SEISME - Sujet commun

C'est l'heure de la plus forte affluence pour le supermaché d'Island Bay. La plupart des habitants ont fini de travailler, il fait encore jour dehors mais la fatigue est palpable pour nombreux d'entre eux. Et ce n'est pas fini. Une secousse se fait ressentir immobilisant chacun des habitants, caddies et paniers en mains. Chacun se raccroche à ce qu'il peut, certaines vitres explosent et les cris des moins courageux se font entendre. Vient immédiatement une coupure de courant qui plonge le supermarché dans une quasi obscurité, bloquant de ce fait les portes automatiques et autres issues de secours. Bloqués ici pour un temps indéfini, il faudra attendre plusieurs heures pour arriver à sortir et apprendre que notre belle île a été frappée par un séisme, et qu'un tsunami arrivera d'ici quelques heures, quelques jours au plus tard. En attendant, il faut prendre son mal en patience et gérer les habitants les plus tendus.

(Chaque réponse dans ce sujet se verra attribuer 10 points supplémentaires à la fin du mois pour le compte total des points afin d'élire les membres du mois.)

Je balançais mon corps dans les rayons du supermarché à la recherche de quelque chose à manger pour ce soir. Sans le vouloir, je me dirigeais vers l’étalage céréale. N’étant pas une grande cuisinière, je privilégiais toujours les paquets qu’on ouvre et dont la nourriture et prête à manger. Ce qui est bien avec les céréales c’est qu’il y a un grand choix de gouts, de forme et de quantité. Chaque semaine j’en goutais des nouvelles, bien que j’avais fais le tour depuis un moment. Je mettais toujours du temps à choisir. Chaque céréale selon chaque humeur. Pour une fois depuis longtemps je me sentais bien. Mes cousines savaient tout pour ma maladie et j’avais enfin extrait mes pulsions sexuelles avec une certaine jeune femme. Je travail toujours dans le domaine que j’aime, ma famille est présente et je suis épanoui.

D’un coup, alors que j’observais ces paquets en carton, je sentis une secousse sous mes pieds. Les céréales tremblaient et mon corps aussi. Autour de moi, tout le monde était tout aussi surprit que moi. On se regardait, pendant que ce n’était qu’un petit tremblement de terre comme il y en a souvent sur notre île. Cependant, la secousse ne s’arrêta pas et amplifia d’avantage. Je perdais l’équilibre de mon corps et tombais au sol. C’est là que les cris ont commencé à se faire entendre, les bébés pleuraient et les gens couraient. Moi j’étais clouée au sol et je n’arrivais plus à bouger, ni à parler. J’étais prise de panique, je voyais les étalages tomber l’un après l’autre, jusqu’à arriver vers moi. Mon pied se retrouva coincé sous l’un d’eux. Je n’avais pas d’autre choix que de réagir cette fois-ci. J’entendais des vitres se brisées et d’un coup, la lumière disparue. Je comprenais que ce n’était pas les simples tremblements de terre qu’on pouvait sentir de temps en temps à Island Bay.

- Ouvrez les portes !

Les gens criaient qu’ils ne pouvaient pas sortir et je les entendais frapper contre les portes. Je commençais à voir flou, et pas que à cause de mon anomalie. De mes mains, j’essayais de relever l’étalage qui était tombé sur moi mais je n’étais pas assez forte. Je regardais autour de moi, il y avait beaucoup de personnes, dont des hommes qui auraient pu m’aider. Je balançais mes mains pour que quelqu’un me remarque mais ils étaient tous occupés à cherche un moyen de se protéger. J’avais peur, peur de rester coincé ici et de mourir en cherchant un paquet de céréale. Sous la panique, je retrouvais ma voix.

- S’il vous plait !  Est-ce que quelqu’un peut m’aider ? Ehoh !

Je ne voyais personne qui prêtait attention à mes appels. Je comprenais d’un autre coté, que dans un moment pareil, on ne pense qu’à sa vie et à celle de ceux qu’on aime. D’ailleurs je voulais savoir ou se trouve Zola ou Roxy. Ce séisme ne présente rien de bon. J’aimerai que ceux que j’aime soient à l’abri. Je soufflais, désespérée par cette situation. J’avais comme l’impression que lorsque je me sens mieux, quelque chose vient me rappeler que la vie n’est pas toujours belle.

Clayton avait horreur d'aller faire ses courses au moment des plus grandes affluences, mais il fallait se rendre à l'évidence, il n'avait plus rien à manger dans son petit trois pièces. Une fois qu'il eut passé les portes du supermarché, il sentit une vague de pression prendre possession de son corps. Il fallait qu'il fasse abstraction, qu'il suive les conseils de son psychologue et qu'il poursuive son chemin. Au final, plus facile à dire qu'à faire. Pour aller plus vite, il décida de ne prendre que le stricte nécessaire pour vivre encore au moins deux ou trois repas. La nourriture avait une place importante dans sa vie mais sortir d'ici au plus vite était tout aussi important pour lui.

