My Friends ♪

- Je suis née et j’ai grandi à Los Angeles. Ca fait rêver, hein ? Ouais … C’est une ville pleine d’opportunités, mais il y a tellement de gens qui cherchent à les saisir que c’est vraiment difficile de se faire remarquer, de sortir de la masse. Mais c’est l’Amérique ; si tu travailles dur, tu finiras par y arriver. Enfin, la plupart du temps. Certains galèrent toute leur vie dans leur ascension vers le sommet. D’autres y parviennent par leurs relations, leur richesse ou beaucoup, beaucoup de chatte. Cela dit, le plus difficile je crois c’est pas d’atteindre le sommet, c’est d’y rester. Il y a tellement de choses qui peuvent t’en détourner. L.A est une ville pleine de tentations, de vices. En soi, ce n’est pas grave d’avoir des vices, tant qu’on réussit à garder le contrôle. Et ça c’est pas gagné. Putain. Quelle philosophe je fais !

- La musique, c’est ma vie. Ca a été littéralement le cas pendant quelques années. J’étais une star, au sommet, puis j’ai déconné et maintenant je ne suis plus personne. Mais la musique, j’aime toujours ça. En particulier le rock et le métal – ouais ça se voit dans mon style, je sais, mais je suis ouverte à tout. Pas qu’en musique d’ailleurs, mais passons. Récemment, je me suis remise à chanter. Juste pour le plaisir ou pour impressionner les potes au karaoké. J’écris des chansons à nouveau. Faut dire que sans me vanter (parce qu’il n’y a pas de quoi en être fière) j’ai vécu pas mal de choses, j’en ai des trucs à raconter. Je sais pas trop quoi en faire pour l’instant, alors je les mets de côté. Je les fait lire à des gens parfois, pour savoir ce qu’ils en pensent et si je n’ai pas perdu mon talent d’écriture avec les années.

- J’ai d’autres passions que la musique, évidemment. Je me suis mise au yoga récemment. Ouais, le yoga, moi … alors que je n’ai jamais été très patiente et que les seules postures et positions que je connaissais jusque-là c’était celles du kamasutra. Comme quoi. De manière générale, je fais plus de sport qu’avant. J’essaie de marcher tous les jours, je vais nager de temps en temps. Ca me fait du bien, je crois, après avoir encaissé tant de substances, de soirées interminables et tant de vices et d’abus toutes ces années. A part ça, je joue à des jeux-vidéo, un peu ; je suis loin d’être une hardcore gamer. J’ai une préférence pour les jeux narratifs, les personnages réalistes et bien écrits.

- Pendant près de six ans, j’ai été addicte à la coke. La première fois que j’en ai pris, c’était pour rester éveillée et je me disais que ce serait juste pour cette fois, pour essayer, que ce serait juste une expérience. Conneries. Peu à peu, ça m’a gâché la vie, ça m’a détruite, et je m’en suis même pas rendu compte. Enfin, si, mais … j’étais dans le déni, en fait. A la fin ce n’était même plus un plaisir. Ça ne me faisait plus rien, j’en prenais juste parce que j’avais l’impression que j’allais crever sinon. Un soir j’en ai pris un peu plus histoire de ressentir quelque chose, j’ai fait une overdose et ça m’a fait tellement flipper que j’arrêté tout net. C’était il y a trois mois. Je ne suis pas encore totalement sevrée, je ressens du manque parfois, mais je résiste. Pas très envie de rejoindre le Club des 27.

- Je suis végétarienne depuis quelques mois. Je sais pas … je me suis dit que peut-être ça m’aiderait à aller mieux physiquement et mentalement, à me purifier un peu de toute cette merde. Au pire, ça peut pas me faire de mal. J’en ai profité pour me mettre à la cuisine du coup et j’aime bien ça. C’est … satisfaisant, vous voyez ce que je veux dire ? De mettre autant de temps et d’énergie dans un truc qui a de fortes chances de pas être très bon parce que je suis loin d’avoir le niveau de Gordon Ramsay – mais au moins c’est moi qui l’ai fait et ça me rend fière. Oui, il m’en faut peu, je sais.

- Il faut que je vous parle de Maurice. Maurice, c’est le seul qui me soit toujours resté fidèle quoi que j’aie pu faire, qui a toujours été là pour m’écouter parler de mes problèmes même s’il n’en avait rien à foutre, et c’est l’être que j’aime le plus dans ce putain de monde. Maurice, c’est ma tortue. Elle est plus vieille que moi et ce serait même pas étonnant qu’elle me survive. Elle était dans les meilleurs comme dans les pires moments de ma vie, et si elle pouvait parler … elle en aurait des choses à dire, croyez-moi. Au fait, malgré son nom, Maurice est une femelle. Bon, je crois pas qu’elle s’en soucie si vous la mégenrez. Elle se soucie pas de grand-chose en vérité, et franchement elle a bien raison.

