est-ce que tout va bien ? (freya)

est-ce que tout va bien ?
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Ce soir, c’est soirée détente. Et pour ça, rien de mieux qu’un petit moment entre colocataires, devant un film, le tout accompagné de pizzas. Kyle est souvent le premier partant pour ce genre de moment, c’est bien pour cela que je me retrouve seule avec lui ce soir. Mais aucune inquiétude, ce n’est pas quelque chose qui me dérange, puisque nous avons plusieurs centres d’intérêts en commun et qu’il est donc facile pour nous de trouver un sujet de conversation. Alors qu’il cherche le film idéal dans la liste présente à l’écran, quelqu’un sonne à la porte. « J’y vais ! Ce sont sûrement les pizzas ! » Étrangement, elles ont été plus rapides que d’habitude. Mais cette réflexion ne m’arrête pas, ce n’est qu’une fois la porte ouverte et ce visage qui se dessine sous mes yeux que tout prend sens. « Freya ? » Je ne peux m’empêcher de froncer un peu les sourcils, sous le coup de la surprise. « Tu ne ressembles pas vraiment à une Pepperoni. » Un peu de plaisanterie, ça ne peut pas faire de mal. En réalité, c’est sûrement même un peu plus agréable d’être accueillie comme ça qu’avec une grimace. « Est-ce que tout va bien ? » L’inquiétude remplace rapidement la surprise. Si la jeune femme est ici, c’est qu’il y a forcément quelque chose. D’ailleurs.. comment est-elle ici ? Pour le musée, il y avait Elio. Mais cette fois-ci, ça ne peut pas être lui, il ne sait même pas où j’habite. Mes parents oui, ils doivent avoir mon adresse notée sur un morceau de papier – s’ils ne l’ont pas déjà jeté, mais je doute qu’elle soit allée leur demander. Et vu l’état dans lequel elle est, ce n’est peut-être pas la priorité de savoir comment elle est arrivée là. « Entre ! Tu es trempée. » Je suis rentrée du travail avant la pluie, mais depuis, il ne cesse de pleuvoir. Passée la porte d’entrée, nous nous avançons jusque dans la pièce de vie. « Freya, je te présente Kyle, l’un de mes colocataires. Kyle, Freya. » Pour le jeune homme, définir qui il est pour moi est simple, mais pour la blonde, c’est une autre histoire. « Une amie. » Est-ce que nous sommes autre chose ? Non. Mais sommes nous vraiment amies ? Je ne pense pas. « Je vais aller lui donner une serviette et des vêtements de rechange. Si les pizzas arrivent et que tu touches à la mienne, je te jure que.. » Je plisse les yeux, comme pour essayer de l’effrayer un peu. « Viens. » Dis-je, cette fois-ci à Freya. Je l’emmène jusqu’à ma chambre et lui tend une serviette.

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C’est le même refrain depuis des semaines. Selon Elio, je ne m’implique pas suffisamment dans notre couple. Il me sent distante, absente même. Et pour cause, je ne suis pas assez souvent à la maison. Il aimerait que les choses changent, et que je réduise mes heures de vol pour passer plus de temps ensemble. C’est un fait, j’ai toujours privilégié ma vie professionnelle à ma vie personnelle. Il le sait, puisqu’il est tombé amoureux de l’hôtesse de l’air en moi justement. Les disputes entre nous sont encore plus fréquentes depuis qu’il m’a fait sa demande en mariage. Et pourtant, je ne suis pas sûre qu’il se doute un seul instant de ce qui se passe réellement dans ma tête en ce moment. J’ai l’impression que ce mariage est une banalité pour lui, comme si ma réponse avait été évidente. Comme si je lui étais déjà acquise. Mais la vérité est bien différente. Et le retour de Riley dans mon cœur n’y est pas pour rien. Je suis perdue, et je ne sais plus réellement ce que je veux pour la suite… ou alors si, je sais, et c’est justement ce qui me fait peur ? Je crois qu’au plus profond de moi-même, c’est même une évidence. Encore faut-il que je sois assez courageuse pour en prendre conscience. A mon retour après trois jours d’absence, il n’a pas fallu longtemps pour qu’une nouvelle dispute éclate pendant le dîner. Le ton est rapidement monté, et les reproches ont fusé de tous les côtés. Alors j’ai préféré fuir, le laissant seul pour le reste de la soirée au risque de dire des choses que je pourrais finir par regretter. En y réfléchissant, je crois que c’est la première fois qu’Elio va aussi loin dans ses propos. Heureusement que je ne lui ai pas parlé du test de grossesse négatif, sinon je n’imagine même pas sa réaction. Si c’est un soulagement de mon côté, je crois que mon petit ami n’aurait pas interprété les choses de la même façon. Voilà comment je me retrouve seule à errer dans les rues d’Island Bay, alors qu’il pleut à verse et que la nuit a déjà commencé à tomber. Je suis partie sans rien, et sur le moment, je n’ai même pas vraiment réfléchi. Mes pas se dirigent vers le centre où se trouve l’immeuble de Riley. Depuis que Levi m’a donné l’adresse, la note est restée dans mon téléphone comme si je savais inconsciemment qu’elle me servirait à un moment ou à un autre. Pourquoi ce soir ? Je n’en sais rien… mais je crois qu’après ce qu’il s’est passé, elle est la seule personne que j’ai envie de voir. La porte s’ouvre sur la brune, et rien que le fait de la voir me fait du bien. « Freya ? » Apparemment ce n’est pas moi qu’elle attendait, et c'est plutôt logique. « Est-ce que tout va bien ? » Je me contente de secouer la tête à la négative sans rien dire d’autre pour le moment. « Entre ! Tu es trempée. » Je dois ressembler à rien, mais ça n’a pas d’importance. Elle me présente alors Kyle, l’un de ses colocataires. Levi n’a pas l’air d’être là. Et d’une certaine manière, je suis rassurée. Je n’ai pas vraiment envie qu’il me voit dans cet état. « Viens. » Elle me guide jusqu’à sa chambre avant de me tendre une serviette. Je me secoue un peu les cheveux avec en la remerciant. « Merci Riley. » Pas que pour la serviette mais aussi pour son accueil. Avec l’histoire du test, elle aurait très bien pu me refermer la porte au nez. « Je suis désolée de débarquer comme ça, mais je ne savais pas où aller. » J’avais aussi envie de la voir, mais ça, ce n’est sans doute plus un secret. « Avec Elio, on s’est disputés. » Et comme elle peut le voir, je suis partie.

