i shot the sheriff

A l’aire du numérique, Aveleen aurait aimé ne plus jamais avoir à se déplacer où que ce soit. Sauf quand l’envie lui prenait, bien évidemment. Malheureusement, sa banque avait besoin d’une signature et donc de sa présence physique en leurs murs pour ce faire. La rouquine avait repoussé encore et encore sous prétexte qu’elle travaillait dans un milieu où les horaires ne permettaient pas toujours d’être libre au moment où la banque était ouverte – alors qu’en fait, c’est juste qu’elle avait la flemme -, jusqu’au moment où elle n’eut plus d’autre choix que d’y aller. Quelques minutes seulement avant qu’elle ne ferme pour midi, comme ça, elle n’aurait pas à trop attendre pour commencer sa tournée de livraison. Et puis c’était jamais qu’une signature, ça devrait pas prendre trop de temps. C’est ce qu’elle se dit en garant son antique pick-up à quelques rues de là pour faire le reste du chemin à pied. Toujours galère de trouver une place dans le centre-ville si on n’a pas envie de se faire entuber par des gens qui font payer bien trop cher une heure de parking. Et comme d’habitude à cette heure si matinale – façon de parler -, Aveleen était de mauvais poil. Ce fut donc en pestant entre ses dents qu’elle poussa la porte vitrée de la banque. Sans prêter attention aux gens venus faire un retrait, un dépôt et tout ce qu’ils veulent, présentement en train de faire la file, elle se fraya un chemin jusqu’à l’accueil. Où elle annonça avoir un rendez-vous avec sa conseillère, madame Machin. Non, vous vous doutez bien sûr que c’était pas ça, son nom, mais le vrai ne voulait pas lui revenir. Une chance pour elle qu’il n’y en ait pas d’autres encore dans les locaux, ce fut plus facile de trouver de laquelle elle voulait parler.

Dix bonnes minutes plus tard – elle le savait parce qu’elle n’arrêtait pas de regarder sa montre, songeant qu’elle allait vraiment finir par être en retard si madame Machin ne se décidait pas à mettre le turbo -, voilà qu’on s’occupait enfin d’elle. Tout ça pour une signature, donc. Qui lui prit littéralement cinq secondes. Et elle put partir. En tout cas, c’est encore ce qu’elle croyait jusqu’à ce qu’en ouvrant la porte du bureau dans lequel on l’avait faite entrer pour la signature, elle remarque que tous les clients qui faisaient précédemment la file, étaient à genoux, les mains derrière la tête. Ah… Voilà qui laissait tout de même assez peu de place au doute quant à ce qui était en train de se passer. Merde ! Oh, au moins elle aurait maintenant une bonne raison d’être en retard, c’est sûr. Mais personne ne voudrait jamais la croire. Pas deux fois en l’espace de quelques mois seulement. C’est alors qu’un type avec un bas nylon sur la tête la remarqua et lui fit signe d’aller rejoindre les autres du bout de son arme. Sans protester, Aveleen s’agenouilla donc à côté d’un autre type et mit les mains derrière la tête avant de soupirer d’un air las.
« Et merde, pas encore ! »

