a special birthday. (skye)

C'est la première fois que Nick met les pieds dans un théâtre, par là, il entend un vrai, pas comme ceux qu'il visitait à l'école, lorsqu'il n'avait que sept ans et qu'il était obligé de regarder des marionnettes débiles bouger à travers un rideau, alors que tout ce qui l'intéressait, c'était de rentrer à la maison pour pouvoir poursuivre sa maquette robot avec son petit kit. Quoi qu'il en soit, ce soir, c'est différent et pas seulement parce qu'il s'agit de son anniversaire et que c'est également la Saint-Valentin, enfin, si, peut-être bien, mais il a eu droit à une vraie représentation. Avec Skye, ils avaient eu le choix entre Into the Woods ou Roméo et Juliette, le choix était vite fait selon lui. Avant cela, ils ont mangé dans un restaurant plutôt chic, ce qui était un peu un troisième rendez-vous, bien qu'à ce stade, ils ne comptent pas cela, enfin, lui, pas du tout, il n'a jamais été le genre à accorder de l'importance aux rencards.La présentation débutait à vingt heures, ils étaient là à l'heure, Nick avait même acheté le petit accessoire de service, les jumelles d'opéra, comme celles que les bourges s'achètent pour frimer dans la loge vip, dans les balcons du haut. C'était surtout plus pour la blague que regarder entièrement le spectacle à travers les lentilles, alors qu'ils ne sont qu'à quelques mètres de la scène. Pour être honnête, il ne savait pas vraiment à quoi s'attendre, il s'attendait à quelque chose bien enfantin avec le petit chaperon rouge, cendrillon et tous les autres personnages présents, et pourtant, cela ne fut pas tellement le cas, des sujets qui concernent un peu plus les adultes que les mômes, des chansons sans vraiment fausses notes et un décor plutôt bien créé. Hé bien, en tout cas, il ne fut pas déçu et le souligne même à Skye, peut-être qu'elle a un avis différent du sien à ce sujet. « Je dois avouer que j'ai été surpris par la fable. Je vais peut-être m'acheter le livre en sortant d'ici. » Cela dit, ce n'est pas certain qu'il le lise dans l'immédiat, mais entre deux dossiers, pourquoi pas. Ils attendent que la salle se vide, car il déteste se retrouver coincé entre deux inconnus qui poussent pour pouvoir sortir de la salle, frustrant. Nick ne fait pas la remarque à voix haute, mais le théâtre s'est soudainement refroidi, il sent bien le vent, alors qu'ils sont en plein été à la Nouvelle-Zélande, il ressent les frissons lui parcourir la peau.

Aujourd’hui c’est la saint-valentin, mais plus important encore, c’est l’anniversaire de Nick. La fête des amoureux n’a jamais trouvé sa place dans mon coeur et il se trouve que pour le blond, c’est la même chose. Mais il était hors-de-question de ne pas célébrer son anniversaire. C’était même inconcevable ! Depuis nos vacances, nous passons du temps ensembles, aussi souvent que nos emplois du temps nous le permettent. Nous avançons tranquillement, sans nous prendre la tête. Pour marquer le coup de cette soirée, nous avons choisi un restaurant plutôt chic, mais qui valait le coup avant de nous rendre au théâtre. Je crois bien ne pas y avoir mis les pieds depuis quelques années. Mes parents nous emmenaient souvent mais en vieillissant, je n’ai plus pris le temps d’y retourner. Alors c’est l’occasion parfaite de partager ce moment avec Nick. Bien sûr, j’ai encore son cadeau dans mon sac et je trouverai le timing idéal pour le lui offrir. Notre choix s’est porté sur Into the Woods. Nous avons pu nous installer pas très loin de la scène pour profiter du spectacle. Ce qui n’a pas empêché Nick d’utiliser ses jumelles spécialement acquise pour l’occasion. L’histoire, les costumes, les décors, tout a été travaillé et nous emporte de cet univers si particulier. Quoiqu’il en soit, lorsque les lumières se rallument, je suis satisfaite. La représentation a fait son effet, ce que me confirme le détective « Je suis d’accord avec toi ! Leur manière d’approcher les histoires était très inventive » La salle se vide petit à petit et nous patientons tranquillement. Après tout, nous avons le temps et nous ne sommes pas pressés. Finalement, vient notre tour. Je me lève et enfile ma veste. J’ai la sensation que la température a chuté, comble en plein été. J’ignore pourquoi mais je me sens soudainement mal à l’aise. Les lumières se mettent alors à clignoter « Ok … J’imagine que l’électricité n’est pas de première jeunesse » L’atmosphère a changé et je ne saurais dire exactement ce qu’il se passe. La chaire de poule me parcourt et c’est à ce moment-là que je me dis que quelque chose cloche. Mon corps, mon instinct doit capter quelque chose, un truc que je ne suis pas en mesure de définir. Je me tourne vers le blond « J’ai connu mieux comme ambiance pour un anniversaire »