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La laisser sur le pas de la porte est une option, mais celle-ci ne me traverse pas l'esprit, même pas le temps d’une micro-seconde. Cependant, c’est peut-être à ça que s’attendait Freya, surtout après ce qui s’est passé la fois où je me suis rendue chez elle – chez Elio et elle. C’est peut-être ce que je devrais faire, pour moi et même pour nous. Je fais rapidement les présentations avec Jake, puis nous nous éclipsons toutes les deux dans ma chambre : le temps dehors est loin d’être extraordinaire et la blonde est trempée des suites de son trajet. Seules dans la pièce, je lui tends une serviette : pour commencer, c’est déjà bien. Freya me remercie, avant de s’excuser d’avoir débarqué ici sans prévenir. Je ne sais pas vraiment si les choses auraient été différentes si elle l’avait fait. Là, je suis mise devant le fait accompli, je n’ai pas vraiment le temps de me poser des questions. Si j’avais su qu’elle venait, je crois que je me serais mise en quatre pour que l’appartement soit étincelant, j’aurais un peu cuisiné et peut-être même que j’aurais demandé à Jake de se trouver une autre occupation. Un mal pour un bien finalement, car être seule avec elle dans l’appartement n’est sûrement pas une bonne idée. L’être dans ma chambre ne l’est pas non plus, mais je ne me voyais pas lui proposer de se changer dans une autre pièce. Comme pour justifier un peu plus sa présence ici, elle me parle de sa dispute avec mon frère et à ces mots, je ne peux m’empêcher de baisser un peu la tête. « À quel sujet ? » Je ne suis pas certaine que ce soit une bonne idée de s’aventurer sur ce chemin, mais maintenant que cette question est sortie de ma bouche, je ne peux plus faire marche-arrière. Et si c’est au sujet de ce test de grossesse ? Est-ce qu'elle lui en a parlé ? « Je suis étonnée qu'il sache où j'habite. » Dis-je, un peu amusé. Ce sujet-là sera sûrement plus léger à aborder. En même temps que mes paroles, je viens fouiller dans mon armoire pour y prendre un large T-Shirt et un bas de jogging – une tenue que je pourrais clairement porter en tant que pyjama. « Tiens. Tu es un peu plus grande que moi, mais je suis sûre que ça t'ira. » Ce sera toujours mieux que ses vêtements mouillés et au pire, en fonction du temps qu'elle passe ici, elle pourra toujours se rechanger une fois qu'ils seront secs. « Tu peux rester ici, le temps que tu voudras. » Je ne sais pas vraiment ce qui me pousse à être gentille comme ça. Pour mon propre bien être, je devrais la repousser. Comme au musée, comme chez elle et pourtant, à chaque fois, je me suis retrouvée impuissante face à elle. « Des pizzas sont en route et nous pourrons partager la mienne. Si tu veux. » Je ne veux pas la forcer, mais maintenant que j'ai parlé de cette soirée à mon colocataire, je ne me vois pas le laisser tout seul. Peut-être que je me sers de ça comme une excuse aussi. S'il est là, alors les choses sembleront peut-être moins compliquées entre Freya et moi. Et puis, avec quelqu'un à côté de nous, la tentation sera bien moins forte. « Je vais te laisser te changer. Tu peux nous retrouver dans le salon quand tu es prête. Si tu as besoin, la salle de bain est juste à côté : la deuxième porte à droite. » Pourquoi la laisser seule ? Parce que la voir se déshabiller ne fera que me ramener une année en arrière, à Barcelone.

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Venir chez Riley n'était pas un acte prémédité. En réalité, je n'y avais pas réfléchi avant de me rendre compte que finalement je n'étais plus très loin de son immeuble. Après, c'est apparu dans ma tête comme une évidence. Ce n'est pas un crime que d'avoir envie de la voir... après la dispute avec Elio, la brune n'est sans doute pas la personne la mieux placée à qui je peux parler, mais là, tout de suite, c'est pourtant la seule dont j'ai besoin. Nous nous sommes pas revues depuis l'épisode du test de grossesse, et inconsciemment, j'avais peur que Riley décide de tirer un trait définitif sur moi. Ce serait légitime, mais je crois que je ne pourrais pas le supporter. Rien que d'y penser, j'en ai le coeur brisé. De voir qu'elle ne me rejette pas quand je frappe à sa porte est déjà une bonne chose. Un soulagement immense qui me ferait presque oublier la raison de ma venue ici. Mais je ne peux pas débarquer chez elle à l'improviste sans devoir me justifier. D'autant plus que je ne suis pas censée connaitre son adresse. Une fois seules dans sa chambre, je ne peux m'empêcher de jeter un oeil à la décoration de cette dernière. Comme si j'avais envie de m'imprégner un maximum des lieux, d'elle aussi un peu... beaucoup. « À quel sujet ? » Je n'ai pas spécialement envie de m'étendre sur le sujet, et en même temps, je ne peux pas esquiver sa question. Je décide de rester tout de même vague pour le moment. « Par rapport à mon travail. » Et mes absences qui en sont liées. Même si, en réalité, c'est surement plus profond que ça encore. « Je suis étonnée qu'il sache où j'habite. » Oups. Sur ce coup-là, je plaide coupable. Enfin pas totalement... je ne suis pas la seule responsable dans cette histoire. « Ce n'est pas lui qui me l'a dit. » Je vois bien que Riley a besoin de plus d'explications. « J'ai déjà rencontré un de tes colocataires, Levi. » Le monde est petit comme on dit. J'espère qu'après ça, elle ne me prendra pas pour une folle à lier. Riley me tend alors des vêtements à elle pour que je puisse me changer. « Tiens. Tu es un peu plus grande que moi, mais je suis sûre que ça t'ira. » Je me contente d'un léger sourire pour la remercier. « Tu peux rester ici, le temps que tu voudras. » Je n'avais pas de plan prévu en venant ici, mais maintenant que je suis avec elle, je me sens mieux. Et c'est là le plus important. Sa présence me fait du bien. « Des pizzas sont en route et nous pourrons partager la mienne. Si tu veux. » A la base, je ne voulais pas gâcher ses plans, mais je crois que c'est un peu tard pour ça. « Je vais te laisser te changer. Tu peux nous retrouver dans le salon quand tu es prête. Si tu as besoin, la salle de bain est juste à côté : la deuxième porte à droite. » Elle n'est pas obligée d'être aussi gentille avec moi, mais ça me fait plaisir. Pendant l'espace d'une seconde, j'ai l'impression qu'elle ne me déteste plus autant. « Merci, c'est gentil. » Une fois la porte refermée, je m'exécute et enfile rapidement ses vêtements de rechange. C'est moi ou la sensation d'avoir quelque chose qui lui appartient sur le dos n'est pas désagréable ? Ok, je crois que c'est grave là. Je reste quelques minutes dans sa chambre avant d'aller les rejoindre dans le salon. « Je suis désolée, je ne voulais pas ruiner votre soirée pizzas. » Je m'adresse à Kyle en disant ça non sans jeter un œil à la jeune femme. « Vous étiez en train de regarder un film ? » Cette fois, c'est à Riley que je pose la question.

