comme ça. « Disons que plus rien ne me retenait vraiment à Londres... » Ajoutais-je, consciente que la jeune femme ne se contentera pas uniquement de ma précédente réponse. « Enfin c'est compliqué. » Une grimace vient inconsciemment déformé les traits de mon visage lorsque je pense à Morgan, mon ex. « Mais d'un autre côté, je suis contente d'être revenue et de m'être rapprochée de ma famille. » C'est un mal pour un bien. Je suis du genre à essayer de positiver et de me dire que tout arrive finalement pour une raison. « C'est aussi cool de revoir certaines personnes. » Le sourire qui s'affiche au coin de mes lèvres en dit long sur ce que je pense réellement à cet instant. En disant cette phrase, c'est évidemment à elle que je pense.

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Depuis mon retour sur Island Bay, j'ai plus ou moins évité le sujet douloureux de ma séparation. Si je suis revenue, c'est bien pour une raison évidente. Il n'est pas difficile de comprendre que je ne serai pas là aujourd'hui si les choses s'étaient passées différemment. Ma famille a tout de suite fait le rapprochement avec mon histoire avec Morgan. En même temps, ce n'est pas compliqué. Pour le reste, nous ne sommes volontairement pas rentrés dans les détails. D'ailleurs, ça me fait toujours un peu bizarre d'aborder le sujet, même succinctement. Le fait d'en parler avec Celeste qui a partagé ma vie par le passé est aussi un peu étrange. Ça ne devrait sans doute pas être le cas ? Enfin j'en sais rien. Quoi qu'il en soit, je reste assez vague sur la question. Peut-être aurons nous l'occasion d'en reparler plus tard... En attendant, je ne veux pas risquer de plomber l'ambiance et je rebondis rapidement sur les points positifs de mon retour ici. Notamment par rapport à ma famille. « Il y a une période, tu n'aurais pas dit cela. » Comme on dit, il n'y a que les cons qui ne changent pas d'avis. « C'est vrai ! » Mon rire se mélange naturellement au sien. « Je suppose que ce n'est pas la météo qui va le plus te manquer. » Ça, c'est vrai aussi. Même si j'adore mon pays natal, le climat anglais n'est pas quelque chose dont mon coeur raffole. Heureusement, l'Angleterre a bien d'autres atouts. « Je peux en déduire que tu es de retour ici pour de bon ? » Je hausse un peu les épaules avant de répondre. « Pour de bon, je sais pas... on ne sait jamais trop ce que l'avenir nous réserve. Mais pour un certain temps déjà, oui. » Difficile pour moi de faire véritablement des plans sur la comète, mais je suis bien ici. Et c'est pour moi le principal. « Tu verras que les choses ne changent pas vraiment ici. » J'ai déjà eu l'occasion de le voir. Bien que certaines choses ont tout de même changé depuis toutes ces années, l'âme d'Island Bay est et restera toujours la même. Ici, tout le monde se connait. Ce n'est pas pour rien que c'est une ville côtière à l'esprit familial et convivial. « De ton côté, tu es toujours restée par ici ? » A l'époque, nous nous sommes séparées à cause de la distance. Parce que j'étais partie faire mes études en Angleterre et qu'elle, elle était restée en Nouvelle-Zélande. « Je n'ai pas osé te demander la dernière fois pour le père d'Elliot, mais comme tu m'as dit que tu étais la seule à décider pour lui... » Il y a plusieurs explications possibles à cela. Et comme je m'aventure sur un sujet probablement délicat, je préfère lui donner libre choix de me répondre ou non. « Si tu ne veux pas en parler, je peux comprendre. » Je suis mal placée pour la juger, ayant moi-même du mal à parler de ma vie privée.

