Alerte ! Alerte ! Noah en approche... (ft. Robin)

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Il était objectivement rare que Noah envoie un SMS à sa sœur aînée, Robin, pour prendre des nouvelles. Et pourtant, cela n'avait rien d'impossible, la preuve, il l'avait contactée pour la première fois depuis le mariage. Oui, pas très assidu, le frangin. En fait, il prenait des nouvelles par le biais de leur mère, qui n'hésitait jamais à en donner, quand bien même Noah levait les yeux au ciel et faisait son désagréable en feignant s'en désintéresser complètement. Il faut dire qu'entre lui et Robin, ça n'avait jamais été très stable, par sa faute, il en était bien conscient. Vu le nombre de fois qu'il l'avait envoyée balader, qu'il lui avait balancé de méchancetés à la figure... pas étonnant qu'elle ait mis de la distance. Et finalement, ça lui réussissait bien. Désormais, elle se concentrait sur ses préoccupations principales : sa vie de couple. Et personne ne lui donnerait tort, tant elle le méritait. N'empêche que pour un énergumène de la trempe de Noah, s'enquérir de comment allait quelqu'un, même de sa famille, c'était un exploit. Et même assez louche, en fait... Robin pouvait se méfier, se faire assurer contre le vol, les incendies, la grêle, la révolution... s'acheter un canon, bref... préparer ses défenses. Noah Wade n'était pas un enfant de chœur, il privilégiait toujours son intérêt, car le monde, évidemment, ne tournait qu'autour de lui. S'il n'avait pas eu besoin de quelques cours de guitare, aurait-il pris la peine de demander à Robin si elle était toujours vivante et de lui proposer de se voir pour manger un morceau ensemble lors de quelques répétitions improvisées ? Non, dites-vous ? Eh bien, vous venez de tirer une conclusion un peu hâtive. Parce que Noah avait quand même envie de revoir Robin et de la savoir en forme. Oui, la teigne se souciait de celle à qui il avait mené un enfer. Et pour une fois, il effectuait la démarche comme un frère et non comme un opportuniste. Il aurait pu juste demander de l'aide pour la gratte et puis voilà.

Robin avait accepté. Il en fut le premier surpris. Certes, au mariage, il s'était globalement bien comporté, il n'avait pas fait de vagues et hormis le fait qu'il avait vomi tout sa bile dans les bassins de fleurs, il n'y avait pas eu d'incident. N'allez pas penser qu'il s'était calmé... ou qu'il l'avait fait pour sa sœur. Absolument pas... En fait, cette soirée avait été un test, pour voir si Jude était vraiment si importante dans sa vie. A en juger par le manque qu'il avait ressenti, la réponse coulait de source. Mais... Noah ne serait pas lui-même s'il ne maîtrisait pas l'art de la contradiction. Il avait regretté de ne pas lui dire la vérité et pourtant, il se disait qu'il s'agissait de la meilleure décision, parce qu'après tout, il ne rendait de comptes qu'à lui-même. Fier, orgueilleux, le premier fils Wade n'en devenait que plus insupportable quand il s'y mettait. Il gardait quand même une constante : il rendait complexe tout ce qui était simple, quoiqu'il dise ou qu'il fasse. L'avenir le démontrerait bientôt avec la malheureuse Jude... En attendant, Robin n'avait pas eu vent de frasques de sa part. Depuis qu'il travaillait chez WPS, tout s'améliorait pour lui. Tant mieux... parce que Noah se comportait comme le type le plus con et chiant du monde en temps normal, mais alors quand il se sentait "injustement puni" par la vie, là... Le karma, toutes les notions de bien, de mal et d'équilibre, ça lui passait au dessus. Il ne croyait pas à ce genre de choses, alors allez lui expliquer qu'une mauvaise attitude attirait forcément les tensions et le malaise... Autant demander à un dindon s'il accepte de se faire farcir pour Thanksgiving !

Pour ce petit-déjeuner entre frère et sœur, Noah avait pris l'engagement de tout préparer lui-même. Il ne savait pas si l'autre british au balai dans le cul serait présent... Peut-être, étant donné qu'il était désormais son beau-frère. Il avait donc fait un peu plus, au cas où... Ah si seulement il avait pu connaitre ses éventuelles allergies pour se marrer un peu... Sans lui souhaiter du mal, Noah avait décidé de faire sa tête de con, et de titiller Matthew à la moindre occasion. Ce dernier le lui rendait bien puisqu'il ne se laissait pas faire. Et voilà comment, par pure stupidité, il pouvait ruiner une relation avec une nouvelle personne... Ah ça, il n'avait pas inventé la poudre, le Noah ! Il avait apporté sa guitare et quand il fut devant la porte d'entrée de Madame Braithwaite (beurk !), il eut un rictus de dégoût. Il sonna et attendit qu'on lui ouvre. Ce fut Robin qui lui octroya ce privilège. Il salua sa sœur, d'une façon bien particulière :

- Bonjour Madame WADE !

En vérité, s'il avait haussé la voix et insisté sur le nom de famille de sa sœur, ce n'était ni plus ni moins pour que Matthew l'entende et dans l'unique objectif de le faire chier. Du grand Noah, dans toute sa splendeur. La suite, elle, fut un peu plus surprenante, venant de lui :

- Alors, comment vas-tu ? Finalement, c'est plutôt pas mal South Bay ! Tu t'y plais ?

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Quelle mouche l’avait piquée d’inviter Noah chez elle pour le petit-déjeuner ? Très certainement la même qui avait piqué son frère un peu avant qu’il lui propose de passer du temps ensemble. Prenons tout de même le temps de le rappeler : Robin aime bien son frère. De loin. Voire même de très loin, suffisamment loin pour qu’elle n’ait pas à supporter ses frasques et ses réflexions. Et elle savait que la réciproque était vraie parce qu’il avait le don de faire ressortir son côté le plus autoritaire. Ce qui avait tendance à l’exaspérer, lui. Un véritable cercle vicieux. Toujours est-il qu’il était très rare qu’ils s’appellent l’un l’autre, qu’ils passent du temps ensemble et ce genre de choses. S’ils avaient des nouvelles de l’autre, c’était presque toujours par l’intermédiaire d’une tierce personne. Tant et si bien que les deux ne s’étaient plus vus depuis le mariage. En juillet. Alors, vous comprendrez aisément que Robin en était restée comme deux ronds de flan lorsque Noah l’avait appelée pour lui proposer de se voir. Et que, si elle avait accepté, c’était d’abord et avant tout par réflexe. Prise de court, c’était le mot qu’elle prononçait le plus souvent qui s’était frayé un chemin hors de sa bouche : « oui ».

Et le moins que l’on puisse dire, c’est que bien des choses ont changé depuis juillet ; à commencer par le quartier dans lequel ils vivaient à présent. Fini de recevoir leurs invités dans un petit appartement du centre – bon, pas si petit que ça concernant le duplex de Matt. Maintenant, ils habitaient un manoir à l’écart de tout sauf de l’océan, rien que ça. Robin n’avait pas fait de manières pour la venue de son frère, elle avait même demandé à son mari s’il voulait être de la partie. Sans surprise, celui-ci avait répondu qu’il avait du travail, et pas du genre qui pouvait se faire à la maison. Il y avait une certaine animosité entre les deux hommes ; probablement parce que ce n’était pas la folle entente entre Noah et Robin, ça impactait possiblement sur Matt. En revanche, elle comprenait moins la raison inverse mais c’était de Noah qu’on parlait, il n’aimait personne d’autre que lui-même. Ou en tout cas, c’est ce qu’il laissait paraître. Le manoir était donc un peu en bazar lorsque son frère sonna à la porte. Par chance, elle ne se trouvait pas à l’autre bout de la demeure quand ça arriva – pas du tout, c’est juste que, comme elle attendait de la visite, elle avait fait attention de rester près de l’entrée pour ne pas avoir à tout traverser à la hâte - et elle put rapidement lui ouvrir. Madame Wade. Si elle ne le connaissait pas si bien, elle aurait pu croire qu’un autre Wade avait du mal à digérer le fait qu’elle ait changé de nom en se mariant.
« Salut ! Te donne pas tant de peine, Matt n’est pas là, il travaille. »
Elle s’effaça ensuite pour le laisser entrer tandis qu’il prenait de ses nouvelles. Décidément, on allait de surprise en surprise.
« On ne peut mieux et toi ? »
Pure vérité, tout allait pour le mieux et maintenant qu’elle en était au deuxième trimestre de sa grossesse, elle bénéficiait d’un sursis concernant tous les pas si petits désagréments que cet état entraînait avant d’en subir de nouveaux pour la dernière ligne droite. D’un geste de la main, Robin désigna tout ce qui les entourait.
« T’as vu cet endroit ? Comment ne pas s’y plaire ? »
Puis elle lui fit signe de la suivre jusqu’à la cuisine tout en s’excusant :
« Fais pas attention à tout ce qui traîne, on se prépare doucement à l’arrivée de la petite. »
Ce qui expliquait les cartons dans tous les coins ; la crevette pourrait limite arriver maintenant, tout de suite, qu’ils seraient prêts. Enfin, presque.
« Je te sers quelque chose à boire ? »
Puis elle désigna ensuite sa guitare du menton.
« T’as bien fait de l’apporter, il faudra que je te montre mon studio. »
Il y avait tellement de pièces dans ce manoir que Robin n’avait pu résister à la tentation d’en transformer une en studio de musique. Quant à Matt, il avait son petit studio photo et sa chambre noire. Si elle vivait de sa musique, ils auraient carrément pu travailler sans plus sortir de chez eux tous les deux.@Noah Wade

