tell me how you move and i'll tell you who you are // loïs

tell me how you move and i'll tell you who you are
crédit/ tumblr ✶ loïs

Je pensais pouvoir être heureuse, et vivre la vie parfaite que toutes les femmes rêveraient d'avoir. Comment pourrait-il en être autrement ? De l'extérieur, j'ai tout pour être heureuse. Vraiment. Je suis issue d'une bonne famille - stricte, conservatrice mais aimante, j'ai un travail que je considère comme une véritable passion, un fiancé parfait et des amis formidables. Et pourtant, il me manque quelque chose. Ou plutôt quelqu'un. Depuis que Riley a fait son retour de ma vie, la situation est devenue plus difficile à vivre. La jeune femme fait ressortir en moi les démons du passé, ceux-là même que j'ai longtemps essayé de refouler. Quand je suis avec elle, je perds totalement le contrôle de moi-même. La raison n'est plus de la partie, et je ne peux m'empêcher d'être attirée inlassablement vers elle. Comme si c'était plus fort que moi, que nous. Comme si nous étions destinées depuis le début à être ensemble. Mais la réalité est bien différente : je suis promise à un autre. Cet homme que je n'arrive même plus à regarder dans les yeux après avoir partagé le lit de sa soeur... pour la deuxième fois. A Barcelone, il y a plus d'un an, c'était un moment hors du temps, comme une parenthèse qui n'a jamais réellement existé. Mais cette fois, c'est différent. Peut être parce que nous vivons maintenant dans la même ville. Et que contrairement à la première fois, nous savons exactement ce qui nous lie. On peut toujours se cacher derrière des excuses, en prétextant que c'est une (autre) erreur... mais est-ce vraiment utile ? Depuis cette nuit-là, j'ai du mal à trouver le sommeil. J'ai du mal à me regarder dans un miroir tellement j'ai honte de ce que j'ai fait. Mais le pire, c'est que je n'arrive pas à regretter pour autant. Et que je continue de vivre ma vie comme si rien n'avait changé. Tous les moyens sont bons pour essayer de penser à autre chose. Ma dernière lubie du moment : me mettre au sport, et engager une coach fitness à domicile. C'est comme ça que Loïs a débarqué dans mon quotidien, à coup de plusieurs séances par semaine - quand je ne suis pas dans les airs, évidemment. Et aujourd'hui encore, nous avons programmé un nouveau cours. Elio est en déplacement professionnel pour toute la semaine et ne travaillant pas de mon côté, j'en profite pour prendre un peu d'avance. Mon niveau en sport est un peu proche du zéro pointé, alors avec moi, Loïs a du boulot. « J'ai compris, tu veux me tuer en fait ? » Demandais-je en pleine séance à la jeune femme, non sans laisser échapper un rire amusé d'entre mes lèvres. « Si je peux plus bouger demain au réveil, au moins je saurais pourquoi. » Je risque encore de découvrir des muscles dont je ne connaissais même pas l'existence jusqu'à maintenant. Mais au moins, je me défoule et ça me fait du bien. Je crois que c'est tout ce dont j'ai besoin en ce moment. « C'est de la torture ! » Je ris un peu, essayant tout de même de reprendre mon souffle en posant les mains sur mes genoux.

Voilà maintenant 2 ans que tu avais décidé de t’installer sur Island Bay. En prenant cette décision, tu savais que tu mettais automatiquement un frein à ton activité première et de toujours : la garde privée. Tu avais toujours adoré ton job mais il n’était pas de tout repos et tu avais donné bien plus que la moyenne en terme de carrière. Lever le pied faisait partie du deal. Hors de question pour autant de ne rien faire. Tu gardais quelques missions triées sur le volet et pour le reste, tu alliais ta passion pour la condition physique à une nouvelle carrière de coach. Island Bay se prêtait plutôt bien à ta reconversion. Il y avait ici, pas mal de clients potentiels, plutôt aisés financièrement, prêts à débourser ce qu’il fallait pour avoir le luxe d’un entrainement personnalisé et à domicile s’ils le souhaitaient. Ta réputation avait vite fait le tour de l’île et ton agenda s’était très rapidement rempli. A tel point que, selon les périodes, tu devais refuser du monde. Ainsi, Freya était bien tombée. Il avait suffit d’un désistement au bon moment et le créneaux lui avait été réservé.

