Joan ▬ Juste une inconnue

Joan Leto

ft. Troian Bellisario

l'histoire de ma vie

La lumière du soleil perçait malgré l’épais rideau qui était censé masquer la fenêtre de la chambre de Joan. Sur la table de nuit, une photo de famille, tout le monde souriant joyeusement sauf elle. Une peluche semblait tenter de protéger ce cadre en bois, vestige d’un passé qui avait volé en éclats. Sur le lit métallique, Joan laissait ses larmes couler tout en fixant ce morceau de papier idiot. Ce n’était que le passé, il fallait avancer, maintenant.


Joan était la cadette d’une famille de deux enfants. Ses parents s’étaient connus à la fac de droit et semblaient être amoureux comme au premier jour. Ils avaient tout de la famille idéale, les parents avocats presque jamais là, des nounous prestigieuses et à l’écoute des deux filles. Et surtout, une grande sœur incroyable. Maia. Elle était de six ans son aînée et avait toute l’admiration de la petite sœur. Les deux fillettes étaient presque toujours ensemble, à découvrir le monde, à se rassurer et se consoler. Très tôt, Joan avait compris qu’il ne fallait pas compter sur les autres, entre ses parents qui refusaient de lui accorder ne serait-ce que dix minutes de leurs temps précieux, et les nourrices qui ne voulaient que la faire étudier sans vraiment lui demander son avis.


Alors, la gamine était devenue une élève brillante. Elle passa sa première partie de scolarité à exceller dans toutes les matières, un vrai prodige. Ses parents aimaient d’ailleurs, beaucoup se vanter de leurs progénitures pendant les dîners mondains. La première était une ballerine très prometteuse et l’autre, l’intello de la famille. Celle qui reprendrait sans doute le cabinet lorsque ce serait nécessaire. Mais, Joan, elle voulait surtout écrire des histoires et jouer du violon. Les deux sœurs passaient beaucoup de temps, l’une jouait pendant que l’autre dansait. La meilleure période de sa vie à n’en pas douter.


Mais, lorsqu’il a fallu que Maia intègre une école spécialisée dans le sport, tout sembla basculer. Du jour au lendemain, Joan se retrouva seule. Elle ne pouvait parler à sa sœur que par lettre ou par téléphone quelques heures dans la semaine. La jeune fille âgée de neuf ans, vécue très mal l’éloignement et pleurait presque toujours lorsqu’enfin, elle pouvait retrouver sa sœur qui ne rentrait que pour les vacances scolaires. Alors, elle ne remarqua pas les signes avant-coureurs du mal-être de la ballerine. Elle ne remarqua pas les cernes, les plaies sur les poignets ou même la perte de poids de Maia.


Mais, Joan se rappellera toujours ce coup de téléphone en plein milieu de la nuit. De son père qui fracassa le combiner contre le mur et du hurlement de sa mère. De ses parents, se tenant devant elle en tentant maladroitement devant elle, d’expliquer le départ de Maia à une fillette de dix ans qui avait déjà compris. Elle avait reçu une lettre de sa sœur le lendemain, expliquant la raison de son geste désespéré. Cette lettre trônait encore dans le tiroir de la table de nuit de la psychiatre, près de vingt-cinq ans plus tard.


À partir de ce jour, Joan s’enferma dans un mutisme presque total. Elle ne parlait plus, se contentait de travailler, ne touchant même plus à son violon. L’adolescente s’était juste effacée devant le chagrin d’une mère qui ne supportait plus la moindre difficulté et d’un père se noyant dans son métier jusqu’à oublier son amour pour sa famille. Ce fut lorsque les seize ans sonnèrent que Joan retrouva la parole. Lorsque son père annonça quitter la maison pour partir vivre avec sa secrétaire quelques rues plus loin. L’adolescente insulta le monde et bien plus encore avant de fuguer. Trois jours. Trois jours durant lesquels elle rencontra une femme, une psychiatre qui l’aida plus en quelques heures que ses propres parents durant toute sa vie.


Lorsqu’elle revint à la maison, sa décision était prise. Elle deviendrait psy pour aider les Maia et les Joan de ce monde à se rendre compte que le chagrin n’était pas forcément une finalité. Elle partit de la maison à vingt ans, se maria avec celui qu’elle pensait aimer. Son meilleur ami depuis le collège. C’était plus simple. Il connaissait son passé, ses sentiments. Mais, Joan ne l’aimait pas. Alors, elle essaya de toutes ses forces pendant cinq ans. Mais, rien ne vint jamais. Alors, ils se quittèrent comme un accord partagé seulement par la jeune femme. Un au revoir respectueux qui se transforma en adieu.


Depuis ses vingt-cinq ans, la demoiselle avait décidé de se laisser porter par la vie. Elle se noyait à son tour dans le travail qu’elle aimait tant. Joan n’arrivait pas à se refréner, elle avait l’impression que le jour où elle ne viendrait pas travailler, serait un jour où un adolescent mettrait fin à sa vie parce qu’elle n’avait pas été là pour l’aider. Oh, Joan avait bien eu des conquêtes voire quelques relations, mais rien qui ne fasse vibrer son cœur ou apaise ses peurs. Alors, elle restait seule avec Napoléon, son sphynx encore tout bébé, quatre petits mois. Mais, la vie était faite de surprises. Qui était cette demoiselle rencontrée à l’hôpital pendant sa garde ? Une lieutenante faisant partie des pompiers ? Pourquoi cette femme l’intriguait-elle ? Peut-être parce qu’elle l’avait regardé d’une façon étrange, différente ? Alors, allongée dans son lit, elle repensait à la jolie inconnue et ses larmes se calmèrent seules.

bravo, tu es validé(e)

○ tu le sais déjà, mais cette fiche est top merci à toi d'avoir pris mon scénario ! je suis ravie de pouvoir te valider et j'ai hâte de voir ce qui va arriver aux deux filles ! je te mets @skye dickinson comme marraine, n'hésite pas à aller la voir

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