Plus ils avancent, plus il trouve des points en commun avec Skye. Excepté pour Noël, il s'attendait à une grande romantique, qui avait envie de fêter la Saint-Valentin à tout prix, avec des cadeaux, des oursons avec un coeur et du chocolat. Il s'avère que cela n'est pas le cas, pourtant, il avait pris la peine de lui préparer le petit-déjeuner, puisqu'ils avaient passé la nuit ensemble, cela lui a donné l'occasion de se montrer un brin romantique, même si c'est son anniversaire et qu'il n'est pas vraiment dans ce genre de mood. Il lui arrive de faire des efforts. Dans tous les cas, il avait presque hâte à la soirée, un restaurant et un spectacle, pourquoi pas, il sort rarement et quand c'est le cas, ce n'est certainement pas pour se rendre au théâtre, mais à deux, on dirait qu'il se sent différent, que cela lui donne envie d'essayer des choses et puis, au moins, elle n'avait pas refusé l'idée. Il avait reçu des billets d'un client, bien qu'il accepte rarement des cadeaux, il s'est dit pourquoi pas. Mine de rien, il aime bien les fables, tout ce qui n'est pas Disney, qui ne ressemble pas à la vie parfaite d'une princesse et d'un prince, quand se mêlent trahison et sang, cela devient vite plus intéressant selon lui. C'est peut-être parce qu'il a toujours baigné dans cela avec son métier. Nick hoche la tête. Il s'étire les bras, il attend avec Skye que la salle de vide ou presque, que les gens autour d'eux partent, histoire de bouger à leur tour, de plus, ça va peut-être vider également les toilettes. Il est temps de partir, mais au moment où ils se lèvent, la température baisse et les lumières clignotent. Il aurait pu croire qu'il s'agit d'un simple signe de la part des employés pour faire partir les personnes restantes, mais si le froid s'y met, ce n'est donc pas cela. Nick glousse, tout naturellement, il se dirige vers la sortie, mais à mi-chemin, les portes se ferment, impossible d'ouvrir aussi. « Alors, quelque chose me dit qu'on ne veut pas nous voir partir d'aussitôt. » Il se frotte la nuque, un drôle de pressentiment. « Hum, alors. Tu crois que c'est une mauvaise blague ? Il n'y a pas des histoires qui circulent sur ce théâtre ? » Mais Nick est rationnel, il croit que ce qu'il voit, alors, ce n'est sûrement pas des fantômes, si ?

La journée se termine bien. Ce matin, je me suis réveillée aux côtés de Nick, chose qui m’avait manqué. Ne pas être seule. Ouvrir les yeux, être entourée de ses bras, de sa chaleur. Je pourrais m’y habituer. Je n’ai même pas eu le temps de faire quoi que ce soit, qu’il préparait le petit-déjeuner. Normalement, ca aurait du être l’inverse mais il m’a devancé. Et cette soirée tient également toutes ses promesses. Le repas était fabuleux et la représentation, unique. J’espère sincèrement que le blond a passé un bon moment. Tandis que la salle se vide, nous nous préparons à partir. L’idée de nous retrouver coincés dans la foule n’est pas particulièrement séduisante alors nous patientons quelques instants. Et c’est à ce moment-là que l’ambiance change : la température chute, les lumières clignotent. Ca me donne la chaire de poule mais je ne dis rien. Nous nous dirigeons vers les portes, pour les trouver fermées. Je fronce les sourcils. Ca ne me dit rien qui vaille. Je hoche la tête à la question de Nick « Si, tu as raison. Pour la faire courte, l’endroit serait hanté » Je ne crois pas réellement en ce genre de choses. J’imagine que mon esprit rationnel prend le dessus la plupart du temps. Même si je veux bien reconnaître qu’on ne sait pas tout, et qu’il y a des trucs que nous ne sommes pas encore en mesure d’expliquer. Mon regard se balade dans la grande pièce « Tu penses qu’on devrait chercher une autre sortie ? Peut-être backstage ? » L’entrée des artistes serait peut-être notre porte de sortie. J’ai confiance en Nick. « Certaines personnes ont déclarées qu’elles avaient vu des … choses » Non pas que je commence à paniquer mais je n’ai pas très envie de rester enfermée toute la nuit ici. Et je veux que la soirée d’anniversaire du blond se termine sur une note positive, et ce n’est pas ce que j’avais en tête. Je me demande si le personnel est toujours là. Bon peut-être que je panique un peu. Cette ambiance me met réellement mal à l'aise. Un coup d'oeil à Nick m'aide à me relaxer. Il ne semble pas plus déphasé que ça ou alors, il le cache très bien. Des bruits étranges se font entendre derrière les rideaux « Ca devient ridicule »