Si tu aimais les relations que tu créais avec certain.e.s habitué.e.s, tu appréciais tout autant la dynamique des nouvelles rencontres. C’était une question d’énergie, apprendre à connaitre l’autre en face de toi, deviner ses besoins, ses forces, ses faiblesses. Tu prenais à coeur d’apporter le meilleur conseil à tou.te.s et petit à petit, tu commençais à bien cerner la jeune femme. Sans problème de santé préalable, ni handicap particulier, tu savais que tu pouvais y aller ! Son entrainement était ciblé mais plutôt intense. Résultat tonifiant garanti, pour peu qu’elle s’y tienne et ne lâche rien. Mais ça, cela faisait également partie de ton job. « J'ai compris, tu veux me tuer en fait ? » Ton visage s’illumine d’un petit sourire habitué. Si tu recevais une prime à chaque fois que tu avais entendu cette phrase, tu serais probablement millionnaire aujourd’hui. “Je te ramène plutôt à la vie ! Ce corps à besoin d’un bon décrassage et tes muscles me remercieront.” Le ton familier entre elle et toi s’était imposé depuis quelques sessions, rendant le tout plus sympathique encore. « Si je peux plus bouger demain au réveil, au moins je saurais pourquoi. » Cette fois, c’est à toi de lâcher un petit rire. “Que tu penses à moi si tôt dans la journée, je serais flattée …” Le ton enjoué était une petite manie chez toi. Un réflexe que tu ne contrôlais pas vraiment. Tu avais toujours eu une tendance à flirter innocemment à tout va, et il s’avère qu’en général cela plaisait et - en l’occurrence - cela motivait.

Freya stoppe le mouvement en cours, une fois sa répétition de 30 effectuée. Elle râle, mais elle tient bon. Tu sais que la douleur doit être présente et, qu’effectivement, les lendemains de ta venue doivent être compliqués, mais elle sentirait vite une évolution. « C'est de la torture ! » Pliée en deux, mains sur les genoux, Freya s’amuse de son propre état et tente de reprendre son souffle. De ton côté, tu souris également venant lui tendre une gourde d’eau de la main gauche. “Il faut ce qu’il faut pour tonifier ce fessier !” La serviette que tu as dans ta main droite, vient claquer sur le derrière de la blonde avant d’aller, toi aussi, t’hydrater. “Allez petite pause. Mais tu connais la routine : boire et s’étirer en premier. Relâches les muscles et marches quelques pas avant de t’assoir quelques minutes si tu veux.” Elle regarde sa montre avant de terminer : “On reprend à quart”.

Tu laisses Freya prendre le temps de souffler un peu et vérifies que tu n’as pas reçu quelconque message important sur ton iPhone avant de le remettre en place dans ton sac. Te déconcentrant sur la jeune femme, tu demandes : “Monsieur fiancé n’est pas là aujourd’hui ?” En général, l’homme dans la vie de Freya, pointait toujours bien le bout de son nez à un moment, juste pour te saluer ou donner furtivement un chaste baiser à sa belle. Aujourd’hui, pas de mâle à l’horizon.

