The way to love is to realize that it might be lost - Nina

❝ The way to love is to realize that it might be lost ❞
Nina & Nathaniel

La pièce est grande, éclairée. Sur le papier, elle coche toutes les cases. La mairie souhaite organiser une soirée et m’a donc chargé de trouver l’endroit parfait. J’ai une liste de critères bien précis à respecter. Mais pourtant, je ne m’y sens pas à l’aise. Et je me demande surtout si le bâtiment est aux normes. C’est d’ailleurs pour ça que je ne suis pas venu seul. Deux experts ont été commissionné pour évaluer la sûreté des lieux. Je les laisse travailler et sors mon téléphone. Mon fond d’écran n’est plus le même depuis quelques jours. C’est le sourire de la rouquine qui hante mes pensées à longueur de journée qui s’affiche. Je l’ai prise le lendemain du réveillon. Elle est tellement belle sur cette photo. Je lui envoie un message, pour lui dire que je pense à elle. Nina et moi, je crois bien que ça marche. Et j’espère qu’un jour, elle me fera entièrement confiance. Je sais que nous avons passé une étape dans notre relation. Il reste le point noir que représente Olivia, mais je ne compte pas la laisser gâcher ce que je construis avec la rouquine. Même si pour être honnête, elle n’a pas l’air de faire de vagues pour le moment. Une fois le message envoyé, je me tourne vers mon équipe. Nous sommes une dizaine, et chacun fait le tour, observant et notant différents points. La luminosité baisse petit à petit, signe que la soirée est entamée. L’un d’entre eux touche l’interrupteur afin d’y remédier et quelques étincelles jaillissent. Ce n’est pas normal. Personne n’a le temps de réagir que des flammes se déclarent. La fumée se répend et l’incendie progresse à une vitesse folle. Les murs flambent comme de la paille. J’attrape mon téléphone et saisis le numéro des urgences « Je m’appelle Nathaniel Egerton, je suis au 9C Victoria Street à Wellington, on est une dizaine, le bâtiment a pris feu. Ca va très vite et ... » Je suis obligé de m’arrêter, incapable de parler et respirer. Je tousse à m’en décoller les poumons. Inhaler la fumée est une très mauvaise idée. J’ai l’impression d’entendre mon nom dans le téléphone, mais je n’arrive pas à aligner deux mots de plus. Le bruit est assourdissant. Je fais signe à toute l’équipe de raser le sol, et de courir. Il faut qu’on parte. J’ignore si le bâtiment va tenir. Nous formons une file indienne et sortons. Je les guide le plus loin possible de l’immeuble tandis que les sirènes se font entendre au loin. Je vois plusieurs personnes perdre connaissance et j’essaie de me précipiter vers eux pour les aider. Effort vain. Il me faut seulement deux pas avant de m’effondrer à mon tour, avec une seule personne me venant à l'esprit.

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Nina & Nathaniel

Visite de routine, comme on en a fait des dizaines. Prévenir les risques, c’est mon boulot. Lorsque l’on envisage un nouveau lieu pour un évènement, mon équipe et moi, ainsi que les experts, sommes dépêchés sur place pour tout inspecter. Rien de bien compliqué. Sauf que le destin en décide autrement. Je n’ai pas le temps de dire ouf, que les flammes me lèchent les fesses. J’ai le réflexe de prévenir les secours, en espérant qu’ils arrivent rapidement. Nous sortons et nous éloignons le plus possible du bâtiment, qui s’effondre morceau par morceau. Le bruit couvre presque les sirènes au loin. Et malheureusement, nous tombons comme des mouches. Je ne réalise pas tout de suite ce qu’il se passe. Les pompiers m’installent sur un brancard, et placent un masque à oxygène. J’ai des douleurs dans la poitrine et j’oscille entre conscience et inconscience. Je vois des reflets roux et mon cerveau se concentre sur Nina. Pourtant c’est impossible qu’elle soit là. Elle est au travail, pas dans le camion de pompier. Je cligne des yeux, luttant pour rester éveiller. La secouriste se penche sur moi et je comprends que ce sont ses cheveux. Franchement, je délire. Je sens que l’on me bouge et j’ai ce bruit incessant, cette vibration dans ma poitrine, je ne sais pas ce que c’est. Je perds à nouveau connaissance. C’est confus. J’ai encore du mal à rester concentré plus que quelques secondes et je pense à Nina. A vrai dire, c’est la seule pensée qui me vienne à l’esprit. Il faut que je l’appelle. Ma main vient saisir le masque tandis que j’essaie de me lever. Deux mains me repoussent gentiment sur le lit. Tiens, je suis sur un lit maintenant « Monsieur Egerton, vous êtes à l’hôpital. Vous avez inhalé de la fumée mais il n’y a pas de brûlures trachéales. Si on détecte des difficultés respiratoires, nous pourrons vous prescrire un traitement. Vous avez besoin de beaucoup de repos et de garder ce masque sur votre nez et bouche. Ca vous fera du bien » Je laisse ma tête retomber sur l’oreiller. Ce médecin n’a peut-être pas tort. Mais je dois prévenir la rouquine. Elle me manque en cet instant précis. J'aimerais l'avoir contre moi. Je veux voir son sourire, ses regards taquins, entendre son rire, sa répartie. Un coup d’oeil sur la table de nuit m’indique que toutes mes affaires sont là. Mon téléphone n’est qu’à porter de main sauf que mon corps gagne la bataille, et je me rendors à nouveau.