Pinçant les lèvres, Aveleen secoua la tête pour confirmer qu’en effet, elle n’avait vraiment pas de chance. Et cette fois, c’était un peu différent de ce fameux soir à la station-service. Notamment parce qu’il y avait plusieurs braqueurs et qu’ils avaient tous l’air un peu plus organisés que celui de l’autre fois. Pour l’instant, elle ne saurait dire si c’était une bonne ou une mauvaise chose mais elle était quand même un rien plus tendue. Son téléphone se trouvait toujours dans sa poche et comme le nombre de personnes braquées était lui aussi plus conséquent, peut-être qu’elle aurait pu discrètement l’en sortir et prévenir Hunter, comme la dernière fois. Ou la police, oui. C’était peut-être plus malin même si dans tous les cas, ils finiraient bien par être prévenus. Mais elle ne s’y risqua pas ; c’était une banque, il devait y avoir des caméras dans tous les coins et le personnel avait dû être mis au courant que c’était quelque chose qui pouvait arriver et donc savoir quoi faire dans un cas pareil. En espérant qu’on ne leur avait pas juste donné une arme en guise de protection comme ç’avait été son cas. Sagement, elle attendit qu’il se passe quelque chose. Tendant l’oreille, elle n’entendit pas encore les sirènes annonçant la délivrance. Par contre, elle nota qu’aucun des braqueurs ne les regardait plus et souffla au jeune homme qui se trouvait à ses côtés.
« Ça m’est déjà arrivé y a quelques mois. Dans une station-service où je travaillais de nuit. »
Inutile d’en dire plus, la rouquine avait espéré ne plus jamais avoir à vivre ça. Et pourtant… Ce n’est qu’alors qu’elle tourna la tête en direction de son voisin et crut le reconnaître. En tout cas, ce visage ne lui était pas inconnu, ne lui restait plus qu’à trouver d’où elle le connaissait.
« Hé, je vous connais ! »
Moment de flottement tandis qu’elle fouillait sa mémoire. Puis ça finit par lui revenir : elle lui avait déjà livré des pizzas. En même temps, depuis qu’elle était arrivée, Aveleen n’avait pas vraiment cherché à se faire des amis et ceux qu’elle s’était fait par hasard étaient bien souvent des clients de la pizzéria où elle travaillait.
« Je vous ai déjà livré des pizzas, pas vrai ? »
Le son de sa voix s’était un peu élevé, peut-être parce qu’elle en oubliait la situation dans laquelle ils se trouvaient tous les deux. Un braqueur eut alors tôt fait de la lui rappeler en lui adressant un « chut ! » un peu agressif, quand même.

Vraiment étrange de retrouver un client en plein braquage. Elle aurait pu le croiser vraiment n’importe où – mais si tel avait été le cas, Aveleen n’y aurait probablement pas fait attention parce qu’elle était comme ça, une fois sortie de son laboratoire, elle ne faisait plus attention à rien de ce qui pouvait se passer autour d’elle ou presque. Bien que ça soit quand même un peu plus le cas depuis son licenciement, il lui fallait rester sur ses gardes -, mais non, il avait fallu que ça soit dans cette banque qu’ils avaient apparemment en commun, donc. Et pendant qu’elle se faisait braquer parce que sinon, ça ne serait pas drôle. Parce que pour le coup, ça l’était. Même que ça la détendait ne serait-ce qu’un petit peu. A moins que ça ne soit la force de l’habitude. Après deux braquages presque coup sur coup, une chose était sûre : la rouquine ne serait plus étonnée de voir qui que ce soit pointer une arme sur elle où qu’elle aille, quoi qu’elle fasse, maintenant. Enfin, c’était peut-être un peu exagéré parce qu’on ne devait jamais vraiment se faire à ce genre de choses mais on ne devait pas en être loin. Avec un sourire un rien las, elle opina du chef.
« C’est bien la première fois où je peux affirmer que je préférerais être en train d’en livrer, d’ailleurs. »
Cette fois, elle avait fait attention à ne pas trop hausser le ton. Et encore une fois, c’était un peu exagéré. Y avait quand même pire que de livrer des pizzas dans la vie. En fait, c’était surtout le côté social avec lequel elle avait du mal. Puis peut-être un peu avec toutes ces odeurs se mélangeant à l’arrière de son pick-up ; la plupart du temps, il lui fallait rouler avec les fenêtres ouvertes même quand il faisait plus froid ou qu’il pleuvait. Mais sinon, elle aimait bien passer ses midis et ses soirées à rouler, à découvrir la ville dans laquelle elle avait emménagé y avait pas encore si longtemps. Jugeant le moment cocasse pour faire connaissance – elle aurait aimé que ça se passe différemment, oui, mais on n’a pas toujours le choix -, elle voulu tendre la main mais s’abstint de justesse, des fois que les braqueurs croient qu’elle voulait jouer les héros en sortant une arme ou encore son téléphone. En revanche, elle reprit :
« Je m’appelle Aveleen. Si jamais vous désirez vous plaindre du service. »
Petit sourire quand même parce qu’il s’agissait bel et bien d’une blagounette.