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- Ah... dommage...

Il avait lâché ses deux mots avec une certaine déception. Bon, soyons clairs, Noah ne détestait pas Matthew... En fait, le plus drôle dans l'histoire c'est qu'il l'appréciait, parce qu'il avait l'air d'être quelqu'un de bien pour sa soeur et que le plus important, c'était son bonheur. Parfois, à de rares moments, il regrettait d'avoir été une ordure avec elle. Mais globalement, il ne lui souhaitait pas du mal, au contraire. Ils éprouvaient juste les pires difficultés du monde pour communiquer, par sa faute, ne nous voilons pas la face. C'est qu'il pouvait être très vite insupportable et détestable quand il s'y mettait. Mais aujourd'hui, ça ne semblait pas à l'ordre du jour, bien qu'il faille se méfier. Un Noah calme, cachait souvent une tempête immonde derrière. Et comme il était imprévisible, le moindre mot de travers pouvait le faire monter dans les tours et déclencher une guerre. Bien qu'il n'ait pas l'intention d'embêter sa soeur, il ne fallait rien présager de particulier avec lui. Constatant qu'elle allait bien et qu'elle était visiblement rayonnante, il retira ses chaussures pour les laisser dans l'entrée. Il regarda l'intérieur, observant un peu dans quel nouveau cadre sa soeur vivait. Ok, South Bay, c'était un quartier qu'il trouvait surcôté... mais joli, ça il fallait bien l'admettre ! Il y avait du désordre, et si en temps normal, Noah se serait bien permis une réflexion à deux balles, il n'en fit rien, il se contenta de hocher vaguement la tête, sans trop s'attarder sur ce qui pouvait potentiellement trainer ici ou là... Il concéda, avec un petit sourire "gentil", ce qui était si rare sur son visage :

- Je l'admets, c'est charmant ! Ce n'est pas grave pour le désordre, avec la petite, c'est normal, j'imagine !

Noah jeta un coup d'oeil au ventre rond de sa soeur. Il allait être tonton à nouveau. Probable cependant qu'il voie moins sa nièce que ses neveux... vu les rapports houleux qu'il entretenait avec Robin et Matthew. Mais il ne serait pas absent non plus. Tant mieux ou hélas pour sa soeur aînée, Noah entendait bien créer des liens avec la petite. Celeste pouvait témoigner qu'il était assez protecteur, bien qu'il apprenne des choses pas franchement recommandables à son bonhomme. Et encore celui-ci n'était pas ado...

- Une bière si tu as... sinon de l'eau, ça fera aussi l'affaire.

Il regarda la guitare et mit quelques instants avant de vraiment percuter pour le studio. C'est vrai que l'endroit était grand. Mais il n'imaginait pas que l'on puisse avoir un studio de musique ici, dans cette maison. Il était curieux, Noah. Parce que la musique restait un domaine très important dans la famille. Les Wade possédaient une fibre artisitique. Ils aimaient créer, jouer, composer. Robin, en plus, s'avérait très douée, surement la meilleur de la fratrie.

- Je l'ai apportée, mais je suis un peu rouillé... ça fait longtemps que je n'ai pas joué, il faut que je l'accorde d'ailleurs. Comment se porte ma future nièce sinon ? Tout se passe bien pour vous deux ?

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Oui, dommage. Enfin, Robin ne savait pas exactement pour qui et il était évidemment qu’au cours d’une rixe entre les deux hommes, c’est pour son mari qu’elle reprendrait mais… Disons que bien qu’il lui manque atrocement, comme à chaque fois qu’il s’éloignait un peu trop de son champ de vision, elle se disait que ce n’était peut-être pas plus mal que Matt se soit absenté tout compte fait. Bien qu’elle n’y soit pas obligée, la future maman s’excusa du désordre : c’était chez elle, elle faisait ce qu’elle voulait. Mais tout qui la connaissait un peu savait que, sans pour autant être maniaque, elle n’aimait pas particulièrement ça, le désordre. Et l’appartement qu’elle avait occupé seule durant plusieurs années, bien avant qu’elle ait les moyens de se payer les services d’une femme de ménage, avait toujours eu l’air de sortir tout droit d’une page de catalogue ou d’une photo dénichée sur Pinterest : trop beau pour être vrai, on avait l’impression que personne ne vivait vraiment là. Ceci expliquait cela. Elle qui se serait attendue à une remarque désobligeante à ce sujet de la part de Noah, comme quoi elle se laissait aller depuis qu’elle était mariée ou quelque chose dans ce goût-là, fut détrompée. Ses sourcils se froncèrent inconsciemment sous l’effet de la perplexité. Qui était cet individu se tenant devant elle et qu’avait-on fait de son frère ??

Tâchant de dissimuler ce léger trouble, elle ouvrit la marche jusqu’à la cuisine où Ixchel, la chienne de Robin, les attendait patiemment pour ensuite aller faire la fête à leur invité. Oui, un Dobermann, ça peut impressionner mais Ixchel était une véritable crème. Tant qu’elle ne lui ordonnait pas d’attaquer, en tout cas. D’un geste, elle l’invita à prendre place dans la cuisine et ne se permit pas la moindre réflexion quant au fait qu’il était peut-être encore tôt pour une bière. Au lieu de quoi, elle se déplaça jusqu’au réfrigérateur et en chercha une ; ils devaient bien avoir ça. Elle finit par mettre la main sur une bouteille qu’elle décapsula et qu’elle fit glisser en direction de son frère accompagnée d’un verre avant de se servir un verre à elle aussi mais de jus de fruits, bien entendu. Ils vinrent à parler de la guitare de Noah.
« J’espère que ça ne signifie pas que tu n’en joues plus tant que ça ? Ça serait dommage ! »
Peut-être parce qu’il s’agissait de la seule chose qu’ils avaient en commun ou presque : leur amour de la musique. Bien qu’elle n’ait pas toujours eu autant de temps à consacrer à la musique qu’elle l’aurait souhaité, elle n’avait pourtant jamais laissé le temps à ses guitares de prendre la poussière. Tout ce à quoi elle avait renoncé était le groupe dont elle avait fait partie pendant un temps, plus jeune. A quoi bon persévérer dans cette voie ? Elle savait pertinemment qu’elle n’en ferait pas son métier, bien qu’elle ait du talent… Elle était loin d’être la seule à en avoir et quand bien même, ça ne faisait pas tout : la compétition aurait été trop rude.