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Nina & Nathaniel

J’ai beau lutter, je n’arrive pas à rester conscient plus que quelques secondes et c’est en train de me rendre dingue. De perdre le contrôle sur mon corps. Je ne choisis pas quand ni combien de temps je reste éveillé. Et il est impératif que je prévienne Nina. Je n’ai pas pensé à faire changer mes contacts d’urgence, ce qui signifie qu’il y a peu de chance qu’elle soit au courant. Le seul qui pourra le prévenir, c’est moi. J’espère également que mes parents n’auront pas été prévenu. C’est peut-être horrible, mais je ne souhaite pas les voir dans cet état là. Je contacterai ma gouvernante pour lui donner de mes nouvelles, en lui précisant qu’il est préférable qu’ils ne me contactent pas. Ma conscience s’évapore. Dans mes rêves, c’est Nina qui apparaît. A se demander s’il y a un seul moment où je ne songe pas à elle. Notre première nuit ensemble me revient en mémoire. Je me suis endormie en regardant son si beau visage. Elle m’a souri, c’était apaisant. Le lendemain matin, elle était dans mes bras, la tête posée sur mon torse. Je ne l’oublierai jamais. Bien sûr, j’ai fini de l’éblouir avec mon english breakfast. Un réveillon parfait. Je me sens tiré vers le haut, comme si quelque chose m’appelait. Une chaleur m’envahit et j’ouvre les yeux. Doucement, sûrement, en priant pour ne pas repartir dans l’inconscience. Je tourne la tête et j’aperçois le visage dans mes rêves. Mais elle semble triste, comme si elle avait pleuré. Pourquoi ? Que se passe t-il ? Ma main libre vient se poser délicatement sur ses cheveux. J’ai l’impression que mon bras pèse deux tonnes, c’est très perturbant « Hey ... » Ma voix est faiblarde et rocailleuse. Je ne la reconnais pas. « Tu es là .. » Mon pouce caresse sa joue, effaçant ses larmes, effaçant sa tristesse comme je le peux « Ca va ? Que s’est-il passé ? » Je n’aime pas la voir comme ça. Non c’est pire, je déteste la voir comme ça. J’aimerais tellement la prendre dans mes bras mais je sens que mon corps commence tout juste à se réveiller. Je remue mes orteilles, ce qui me rassure. Physiquement ça a l’air d’aller, même si je me sens vidé de toute énergie. Visiblement, mon cerveau est déterminé à me laisser conscient. Bien il était temps parce que naviguer entre la réalité et le royaume des rêves commençait sérieusement à me prendre la tête. Je reporte mon attention sur Nina. Elle est si belle. Mais, comment est-elle arrivé ici ? Je ne me souviens pas l’avoir prévenu.