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Visiblement, le couple s’est disputé à cause du boulot de la blonde. Rien qui ne m’étonne vraiment, puisque ce sujet a été brièvement abordé lors du repas de famille. Alors qu’Elio espérait pouvoir avoir des enfants rapidement, Freya l’a subitement arrêté, lui disant qu’avec son boulot, ce serait compliqué. C’est sûrement aussi pour cela que la révélation au sujet du test de grossesse a été assez brutale. Il y a quelques semaines, elle ne se voyait pas avoir d’enfants et voilà que là, elle me cachait le fait d’avoir des doutes – même si le résultat s’est visiblement avéré négatif. « Levi ? » Il va m’entendre celui-là. À croire qu’il n’en rate jamais une. Mais est-ce que je peux vraiment lui en vouloir ? Surtout maintenant que la jeune femme est là, face à moi, dans ma propre chambre. Les choses auraient été bien différentes s’il n’avait pas parlé. D’ailleurs, à bien y réfléchir, c’est ça qui me perturbe le plus. Comment se sont-ils retrouvés à parler de moi ? Qu’ont-ils dit à mon sujet ? Où est-ce qu’ils se sont rencontrés ? Se connaissaient-ils avant même que je rencontre mon colocataire ? Ça fait un bon nombre de questions tout ça. Tout autant de questions qui resteront sans réponse, puisque ce n’est pas le moment pour ça. Après avoir fouillé dans mon armoire, je lui donne de quoi s’habiller – quelque chose de plus sec que ses vêtements actuels au moins. Je ne sais pas vraiment ce qui va se passer après, mais pour l’instant, je ne peux pas la laisser se refroidir et prendre le risque de tomber malade. L’idée de rester ici, avec elle, me traverse rapidement l’esprit. Cependant, avec tout ce qui a pu se passer entre nous, je crois que je lui dois un peu d’intimité. Je laisse la blonde seule et rejoint mon colocataire dans le salon. Installée sur le canapé, je sens rapidement son regard sur moi, mais je fais ce que je peux pour éviter toute conversation. J'y arrive plutôt bien, aidée par la livraison des pizzas, puis par Freya qui vient se joindre à nous. Elle s'excuse pour tout cela, mais par chance, Kyle n'est pas le genre de personne à s'énerver pour une telle interruption. En réalité, il est plus du genre à accepter tout le monde, à se dire que plus on est de fous, plus on rit. « Nous avons commencé Harry Potter depuis plusieurs semaines. Il nous reste le dernier à regarder. » J'espère que ce détail ne lui donnera pas envie de partir. Cette soirée peut être riche en surprises, ce serait quand même dommage de passer à côté. « Est-ce que tu en veux ? » Dis-je, tout en lui montrant la pizza que j'ai au préalable découpée. Sans attendre plus longtemps, mon colocataire lance le film et le silence gagne la pièce. Hormis quelques réactions à ce qui se passe sous nos yeux, ce n'est que deux heures après le commencement que nous échangeons de nouveau. C'est Kyle qui brise la glace en faisant le choix de quitter la pièce pour regagner sa chambre. Selon ses propos, il est fatigué, mais j'ai un gros doute là-dessus. Est-ce que je vais me battre pour le retenir ici ? Non. Je crois que maintenant, avec tout ce qui se passe dans ma tête et dans mon coeur, tous les moyens sont bons pour passer un peu de temps avec Freya. « Est-ce que je peux me permettre ? Comment est-ce que tu connais Levi ? » Inconsciemment, je me décale sur le canapé, regagnant une place vers elle. Une place que j'avais volontairement choisie loin d'elle au début du film. « Tu veux peut-être regarder autre chose ? » Dis-je finalement. Je ne connais pas ses plans, alors peut-être qu'elle s'apprête simplement à partir.

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Me retrouver dans le salon avec eux est quand même une situation à laquelle je ne m’attendais pas. Si j’avais su que ma soirée se terminerait ainsi… je pense que je n’y aurais pas cru. Et pourtant, avec elle, je me sens mieux. Est-ce qu’elle a parlé de moi à son colocataire ? Ça m’intrigue de savoir si elle a pu lui dire quelque chose à mon sujet avant que je débarque chez eux, ou même pendant le laps de temps où je me suis changée dans sa chambre. En réalité je suis incapable de définir ce que nous sommes vraiment toutes les deux. Des amies comme elle a pu me présenter tout à l’heure ? Non, je ne pense pas que nous pouvons dire vraiment cela. Des connaissances ? Ce n’est pas exactement le bon terme non plus. Des belles-sœurs ? Théoriquement, c’est le cas - ou presque en tout cas - mais ce terme me donne plutôt envie de pleurer. Je repense à Elio, et dans ma tête, les questions fusent. Au fil du temps, je crois que les choses deviennent plus faciles à comprendre. C’est étrange, parce que quand je suis avec la jeune femme, ces questions ne se posent plus vraiment. Comme une évidence, sa présence me rassure autant qu’elle peut me donner envie de plus encore. Je crois que ce n’est pas pour rien si la dernière fois, j’ai eu envie de l’embrasser. D’ailleurs rien qu’en repensant à ça… ouais non, stop. Ce n’est pas le moment. Installée dans le canapé, Riley me précise qu’il s’agit du dernier volet des Harry Potter. En réalité le film n’a pas une réelle importance. C’est déjà gentil de leur part de me faire une place avec eux, je ne vais pas faire ma difficile sur la question. La brune me propose alors un morceau de sa pizza que j’accepte volontiers. Le film est lancé, et je peux à présent me concentrer sur l’écran de télévision pour les deux prochaines heures. Quand on y pense, ça me fait quand même bizarre d’être là, avec elle, avec eux. Et je ne peux m’empêcher de lancer quelques regards en sa direction par-ci, par-là. Une fois le film terminé, Kyle s’éclipse dans sa chambre et je me retrouve cette fois-ci seule avec elle. Elle se rapproche inconsciemment de moi sur le canapé, alors que le sujet Levi revient sur le tapis. « Est-ce que je peux me permettre ? Comment est-ce que tu connais Levi ? » Ce détail semble l’avoir intrigué. « Je l’ai croisé sur Wellington, on a participé à une animation sur la réalité virtuelle ensemble. » Je hausse les épaules avant d’ajouter en riant un peu. « Quand j’ai compris que c’était ton colocataire, je me suis dit que le monde était petit quand même. » En l’occurrence, avec nous, le monde est effectivement tout petit. Trop petit même quand on sait que nous sommes maintenant liées par son frère. « Tu veux peut-être regarder autre chose ? » Je n'ai aucune notion de l'heure, mais il est surement déjà tard. Je ne devrais sans doute pas abuser de son hospitalité... et pourtant, quelque chose m'empêche de refuser sa proposition. Je crois que je n'ai pas envie de mettre un terme à ce moment privilégié avec elle. Pas tout de suite en tout cas. « Si tu veux, oui. » Elle peut bien décider de mettre n'importe quel autre film, finalement, ça n'a pas réellement d'importance. Je suis prête à regarder n'importe quoi avec elle. En réalité, c'est juste un prétexte pour prolonger encore un peu cette soirée toutes les deux. « Tu peux activer la lecture aléatoire, ça sera plus simple je pense. » J'anticipe avant qu'elle me pose la question du film que j'ai potentiellement envie de regarder. Sur Netflix, la fonction aléatoire choisit un film ou une série à regarder à notre place selon nos préférences de visionnage. Riley s'exécute, et un film au hasard se lance. Inconsciemment, après quelques minutes, je me rapproche encore un peu plus d'elle à la recherche d'une certaine proximité. La fatigue de la journée commence à se faire sentir alors que sans vraiment réfléchir, je viens poser ma tête sur son épaule. « Merci encore de ne pas m'avoir fermé la porte au nez tout à l'heure... » Je relève la tête pour croiser son regard, et lui souris. Un sourire qui se veut vraiment sincère.