Puis Noah s’enquit de l’état de sa nièce à naître. Du sien aussi, en passant. Robin posa affectueusement la main sur son ventre qui ne passait désormais plus inaperçu pour son plus grand bonheur. Toute sa vie elle avait attendu cet instant alors peu importe les petits désagréments liés à la grossesse, elle n’en regrettait aucun.
« Tout va pour le mieux. Elle commence à donner des coups, ça faisait bizarre mais dans le bon sens du terme. Quant à moi, tout commence à rentrer dans l’ordre, je peux en profiter pleinement. »
Elle pouvait affirmer qu’elle se sentait bien dans sa peau. D’ailleurs, son premier trimestre n’avait pas été si chaotique que ça non plus ; bien sûr qu’elle s’était sentie fatiguée, parfois plus que jamais auparavant, et qu’elle avait connu des nausées matinales parfois violentes et pas que le matin mais globalement, il n’y avait pas de quoi se plaindre, certaines femmes en bavaient bien plus qu’elle, à en croire un tas de témoignages pas toujours voulus qu’on lui avait pourtant livrés car les gens ne pouvaient s’empêcher de vous rappeler que le pire pouvait encore survenir.@Noah Wade

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Si Noah avait beaucoup de difficultés avec les adultes de façon générale, il arrivait assez bien à s'entendre avec les enfants et les animaux. Quand Ixchel l'approcha, elle eut son comptant de câlins et de gratouilles sous la mâchoire, sous les oreilles, sur le front. Bref, le jeune acteur aimait la compagnie des animaux. De son aveu même, il les préférait car avec eux, pas de risque de trahison. Un jour, il en aurait chez lui. Bon, dans l'immédiat il devait en parler à Jude, puisqu'ils partageaient une colocation. Cela viendrait, un jour... ou pas. Après tout pour le moment, il n'y avait que deux et tout se passait plus ou moins bien. Il prit la bière aimablement donnée par Robin et en but une gorgée. Un petit souci avec l'alcool ? Voilà un sujet qu'il valait mieux éviter de mettre sur la table parce que Noah refusait qu'on le taxe d'alcoolique. Il n'avait rien à voir avec ces mecs minables qui finiraient leur vie bouffés par une cirrhose ou un cancer de la gorge. Et pourtant... même s'il ne l'admettrait jamais, il avait quand même la picole facile. Il prenait régulièrement des cuites et tout était un prétexte pour fêter "ça". Pour l'instant, il ne ressentait pas le besoin de boire dès le début de la journée, mais c'était quotidien, pas souvent avec modération et presque systématique. La frontière entre l'addiction et le plaisir restait mince... sans en avoir conscience, il l'avait franchie depuis plusieurs années, à New York. Et de temps en temps, il vivait des hauts et des bas, en fonction de ses humeurs, de son état d'esprit. Heureusement, depuis quelques mois, il n'était plus tout seul. Jude était entrée dans sa vie et elle arrivait, sans qu'il ne l'explique, à faire sauter les verrous un à un. Pauvre d'elle... à chaque fois qu'elle ouvrait quelque chose en lui, elle se confrontait à toute la noirceur et l'aigreur qui l'habitaient. Bref... de tous les mecs d'Island Bay, elle n'avait clairement pas choisi le meilleur et le plus facile...

Robin rebondit sur la guitare et émit ce qui semblait être un reproche. En temps normal, Noah aurait répondu avec un ton cassant qu'elle n'était pas sa mère. Mais elle touchait un point sensible. La gratte, c'était LE truc qui les rapprochait, même si Noah ne le montrait pas. Imaginez que sa grande soeur puisse penser qu'il l'admirait beaucoup et qu'elle s'en serve contre lui ? Oui, point important, c'est que dans la vie du jeune homme, tout était analysé et interprété au travers de sa personnalité. C'était LUI, qui se servait des émotions des autres pour faire mal si jamais quelque chose lui déplaisait. Lui encore, qui allait minimiser les points communs pour se confronter à la personne. Lui, toujours, qui préférait faire semblant d'être un enfoiré plutôt que de prendre une main tendue vers un apaisement. Il ignorait pourquoi il faisait tout ça. Peut-être qu'un psy pourrait décrypter le personnage dans laquel il s'enfermait depuis des années. Encore fallait-il qu'il aille en voir un et là, plutôt crever. En attendant, il préférait utiliser l'attaque plutôt que de s'humaniser. Sauf aujourd'hui... enfin, plutôt ces derniers temps. Quelquefois, il retombait dans son côté infect, mais globalement, il était un peu moins ulcéré. Il se contenta de hausser les épaules, avant d'admettre :

- Je n'en ai pas joué depuis des mois... et encore si on peut appeler ça jouer. La dernière fois, c'était pour draguer deux femmes... ben d'ailleurs... les deux qui tu as vues le jour où tu es venue à l'improviste à mon ancien logement... ou alors c'était les deux de la veille... enfin bref, peu importe... Je ne joue plus trop, c'est pour ça que je suis rouillé.

Utiliser sa guitare pour draguer des filles, un classique des séducteurs, auquel Noah n'échappait pas. Il n'avait rien inventé sur ça ! Il but à nouveau sa bière, n'attendant rien de précis sur ce qu'il venait de dire. De toute façon, ça l'intéressait davantage de savoir comme allait sa future nièce, qu'il avait déjà intégrée à sa vie, quand bien même elle n'était pas née et qu'un malheur pouvait hélas arriver. Il allait être tonton une troisième fois et pour le coup, ça lui plaisait bien, surtout qu'il s'agissait d'une fille ! Il l'observa, caresser son ventre, en confiant que tout allait bien. Ce petit moment-là lui donna presque envie de la serrer dans ses bras, parce qu'il était aussi heureux pour elle. Elle affichait un sourire heureux, mignon et elle avait de quoi ! Mais bon, Noah n'allait quand même pas manifester une preuve d'amour fraternel comme ça, gratuitement, ça serait un comble. Que l'idée même lui ait traversé l'esprit l'écœura.

- Tant mieux ! Encore plusieurs semaines à passer et elle sera là ! Je suis content que ça ne soit pas encore un garçon. C'est cool, hein, y'en a déjà deux dans la famille, mais une nièce, ça sera mieux ! Et puis, elle aura moins de chances de ressembler à un dandy !

Hop, petit tacle pour Matt, qui n'avait pas la même saveur du fait qu'il était absent. Mais quand même, ça lui faisait du bien d'en placer un, comme ça, pour la musique, pour le plaisir.

- Tu continues à bosser en ce moment ? Ou tu as mis en pause ? Faut te ménager un peu ! D'ailleurs, tant que je suis là, dis-moi si tu veux un coup de main pour deux trois trucs.

Sa main, il la tendait avec une rudesse bien apparente. Non pas parce qu'il s'y sentait obligé mais tout simplement parce qu'il n'avait pas l'habitude de faire preuve d'altruisme. Généralement il préférait laisser les gens se démerder, sans que cela ne l'émeuve.

