(jilo) une erreur

Je savais que ce jour allait arriver. Jude retrouvait son appartement avec la clôture de l'enquête. Je ne sais pas trop ce que je devais ressentir par rapport à ça. Est-ce que je devais être déçu de son départ où être soulagé ? Elle m'avait demandé de la ramener chez elle, et je n'avais pas pu dire non. Mais j'avoue qu'on a fait le trajet dans le silence avec juste la musique pour remplir l'habitacle de la voiture. Je ne savais pas quoi dire, j'avais peur de dire un mot de trop. Ou au contraire pas assez. Je dois avouer que l'aprem que j'ai passé l'autre fois avec Felix m'a perturbé. Je ne sais plus... Je ne peux pas m'empêcher d'être attiré par Jude, mais je ne peux pas faire ça à l'un de mes meilleurs potes ! Je n'arrive presque plus à me regarder dans un miroir, la culpabilité me ronge de l'intérieur et à chaque fois que je me retrouve seul avec Jude, c'est un mélange d'émotion qui me prend à la gorge. Je passe alors le trajet à me demander ce que je vais bien pouvoir dire à Jude. Je dois dire quelque chose. Je dois faire quelque chose pour ne pas rester bloquer dans cette situation qui m'oppresse. Je me gare devant chez elle et mon souffle se coupe. C'est le moment fatidique. Sauf que je me retrouve comme un débile à fixer la voiture garée devant nous, les mains serrées sur le volant. Comment j'ai pu en arriver là ? Dans cette situation merdique ? Putain, mais je ne fais que de la merde. Je me frotte le visage avant de me tourner vers Jude qui semble attendre quelque chose. Il faut que je me lance. « On doit parler... » Mais qu'est-ce que je vais lui dire ?

@Jude Barton

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crédit/ tumblr ✶ @Milo Wairua

J’ai la gorge nouée, la poitrine serrée, je me sens oppressée. La vie est tellement étrange. Le temps est venu de rentrer chez moi. La police a enfin terminé son enquête et l’assurance nous a entièrement indemnisé avec Ginny. Ces dernière semaines, on a coordonné les livraisons des meubles afin de pouvoir s’installer confortablement. Je dis adieu à la coloc d’une certaine manière. Une routine agréable s’était mise en place et ça me faisait plaisir de m’occuper des trois garçons. Leur faire à manger, un peu de ménage. Je me sentais utile et je leur en serai toujours reconnaissante de m’avoir accueilli ainsi. Sauf que les choses se sont encore compliquées avec la personne juste à côté de moi. Ce qui s’est passé entre nous … je n’ai toujours pas les mots pour exprimer ce que je ressens. Ca n’a jamais été mon fort de toute manière. C’est encore plus le bordel qu’avant, surtout qu’on n’a jamais discuté de ce qu’il s’est passé. Un des coloc a débarqué et l’opportunité ne s’est pas représentée. Ou peut-être qu’inconsciemment, on a tout fait pour l’éviter. Milo a accepté de me déposer chez moi. Debbie, ma vieille caisse fait des siennes dernièrement, si bien que je me retrouve seule avec lui. Le trajet du retour se fait dans un silence pesant et je n’arrive pas à me résoudre à tourner la tête vers lui ou croiser son regard. J’ai peur de ce que je vais y trouver. Ce regard qui dit tout. Cette intensité qui me cloue sur place à chaque fois. Avant que je ne m’en rende compte, on se gare devant mon immeuble. Je coule un regard vers Milo et note que ses mains n’ont pas décollé du volant. Il ouvre la bouche et je retiens mon souffle. Je hoche la tête. Mon attention reste bloquée sur ses mains parce que je suis incapable de le regarder directement. Je sens une certaine tristesse m’envahir sans que je ne sache d’où elle vienne. Je ferme les yeux quelques instants « Je ne regrette pas ce qu’il s’est passé » Un flashback de mon arrivée à la coloc me revient en mémoire. Ce sont mes mots exacts « et je ... » le reste meurt dans ma gorge. Tu sais très bien ce que tu veux dire Jude. Mais es-tu seulement prête à le dire à voix haute ?