Alors qu'il s’apprêtait à prendre le chemin d'un rayon, le sol se mit à trembler. C'était loin d'être une petite secousse, il avait déjà ressentit celle d'un tremblement de terre et ce n'était jamais très agréable. Il eut juste le temps de se baisse lorsqu'une fenêtre explosa juste à coté de lui. Clayton protégea son visage mais un bout de verre vint tout de même lui entailler la joue, juste en dessous de son œil de droit. Ce n'était rien de bien méchant comparer à ce qu'il avait vu vivre auparavant. Ce fut rapide mais assez long pour provoquer une sorte d'émeute dans le supermarché. Tout le monde voulait sortir mais les issus étaient bloqués. Clayton dû cligner des yeux plusieurs fois pour prendre conscience de ce qui se passer autours de lui et surtout pour que la panique ne prenne pas place dans son esprit. Au final, se fut les cris d'une jeune femme qui appelait à l'aide qui le sortit de sa stupeur le ramenant directement à la réalité. Il se hâta à travers les débris et les rayons complètement dévaster pour dégager ce qui l'empêcher de bouger.

- Je vais vous aidez, ne bougez plus.

Il connaissait les premiers secours, ce genre de poids sur une personne pouvait carrément couper la circulation du sang. Il ne perdit pas une seconde dégageant l'étagère sur le coté, cela lui demanda un certain effort mais il y arriva sans trop de peine. Clayton tendit ensuite sa main à la jeune femme encore allonger sur le sol.

- Vous pouvez vous relevez ?

Des gens passèrent à coté d'eux, le bousculant à plusieurs reprises. Finalement, il n'était pas le plus fou, son psy serait très fier de lui. Le sang perlait un peu plus sur sa joue mais il ne sentait presque pas la douleur, un maigre picotement. Il était devenu très résistant à ce genre de petit bobo bénin.

Le cliquetis incessant provoqué par mes talons aiguilles vertigineux s'amplifie à mesure que je progresse dans les allées du supermarché, déjà plus qu'impatiente d'en avoir fini avec ces corvées et de pouvoir retourner dans mon loft pour passer une soirée à sérieusement travailler sur les ébauches de la nouvelle édition. Adoptant une allure à la rapidité impressionnante, je me maudis intérieurement d'avoir osé penser pouvoir survivre au beau milieu de la foule avec une jupe crayon moulante et des escarpins bien trop hauts pour que je puisse me hâter à ma guise. Manifestement, je suis plutôt douée pour agir à l'encontre de toutes les promesses que je m'étais faites jusque là puisque je m'étais jurée il y a déjà un bon moment de ne plus jamais remettre les pieds dans un tel établissement de nouveau. Malheureusement, vu que je ne passe que très peu de temps dans mon pied-à-terre sur Center Bay ces derniers temps, je n'ai pas eu la brillante idée de vérifier si il me restait de quoi subvenir à mes besoins dans les placards de ma large cuisine moderne et exubérante de luxe. C'est donc en maugréant et en persiflant envers ma propre personne que j'ai en fin de compte daigné contacter un taxi pour me faire déposer au supermarché et m'acheter de quoi survivre pour au moins les quelques heures à venir. Armand n'était exceptionnellement pas disponible et, en repensant à la convalescence complexe de son épouse qui a subi les affres d'une crise cardiaque il y a quelques semaines, j'ai rapidement compris pourquoi alors j'ai tout naturellement renoncé à l'idée d'insister pour qu'il puisse voler à mon secours. J'échappe un nombre conséquent de soupirs soulignant à la perfection mon amour pour les inconnus qui frôlent mon manteau hors de prix, ignore du mieux possible les regards indiscrets et les personnes dégainant leur téléphone portable pour immortaliser - à mon grand dam, croyez-moi - ma venue en ces lieux et tente de tracer ma route quoi qu'il advienne, déterminée à atteindre le rayon composé de soupes en tous genres et de denrées contenues dans des paquets en carton.