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Les deux femmes qu’elle avait croisé la dernière fois qu’elle était passée le voir. Robin préféra passer outre le fait que son frère n’était qu’un goujat croyant toutes les femmes interchangeables étant donné qu’il ne se rappelait plus si c’était à elles ou aux deux de la veille qu’il avait joué de la guitare – parce que c’était Noah et que personne ne devrait s’attendre à mieux venant de lui, surtout pas elle, ça évitait les déceptions et on pouvait alors le trouver un tout petit peu plus agréable à fréquenter -, mais songea que pfiou, ça commençait à faire un bail. En revanche, il ne lui vint pas à l’idée de juger le fait de se servir de son talent à la guitare pour mettre quelqu’un dans son lit puisqu’elle l’avait fait aussi. Dans ces moments-là, il fallait mettre toutes les chances de son côté, mettre en valeur ses atouts, quels qu’ils soient. Et c’est bien connu que tout le monde craque pour les musiciens. De plus, et c’est sans doute méchant de sa part, mais en dehors de ça, Noah n’avait pas grand-chose d’autre pour lui. Il pourrait, à condition de faire un petit effort. Autant lui demander d’aller à Hawaii en rollers.
« Okay, je vois. J’espère que tu as donné le max lors de cette dernière fois, alors. »
Puis ils en vinrent tout naturellement à discuter de la crevette. Comment faire autrement ? Depuis qu’elle avait appris qu’elle était enceinte, c’était devenu son principal sujet de conversation avec tout le monde. Sauf peut-être avec Nick car elle le savait pas très doué avec les enfants en règle générale et pour cause, c’était elle qu’il avait appelé à la rescousse le soir où l’une de ses sœurs n’avait trouvé personne de mieux pour jouer les baby-sitters. C’était elle aussi qui avait accidentellement un peu empoisonné sa nièce puisqu’elle l’avait laissée fouiller dans son sac, tomber sur un échantillon de gel douche et… Oh, vous vous doutez probablement de la suite. Cela étant, Robin avait appris de ses erreurs : plus jamais elle ne laissait traîner son sac à portée d’enfants. Mais sinon, tout le monde se montrait très enthousiaste à l’idée de rencontrer la crevette, eux – Matt et elle, bien sûr – les premiers. Ça ne l’étonna pas tant que ça que son frère lui avoue que lui aussi avait hâte. Dans le fond, il se comportait très bien avec leurs neveux. Enfin, quand il ne révélait pas au plus vieux que le Père-Noël n’existait pas, évidemment. Un nouveau sourire élargit ses lèvres quand Noah dit qu’il était content que ce soit une fille. Il ne faut pas croire, elle adorait Leo mais elle n’avait pas pu s’empêcher de ressentir une très légère pointe de déception lorsqu’ils avaient appris que c’était encore un garçon.
« Je suis contente, moi aussi. Il fallait bien une fille pour tenir un peu tête à nos neveux. Et puis je me suis toujours imaginé que c’est une fille que j’aurais. »
Voire plusieurs, Robin s’était toujours vue entourée d’enfants. Raison pour laquelle elle avait si mal vécu l’annonce de la dernière grossesse de Celeste. Tout en étant tout de même heureuse pour elle parce que c’était sa sœur, sa petite préférée, inutile de le cacher. Un sentiment pour le moins étrange. Puis elle leva les yeux au ciel en entendant la suite. Un dandy… Son mari ne ressemblait pas non plus à un dandy.
« J’espère qu’elle ressemblera beaucoup à son père, en ce qui me concerne. »
Même pas que physiquement ; Matt était la personne qu’elle aimait le plus au monde, alors si leur fille lui ressemblait, elle n’en serait que plus folle encore. Elle acquiesça lorsque son frère lui demanda si elle travaillait toujours en ce moment. Trop tôt pour prendre son congé maternité.
« Oui, je suis une femme qui vient de se marier à l’étranger travaillant dans un secteur où personne n’est irremplaçable, tu penses bien que je vais continuer jusqu’à ce qu’on me l’interdise. »
Pas le choix si elle voulait être sûre de récupérer sa place après. Là-dessus, Noah lui fit savoir qu’il restait à disposition si besoin. Enfin, ça n’avait pas été dit en ces termes et elle doutait que c’était exactement ce qu’il avait voulu dire, mais elle pensait quand même avoir compris l’intention derrière. Si ça faisait bizarre d’entendre ces mots sortir de sa bouche, ce n’était plus si surprenant : elle savait qu’il avait dit la même chose à Celeste. La différence, c’est que leur sœur s’était retrouvée seule à affronter tout ça – Robin prenait de plus en plus conscience du courage qu’elle avait eu, d’ailleurs -, alors que Robin a Matt pour l’épauler.
« C’est très gentil de ta part, j’hésiterai pas ! »
Ça, c’est ce qu’elle disait mais ils se doutaient tous les deux qu’en cas de pépin, Noah ne serait pas la première personne vers qui elle se tournerait.@Noah Wade

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- Oui, ça fera du bien d'avoir une fille ! L'autre jour, je suis allé dans un magasin pour acheter de nouvelles chaussettes et j'ai vu de beaux vêtements mignons ! Il y en avait qui faisaient très genrés, tu sais, rose pour les filles, bleus pour les garçons... compte pas sur moi pour entretenir ce cliché là, par contre... Mais je les trouve très créatifs pour les bébés ! Ca change des trucs moches que se coltinent les adultes.

Vous aussi, vous avez du mal à imaginer Noah dans le rayon "bébé" ? A vrai dire, il ne s'y est pas rendu de façon volontaire. Il y est passé par pur accident, parce qu'il s'est perdu. Les magasins, il détestait ça. C'était de notoriété publique. Enfant, pendant que Robin et Abby, leur mère, s'occupaient de faire les courses, il leur faisait vivre l'enfer. Il commençait généralement par prendre des choses et exiger qu'on les lui achète. Bien souvent, sa mère refusait parce que le budget n'était pas illimité. Et bien évidemment, ça partait en caprice et en hurlements. Du genre qui horripile tout le monde. En grandissant, le gamin capricieux s'était transformé en adolescent blasé, ne venant que parce qu'il y était contraint, pour aider sa mère à porter les sacs... Aucun rayon ne trouvait grâce à ses yeux, ni les livres, ni les DVD, pas même les jeux vidéos. Mais étonnamment, le rayon lingerie féminine, lui, avec ses photos de femmes à moitié à poil, c'était le seul qu'il ne critiquait jamais. Désormais adulte et pas plus agréable, il était la hantise des vendeurs et des vendeuses. Le client jamais satisfait, qui prenait un malin plaisir à trouver quelque chose à redire sur tout et de préférence en caisse pour bien faire chier tous les gens qui se trouvaient derrière lui. C'est pour ça que généralement, on le trouvait plutôt au marché, parce qu'il en gardait aussi de bien meilleurs souvenirs d'enfance que dans les grandes surfaces. D'ailleurs, quand Robin le prenait avec elle pour aider à porter les provisions, elle ne l'entendait pratiquement pas. Elle le surprenait même à s'émerveiller devant la viande du boucher, ou les pâtisseries.

- Oui, je sais que tu vas continuer à travailler sans relâche, mais fais juste attention à toi. Il faudrait pas qu'il t'arrive un truc, tu vois...

Noah avait plusieurs fois été capable de démontrer qu'il pouvait afficher de l'empathie et de la reconnaissance. C'était juste beaucoup trop rare et beaucoup trop entrecoupé de réflexions désobligeantes. Cela dit, la santé de ses sœurs revêtait une importance certaine pour lui. Et là dessus, même quand il était plus jeune, avec son caractère impossible, il changeait dès qu'il prenait conscience que ça pouvait mal aller chez un des membres de la famille. Il ne se sentait pas prêt à perdre qui que ce soit. La mort de son père l'avait marqué et le traumatisme de son absence, de son départ prématuré, laissait une blessure béante, qu'il ne parvint jamais à refermer. En lieu et place, il avait mis tout un tas de trucs dessus pour cacher ses émotions. S'il faisait le gros dur insensible, ça ne l'empêchait pas d'être angoissé dès qu'il apprenait que Robin, Celeste, Lou, Lane ou leur mère était mal en point. Il refusait d'en perdre un, et d'envisager cette possibilité. Il était bien déterminé à mourir avant eux, à partir avant les siens pour ne jamais affronter leur flamme qui s'éteint, comme le disait une chanson française. Alors oui, il souhaitait intensément que sa sœur se porte au mieux et ça n'était pas feint, ni forcé. Enfin, comme toujours c'était quand même pour que lui se sente bien... on ne change pas un Noah qui gagne ! Cela dit, même s'il savait que Robin ne ferait pas appel à lui en premier en cas de problème, il ne lui disait pas cela pour faire genre. Il se tenait vraiment à sa disposition. Après, elle était grande et prenait ses propres décisions. Il refusait de s'imposer dans quoique ce soit, détestant ce genre de pratique à son égard.

Là-dessus, il respectait une certaine distance, même si ça ne l'empêchait pas de temps à autre de vouloir aider. De toute la fratrie, il restait sûrement le plus égoïste et le moins "fréquentable", cela lui convenait. Cela dit, il n'était pas vache jusqu'au bout, il lui arrivait de montrer qu'il avait lui aussi le sens de la famille des Wade. Il désigna sa guitare et dit à Robin :

- Tu veux qu'on s'y mette ? Il me faut la réaccorder.

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En vérité, ça ne l’étonnait pas outre mesure que son frère soit passé devant un rayon pour bébés. Il a deux neveux et Leo était encore petit, mine de rien. Puis il aurait bientôt une nièce et, bizarrement, il se comportait d’une tout autre manière avec les plus petits. Comme si c’était une autre personne que le Noah parfois carrément détestable qu’elle avait toujours connu. Donc non, ça ne la surprenait pas le moins du monde, à vrai dire. Ce qui était légèrement plus perturbant aux yeux de Robin, était de parler de ce genre de choses avec lui. Ainsi, il lui apprenait avoir vu de très jolis mini-vêtements bien que parfois très genrés. Ajoutant qu’il ne faudrait pas compter sur lui pour respecter la tradition. Comme presque toujours quand c’était le cas, l’ancienne étudiante en Histoire de l’Art en elle se sentit obligée de rectifier le tir.
« De toute façon, c’est parfaitement idiot. Il n’y a pas encore si longtemps, c’était l’inverse : le rose pour les garçons et le bleu pour les filles, donc peu importe les couleurs, si tu veux mon avis. »
En revanche, elle ne vit pas l’utilité d’expliquer le pourquoi du comment, elle voulait juste signaler qu’elle n’attendait surtout pas que, juste parce qu’elle attendait une fille, tout le monde ne lui offre que des vêtements roses et des poupées. Bien qu’elle ne résisterait probablement pas à l’envie de le faire elle-même mais pas que.

