mois du challenge (vie alternative) - you're everything i never knew i always wanted (tegan)



Les Marlborough Sounds. Un vaste réseau de vallée submergées, à l’extrémité nord de l’île du sud de la Nouvelle-Zélande. Des paysages à couper le souffle, même pour les locaux. En dépit de ses nombreux voyages en famille, c’est une première pour Abby. Et ça tombe bien, parce qu’elle partage ça avec l’être aimé. Ce week-end de rêve, il a été prévu à la dernière minute. Et pourtant, ça n’enlève rien à son charme - bien au contraire. Dès l’instant où elle a posé le pied sur le ferry, la jeune femme s’est sentie mieux. À l’extérieur d’Island Bay, loin de Wellington, elle a senti un vent de liberté souffler sur elle, sur elles. De découverte en découverte, tout semble aller pour le mieux : le petit village d’où tout part, puis leur logement qui en jette (avec un argent de poche généreusement accordé par ses parents, Abby a facilement mis la main à la pâte même si elle ne gagne pas de salaire avec son stage), et enfin les environs qui sont tout simplement magnifiques. Un week-end ce n’est pas bien long, alors la brune compte bien en profiter un maximum. « C’est vraiment trop beau, par ici. » Les hôtels de luxe et les paysages sublimes, Abby connaît. Pourtant, elle reste cette personne qui s’émerveille toujours aussi facilement et qui ne manque jamais de reconnaissance pour tout ce qui peut lui être offert. Et évidemment, le fait de partager tout ça avec Tegan, c’est ça la meilleure part. « C’est surtout parce que tu es là que c’est génial » souffle-t-elle, main passant dans les cheveux soyeux de sa petite-amie. Délestées de leurs bagages dans leur belle chambre, elles se tiennent toutes les deux au bord de la mer. L’eau est claire, la température encore supportable et les possibilités d’activités multiples. « Alors ce week-end, on se lâche. Par quoi tu veux commencer ? » C’est naturellement qu’elle glisse sa main dans la sienne. Dans leur bulle préservée, elle se sent revivre.

Le week-end s’annonce absolument prometteur et l’enthousiasme d’Abby ne baisse pas d’un cran. Il faut dire que même s’il a été prévu à la dernière minute, elle l’a quand même préparé avec soin. Faire des recherches, réserver l’hôtel, acheter les billets pour le ferry, s’occuper des détails autant que de l’organisation générale, l’étudiante en droit l’a fait avec plaisir. Et elle a rarement attendu un week-end avec autant d’impatience, bien décidée à en profiter un maximum - du paysage, des activités, mais surtout de sa petite-amie. Cette dernière semble approuver totalement les choix d’Abby, ce qui ne fait qu’élargir son sourire déjà lumineux. « Je suis très contente que ça te plaise autant qu’à moi. » Car c’est le but, après tout : lui faire plaisir. Après une conversation un peu difficile pendant un déjeuner pourtant censé être banal, les deux brunes ont bien mérité de s’accorder du temps rien qu’à elles deux, loin de leur cadre habituel. « C’est toi qui es parfaite. » Leur relation n’est pas toute rose parce que c’est tout simplement impossible dans un couple. Pourtant, la métisse a trouvé en Tegan tout ce qu’elle désirait - et c’est précisément la raison pour laquelle, se sentant si sûre de la solidité de leur amour, elle voudrait concrétiser certaines choses sans tarder davantage. Mais ce week-end, il n’est pas question d’en parler. Il faut qu’elle parvienne à mettre ses légères frustrations de côté pour qu’elles passent les meilleurs moments possible ensemble. « Bonne question. Je propose qu’on pique une tête, puis qu’on se sèche en se posant au soleil avec des cocktails ? » Les deux jeunes femmes sont plutôt sportives, mais elles ne sont pas non plus là pour s’épuiser. Néanmoins Abby veut quand même nager un peu et elles se retrouvent toutes les deux à l’eau. « Elle est vraiment claire, c’est magnifique. » Elle fait quelques longueurs (façon de parler), avant de se contenter de barboter près de sa petite-amie. Il ne fait pas encore trop froid et c’est agréable. « Il y a un spot de surf plus loin, on pourra l’essayer demain si ça te tente ? »