Dissimulant mon visage avec une mèche de cheveux et ma paire de lunettes de soleil, je baisse légèrement la tête et me poste droite comme un piquet devant un large panel de céréales. Je lève les yeux, qu'est-ce que je fous là franchement, je sais parfaitement reconnaître que je suis incapable de me nourrir en toute autonomie, c'est le comble du ridicule pour moi de me retrouver à devoir faire un choix entre des carrés de sucre cancérigènes ou des pétales de diabète du gras. Sans crier gare, je sens soudainement mes talons trembler et alors que je pensais perdre tout simplement l'équilibre sur mes échasses, je constate avec stupéfaction que l'étagère me faisant face se met également à vibrer, les paquets qu'elle présente commençant alors à chuter à mes pieds. Putain, il se passe quoi là. La secousse que je ressens désormais dans tout mon corps s'intensifie et mon visage se crispe d'anxiété, je n'ai jamais eu à faire à ce genre de catastrophe naturelle et la panique commence à assaillir mon for intérieur. Les gens hurlent et mon premier réflexe et de lâcher les ances de mon sac à main qui s'écrase sur le carrelage avant que je ne me rue sur un poteau pour m'y accrocher comme une perdue. Je ferme les yeux, tentant de faire abstraction du moment présent en attendant que les choses se calment mais les rouvre subitement lorsque j'entends un énorme bruit métallique non loin de ma position. Je sursaute violemment et tourne brusquement la tête vers la source de ce vacarme effrayant, j'aperçois alors une jeune femme retenue prisonnière par les barres de fer, le corps entouré de paquets de céréales répandus par terre. Et soudain, une réplique plaintive. « S’il vous plait !  Est-ce que quelqu’un peut m’aider ? Ehoh ! » Une main se plaque sur ma bouche sous le choc, je m'éloigne finalement du poteau et balance mes lunettes de soleil au loin avant d'avancer comme je peux en direction de la jeune femme à la tête blonde. « Mademoiselle Hawhthorne ?! » Mon horreur n'a désormais aucune limite, je la connais, c'est la jeune reporter maritime avec qui nous collaborons désormais au sein des bureaux de VOGUE. Quel bordel, c'est pas possible. Un homme arrive ne même temps que moi autour d'elle et l'aide immédiatement à s'extirper de son carcan métallique. « Clayton ?! » C'est quoi ce scénario de film catastrophe à deux balles, il semblerait que toutes mes connaissances soient coincées dans l'enfer de l'instant.

« Vous pouvez vous relevez ? » Je l'observe d'abord faire puis je m'accroupis à côté de lui et dégage avec efficacité quelques paquets avec fureur et empressement. Les gens qui nous bousculent se reçoivent des injures de ma part, quelle bande d'ignares non civilisés. La peur ne justifie pas tous les moyens. Et c'est moi qui en atteste, c'est dire. Alors que Clayton essaie tant bien que mal de sortir la jeune femme de ce bordel, je remarque du sang perler sur son front. Solidarité spontanée oblige, je déchirer un pan de ma jupe avec une force venant d'ailleurs et plaque le textile précieux sur son visage pour éponger le liquide. « Laissez-moi vous aider. » Je balance la tissu entaché au loin et m'empare des mains de la jeune Charlotte alors que Clayton tente de nouveau de relever l'étagère pesant un âne mort. « Ne paniquez surtout pas, nous allons réussir à vous sortir de là. » Je sais que c'est facile à dire mais il ne faut pas qu'elle cède à la peur panique. Mes mains deviennent rouges d'effort et les veines de mon cou ressortent. Je ne la connais que très peu mais il est hors de question que je la laisse sous toutes ces merdes.

Je me demande ce que je fiche ici. La secousse à été rapide, trop rapide pour que je ne comprenne ce qui se passait. J'ai entendu les autres courir vers la sortie puis des cris. Je suis sonné, des bouteilles d'alcool sont tombées dans l'allée, je me suis protégé comme j'ai pu. C'est mon bras qui a tout pris mais ça n'a pas l'air d'être trop grave, juste une coupure. Cela m'apprendra à vouloir aller chercher de l'alcool pour la soirée qui s'annonçait. J'avais invité tout le monde, comme toujours et il me manquait quelques bricoles pour que tout soit parfait. J'entends des gens autour de moi, je ne fais pas tellement attention à ce qu'ils disent. J'ai l'impression de revivre un nouveau cauchemar. La lumière s'est éteinte après quelque secondes. J'essaie de me rassurer intérieurement. Je déteste le noir. Je ne suis pas non plus rassurer de savoir que nous sommes coincés ici. Je sors de l'allée, je n'ai pas envie de rester tout seul ici. J’aperçois deux personnes aidant quelqu'un de bloqué sous une étagère. Je refuse de laisser cette personne là sans rien-faire, pas cette fois. Je cours vers eux. Ils sont déjà deux pour venir en aide à cette demoiselle. Elle n'a pas l'air vieille, on ne voit pas grand chose avec lumière qui a coupé.

