Truth time ☆ Nina

❝ Truth time ❞
Nina & Nathaniel

 Les choses s’étaient enfin tassées, tout était rentré dans l’ordre. Ma dernière soirée en compagnie de Nina était parfaite. Je n’aurais pas pu rêver mieux. Elle a accepté de me donner une dernière chance. Je me suis demandé si je la méritais surtout avec les récent évènements. Olivia est revenue. Autant dire que c’est la merde. J’ai caché mon passé à la jolie rouquine, je ne voulais l’entacher avec ça et je crois que j’avais du mal à assumer les coutumes ridicules de ma famille. Ils se croient encore au 18e siècle pour prévoir ce genre de coup. Et avec le retour de ma supposée promise, les choses vont dégénérer, c’est évident. Nous avons convenu avec Nina qu’il n’y aurait plus de fuite ou de cachotterie alors il est temps de lui raconter toute cette histoire. J’ai envie de continuer à la voir, et d’apprendre à la connaitre. Elle risque de se retrouver prise au piège malgré elle et elle ne mérite pas ça.
Aussi, je lui ai proposé un pique-nique. L’un comme l’autre, nous sommes enfermés toute la journée. L’automne pointe le bout de son nez mais nous sommes suffisamment chanceux pour avoir choisi une journée claire. J’opte pour un jean clair et un tee-shirt blanc, un perfecto en cuir pour terminer le tout. Bien plus décontracté que le costume que je porte tous les jours. J’ai proposé de m’occuper de la nourriture tandis que Nina prend en charge de quoi nous faire un coin douillet : plaid, couvertures etc … Ne connaissant pas ses goûts, j’ai prévu diverses choses : salades, quelques sandwichs (avec de la vraie baguette), quelques douceurs pour le dessert ainsi que de l’eau (pétillante, plate et une bouteille de Sauterne). Bref, je suis assez impatient de la revoir mais j’ai conscience que tout pourrait partir à vau-l’eau. Une fois le panier en main, je prends ma voiture et me rends au point de rendez-vous. Peu de temps après, je repère la jolie rouquine. Un sourire se dessine sur mes lèvres naturellement. Je suis content de la voir mais je n’arrive pas à me débarrasser de la boule qui se forme dans mon estomac. J’ai honte de ce passé, de cette manière de penser encore archaïque. Une fois à sa hauteur, je m’approche d’elle, pose une main dans le creux de ses reins et dépose un léger baiser sur ses lèvres. Bien que nerveux, je n’ai pas tergiversé dix ans sur la manière de lui dire bonjour. « Bonjour. Je suis content que tu aies accepté mon invitation. » Elle est encore plus jolie que dans mes souvenirs. Mais ce n’est pas le moment de perdre le fil. « On s’installe là-bas ? » lui-je en désignant un coin un peu à l’écart. Assez naturellement, nous nous installons et je sors tous les mets que j’ai apporté. Pendant quelques instants, je me demande si je dois lui faire la conversation mais en toute honnêteté, je préfère arracher le pansement d’un seul coup. Je m’éclaircis la gorge « J’avais très envie de te revoir Nina, et j’ose espérer que ce ne sera pas la dernière fois. Après le fiasco de notre première rencontre et la discussion qui a suivi, je me suis promis de ne rien te cacher. Si je t’ai invité c’est également pour une raison précise : te parler de mon passé. Parce que … » Je marque une pause. Je frotte machinalement mes mains sur mes cuisses « Parce que je ne veux pas te mentir » La visite d’Olivia m’a définitivement convaincu de tout lui dire et j’espère que mon passé, les choix de ma famille, tout ce qui a pu se passer ne la feront pas fuir.