C’est vrai que tout bien considéré, tout le monde préférerait sûrement être ailleurs. A moins que ce genre de situation très particulière puisse en exciter certains. Aveleen n’avait spécialement envie d’y penser mais elle était pratiquement sûre que ça devait bien exister parce qu’il y a des tordus partout. Pardon pour le kink shaming, mais même avec la meilleure volonté du monde, y avait quand même des trucs qu’elle ne parvenait pas à comprendre et ça en faisait partie. Bref, avec un petit sourire, elle acquiesça. Oui, quoi qu’il fasse dans la vie, lui aussi devait sûrement en rêver en ce moment même. La rouquine n’alla pas jusqu’à lui poser la question mais ça l’intriguait un peu. Si elle ne se fiait qu’au physique, elle l’imaginait bien coach particulier ou quelque chose dans le genre. Mais ça serait si réducteur ; un peu comme si on lui disait qu’elle avait une tête de livreuse de pizzas… C’est sûr qu’elle trouverait ça hyper offensant. Plus que d’avoir une tête d’astrophysicienne ? Ah, elle n’en savait trop rien, à vrai dire. C’est vrai que quand on disait le mot « scientifique » ou même juste « doctorat », on avait tout de suite en tête l’image d’un binoclard s’étant coiffé avec un pétard et un peu de sang sur les gants. Pas fameux non plus et si vous vouliez son avis, les deux se valaient, pour le coup. Par contre, elle alla jusqu’à se présenter. En rajoutant une petite blague de son cru. Là-dessus, deux choses : le jeune homme, lui, ne lui donna pas son prénom et certes, ce n’était pas une obligation mais c’était tellement convenu de le faire que ça faisait toujours un peu bizarre quand ça n'était pas le cas et il lui fit remarquer qu’il n’avait pas à se plaindre de son service et se demanda pour quelle raison il pourrait bien en arriver à une telle extrémité ce qui, en d’autres circonstances, aurait pu la faire rire parce qu’elle n’était pas vraiment exemplaire comme livreuse. Si elle était toujours à l’heure, parfois même un peu en avance, c’était surtout parce qu’elle avait hâte d’en finir et qu’elle n’hésitait jamais un donner un petit coup d’accélérateur, les pizzas étant bien calées dans le coffre de sa voiture. La plupart du temps, en tout cas. En revanche, on a certainement vu plus aimable en fonction de comment elle était lunée ce jour-là. Nouveau sourire avant de jeter un regard à la ronde.
« Je plains les gens qui n’étaient venus que pour un retrait quand même. C’est un peu cher payé. »
Pour les autres aussi, vous me direz.

Quelle idée dans rentrer dans le sas d’une banque pour faire un retrait ? Ah, Aveleen n’en savait rien, en ce qui la concernait, elle n’avait jamais de liquide sur elle est payait tout par carte. Ce qui n’était sans doute pas très malin puisque plus facilement traçable mais bon, elle n’était pas en cavale non plus. Et puis, si les choses tournaient mal, elle pourrait toujours vider son compte et tout mettre dans un coffre pour définitivement se couper du monde. Mais elle n’en était pas encore là. En revanche, ce qu’elle savait, c’est qu’il existait encore beaucoup de personnes qui elles, n’avaient aucune confiance en l’informatique et refusaient de payer en ligne. Et ce qui ne serait pas étonnant, c’est que ces mêmes personnes soient du genre à penser que les distributeurs externes pouvaient être trafiqués. D’où le fait d’entrer dans une banque pour faire un retrait, supposait-elle. Avec un sourire indulgent accompagné d’un haussement d’épaules, elle commenta :
« Ça ou bien des gens un peu paranos sur les bords. C’est pas moi qui vais leur jeter la pierre. »
Elle ? La fille qui vivait un peu à l’écart dans les bois avec des caméras de sécurité partout ? Non, ça serait l’hôpital qui se foutait de la charité, clairement. Mais ça, personne n’avait besoin de le savoir. D’ailleurs, c’était principalement pour cette raison qu’elle réfléchissait longuement avant d’inviter qui que ce soit dans son antre. De vrais privilégiés. Ou tout le contraire, ça dépendait du point de vue. Bref, c’est alors que les choses commencèrent à s’accélérer quand on leur demanda de déposer leur téléphone dans un grand sac en toile. Occupée à bavarder, la rouquine n’avait pas vraiment vu le temps passer ni tenté quoi que ce soit en matière en sauvetage. Ce qui était clair, c’est que les choses se passaient différemment de la première fois, un peu comme si elle prenait le pli, si tant est que ça soit possible. Mais avec un peu de chance, quelqu’un d’autre l’aura fait pour elle. Pour eux tous. Sans broncher, elle déposa donc son téléphone dans ledit sac et vit un autre groupe débarquer tous vêtus comme dans la Casa de Papel – elle croyait en tout cas parce qu’elle n’était jamais allée jusqu’à regarder, fallait pas déconner non plus. Bousculant doucement son voisin pour le lui signaler, elle ajouta :
« Regardez, on dirait que les choses sérieuses commencent. »
Allaient-ils avoir le temps de forcer la serrure du coffre-fort avant que les flics ne débarquent ? Si tout le monde n’était pas si stressé, elle se proposerait pour prendre les paris.