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Si je ne suis pas encore prête à parler de moi, je suis curieuse d'en apprendre plus sur elle. De mon côté, c'est vrai que je suis restée plus ou moins mystérieuse. Mais ce n'est pas super facile pour moi que d'assumer l'échec de mon mariage. Parce que oui, c'est un échec. Même si je n'en suis pas totalement responsable. Enfin... quoique. Bien que ce soit Morgan qui m'ait trompé, je ne peux m'empêcher de me remettre en question. Est-ce que j'ai fait quelque chose de mal ? Nous sommes deux dans un couple. Et si j'en crois certaines personnes, les trahisons arrivent forcément pour une raison ou pour une autre. Sincèrement, même en essayant de faire un effort, je n'arrive pas à comprendre. Je fais une sorte de blocage. Il n'y a rien, pour moi, qui serait en mesure de justifier son écart. Ce n'est pas qu'une simple erreur de parcours comme elle a pu me dire, mais bien la fin de notre histoire. Le point de non-retour. Pour le coup, je préfère dériver la discussion sur elle et sur le père d'Elliot. Je suis curieuse d'en savoir plus à ce sujet. Mais je ne veux pas non plus prendre le risque de la braquer avec ma question. « Disons que c’est.. compliqué. » A croire que ça l'est toujours à un moment ou à un autre. « Il est là pour lui quelques soirs par an. Quand il en ressent l'envie. Le reste du temps, nous nous débrouillons sans lui. » Quelques soirs par an seulement, ça ne fait pas beaucoup. Je comprends mieux pourquoi elle est la seule à décider pour son fils.« Il vit sa vie, je vis la mienne. » La jeune femme reste assez vague, mais après mes réponses, je ne peux pas lui en vouloir de faire pareil. Le reste de l'histoire viendra sans doute à nouveau sur la table. « Si je veux être honnête, il n'y a pas qu'Elliot. » Alors là, je ne comprends pas tout. De quoi est-elle en train de parler exactement ? « J'ai un deuxième petit garçon : Leo. Mais tu as le temps de voir venir avant qu'il ne débarque dans ta classe. » Celeste est maman de deux garçons. « Ah oui, il s'en est passé des choses pendant toutes ces années. » Répliquais-je en rigolant. En réalité, ça me fait quand même un peu bizarre. « Il a quel âge ? » Je ne sais pas s'il s'agit du même père, ou pas. Et je préfère pas demander, ne voulant pas être trop indiscrète non plus. Peut-être que j'aurais l'occasion de le comprendre de moi-même. « Et dire que je suis la plus vieille de nous deux... » Un nouveau rire s'échappe d'entre mes lèvres, même si pour le coup, il est plus nerveux qu'autre chose. Avec Morgan, nous étions justement en plein projet d'adoption. « En tout cas, le rôle de mère te va à la perfection. Tu as l'air comblée, je suis heureuse pour toi. » Sur le plan sentimental, elle ne l'est peut-être pas totalement mais je pense que les enfants passent en premier plan. « J'ai toujours rêvé d'être maman moi aussi. » Cet aveu en est un premier, mais il est fort probable qu'il en amène d'autres. « Mais il faut croire que pour le moment le destin en a décidé autrement. » Ce n'est pas encore trop tard pour moi, mais toute seule, c'est différent. Et plus compliqué aussi.

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La vie est imprévisible, mais c'est justement ce qui la rend si merveilleuse. Allez me dire ça maintenant, et je crois que je pourrais vous dire le reste. Non, une rupture n'a rien de merveilleux. Et pourtant, c'est peut-être un mal pour un bien. Je pensais que nous étions faites l'une pour l'autre avec Morgan, mais il faut croire que je me suis trompée. La réalité a fini par me rattraper, un peu trop violemment. Voilà où j'en suis aujourd'hui. Détruite, je crois que c'est le mot le plus approprié. Ça me blesse de parler de mon envie d'être maman. Et en même temps, cette envie fait de moi qui je suis. Comme ce projet qui ne verra jamais le jour. Pour moi en tout cas. Pour Morgan, il en sera peut-être autrement. « Si tu veux t’entraîner un peu pour quand l’occasion se présentera, fais-moi signe, je te déposerais les garçons un soir. » Je mélange mon rire au sien avant d'ajouter. « En tant qu'institutrice, je crois que je n'ai pas spécialement besoin de trop d'entrainement. » En soit, je suis un peu comme une deuxième mère pour eux. A cet âge là, c'est un peu pareil. D'ailleurs il n'est pas rare que certains se trompent entre "maitresse" et "maman". C'est amusant, mais dans le fond, ce ne sont pas mes enfants. « Ils devraient arriver dans quelques minutes, avec ma mère, si jamais tu veux rencontrer Leo. » Je hoche un peu la tête à l'affirmative dans un sourire. Ça ne me dérange pas de le rencontrer, au contraire. Je suis heureuse