❝ Truth time ❞
Nina & Nathaniel

 Cette nana me plait, vraiment. Et peut-être plus que je n'aurais pu le croire. C'est son tempéramment, son caractère, ses yeux, bref tout ce qui fait d'elle ce qu'elle est. J'imagine qu'elle a des défauts, comme tout le monde. Elle est bornée, ça j'ai pu m'en rendre compte. Tout ça pour dire que j'ai envie que les choses se passent bien et elle mérite la vérité. Si je n'ai rien dit plus tôt, ce n'était pas contre elle. Il n'est pas facile d'avouer à quelqu'un un truc aussi énorme, surtout au 21e siècle. J'ai honte de cette tradition et cette façon de penser. Alors je me rends à ce pique-nique angoissé mais également déterminé. Nous nous rejoignons au parc et je la salue par un baiser. J'en avais envie et puisqu'aucun upercut n'est venu se loger dans ma machoire, elle ne semble pas contre. Ca me réchauffe le coeur. Sa remarque sur le blind date me fait sourire. Zoë m'a sauvé la mise sur ce coup-là, sans s'en rendre compte. Elle ne connaissait pas notre passé et notre première rencontre. Elle a eu du flair. Je lui propose de nous installer à l'écart, histoire d'avoir un peu d'intimité, ce qu'elle accepte. Elle s'occupe de nous faire un coin douillet, et je sors toute la nourriture. Elle semble ravie et encore une fois, mon coeur rate un battement. Je la gratifie d'un sourire sincère. « J'avais envie qu'on se souvienne de cette journée. » Et finalement, je me dis qu'il faut se lancer. Tourner autour du pot sera bien pire et quitte à lui gâcher ce moment, autant le faire dès le début. Sa réponse ne se fait pas attendre. Elle est tendue, c'est évident et je ne peux pas lui en vouloir. Alors je laisse tout sortir « Ma famille et moi venons de New-York. Mon père est un politicien. Notre nom est connu là-bas. Lorsque j'avais 17 ans, mes parents m'ont expliqué que je devais penser à ma famille, à mon nom et mon héritage. Et surtout à ce que cela signifiait d'être un Egerton. Un jour, des amis à eux sont venus nous rendre visite. » Je marque une pause. Le moment fatidique est arrivé. Mes yeux dans les siens, je poursuis. « Ce soir-là, ils m'ont annoncé que j'étais promis à leur fille, fiancé. Il s'agissait d'une union arrangée pour unir deux puissantes familles new-yorkaise. Je ne l'ai pas très bien pris, comme tu peux l'imaginer alors, j'ai fui. Je n'aimais pas cette fille. J'ai quitté le pays quelques mois plus tard et je me suis installé en Angleterre où j'ai fait mes études. Mes parents ne m'avaient pas coupé les vivres mais n'avaient plus accès à mes comptes et moi, je ne leur adressais plus la parole. J'avais des nouvelles par Martha, notre gouvernante » Une fois de plus, je m'arrête. Il y a beaucoup d'informations à digérer.  « Je n'ai plus entendu parler de cette histoire et c'est lorsque ma mère est tombée malade que j'ai renoué avec eux. Je pensais que tout était terminé sauf que c'est femme, elle m'a retrouvé. Et visiblement, elle souhaite aller au bout du plan que nos parents ont fomenté » Je secoue la tête, le regard dur. Evoquer tout ça fait remonter des sentiments que j'avais enfoui très profondément. « Je ne t'en ai pas parlé parce que je pensais sincèrement que c'était de l'histoire ancienne. Alors, quand elle s'est pointée chez moi, j'ai su que ce n'était que le début. Olivia est une figure publique, une actrice. Et je ne veux pas que tu te retrouves au milieu » Je veux juste la protéger. « Et je crois que j'avais honte aussi »