tell me how you move and i'll tell you who you are
crédit/ tumblr ✶ loïs

Je suis à deux doigts de perdre un poumon, mais a part ça, tout va bien. La séance est dynamique, et c'est ce que j'aime avec Loïs. Malgré le fait de m'entendre râler, souvent, elle ne me ménage pas pour autant. En même temps, objectivement, si j'arrive encore à râler, c'est que je ne suis pas encore en train de mourir. La jeune femme sait parfaitement comment y faire avec moi, et j'ai l'impression qu'elle me connait depuis une éternité. J'aime la complicité naturelle qui s'est installée entre nous, comme si notre relation allait bien au delà d'un simple lien coach/élève. Mais si la motivation est là, je sais inconsciemment que c'est un peu - beaucoup - grâce à elle. D'ailleurs, j'aurais peut être déjà tout arrêté si c'était avec quelqu'un d'autre. Il n'y aurait rien d'étonnant à cela. “Je te ramène plutôt à la vie ! Ce corps à besoin d’un bon décrassage et tes muscles me remercieront.” De là à dire que mon corps devrait la remercier, non, ne nous enflammons pas non plus. “Que tu penses à moi si tôt dans la journée, je serais flattée …” Pourquoi je me surprends à sourire plus de raison quand je l'entends dire ça ? Bon ok, là, je suis un peu perturbée dans mes répétitions. Ce serait pas le moment de faire un break ? Elle me tend justement une gourde que j'accueille avec un immense soulagement. “Il faut ce qu’il faut pour tonifier ce fessier !” Un rire s'échappe d'entre mes lèvres lorsque je sens sa serviette claquer sur mes fesses. « Il est déjà super tonique, j'te jure ! » Répliquais-je pour ma défense. Ouais ok, c'est pas super crédible mais est-ce que ça ne fait quand même pas un peu illusion ? Pas du tout ? La jeune femme m'accorde une pause, me conseillant tout de même de boire et de m'étirer avant de me poser. En bonne élève que je suis, je m'exécute et pour une fois, sans râler. Comme quoi, tout arrive. “Monsieur fiancé n’est pas là aujourd’hui ?” Je soupire un peu sans m'en rendre compte avant de me laisser couler sur une chaise. « Non, je suis seule au monde cette semaine. » Mais c'est pas plus mal, que je ne peux m'empêcher de penser dans un coin de ma tête. « Au moins je peux profiter et avoir un peu plus de temps pour moi. » Je ne sais pas si c'est tout à fait normal de se sentir soulagée de son absence, mais à quoi bon ? J'ai l'impression de souffler quand il n'est pas là à examiner mes moindres faits et gestes. Et à me reprocher tout et n'importe quoi - même si, finalement, il aurait vraiment de quoi me reprocher des choses, s'il savait. « Merde, je crois qu'il me tuerait s'il m'entendait dire une chose pareille ! » Je ris un peu, plus par nervosité qu'autre chose. Je ne sais pas trop pourquoi je me dévoile à elle, mais il faut croire que j'ai besoin d'évacuer, et pas seulement l'énergie que mon corps peut avoir en trop. « C'est grave docteur ? » Je préfère ironiser la situation, pour essayer de noyer un peu le poisson. Mais je crois qu'au fur et à mesure que les semaines passent, je sens qu'il y a un problème dans notre relation. Et pas seulement parce que j'ai couché avec sa soeur... enfin bon, si, ça compte beaucoup quand même.

feat. @Freya Middleton

Freya te sourit avec complicité lorsque tu la taquines. Tu dois d’ailleurs avouer que tu aimes particulièrement l’ennuyer gentiment. Le lien s’est imposé de lui-même, avec enjouement et dans la bonne humeur. C’était agréable et sans prise de tête mais cela ne te déconcentrait pas pour autant de ta mission … Au grand damn de la jeune femme qui aurait apprécié un peu de répit de temps en temps. La voyant commencer à s’emmêler les pinceaux et vraiment manquer d’air, tu lui offres une pause bien méritée.  
La serviette claque sur son derrière et Freya éclate de rire, répliquant aussitôt : « Il est déjà super tonique, j'te jure ! » Le sourire en coin, tu te diriges vers ta propre gourde d’eau. “Ça c’est à moi d’en juger.” Tu descends un bon quart de bouteille avant de la reposer. “Mais ça va, les efforts payent et ça se voit” Tu ponctues d’un clin d’oeil un peu plus charmeur qu’il ne devrait l’être, sans pour autant que tu ne t’en rendes vraiment compte. Mais il était un fait que Freya était une tres belle femme.