« Attendez- je vais vous aider à la porter. »

Je me dirige vers l'homme qui essaie de soulever l'étagère, à deux on arrivera peut-être à quelque chose. J'essaie de me concentrer et de ne pas paniquer parce qu'il n'y a pas de lumière et parce que je ne me sens pas du tout dans mon élément, mais je refuse de les laisser se débrouiller. Je n'ai pas envie d'avoir ça sur la conscience. Je veux être utile et pouvoir aider cette jeune femme à sortir de là, sinon on risque de la perdre et ça serait intolérable. Je ne supporterais pas de perdre quelqu'un de cette manière, même si je ne la connais pas. Elle doit avoir mon âge peut-être et quelque part ça me donne le sentiment de me racheter.

J’ai été de mauvaise foi en pensant que personne ne viendrait m’aider. Tout d’abord, un homme d’une trentaine d’années est venu à ma rescousse. Il couru vers moi, me criant qu’il allait me sortir d’ici. Un souffle de soulagement sorti de ma bouche et je me sentais d’un coup protéger. L’homme remonta alors les grilles métalliques qui étaient tombées sur moi, me libérant de ma prison de fer. Au même moment, une femme s’approcha de nous. Je ne pouvais pas voir son visage tellement ma vision était devenue flou. C’est pour cela que j’allais aussi avoir du mal à ma relever et me diriger seule. J’avais l’impression que ma maladie avait empiré juste à ce moment là. Soudain la voix de cette femme me rappela quelque chose.

- Mademoiselle Hawhthorne ?!

Cette voix je la connaissais bien. Et quand je me tournais pour voir cette femme qui se trouvait bien plus près de moi, je reconnu Iris Won Dust, la rédactrice en chef de chez VOGUE. Je n’aurai jamais pensé me retrouver dans une situation pareil avec elle. C’est une femme que je respecte beaucoup de part sa prestance et parce qu’elle m’a donné ma chance. J’ai du mal à comprendre ce qu’il se passe mais je comprends que les gens affluent autour de nous, bousculant ceux qui essayent de m’aider. C’est un comportement que je trouvais déplorable, cet égoïsme qui atteint certaines personnes dans un moment de panique. Iris aide l’homme qui m’a sauvé puisque lui aussi avait l’air blessé avant de m’attraper les mains pour me faire remonter debout. Un autre homme nous rejoignait, aidant l’autre homme de l’aider à porter l’étagère.

- Messieurs, Madame Von Dust, je vous remercie. J’ai vraiment pensé que j’allais rester coincée.

Assez parler, il fallait trouver une solution pour sortir de cette embrouille. Nous nous retrouvions tous les quatre, ne sachant pas vraiment quoi faire. J’observais autour de nous, si j’avais bien compris, toutes les issus étaient verrouillées. Le système de sécurité était vraiment merdique ici. Tout ce que je pouvais voir d’autre était les gens courir ou crier parce qu’ils ont peur. Certains s’efforçaient de frapper contre les portes, dans l’espoir qu’une d’entre elle s’ouvre.

Je sentais que ma cheville enflait et que j’avais du mal à la poser au sol mais je n’étais pas non plus handicapée par cette blessure. Je lâchais donc les mains d’Iris, un petit sourire gêné aux lèvres. Nous nous connaissions pas beaucoup alors me retrouver entre ses mains c’étaient vraiment la dernière chose que j’avais imaginé aujourd’hui.

- Je peux marcher. Nous pourrions essayé de passer par les fenêtres ? Je ne sais pas en escaladant ou en empilant des étagères…

Je n’étais pas d’une grande aide puisque les vitres se trouvaient vraiment en hauteur. Et puis je ne suis même pas sûre d’être capable d’escalader quoi que ce soit. Je voulais juste aider ou au moins servir à quelque chose. Et puis ça me rendait plus calme, en évitant d’être prise de panique ou de me mettre à pleurer. Ils m’avaient tout de même rassuré et je le sentais à l’amélioration de ma vue. Les choses redevaient claires.

Par chance, un autre homme était venu aider Clayton pour aider cette jeune femme encore sous les décombres d'une étagère qui pesait son poids. Alors qu'il l'aidait à se relever, une autre jeune femme l'appela par son prénom cette fois-ci et cela fit un dé-clique dans sa tête. Et si Emily était ici ? Et puis si elle était ailleurs, dans la rue ou n'importe où et que quelque chose lui était arrivé ? Non, non ce n'était pas possible que ça recommence, qu'il perde encore quelqu'un. Il tourna son visage pour apercevoir la rédactrice de Vogue NZ. Clayton la regarde déchiré un bout de sa jupe pour venir essuyer cette plaie qu'il avait juste sous l'oeil. Ce n'était pas nécessaire mais presque aucun mot n'arrivait à sortir de sa bouche. Il y avait trop de remue ménage autours d'eux et ça commençait à l'oppresser de plus en plus.