- J’habite dans un petit studio à West Bay. Ca me change de mon grand penthouse de L.A, mais je n’avais plus les moyens de l’entretenir. Je l’ai vendu avant de venir ici. J’ai vendu tout ce que je possédais, en fait. Pour prendre un nouveau départ, pour éponger mes dettes aussi. Ca me rend triste parfois de repenser à tout ce que j’avais avant … puis je me dis que, merde, c’est que du matériel, ça peut se racheter, le plus important c’est moi et ma santé. Mais j’avoue qu’au début, j’ai eu du mal à m’y faire, de ne plus rien avoir, de vivre dans si peu de mètres carrés alors que c’est le quotidien de beaucoup de gens et que j’avais déjà eu beaucoup de chance de pas m’être retrouvée à la rue. Et puis ça a des avantages. C’est petit donc pour le ménage c’est pas très long. Et il y pas beaucoup de place alors ça me décourage d’acheter n’importe quoi et d’entasser des choses inutiles. Je trouve du positif dans le négatif, comme mon psy me l’a recommandé. En plus, hé, j’ai une baignoire ! C’est pas si mal !

- Lorsque je vivais encore à Los Angeles, il m’arrivait de temps à autre de me faire reconnaître par d’anciens fans. Je n’étais plus sous les projecteurs, plutôt sous une veilleuse presque à cours de jus mais j’imagine qu’il était impossible que tout le monde m’oublie complètement. La plupart du temps, on me demandait simplement ce que je devenais, pourquoi on ne me voyait plus. Je faisais le tapin à cette époque, mais comme je ne voulait pas que ça se sache, j’inventais des trucs. Je disais que je préparais un retour en solo, ou bien que je travaillais sur un livre ou quelque chose comme ça. Ca avait l’air de leur faire plaisir. Parfois je signais des autographes comme à ma grande époque. Il m’est arrivé des trucs moins sympas aussi. Une fois, c’est un client qui m’a reconnue. Il m’a fait du chantage et menacé de raconter à tout le monde mon nouveau boulot si je lui donnais pas de la thune. Il avait pris des photos comme preuve ce con et je l’avais même pas remarqué. Comment j’ai réglé le problème ? Eh ben, il m’avait payé pour du sexe, alors je lui ai promis du sexe gratuit, chaque fois qu’il le voulait, en échange de son silence. Il a accepté, bizarrement. Il est revenu me voir quelques fois jusqu’à ce qu’un jour je ne le revois plus du tout. Je ne sais pas ce qu’il est devenu depuis ni ce qu’il a fait des photos mais j’en ai plus grand-chose à foutre pour être honnête.

- Depuis peu, je reparle à nouveau à mes anciens collègues de Terminus, le groupe de rock que j’avais crée et dont ils avaient fini par m’évincer parce que j’étais devenue incontrôlable et imprévisible à cause de la coke. Ils ont continué, ils sont devenus encore plus célèbres, ils sont tous millionnaires maintenant. Certains m’ont proposé de me prêter de l’argent pour me remettre à flots, de me laisser dormir chez eux quelques temps, mais j’ai toujours refusé ; par fierté même si c’était probablement stupide et parce que quelque part je pensais que je ne le méritais pas. J’avais failli mener le groupe à sa perte avec mes conneries, ils auraient pu ne jamais obtenir tout ça. Enfin, c’est de l’histoire ancienne maintenant. On est redevenus amis. Je m’entends même plutôt bien avec la chanteuse avec laquelle ils m’ont remplacée. Comme quoi. Je ne pense pas un jour revenir parmi eux, ça foutrait trop le bordel et puis j’aime pas trop la direction artistique qu’ils prennent – merde les gars, Maroon 5 est presque plus heavy que vous – mais je continue à les suivre et à la supporter avec plaisir.

- Et l’amour dans tout ça ? C’est bien beau de déblatérer, mais il est temps de répondre aux questions importantes. Ben … j’ai pas grand-chose à dire sur ça, malheureusement. C’est le calme plat. Ca fait quoi, cinq ou six ans que je ne suis pas sortie avec un mec ? Ca coïncide avec l’époque où j’ai commencé la coke, forcément. J’ai eu trop longtemps la cervelle et le corps en vrac pour penser construire quelque chose de réel et de durable avec un bonhomme. Le sexe sans lendemain par contre, ça y allait ! J’ai toujours aimé le cul. Avec le recul je me dis que c’est aussi pour ça que je me suis prostituée à un moment, au lieu de … je sais pas, trouver un travail ? Enfin, la vraie raison c’était que j’avais besoin d’argent liquide pour me payer ma dope. Mais ça y a sûrement contribué. Peut-être ? On s’en fout, au pire. C’est du passé. Bon, et maintenant alors ? Ben … cœur à prendre, toujours. Et ce qu’il y a plus bas aussi, et gratuitement ! Des intéressés ?