Est-ce que ce sera le jour ou le monde s'écroulera sous mes pieds ? Je ne sais même plus ce que je dois faire, si je dois continuer de suivre mes envies et ce que mon coeur veut, ou si je dois écouter ma raison qui me dit que tout ceci est une immense erreur, que je suis qu'un traitre envers Felix et que toute cette histoire ne va causer que des problèmes. Je suis terrifié par la suite des évènements. J'ai presque l'impression d'étouffer dans cette voiture, que les mots restent bloqués dans ma gorge, que mes sentiments menacent de faire exploser mon coeur. Je finis par me tourner vers Jude en lui disant qu'il faut qu'on parle et elle hoche la tête. « Je ne regrette pas ce qu’il s’est passé et je ... » Je lâche un rire de nervosité avant de secouer la tête. Je ferme les yeux pour tenter de remettre en ordre les mots qui ne veulent pas s'assembler. Sauf que je ne fais que revoir nos moments ensemble. Ces moments ou la passion a été bien plus forte que la raison. Ces moments où je n'ai pas pensé à Felix mais bien qu'à moi comme le parfait egoiste que je suis. Je me déteste. « Jude... » Prononcer son prénom est une véritable torture. Je sais pourtant ce que je dois faire maintenant, mais ça me brise de l'intérieur. « J'aurai aimé que tout se passe autrement. J'aurai aimé... » Je plonge mes yeux dans les siens et je me rends compte qu'on est tous les deux au dessus du vide, en équilibre sur un fil au milieu de vents violents. « J'aurai aimé qu'on se rencontre avant. Que Felix ne soit pas au milieu de toute cette histoire.  » J'espère qu'elle lit dans mes yeux ce que je n'arrive pas à dire. Ça me semble être aussi compliqué que d'escalader le mont everest que de devoir dire ça à voix haute. Et pourtant, je dois le faire.

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crédit/ tumblr ✶ @Milo Wairua

Comment en sommes-nous arrivés là ? Les choses étaient pourtant si simples ou est-ce que je fourre le doigt dans l’oeil jusqu’au coude ? On se retrouve comme deux idiots, dans un silence étouffant, à ne pas savoir quoi dire. Mon corps tout entier est tendu. Une angoisse sourde monte en moi. Milo se tourne vers moi et je reste muette quelques secondes. Juste le temps d’avouer une part de vérité : que je ne regrette rien. Et je crois que ça bien de moi une garce. Mais la suite se refuse à sortir. Parce que c’est trop. C’est trop compliqué, trop fort, trop dur. Je l’entends prononcer mon prénom et je baisse les yeux. J’ai encore en mémoire toutes les fois où il l’a murmuré. Ce n’est pas une de ces fois. Un de ces moments que je garde précieusement avec moi. Non, je sens bien que ce sera tout le contraire. Il continue et j’ai l’impression d’être spectatrice, de ne pas être réellement présente. Lorsque je relève la tête, mon regard croise le sien. Celui que je cherchais à éviter au plus au point. Il n’a pas besoin de mots. J’écoute, figée sur place par toute l’ampleur de cette situation. Je suis pendue à ses lèvres. Il dit tout et si peu à la fois « Qu’est-ce que tu ... » Ma voix se brise. Allez Jude reprends-toi. Il me faut quelques secondes pour reprendre mon souffle. Tandis que Felix était l'évidence même, Milo était celui que je n’attendais pas. Celui que n’espérais pas. Celui vers qui je me suis tournée dans un moment de détresse sans que je ne comprenne pourquoi à l’époque. Est-ce que je le sais aujourd’hui ? «  Les choses auraient-elles été vraiment différentes ? » je demande, dans un murmure. Pourquoi se faire du mal ainsi Jude ? Qu’est-ce que ça change pour toi ? Pourquoi les choses sont-elles aussi compliquées ?