Quoi qu’il en soit, ils en vinrent ensuite à parler de son travail. Malheureusement, ou heureusement car au fond, elle aimait beaucoup son travail, Robin ne pouvait pas se permettre de prendre son congé maternité trop tôt. Bien évidemment, elle ne prendrait aucun risque ; ça faisait bien trop longtemps qu’elle désirait ce bébé pour ne serait-ce que risquer le moindre pépin. Mais si tout se passait bien… Alors il y avait de fortes chances qu’elle aille jusqu’au bout. Néanmoins, ça la touchait de voir que Noah s’en souciait réellement. Bien sûr, elle savait pertinemment que ce n’était pas totalement désintéressé et que, sous ses airs subitement altruistes, devait se cacher une motivation plus égoïste. Elle n’avait même pas besoin de poser la main sur lui pour le savoir, elle le connaissait, c’était son frère et il y avait fort à parier qu’il ne changerait jamais. Qu’à cela ne tienne, elle s’en contenterait.
« Je sais. Ne t’en fais pas, la santé de la crevette passe avant tout le reste. »
Avant son travail, avant son propre bien-être, même. Même si, pour l’heure, son bien-être et celui de la petite étaient étroitement liés.

Là-dessus, Noah lui demanda si elle voulait qu’ils s’y mettent, en désignant sa guitare du doigt. Ce qui l’arrangeait pas mal parce que la musique, c’était leur truc à tous les deux. Un peu la seule chose qui les rapprochait, d’ailleurs. Encore que c’est sans doute parce que Robin ne faisait pas d’efforts non plus car au fond, elle était de ceux avec qui on peut parler d’à peu près n’importe quoi. Très cultivée, à peu près autant qu’ouverte d’esprit, il n’était pas bien difficile de trouver un sujet de conversation avec elle mais elle s’était persuadée il y a longtemps déjà qu’entre son frère et elle, ça serait compliqué alors pourquoi ne serait-ce qu’essayer d’y mettre un peu du sien, hm ? Toute heureuse, elle hocha donc vivement la tête, s’empara de son verre et prit la tête de leur petite expédition après un :
« Suis-moi. »
Ixchel sur ses talons. Le Dobermann avait toujours pris très à cœur son rôle de gardien mais depuis qu’elle était enceinte, elle refusait de la lâcher d’une semelle. Retour dans le couloir pour emprunter l’escalier principal, monter au premier, longer un autre couloir et enfin arriver à son studio de musique. Robin n’avait que deux guitares, une sèche et une électrique, elle n’avait pas besoin de tellement de place mais elle avait besoin d’une pièce insonorisée. D’accord, leur manoir se trouvait loin de tout et surtout de tout le monde, mais la jeune femme se réveillait parfois au beau milieu de la nuit avec l’envie de jouer de la musique et de pousser la chansonnette. Et si son époux avait la chance d’avoir le sommeil lourd, leur fille n’hériterait peut-être pas de cette qualité.
« T’en dis quoi ? Ça en jette, non ? Et on peut faire tout le bruit qu’on veut sans déranger personne. »@Noah Wade

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Noah ne prenait que très rarement des nouvelles de ses proches. Envoyer un SMS lui prenait la tête, parce qu'il n'avait pas le nez rivé sur son téléphone en permanence, sauf s'il s'agissait de Lovemaker ou de Tinder, mais ça, c'était avant Jude. Quant à appeler... pour dire quoi ? Salut, ça va bien ? Moi ça va, bisous ? Ca ne l'intéressait absolument pas. Il détestait les appels téléphoniques, ça le gavait plus qu'autre chose. Et puis bon, il avait toujours l'impression que la personne en face s'attendait à une mauvaise nouvelle. Logique, vu qu'il lui arrivait très régulièrement de faire le mort et de se comporter comme s'il n'avait pas de famille. Pourtant, ses soeurs, sa mère, son petit frère, il les aimait. Il possédait juste un sérieux problème pour le leur montrer. Par chance pour lui, tout le monde le cernait suffisamment pour savoir qu'il était un sacré égoïste mais qu'il ne se résumait pas qu'à un mauvais fond. Il pouvait aussi se montrer gentil et attentionné, il ne voulait juste pas que ça se sache. Quand il demandait à Robin de faire attention, il était sincère. Autant pour elle que pour le bébé. Elle était l'aînée de leur fratrie, celle avec qui il se prenait le plus le bec, encore que ces derniers temps, avec les années et la maturité, il ne se comportait plus comme cette terreur capricieuse et odieuse qu'il fut. Ce ne serait pas peu de le dire, mais le qualificatif de difficile à suivre lui allait bien, à son frangin ! Leur mère s'en rappelait bien ! Et la maison familiale aussi ! Ses crises et ses frasques laissaient de belles empreintes, même aujourd'hui. Comme ni l'un ni l'autre ne tenait à faire dans le sentimental et à s'attarder sur ce genre de conversation, ils se mirent en route vers le studio d'enregistrement de Robin.

Alors qu'il la suivait, et qu'il couvait du regard son doberman, magnifique au demeurant, il se mit à réfléchir. Il était enthousiaste à l'idée de jouer avec sa soeur. Surtout que s'il aimait la guitare, c'est parce qu'enfant, il l'entendait jouer, des étoiles plein les yeux. Il ne fallait pas croire qu'il ne voulait que la gloire. Il admirait chaque membre de sa famille, en secret. L'avantage d'adopter une telle attitude, c'est que personne ne venait essayer de gratter de l'amitié. C'était rude et amer comme personnalité, pourtant, Noah se disait qu'en restant le plus loin possible de ce foyer, il ne lui manquerait pas si un jour il disparaissait. Et puis il pouvait continuer à ruiner son existence comme un grand garçon, en faisant des choix stupides et inconsidérés, juste par orgueil. En marchant dans son sillage, il se rendait compte que Robin était heureuse, désormais. Elle avait trouvé l'homme de sa vie, ils attendaient un heureux évènement et ça, mine de rien, ça lui faisait plaisir aussi. Il était capable de se réjouir du positif, quand il arrivait aux autres. A son tour, connaitrait-il le même genre de bonheur ? Avec Jude, tout semblait si dingue. A aucun moment, il ne se serait imaginé que sa vie puisse basculer ainsi. Le confierait-il à Robin ? Certainement pas... de toute façon, elle n'en avait surement rien à faire ! Combien de fois l'avait-il envoyée paître parce qu'elle essayait de s'intéresser à lui ou de le conseiller ? Il détestait qu'on s'immisce dans sa vie et il ne pouvait s'empêcher de croire qu'elle allait le juger. Ou alors plaindre Jude... Cela dit, elle en possédait toutes les raisons du monde ! Puisqu'il ne faudrait pas être devin pour savoir que Noah était invivable. Elle pouvait parler d'expérience ! Mais ça, il n'était pas prêt à l'entendre. Il faisait déjà pas mal d'efforts pour être moins con, ne lui en demandons pas trop ! Ils arrivèrent bientôt dans le studio de musique. Le jeune homme resta silencieux en voyant la pièce, scotché par la beauté de l'endroit... le cadre était parfait. Idéal... et ça ressemblait tellement à Robin ! Intimiste, simple et en même temps si classe. Il caressa l'un des murs épais, avant de répondre :

- Et comment que ça en jette ! C'est juste magnifique ! C'est marrant, je n'aurais pas imaginé la pièce autrement, elle te résume plutôt bien ! Et j'ai limite l'impression d'être un intrus dedans. Comme si c'était ton temple... Belles guitares !

Il s'approcha des instruments. Jamais, ô grand jamais, il n'avait touché les grattes de sa soeur. Par pur respect, tout simplement. Il aurait pu le faire, pour lui casser les pieds ou la faire sortir de ses gonds, mais ça lui traversa jamais l'esprit.

- Un jour, j'aurais peut-être un truc similaire... pour jouer tranquille sans avoir un voisin qui vienne m'emmerder et me demande de la mettre en sourdine... ou pour répéter mes textes... Bon avec autant d'insonorisation, on ne doit pas bien capter, je suppose. J'avais un morceau à jouer, j'ai l'oreille un peu rouillée, alors j'ai lancé le téléchargement avant de venir et je l'ai mis sur mon téléphone. Ca donnerait ça...