Dans l’eau, Abby se sent encore mieux. Ça a toujours été son élément, de toute façon. Comme la majorité des néo-zélandais, la jeune femme a toujours vécu près de l’océan. Et heureusement, avec Tegan elles partagent le même amour pour les vagues. Elles se font régulièrement des sessions de surf ensemble, même si l’avocate a moins de temps qu’elle à y consacrer. C’est pour ça qu’Abby propose naturellement cette activité pour le lendemain. « J’ai hâte de te voir aussi ! On testera ensemble, ça promet d’être amusant. » Mais en attendant, c’est détente. La Hallenstein se rapproche de sa petite-amie en nageant doucement. L’eau sur ses muscles lui fait du bien et c’est l’essentiel, elle ne cherche pas à faire du sport pour l’instant. « C’est vrai qu’on s’ennuierait jamais. On aurait toujours quelque chose à faire. » Être loin de la ville n’est pas fait pour tout le monde. Mais même si elle a toujours été une citadine, Abby a l’impression qu’elle pourrait s’y faire, avec la Castillo - ça leur éviterait en tout cas un certain nombre de désagréments actuellement rencontrés dans leur vie quotidienne. Lentement, la métisse avance vers sa petite-amie, une main parcourant délicatement son épaule. « Merci à toi. » Sourire aux lèvres, elle commence à se diriger vers la plage. « Allons découvrir les cocktails ! » Mais comme Tegan lui envoie un peu d’eau, Abby se retourne presque aussitôt pour répliquer. C’est en riant qu’elle retourne vers la plage le plus vite possible, où elles peuvent se sécher avant de s’exposer au soleil. « Qu’est-ce que tu prends ? » Quelques secondes plus tard, elles sont toutes les deux installées. C’est le pied et l’étudiante pousse un soupir d’aise. « On devrait prendre des vacances plus souvent… Dès que tu peux, en fait. »


« Cliché ou pas, la Piña Colada est toujours une valeur sûre. » D’ailleurs, Abby adore ça aussi. Avec ces parfums tropicaux et la fraîcheur de la crème glacée mixée, on se sent encore plus en vacances. Elle continue d’ailleurs à évoquer ce sujet, notamment parce qu’elle voit déjà que ça leur fait du bien à qu’elles ont à peine quitté la capitale. « Non, pas de vacances dans mon contrat… Mais quand il sera terminé, je devrais retourner à l’université et à ce moment-là, c’est clair que j’aurais plus de temps libre. Il y a juste les périodes de révisions qui sont un peu tendues, mais en-dehors de ça, ça va. » Tegan, elle, en est à un autre stade même si elles n’ont pas beaucoup d’années d’écart. Études terminées, début de carrière, elle brille pourtant déjà et la Hallenstein comprend autant qu’elle admire son implication et sa persévérance dans sa carrière. C’est peut-être aussi pour ça que ça lui ferait d’autant plus de bien de se relâcher la pression et de souffler un peu. « Ouh, l’Amérique du Sud… En plus, j’adore les lamas. On est allés à Buenos Aires il y a deux ans avec mes soeurs, j’avais essayé d’apprendre un peu d’espagnol pour l’occasion mais je dois avouer que c’était un échec. » Abby n’est pas douée pour grand-chose en fait, à part peut-être la couture (oui oui, étonnant) et le surf. Ah, elle sait bien organiser des voyages aussi, justement… Il faut dire qu’elle a un peu l’habitude. « La Patagonie, peut-être ? Ou alors le Costa Rica, si on veut des paysages tout à fait différents ? La Thaïlande, les Philippines, si on veut partir de l’autre côté plutôt ? » Tant de possibilités. « Ah, ça fait rêver, tout ça. » Comme la Castillo lui propose de boire un peu de son cocktail, la brune accepte avec plaisir. Elle est encore plus contente quand celle-ci rapproche leurs transats. Elle caresse sa main dans la sienne. « Beaucoup, beaucoup mieux. Tu en veux aussi ? » Elle lui tend son verre de mojito.

Quand il est question de son diplôme, Abby reste silencieuse quelques instants. Forcément, c’est toujours une grande étape à franchir, qu’elle appréhende un peu. « J’ai de la chance d’avoir une avocate à mes côtés pour m’aider à réviser. » Car la Hallenstein ne doute pas que la Castillo le fera. En fait, elle gère beaucoup de choses pour elles deux, il y a de quoi être reconnaissante… « Oh, je te fais entièrement confiance ! » Il est évident qu’avec Tegan, Abby ne parlera pas beaucoup espagnol. Mais elle veut bien apprendre quelques mots. « Je suis ton élève ! » D’autres destinations touristiques sont évoquées, l’avocate mettant néanmoins un bémol en ce qui concerne les Philippines. « Au fond, peu importe… Tant que je suis avec toi, je suis heureuse. » Après tout, l’étudiante a bien assez voyagé. Ce qu’elle veut, c’est surtout s’évader avec Tegan, comme aujourd’hui mais sur une plus longue durée. C’est tout ce qui compte pour elle. « Toujours une valeur sûre aussi, le Mojito. » Laissant son verre entre elles deux au cas où Tegan voudrait en reprendre, Abby tend l’oreille pour sa première leçon. « Esa chica es mia » répète-t-elle à la suite. La signification de la phrase la fait fondre de l’intérieur. « J’adore » murmure-t-elle tandis que sa petite-amie réduit l’espace les séparant encore. Elle lui rend son baiser avec un mélange de tendresse et de passion, exprimant ainsi tout ce qu’elle peut bien ressentir à son égard. Pourtant, elle ressent quand même le besoin de le dire à haute voix. « Je t’aime. » Une phrase simple, mais prononcée avec toute la sincérité du monde. Car dans la magie du présent, dans la perfection de l’instant, la métisse sait qu’elle ne changerait de vie pour rien au monde.