« Qu’est-ce que tu ... » Quand sa voix se brise, je suis à deux doigts de la prendre dans mes bras et d'abandonner toute ma volonté de tenter de réparer mes conneries. C'est hyper dur. Je déglutis et baisse les yeux. c'est insupportable de la voir comme ça, comme si je la frappais en plein dans le ventre. Et je n'ai même pas encore fini. «  Les choses auraient-elles été vraiment différentes ? » Je ferme les yeux et hoche la tête. Oui. Tout aurait été différent. Sans Felix dans cette histoire, je ne serai pas ronger par la culpabilité. Je dormirai tranquillement la nuit en me demandant comme l'un de mes meilleurs potes réagirait en apprenant que j'ai couché avec son flirt depuis un certain temps maintenant. Je ne m'imaginerai pas les regards de reproches que les autres me lanceraient. Je ne me poserai pas des centaines de questions sur ce qu'il se passe entre elle et moi et je n'aurai pas à me freiner comme je le fais en permanence. Je ne creverai pas de jalousie dès que je les verrais tous les deux. Je serai en paix avec moi-même. ce qui n'est pas le cas actuellement. « Ce qu'il se passe entre toi et moi... » Rien que d'y repenser, j'ai l'impression que des millions de lames me transpercent de part et d'autres. « Ce qu'on fait à Felix, c'est vraiment pas ouf. » Comment je réagirai à sa place s'il me faisait le même coup ? C'est pas comme si Jude et Felix ça avait commencé hier ! Ils se tournent autour depuis pas mal de temps maintenant et je n'ai même pas su respecter mon pote. J'ai envie de me frapper. Comment j'ai pu être aussi con et aussi egoiste ! Comment j'ai fait pour ne penser qu'à ma petite personne et à mes envies !

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J’aurais dû m’en douter. On ne pouvait pas rester dans cette situation plus longtemps. Partagée entre la complexité de mes sentiments et la culpabilité qui nous ronge tous les deux. Alors j’aurais dû savoir qu’à un moment donné, on aurait cette discussion. Et je sens que je ne vais pas l’aimer. Milo essaie tant bien que mal de s’expliquer, mais il cherche ses mots j’ai l’impression. Faut dire que c’est assez merdique. J’ai besoin de comprendre, de savoir. Il hoche la tête et je baisse le regard quelques instants. Mes pensées s’évadent, imaginent ce que ça aurait pu donner. Mais à quoi bon ? Pourquoi vivre dans une forme de fantasme. Tu n’as que la réalité pour toi Jude. Et putain qu’elle fait mal. La suite n’est pas mieux et à l’évocation de Felix, les barrières lâchent. Parce qu’il a raison. Parce que ce qu’on a fait, ce qu’on lui a fait, c’est pourri. Et le fait que je ne regrette pas, en dit très long sur moi. Garce et égoïste. Je souffle, espérant me calmer un peu. Mais mes larmes ne tarissent pas. Mes yeux restent fixés au sol, incapable de rencontrer son regard. « Je suis désolée » je lâche, dans un murmure. Ce jour-là, ce fameux lendemain de soirée, j’ai craqué et peut-être que si j’avais fait les choses correctement, je n’aurais pas entraîné Milo avec moi. C’est son meilleur ami et je l’ai mis une position horrible « Est-ce qu’il sait ? » L’un dans l’autre, ça ne change rien. Il faut qu’on parle. Ca fait des mois que ça traine et il a senti depuis un moment que quelque chose avait changé. Je me suis réfugiée chez Milo après mon cambriolage, je l’évitais et j’étais incapable d’être proche de lui physiquement. Autant de signes qui ont généré des incompréhensions et des prises de tête. Je tourne la tête vers mon immeuble. La coloc c’était chez moi, plus maintenant et mon appartement, aujourd’hui, je ne suis pas sûre d’y être à ma place. Après tout ça, est-ce que j’aurais encore une place dans la bande ? Je suis déjà entre Felix et Milo, entre deux amis de toujours.