Qu'avaient-ils prévu pour la suite de la soirée ? Un peu ce à quoi Nick est en train de penser. Car normalement, ils devraient être rentrés, sûrement en train de boire un dernier verre de whisky pour se détendre et peut-être regarder la télévision sans vraiment y prêter attention. Une fin de soirée tout à fait normale, rien à voir avec celle qu'ils vont vivre et pourtant, cela est en train de se produire. Un cauchemar ? Nick n'irait pas dire cela, après tout, il a vécu pire, il a perdu son père lorsqu'il était adolescent, il a perdu son boulot, des tragédies dans sa vie, mais vivre un moment bizarre comme celui-ci ? Bien évidemment que non. Ce n'est peut-être qu'une blague, de très mauvais goût, cela va sans dire, mais tout de même. Un théâtre hanté ? Ici ? Oui, il en avait entendu parler, il paraît que Sir Peter Jackson a lui-même été témoin de certains événements paranormaux. Mais Nick, c'est Nick. Il n'arrive jamais à y croire, tant qu'il n'a pas vécu de ses propres yeux les faits qui ont été rapportés. Il a un peu cet esprit fermé, il ne veut pas y croire. Il suppose qu'il y ait une porte d'urgence, voire deux en cas d'incendies ou autres drames, que personne ne souhaite vivre. Il hoche la tête, s'ils ne peuvent pas passer par là, il y a forcément un autre accès. Il se dirige vers la scène, les lumières de ce côté s'éteignent, sans quoi, cela ne serait pas drôle. « Ah, tu crois. » Les mains sur les hanches, il lâche un rire jaune. Les rideaux, c'est sûrement un courant d'air ou des enfants qui s'amusent à vouloir leur faire peur, mais encore une fois, que cela tombe sur eux, c'est plutôt bizarre et l'hypothèse que cela soit des mômes n'est pas très bonne, car ils ne doivent pas avoir accès à tout et il ne se souvient pas d'avoir entendu des gamins pleurnicher et se plaindre durant le spectacle. « Allez, on sort de là. » Il s'attend à voir des personnes faire une apparition, mais rien, personne. Nick, parce que s'il n'avait pas ce courage, il n'aurait jamais été policier dans le passé, il monte sur le plateau et il ouvre lui-même les rideaux, mais personne, enfin, presque, il sent qu'on lui souffle au visage et l'air de ce souffle est plutôt froid. Il a des frissons. « Tu crois à ces conneries, toi ? » Et c'est une vraie question qu'il lui pose, il connaît bien une personne ou deux qui aiment y croire.

La prochaine fois, on restera à la maison. Me transformer en casanière est une idée particulièrement attirante à cet instant précis. Une soirée épouvante, voilà où nous en sommes. Température glaciale, lumière qui clignotent, portes fermées, bruits étranges. Rien ne va plus. Nick me demande s’il n’existe pas une histoire par rapport à cet endroit précis, ce que je lui confirme. Il y a une sorte de folklore, de légende sur le théâtre : il serait hanté. Par des fantômes. Ou tout du moins, victime de phénomènes inexplicables. Toujours est-il que je n’ai pas réellement envie de rester pour vérifier cette théorie. Je propose au blond de chercher une autre sortie. Lorsqu’il se dirige vers la scène, les lumières cessent tout simplement de fonctionner. Je réprime un frisson. Que se passe t-il à la fin ? Des bruits se font entendre derrière les rideaux. Je pourrais presque lever les yeux au ciel. Ce genre de blague n’est vraiment drôle. Nick ne perd pas de temps et grimpe sur scène. Je m’approche et m’arrêter au pied de celle-ci. Nous constatons qu’il n’y a rien. Ca ne fait pas sens. Il me demande si je crois à ses rumeurs. Avant de lui répondre, je monte à mon tour sur la scène. « Il y a une heure, je t’aurais dit non » Sous-entendu, cette situation mettrait à l’épreuve n’importe quel cartésien digne de ce nom. Je sens un courant d’air, quelque chose me frôler. Je me retourne brusquement, espérant apercevoir le ou la responsable. Mais il n’y a rien. « J’aime ton idée de partir d’ici » Allez Skye, ne fais pas ta peureuse, ce n’est pas le moment. Je m’approche du bord de la scène, près des backstages. C’est le chemin emprunté par les artistes pendant les représentations, il doit bien mener quelque part. Mon coeur bat à 10 000. J’ai peur mais je ne sais pas exactement de quoi ni pourquoi. Mais s’il y a bien un sentiment irrationnel, c’est la peur. Je prends une grande inspiration pour m’aider à me recentrer. Nick est là, avec moi, tout va bien se passer. Je crois que toutes les histoires sur cet endroit amplifie le phénomène. Peut-être ressentons-nous ces choses à cause de ces rumeurs justement. « Il doit y avoir une sortie de ce côté » je lâche, dans un murmure, comme si quelqu’un pouvait nous entendre.