d'en apprendre plus sur elle, sur sa vie et ses enfants. « Il y a quelqu’un qui partage cette envie d’enfant avec toi ? » Une grimace incontrôlée vient alors déformer les traits de mon visage. Mais en même temps, je ne peux pas lui en vouloir. A sa place, j'aurais très certainement posé la même question. « Plus maintenant. » Au moins les choses sont claires maintenant. C'est le moment pour moi d'être totalement honnête avec elle. « Ma précédente relation s'est terminée un peu brutalement. » Et ce n'était pas n'importe quelle relation puisque Morgan était mon épouse - elle l'est d'ailleurs toujours, officiellement parlant. Mais c'est un détail que je garde pour moi. « Je l'ai retrouvé dans notre lit avec une autre. » Voilà le tableau. « Comme tu peux t'en douter, c'était assez... violent. » Je n'ai même pas les mots pour décrire la brutalité de la scène qui s'est pourtant jouée sous mes yeux. « Enfin bref, je suis désolée, je ne voulais pas plomber l'ambiance. » Je me rends compte qu'elle n'est plus aussi à l'aise que tout à l'heure. Mais ce n'est pas de sa faute, et je ne lui en veux pas d'avoir posé la question. Ça me fait même un peu du bien de me confier à elle, aussi étrange que cela puisse paraitre. « J'espère que ton histoire est un peu plus joyeuse que la mienne. » Ajoutais-je en riant un peu, pas que l'objectif soit forcément de rentrer dans une sorte de compétition sur qui a la pire vie de merde entre nous deux mais bon.

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Je vis avec l'échec de mon mariage depuis mon retour à Island Bay, et ce n'est pas facile tous les jours. Je n'ai plus l'habitude de me retrouver seule le soir après le travail. Personne ne m'attend pour diner, et c'est des draps froids et vides que je dois rejoindre la nuit tombée. Heureusement qu'il y a Cookie, mon fidèle compagnon, pour me tenir compagnie. Voilà à quoi ressemble ma nouvelle vie de femme célibataire. Trente-six ans, et l'impression d'avoir perdu dix ans de vie commune, envolés et réduits à néant. Je n'avais pas spécialement prévu de vider mon sac, mais maintenant que c'est fait, c'est comme si un poids s'était libéré de mes épaules. A croire que la présence de la jeune femme à mes côtés m'aide à me sentir un peu mieux. En confiance du moins, parce que je sais qu'elle ne sera pas du genre à me prendre en pitié ou à me juger. « Je suis navrée de l’apprendre. » Mon histoire n'est pas très joyeuse, et forcément, l'ambiance s'en ressent. Mais il aurait bien fallu que je lui dise à un moment ou à un autre. « Je crois qu’un ou plusieurs verres de vin ne seront pas de refus pour une telle conversation. » A priori, son histoire n'a pas l'air toute rose non plus. Si elle ne veut pas en parler pour l'instant, ce n'est pas moi qui vais l'en blâmer. « Tu as trouvé un logement dans quel coin ? » Je n'ai pas le temps de répondre à sa question que son fils fait irruption dans le café. « MAAMAAN ! » Il se réfugie dans les bras de sa mère, lui offrant le câlin le plus mignon qu'il puisse exister. Finalement, le regard d'Elliot croise le mien. Il ne s'attendait très certainement pas à me voir ici. « Maîtresse ? » Je lui souris dans un petit hochement de tête. Après Elliot, c'est au tour de la mère de Celeste de rentrer dans la pièce avec une poussette. « Je ne te présente pas ma mère. Mais voici Leo, bébé surprise de la famille. » Son fameux deuxième petit garçon. A première vue, il doit avoir environ six mois et je ne peux m'empêcher de paraitre un peu gaga. Les bébés, ce n'est pas pareil que les enfants que je côtoie au quotidien dans ma classe. « C’est un petit garçon sociable, alors si tu veux, tu peux le prendre dans tes bras. » Pour être honnête, je suis un peu gênée par la situation. Je crois que la présence de sa mère y est pour beaucoup. Mais j'essaye d'en faire abstraction et me rapproche rapidement de la poussette pour saluer Léo. J'ai le droit à un magnifique sourire de sa part. « J'ai l'impression qu'il m'aime plutôt bien. » Ou peut-être qu'il sourit comme ça avec tout le monde ? Après coup et dans un nouveau regard adressé à mon ancienne petite-amie, je m'autorise finalement à le prendre dans mes bras. « C'est fou, il a exactement les mêmes yeux que toi. » Mon regard croise le sien, et un sourire plus naturel s'installe au coin de mes lèvres. « Pas de doute, c'est bien un Wade. » Et le charme familial qui va avec. Mais ça, pour le coup, je m'abstiens volontairement de le rajouter. « Vous avez vraiment une belle famille. » Je m'adresse cette fois directement à la grand-mère des garçons. J'imagine facilement à quel point elle doit être une mamie comblée.