Il sortit son portable et lança la piste sonore. L'air de guitare était un peu complexe, parce que bourré d'accords. C'était ça qui gênait le plus Noah. Il sortit sa guitare de son étui et pinça les cordes doucement. Le son qui en sortit était loin, très loin d'être parfait... Elle était clairement désaccordée et franchement, ça donnait un truc pas très agréable à écouter. Il espérait que Robin ait un accordeur, ou qu'elle utilise son oreille musicale pour l'aider. Lui, il essayait mais il faudrait un peu de temps pour récupérer ce qu'il avait perdu à force de ne pas pratiquer.

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Robin avait beau craindre de perdre son travail, principalement parce qu’elle l’aimait bien, pas tant parce que ça rapportait énormément – c’était même plutôt l’inverse mais il n’y avait qu’à jeter un coup d’œil à ce manoir pour s’apercevoir qu’elle n’était pas dans le besoin même si c’était principalement grâce aux revenus de son mari -, elle n’était pas sans savoir qu’à bientôt quarante ans, elle était tombée enceinte sur le tard et qu’elle menait donc une grossesse un peu plus à risques. Alors évidemment, au moindre signal d’alerte, elle prendrait son congé maternité. Et tant pis si ça ne plaisait pas à la direction du musée qu’elle enchaîne les congés comme ça. Cette précision faite, ils purent passer à quelque chose que les intéressait tous les deux : la musique. Il se trouve que Robin avait tenu à s’aménager un petit studio ; il y avait tellement de pièces dans ce manoir que c’était l’occasion ou jamais. Elle n’avait cependant pas besoin de beaucoup de place, étant la seule à jouer d’un instrument dans sa toute nouvelle famille – quoiqu’elle compte bien transmettre son savoir à la crevette dès qu’elle en aura la possibilité, qu’elles puissent partager ça toutes les deux – alors elle s’était installée dans une des plus petites pièces qu’elle ait pu trouver. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’elle n’en était pas peu fière, de son petit studio, comme en témoignait son expression au moment de la présentation. Puis elle pouffa à l’évocation de son temple. Cette idée lui plaisait beaucoup. Pourtant, c’est très certainement dans cette pièce précise que Noah était le plus à sa place. Avec un petit sourire elle répondit :
« Je suis contente que ça te plaise. »
Puis il lui fit part de son souhait d’avoir quelque chose de similaire plus tard. Ah oui, parce qu’elle croyait se souvenir que sa mère lui avait dit qu’il vivait désormais en colocation. Et ça, ça lui semblait presque impossible. Qui pouvait donc supporter son frère au quotidien sans que ça ne se termine à coups de poing ? Quelqu’un qui part souvent en voyage, sans doute. Soit, il n’était pas question qu’elle commence à se montrer désagréable alors elle se contenta de glisser un :
« Ça se passe bien dans ta coloc’ ? »
Rapide avant d’écouter la suite. En prévision de ce moment, Noah avait téléchargé un morceau car il était un peu rouillé. Hochant la tête, elle écouta la musique et laissa son frère sortir sa guitare et commencer à jouer. Comme celle-ci n’était pas accordée, le son n’était pas tiptop, mais c’était normal ; il l’avait prévenue. Farfouillant dans un tiroir, Robin finit par mettre la main sur un accordeur qu’elle tendit à son frère avant de se saisir d’une de ses propres guitares pour jouer avec lui.@Noah Wade

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« Pardon ? Oui... oui ça se passe très bien, pourquoi ça ne passerait pas bien d'abord ? C'est quoi cette question ? »

Comme souvent quand des gens s'intéressaient d'un peu trop près à sa vie privée, Noah se mettait sur la défensive. Robin avait mis le doigt sur quelque chose, sans même le savoir. À vrai dire, la dernière fois qu'elle s'était rendue chez lui, c'était dans son ancien logement. Et elle n'y avait pas été très bien reçue... enfin quoique, connaissant son frère, elle pouvait déjà se satisfaire qu'il ait ouvert la porte et qu'il ait daigné discuter. Non, Noah n'était pas commode, mais après avoir été foutu dehors par le propriétaire, auquel il avait d'ailleurs refait le portrait, soit dit en passant, il avait accepté de partager son environnement avec quelqu'un. Bon, il ne s'agissait pas de n'importe qui, puisque la jeune femme s'appelait Jude. C'était elle qu'il avait croisé à la Saint-Patrick, au milieu de la fête foraine. Ce soir-là, il s'en rappellerait toute sa vie tant les évènements tournèrent au fiasco. Il avait délaissé son plan du soir pour s'intéresser à la soldate du feu. Non seulement il perdit ses moyens, mais en prime, il oublia de lui demander son numéro… Incapable de la retrouver, ils s'étaient croisés par hasard quelques semaines plus tard. Jude lui ayant dit qu'elle cherchait un colocataire, il mit un peu de temps avant de dire oui, conscient qu'entre eux deux, quelques chose de "pas net" se passait. Et finalement, après qu'il ait signé son contrat au studio, ils transformèrent toute la tension sexuelle en moment torride. Ok, ça ne surprenait personne que Noah se tape sa coloc... pas même Robin. Elle avait bien vu deux nanas sortir de chez lui, une fois… Et de toute façon, ses frasques étaient connues, il y veillait puisqu'il s'en vantait. Là où les choses devaient un peu alerter son entourage, c'était sur le fait que depuis quelques mois maintenant, il n'était pas apparu avec une autre femme. Et ça, quand on le connaissait bien, ça paraissait aussi bizarre qu'impossible. Éludant la question de Robin d'une manière un brin désagréable, il s'installa, avec sa guitare et à l'aide de l'accordeur, il tendit les cordes pour obtenir les bonnes notes.

« Il n'empêche, ton studio, il est vraiment sympa. C'est royal d'avoir un tel espace pour soi. Et l'acoustique est parfaite ! Bon sang... saloperie de corde... »

Il s'énerva légèrement alors qu'il avait quelques difficultés pour accorder son instrument. Il finit par y parvenir. Le son qui en sortit fut bien plus agréable ! Il se positionna face à Robin qui était prête et avait même commencé à jouer un peu. Sans grande surprise, elle avait l'air de maîtriser les accords. Ça suscitait chez Noah un sentiment de jalousie, très balayé par de l'admiration. Elle restait une virtuose de la guitare, à ses yeux.

« Je ne sais pas comment tu fais pour jouer toujours aussi bien... et je n'ai jamais compris pourquoi tu étais restée dans le coin... tu aurais pu être une star, faire des concerts... avoir la gloire. Tu vas me dire qu'être appréciée par son petit frère, ça ne fait pas de soi une icône, mais je vais te prendre que le petit frère s'appelle Noah Wade. Et tu sais que je suis le premier à être exigeant et à ne pas m'enthousiasmer pour un rien. »

Il fallait y voir un compliment davantage qu'une critique. Noah n'avait jamais été très adroit quand il s'agissait de glisser de gentils mots affectueux. Alors il n'en formulait jamais, ç'allait plus vite ainsi. Il rata l'un des accords et s'agaça, tapant du pied sur le sol :

« Putain... je me foire à chaque fois ! C'est pas possible... »

La patience non plus, ça n'était pas son fort... Noah avait beaucoup de mal à gérer sa colère, depuis qu'il était tout petit. La moindre frustration le mettait en rage. Alors la musique, qui demandait beaucoup de discipline et du calme, c'était quelque chose de compliqué pour lui. Même si, une fois calme et entièrement concentré dessus, il se débrouillait bien.