Alors que la blonde t’écoute avec assiduité, elle se lance dans quelques étirement après s’être bien hydratée. Ta question lui extirpe un souffle auquel tu ne t’attendais pas. Bien qu’il puisse être associé à son corps se laissant enfin aller à s’assoir, il te semble détecter quelque chose d’autre. C’est infime. Mais cela te fait tiquer. « Non, je suis seule au monde cette semaine. » Ah, voilà peut-être bien la raison du pourquoi. La solitude n’était pas toujours bien supportée par tous et Freya devait juste, éventuellement, trouver le temps long sans sa moitié. « Au moins je peux profiter et avoir un peu plus de temps pour moi. » A nouveau ton esprit pivote à 180°. Ok. Donc ce n’était pas une histoire de solitude. Tu gardes le silence, préférant la laisser s’exprimer, comprenant qu’elle semblait en avoir besoin. « Merde, je crois qu'il me tuerait s'il m'entendait dire une chose pareille ! » Un de tes sourcils s’élève presque imperceptiblement alors que tu ne peux t’empêcher de rebondir franchement : “J’espère bien que non ! C’est plus que normal et même sain que chacun puisse avoir du temps à soi dans un couple …” Le rire nerveux de la jeune femme ajoute un signal d’alerte dans tes pensées. Elle semble s’en amuser mais tu n’es pas franchement convainque. « C'est grave docteur ? » Tu te forces à lui sourire en réponse, tentant de te persuader que tu te faisais surement des films. Et d’ailleurs quels films ? Tu ne le savais même pas. Par précaution, tu te permets d’ajouter pour, peut-être, la réconforter: “Pas du tout. Rien de grave à aimer profiter de ton côté. Je suppose qu’il peut  le comprendre … ?” Ton regard vient se planter dans le sien avec assurance. “Tu es une belle jeune femme en pleine force de l’âge. Te fiancer ne veut pas dire accepter une chaine et un boulet” Ta main droite vient se poser sur son épaule dans un geste et une pression de réconfort. Tu y allais peut-être un peu fort dans l’image mais si tu te plantais, Freya serait la première à te le faire comprendre.

tell me how you move and i'll tell you who you are
crédit/ tumblr ✶ loïs

Pour la jeune femme, c'est apparemment tout à fait naturel de parler de mon fessier comme s'il s'agissait d'un simple outil de travail... en réalité, c'est un peu le cas. Elle est là pour ça. Enfin, pas pour parler de mes fesses, mais plutôt pour les faire travailler. Ce genre de situation avec elle me fait sourire. Je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais Loïs a le don de savoir comment s'y prendre. Le fait de créer un climat sportif agréable est appréciable. “Ça c’est à moi d’en juger. Mais ça va, les efforts payent et ça se voit.” Son clin d'oeil ne me laisse pas de marbre, même si je suppose que ce compliment n'est pas réellement anodin. « Je suis persuadée que tu dis ça à toutes tes victimes. » Je hausse instinctivement les épaules tout en fuyant son regard, un peu par réflexe. En même temps, c'est son job. Elle se tirerait une balle dans le pied toute seule si elle avouait à ses clients que ses séances ne semblent pas être efficaces. Mais je la taquine, pour rentrer sans m'en rendre compte dans son jeu. Je ne remets absolument pas son travail en doute, loin de là. La conversation dérive sur Elio et je perds inconsciemment mon sourire. “J’espère bien que non ! C’est plus que normal et même sain que chacun puisse avoir du temps à soi dans un couple …” Etrangement, mon fiancé n'est pas de cet avis. Il me reproche depuis bien trop longtemps de ne pas être suffisamment présente pour lui, pour nous, à cause du travail. Au début il comprenait, ou du moins c'est ce que je croyais. Mais au fil des mois, et surtout depuis sa demande en mariage, il y a comme une cassure. J'ai l'impression que nous ne sommes pas sur la même longueur d'onde. Et... le retour de Riley dans ma vie n'est malheureusement pas là pour arranger les choses. Peut être que c'est justement ce dont j'avais besoin pour ouvrir les yeux sur ma relation. Mais c'est pas aussi simple... les choses ne sont jamais aussi faciles. “Pas du tout. Rien de grave à aimer profiter de ton côté. Je suppose qu’il peut le comprendre … ?” Sans doute avec certaines limites. Je ne suis pas sûre qu'il comprenne mon envie d'ailleurs. Et ce que j'ai pu lui faire, dans son dos. Oui, je me sens coupable. Je suis coupable même. Mais peut être que si nous en sommes arrivés là, ce n'est pas pour rien... “Tu es une belle jeune femme en pleine force de l’âge. Te fiancer ne veut pas dire accepter une chaine et un boulet.” Je hoche machinalement la tête en laissant échapper un nouveau rire un peu nerveux. « Rien de grave alors... » Et pourtant, si. C'est grave. Parce que je ne suis pas honnête avec lui. « J'ai juste l'impression que nous ne sommes pas vraiment sur la même longueur d'onde lui et moi. » C'est un fait. Un constat qui a sans doute mis un peu de temps à faire son chemin dans ma tête. Mais il est là, maintenant. « Je suis désolée... » Je secoue la tête à la négative. « Je sais pas pourquoi je te dis tout ça... Tu n'as surement pas envie d'entendre tes clients se plaindre de leur petite vie bien rangée. » Je soupire un peu, honteuse. « C'est peut être mieux quand tu m'empêches de parler en fait. » Cette fois, c'est un rire franchement amusé qui s'extirpe d'entre mes lèvres.