Ce n'est pas la première fois qu'il entend parler d'histoires de fantômes, d'esprits ou quoi que ce soit d'autres. Il a même déjà tenté de contacter les petits hommes verts une fois, bon, il était bourré avec son amie, mais n'empêche que personne ne s'est présenté et pourtant, il a toujours eu envie d'y croire. Pourtant, il sait qu'ils n'existent pas, enfin, peut-être un peu plus que les fantômes. Nick tente de trouver une explication, c'est la première chose à faire, de trouver une raison, un fautif, son côté enquêteur prend le dessus et cela peut être chiant, quand on y pense, mais c'est plus fort que lui, il ne peut pas se dire que tout cela est réel, il serait plus facile de le prendre pour fou s'il disait à voix haute que c'est vrai. Il sait bien que non, c'est pour cela qu'il accuse des enfants ou des personnes qui veulent jouer un mauvais tour. Il n'y a personne derrière les rideaux. Skye lui répond que non, du moins, il y a une heure elle n'y croyait pas, maintenant, c'est une autre histoire et malheureusement, il ne peut pas lui en vouloir, il y a quelque chose qui se passe. Il se tourne à son tour et il fronce légèrement les sourcils. Cela devient de plus en plus étrange comme situation. Il ne pense même plus à son anniversaire qui va s'achever dans les prochaines heures, tout en ayant hâte que la décoration de la Saint-Valentin change pour celle de Pâques, vous allez voir, demain, ce sera des lapins et des œufs peinturés partout dans les magasins. Quoi qu'il en soit, ils se dirigent vers l'arrière, autant trouver la sortie eux-mêmes, que d'attendre un employé pour les aider. Une porte de sortie. Pas moyen de l'ouvrir, même à deux, il a beau forcer, la tirer, la pousser, c'est comme si on l'avait collé. Il prend son téléphone et il compose le numéro du théâtre, mais pas de réseau. Comment est-ce possible ? « Hum, pas moyen d'appeler qui que ce soit. » Il s'aventure un peu à l'arrière, il s'arrête soudainement, une sensation bizarre et il se sent presque mal d'être là. « Tu entends ? On dirait une femme qui pleure. »

C’est à ne rien y comprendre. La soirée allait se finir en beauté et à présent tout est gâché. C’était censé être la journée de Nick, l’occasion de le célébrer, lui. Ce n’est qu’une accumulation de phénomènes étranges. Je crois que je pourrais enrager si l’angoisse ne montait pas doucement en moi. Ni l’un ni l’autre n’avons envie de nous attarder plus longtemps que nécessaire. Nous empruntons un minuscule couloir et trouvons une porte. Espérons qu’elle nous mènera à la sortie. Mais elle trouve fermée elle aussi. Et rien à faire. Elle est même complètement bloquée, comme si quelqu’un l’avait scellé. Je lâche un soupir. Les employés nous trouveront certainement demain matin mais je ne suis pas certaine de tenir toute la nuit. L’ambiance est vraiment glauque et j’ai cette sensation, ce sentiment qu’il faut partir à tout prix. Nick saisit son téléphone et tente d’appeler le théâtre pour les prévenir. Je jette un coup d’oeil à son écran : zéro réseau. C’est une blague ? On est en 2023, à quel moment une zone aussi fréquentée de la ville n’a pas d’antenne téléphonique ? Décidément, quelque chose cloche vraiment. Je suis le blond vers l’arrière. Il s’arrête brusquement et je manque de lui rentrer dedans, distraite « Nick ? » Son corps est tendu, il est complètement figé. Depuis le début, il est resté assez impassible comme si tout ça ne le dérangeait pas plus que ça mais il semblerait que quelque chose l’ennuie, le touche. Je fronce les sourcils à sa question et tends l’oreille, attentive. Il a raison. Nous ne sommes peut-être pas seuls ? Peut-être que cette femme est coincée elle aussi, effrayée par cette situation. Ce qui serait parfaitement compréhensible. Je ne réfléchis pas vraiment et pars en courant vers la source des pleurs, m’enfonçant un peu plus dans les coulisses. « Il y a quelqu’un ? » L’adrénaline retombe un peu et une sensation étrange m’envahit. Comme si je n’étais pas à la place, comme si j’étais en … danger. C’est ridicule lorsque l’on y pense. « Madame, où êtes-vous ? » Les pleurs cessent instantanément. Je déglutis, ça ne me dit rien qui vaille.