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Nina & Nathaniel

 Je sens que ça va être difficile, compliqué et très certainement douloureux. Pour elle comme pour moi. Je n'ai pas envie de la faire souffrir mais elle mérite que je lui dise toute la vérité. Certes, je reconnais avoir tardé, et peut-être que si j'avais fait ça plus tôt, nous n'en serions pas là aujourd'hui. Je me suis attaché à Nina, plus que je ne souhaite l'avouer. Et ca me fait chier, royalement chier que cette histoire me revienne en pleine tronche et qu'elle se retrouve au milieu de tout ça. Elle semble heureuse d'être là et je m'en veux d'autant plus. Alors je me lance, je sors tout, toute ma vie ou tout du moins, les éléments qui me pourrissent l'existence en ce moment. J'essaie d'être clair dans mes explications, qu'elle puisse comprendre le contexte et comment les choses fonctionnent dans ce cercle-là. C'est un univers très différent, que j'ai fui. On ne relate que les paillettes ou les petits scandales dans la presse, mais rien sur les dessous parfois sordides, les histoires de famille et autres noirs secrets que l'on cherche à passer sous silence. Je continue et j'ai l'impression qu'elle n'a qu'une envie : prendre ses jambes à son cou. Ce qu'elle ne tarde pas à faire. Elle se lève brusquement et je l'imite. Elle est à court de mots, ou c'est l'impression que j'en ai. Je retiens un soupir. Nina a raison, je comprends sa réflexion. Mais je ne peux pas me résoudre à la laisser partir. Il faut qu'elle sache, je dois lui dire. « Attends Nina » Je me positionne devant elle, mais garde une distance respectueuse « Je ne suis pas fiancé. Je n'ai rien choisi de tout ça, on me l'a imposé. » Et cette histoire me poursuit et elle est en train de ruiner quelque chose, ce petit bout de chemin que l'on ... que je veux faire avec la rouquine. C'est très certainement la pensée la plus présomptueuse et égoïste que j'ai eu de ma vie, mais je ne veux pas que ça se termine. « Ecoute, dans cet univers, le profit est plus important que tout le reste. Le mariage est quelque chose que je prends très au sérieux, c'est un engagement, quelque chose de vrai, que l'on partage avec la personne qui signifie tout et ... enfin ... putain » Je passe une main dans mes cheveux. Il y a encore dix minutes, mes pensées étaient claires, mais maintenant, c'est la merde. Je veux tellement qu'elle comprenne qu'Olivia n'est rien pour moi. « Olivia ne peut pas me forcer à signer quoi que ce soit. Je refuse catégoriquement de l'épouser. C'est une inconnue pour moi. C'est toi ... » Je soupire mais plante mon regard dans le sien, déterminé « C'est toi que j'ai envie d'apprendre à connaître, à côtoyer. » Il faut que je me calme. Mon coeur bat à dix mille et c'est la trouille de dire adieu à quelque chose qui n'est pas encore commencé qui me pousse à agir ainsi. Allez reprends toi Nath « Tu mérites de savoir. Olivia est une figure publique, une actrice. Je ne sais pas comment les choses vont évoluer. Mais ça risque d'être moche et je ne veux pas que tu te prennes une balle prise entre feux croisés. » La métaphore pourrait presque être drôle « Je ne pense pas qu'elle ait un mauvais fond ou que ce soit quelqu'un de mauvais. Mais je ... » après une pause, je reprends « Je tiens à toi, c'est tout » Bref, c'est la merde.

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Nina & Nathaniel

 Je savais que ce serait compliqué mais Nina méritait de connaître la vérité. Sur mon passé, ma famille, les coutumes de cet univers de taré. Mes parents se pensant encore au 19e siècle. Je ne serais même pas surpris si une dot avait été négocié. Mais je ne me suis jamais attardé sur la question, cela ne m’intéresse pas. La rouquine est en colère. Comment lui en vouloir ? Notre relation, c’est les montagnes russes. Bon début, descente, deuxième chance et un nouvel obstacle. Et pas des moindres. Je la laisse se défouler, elle en a parfaitement le droit et accuse le coup. Ses propos tapent juste mais je ne dis rien. J’attends. Elle en a gros sur le coeur. Et je découvre le fond du problème. Je fronce les sourcils et secoue la tête bien malgré moi. Il n’est pas question de nos mondes. Les choix de ma famille ne me définissent pas. Ce mariage ne me définit pas. J’ouvre la bouche pour lui expliquer mais elle ne m’en laisse pas le temps et poursuit. Avant d’asséner le dernier coup. Nina et moi avons eu des vies très différentes, et ses dernières paroles me le confirment. Son regard ne flanche pas et je ne baisse pas les yeux. Je crois d’ailleurs qu’ils trahissent toute la tendresse que j’ai à son égard. Pas de la pitié, jamais, mais bien de l’attachement. J’ignore comment lui faire comprendre que je me fiche complètement du nom qu’elle porte, de ce qu’elle gagne, du boulot qu’elle fait, de la bagnole qu’elle choisirait. Tout ça n’est que secondaire voire même inintéressant. Je me jette à l’eau « Ca m’est égal. Je me fous que ton nom ne soit pas Vanderbilt, ce sont des connards pompeux et prétentieux dans tous les cas. » Une note d’humour mais on ne peut plus vrai. Je plonge mon regard dans le sien « Si un jour je ne suis plus dans ta vie Nina, c’est parce que tu m’auras jeté pas parce que je t’aurais abandonné. » J’ai conscience que mes propos promettent bien des choses mais c’est ainsi. Cette nana m’a retourné le cerveau. Je le dis depuis le début et l’idée même qu’elle parte, qu’elle me laisse là, au milieu de ce parc me fout une trouille bleue. « Je crois qu’on mérite une chance de savoir jusqu’où l’on peut aller. Jusqu’où tout ça peut nous mener » J’ai envie de saisir ses mains, j’aimerais tellement qu’elle puisse lire mes pensées. Elle a tout chamboulé dans ma vie et dans ma tête, c’est clairement le bordel depuis que je l’ai rencontré. Et je crois qu’il faut que je me rende à l’évidence, dans mon coeur aussi. « Ce mariage arrangé existe, c’est une réalité. Ma réalité et j’essaie de me tirer de cette situation merdique.  Mais je … » Je passe une main dans mes cheveux, signe de mon agacement. Pas par rapport à Nina, non. Par rapport à tout ça. Je n’arrive pas à exprimer ce que je ressens et j’ai l’impression que rien de ce que je pourrais dire sera suffisant pour la convaincre de rester. De rester près de moi malgré tout ça. Une pensée m’effleure l’esprit. Est-ce juste de lui demander une telle chose ? De l’embarquer dans tout ça ? « Je suis un connard égoiste Nina, parce que c’est moi qui te demande de ne pas m’abandonner aujourd’hui. C’est moi qui te demande rester » T'as raison Nath', c'est toi l'égoiste dans l'histoire.