feat.  @Freya Middleton

« Je suis persuadée que tu dis ça à toutes tes victimes. » Elle sourit, amusée, mais son regard te fuit soudainement, presque gênée. C’était plutôt mignon et si tu ne la savais pas sur le point de se marier, tu croirais presque qu’elle n’est pas à du 100% insensible à tes petits compliments. “Seulement à celles qui le méritent vraiment” Tu ponctues d’un clin d’oeil et instinctivement la conversation bifurque vers l’état du couple de la jeune femme. Te laissant aller à donner ton avis, tu ne te prives pas d’exposer ta vision des choses, certaine du bien-fait des mots qui sortent de ta bouche. Si tu avais toi-même été mieux entourée, peut-être ne te serais-tu pas fait subir une vie étouffée durant si longtemps. Alors parler et conseiller les autres, c’est peut-être là ta petite revanche personnelle.

Tes mots résonnent mais la mine de Freya ne semble pas aussi réceptive que tu l’aurais imaginé. Au contraire. Elle fini tout de même par hocher la tête et lâcher un nouveau petit rire nerveux. Il n’a rien de spontané. Tu ne la connais pas depuis des années, mais juste assez pour l’avoir déjà entendu rire et se lâcher sans contrôle. L’image qu’elle tente soudainement de t’exposer est floue et bien peu naturelle. « Rien de grave alors... » Peux-tu seulement en avoir le coeur net et la croire sur parole ? Pas certaine. « J'ai juste l'impression que nous ne sommes pas vraiment sur la même longueur d'onde lui et moi. » Pour le coup, voilà une phrase qui semble résonner de manière plus juste. Elle serait même teintée d’un peu de peur que cela ne t’étonnerait pas. « Je suis désolée... Je sais pas pourquoi je te dis tout ça... Tu n'as surement pas envie d'entendre tes clients se plaindre de leur petite vie bien rangée. » Son soupire fend la carapace qui n’aura finalement pas tenu longtemps. « C'est peut être mieux quand tu m'empêches de parler en fait. » Tu ignores son rire et sa tentative de diversion en venant t’installer à ses côtés. Assises côtes à côtes,  alors que tu viens laisser ton épaule se coller à la sienne en un mouvement du corps de réconfort, tu poses également une main sur son genoux le plus proche. “Freya, désolée de te décevoir mais il semblerait que ta petite vie ne soit pas si bien rangée que ça … Je me trompe ?” Ta voix est plus basse. Un petit raclement de gorge précède tes derniers mots, comme pour te donner l’assurance de mettre les pieds là où tu n’y as peut-être pas droit …