Puisqu’elle était bien plus zen pendant ce braquage que pendant le premier, Aveleen pouvait se permettre d’observer la scène d’un point de vue extérieur. Tout en étant pourtant très au centre de l’action puisqu’elle n’en était pas seulement spectatrice mais bel et bien actrice aussi. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’elle trouvait ça assez fascinant. C’est vrai, quoi, qui pouvait se vanter d’avoir vu débarquer toute l’équipe de la Casa de Papel en passant à la banque ce matin ? Ben tous les gens qui se trouvaient là, avec eux, en fait, mais ça n’en faisait quand même pas tellement. Curieuse, elle les observa se lancer des petits sacs en papier brun contenant elle ne savait quoi – mais pas leur casse-croûte en tout cas – et s’agiter en menaçant le personnel de la banque de leur ouvrir les portes jusqu’au coffre-fort sinon… Sinon quoi ? A cette distance, la rouquine ne pouvait pas entendre, mais elle supposait que la menace était des plus classiques, du genre « sinon cette balle, elle est pour toi. ». C’est à ce moment-là que son client la sortit de sa rêverie et elle se surprit à sourire à sa remarque.
« Vous avez raison. Je me demande s’ils ont une foreuse pour ouvrir la porte du coffre. Vous avez déjà joué à GTA Online ? »
C’était pas particulièrement son genre de jeux, elle préférait visiter la ou les galaxies dans des jeux vidéo qui se passaient dans l’espace, faute de pouvoir y aller puisqu’elle n’était pas devenue astronaute comme elle l’avait pourtant rêvé étant enfant mais astrophysicienne. Condamnée à rester sur Terre. Mais qui ne connaissait pas GTA Online, hein ? Surtout que la toute première fournée de braquages nécessitait au moins quatre joueurs alors évidemment qu’elle y avait déjà joué. En compagnie de militaires de la base où elle bossait autrefois, tiens.
« Je pense que s’ils négocient bien, y a moyen qu’ils s’en sortent, vous pensez pas ? En tout cas, ils sont bien mieux organisés que le type de l’autre nuit. »
Qu’elle avait assommé en lui jetant l’arme qui se trouvait sous le comptoir - au cas où- à la tête, c’est dire à quel point ce mec-là n’était pas du tout préparé. Même si okay, il pouvait pas prévoir que, même s’il la savait armée, c’est ça qu’elle ferait au lieu de tout simplement le tenir en joue jusqu’à l’arrivée de la police.