Alors que je prononce le prénom de Felix, Jude se met à pleurer à côté de moi et ça me brise de l'intérieur. Je sens les larmes monter à mon tour et je lève les yeux au ciel en tentant de retenir les miennes. Mais je ne peux m'empêcher de tendre la main vers elle avant de me retenir, mon geste en suspens entre nous deux, au dessus du levier de vitesse. Il ne faut pas. « Je suis désolée » Je secoue la tête. « Je suis tout autant fautif que toi... » Je réponds avec la même intonation, comme si si on se mettait à parler plus fort, les choses allaient être encore plus réelles qu'elles ne le sont. Comme si, on allait encore se faire plus de mal. « Est-ce qu’il sait ? » Je pose mes mains sur le volant pour retenir mes mouvements. Il faut que je m'accroche à quelque chose pour ne pas sentir le monde s'effondrer sous mes pieds. « Non... Je t'avoue que je ne savais pas comment le lui dire... » Et aussi que je n'avais pas envie de faire face à ce fiasco seul face à lui. « Et comme on en avait pas parlé tous les deux avant, je ne voulais pas te faire ça dans le dos. » Parce que si je le trahis lui, si je lui avais tout expliqué la fois où on s'est vu durant son entrainement avec les gosses, j'aurai eu la sensation de la trahir elle aussi. C'est pour cela qu'il fallait que je crève l'abcès maintenant. Je prends une grande inspiration, parce que je sais que ce qui va suivre va être difficile. « Je crois qu'on a fait une erreur... » Et je sais que je suis totalement incapable d'affronter son regard une fois que ces mots passent la barrière de mes lèvres. J'ai peur. J'ai peur de sa réaction, qu'elle interprète mal ce que je viens de dire. Parce que si je regrette ce qu'il se passe entre nous à cause du contexte, si je regrette de faire ça à Felix, je ne peux m'empêcher d'avoir apprécié ces moments intimes un peu hors du temps entre nous deux.

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J’ai la trouille. La trouille de lever les yeux vers lui, la trouille de sortir de cette voiture et de ne pas pouvoir revenir en arrière. C’est trop tard Jude, t’as foutu la merde. Maintenant, il ne te reste que tes yeux pour pleurer. Et c’est ce que je fais. Sans parvenir à m’arrêter. En prononçant le prénom de son meilleur ami, quelque chose a cédé en moi. Karma is a bitch. Je m’excuse, à demi-mot. De l’avoir mis dans cette position, celle où il doit mentir, où il ne peut plus regarder Felix dans les yeux, où sa relation avec son meilleur ami est foutue. Et ce qui m’inquiète, me rend malade, c’est de ne pas regretter les moments partagés. Comment je peux encore me regarder dans le miroir ? Facile. Je n’y arrive plus. Milo avoue partager les torts. J’imagine qu’il a raison. Enfin, j’en sais rien. Lorsque je relève la tête, ses mains serrent le volant. Son regard est le reflet du mien. Putain que ça fait mal. Je ne peux m’empêcher de lui demander si il a parlé avec Felix. C’est un énorme point d’interrogation. Sa réponse ne se fait pas attendre et je hoche la tête faiblement. Ca se comprend « Je lui dirai » je lâche péniblement. Pas sûre que ça passe mieux venant de moi. Mais je n’ai pas envie de mettre Milo dans une position difficile. Tout du moins, plus difficile qu’elle ne l’est déjà. Je préfère assumer la chose, quitte à prendre pour lui. J’ai la trouille de perdre Felix, la trouille que Milo perde Felix et la trouille de perdre Milo. Il n’y a pas d’issue positive à cette histoire. On a creusé nos propres tombes. Je n’ai pas le temps d’ajouter quoi que ce soit, que Milo poursuit. Et mon coeur se brise en milles morceaux. Je déglutis avec difficulté. Il ne peut pas réellement penser ça, ressentir ça. C’était mal, je ne le nie pas. Mais ce que j’ai ressenti, on ne peut pas feindre ça. Cette intensité. Il est le seul à m’avoir fait vivre ça. Je pose ma main sur ma poitrine. J’ai l’impression d’étouffer dans cette voiture. Comme si l’habitacle rétrécissait « Une erreur ? C’est vraiment ce que tu penses ? » je lâche, dans un souffle. Ma tête a du mal à assimiler ce qu’il se passe « Milo … » Mes poings se ferment « Comment tu peux dire ça ? Je n’ai pas imaginé ce qui s’est passé, si ? Tu n’as rien ressenti ? » S’il te plait, dis-moi que si.