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Maintenant que nous sommes seules, c’est une toute autre soirée qui commence. Je ne dis pas que Kyle dérangeait, mais disons qu’avec lui, il y a des sujets que je ne pouvais pas aborder – comme le fait que la blonde est la copine de mon frère et qu’il y a quelque chose entre nous. S’il l’apprenait il pourrait me prendre pour quelqu’un que je ne suis pas et je n’ai pas vraiment envie que ma relation avec lui se dégrade : nous vivons sous le même toit, alors plus c’est cordial et mieux c’est. Un peu plus tôt, Freya a évoqué Levi et maintenant que le deuxième garçon de la colocation est parti, je me permets de lui demander dans quelles circonstances ils se sont vus. Je ne vois pas cela comme secret pour mon autre colocataire, mais si Freya est évoquée entre eux, j’ai peur que ça complique un peu plus les choses – c’est souvent comme cela que les rumeurs commencent. Selon la blonde, le monde est petit, puisqu’ils se sont rencontrés lors d’un événement et ils ont rapidement compris que j’étais une personne qu’ils avaient en commun. Ça ne fait qu’attiser un peu plus ma curiosité : j’aurais aimé être une petite souris pour voir ce moment. « J’aurais sûrement préféré que tu rencontres quelqu’un d’autre de la colocation en premier. » Même si ce n’est jamais méchant, Levi prend souvent plaisir à me torturer. Je n’ose pas imaginer ce qu’il a pu dire à Freya. Mais par chance, comme elle me connaît un minimum, s’il a dit des bêtises, j’espère qu’elle l’a bien compris. La jeune femme accepte ma proposition de regarder autre chose et suggère même de lancer la lecture aléatoire pour voir ce que Netflix nous réserve. Ne voyant aucune objection à cela, je m'exécute et un deuxième film se lance. Pendant ce temps, nous continuons inconsciemment de nous rapprocher. Après mon geste de tout à l'heure, c'est maintenant au tour de Freya. Elle vient poser sa tête sur mon épaule et je sens alors mon corps qui se crispe un peu. Ce geste ne me dérange pas, ce n'est pas là le problème. C'est juste que je ne sais pas vraiment quoi faire à ça : si j'enchéris, alors nous allons très vite nous retrouver comme la dernière fois. Elle relève rapidement la tête et me remercie de ne pas lui avoir fermé la porte au nez. Je souris, quelque peu amusée de voir qu'elle m'en croyait vraiment capable. Elle se remet ensuite comme tout à l'heure et presque naturellement, mon corps suit le mouvement : je viens poser ma tête contre celle de la blonde. Les minutes passent et je viens glisser ma main jusqu'à celle de la blonde, où mes doigts viennent naturellement se lier aux siens. Quand je parlais de réactions en chaîne, c'est exactement à ça que je pensais. Contrairement à tout à l'heure, le film m'intéresse beaucoup moins. Je ne sais pas pourquoi, mais j'ai la sensation que c'est aussi le cas de mon invitée, alors je décide de prendre la parole par-dessus celles des personnages. Je fais alors référence à ce que ma belle-sœur a dit un peu plus tôt. « Tu pensais vraiment que j'allais te fermer la porte au nez ? » Je sais bien que les dernières fois où nous nous sommes vues, les choses ne se sont pas vraiment passées comme prévu – surtout la dernière, mais je pensais que mes actions envers elle ne laisseraient que peu de doute sur ce que je ferais si je l'avais face à moi. « Est-ce que tu penses que les choses s'arrangeront avec lui ? » Pour cette question, je relève la tête et la regarde. Je ne suis pas dans leur couple, je ne sais pas ce qu'il vive. En réalité, vu la relation que j'ai avec Freya, je ne vois que la mauvaise partie de leur histoire. « Si jamais tu le souhaites, tu peux dormir ici ce soir. Je ne mange pas. » Je lui offre un tendre sourire. Malgré ce qui s'est passé la dernière fois où nous avons partagé un lit, je sais me tenir – sauf si ce n'est pas ce qu'elle veut. « Et puis, je préfère te savoir ici, en sécurité, qu'errante dans la rue. » Au pire, je peux même lui laisser mon lit et dormir sur le canapé. Ce n'est qu'une nuit, je devrais pouvoir survivre.

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Après Levi, j'ai fais la connaissance ce soir d'un autre de ses colocataires : Kyle. D'ailleurs, je ne sais même pas combien ils sont exactement dans cet appartement, mais à ce rythme-là, je vais finir par connaitre tout le monde. Est-ce qu'il y a une autre fille dans la colocation ou Riley est-elle l'exception qui confirme la règle ? En tout cas, l'ambiance entre eux a l'air plutôt agréable et c'est une bonne chose. « J’aurais sûrement préféré que tu rencontres quelqu’un d’autre de la colocation en premier. » Je hausse un peu les épaules avant de la rassurer. « Je te rassure, il n'a rien dit de méchant. Enfin, a part le fait que tu sois une 'control freak'. » Je mine les guillemets avec mes mains avant de sourire. Ce sont évidemment ses mots, pas les miens. Et sur le coup, je dois avouer que cela m'a fait beaucoup rire. La jeune femme s'occupe alors de mettre un nouveau film, et finalement, ce dernier n'est pas très captivant. Ou peut être que nous avons juste envie de profiter l'une de l'autre ? Maintenant que nous sommes plus que toutes les deux dans le salon, ce n'est plus la même histoire. Comme si nous avions toujours ce besoin vital d'être proche l'une de l'autre... d'ailleurs, ce n'est pas pour rien que je viens poser inconsciemment ma tête sur son épaule. Ça me fait du bien de la sentir près de moi, comme si sa présence était le seul moyen d'apaiser mon cœur. Et après les émotions de la soirée, c'est tout ce dont j'avais besoin. Elle m'imite en posant également sa tête contre la mienne, ses doigts venant se mêler aux miens. J'ai l'impression que le temps est en train de s'arrêter. Littéralement. Et je ne pense même pas à ce qu'il pourrait se passer après. Parce qu'il va bien falloir que je rentre chez moi pour affronter de nouveau son frère... mais là, tout de suite, il n'y a qu'elle qui compte vraiment à mes yeux. J'aimerais tellement que ce moment éphémère puisse continuer jusqu'à l'éternité. « Tu pensais vraiment que j'allais te fermer la porte au nez ? » C'était une possibilité. « Tu aurais pu le faire. » Que je me contente de répondre en haussant un peu les épaules. Et même si ce n'était pas ce que je voulais, je pense que je n'aurais même pas pu lui en vouloir. « Est-ce que tu penses que les choses s'arrangeront avec lui ? » Joker. « Honnêtement, j'en sais rien. Je sais même pas si j'ai vraiment envie d'arranger les choses en fait... » Il faut se rendre à l'évidence... si je suis là ce soir, c'est bien qu'il y a un problème quelque part. Je crois que grâce à elle, je commence doucement à prendre conscience des choses. Il serait peut être temps que j'ouvre les yeux sur moi-même, et surtout sur ma relation. « Si jamais tu le souhaites, tu peux dormir ici ce soir. Je ne mange pas. » Comment suis-je censée refuser alors qu'elle me regarde avec ce sourire ? D'ailleurs, ai-je vraiment envie de refuser ? Non. Je suis bien avec elle, et je n'ai pas envie que la soirée s'arrête. « Et puis, je préfère te savoir ici, en sécurité, qu'errante dans la rue. » Je ne sais pas si c'est une bonne idée de passer la nuit avec elle, et pourtant, je n'arrive pas à refuser. « T'es sûre que ça ne dérangerait pas tes colocs ? » Je ne connais pas leurs règles de vie, et s'ils ont le droit d'avoir des invités surprises. « Je ne voudrais pas que Kyle me catalogue comme la squatteuse de ta chambre. » Merde. Je me rends compte que je parle directement de sa chambre sans savoir s'il y a une chambre d'amis ou pas. Sur ce coup-là, crois que mon subconscient a parlé pour moi. « Mais sinon, le canapé est confortable aussi, je ne suis pas difficile. » Que je tente de me rattraper, même si je n'ai pas l'air super crédible. En tout cas, si je n'ai pas regardé mon téléphone depuis tout à l'heure, là, si je découche vraiment, je suis un peu obligée de le faire. Quatre appels en absence, dix messages non lus. Ah oui... d'accord. Il faudrait quand même je lui envoie un message. Je le fais rapidement, lui précisant que je reste dormir chez une amie. Et finalement, ce n'est pas totalement faux non plus. « Promis, je peux me faire discrète. » Ses colocataires ne sont pas obligés de savoir que je suis restée dormir ici d'ailleurs. Si ça peut lui éviter un interrogatoire au réveil, ce n'est pas plus mal.