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Nina & Nathaniel

C’est le bordel, la merde ou tout autre qualificatif qui pourrait décrire cette situation pourrie. D’ordinaire très loquace, je me retrouve à court de vocabulaire. J’ignore si c’est tout ça ou bien Nina. J’ai parfois l’impression de revenir à mes débuts d’adolescent, complètement béat devant une nana que j’apprécie. La rouquine a cet effet sur moi depuis le premier jour. Mais aujourd’hui, ça me dessert. J’aimerais pouvoir lui expliquer, lui prouver que cette histoire, cet arrangement m’est égal, complètement égal. Je ne veux rien savoir de tout ça. Je cherche mes mots et laisse Nina se défouler. Elle en a le droit, elle se retrouve au milieu sans n’avoir rien demandé. Je culpabilise de lui faire subir autant de choses. Mais je suis soulagé que la vérité finisse par éclater. Elle insiste alors sur le fait que nous n’appartenons pas au même monde. Ca n’a aucune importance ! Je sais que certaines familles, riches, se complaisent dans ce système de castes. Pas moi. L’argent que j’ai, le nom que je porte ne définissent pas qui je suis, et ne régiront certainement pas ma vie. C’est insensé ! Avant de la perdre, je décide de me jeter à l’eau. Je fais l’une des demandes les plus égoïstes qui soit : je lui demande de rester. De nous donner une chance, de ne pas m’abandonner. Je sais que mes mots font écho aux siens. Et elle confirme encore ce ressenti qu’elle a eu un passé difficile. Attends quoi ? J’écarquille les yeux, sonné « Tu … Quoi ? » Ai-je bien compris ? Elle veut tenter le coup ? Réellement ? J’aurais parié sur tout sauf sur ça. Je veux dire, bien évidemment que j’espérais la convaincre mais je pensais que tout ça n’avait servi à rien. Alors à défaut de trouver les bons mots, je la prends dans mes bras, une main dans ses cheveux. « Mon monde est peut-être différent du tien, comme tu dis, mais j’ai envie que tu en fasses partie » murmuré-je. La serre contre moi me fait du bien, un peu comme si je m’assurais que tout ça n’est pas un rêve, qu’elle est bien présente et qu’elle ne s’est pas barrée en me laissant comme un idiot dans ce parc, avec mon pique-nique pour seule consolation. Je m’écarte un instant, gardant tout même une certaine proximité « On a dit plus de secret alors je te dirai comment les choses évoluent, si elles évoluent. Et si tu veux partir, je … je » Je me racle la gorge pour reprendre une certaine contenance « Je renoncerai à toi » Je ne dis que pas que je la laisserai partir puisqu’elle ne m’appartient pas et que je n’ai pas à la laisser faire quoique ce soit. Elle est libre de ses choix. Et je ne pourrais pas la forcer à rester à continuer non plus. Je devrais me résigner, et renoncer à elle, lui souhaiter tout le bonheur du monde. « Est-ce que tu as toujours faim ? » Tenté-je, un franc sourire aux lèvres.