J'annonce à Jude que non, Felix n'est toujours pas au courant. je n'ai pas eu la force de lui dire, je ne savais même pas comment avancer le sujet et je ne voulais pas le faire dans le dos de Jude sans avoir préalablement vu avec elle comment on allait faire. Elle me répond qu'elle le lui dira, et au fond de moi, ça me soulage alors que ça ne devrait pas. « Tu me tiendras au courant, s'il te plaît ? » Parce que dans tous les cas, même si c'est elle qui lui en parle en premier, je ne pourrai pas me dérober à une conversation avec Felix. Parce que je suis l'un de ses meilleurs potes. Enfin, je ne sais pas si je peux toujours me considérer comme tel actuellement. Puis après quelques secondes de silence, je lance une bombe dans la voiture. « Une erreur ? C’est vraiment ce que tu penses ? » Je me pince les lèvres, ferme les yeux, tentant de refouler cette vague de sentiment qui menace de me submerger. « Milo … » Je le sens dans son intonation de voix que je lui ai fait mal, mais je refuse de tourner la tête vers elle. Mon prénom dans sa bouche me rappelle tous nos moments de complicité. « Comment tu peux dire ça ? Je n’ai pas imaginé ce qui s’est passé, si ? Tu n’as rien ressenti ? » Je serre mes mains sur le volant encore plus fort. J'ai envie de faire machine arrière, de retirer ce que je viens de dire, d'effacer ce moment dans cette foutue voiture, de l'embrasser et de lui dire qu'elle me rend dingue. Ça me bouffe de l'intérieur. Alors je secoue la tête, les yeux toujours fermés pour ne pas la regarder. Je ne veux pas voir dans ses yeux ce que je suis actuellement en train de lui faire. Je ne veux pas la voir mal, je ne veux pas voir plus de sa douleur de ce que je peux percevoir dans sa voix. Je ne fais peut être pas les choses de la bonne manière, mais je sais que je ne peux rien faire d'autres pour terminer cette situation. Non, bien evidemment que non, elle n'a pas imaginé ce qu'il s'est passé. J'ai sûrement même fait en sorte la majorité du temps que ça se passe ainsi. C'est sûrement plus de ma faute que de la sienne. Mais si je lui réponds que si, tout ce que je viens de lui dire n'aura servi à rien. Alors, je fais ce que tout le monde déteste chez moi. Je me mets en mode avion et décide de ne plus ouvrir la bouche. Actuellement, c'est le mieux à faire. Je réouvre les yeux pour fixer un point loin devant moi en espérant que Jude comprenne que cette conversation doit s'arrêter là. tant pis si je passe pour le pire des cons, mais au moins, je n'aggraverai pas plus la situation. Il n'y aura pas plus de dégat que ce que j'ai déjà fait.

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crédit/ tumblr ✶ @Milo Wairua