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Control Freak ? Je lui en foutrais des Control Freak. Je suis comme cela de son point de vue, mais je suis presque sûre que pour une personne normale, je ne fais que le strict minimum pour tenir cet appartement un minimum décent. Forcément, quand il laisse traîner ses vêtements partout, ça ressemble à un moment de torture quand je lui demande de les ranger un minimum. Malgré ces pensées et cette envie de frapper le jeune homme sur la tête, je décide de ne rien dire en réponse à tout cela : ce serait quand même dommage que la blonde me prenne pour une folle et qu’elle décide de partir. Le nouveau film lancé, un moment de silence s’installe entre nous et naturellement, nous nous rapprochons. À en voir les dernières fois où nous nous sommes vues, il y a quelque chose qui nous attire l’une vers l’autre. C’est sûrement un peu dangereux de jouer avec cela, mais tant pis : quand nous ne sommes que deux, il n’y a que très peu de choses qui comptent et je me sens bien – même s’il y a toujours une petite voix qui me rappelle mon frère. Pour briser ce silence et pour revenir à ce qui a été dit un peu plus tôt, je l’interroge sur la possibilité que j’avais de la laisser devant la porte. J’aurais pu la laisser dehors, j’aurais dû même. Mais je m’en serais sûrement voulu pendant de nombreux jours après ça. Ce sentiment risque d’arriver plus tard, surtout quand j’aurais raconté tout cela à Tegan et qu’elle essayera de me remettre dans le droit chemin. À ma seconde question, Freya répond ne pas savoir si elle a envie d'arranger les choses avec Elio. Là, c'est le drame. Mon cœur s'emballe bien plus qu'il ne le faudrait. Il ne lui fallait pas beaucoup de temps pour s'imaginer un futur avec elle. Peut-être qu'il a le droit ce soir, juste ce soir et après ça, nous reprendrons les choses comme elles étaient. Même si à mesure que le temps passe, rester de plomb face à Freya devient de plus en plus compliqué. Malgré ça, je l'invite à rester dormir, si c'est ce qu'elle veut. Cette proposition ne semble pas déplaire à la blonde, même si à première vue, elle reste un peu sur ses gardes vis-à-vis de mes colocataires. « Tegan est restée dormir ici plusieurs semaines. Alors je pense qu'en une nuit, tu n'arriveras pas à lui piquer ce rôle. » Et puis, les garçons et Thea sont plutôt ouverts. Ce n'est pas parce que nous vivons tous sous le même toit que nous sommes obligés de toujours rester ensemble. Nous avons tous des vies en dehors et nous en sommes tous conscients, même si c'est plus souvent moi qui ramène du monde qu'eux. Peut-être qu'un jour, Thea ramènera aussi son petit copain. Pour Levi et Kyle, j'ai un peu plus de mal à voir cela arriver dans les jours à venir. « Je ne t'oblige à rien. C'est toi qui vois. » Même si l'idée de la voir rester ici plus longtemps m'emballe, je ne veux pas qu'elle fasse les choses uniquement pour me faire plaisir. « Je peux te laisser mon lit. Je ne voudrais pas que le fait que l'on dorme ensemble te cause des problèmes. » Je dis plus ça pour elle et pour moi. Car à bien y réfléchir, même si cette histoire remonte aux oreilles d'Elio, je doute qu'il arrive à la conclusion qu'il s'est déjà passé quelque chose entre nous. En parlant de lui, la jeune femme se saisit de son téléphone et pianote quelque chose dessus avant de le ranger. « Qu'est-ce que tu lui as dit ? » En réalité, j'ai peut-être tiré certaines conclusions. Rien ne dit que c'est vraiment à lui qu'elle a envoyé le message. Même si j'ai la sensation ne pas être très loin de la vérité. « Ce film ne t'intéresse pas, je me trompe ? On devrait peut-être continuer de parler ailleurs, je ne voudrais pas qu'on empêche Kyle de dormir. » Il a bon dos mon colocataire, mais personne n'est ici pour me juger, alors autant en profiter. Je récupère la télécommande et éteins la télévision. Je viens ensuite prendre les cartons de pizza vides et les dépose dans la cuisine. « Viens. » Je lui tends l'une de mes mains et nous emmène jusque dans ma chambre. Derrière elle, je referme la porte et m'appuie contre celle-ci. « À quand remonte ta dernière soirée pyjama ? »

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Tegan, encore elle. Heureusement qu'elles sont simplement des amies, parce que je crois que j'aurais pu finir par être jalouse d'elle. Ok, je le suis peut être un peu. Mais est-ce que c'est normal qu'elles soient aussi proches ? Personnellement, des amies qui dorment dans le même lit, je n'en ai pas vu souvent. Et quand je repense à la dernière fois que j'ai dormi avec Riley... rhaa ça m'énerve. Vaut mieux pas que je les imagine toutes les deux dans sa chambre en fait. Je sais que je suis ne suis pas la mieux placée pour jouer les filles jalouses, mais c'est plus fort que moi. Riley est particulière à mes yeux, et elle l'a toujours été. Si à l'époque de l'internat, je n'en avais pas encore pris conscience, maintenant, je sais. Je ne réagirai pas comme ça si ce n'était pas le cas d'ailleurs. En tout cas, je me mets un peu à la place de Riley, par rapport à ma relation avec Elio, et je comprends que la situation puisse être vraiment difficile à vivre pour elle. A sa place, je crois que je ne pourrais pas supporter. « Je ne t'oblige à rien. C'est toi qui vois. » De toute façon, ce n'est pas comme si je pouvais vraiment refuser sa proposition. La brune me rend faible, et je ne peux définitivement pas lui dire non. Surtout quand je meurs d'envie de prolonger cette soirée seule avec elle... Depuis nos retrouvailles, je suis attirée à elle comme un aimant. J'ai l'impression de ne pas pouvoir rester trop longtemps éloignée d'elle. C'est quelque chose que je n'arrive définitivement pas à contrôler. « Je peux te laisser mon lit. Je ne voudrais pas que le fait que l'on dorme ensemble te cause des problèmes. » Ce n'est pas tant le fait de dormir avec quelqu'un qui peut poser problème. C'est la possibilité que les choses puissent déraper qui le sera. Encore. Et quand je repense à notre nuit à Barcelone, j'ai un peu de mal à comprendre comment je pourrais résister. « Non t'inquiètes. Je ne vais pas te virer de ton propre lit quand même. » Nous sommes adultes et responsables. Ce n'est pas parce que nous allons dormir dans le même lit que nous allons nous sauter dessus. Enfin... quoique. Ça, ça reste encore à prouver. « Qu'est-ce que tu lui as dit ? » Qu'elle me demande alors que je suis en train d'envoyer un message à son frère. « Que je dormais chez une amie. » Je n'ai pas donné plus de détails sur l'amie en question. Il faudra juste que je réfléchisse à ce que je vais pouvoir lui dire dès le lendemain pour rester crédible. Quelque chose me dit que la discussion d'après dispute risque d'être compliquée. Mais je n'ai pas envie d'y penser. « Ce film ne t'intéresse pas, je me trompe ? On devrait peut-être continuer de parler ailleurs, je ne voudrais pas qu'on empêche Kyle de dormir. » Ce n'est pas que le film est inintéressant en soit, mais disons que, là, tout de suite, ce n'est pas ce qui m'intéresse le plus quoi. Je me contente d'hocher la tête en signe d’acquiescement alors qu'elle en profite pour éteindre la télévision. Elle me tend sa main pour me guider jusqu'à sa chambre. Voilà, c'est le début des problèmes. « À quand remonte ta dernière soirée pyjama ? » Pour être honnête, dans le monde des Middleton, les soirées pyjamas n'existent pas. « Tu ne vas sans doute pas me croire... mais je n'ai jamais vraiment eu l'occasion de faire de soirées pyjamas. » La seule et unique fois où j'ai eu le droit d'amener quelqu'un à la maison, c'était ma meilleure amie de l'époque. Et... ça s'est plutôt mal terminé du coup. « Je n'ai jamais trop eu le droit d'inviter des gens chez moi. Encore moins d'aller chez les autres, donc c'était un peu compliqué. » Je grimace avant d'ajouter. « Mais je suppose qu'il n'y a pas d'âge pour faire sa première fois. » Je ris un peu avant de m’asseoir sur son lit en tailleur. « C'est le moment où on doit se raconter tous nos secrets, c'est ça ? » Je crois que c'est un peu ça le principe. « Vas y, à toi l'honneur ! » Je ne peux m'empêcher de lui adresser un petit sourire en coin.