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Nina & Nathaniel

Si cette histoire doit un jour exploser, j’espère que ce sera pour ma pomme et pas celle de Nina. Elle ne mérite pas de se retrouver au milieu de tout ça. Et je sais que je suis égoïste, en lui demandant de rester près de moi, avec moi. Pourtant je ne peux pas m’en empêcher. Plus rien ne fait sens dans mon esprit mais je suis ravi qu’elle accepte. J’ignore comment les choses vont évoluer. Je dois bien reconnaitre que cela m’effraie. Une petite voix dans ma tête me fait dire que je craque, gentiment mais sûrement, pour la jolie rouquine. Et peut-être plus qu'elle ne craque pour moi d'ailleurs ? Peut-être me jettera-t-elle dans quelques jours ou semaines. Pour le moment je préfère ne pas y réfléchir. Notre pique-nique est toujours installé alors je tente de détendre l’atmosphère en lui proposant de reprendre où nous nous sommes arrêtés. Malheureusement, Nina ne semble plus très réceptive. Comment l’en blâmer ? Ces révélations mettraient à mal l’appétit de tout le monde. Je cache ma déception, parfaitement conscient que tout est ma faute. « Si tu préfères, je peux te ramener chez toi. Je peux comprendre si tu as envie d’être un peu seule » Egoïstement, encore une fois, je préfèrerai qu’elle reste. Mais je sais que c’est compliqué, une situation merdique. Je réalise soudain qu’avec tout ça, si un jour on devait en arriver là, je ne pourrais probablement jamais présenter Nina à mes parents. Je brûle quelques étapes, je le sais et pourtant, cette réalité me frappe. Ma famille m’a trahi, purement et simplement en rentrant dans le jeu d’Olivia. Cette dernière n’a certainement pas compris qu’elle brisait une famille en cherchant à se sortir de ce mauvais pas. Bien entendu, mes parents ont largement leur part de responsabilité. On pourrait croire qu’avec l’âge, on devient plus sage, on apprend mais il n’en est rien. Ils ont commis cette erreur, une seconde fois. Pire, ils ont encouragé cette mascarade. Island Bay était un nouveau départ. Après avoir abandonné New-York et construit ma vie à Londres, je l’ai vu comme une chance de tout recommencer, de laisser le passé derrière nous et de redevenir une famille. Quelle déception ! Je suis aussi triste qu’enragé. Cette constatation me pousse à me taire. Je dois avoir l’air de ruminer. Sauf qu’il est hors-de-question d’en rajouter une couche. J’en parlerai certainement à Nina une prochaine fois mais pas maintenant. Il en a assez entendu aujourd’hui. J’ignore combien de temps s’est écoulé depuis ma dernière remarque mais je poursuis « C’est comme tu veux et ça ne me dérange pas. Même s’il faut faire un détour » J’ignore totalement où elle vit mais ce serait la moindre des choses de lui offrir de la raccompagner