- Merci, il faut trouver le rayon pharmacie et prendre ce qu'on pourra pour soigner les blesser.

Il se tourna vers la jeune femme qui avait été coincé sous le rayon.

- Vous êtes blessé ?

Quelqu'un d'autre criait avoir besoin d'aide non loin d'eux. Il fallait y aller. Il fallait qu'il se ressaisisse pour aider les autres car lui allait bien en dépit de son visage qui pouvait laisser croire le contraire. Est ce que les secours allaient venir les aider ou était-ce encore pire ailleurs ? Il ne pouvait pas savoir car ils étaient tous en quelques sorte couper du monde.

- Essayer de voir si l'un d'entre vous à du réseau téléphonique ça pourrait nous être utile. Il faut trouver de quoi soigner les blesser.

Il se tourna vers Jackson.

- Vous voulez bien venir m'aider à dégager les autres personnes ?

Alors que je suis en train d'hésiter, comme une idiote, sur quelle marque de biscotte acheter (oui parce les premiers prix, c'est pas cher mais, c'est moins bon) l'étagère sur laquelle elles sont disposées se met à trembler légèrement. Surprise, je retire brusquement ma main du paquet. Inerte depuis quelques secondes, fixant le présentoir comme si je venais d'apercevoir un ovni, je me persuade avoir rêver puisque plus rien ne semble bouger. Je souffle légèrement, je dois vraiment manquer de sommeil ces temps-ci si j'en arrive à imaginer des choses. C'est vrai que le boulot accapare pas mal de mon temps sans compter que, même lorsque je ne travaille pas, je ne dors que trop peu. Le visage de Thomas hante sans cesse mes rêves. Ils commencent tous de la même manière : par un souvenir, un moment partagé. Le dénouement est lui aussi constant, je le revois, étendu sur le sol, raide et froid. Quoiqu'il en soit, si je commence à m'imaginer des trucs, il faut vraiment que je songe à consulter. Chose que je n'ai pas du tout envie de faire. Si vous saviez le nombre de psychologue, psychiatre que j'ai côtoyé durant mon enfance à cause de mon frère... Ça ne donne pas envie d'en voir plus, je peux vous l'assurer.

J'avance tranquillement dans le rayon, à la recherche d'un nouveau produit quand un nouveau tremblement se fait ressentir, plus violent cette fois ci. Je n'appellerais même pas ça un tremblement en fait mais, plutôt une secousse. Oh non ! Une secousse ! Nouvelles-Zélande ! Oh non, non ! Je sais ce qui se passe ! Un tremblement de terre ! Paniquée, je regarde dans tout les sens, essayant de me rappeler ce qu'il se doit de faire dans ce genre de situation. Je suis française moi, je ne sais pas gérer les tremblements de terre ! Les seuls qu'on aient eu étaient tellement bas sur l'échelle de Rich-machin-truc que je ne les aient même pas senti !

-Allez Jo', fais travailler ton cerveau !

Quand je stresse, je parle toute seule, chacun ses vices. De nouvelles secousses se font ressentir. Il faut que je bouge ou je vais tout me prendre sur la tête. Oui, c'est ça faut que je trouve un endroit pour me protéger des objets qui tombent ! C'est là que j'entrevois, en face de moi, à quelques mètres, une caisse vide. Je pense pouvoir me cacher dessous en attendant que les tremblements cessent. Après tout, ces caisses sont faites en métal, elles doivent être solide, enfin j'espère. Ainsi, je me retrouve à courir jusqu'à celle-ci. Passant par dessus, pour pouvoir accéder à ma cachette de fortune, je me recroqueville à la hâte.

-J'aurais vraiment dû rester en France !

Déjà complètement flippé, la coupure de courant ne fait rien pour arranger mon état. Nerveusement, je me ronge les ongles en attendant que ça passe. Il n'y avait rien de plus à faire de toute manière. Soudain, je pense à ma maison, mon tout petit mobile-home ne va jamais tenir le choc, c'est tout bonnement impensable, je suis fichue. Je vais me retrouver SDF pour la deuxième fois en moins de deux mois. J'aime ma vie ! J'espère que Billie va bien au moins, je me demande où elle est. Prenant soudainement conscience que ma cousine pourrait être réellement en danger, j'attrape mon téléphone pour l'appeler, seulement, voilà, je n'ai pas de réseau... Génial ! Ainsi, je commence à cogiter, il y a tellement de personne que j'apprécie qui risque d'être blessé, Enzo, Nina, Noa... Et j'en passe.

