lost empire → piper

Ah, l’Australie… Noomi n’était pas sûre qu’elle y serait venue un jour si ça n’avait pas été pour accompagner Piper. Bon okay, sans exagérer, c’était pas non plus dénué de tout intérêt mais disons que la blonde avait d’autres pays à voir sur sa liste pour ne serait-ce qu’envisager un passage sur ces terres d’elle-même. Soit, maintenant qu’elle était là, il ne faudrait pas qu’elle oublie de ramener une peluche koala à Sarah. En parlant de sa fille, c’est Frank qui en avait la garde. Jimmy quant à lui était en tournée de dédicaces pour la sortie de son dernier livre. Voilà qui explique ce petit week-end entre filles. Un peu prise de court, elle n’avait commencé à organiser leur périple qu’à bord de l’avion. Son amie devait tout d’abord aller voir de la famille qui habitait là-bas. Pendant ce temps, la grecque sillonnerait les artères principales de la grande ville la plus proche. En espérant toutefois que la famille de l’autre jeune femme ne résidait pas en plein Outback, sans quoi trouver une ville, voire même un village digne de ce nom relèverait du défi. Pas que ça la dérange tellement, cela dit ; en matière de bleds paumés, elle était servie avec sa mère qui habitait au cœur d’un bayou. D’ailleurs, elle était certaine que même là, elle parviendrait à trouver un koala en peluche.

Et ça n’avait pas manqué : le mémo sur sa main s’était effacé, l’encre migrant de sa paume à son front à chaque fois qu’elle en épongeait la sueur, mais elle avait trouvé le saint-Graal alors tout allait bien. La blonde était assise à la terrasse du seul et unique café de ce petit village, tantôt observant les passants affairés, tantôt l’écran de son portable, attendant un SMS. De Piper, de Frank, de Jimmy, de son père… et le premier à faire biper son téléphone fut Jimmy qui lui envoya une photo de lui posant aux côtés d’un fan déguisé en Superman. Pourquoi ? Aucune idée mais ça la fit sourire. Puis la voix de Piper lui fit redresser la tête. C’est bon, elle en avait fini avec sa famille pour le moment, les choses sérieuses pouvaient enfin commencer.
« Alors j’ai cherché sur Internet une liste non-exhaustive de lieux abandonnés dans l’coin et devine quoi ? Des asiles à foison. Mais j’t’avoue qu’j’en ai un peu marre des hôpitaux psy, j’ai l’impression de n’visiter qu’ça avec l’émission, alors j’te propose un parc pour changer un peu. »
Détendez-vous, c’est pas d’un parc à thème western dont on parle, seulement d’un parc aquatique.

Qu’elle ne s’en fasse pas pour sa fille, c’était plus facile à dire qu’à faire ; son ex-mari n’avait clairement pas son expérience en tant que parent alors Noomi s’attendait toujours à ce qu’il fasse une connerie un jour ou l’autre. Du genre qui exigerait qu’elle rentre immédiatement parce qu’elle serait la seule à pouvoir y faire quelque chose. Si ça n’était pas encore arrivé jusqu’à ici, quelque chose lui disait que ça arriverait un jour. A moins qu’elle ne veuille tout simplement croire Frank moins bon père qu’il ne l’est vraiment. Mais comment ça pourrait être le cas quand celui-ci s’était amusé à faire comme si sa fille n’existait pas durant les cinq premières années de sa vie ? Bref, Piper avait raison, il fallait qu’elle se détende. Mais la grecque avait du mal à chaque fois qu’elle quittait le pays sans Sarah. Ce qui arrivait de moins en moins, heureusement. Les troubles de la mémoire de Noomi s’estompaient de jour en jour, ce qui expliquait qu’elle récupère la garde sa fille au fur et à mesure. L’effet inverse du cercle vicieux qu’elle avait connu pendant deux très longues années. Quoi qu’il en soit, la blonde se contenta d’un haussement de sourcils en guise de réponse : Piper devrait savoir qu’elle pouvait juste pas se permettre d’éteindre son téléphone jusqu’à ce qu’elles soient de retour à Island Bay. Elle ferait partie des mères indignes si elle faisait ça.

Soit, son amie eut l’air emballée par son idée mais, tout d’abord, elle avait envie d’un verre de vin chaud. Vraiment chelou. C’était pas le genre de trucs qu’on buvait qu’au ski ou sur un marché de Noël à la rigueur ? Autant dire que Noomi n’en avait pas du tout envie en ce qui la concernait, elle aurait préféré un café pour se réchauffer. Mais elle se laissa tout de même traîner, servir et trinqua.
« A l’urbex ! »
Avant de vider son verre en faisant la grimace. Vraiment, elle aurait préféré un café. Bref, elle chercha ensuite un taxi des yeux, lui donna l’adresse du parc et en route ! Plusieurs minutes s’écoulèrent, au cours desquelles la blonde regardait le paysage défiler : l’Australie ne manquait pas de charme. Puis le taxi les déposa devant le parc dont tout avait commencé à rouiller un peu à l’entrée. Noomi cogna alors son poing contre celui de Piper.
« Let’s go ! »
Avant de commencer l’ascension de la grille pour entrer.