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Nina & Nathaniel

Les faits me reviennent petit à petit. C’est encore confus bien sûr, mais j’ai quelques flashs par-ci, par-là. Je me souviens de la fumée, de cette sensation si oppressante, de ne pas parvenir à reprendre mon souffle. Le bruit du bois qui craque, des murs qui s’effondrent. Nina m’aide à me recentrer, à me concentrer sur la réalité. Je n’ai pas envie de dériver à nouveau dans le royaume des rêves. Je suis tellement heureux de la voir à côté de moi. Je voudrais lui dire beaucoup de choses mais mon état ne me permet pas de faire de folies pour l’instant. Avec mes souvenirs, je réalise que je n’ai pas prévenu la rouquine, alors comment est-elle ici ? Pendant quelques secondes je panique, à l’idée qu’elle n’aille pas bien et que ce soit la raison de sa présence à l’hôpital. Mais elle comble mes lacunes, m’explique que c’est elle qui a répondu à mon appel des urgences. Le monde est vraiment petit, quelle est la probabilité pour que ça arrive ? Le destin a encore joué ses tours. Mais pour une fois, c’est en notre faveur. Bon, me clouer au lit à cause d’un incendie aurait pu être évité, j’aurais préféré. La dernière remarque de la jeune femme me tire un sourire « Tu as joué de tes charmes c’est ça ? Encore un pauvre malheureux à qui tu laisseras un souvenir impérissable » je lâche, essayant de détendre l’atmosphère. Je ris ce que je regrette amèrement. Je pose ma main sur la poitrine, encore douloureuse. Mais ceci étant, elle me rend curieux « Alors qu’est-ce que tu lui as dit ? » Je l’imagine bien débarquer comme un boulet de canon, à exiger qu’on la laisse me voir. Et honnêtement, je crois que personne ne peut lui résister « Ca va aller » Je me sens obligé de le lui préciser. Son regard trahit son inquiétude. Mais j’ai la tête dure et il faudra plus que ça pour me mettre à terre. Quelque part, je suis surpris de la voir réagir ainsi. Je veux dire, nous avançons, des étapes nous en avons passé quelques unes. Mais là où je suis certains de mes sentiments pour Nina et où je n’ai aucun mal à les lui démontrer, Nina a toujours été plus sur la réserve. Son passé, ses expériences l’ont construite ainsi. Et j’ai l’impression de la découvrir aujourd’hui. J’ai pris l’habitude de m’inquiéter pour elle, de prendre soin d’elle et cette fois-ci, les rôles sont inversés.

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Nina & Nathaniel

Quel bordel. J’aurais préféré passer ma soirée chez moi, avec Nina dans mes bras. C’est loupé. Mais au moins, elle est près de moi en ce moment. Sa présence me fait du bien. Elle a le don de me calmer. Enfin pas toujours, en fonction des situations. Disons qu’actuellement, elle m’aide à me détendre. Ce qui n’est pas du luxe. Je n’ai qu’une envie, l’embrasser. Mais la consigne c’est de ne pas retirer mon masque pour l’instant. Ca m’aide à respirer, parait-il. Alors j’ai décidé de ne pas faire ma mauvaise tête. La rouquine s’applique à m’expliquer ce qu’il s’est passé, à me donner les détails qu’il me manquait. Malgré la situation, je ne peux m’empêcher de la taquiner. Mauvaise idée. La contraction dans mon poitrine m’oblige à me stopper, ce qu’elle ne manque pas de remarquer. J’aurais bien eu du mal à lui cacher ma douleur dans tous les cas. Je me sens encore trop vaseux pour prendre sur moi. J’essaie de la rassurer comme je le peux, à ma manière. Sauf qu’elle ne me croit pas. Comment lui en vouloir ? Il faut dire que le fait que je sois allongé dans un lit, avec un masque à oxygène pour m’aider à respirer, ne doit pas plaider en ma faveur. Quoi qu’il en soit, son histoire me rend curieux et je la questionne. Sa réponse me laisse sur le cul. Il n’y a pas d’autre mot. Bien sûr, dans ma tête c’était déjà acté depuis bien longtemps, surtout après son anniversaire. Mon regard tombe d’ailleurs sur le bracelet à breloques que je lui ai offert ce jour-là. Je n’oublierai jamais cette soirée. Bref, tout ça pour dire que l’entendre dire que nous sommes ensembles, même si c’était un peu par la force des choses, ça me donne du baume au coeur. Sa main est toujours dans la mienne « Alors j’ai bien fait de te renommer dans mon répertoire avec un coeur .. » Ma manière à moi de lui faire comprendre que ça me touche. Je ne veux pas la mettre mal à l’aise et si j’étais en meilleure forme, je l’aurais déjà attiré à moi pour l’embrasser. Putain d’incendie. Ou peut-être merci l’incendie ? Je ne peux m’empêcher de penser que peut-être, c’est ça qui a déclenché les choses chez elle. Elle a eu peur de me perdre. Je serre sa main « Quand je sors d’ici, on va fêter ça. Je peux enfin crier sur tous les toits qu’on est ensemble, tu te doutes que je vais me pavaner pendant quelques temps » Je lui souris. C’est ça le bonheur au final. Certes, je préférerai largement qu’on soit ailleurs mais ca m’est égal « Viens là » J’ai besoin de la sentir contre moi. Je me décale légèrement pour lui laisser de la place dans le lit. Je déteste qu’elle soit si loin et en même temps si proche de moi. Ca me tue.