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Pour Elio, Freya dort chez une amie. Nous ne sommes peut-être pas loin de la vérité. Et entre la blonde et moi, c’est peut-être même quelque chose que mon frère aimerait. Bien sûr, pour ça, il ne devra pas savoir ce qui s’est passé à Barcelone et ce qui se passe encore entre nous. D’ailleurs, supposons que les choses se finissent mal entre eux et qu’elles commencent bien pour nous, est-ce que je pourrais un jour la présenter comme ma petite amie auprès de lui ? Là, je vais trop loin. Je ne sais même pas de quoi demain sera fait et voilà que je commence à me projeter dans un futur qui n’existera sûrement jamais. Arrivées dans ma chambre, dans cette pièce si petite et fermée, je demande à Freya à quand remonte sa dernière soirée pyjama. Je ne suis pas certaine de m’attendre à une réponse. Pour être honnête, j’ai plus posé cette question pour éviter qu’un silence s’installe qu’autre chose. Mais visiblement, ça ne sautait pas aux yeux, puisque la blonde y répond honnêtement. Elle n’a pas vraiment eu l’occasion d’en faire par le passé, ce soir sera une première fois pour elle. C’est un point qui nous différencie, puisque lors de ces derniers mois, j’ai dû en faire plusieurs avec ma meilleure amie – elle habitait avec moi, ça devait aider. Selon l’hôtesse de l’air, lors d’une soirée pyjama, il est de rigueur d’avouer certains secrets et à l’entendre, c’est à moi de commencer. Toujours à plusieurs mètres d’elle, presque scellée à la porte de ma chambre, je cherche ce que je pourrais bien dire et étrangement, j’ai du mal à trouver ce qui pourrait coller au mieux. Après plusieurs minutes, je dois me rendre à l’évidence. « C’est assez bizarre, mais je crois que tu es celle à qui je cache le moins de choses en ce moment. » Sûrement parce qu’en ce moment, mes secrets sont tous plus ou moins liés à elle. J’essaye d’être honnête avec mes proches, avec Tegan et maintenant Marley, mais ce n’est pas évident quand elles ne sont pas d’accord avec moi, avec mes gestes. Je sais que c'est pour mon bien, néanmoins, ça rend tout plus compliqué, car j'ignore ce que je veux vraiment. Est-ce que je la veux elle ? Oui. Est-ce que je risque de me perdre au passage ? Sûrement. Je dois donc trouver l'équilibre parfait qui pourra me rendre la plus heureuse possible. Je continue de réfléchir à la recherche d'un secret, car jusque là, j'ai juste trouvé une excuse. « Je pourrais te dire que j'ai très envie de t'embrasser, mais je doute que ce soit réellement un secret. Et ce ne serait pas vraiment raisonnable. » Là, j'ai parlé un peu trop vite. Ou plutôt, j'ai dit à haute voix ce que je pensais tout bas. Encore une fois, je contourne un peu le problème, puisqu'il ne s'agit là pas d'un secret. Malgré ce que je viens de dire, je reste à ma place – sûrement pour m'éviter de céder à mes envies. Je finis par trouver ce que je pourrais lui révéler, même si ça commence à remonter maintenant. « Ce soir-là, je voyais quelqu'un aussi. » Il n'y a pas besoin de plus d'explications : je sais qu'elle va me comprendre, qu'elle va savoir de quel soir il s'agit. « Rien de très sérieux et une histoire qui n'allait pas durer. Je l'ai rencontrée à mon arrivée en Espagne et nous avons passé mon séjour ensemble. » Donc finalement, je ne suis certainement pas mieux placée qu'elle pour lui en vouloir. Même si contrairement à la blonde, je ne vais pas me marier avec cette femme et je n'ai pas tardé à être honnête avec elle. « Lorsque je suis arrivée ici, je lui ai dit la vérité et la relation à distance que nous aurions pu avoir s'est envolée en fumée. » Si j'avais pu le faire en personne, je l'aurais fait. Mais le soir où c'est arrivé, je prenais la direction d'Island Bay et Freya est arrivée sur ma route, pour le meilleur et pour le pire. « Et toi ? Qu'est-ce que tu as en réserve pour moi ? » Je me suis prise au jeu, c'est maintenant à elle de le faire.