Ce n'est pas ainsi que les films d'horreur commencent ? Au départ, ce n'est qu'une histoire d'éclairage, puis les bruits étranges s'y mettent, ainsi que les voix, un beau mélange pour foutre la frayeur à n'importe qui, qui sursaute à tout et à rien. Bien que rationnel, il n'est pas idiot, quelque chose se trame, mais il ignore quoi et si c'est la faute de quelqu'un. Il a de moins en moins envie de découvrir, car pour le moment, il cherche une sortie avec Skye et c'est vraiment ce qui importe. Pourtant, le spectacle ne semble pas vouloir se terminer, ils ont droit à un petit extra et ce, sans débourser un centime, même si la pièce n'avait aucun fantôme comme personnage. Il a presque envie de rire de la situation. Il n'est pas désespéré, car il y a forcément une issue, c'est seulement qu'ils n'arrivent pas à la trouver, à trop vouloir chercher la sortie de secours, elle ne se présente pas à eux. C'est un peu comme lorsqu'on cherche un objet et que soudainement, on n'arrive plus à retrouver, ce n'est que lorsqu'on arrête de le faire que tout apparaît d'un seul coup. Il suppose que c'est la même chose ici, tout se ferme à eux. D'ailleurs, quelque chose ou plutôt quelqu'un semble les avoir trouvés. Il entend quelqu'un et plus précisément, une femme en train de pleurer. Ce n'est pas vraiment à côté, néanmoins, c'est assez proche pour saisir ce qui se passe. Skye s'empresse de poursuivre la personne invisible, peut-être que finalement, il y a quelqu'un d'autre avec eux, qui sait. Il ne réfléchit pas non plus, se séparer n'est jamais la bonne chose à faire et il le sait. « Skye ? » Il tombe dans une pièce vide, décidément c'est là où les comédiens se maquillent, mais la brune n'est pas là, alors il continue jusqu'à la trouver. Une vague apparition d'une femme au visage hurlant apparaît et disparaît presque aussitôt, une hallucination, il ne peut l'expliquer. « Attention ! » Simple réflexe. Il ne semble pas y avoir de danger imminent. Il s'approche d'elle, avant de regarder un peu partout. « C'est ça, la femme qui pleure, qui hurle. C'est la dame jalouse qui s'est enlevé la vie après s'être faite huer par le public. » Qu'il dit après un silence pesant. Il en avait entendu parler très vaguement, c'était à l'époque du seigneur des anneaux. Nick se frotte le menton, pas de sortie non plus ici.

D’ordinaire, je ne suis pas effrayée facilement. Je veux dire j’ai des phobies comme tout le monde. Vous me mettez devant une araignée et je reste pétrifiée. Je serais incapable de m’en débarrasser. Mis à part ça, ça va. Marcher seule en pleine nuit, aborder des inconnus, rien de tout ça me dérange. Alors j’ai du mal à comprendre pourquoi je suis aussi mal à l’aise, apeurée. Comme si mon instinct essayait de me montrer quelque chose, me pousse à m’enfuir. Et ce n’est pas l’envie qui manque mais toutes les portes que nous avons essayé avec Nick ne semblent pas vouloir coopérer.  La situation prend un nouveau tournant lorsque les pleurs d’une femme se font entendre. Finalement, peut-être que nous ne sommes pas les seuls à être bloqués. Je n’imagine pas comment elle doit se sentir. La présence du blond à mes côtés m’aide beaucoup à ne pas céder à la panique mais si j’avais été seule, je pense que ça aurait été très différent. Je pars en courant vers la source du bruit. Pourtant, rien. Je ne trouve rien, ni personne. Ce n’est pas normal. Finalement, je me retrouve seule. La voix de Nick me prévenant d’un danger résonne et je me retourne brusquement. Il s’approche de moi et par réflexe, je saisis sa main. Ca commence à bien faire à la fin ! « Et bien, la dame ferait mieux de comprendre qu’on y est pour rien ! » le sarcasme va finir par être ma seule caractéristique si ça continue. Nous décidons de partir de l’autre côté de la scène. C’est le seul endroit que nous n’avons pas encore essayé. Pour le coup, je ne lâche pas la main du détective. Il a le don de m’apaiser, sans rien avoir à faire. Juste être près de moi « Je te promets que si on sort d’ici, je me rattraperai pour cette fin de soirée d’anniversaire » Ce n’est clairement la fin de journée que j’avais en tête. Je me souviens vaguement d’avoir son cadeau encore dans mon sac à main. Mais ce n’est pas le moment idéal pour le lui donner. Je rêve d’un bon verre de whisky, calée sur le canapé contre Nick. Toute cette histoire ne fait que confirmer que les films d’horreur ne sont vraiment pas mon truc. Nous débouchons sur un couloir. Un souffle froid sur la nuque me fait frissonner « Tu sens ça ? » Comme si ce n’était pas assez effrayant.