tell me how you move and i'll tell you who you are
crédit/ tumblr ✶ loïs

Au delà de nos séances de sport, ce qui est agréable, c'est de pouvoir échanger librement l'une avec l'autre comme si nous nous connaissions depuis une éternité. Je ne m'attendais pas réellement à aborder ma relation avec Elio avec elle... mais au fil de la discussion, force est de constater que les choses se font plutôt naturellement. La brune vient alors s'installer à mes côtés, se montrant à la fois réconfortante et rassurante. Son soutien me procure une vague de bien être qui se veut peut être plus agréable qu'elle ne le devrait. Je ne sais pas trop comment l'expliquer, mais avec elle, c'est simple. Naturel. J'ai l'impression qu'elle arrive à me comprendre sans même que j'ai besoin de dire quoi que ce soit. “Freya, désolée de te décevoir mais il semblerait que ta petite vie ne soit pas si bien rangée que ça … Je me trompe ?” La question piège. Un rictus jaune vient se figer au bord de mes lèvres alors que je ne peux m'empêcher de laisser échapper, un peu trop naturellement. « Ça se voit tant que ça ? » C'est fou à quel point Loïs arrive à me cerner aussi facilement. A croire qu'avec elle, je suis un peu comme un livre ouvert. C'est une sensation un peu déstabilisante quand même. « Mais disons que je préférerais peut être qu'elle le soit... » Mais est-ce que c'est vraiment ce que je veux ? Avoir une vie bien rangée et jouer les petites amies parfaites... ouais, ou pas. « Je ne suis surement pas la meilleure fiancée qui soit. » J'ai failli à mon rôle de fiancée, et à deux reprises. Je ne suis pas certaine que ce soit les meilleures conditions pour un couple de se marier. Je ne suis pas fière d'avoir été infidèle, mais ce n'est pas comme si c'était quelque chose que j'avais vraiment pu contrôler. Comme on dit, les sentiments ne se contrôlent pas. Est-ce que je regrette ? Sur la forme, oui, bien sur. Mais sur le fond... je ne crois pas. « Est-ce que ça t'est déjà arrivé d'avoir l'impression d'avoir tout pour être heureuse mais de ne pas te sentir vraiment heureuse justement ? » Ou comment passer d'une séance de sport à une séance de psychologie en une fraction de secondes. « Comme s'il te manquait quelque chose... » Que j'ajoute après avoir cherché un peu mes mots. « T'es sûre que t'as pas raté ta vocation de psychologue ? » Encore une fois, j'essaye de plaisanter pour dédramatiser un peu la situation. Essayer de faire passer les choses avec un peu plus de légèreté peut être. Mais finalement, je crois que ça me fait du bien de m'ouvrir à quelqu'un.

feat.  @Freya Middleton

Ta question fait mouche. Un rire étranglé s’échappe à peine des lèvres de Freya mais tu comprends que tu viens de toucher une corde potentiellement sensible. « Ça se voit tant que ça ? » Il y a quelque temps, tu lui aurais répondu que non. Et tu l’aurais pensé. Mais voilà deux trois fois où des détails étaient venus te chiffonner. Aujourd’hui surtout. Pour toute réponse, tu lui offres une petite moue accompagnée d’un bref haussement d’épaules. Il n’y avait pas besoin de mot à ce stade. « Mais disons que je préférerais peut être qu'elle le soit... » Ton silence invite la jeune femme à développer si tel était son désire. Tu sens qu’un poids doit être libéré. « Je ne suis surement pas la meilleure fiancée qui soit. » Cette remarque était plutôt interpellante. Loin de toi l’idée de juger mais il était plutôt rare d’entendre ce genre de commentaire venant de futurs mariés. La phase euphorique était sensée n’avoir à peine que commencé. N’était-il pas trop tôt pour ce genre de question existentielle ? Surement. Si ce n’était un réel problème de couple qui se cachait là, il devait au moins y avoir une sérieuse angoisse à dénouer. “Personne n’est parfait … Mais vous vous aimez. Ça doit être là le plus important. Vous vous êtes choisis mutuellement au-delà des imperfections. Du moins je le suppose. C’est un peu ça le mariage, non ?” Tu lui offres un sourire se voulant cette fois plus rassurant. Tu ignorais bien évidemment la profondeur du malaise qui s’insinuait entre la jeune femme et son fiancé. « Est-ce que ça t'est déjà arrivé d'avoir l'impression d'avoir tout pour être heureuse mais de ne pas te sentir vraiment heureuse justement ? » Tu souris à nouveau, dans un souffle presque amusé. S’il y avait bien quelqu’un qui pouvait répondre par la positive à cette question, c’était toi ! Ce schéma fut le tien durant de bien trop longues années. « Comme s'il te manquait quelque chose... » Ton regard vient balayer le sol un instant alors que les souvenirs affluent. En redressant le menton, tu hoches la tête, exprimant un oui silencieux. “Et pas qu’un peu … J’ai passé des années dans un mariage qui n’aurait jamais dû avoir lieu.” Tu inspires avant de continuer de manière un peu plus précise. “Enfin, je ne regrette pas tout car mon fils fut le plus beau des cadeaux mais … disons que le problème se situait ailleurs.” Le regard interrogatif et en demande d’échange de Freya t’incite à rajouter pour plus de clarté : “Disons qu’aimer les femmes et se laisser embarquer dans un mariage hétéro n’est pas l’idée du siècle !” Tu ponctues d’un rire franc, préférant tourner l’histoire en dérision plutôt que de te lamenter sur ton propre sort.  « T'es sûre que t'as pas raté ta vocation de psychologue ? » Elle essaye de plaisanter un peu et cela t’amuse également. A y penser, les heures passées avec tes client.e.s lors de tes missions les plus longues, s’étaient généralement soldées par la création d’un lien spécial entre eux et toi. Il n’a pas été rare que ton avis soit demandé sur divers sujets. Des moins aux plus personnels. Tu avais souvent été la définition parfaite du ‘regard extérieur’. Mais depuis que tu étais plus occupée en tant que coach sportive qu’autre chose, Freya était la première avec laquelle l’intimité était aussi forte. “Oh, j’ai juste une expérience de vie un peu plus longue que la tienne” Tu lui offres un clin d’oeil complice avant de rajouter : “Promis, je ne te facturerais que les heures de sport, pas l’analyse” Un nouveau rire doux s’échappe de tes lèvres. Plus sérieusement, tu te permets : “Donc si tu veux élaborer, tu peux. Mais je me doute que tu as surement d’autres proches plus qualifié à t’aiguiller” Au final, il n’y avait peut-être rien de mieux que la présence d’amis en telles circonstances.