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Maintenant que nous sommes seules dans sa chambre, l'idée de se confier nos secrets est un bon moyen de continuer à avoir l'esprit occupé. Si on s'efforce de se parler, peut être que l'envie de se rapprocher sera moins présente. Ou pas d'ailleurs. « C’est assez bizarre, mais je crois que tu es celle à qui je cache le moins de choses en ce moment. » Ce n'est pas tellement bizarre en soit, puisque de mon côté, c'est un peu la même chose aussi. Elle est la seule au courant pour le test de grossesse par exemple. Heureusement, cette histoire de test n'a plus vraiment lieu d'être maintenant. Et c'est mieux pour tout le monde. Mais je ne la lâche pas du regard, essayant de lui faire comprendre qu'elle ne s'en tirera pas aussi facilement. Si elle cherche bien, je suis sûre qu'il y a forcément quelque chose qu'elle peut m'avouer. Je ne sais pas encore tout sur elle, enfin je suppose. « Je pourrais te dire que j'ai très envie de t'embrasser, mais je doute que ce soit réellement un secret. Et ce ne serait pas vraiment raisonnable. » Mon coeur s'emballe instantanément alors qu'un léger sourire se dessine sur mes lèvres. Dites-moi comment est-il possible de résister à ce genre d'aveu, hein, dites-moi ? Parce que là, je craque totalement. Que Riley reste figée contre sa porte est sans doute une bonne chose... si elle avait été près de moi, il aurait été difficile de succomber à la tentation de goûter à ses lèvres. Mais elle n'a pas tord : ce ne serait pas vraiment raisonnable. « Ce soir-là, je voyais quelqu'un aussi. » Je comprends tout de suite à quoi elle fait allusion. « Ah oui ? » Est-ce que cette information m'aide à me sentir moins coupable ? Peut être un peu. Parce que, finalement, je ne suis pas la seule à avoir été infidèle ce soir-là. « Rien de très sérieux et une histoire qui n'allait pas durer. Je l'ai rencontrée à mon arrivée en Espagne et nous avons passé mon séjour ensemble. » Je suis contente de connaitre la vérité, même si finalement, cela ne change rien au fond de notre histoire. Je suis toujours celle qui est encore avec son frère. « Lorsque je suis arrivée ici, je lui ai dit la vérité et la relation à distance que nous aurions pu avoir s'est envolée en fumée. » S'il ne s'était pas passé ce qu'il s'est passé entre nous, peut être que Riley serait encore avec cette personne. Est-ce que j'ai tout gâché ? « Je suis désolée. » Encore. J'ai l'impression de ne faire que m'excuser avec elle... et en même temps, ce soir-là, si elle en avait eu envie, elle aurait très bien pu me repousser. Nous sommes donc toutes les deux responsables de nos actes. « Et toi ? Qu'est-ce que tu as en réserve pour moi ? » Logique, c'est désormais à mon tour de lui avouer quelque chose sur moi. J'aurais peut être mieux fait de réfléchir à ce que je pouvais lui dire avant de me lancer dans ce petit jeu. Si on parle de cette nuit... je pourrais lui avouer à quel point j'ai aimé sentir son corps contre le mien, la chaleur de ses baisers sur ma peau. Je pourrais lui dire que cette nuit est de loin la meilleure que j'ai pu vivre. Celle qui m'a procurée le plus de plaisir, aussi. Mais dans le même genre qu'elle, je ne suis pas sûre que ce soit vraiment un secret. L'osmose entre nous ce soir-là était réelle, parfaite. « Il n'y a pas eu que toi. » En voyant sa réaction, je comprends très vite que je m'exprime mal. Très mal même. Surtout que la dernière fois, elle m'a posé la question si elle était la seule avec qui j'avais fauté. Mais là, je parle évidemment d'autre chose. « Avant l'internat, j'avais déjà embrassé une fille. » Oui, pour ça, elle n'a pas été la première. « C'était ma meilleure amie au lycée, nous étions vraiment très proches. » Et au fil du temps, l’ambiguïté avait semé le trouble dans notre relation. « Mes parents nous ont surprises ce jour-là... d'où le fait qu'ils ont décidé de m'envoyer dans ce pensionnat. » Ça a fonctionné, puisque depuis cet épisode, je n'ai plus eu de nouvelles de mon ancienne meilleure amie. « Et puis, après, t'es arrivée. » Je lui adresse un tendre sourire, penchant ma tête légèrement sur le côté pour la regarder. « Est-ce que tu comptes passer la nuit contre ta porte ? » Ajoutais-je en laissant échapper un léger rire amusé d'entre mes lèvres.

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Lorsque Freya révèle vouloir obtenir quelques secrets durant cette fameuse "soirée pyjama", j'ai un peu de mal. Non pas avec son idée, mais bien avec ce que je pourrais lui dire. Des secrets, je n'en ai pas tellement et ceux que je peux avoir en ce moment sont dédiés à la blonde – et autant dire qu'elle les connaît. Ma première approche n'est sûrement pas la bonne et je risque de regretter mes mots, mais maintenant qu'ils sont dits, c'est trop tard. J'essaye de me rattraper avec une autre révélation, une révélation qui la concerne en partie. Le soir où nous nous sommes retrouvées à Barcelone, le jour où tout a vraiment changé, je n'étais pas célibataire et je trouve important qu'elle en soit informée. Contrairement à elle, je ne suis plus avec cette femme. C'était peut-être un signe, une façon de me dire que je ne pouvais pas m'impliquer dans une relation qui n'allait pas avoir de futur. Et quand je vois comment je réagis quand la jeune femme est à mes côtés, ça ne fait que confirmer mon impression : si je ressens tout cela pour elle, plus d'un an après, alors il n'aurait pas été honnête que je reste avec cette fille. « Tu n'as pas à l'être. J'aurais pu tout arrêter. » Dis-je, alors qu'elle s'excuse pour cela. Ni aujourd'hui, ni hier, ni au moment où c'est arrivé, je me suis dit que c'était de sa faute à elle. Mais je comprends son geste. Longtemps, je m'en suis voulue d'avoir été la femme qui pouvait briser un couple – si j'avais su que c'était Elio le garçon, j'aurais peut-être ressenti cette culpabilité moins longtemps. Maintenant que je me suis livrée à elle, c'est à son tour de le faire : ce n'est pas parce qu'elle est invitée ici qu'elle pourra y échapper. Elle réfléchit et finit par me dire que je ne suis pas la seule. Naturellement, je fronce les sourcils. Qu'est-ce qu'elle peut bien vouloir dire par là ? Elle doit voir mon incompréhension, puisqu'elle enchaîne et m'avoue avoir déjà eu une relation avec une femme. Je ne sais pas si relation est le terme approprié, mais c'est visiblement ce qui s'en rapproche le plus. « Je vois. » Étrangement, je ressens de la jalousie. C'est éphémère, mais cela a le mérite d'être là et c'est assez inquiétant. Il n'y a pourtant pas de raison pour cela, car d'après ce qu'elle dit, cette jeune femme n'est plus dans sa vie. La seule maintenant, c'est moi et à l'entendre, je ne sais pas vraiment si c'est une bonne chose. « C'est peut-être à moi de m'excuser maintenant. » D'être tombée sur son chemin. Ou alors, pour ce baiser lors de notre dernière soirée à l'internat. S'il n'avait pas eu lieu, alors peut-être que les choses auraient été différentes à Barcelone. Je suis toujours collée contre la porte et ça aussi, Freya s'en rend compte. « Ce ne sera pas très agréable, mais.. » Dis-je, comme si je répondais sérieusement à sa dernière question. Nous savons toutes les deux qu'il n'est pas question de cela, que ça va plus loin. Depuis tout à l'heure, je reste loin d'elle et ce n'est pas pour rien – ce qu'elle doit sûrement savoir, ou au moins supposer. « Loin de toi, je limite les problèmes. » Ce n'est sûrement pas le terme exact, mais c'est ce qui risque d'arriver si jamais il se passe quelque chose entre nous. Je prends quelques secondes pour moi, pour réfléchir à ce que je pourrais bien dire maintenant. Je sais que chacun de mes mots sera écouté et analysé. « J'ai remarqué qu'à tes côtés, j'ai très peu de convictions. » J'essaye de me dire que je dois me tenir face à elle et pourtant, je finis toujours par céder. Je sais que je ne pourrais retenir mes pensées plus longtemps, alors à la place de ça, j'essaye d'être honnête avec elle. Avec un peu de chances, c'est peut-être ce qui m'arrivera de mieux. « Qu'est-ce qu'on fera si.. » Si nous n'arrivons pas à nous tenir, s'il se passe quelque chose entre nous. Après tout, nous sommes deux dans cette histoire. Si je n'arrive pas à me retirer de la tête cette possibilité, alors peut-être que Freya le fera pour moi. Je me redresse légèrement et mon dos quitte enfin la porte pour m'avancer un peu vers elle. C'est ce que la blonde voulait, non ?

