[Mois du Challenge - Team Brindleton Bay] - Vie alternative - Dans une autre vie (Noah & Abby)

Dans une phase légère de son sommeil, Abby a l’impression de sentir de l’agitation à ses côtés. Mais elle met un peu de temps à émerger, se réveillant seulement au moment où les mouvements de l’autre côté du lit sont plus prononcés. « Humpf… ? » Mais son baragouinement passe inaperçu, car l’autre place est déjà vide. Fronçant un peu les sourcils, la jeune femme se redresse dans le lit. Constatant que sa couverture a été bien placée pour la couvrir entièrement, elle comprend que c’est Noah qui s’en est chargé et ça l’attendrit. Elle est tellement mieux, quand il est là, que quand elle doit affronter la solitude pendant ses longues missions… Bâillant à s’en décrocher la mâchoire, Abby s’extirpe du lit et enfile ses chaussons, avant de se diriger vers la lumière qui éclaire légèrement le couloir. Noah a allumé la télé, mais n’est pas devant. Au lieu de ça, c’est un courant d’air qui traverse la pièce. Se dirigeant vers la terrasse, la brune est elle aussi vite émerveillée par le spectacle. « Waow… C’est trop beau. » Elle regarde par la porte vitrée les flocons de neige qui tombent et viennent recouvrir d’un tapis blanc la terrasse. « T’en fais pas, c’est rien. » L’avantage d’avoir un conjoint qui est souvent à l’étranger, c’est qu’on en apprécie que d’autant plus les moments qu’on peut passer ensemble… Même au beau milieu de la nuit. « Tu n’as pas trop froid ? » Naturellement, Abby vient se blottir contre son mari. Ils ne sont pas habillés très chaudement tous les deux, mais elle compte un peu sur leur température corporelle pour se réchauffer mutuellement. « Un petit creux nocturne ? » Il est en train de grignoter, de ce qu’il a préparé plus tôt dans la journée. Quand il est là, il cuisine toujours pour elle, et c’est un plaisir d’être ainsi dorlotée. « Tu as encore fait un cauchemar ? » demande-t-elle en lui caressant le bras, d’une voix douce. Pourtant, un pli soucieux s’est formé sur son front : elle s’inquiète parfois beaucoup pour lui.



Le bras de Noah passé autour des épaules d’Abby lui procure du réconfort. Elle pose la tête contre son torse, toujours apaisée quand elle est dans ses bras. Pourtant, elle aimerait surtout que lui aussi se sente bien. Quels tourments viennent agiter le sommeil de son mari ? La jeune femme pense d’abord à ses missions parfois périlleuses, mais elle comprend rapidement qu’il n’en est rien. Le cauchemar de Noah l’a fait vivre l’espace de quelques instants une existence le rendant malheureux. « Oh, je suis désolée… » Elle aimerait pouvoir chasser les mauvais rêves à sa place. Mais aussi fort que soit son désir de préserver son conjoint, l’être humain reste malheureusement très limité. « Tout va bien. Ton père est là. Tu es tout sauf une ordure. Et on est bien ensemble. » Comme dans tous les mariages, ils ont leurs difficultés. Le métier du jeune homme met parfois à rude épreuve le grand besoin d’affection et de tendresse d’Abby. Mais ils sont toujours restés soudés, et c’est la seule chose qui compte. « Pourquoi tu dis des choses pareilles ? Tu te sous-estimes beaucoup trop. » Levant la tête vers lui, la brune s’efforce de cacher son mécontentement. Elle n’aime pas qu’il parle en ces termes de lui-même, mais elle est surtout là pour s’efforcer de le rassurer. « Tu as plein de qualités. Tu es attentionné, tu es bienveillant, tu es loyal. Tu es généreux, tu es impliqué tu es intelligent… Et pour ne rien gâcher, tu es sexy comme un dieu. » Comme pour appuyer ses dires, Abby glisse une main sous son débardeur pour la passer sur ses abdominaux. « Sérieusement… Ça me fait mal au coeur, de t’entendre dire des choses pareilles. Je t’aime plus que tout au monde. Je ne bouge pas de là, ne t’en fais pas pour ça. » Et elle se blottit à nouveau contre lui. « Tu me manques tellement, quand tu es parti, si tu savais. »