Après quelques temps, tout semble être revenu à la normale, enfin si on peut dire, tout a arrêté de trembler du moins. Je n'arrive pas à me résoudre à sortir, je suis assez paniquée, je dois bien l'admettre. J'entends quelqu'un qui demande de l'aide. Je soupire longuement. Je ne pourrais plus me regarder dans une glace si je n'apporte pas mon aide à une personne dans le besoin. Prenant mon courage à deux mains, je me relève donc doucement. Tout est en chantier, c'est un véritable cauchemar. Un cauchemar que je ne peux qu'entrevoir à cause de la coupure de courant. Petit à petit, je me rapproche de la source du cri, manquant de trébucher une fois ou deux. Mes yeux s'accommodent à la pénombre à mesure que j'avance, ce qui me permet de percevoir un peu mieux tout ce qui m'entoure. J'ai l'impression d'entendre un sorte de grésillement étrange, non, plutôt un bruit de frottement... C'est bizarre, je me demande de quoi il peut bien s'agir.

Finalement, j'arrive enfin à atteindre l'endroit d'où proviennent les sons que j'ai entendu tout à l'heure. Je vois un homme, allongé, une étagère à moitié renversé sur lui. L'horreur que je ressens à la vue de ce spectacle navrant est un peu atténuée par ma perplexité. En effet, le gars est en train de manger des biscuits apéritifs. C'est le crissement du paquet qui faisait ce bruit... Un peu décontenancée, je demande :

-Vous êtes bloqué ? Et-ce que... vous êtes blessé ?

Je m'assoie près de lui pour essayer de voir d'un peu plus près l'étagère qui lui est tombée dessus. Impossible que je la soulève à moi toute seule, ça c'est sûr.

-Je vais essayer de trouver de l'aide mais avant ça j'aimerais savoir si vous avez besoin de bandages ou autres ?

Il doit bien y avoir un rayon parapharmacie dans ce grand magasin, non ? Je me relève donc, prête à partir, pourtant, au dernier moment, je me retourne, un sourire gêné aux lèvres et lance :

-Je pourrais en avoir un ?

Je fixe le paquet de biscuit qu'il tient dans sa main. Je ne sais pas ce qui ne va pas chez moi, un gars est bloqué, presque ensevelit et je lui demande de la nourriture. Je pète un plomb, vraiment.

A nous deux nous avons réussis à soulever l'étagère et à sortir la jeune femme de là. Elle nous remercier de l'avoir aider. Je ne vois pas comment j'aurais pu faire autrement. Je ne laisserais plus quelqu'un mourir sous mes yeux. Ça a été trop douloureux. Je me suis senti utile pour une fois. Je souris timidement et acquiesce à ses remercier et précise aux autres :

« Je m'appelle Jackson. »

C'est sans doute ridicule de donner son nom au beau milieu de tout ça, mais ça me rassurais de savoir le leur, de ne pas les oublier ensuite. Elle nous affirme qu'elle peut marcher, tant mieux, il ne vaut mieux pas rester ici. Les étagères pourraient tomber, elles n'ont pas l'air de tenir très bien. Il pourrait y avoir une autre secousse. Je leur propose donc :

« On devrait peut-être bouger d'ici, si une secousse repart mieux vaut qu'on soit loin des étagères.»

J'acquiesce aux propos de l'homme et sors mon Iphone je l'allume mais voit la barre de réseau inexistante. Je serre les dents. Ce n'est pas bon signe. Je secoue la tête leur indiquant qu'il n'y a pas de réseaux et en profite pour allumer la lampe torche, on y verra un peu plus clair. Je remarque alors que mon bras est blessé. Les bouteilles qui me sont tombés dessus tout à l'heure m'ont laissé une entaille profonde. Je frotte mon bras sur ma chemise espérant que je n'ai pas un morceau de verre coincé. J'ai acquiescé lorsqu'il m'a demandé si je voulais bien l'aider à sortir les autres personnes et j'ai répondu :

« Oui bien sur, je vous suis. »

C'est bien la première fois que je suis aussi sociale, mais je refuse de rester inerte. Je ne laisserais plus personne seul dans des moments pareils.

J’en avais déjà marre d’être ici, j’espérais que les secours arrivent d’un moment à l’autre. Je ne savais plus quoi faire. J’étais seul, sous l’étagère, et je mangeais ces trucs immondes, mais qui m’aider à passer le temps. Pathétique, non? Vive ma chance, certain diront. Les rares fois que je vais faire l’épicerie à l’heure de pointe, il faut absolument qu’un tremblement de terre arrive. En plus, ce n’est même pas comme si je pouvais aider les autres, je suis complètement bloqué et je ne peux à peine bouger mes jambes. Le comble de tout ça, ça serait de se faire amputer. Ah ça alors, je ne suporterais pas. Pour cela, on verra en temps et lieux.