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Lui avouer qu'elle n'est pas la première que j'ai embrassé ne change pas grand chose en soit. Parce qu'avec ma meilleure amie de l'époque, il ne s'est rien passé d'autre justement. Est-ce qu'il y aurait pu avoir plus si mes parents ne m'avaient pas envoyé dans ce pensionnat ? Peut être oui. Mais nous ne pourrons jamais en avoir la certitude. Finalement, le baiser que nous avons échangé à l'internat avec Riley n'était peut être pas si anodin quand on y pense. S'il l'était, nous n'aurions pas partagé le même lit à Barcelone. Et aujourd'hui, les choses seraient sans doute différentes. « C'est peut-être à moi de m'excuser maintenant. »  Mais pourquoi veut-elle s'excuser ? D'avoir débarqué dans ma vie sans prévenir ? Si on part du principe que la jeune femme représente l'une de mes plus belles rencontres, je ne pense pas qu'elle doive s'excuser pour ça. Au contraire. Même si elle est responsable (enfin, c'est un grand mot) de tout le bordel qu'il y a actuellement dans ma vie, et surtout dans mon coeur. Mais avec elle, je me sens pleinement vivante. Une fois mon secret révélé, je ne peux m'empêcher de lui faire une petite remarque. En acceptant sa proposition de rester dormir ici, je ne voulais pas que la brune se retrouve le dos scotché toute la nuit contre la porte de sa chambre. « Ce ne sera pas très agréable, mais.. Loin de toi, je limite les problèmes. » Ok, donc c'est volontaire de sa part de rester loin de moi. Ce n'est pas une si grande surprise que ça, même si c'est un peu dommage d'en arriver à cet extrême. « J'ai remarqué qu'à tes côtés, j'ai très peu de convictions. » Un sourire inconscient se dessine alors sur mes lèvres. Même si je sais qu'elle a raison d'être raisonnable, je ne peux m'empêcher d'être contente de savoir l'effet que je peux lui faire. Ou la faiblesse qu'elle peut ressentir avec moi plutôt. Mais je pourrais dire la même chose d'elle, finalement. Parce que je crois que quand elle est dans les parages, je suis dans le même état. « Qu'est-ce qu'on fera si.. » Je reste pendue à ses lèvres alors qu'elle laisse volontairement sa phrase en suspens... rhaa c'est frustrant. Même si je me doute de savoir à quoi elle pense, ou au moins je suppose un minimum, j'aurais aimé qu'elle aille au bout de sa réflexion. Elle quitte finalement sa porte, et je ne la lâche pas du regard. « Si ? » Plus elle se rapproche, et plus mon coeur s'emballe. D'un geste de la main, je l'incite à s’asseoir à mes côtés sur son lit. « Et si on arrêtait de trop réfléchir ? » Ok, je ne devrais peut être pas dire ça... mais là, tout de suite, c'est mon coeur qui parle pour moi. Ma raison ? Elle a dû rester assisse sur le canapé du salon. Mais je crois que j'ai suffisamment lutté contre mes envies jusqu'à maintenant. « Au passage, moi aussi j'ai très envie de t'embrasser... » Pour rebondir sur ce qu'elle a avoué tout à l'heure avant de parler de son véritable secret. Comme la dernière fois à Barcelone, je ne pense plus vraiment à Elio et aux conséquences que pourraient avoir nos actes. Il n'y a plus qu'elle qui compte, le regard qu'elle porte sur moi, et ses lèvres. Mon dieu, ses lèvres. « Tu es tellement belle. » En disant ça, ma main vient inconsciemment replacer une mèche de ses cheveux derrière son oreille avant de rester bloquée sur sa joue. Ok, cette fois, je crois qu'on m'a définitivement perdu. Mon regard planté dans le sien, je n'attends plus qu'un signe d'approbation de sa part. Étant donné les circonstances et notre situation plus que complexe, je ne veux pas être la seule à prendre les initiatives... je veux aussi lui laisser l'occasion de me repousser, si c'est vraiment ce qu'elle veut.

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Volontairement – enfin je crois, je ne termine pas ma phrase. Si je pensais que Freya allait le faire à ma place, je me trompe en beauté. En réalité, la jeune femme rentre un peu plus dans mon jeu. Ou alors, peut-être qu’elle ne veut pas non plus mettre de mots sur ce qui pourrait se passer dans les minutes à venir. Arrêter de réfléchir, c’est quelque chose que je peux faire. Enfin.. je crois. Mais est-ce vraiment une bonne idée de faire cela ? Si je coupe mon cerveau, je sais très bien quelle action je voudrais faire en premier. D’ailleurs, avec ce qu’elle ajoute, je ne donne pas chère de ma peau. Pourtant, les mots qu’elle dit ne me surprennent pas vraiment. Ou alors, c’est peut-être qu’au fond de moi, je les espérais. Qu’elle ressente la même chose que moi, ça me rend un peu moins folle. Ou nous le sommes toutes les deux. Du point de vue de nos proches ? Sûrement. Du notre ? Non. Mais aux dernières nouvelles, dans cette chambre, ils ne sont pas là. J’essaye de résister, je le jure ! Mais tout semble contre moi. Après cette phrase, voilà maintenant qu’elle me complimente et qu’elle porte sa main à quelques millimètres de mon visage. « Elizabeth.. » Je ferme les yeux quelques secondes, sûrement pour faire appel à ma raison. Mais il faut croire que même elle, elle a quitté le navire. Lorsque je les rouvre, mon regard retrouve automatiquement le sien et je sens mon cœur qui s’emballe. Jusqu’ici, je n’avais pas vraiment remarqué, mais nos deux visages sont proches et il ne manque pas grand-chose avant que la dernière barrière entre nous soit franchie. Je me demande même pourquoi ce n’est pas encore le cas. Il est peut-être temps que je rattrape ce retard, que je passe à la vitesse supérieure. Surtout que ce baiser, nous en avons envie toutes les deux, ça se voit sur nos visages. Sur nos visages, dans nos gestes et avec nos non-dits. Ma main frôle son bras sur la longueur et mes doigts remontent jusqu’à son épaule. Je nous revois chez elle, il y a quelques jours. Mais cette fois-ci, je ne m’éclipserais pas dans la salle de bain. De nouvelles secondes s’écoulent et maintenant, ma main se trouve au niveau de sa nuque. Je dois arrêter de résister, de réfléchir. C’est d’ailleurs ce que je finis de faire en venant sceller mes lèvres contre les siennes. Notre dernier baiser remonte à Barcelone et pourtant, j’ai l’impression que c’était hier. Je me souviens de ce que cela m’a fait ressentir et c’est exactement ce qui est en train de se passer aujourd’hui. Je me sens vivante et je me demande ce qui m’a poussé à me retenir de la sorte jusque là. Elle ne me repousse pas, alors pourquoi s’arrêter à ça. Maintenant que cette étape a été franchie et qu’il n’est plus possible de faire marche-arrière, autant profiter de ce moment pleinement. J’intensifie notre échange et ma deuxième main vient se poser sur sa cuisse. Je me retrouve obligée d’arrêter notre baiser, pour permettre à mes poumons de se remplir de nouveau. Je profite de cette pause pour venir murmurer quelques mots à son oreille. « Arrête-moi. Car je n’arriverais pas à le faire seule. » En même temps, ma main remonte doucement et vient se glisser sous le T-Shirt que je lui ai prêté tout à l’heure. C’est un peu contradictoire, c’est vrai : je lui demande de m’arrêter et pourtant, je m’enfonce un peu plus. Mais au moins, elle ne pourra pas dire que je ne suis pas honnête avec elle.