Aveleen hocha la tête en entendant le jeune homme lui répondre qu’il n’avait jamais joué qu’à GTA 5. Ça devait être sensiblement pareil au fond. Il lui fit alors remarquer qu’il n’avait pas vu passer de camion susceptible de transporter une foreuse et elle songea que de toute manière, une foreuse serait utile au cours d’une approche un peu plus discrète. Là, en l’occurrence, ils pouvaient tout à faire se contenter de tout faire péter aux explosifs puisque tout le monde était déjà au courant de ce qui était en train de se passer. Acquiesçant de nouveau, elle se dit qu’il devait avoir raison, y avait de grandes chances qu’ils arrivent jusqu’au coffre. Si elle avait dû parier, c’est cette issue sur laquelle elle aurait misé. Puis il enchaîna en faisant remarquer qu’on ne s’improvisait pas braqueur.
« Non, vous avez raison. Je crois que ça demande plus de préparation qu’on pourrait croire. »
Alors qu’il existait pourtant pléthore de films qui ne parlaient que ça, comme la trilogie Ocean ou encore Haute Voltige qui démontraient tous deux que si on relâchait l’attention ne serait-ce qu’une seule seconde, tout pouvait capoter. Des films qu’elle avait vus mais sans doute pas le type de l’autre soir. D’ailleurs, elle se demandait ce qu’il était devenu. Quelle était la sentence pour un braquage de station-service ? Bonne question. Sûrement quelques mois au trou quand même, surtout qu’il détenait une arme chargée. Mais elle imaginait que la peine devait quand même être moins lourde que celle qui attendait ces types s’ils se faisaient choper. Par contre, il semblerait que la rouquine ait oublié un tout petit détail dans cette histoire, un détail que le jeune homme s’empressa de lui rappeler : c’était leur argent qu’on était en train de voler. Son premier réflexe fut de le dévisager quelques instants. Sûrement parce que ça signifiait qu’il avait de quoi s’affoler. Ça n’aurait pas dû la surprendre parce qu’il arrivait parfois que les gens aisés se fassent livrer des pizzas aussi. En ce qui la concernait, y avait vraiment pas de quoi s’affoler, son métier lui permettait à peine de se payer l’essence pour son pick-up, raison pour laquelle elle était parfois obligée de prendre d’autres petits jobs à droite, à gauche, mais elle comprenait. Après quelques secondes de réflexion, elle finit par supposer :
« J’imagine, que les banques ont des assurances pour ce genre de situations. Vous imaginez un peu le bordel si tous les clients se retrouvaient sans rien ? »
Ça serait la guerre, les rues à feu et à sang devant chacune des agences de ladite banque.

Et si l’argent de l’assurance se trouve dans la banque qu’elle assure, hm ? En voilà une question qu’Aveleen n’avait pas vu venir. Et comme en témoignèrent ses sourcils très légèrement froncés, elle cherchait vraiment une réponse. Dans tous les cas, ça lui paraissait tout de même très con. Quelle banque digne de ce nom s’assurerait à sa propre banque sachant que celle-ci courait possiblement le risque de se faire braquer un jour ou l’autre, hein ? Pourtant, elle était sûre que ça devait quand même bien arriver, pas vrai ? D’autant que les gens en règle générale ne sont pas toujours très fut-fut. Au bout de quelques secondes de réflexion intense, la réponse lui sembla s’imposer d’elle-même.
« Je me demande si c’est possible. Et si oui, alors j’imagine que l’argent ne se trouve pas dans l’agence qui est en train de se faire braquer. A moins qu’il s’agisse du siège principal, peut-être. »
En d’autres termes, il ne risquait pas de retrouver son compte en banque vide, si c’est ce qui le tracassait. En tout cas, c’est ce qu’elle pensait parce qu’elle n’avait quand même aucun moyen d’être certaine de ce qu’elle était en train d’avancer. Ça lui paraissait seulement très logique et il fallait croire qu’elle avait encore un peu foi en l’humanité en dépit de ce qu’elle clamait parfois parce qu’elle supposait que personne, personne ne pouvait être aussi bête, quand même. Et quand son compagnon d’infortune lui fit savoir qu’il se posait des questions qui n’avaient peut-être tout simplement pas lieu d’être, la rouquine secoua la tête. Elle aimait les énigmes, c’était une scientifique après tout. C’est alors qu’il se mit à lui parler d’une certaine Noomi qui animait une émission de radio, semblait-il. Et avec qui il était manifestement ami puisque c’était habituellement avec elle qu’il partageait ce genre de situations délicates. Hé ben elle ne saurait dire si c’était de la chance ou de la malchance… Quand il lui demanda si elle la connaissait, cette Noomi, Aveleen y réfléchit une fois de plus.
« Si son émission passe avant vingt-deux heures, ça se peut que je l’écoute en faisant mes livraisons. »
En dehors de ça, elle n’était pas très radio. Dans tous les cas, un sourire éclaira son visage quand il ajouta qu’il était surpris de ne pas être avec elle en cet instant.
« - C’est à ce point ?
- Hé, les deux du fond ! Vous pouvez arrêter de jaqueter ? On dirait les vieux du Muppet Show. »
C’est vrai qu’à force de parler, elle en aurait presque oublié qu’un braquage était en cours.