Felix doit être mis au courant et quelque part, il est normal que ce soit moi qui lui en parle. J’ignore pourquoi, puisque Milo le connaît depuis bien plus longtemps. C’est peut-être ma manière à moi de recevoir mon châtiment. Parce que je le mérite quelque part. Je mérite de me confronter à lui, de vivre ce moment douloureux et difficile. Je me contente de hocher la tête à la question du brun. Bien sûr que je lui ferai savoir. Et ce ne sera pas une partie de plaisir. Un peu comme ce qui suit. J’ai du mal à bien enregistrer ses propos. Une erreur ? L’erreur a été de faire ça dans le dos de Felix. Mais ce qui s’est passé entre nous, cette connexion et cette putain d’intensité que je ne comprends toujours pas aujourd’hui. Tout ça était réel. C’est réel. J’en suis certaine. Alors j’interroge, je pose des questions. Comment peut-il dire un truc pareil ? Il secoue la tête. Si mon coeur était en mille morceaux, à présent il n’en reste plus rien. Son silence est éloquent. Pas besoin de mot, le comble pour auteur. Son visage est tourné vers le pare-brise, incapable de me faire face « J’suis vraiment trop conne ... » je lâche dans un murmure. Plus pour moi-même que pour lui. C’était vraiment rien ? Il n’y avait donc rien entre nous ? Je peux pas me planter à ce point, c’est impossible. Sa manière de me parler, de me toucher, sa capacité à me clouer sur place d’un seul regard. Ses sourires, tous nos moments de complicité … Tout ça n’était qu’une vaste blague ? Je cherche à capter son attention, mais il reste déterminé à m’ignorer. J’essuie grossièrement mes larmes et ravale ma fierté. Mes yeux se ferment quelques instants « J’te déteste » Ma voix se brise à la dernière seconde. Putain, j’aurais voulu être bien plus sûre de moi. Mensonge. Je veux lui faire mal, lui rendre la pareille. C'est débile, puéril mais c'est tout ce que j'ai. Je n’attends pas sa réponse et je sors de la voiture. Je prends mon sac avec moi et claque la portière avant de me réfugier en courant dans l’entrée de mon immeuble. Pressée, je m’y engouffre avant de m’effondrer contre la porte vitrée. Je n’ai pas eu la force de monter, d’attendre d’être chez moi, si toutefois on peut toujours l’appeler ainsi. Mes genoux contre ma poitrine, j’ai l’impression d’être une gamine apeurée. Et peut-être que c’est le cas. J’ai gâché une amitié vieille de plusieurs années. A présent, je suis seule. J’ai perdu Milo et d’ici peu, ce sera Felix.

Cette situation est un enfer. Je ne sais même plus distinguer ce qui est juste de ce qui ne l'est pas. Je ne sais plus démêler mes envies de ce qui doit être fait pour le bien de tout le monde. J'ai l'impression de nager à contre courant. Au fond de moi, j'ai envie de lui hurler que dès que je me lève le matin, ma première pensée est pour elle. Le soir, je me demande si Jude s'imagine avec moi. Toute la journée, dès que je la vois, la scène de nos moments passe en boucle. Mes derniers textes parlent d'elle, et c'est tellement flagrant, que je me suis fait cramé par Alvaro. Puis la culpabilité me gagne, je pense à Felix, et je me dis que ce que je fais dans son dos est totalement malsain. Je me bats constamment contre mes pulsions. Ça en devient épuisant. Alors qu'elle me demande de lui dire qu'elle n'était pas la seule à ressentir ça, je mets en mode avion. Je ne réponds pas, les dents serrées, les yuex figés sur la voiture devant nous. Je ne peux pas. Je ne peux tout simplement pas. Mais je la blesse... Et ça me fait tellement mal. « J’suis vraiment trop conne ... » J'ai envie de tout effacer. je reste stoique, parce que je sais ce que je verrai sur son visage, et je ne peux pas y faire face. Alors j'attends simplement qu'elle sorte de la voiture. C'est une torture. « J’te déteste » C'est comme si je venais de prendre une lame en plein coeur. Et ça me coupe le souffle. Sa voix se brise à la fin, comme si elle n'était pas tout à fait sûre d'elle. Comme si dire ça la faisait autant souffrir que moi l'entendre. Elle claque la portière en partant et je me dis que je viens de tout détruire. Felix, elle, moi. Je nous ai tous entrainé dans cette chute et je me demande comment on va se sortir de cette merde. Je ne me laisse pas le temps de reprendre mes esprits que je démarre la voiture, determiné à essayer d'étouffer ma colère. Je finis par envoyer un message à Skye. Putain, ça fait un mal de chien. Je hurle plein poumon dans ma voiture, les passants doivent me prendre pour un fou. c'est peut être le cas finalement. J'ai détruit une amitié vielle de plusieurs années pour une nana. Et je ne sais même pas si je vais pouvoir me regarder dans un miroir maintenant.