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Pourquoi ça ne se passerait pas bien dans la colocation de Noah ? Robin pourrait énumérer tout un tas de raison pouvant expliquer son innocente question, mais ils n’étaient pas là pour se prendre le bec. Pas aujourd’hui, elle n’en avait pas envie. Raison pour laquelle elle se contenta d’hausser les épaules en répondant :
« Oh, parce que je te connais. »
Et cette réponse à elle seule aurait pu suffire à mettre le feu aux poudres mais elle resterait elle-même ; avec Celeste et leur mère, elles avaient été ses toutes premières colocataires. Elles étaient donc bien placées pour savoir que ce n’était pas tous les jours facile. Bien au contraire. Quoi qu’il en soit, ils préférèrent tous deux se concentrer sur un autre sujet, à savoir son studio. Il n’était certes pas bien grand parce qu’elle n’en avait besoin que pour pouvoir jouer quand l’envie lui prenait et pas pour qu’elle puisse composer ou enregistrer, ce n’était pas vraiment son rayon, mais elle le trouvait tout de même parfait. Sourire aux lèvres, elle acquiesça.
« C’est mon petit havre de paix. »
Un havre de paix qui ne lui servait donc qu’à ça. Il est vrai qu’elle aurait pu se faire un autre studio, un studio dans lequel elle aurait pu restaurer des toiles ou de sculptures depuis le manoir, voilà qui aurait été plus utile mais bien qu’elle adore son travail, elle n’avait pas non plus envie que sa vie ne tourne qu’autour de ça. Très peu pour elle. Ce qui explique qu’elle préférait laisser son travail au musée.

Soit, elle attendit que son frère ait accordé sa guitare. Enfin, plus ou moins étant donné qu’elle avait déjà commencé à jouer. Noah lui fit alors part de quelque chose qui l’intriguait : pourquoi elle était toujours ici ? Au lieu de faire des tournées quelque part dans le monde, sans doute ? Nouveau sourire.
« Ça, je sais. Il faut presque te les arracher par la force, les compliments. »
Ce qui les rendait d’autant plus sincères lorsqu’ils lui venaient spontanément. Nouveau haussement d’épaules, cette fois.
« J’ai eu des propositions. Tu sais, à l’époque où je faisais partie de mon petit groupe ? Mais dans un premier temps, cette offre ne concernait que moi et pas les deux autres et je n’avais pas envie que ça nous sépare. Et puis tu me connais aussi, je suis pas vraiment du genre à prendre des risques inconsidérés. »
Elle aimait bien convaincre tout le monde – ainsi qu’elle-même – qu’elle avait refusé parce qu’elle savait que faire carrière dans ce milieu était tout sauf certain et mettre de côté qu’en ce temps-là, elle se sentait indispensable au sein de la famille. Au point de ne pas pouvoir vivre pour elle-même. Ce qui au fond n’était pas si grave puisqu’elle ne regrettait pas non plus d’être devenue restauratrice plutôt que rockstar. Le voyant commencer à s’impatienter, elle lui prodigua un conseil dont il ne tiendrait pas compte, elle s’en doutait.
« Pas de pression, ça revient quand ça revient. »
Et ce n’était pas vraiment comme pour le vélo, jouer de la musique demandait un minimum de pratique.@Noah Wade

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**○ inscrit le** : 25/11/2020

- Il faut les mériter, mes compliments c'est tout. Les gens aiment trop se bercer d'illusions, je refuse de rentrer dans leur jeu. Si c'est nul, faut le dire. Si c'est bien, ben il faut aussi le dire avec modération, sinon les gens se reposent sur leurs lauriers.

C'était tout ? Non, pas vraiment... Noah avait aussi un problème pour faire les compliments tout court. Il n'aimait guère en recevoir et n'appréciait donc pas d'en donner. Généralement, quand quelqu'un lui disait quelque chose de positif, il considérait ça comme faux et hypocrite. Il répondait de façon très désagréable. Quand on avait l'habitude de le fréquenter, on s'en offusquait rarement. Encore que, parfois, il pouvait se montrer méchant envers des personnes auxquelles il tenait. Et ça, non seulement ça n'était pas sympa pour son entourage mais ça pouvait faire dégénérer complètement une situation. Noah Wade était persuadé que la gentillesse n'existait pas. Elle serait juste d'enrobage à tout un tas de conventions sociales. Quand il complimentait quelqu'un, la rareté de l'évènement faisait que l'on doutait peu de sa sincérité. Il formulait des éloges méritées. Robin devait-elle se satisfaire de cette situation ? Avait-elle le choix ? Quand on a un petit frère qui agit comme le plus parfait des connards avec tout le monde, famille comprise, il ne fallait pas trop en attendre. Et puis, au final, une fois qu'on connaissait l'animal, non seulement il devenait prévisible mais aussi il n'avait plus de risque de décevoir. Dans la mesure où durant leurs jeunes années, Robin avait été tantôt admirée, tantôt détestée par ce gosse capricieux, elle ne plaçait probablement pas trop d'enjeux sur leur relation. Et ça, Noah le savait bien. Lui qui avait œuvré à ce que le conflit dure pendant des années, il commençait à se demander s'il n'était pas en train de passer à côté de quelque chose de bien... tout ça parce que son égo prenait toute la place. Fort de ce constat, il jugea donc opportun de contrebalancer son propos positif par un jugement. Il n'aurait pas été lui-même s'il n'avait pas envoyé une pique acerbe.

- C'est typiquement toi, ça... de te sacrifier pour les autres... Franchement, j'ai jamais trop compris. Ton groupe était sympa, mais je ne me rappelle même plus comment ils s'appelaient, ni à quoi ils ressemblaient. Tu aurais du signer en solo et faire carrière. Je pense que tu aurais eu un succès de dingue. T'en as pas un peu marre de jouer les héroïnes, frangine ?

Dans sa bouche, ça sonnait comme une critique virulente. L'amitié, Noah n'était pas franchement à l'aise avec. Bien sûr, il y avait Josh... mais clairement, dans leur relation, celui qui avait la patience de le supporter et de garder un lien avec lui, était du genre patient et loyal. N'importe qui d'autre aurait mis de la distance, après lui avoir démoli le portrait parce que ça faisait du bien. Au final, Noah vivait de façon solitaire. Il ne pensait qu'à lui, il avait fait le ménage autour de lui, même avec sa fratrie. Ce qui était paradoxal, c'est qu'au fond de lui, il aurait aimé pouvoir être complice avec les autres. Mais il restait cette incapacité à gérer ses émotions et à nouer des liens avec les autres, alimentée par la peur de les perdre comme il avait perdu son père. La plaie n'était pas cicatrisée, parce qu'il refusait de faire ce qu'il fallait.

- Dès que j'ai eu l'occasion, j'ai pensé à ma belle gueule. Bon, quand j'y repense, ça ne m'a trop réussi pour le moment, mais en persévérant... Il faut que je travaille plus dur, encore, c'est tout.

Et tout en disant cela, il s'acharna sur cette pauvre guitare qui n'avait rien demandé.

- C'est rageant, bordel !

Il laissa échapper un soupir d'agacement et ferma les yeux. Comme à Broadway, avant de monter sur scène, il se concentra, fit un peu le vide dans sa tête. Il visualisa les cordes et répéta plusieurs fois les accords de façon isolée. Tout était dans la souplesse. Robin gérait bien parce qu'elle avait l'habitude et qu'à l'inverse de lui, aussi, elle disposait de mains fines. Noah réussit à faire un enchainement et rouvrit les yeux, enthousiaste :

- Ah voilà... tu as vu, là c'est mieux non ? Pas encore parfait mais je vais y travailler !

Il répéta plusieurs fois l'enchainement jusqu'à ce qu'il soit plus fluide. Au final, ça n'était toujours pas du niveau de Robin, mais malgré tout l'ensemble donnait quelque chose de sympathique. Comme si une mouche venait de le piquer, il demanda :

- On pourrait peut-être jouer autre chose à deux ? Une chanson que t'aime bien par exemple ? Pour le bébé ? Il entend à cet âge-là, je l'ai lu... enfin, non pas que ça m'intéresse mais, je suis tombé sur une revue qui en parlait quand je suis allé chez mon médecin. Y'avait tout un tas de conneries sur l'astrologie mais une ou deux pages intéressantes sur le plan médical.

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alerte ! alerte ! noah en approche...

I was born in a cross-fire hurricane And I howled at my ma in the driving rain But it's all right now, in fact, it's a gas But it's all right. I'm Jumpin' Jack Flash It's a gas!