Une jeune femme arrive, une jeune inconnue, car je ne connais pratiquement personne ici, évidemment. Elle avait l’air troublée, mais inquiète aussi. En fait, je crois qu’elle ne sait simplement pas réagir à la vue de mon calme apparent, qui n’est nul autre qu’une belle grosse façade, et du fait que je mange. Elle bafoue quelques mots, en me demandant si je suis blessé. «Pour être honnête, j’en ai franchement aucune idée, je dois t’avouer... J’ai pas vraiment mal, mais je suis pas super confortable comme tu peux t’en douter.» dis-je comme si c’était une évidence. C’est pas le moment d’être méchant. La fille vient pour t’aider, et tout ce que tu vas réussir à faire c’est la faire partir. «Désolé, si c’était… méchant.» Je ne savais pas comment réagir moi non plus, c’était tout sauf ordinaire comme situation. Elle s’approche de moi, en regardant l’étagère, et pas le look sur son visage, elle sait très bien qu’elle n’est pas Wonder Woman et elle ne va pas réussir à soulever ça toute seule.

Elle me dit qu’elle part pour chercher de l’aide, se relève, et me demande si j’ai besoin de bandages ou quoique ce soit d’autre. «Euh… Je crois pas, non. Mon genou est un peu tordu donc ça risque de me faire un peu mal lorsque je vais me relever, si tu pouvais peut-être trouver un truc pour le soutenir, ça serait génial. Merci.» Juste avant de partir, elle se retourne, visiblement gênée par ce qu’elle s’apprête à demander. J’espère que ce n’est pas une demande en mariage, je ne suis pas prêt à dire à une fille que je suis homosexuel en la rejetant pour ça. À ma plus grande surprise, elle me demande si elle peut avoir un biscuit. Moi-même étant bouche-bée, j’accepta avec plaisir sa demande, et lui tendit le sac en guise de réponse.

Elle quitte pour aller chercher un peu d’aide, pendant que moi je me retrouve encore une fois seul, mais cette fois-ci, avec un tout petit peu d’espoir. Je ne sais plus quoi faire pour tuer le temps, mon paquet est vide et je ne peux pas m’étendre assez pour en attraper un autre. C’est génial, il va vraiment falloir que je commence à regarder le plafond.

J'essaie d'aider monsieur et il ne trouve rien de mieux qu'ironiser. Ce n'est pas vraiment gentil, il semble s'en rendre puisqu'il s'en excuse. Je ne peux vraiment lui en vouloir, il est dans une situation bien peu confortable, il doit être à bout de nerf, enfin j'imagine. Pour ma part, j'ai peur que le ciel me tombe sur la tête, je suis totalement flippée. Alors, je ne peux pas lui tenir rigueur du fait qu'il ne soit pas spécialement super agréable en ce moment. Voilà pourquoi je réponds, en essayant de lui faire un, vrai, beau sourire rassurant :

-Pas de soucis.

Il semblerait que son genou soit tordu. Il lui faudrait donc de quoi se stabiliser une fois levé. Comme je ne pense pas qu'il y ait de béquilles ou des attelles ici, il faudra improviser. Pourquoi pas un cadis ? Quoique les roulettes pourraient l'emmener à glisser... À moins que je ne le mette carrément dedans et que je le pousse jusqu'à la sortie ? Ce ne serait pas l'idéal mais, si je ne trouve rien d'autre, ça devra faire l'affaire. En attendant, il faut que je cherche de l'aide, essayer de le sortir de là-dessous, c'est le principal.

-D'accord je vais essayer de trouver des sortes de straps même je suis pas sûr qu'il y en est ici. Au pire des cas, je ramènerais un chariot ou quelque chose du genre... Je... j'y vais... Mangez bien.

Manger bien. Je ne trouve rien de mieux à dire. Décidément, la peur m'en fait sortir, des conneries. Partie dans ma lancée, je m'efforce de traverser les rayons qui n'en sont plus vraiment. Difficile de trouver quelques produits que ce soit dans ces conditions. J'ai la peur de ma vie quand un bout de métal manque de me tomber sur la tête. J'ai poussé un de ces cris aigus tout à fait horripilant, vous voyez de quel genre de cri je veux parler ? Plus paniquée que jamais, j'essaie néanmoins de rester focalisée sur ma tâche. Être seule ne m'aide pas franchement, c'est ce pourquoi, environnant toutes les trente secondes, je demande, dans l'espoir qu'on me réponde :

-Il y a quelqu'un ?