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Nina & Nathaniel

Nina est très inquiète, ça se voit. Ses traits sont tirés et son beau sourire me manque. Elle semble un peu surprise de mon discours. Pourtant je suis certain de mes propos. Je n’ai probablement pas été aussi sûr de moi depuis longtemps. Nina est une évidence. Mon évidence. Et le jour où elle s’ouvrira complètement, où elle parviendra à me faire confiance, sans équivoque, rien ne pourra nous arrêter. Elle s’interroge et je me dois de lui expliquer. Non, de lui faire comprendre. C’est impératif qu’elle comprenne ce que je dis « Bien sûr me pavaner. Comment en serait-il autrement avec toi à mon bras ? Aussi fier qu’un coq » Vérité pure et simple. Mais je sens qu’elle a besoin de moi. Et si je suis honnête, j’ai autant besoin d’elle. Je rassemble le peu de forces que j’ai et lui fais de la place sur le lit. Je veux la prendre dans mes bras, laisser sa chaleur me réchauffer. Pendant quelques secondes, j’ai peur qu’elle refuse, prétextant ne pas vouloir me blesser mais il n’en est rien. Elle se love contre moi et je crois bien laisser échapper un soupir d’aise. Ou quelque chose s’en rapprochant. Je l’écoute, buvant ses paroles. Mais bien vite, l’aise fait place à l’indignation. C’est une blague j’espère ? Sa main se pose sur mon cœur tandis que la mienne se perd dans ses cheveux. Vieux réflexe que j’ai pris quand elle est avec moi. Comme si j’avais ce besoin viscéral de la toucher, de m’assurer qu’elle est bien là, que ce n’est pas un rêve « C’est un idiot » Vérité dure. C’est tout ce dont je suis capable pour le moment. Même si quelque part, les sentiments ne se commandent pas. Pourtant, la manière dont elle décrit son expérience … Ca donne l’impression d’avoir été fait avec tellement de cruauté. Comment peut-on jeter une femme pareille ? « Et je ne ferai pas la même erreur » Je retire mon masque à oxygène, pose mes doigts sur son visage et l’embrasse. J’y déverse tout ce que je peux ressentir pour elle. La tendresse, le désir, le manque, l’affection et l’amour. Oui, l’amour. J’aurais pu continuer encore ainsi pendant des heures si la machine monitorant mon coeur ne s’était pas mise à s’emballer, remplissant la pièce des bips incessants et désagréables. Je m’écarte d’elle et remets mon masque en place avant de laisser tomber ma tête sur l’oreiller. Il n’y a que Nina capable de me faire ressentir ce genre de choses. Cette fichue machine m’a cramé. Une infirmière rentre dans la chambre, soucieuse. Avant même que la rouquine ne fasse le moindre geste, je resserre ma prise sur sa hanche. Je le regarde, nous jauger, possiblement contrariée par ce qu’elle voit « Tout va bien » Elle checke le moniteur « Monsieur Egerton, vous avez besoin de repos et de cal-» « En effet. Et la présence de ma compagne m’aide à établir ces deux choses » la coupé-je « Mademoiselle Baranovski est autorisée à rester aussi longtemps qu’elle le souhaite. Peu importe ce que ça me coûte » Et je pense ce que je dis. Je suis prêt à acheter l’aile de l’hôpital dans laquelle je suis si cela m’assure de rester avec la rouquine. Parce que je le veux. Et soyons réaliste, parce que je le peux. Ca vaudrait.Chaque.Putain.De.Centime.