Devenir mère lui était littéralement tombé sur le coin de la gueule, à Noomi. Ça n’avait jamais fait partie de ses plans, un peu comme le mariage. Oui, elle en avait rapidement été mordue, de son Frank, mais en ce temps-là, elle était encore trop jeune pour réfléchir aux conséquences de ses actes. Puis, en dépit de leurs violentes disputes, ces deux-là étaient réellement dingues l’un de l’autre, ça semblait tout simplement être la prochaine étape de leur relation. Pourtant, ni le père ni la mère – encore moins puisque Frank n’était qu’un petit militaire sans relief, sans avenir, à ses yeux – de la jeune femme n’étaient d’accord avec cette idée. Qu’importe ? Ils avaient donc fui jusqu’à Cuba pour se marier pratiquement le lendemain de la majorité de la blonde. Mauvaise idée ; leur relation n’était pas allée en s’améliorant, plutôt en se dégradant et son mariage battait de l’aile depuis des mois déjà lorsqu’elle était tombée enceinte. Frank avait estimé qu’il n’avait clairement pas signé pour ça. Quant à Noomi, elle savait parfaitement que ça ne serait pas un bébé qui les réparerait, au contraire. Son départ avait été un soulagement. Elle aurait pu avorter, oui. Mais la grecque avait préféré y voir un signe du destin. Un renouveau en quelque sorte. Dès lors, elle avait assuré en tant que maman et c’était pas près de changer.
« J’aimerais te dire que si j’y suis arrivée alors tout le monde peut l’faire mais ça s’rait prétendre que la parentalité est à la portée de tous, c’qui est loin d’être le cas. »
Y en a qui ferait carrément mieux de s’abstenir. Mais y a pas de raison pour que Piper soit une mauvaise mère le moment venu puisqu’elle exprimait le désir de l’être un jour.
Quoi qu’il en soit, elles étaient là pour se changer les idées et ça commençait par lâcher un peu son téléphone – tout en gardant quand même un œil dessus, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Et une fois sur place, c’est l’esprit pratique de Noomi qui reprit le dessus. Par où commencer ? Les possibilités étaient nombreuses mais un parc abandonné restait un parc : le mieux à faire était de ne pas trop s’éparpiller. Elle désigna le bâtiment le plus proche d’elles.
« On a qu’à commencer par ça. En plus, tu l’sais comme moi, l’plus intéressant dans l’urbex, ce sont les trucs en intérieur. »
Certes, les attractions à l’extérieur n’en manqueraient pas non plus, d’intérêt, mais elles en auraient plus vite fait le tour.

Inutile de nier qu’être mère célibataire, c’est loin d’être de tout repos. Surtout lorsque ça vous tombait sur le coin de la gueule comme ç’avait été le cas pour Noomi. En tout et pour tout, elle avait eu huit mois pour s’y préparer puisque c’était inopiné. Autant dire que ça faisait peu. De l’annonce de sa grossesse aux cinq ans de Sarah, il n’y avait alors plus eu qu’elles deux. La blonde avait radicalement changé ; elle qui était souvent considérée comme de la mauvaise graine jusque-là, était devenue une maman modèle. Bien sûr, elle n’y serait jamais arrivée sans son père. Encore aujourd’hui, la blonde ne serait rien sans lui. Tout ça pour dire qu’elle ne pouvait qu’être d’accord avec Piper : quand on veut des enfants, mieux vaut trouver la bonne personne avec qui les faire puis surtout avec qui les éduquer. Elle en avait mis du temps à trouver la sienne de bonne personne mais la grecque pensait que c’était à présent chose faite. Quant à savoir si elle aurait un enfant avec James, seul l’avenir le dirait. Pour l’heure, ce n’était pas au programme ; ils venaient tout juste d’emménager ensemble alors inutile de mettre la charrue avant les bœufs. Bref.
« Sage décision. Loin d’moi l’idée d’te dicter ta vie, mais les gosses, c’est quand même mieux d’les élever à deux. »
Voilà son avis, ce qu’elle avait tiré de sa propre expérience. Bref, il était temps de passer à l’exploration des lieux. En commençant par l’intérieur car l’extérieur, encore plus lorsqu’il s’agit d’un parc quel qu’il soit, est souvent moins intéressant. Pourquoi ? Mais parce qu’on peut tout voir d’un simple coup d’œil, bien sûr. Noomi adressa un hochement de tête à son amie avant de pousser la première porte qu’elle trouva sur sa route. Elles avaient de la chance, celle-ci aurait pu être cadenassée ou tout simplement condamnée. Ça arrivait souvent, raison pour laquelle la blonde essayait de toujours emporter un minimum de matos avec elle. Plus compliqué lorsqu’elle n’avait pas sa voiture à disposition, évidemment. Heureusement, ce ne fut pas le cas et la porte s’ouvrit sur un grincement lugubre. L’odeur familière de poussière accumulée durant plusieurs mois vint lui chatouiller les narines. Aux tags sur les murs ainsi qu’à tous les présentoirs renversés, elle comprit que d’autres étaient déjà passés par-là. Probablement des jeunes venus zoner car d’autres explorateurs n’auraient jamais fait tant de dégâts.
« J’me d’mande c’que ça fait d’être le premier à arriver dans c’genre d’endroits. De pouvoir tout voir encore en bon état. »
C’est certain que ça doit être une expérience totalement différente.