Cela fait presque tourner la tête, pourtant, il continue de croire que ce n'est rien d'autre que des humains derrière cela, parce qu'on ne peut pas nier que c'est la pire espèce, pire que des fantômes. M'enfin, oui, il se passe quelque chose, il commence à le ressentir, bien malgré lui. Il aimerait bien voir quelqu'un sortir pour dire que ce n'est qu'une blague, bien sûr, la personne, si c'est un homme, risquerait de se prendre un coup de la part du blond, mais au moins, ils pourront sortir plus rapidement. Dans tous les cas, il n'a pas le temps d'y penser plus longtemps, il se met à poursuivre Skye, pour éviter de la laisser seule et surtout, parce qu'il s'agit d'une mauvaise idée de se séparer, même si ce n'est pas son but premier. Il comprend qu'elle veut aider cette femme en larmes, mais parfois, mieux vaut penser qu'à soi, en tout cas, si cela avait été Nick. Il la retrouve, Skye, pas la femme, celle-ci n'est qu'une hallucination, elle n'est pas réelle, il vient de la voir, du moins, il a cru l'apercevoir et cette histoire lui fait rappeler qu'elle est jalouse des autres femmes, notamment sur la scène, donc, ils ont peut-être une chance qu'elle n'attaque pas. Il ne peut s'empêcher de glousser à sa remarque. Il lui tient la main, tandis qu'ils poursuivent, toujours à la recherche d'un miracle, d'une porte déverrouillée. « Je n'ai jamais fêté en grand, tu sais. » C'est la vérité et il lui dit cela surtout pour la rassurer que ce n'est pas bien grave, bien évidemment, c'est quelque chose, cela change d'être seul à la maison ou d'être au bureau ou encore à Auckland. Néanmoins, il n'accorde pas beaucoup d'importance à cela, plus à son âge. Cela dit, il est heureux de le faire cette année, parce qu'il n'est pas seul. Bref, on peut quand même dire qu'ils sont en train de marquer le coup pour son anniversaire. Ils avancent dans un couloir, il secoue légèrement la tête, pourtant avec sa main libre, il vient instinctivement se frotter la nuque, comme s'il y avait quelque chose. Les lumières clignotent à nouveau, une chorale se entendre au loin, un chant marin, ce sont des garçons, cela s'entend à la voix. « Si en plus les enfants s'y mettent. »

Honnêtement, je n’ai pas trop réfléchi en partant en courant. C’était peut-être idiot, mais je dois avouer que j’ai agi à l’instinct. Heureusement pour moi, Nick me rejoint rapidement et je lie ma main à la sienne. Les choses ne vont pas en s’arrangeant. Des bruits étranges, des apparitions. Je pense que nous aurons tout vécu ce soir. Et je suis en colère que la soirée d’anniversaire du blond soit gâchée de cette manière. Je lui promets de me rattraper. Il ne semble pas plus perturbé que ça par la tournure des évènements. Ou tout du moins, il m’explique que ce n’est pas dans ses habitudes d’en faire tout un plat. Je fronce un peu les sourcils et serre sa main dans la mienne « Je comprends mais j'aimerais te célébrer quand même » Sauf bien sûr, s’il avait émit un vif souhait du contraire. Dans ce cas, j’aurais bien entendu respecté sa décision. Ceci étant, je ne peux m’empêcher de penser que c’est hypocrite de ma part. Enfin, je n’en sais rien. « Je ne fête plus mon anniversaire depuis mes 18 ans » je marque une pause. Parler d’autre chose m’aide à progresser à travers les dédales de couloirs « Enfin, je peux aller au resto ou quoi. Mais plus de grande fête ou soirée. Quand j'étais plus jeune, ça tombait toujours pendant les examens de milieu d’année et à cet âge-là, on passait le bac six mois plus tard. Sur toutes les personnes que j’ai invité, seule ma meilleure amie est venue. Ca m’a marqué et je n’ai plus souhaité faire d’effort » La plupart des invités ont choisi de rester chez eux pour réviser. Avec le recul, je peux l’entendre et c’est peut-être trivial, mais ça me poursuit encore aujourd’hui. Ma distraction n’a été que de courte durée alors que je sens un souffle froid sur ma nuque. Des chants se font entendre. Des voix d’enfants. Ca me donne des frissons. Il faut vraiment qu’on sorte d’ici. Notre progression nous amène devant un escalier et plus bas, la sortie de secours « Tu crois qu’on a enfin retrouvé un peu de chance ? » lui demandé-je, en pointant du doigt la porte. Je serais plus que ravie de laisser les enfants flippants derrière nous. Je veux que cette soirée termine sur une note positive. Nick doit recevoir son cadeau et je pense que nous avons largement mérité de rentrer chez nous.