tell me how you move and i'll tell you who you are
crédit/ tumblr ✶ loïs

Cela devrait être effectivement le plus important : s'aimer et se choisir mutuellement au-delà de nos imperfections. Le concept même du mariage en bonne et due forme. Mais plus les semaines défilent, plus j'ai l'impression de me tromper de chemin : le coeur n'y est pas. Et ce n'est pas nécessairement l'idée du mariage le problème, c'est encore un peu plus profond que ça. Est-ce que je suis réellement amoureuse d'Elio ? Telle est la question. J'ai des sentiments pour lui, et du respect. Mais quand je pense à tout ce qui a pu se passer ces derniers temps dans ma vie... je crois qu'il faut que je me rende à l'évidence : je ne l'aime pas de la façon dont je le devrais. Si j'essaye de mettre des mots sur mon ressenti, c'est bien de cette manière que je suis capable de le décrire : il me manque quelque chose. Est-ce que je suis la seule à ressentir ce vide ? Mon coeur est aux abonnés absents, trop occupé à penser à des envies d'ailleurs. Et apparemment, Loïs a déjà connu cette sensation. “Et pas qu’un peu … J’ai passé des années dans un mariage qui n’aurait jamais dû avoir lieu.” Ah... effectivement, on est un peu dans le thème là. “Disons qu’aimer les femmes et se laisser embarquer dans un mariage hétéro n’est pas l’idée du siècle !” Encore pire. J'ai l'impression de me retrouver dans ses paroles, et pas qu'un peu. Jusqu'à maintenant, je ne me suis jamais vraiment posée la question. Disons que par la force des choses, mon hétérosexualité paraissait être une évidence. Mais... qu'en est-il réellement ? De toute évidence, je ne peux plus vraiment nier mon attirance - et mes sentiments - pour Riley. « Je crois que je vois exactement ce que tu veux dire... » Et pour cause, nos expériences de vie n'ont pas l'air si éloignées que ça finalement. Même si effectivement, Loïs a surement plus de recul que moi à ce niveau-là. “Promis, je ne te facturerais que les heures de sport, pas l’analyse” Finalement, parler avec elle me fait du bien. J'ai l'impression de prendre encore plus conscience de certaines choses. Disons qu'avoir un avis extérieur, qui plus est de quelqu'un qui a vécu sensiblement la même chose, peut vraiment aider. “Donc si tu veux élaborer, tu peux. Mais je me doute que tu as surement d’autres proches plus qualifié à t’aiguiller” A croire que c'est plus facile de se confier à une personne dont nous ne sommes finalement pas si proches... en tout cas, c'est comme ça que je le ressens, sur le moment. « Peut être... mais encore faut-il que ces personnes comprennent vraiment ce que je ressens. » Je ne dis pas que mes proches ne pourraient pas comprendre. Mais j'ai l'impression qu'avec Loïs les choses sont plutôt évidentes. Encore plus maintenant qu'elle m'a fait part de sa situation personnelle. « Comment tu as fait pour te rendre compte de ton "erreur" ? » Je mine les guillemets avec mes mains. « Et surtout pour t'en sortir ? » Est-ce que je suis en train d'essayer de piocher de précieux conseils pour ma relation avec Elio ? Il y a sans doute un peu de ça. « Je suis désolée, je deviens un peu trop indiscrète... tu as tout fait le droit de m'envoyer chier, je ne t'en voudrais pas. Et puis, à la base, tu n'es pas venue là pour parler de toi. » Ouais, il faudrait peut être que j'arrête d'abuser de sa gentillesse. « Mais promis, ce n'est pas une tentative pour esquiver tes exercices. » Je plaide non coupable.

