Sale cabot !

Quelle n’est pas la surprise de Clare en recevant un message de la part de Milica. C’est pas forcément rare mais disons que quand la sonnerie de son téléphone retentit, la blonde s’attend plutôt à voir le nom de quelqu’un du centre s’afficher sur son écran. Ou encore celui de son filleul des AA. Pas qu’il ne sache rien faire sans elle, bien sûr, mais Clare se sent responsable de lui ; le prendre sous son aile veut bien dire ce que ça veut dire, après tout. Mais non, aujourd’hui c’est Milica. Qui doit s’ennuyer sans doute puisqu’elle lui propose qu’elles se voient. Une chance pour la blondinette qu’elle ait un peu de temps libre devant elle. Disons que c’est rarement le cas. Pour ne pas dire jamais. Et que généralement, il faut qu’il y ait une vraie urgence pour qu’elle le bouscule un peu, son emploi du temps de ministre. Mais là, en l’occurrence, Clare a la journée devant et elle s’apprêtait à la passer lovée dans son canapé, un livre en main et un verre reposant sur la table basse de son salon. De jus de pommes, je vous rassure. C’est donc sans regret qu’elle balaie ses projets pour la journée d’un revers de la main – à quoi bon, de toute façon ? Normie étant un animal nocturne, il n’aurait pas ouvert l’œil de la journée – et se prépare à recevoir la fille de son ami. Au bout de quelques minutes à peine, il est décidé de sortir prendre un verre – toujours du jus, ou du soda éventuellement -, et d’aller faire un peu de shopping. Ça fait littéralement une éternité que Clare n’en a plus fait, elle qui se contente le plus souvent d’acheter en ligne au beau milieu de la nuit et souvent sur un coup de tête. Bref, elles sortent donc, décident de se rendre dans le centre à pieds – et en transports parce que bon, c’est qu’elle n’habite pas forcément tout près – pour prendre l’air. Mauvaise idée peut-être, parce qu’au bout de plusieurs minutes de marche, voilà qu’un petit chien, minuscule mais montrant les dents et aboyant plus que de raison, fonce alors sur elles et mord la cheville de Milica qui se retrouve au sol, en proie à la douleur, tandis que la maîtresse du chien accourt en grondant l’indomptable cabot avant de se répandre en excuses. Tout ça s’est passé en quelques secondes seulement. Si bien qu’il faut le temps à Clare de réagir.
« Au moins, dites-moi que votre chien est vacciné contre la rage ! »
De toute manière, Milica aurait très certainement droit à une piqûre de rappel en arrivant à l’hôpital. Parce que Clare n’allait pas la laisser comme ça. D’ailleurs, elle a même la présence d’esprit de demander ses coordonnées à la propriétaire du chien pour que la fille de son ami puisse lui envoyer la facture. C’est alors que la blondinette lui demande de ne pas la laisser. Ben, elle en a pas l’intention, bien sûr. Et d’appeler une ambulance. Oui, c’est vrai qu’elles sont un peu loin de chez elle, sans quoi, elle aurait pu retourner chercher sa voiture, ç’aurait été plus rapide et moins coûteux. Clare dégaine alors son téléphone, appelle les urgences et explique la situation. Si elle comprend un minimum la langue des signes, elle ne la parle pas, en revanche et articule donc au mieux :
« L’ambulance arrive. T’en fais pas, je viens avec toi. »