Qu'importe le déroulement de cette soirée, il n'aime pas fêter son anniversaire, à vrai dire, ce n'est pas très important pour lui, il s'en fiche et en plus, cela tombe le jour de la Saint-Valentin, autant dire qu'il ne veut pas être associé à cela. Bien sûr, il est content de le faire cette année, avec elle, certes, ce n'est pas une grande fête dans une boîte de nuit, avec une vingtaine de personnes, peu importe, il préfère fêter cela à deux et même, avec des fantômes, pourquoi pas. Et ce n'est pas parce qu'il croit à cela, cependant, ils doivent être d'une meilleure compagne que des jeunes fêtards. D'ailleurs, il sait très bien s'amuser, mais il lui faut une personne qui va l'aider à se mettre à l'aise. Skye tient à le célébrer, ce n'est pas si surprenant, mais en même temps, ce n'est pas bien grave selon lui. En tout cas, cela fait changement d'avoir quelqu'un à ses côtés, une personne qui est positive, bien plus que lui, elle apporte la joie et il n'est pas habitué, pas habitué qu'on veuille prendre soin de lui, un minimum. Elle lui fait même une confidence, lui disant qu'elle ne fête plus depuis ses dix-huit ans. Il est un peu surpris, car elle n'a pas l'air d'être ainsi, d'être une personne qui ne célèbre pas les anniversaires et pourtant, c'est ce qu'elle est en train de lui faire savoir. Nick hausse légèrement les épaules, il voit ce qu'elle veut dire, enfin, il n'a jamais vécu cela, car il ne fêtait pas son anniversaire, du moins, lorsqu'il était gamin, c'est sa maman qui organisait tout, mais il n'a jamais été ce genre d'enfant qui voulait à tout prix des jeux gonflables pour impressionner ses amis d'école. Néanmoins, il appréciait le gâteau à chaque année, les cadeaux qu'il voulait -généralement-, il y avait sa grande sœur pour l'embêter et croyez bien qu'il aimait se venger lorsque c'était son anniversaire à elle. « J'imagine que cela devait être difficile pour toi. » En vrai, il n'en sait rien, mais il peut comprendre que cela devait être décevant, mais c'est ainsi que l'on voit qui sont les vrais amis ou non. Ils continuent jusqu'à descendre, pas certain que cela est une bonne idée, les sous-sols, cela n'a rien de rassurant selon lui, tout comme les greniers, quand il y en a. Nick arrive à ouvrir la porte, peut-être trop facilement, ce n'est pas normal que cette porte soit déverrouillée alors que tous les autres ne le sont pas. Il n'est pas très confiant, cela mène à un couloir qui est peu éclairé. « Ça ne me rassure pas beaucoup d'être là. »