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Ça me fait bizarre que la mère de Celeste soit là. J'ai l'impression de revenir treize ans en arrière, ou presque. Quand nous étions ensemble et que sa famille me considérait comme un membre de la leur à part entière. En soit, nous ne sommes pas restées très longtemps en couple. Et pourtant, notre relation était à un stade plutôt avancé. J'avais déjà la chance d'être présente aux repas familiaux, et aux grands évènements. Le fait que je sois amie avec Robin n'y était pas pour rien aussi. « Merci. C’est quelque chose de sacré chez nous. » Je suis bien placée pour le savoir. Les Wade ont toujours eu des liens très forts, très fusionnels. Et de l'extérieur, c'est une famille qui m'a toujours fait rêver. Pas que la mienne ne soit bancale, mais disons que ce fut quand même plus compliqué de mon côté. « Ravie de te revoir en ville Eden. » Un petit sourire en coin se dessine alors sur mes lèvres. J'ai toujours bien aimé sa maman, et je crois qu'à l'époque c'était réciproque. C'est toujours plaisant de voir qu'elle me porte encore un minimum de considération, même si nous avons rompu sa fille et moi. De l'eau a coulé sous les ponts depuis notre rupture, c'est vrai. Et nous avons, de toute manière, aucunement été en désaccord. Ça doit quand même aider. La jeune femme propose à son fils ainé d'aller dans les cuisines avec sa grand-mère, et il ne se fait donc pas prier pour s’exécuter rapidement. Apparemment, il ne faut pas lui dire deux fois. Nous voilà de nouveau seules, ou presque - si nous comptons pas la présence de Leo. En parlant du bébé, il n'arrête pas de me faire des grands sourires depuis tout à l'heure. Celeste a raison, c'est un bébé facilement sociale. « Il faut que je me méfie, sinon mes deux fils vont tomber amoureux de toi. » Un rire s'échappe de mes lèvres. « Ah ouais, à ce point. » Ce n'est pas rare que les enfants tombent amoureux de leur maitresse. Enfin, amoureux, c'est un grand mot. Mais c'est vrai que ce genre de situation m'est déjà arrivé une ou deux fois. « On devrait le prendre ce verre de vin. Un soir dans la semaine, si tu es disponible. » Comme la dernière fois à l'école, c'est Celeste qui prend l'initiative d'évoquer une éventuelle prochaine fois. Pour boire un verre, cette fois-ci. « Que nous, sans enfant cette fois-ci, je te le promets. » Comme si c'était une condition sine qua non pour que nous puissions nous revoir. « Avec plaisir. » Je fais mine de réfléchir, mais en réalité, depuis mon retour à Island Bay, je n'ai pas un emploi du temps super chargé. Ma vie sociale en a pris un coup, et c'est peut-être pas une si mauvaise idée que ça que de sortir un peu. « Est-ce que tu veux venir manger à la maison ? » Après son invitation au café, c'est la suite logique des choses. A mon tour de prendre mes responsabilités pour l'inviter. « Je ne te promets pas un diner gastronomique de folie mais je peux essayer de cuisiner un truc potable. » Ajoutais-je en riant un peu. « Vendredi soir, si l'idée ne te fait pas peur. » Et si elle est disponible évidemment.