feat.  @Freya Middleton

Alors que tu te dévoiles quelque peu en avouant un point central et pivot de ton histoire, le regard de Freya se redresse et accroche le tien. Elle t’écoute avec attention avant de souffler dans un élan spontané : « Je crois que je vois exactement ce que tu veux dire... » Les mots et le ton t’interpellent mais tu n’insistes pas de suite, préférant entre-ouvrir une porte sans la défoncer. Après tout, Freya avait surement des proches à qui se confier et ce n’était pas vraiment ton rôle de te montrer ‘curieuse’ . Pourtant, ta cliente hésite : « Peut être... mais encore faut-il que ces personnes comprennent vraiment ce que je ressens. » Sa manière de s’exprimer te semble emplie d’une certaine peine. Cela te touche. La jeune femme n’est pas sereine, cache quelque chose et la voir ainsi se débattre avec ses propres hésitations n’est pas aisé pour toi. L’air de rien, tu as appris à l’apprécier et tu lui portes une sincère tendresse. Tu t’apprêtes à lui répondre lorsqu’elle enchaine : « Comment tu as fait pour te rendre compte de ton "erreur" ? Et surtout pour t'en sortir ? » Définitivement, son intérêt n’est pas vain. Il ne porte pas sur une politesse de façade. « Je suis désolée, je deviens un peu trop indiscrète... tu as tout fait le droit de m'envoyer chier, je ne t'en voudrais pas. Et puis, à la base, tu n'es pas venue là pour parler de toi. » Un léger malaise l’envahi. Son corps se remet à s’agiter nerveusement avant qu’elle ne dévie le tout sur une note d’humour « Mais promis, ce n'est pas une tentative pour esquiver tes exercices. » Elle sourit et toi aussi. Tu as pourtant bien compris que se cachait là son mécanisme de défense : la dérision.

Tu inspires profondément et vérifies discrètement l’heure. Le cadran de ta montre te fait soudainement grimacer. Le temps passe et plus rapidement que tu ne le pensais. Si tu n’avais rien eu de prévu ou d’important juste après, tu étais prête à lui proposer de sortir boire un café afin de papoter. Mais tu devais aller rechercher Leah et il n’était bien évidemment pas question d’abandonner l’enfant à son sort … “Freya, je suis sincèrement désolée, je dois aller rechercher mon petit fils” C’est à ton tour d’emprunter un ton désolé, sincèrement embarrassée de devoir couper court à cet échange. “Mais je n’ai pas envie de te laisser avec tes interrogations … Je suis tout à fait disposée à répondre à tes questions si tu y tiens” Ton regard est appuyé afin qu’elle puisse - tu l’espères - y lire à quel point tu prenais la chose au sérieux. Tu te redresses afin de ranger rapidement tes affaires dans ton sac de sport. Tu passes la lourde lanière sur ton épaule avant de venir prendre la main de la blonde dans la tienne. “Je suis sérieuse Freya. Tu as mon numéro. Si tu désires continuer cette conversation ou si tu as besoin de parler, je suis là.” Tu exerces une pression de réconfort sur sa main avant de délicatement la lâcher.
Une fois le sac de sport installé sur la siège passager et prête à démarrer, tu baisses la fenêtre de ton côté. “Promets moi de ne pas rester seule dans le tourment si c’est le cas.” La jeune femme hoche la tête et te salue de la main avant que ton moteur gronde et ne t’éloigne de l’habitation. Du moins pour aujourd’hui.