Les mériter, oui, c’était une façon de voir les choses. Mais ça ne l’étonnait guère ; en disant ça, son frère laissait entendre que ce n’était pas entièrement de sa faute s’il était ainsi mais un peu de celle des gens autour. Ce qui était un comble quand on savait que parvenir à le côtoyer sur une longue période de temps relevait carrément de l’exploit. Pourtant, elle n’essayait de trouver d’excuses à personne, elle savait que la plupart des gens ne faisait pas tant d’efforts mais… Le fait est qu’elle connaissait Noah. Elle écouta donc son laïus et ne trouva rien à y répondre. Ce qui n’aurait de toute manière servi à rien étant donné qu’il avait probablement dû se le répéter jusqu’à s’en convaincre. Pour toute réponse, Robin se contenta donc d’hocher sobrement la tête. Oui, cause toujours. C’est alors qu’il lui fit le reproche de n’avoir pas été suffisamment comme lui, c’est-à-dire de ne penser qu’à elle. Oui là, elle ne pouvait nier qu’il avait raison. Du moins était-ce autrefois le cas car aujourd’hui, cette époque était révolue, elle ne faisait plus systématiquement passer tout le monde avant elle ; au bout d’un moment, elle en avait eu sa claque de ne dédier sa vie qu’à sa famille quand celle-ci avait fini par trouver ça normal.
« Oh, j’ai un peu changé sur ce point, depuis le temps. »
Non, bien sûr qu’elle ne pensait pas qu’à sa gueule, elle en était très certainement incapable mais elle tâchait de prendre un peu de temps pour elle. Qui était généralement du temps pour son mari aussi donc on pouvait dire qu’elle avait fait un transfert en quelque sorte. Mais aux yeux de Robin, c’était différent : Matt faisait partie d’elle désormais, il était son autre moitié. C’était d’ailleurs aussi pour ça qu’elle aimait l’endroit où se situait leur manoir : à l’écart de tout et de tout le monde sauf de lui.

Bref, ils se concentrèrent ensuite sur ce qu’ils étaient en train de jouer et force était de constater que son frère s’en sortait moins bien qu’elle. Parce qu’il était actuellement un peu rouillé dans un premier temps, peut-être parce qu’elle était plus habile aussi mais elle se disait que c’était peut-être aussi parce qu’elle ne se mettait aucune pression ? A quoi bon ? Son seul public depuis quelques années déjà n’était autre que son époux et, quoi qu’elle fasse, il avait l’air subjugué. Bien sûr, elle continuait de faire des efforts et ne se reposait pas sur ses lauriers comme semblait pourtant le croire Noah. C’est qu’elle ne voulait surtout pas que ça cesse. Quoi qu’il en soit, il persévéra et ça finit par payer.
« Oui, c’est déjà bien mieux ! Et tu verras, si tu joues par plaisir, ça sera d’autant plus fluide. »
Puis un sourire illumina son visage à l’idée que la crevette puisse entendre ce qu’elle jouait. Elle savait que c’était vrai ; elle voyait bien la façon qu’elle avait de réagir à certains sons ainsi qu’à certaines voix. Et elle trouvait ça beaucoup trop craquant. Une chanson qu’elle aimait bien… Oh, il y en avait des tas mais lorsqu’il était question de jouer de la guitare, c’était toujours dans le rock qu’elle puisait, évidemment. Aussi opina-t-elle du chef et entama-t-elle les premières notes de Dream On d’Aerosmith. Et encore une fois, ça ne l’étonnait pas que son frère soit au courant de ce genre de choses au sujet des enfants : il les aimait bien, il l’avait prouvé à de nombreuses reprises avec leurs neveux.@Noah Wade

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constellation

ain't no sunshine when she's gone it's not warm when she's away ain't no sunshine when she's gone and she's always gone too long anytime she goes away

four years in a row :

**○ inscrit le** : 25/11/2020

Les mots de Noah étaient parfois très durs, parce qu'il avait la manie épuisante de les jeter de façon crûe au visage des gens. Plus jeune, ses soeurs et même son petit frère en avaient pâti, puisqu'il ne se gênait pas pour balancer des phrases acides, virulentes, parfois même blessantes. Il ne regrettait pas. S'il jetait ainsi les critiques en plein visage, il estimait qu'à partir du moment où c'était dit, il n'était pas nécessaire d'y revenir dessus. Sauf si vraiment ça l'horripilait, mais dans ce cas, tout était différent. Robin avait fait les frais de cette franchise et de cette absence de filtres. Leur rapport n'était pas un long fleuve tranquille. Encore aujourd'hui, il lui démontrait qu'en dépit de l'amour fraternel, il pouvait toujours parler comme le roi des cons et se comporter en tant que tel. Sous la façade, Noah restait quand même très admiratif de Robin. Au fil des années, il espérait qu'elle l'ait compris sans qu'il n'ait besoin d'en parler. La critique était facile, les louanges pour lui, ça devenait une autre paire de manches ! Il ne savait pas y faire et de toute façon, il partait du principe que complimenter quelqu'un, ça ne l'aidait pas à avancer ni à progresser. Toutes ces "conneries" sur la pensée positive, ça lui passait au dessus. Il les méprisait. Pourquoi ? Parce qu'il détestait recevoir des compliments. Ca le mettait mal à l'aise et ça l'agaçait. Alors il estimait que pour les autres, c'était pareil, voilà tout.

Il tirait un enseignement de cet entraînement à deux. S'il se mettait à faire les choses avec plaisir, sans porter une exigence de malade sur lui ou les autres, les choses venaient toutes seules. Au quotidien, avec Ana-Luisa, il essayait de ne pas être trop strict, pour ouvrir son coeur de pierre. Ce n'était pas évident, surtout quand on avait passé toute sa vie à se murer derrière tout un tas de remparts pour ne pas ressentir le manque et la douleur. Noah découvrait peu à peu ce que ça provoquait de lâcher prise et de se laisser un peu porter. Si la sensation n'était pas désagréable, elle n'en demeurait pas familière pour autant. Le temps devrait aider à changer les choses, et en cela, les sentiments qu'il éprouvait pour Ana contribuait également à améliorer les rapports avec sa famille. Il ne serait jamais vraiment le frère exemplaire sous tous rapports, mais il faisait des efforts. Sa présence ici le démontrait. Il eut un sourire quand sa soeur commença à jouer les premières notes de Dream On. Ses goûts musicaux n'étaient plus un secret. Ils avaient grandi sous le même toit et elle était amoureuse d'Aerosmith. Ca tombait bien, lui aussi. Il connaissait la chanson par coeur. Il attendait quelques secondes puis se mit à l'accompagner également, en se calquant sur le rythme qu'elle avait choisi. Il commença à chanter les premières phrases de la chanson, laissant Robin chanter en duo si elle le souhaitait. Sur le refrain, il resta silencieux sur la partie un peu aiguë, pas qu'il ne soit pas capable de la chanter mais il préférait éviter à froid.

Quand la chanson se termina, il fixa le sol quelques instants. Il ne savait pas décrire ce qu'il avait ressenti mais il était heureux et calme. Ce qui, objectivement, n'arrivait pratiquement jamais ! Il posa ses yeux sur Robin, avec une expression légèrement étrange sur le visage. Un genre de satisfaction et d'admiration. Son corps parlait pour lui. Il avait aimé ce moment frère/soeur et ce duo à la guitare. Mais mieux valait qu'il ne le montre pas trop, parce qu'il n'aurait pas su comment gérer la suite. C'était un poil trop tôt pour la serrer dans ses bras et lui dire qu'il tenait à elle, malgré tout ce qu'il avait pu lui jeter comme remarques désobligeantes. Il s'éclaircit doucement la gorge et rangea sa guitare, pour faire ce qu'il maîtrisait le mieux : fuir les moments de complicité. Pourquoi se les interdisait-il ? Bonne question... surement pour ne pas souffrir si un jour ils se déchiraient ?

- C'était cool. Bon, je pense que je vais pas tarder à y aller, tu as sûrement plein de choses à faire, à commencer par prendre soin de toi. Et puis, j'aurais bien attendu que ton dandy arrive pour me moquer de son accent "british" mais je viens de me rappeler que j'avais deux ou trois trucs à faire.

C'était faux. En vérité, il n'avait rien prévu, mais il ne voulait pas perdre le contrôle de ses émotions et il sentait que s'il restait, s'il continuait à jouer avec Robin, ça finirait pas arriver. Et pas question ensuite de croiser Matt et de lui offrir un angle d'attaque pour le taquiner. Noah était bien trop fier pour ça.

- Si tu as besoin d'aide... tu sais, pour le bébé ou pour autre chose, tu peux m'appeler. Je ne décrocherai peut-être pas tout de suite si je suis en tournage, mais je te rappelle dès que je peux, ok ?

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Ooh, now let's get down tonight ! Baby I'm hot just like an oven, I need some lovin' and baby, I can't hold it much longer...
♛ by wiise

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