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Nina & Nathaniel

Je n’arrive pas à en croire mes oreilles. Ni même à imaginer que l’on puisse lui dire ce genre de choses. Bon, je sais que dans l’histoire, je ne suis pas impartial. Nina est gravée dans ma peau. Alors il est très compliqué pour moi de comprendre ça. Je lui fais part de mon ressenti à ce sujet, qu’elle partage visiblement. Ca me rassure de la savoir contre moi, là, dans mes bras. Ce qui est certain, c’est que je ne lui dirai jamais ça. Et ça, je lui explique à ma manière, en posant mes lèvres sur les siennes. Les mot ne valent rien sans les actes pour les appuyer. Bon, j’aurais peut-être dû penser plus loin que le bout de mon nez parce que la machine et mon coeur me rappellent bien rapidement que je suis allongé dans un lit d’hôpital à cause d’une intoxication au monoxyde de carbone. Il me faut quelques secondes pour reprendre mon souffle mais ça en valait clairement la peine. Une infirmière fait irruption dans ma chambre, certainement alertée par le monitoring. Je sens bien qu’elle va vouloir me faire la morale. Enfin non, si je suis honnête, elle fait juste son travail. Mais là tout de suite, je ne suis pas d’humeur à me faire sermonner. Elle finit par quitter la pièce et je soupire, content d’avoir évité les remontrances. C’était sans compter sur Nina, qui, à sa manière, s’en charge. Sa tête se repose sur mon torse et je remonte ma main dans ses cheveux « Ne t’en fais pas pour ça » Je me garde bien de lui dire qu’acheter l’aile de l’hosto, serait comme donner un pourboire dans un restaurant. Elle sait que j’ai de l’argent, j’ai fini par lui avouer, pour ma famille, notre fortune, mais ce n’est pas le genre de détail important pour la rouquine, ou qui pèserait dans la balance. Sauf que c’est encore autre chose d’être témoin des extravagances dont je suis capable grâce à ça. Quand j’y pense, je suis même étonné que mon père ne soit pas déjà là « Tu peux rester si tu veux » je marque une pause « dans tous les cas, je ne pense pas qu’ils me garderont très longtemps. Je resterai certainement à la maison quelques jours » Ils m’imposeront certainement un repos, que je serai idiot de refuser. Et je suis déterminé à prouver à mademoiselle Baranovski que je suis capable d’écouter et de faire preuve de raison.

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Nina & Nathaniel

La conversation prend un tournant que je n’avais pas anticipé. J’ai presque l’impression de me faire gronder comme un enfant. Mais je suis trop fatigué pour me prendre la tête plus que nécessaire « Parce que je le peux » je lâche d’une voix blanche avant d’expliquer davantage « Tu l’as souvent dit, nous ne sommes pas du même monde. Pour moi, ce n’est pas … ce n’est rien » J’essaie de trouver les bons mots sans passer pour un connard qui n’a aucune valeur de l’argent, même si au final, c’est ce que je suis. Je n’ai jamais eu à m’inquiéter de devoir choisir entre manger ou payer les factures. Y compris pendant mon exil imposé à Londres. Mes parents m’ont laissé accès à mes trusts. Aujourd’hui, ils n’ont bien entendu, plus la main dessus. Tout ça pour dire que ce serait facile et ça ne ferait rien à ce que je possède « Ca fait partie de ma vie Nina, de la manière dont j’ai grandi. Ce qui veut dire que je peux acheter l’hôpital si j’en ai envie. Prendre un jet pour partir en vacances sur un coup de tête ou t’acheter une villa sur South Bay » je marque une pause, histoire de reprendre mon souffle « Je ne fonctionne pas comme ça, mais je le pourrais. Quand j’ai dit que je me fichais du coût engendré au fait que tu restes ici, c’était plutôt que certaines chambres peuvent être upgradées. C’est normal pour moi. Mais je ne suis pas inconscient au point de jeter mon fric par les fenêtres. Je ne veux pas te paraître condescendant. J’essaie juste de me montrer honnête » Parce que pour Nina ce ne sera jamais de l’argent gaspillé. J’en profite pour continuer de la rassurer, tant bien que mal. Ne pas perdre le nord comme on dit. Ils devraient me laisser sortir rapidement, ce à quoi la rouquine répond que je passerai certainement la nuit ici, et qu’il faut voir cet arrêt de travail comme des vacances. Je hoche la tête. Ce n’est pas faux. Ma main caresse toujours ses cheveux. Sa chaleur m’enveloppe et je sens que je commence à fatiguer sérieusement. Mais je lutte de toutes mes forces, je veux la garder dans mes bras. Je suis trop bien là « Tu as raison. J’en profiterai pour me faire un marathon de Morgan Freeman. C’est mon acteur préféré » j’ajoute, me souvenant que je ne lui ai probablement jamais dit « ou peut-être que je pourrais réfléchir à un tatouage. Ca fait longtemps que j’en ai envie mais je n’ai pas encore osé sauter le pas » Ca me tire un sourire. Franchement, ce serait un pied de nez au destin ça ! Un bâillement s'échappe et je grimace. Je suis presque certain que Nina l'a senti, avec sa tête posée sur ma poitrine.