Il n’existe que peu d’occasions que je n’aime pas célébrer. Je suis une folle des lumières de Noël, j’adore Halloween. La Saint Valentin, je peux facilement m’en passer tout simplement parce que je n’attends pas une date précise pour faire plaisir à quelqu’un. C’est plutôt dans le quotidien que je montre mon affection et en temps voulu, mon amour. Des petites gestes, attentions, paroles. J’ai toujours aimé prendre soin de cette personne. Certains trouvent d’ailleurs étrange que je donne aussi facilement à l’être aimé, mais que je ne veuille pas le faire pour un enfant. Aucune réponse ne sera entendue. J’imagine qu’il n’y a pas de responsabilités impliquées. Toujours est-il qu’il est naturel pour moi d’avoir envie de célébrer Nick. Il le mérite. C’est ainsi que je le vois. Et à contrario, je ne tiens pas forcément à faire quoi que ce soit pour mon anniversaire. Fais ce que je dis mais ce que je fais, le dicton précise. On ne peut plus vrai. Je choisis de partager ce souvenir avec le blond. Un évènement loin d’être grave mais qui finalement, a modifié ma perception de cette journée. Me concernant en tout cas. « Ce n’est arrivé qu’une fois, mais la majorité, ça se fête. J’imagine que c’est resté ancré » Évidemment, je ne refuse pas une invitation au resto ou pour aller boire un verre mais je n’organise plus rien. Je ne prends plus le temps. Notre progression nous amène devant une porte et j’ai un regain d’espoir. Peut-être arriverons-nous enfin à avancer ! Le détective ouvre la porte, avec une facilité déconcertante. J’imagine qu’on a perdu l’habitude de voir une porte juste déverrouillée. Le couloir ne donne pas particulièrement envie de s’y engouffrer. Nick n’est pas à l’aise et je crois que c’est la première fois depuis le début de tout ça que je l’entends le dire aussi clairement. Je secoue la tête ne quittant pas des yeux le couloir. Je fronce les sourcils. J’ai l’impression qu’il y a quelqu’un au bout. La dernière fois que j’ai cru ça c’était … « Non ! » Je lâche la main du blond et ferme la porte précipitamment. Je m’adosse contre elle, les yeux fermés, lâchant un soupir. J’essaie de me reprendre, de me recentrer. Ma peur ne doit pas prendre le dessus et surtout je ne veux pas être un poids pour Nick. J’ouvre les yeux et me concentre sur lui. Sa présence suffit à me rassurer même si je sais que l’inverse n’est pas vrai. J’espère cependant l’aider, d’une quelconque manière. Un bruit attire mon attention. Des voix, je ne distingue pas les paroles. J’ai l’impression qu’elles viennent de la pièce principale, du centre du théâtre où nous étions il y a encore quelques minutes « C’est quoi à ton avis ? » Je n’arrive plus à faire la différence entre de vraies voix et les hallucinations. « J’ai vraiment envie qu’on s’en aille » Et je me doute bien que c’est son cas aussi.

Il peut comprendre sa déception, surtout à dix-huit ans, puis même à vingt-cinq et trente ans, ensuite aux dix ans, c'est souvent significatif pour les gens, comme une nouvelle étape dans la vie, le passage à l'adulte, puis au quart de vie, la vraie vie d'adulte qui commence selon la société et la crise de la quarantaine. Bref, tout cela pour dire qu'on ne peut malheureusement rien y changer, les années avancent sans que l'on puisse ralentir le temps et les moments ainsi que les souvenirs deviennent de plus en plus précieux. Quoi qu'il en soit, passons. Nick n'a pas l'impression, en fait, il est même convaincu que cela n'est pas une bonne idée de descendre et de s'aventurer tout en bas, habituellement, ce n'est pas là qu'on trouve une sortie, s'aventurer aussi bas, alors que la vie est tout là-haut, toujours selon lui, cela n'a aucun sens. Néanmoins, il veut bien tenter, qui sait s'ils ne trouvent pas une sortie de secours, une sorte de stationnement qui va les ramener à la surface, mais il y croit moyen, il ne peut pas cacher sa réticence. Apparemment, il n'est pas vraiment le seul à voir des choses, cela ne fait donc pas de lui un fou, sauf si, ils sont deux à l'être, alors, là, c'est une autre histoire. Heureusement, il n'y a personne d'autre pour les prendre pour des barjos. En tout cas, il pourrait parier qu'ils ne sont pas les seuls à la Nouvelle-Zélande à avoir vécu cela, sinon le théâtre ne serait pas aussi populaire, c'est une bonne attraction pour ceux et celles qui cherchent des sensations fortes, si on peut dire cela ainsi. Skye referme presque aussitôt la porte et les voilà à nouveau au point de départ. Il hausse les épaules, difficile à dire, il ne fait pas vraiment la différence entre les voix fantomatiques et réelles, car il n'y en a sûrement pas, du moins, pas à cette distance à laquelle ils se retrouvent. « Je sais. » Il se penche pour lui déposer un baiser sur les lèvres, pour tenter de la rassurer plus qu'autre chose, puis ils remontent là où ils étaient, main dans la main jusqu'à la salle principale, mais il n'y a personne. Il fronce les sourcils, il y a du mouvement, encore derrière les rideaux, alors, plutôt que vérifier, car selon lui, c'est une perte de temps, il propose à Skye de tenter à nouveau d'ouvrir les portes, les lumières s'éteignent, mais peu importe. La porte double s'ouvre sur des employés avec un badge, alors que Nick manque de tomber pile au moment où la poignée de porte s'écarte de ses doigts, jetant un coup d'œil derrière lui, les lumières éclairaient à nouveau la pièce. « Allez vous faire foutre avec votre théâtre hanté. » Qu'il lance au personnel confus. Ils sortent du bâtiment et reprenant son souffle, il se met légèrement à rire de la situation.