Seulement voilà, il n'y a personne. Je commence un peu à désespérer. Il faut dire aussi que je n'ai pas beaucoup avancé mais, tant ce magasin est en chantier, ça m'a très difficile de mettre un pied devant l'autre sans risquer de me briser le coup en tombant. Bon, j'exagère peut-être un peu mais, c'est normal, parce que je panique ! Et c'est mon droit, c'est mon premier putain de tremblement de terre. Et ça fait beaucoup à encaisser ! Oui beaucoup ! Comme si ce n'était pas assez déjà de trouver son ami mort en entrant chez lui après avoir fait plus de douze heures d'avion pour le voir... Douze heures ! J'avais juste envie de dormir moi ! Noooon, ce n'est pas assez, il faut, en plus de ça, que je me tape un tremblement de terre ! Excédée et à la limite du pétage du plomb, je me met à trépigner du pied violemment en criant :

-Tremblement de terre de merde !

C'est là que je les vois, deux hommes, à quelques mètres de mois. L'un est brun et barbu, l'autre est châtain ou peut-être même blond. Gênée par la petite scène que je viens de faire, je souris de toutes mes dents en leur faisant coucou de la main. Bon même si je dois avoir l'air d'une folle, il faut voir le côté positif de la chose, j'ai trouvé de l'aide !

-Vous tombez bien !

Je me rapproche d'eux naturellement pour pouvoir discuter sans hausser le ton. Je prends la décision de faire comme si le spectacle que je venais de leur donner était tout à fait normal, on a pas le temps pour ce genre de bêtises.

-Il y a un gars là-bas, bloqué sous une étagère, il faudrait la soulever mais, comme vous voyez, je ne suis pas Hulk... Vous voulez bien m'aidez ?

Je joins mes mains comme si je voulais faire une prière. J'essaie d'avoir l'air la plus gentille possible, espérant que ça les pousse à m'aider. Je rajoute d'ailleurs, on ne sait jamais :

-Vous auriez pas vu des bagages ou straps ? Apparement il s'est tordu le genou.

Ainsi, j'attends leur réponse, espérant vraiment qu'ils ne soient pas des abrutis égoïstes qui ne cherchent qu'à sortir d'ici au plus vite.

- Et moi c'est Clayton.

C'est vrai que dans la panique ambiante au sein du magasin, il ne s'était présenté allant directement portait secours aux personnes dans le besoin. Lorsque Jackson lui fit part qu'il n'avait pas de réseau, il sortit son propre téléphone constatant à regret, la même chose. Ils n'avaient plus cas espérer que les secours viennent les aider le plus rapidement possible en espérant également qu'il n'y est pas plus grave ailleurs. Clayton n'était pas non plus du genre très social mais là il l'était sans trop faire d'effort, après tout, il ne pouvait pas se cacher dans un coin en laissant les gens à la dérive alors qu'il était capable d'aider. Il se mit donc à marcher vers l'allée suivante d'où venait les appels, il remarqua que le jeune homme avait la manche en sang, tout comme sa propre joue.

- On aide encore une personne et j'essayerai de trouver le rayon pharmaceutique, je ne suis pas médecin mais je devrais arrivé à pouvoir faire un bandage si ce n'est pas trop grave.

Il désigna le bras de Jackson pour qu'il comprenne puis une jeune femme s'approcha d'eux. Elle avait l'air complètement paniquer, en tous les cas beaucoup plus que Clayton qui commençait à s'habituer au problème auquel il devait faire face. Après tout, même s'ils commençaient à tous se retrouver dans le noir à cause de la nuit qui tombée, l'endroit était bien plus grand que la minuscule cage où il avait été enfermer durant trois mois. Elle fit part d'un jeune homme bloqué sous un gros rayon impossible à déplacer.

- Oui bien sûr, on l'a entendu mais pour trouver quelqu'un dans ce bazar, c'est compliqué. Vous pouvez nous montrer où il se trouve ?

Par contre, si la jeune femme ne pouvait pas les aider à soulever l'étagère, elle pouvait trouver les bandages et désinfectant, tout un kit pour soigner les blessures en urgence. Clayton se mit à réfléchir avant de lui annoncer ce qu'il avait en tête.

- Loin de moi l'idée de vous commandez mais se serait super que vous trouviez le rayon pharmaceutique, là-bas on aurait tout pour gérer les urgences avant que les grosses blessures soient envoyer aux urgences. Il faudrait ramené, des straps, des anti-douleurs, du désinfectant, des bandages et compresses. Vous voulez bien ?

Clayton cherchait autours de lui quelque chose pour contenir tout le matériel, il attrapa un sac que les caissières distribuaient à la sortie et il lui tendit.