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Nina & Nathaniel

Avec toutes ces révélations, je pourrais comprendre que Nina ressente le besoin de se retrouver un peu seule. Bien qu'elle ait accepté de nous donner une chance, cela reste un beau merdier. Et encore, je n'ai pas évoqué le coup que mes parents m'ont fait. Mais ce sera pour une autre fois. Aussi, je lui offre de la raccompagner pour la laisser digérer tout ça. Impossible de lui en vouloir. A nouveau, à ma grande surprise, elle choisit de rester. Décidément, cette nana est déroutante. Elle balaye toutes les certitudes que je pouvais avoir. La rouquine s'installe sur le plaid et je l'imite. Elle semble incertaine. Je préfère ne pas la brusquer davantage. Un peu comme si je ne voulais pas l'effrayer. Cette pensée est ridicule mais j'ai envie de prendre soin d'elle. C'est ... instinctif. La jeune femme s'intéresse aux diverses préparations. Je lui souris timidement « Tout sauf le dessert. Je ne suis pas très doué en pâtisserie. » C'est un art délicat et je n'avais très envie d'empoisonner mon invitée du jour. Lorsque j'étais encore à New-York, j'ai eu la chance de goûter à de vraies merveilles. J'espère pouvoir partager cela avec elle un jour. J'ouvre les tupperwares et sors la vaisselle. Pas de plastique, ce n'est pas pratique, ca peut s'envoler et c'est très mauvais pour la planète. Je suis très loin de tout faire pour protéger l'environnement mais j'ai quelques réflexes comme ceux-là. « Tu as une salade de tomates, concombres, maïs et quelques dés de fromages. Plusieurs sandwichs différents : poulet ou bien saumon. J'ai opté pour du vrai pain français. Je suis tombé par hasard sur cette boulangerie typique, artisanale, tu m'en diras des nouvelles » Mon enthousiasme se voit. Impossible de le cacher. J'ai mis beaucoup de soins à préparer tout ça. Ne sachant pas si Nina avait des allergies, j'ai évité les sauces, où il est plus difficile de contrôler la composition. Et puis il existe plusieurs options au cas où elle serait végétarienne, ou végan. Bref, j'ai sorti le grand jeu. Je sors également deux verres à eau et expose les choix qui s'offrent à elle « J'ai pris eau plate, gazeuse et si toutefois tu aimes le vin blanc sucré, c'est aussi prévu. » Je garde le dessert dans sa boite, bien au frais dans la glacière. C'est une surprise. Les mignardises ou petits-fours sucrés, également trouvés dans cette boulangerie. Finalement, je reporte mon attention sur la jolie rouquine. « Alors, quelque chose te fait envie ? » On croise les doigts.

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Nina & Nathaniel

Nina a choisi de rester et j’ai du mal à cacher mon sourire. Sérieux, j’ai l’air d’un gamin de 15 ans qui a réussi à inviter la nana pour qu’il craque au bal du lycée. Je me filerai des baffes parfois. Mais tant pis. Au vue de la complexité de la situation, je préfère apprécier cette petite victoire. Le chemin risque d’être semé d’embûches. Pas mal de choses me passe par la tête, l’idée qu’elle se retrouve au milieu de tout ça, qu’elle soit blessée, de ne plus parler à ma famille. Je réalise à présent que je n’ai pas pris le temps de faire le deuil de cette situation. Aujourd’hui, je ne pense pas être en mesure de pardonner à mes parents, ce qui signifie que je n’ai plus réellement de famille. Faire une seconde fois cette erreur, lorsque j’y songe. Ca me fout la rage ! Mais je ne peux pas nier que cela m’attriste énormément. Je me sens trahi et profondément blessé. Un voile passe dans mon regard. Je ne veux pas déranger Nina avec ça, alors je fais en sorte d’enfouir ce sentiment. Je lui explique tout ce que j’ai préparé et la laisse choisir. Je lui tends le sandwich au poulet et lui sers un verre d’eau gazeuse. J’opte pour un sandwich au saumon et ouvre la bouteille de vin. « Ce vin est assez sucré et léger. Si tu souhaites tester. » J’ai un faible pour le liquoreux et honnêtement, peu importe que je mange du poisson, de la viande, du fromage, je prendrai la bouteille qui me plaira. « La prochaine fois, tu as une idée de ce que tu souhaites faire ? » Peut-être que j'essaie de me rassurer. Je sais que Nina a dit qu'elle voulait continuer, alors me projeter me permet de confirmer tout ça. « Peut-être un endroit que tu connais, qui te tiens à coeur. Je crois n'avoir encore rien vu de ces charmes » Il est vrai que je me suis tenu occupé avec le travail et je n'ai pas pris le temps de profiter d'Island Bay.
Lorsque j'ai débarqué ici, il était surtout question de renouer avec ma famille. Après ça, j'ai établi ma vie, trouvé du travail et acheté mon appartement. Mais il est vrai que je n'ai pas réellement pris le temps de regarder au-delà du quotidien. Pourtant, je sais qu'il y a des endroits magnifiques, magiques, qui méritent d'être vus, explorés. Et je me dis que Nina serait peut-être la plus à même de m'aider. Et j'ai envie de les découvrir avec elle, si toutefois le coeur l'en dit.