Auprès de Noah, Abby se sent apaisée. La main qu’il passe dans son indomptable chevelure brune la fait sourire. Ils ne peuvent pas tout le temps être ensemble, mais ils profitent d’autant plus dès qu’ils en ont l’occasion. Couple soudé et uni depuis des années déjà, il est donc tout à fait normal que la jeune femme se fasse du souci pour son mari. Il est aussi tout à fait normal que quand il n’est pas là, elle a l’impression que tout son univers est dépeuplé - n’est-ce pas ce qu’un célèbre écrivain a écrit un jour ? « Tous les soirs aussi, je m’endors en pensant à toi. Et en attendant ton retour, je m’occupe comme je peux… À chaque fois, j’ai tellement hâte que tu rentres. » Bien sûr, Abby ne manque pas vraiment d’activités. En-dehors de sa couture, il y a tout le travail à effectuer à la maison. Elle aime aussi attraper sa planche de surf, rendre visite à sa nombreuse fratrie, se poser avec un bon bouquin ou encore perdre du temps sur les réseaux sociaux. Mais rien n’a la même saveur sans la présence rassurante de l’homme qu’elle a épousé. C’est pour ça qu’à chaque fois qu’il parle de sa reconversion, elle aussi a des étoiles dans les yeux. « Soixante-deux jours… Je les barrerai un à un en rouge sur un calendrier, tellement je suis impatiente. Je serais la plus heureuse des femmes, et je t’aiderai autant que possible pour ta reconversion. Je peux aussi être ta cobaye » précise-t-elle, ajoutant une note d’humour dans cette conversation sérieuse. Et ça le devient encore plus, quand Noah parle de projets très concrets. Un peu étonnée, la métisse relève les yeux vers lui. « Tu y penses vraiment ? » Bien sûr, ils savent qu’un jour ils feront des enfants ensemble. Mais c’est la première fois qu’ils l’abordent dans le sens d’un avenir relativement proche. « Bien sûr qu’on va en parler. Il faut que j’y réfléchisse sérieusement… Mais quand on sera mieux posés, c’est-à-dire quand tu seras avec moi tous les jours, je pense que je me sentirais prête aussi pour avoir un mini toi et moi. Tu imagines ? Ça va changer toute notre vie… Mais pour le meilleur. »

« Et c’est pour ça que tu m’aimes, hein ? » demande-t-elle d’un ton taquin, se levant sur la pointe des pieds pour déposer un baiser sur sa mâchoire. « En tout cas, je te soutiens à fond dans ton projet. » En plus du fait que ça leur permettrait de passer plus de temps ensemble et de vivre au quotidien à proprement parler tous les deux, Abby voit aussi que le métier de Noah ne le rend pas vraiment heureux. Il espère se réaliser davantage en lançant sa propre pâtisserie et elle compte bien faire de son mieux pour l’aider. Et dans la lignée des projets, ça leur permettrait aussi d’être plus posés, ce qu’ils veulent forcément au moment de fonder leur famille. « Dès que tu seras rentré définitivement à la maison, on en parlera encore plus sérieusement. Comme tu dis, il y aura beaucoup de choses auxquelles on devra réfléchir… » Et à ce moment-là, ils pourront tout évoquer ou du moins, essayer de tout envisager. Cette perspective met beaucoup de joie dans le coeur de la jeune femme. Tendrement, elle caresse la joue râpeuse de son mari. Ce dernier est en train d’observer l’extérieur et elle pense qu’il regrette déjà la terrasse, au moment où il propose d’aller faire un bonhomme de neige. « Vraiment ? » demande-t-elle, un peu hésitante. Mais l’air surexcité de Noah achève de la convaincre et elle revêt son manteau ainsi que des baskets, riant en sortant sous les flocons de neige. « Il a intérêt à être beau, ce bonhomme ! » Elle s’y met à ses côtés, s’amusant bien en dépit de l’heure et du froid. Mais au bout de quelques minutes, elle ne résiste pas à la tentation de lancer vers son mari une boule de neige. Un éclat de rire s’échappe de ses lèvres et, comme elle sait qu’il va répliquer, elle anticipe pour l’en empêcher en se jetant dans ses bras. Jambes serrées d’un côté et de l’autre de lui, Abby passe les bras autour du cou de son mari et l’embrasse. Presque aussitôt, elle sent une agréable chaleur se répandre dans son corps. « J’ai trop froid… Allez, on retourne à l’intérieur… Et je compte sur toi pour me réchauffer… » lui murmure-t-elle à l’oreille d’un ton enjôleur.