ready to rock → jo

Depuis toujours, Noomi était de presque tous les évènements se déroulant à l’école de Sarah. Pas que d’ailleurs, puisqu’elle essayait d’être aussi active lors des évènements de son cours de danse. Ce qui prenait parfois du temps, mais quand ça concernait sa fille, la grecque estimait qu’elle ne perdait jamais le sien. Même quand on lui demandait d’aider à préparer puis à vendre des cookies pour financer un voyage scolaire ou ce genre de trucs. Noomi était peut-être une nullité en cuisine, elle trouvait toujours une parade. En achetant des cookies tout prêts et en prétendant que c’était elle qui les avait faits, notamment. Du Noomi tout craché, ça. C’est bon, y avait pas mort d’homme, après tout. Tout ça pour dire que c’était encore plus vrai depuis que son ex-mari avait refait surface dans leur vie pour lui disputer la garde de Sarah. Depuis ce jour, y avait pas un évènement qu’elle manquait. Les sorties, les kermesses, les tombolas, les marches parrainées, les ventes, il lui semblait n’avoir jamais été aussi présente et constamment entourée d’autres parents d’élèves. Avec qui elle s’efforçait de s’entendre au mieux. A force de divertir presque tous les soirs un public relativement jeune, on pourrait croire que la blonde chercherait désespérément la compagnie de vrais adultes mais il n’en était rien. Bizarrement, elle avait parfois souvent l’impression que les parents des autres enfants avaient cent ans et peinait à trouver quoi leur dire. Alors que c’était pourtant son métier depuis plusieurs années maintenant, de n’être jamais à court de mots. Ce jour-là, la blonde se tenait au beau milieu d’une ribambelle de gamins de tous âges. La plupart n’était quand même pas assez vieux pour écouter son émission de radio nocturne mais leurs grands frères et sœurs oui, ainsi connaissaient-ils son nom et son visage. Ils savaient également qu’elle était la maman de Sarah et qu’avec de la chance, elle serait là à leur signer des autographes ou à se laisser prendre en photo pour épater lesdits frères et sœurs. Du coin de l’œil, elle regardait ce que faisait la prunelle de ses yeux et surtout comment elle prenait tout ça parce qu’il aurait plus manqué qu’elle se vexe de tout ceci, mais Sarah, vêtue de son costume, était occupée à demander à Wendy, une de ses camarades de classe, de lui donner la réplique. Ah, c’était pas une Savalas pour rien, c’était sûr. Même si la réplique en question se limitait à une phrase parce que c’était jamais qu’un spectacle de fin d’année accessible même aux plus petits et pas une représentation du Fantôme de l’Opéra non plus. Bon, plus qu’à subir un moment que s’étirait depuis bien trop longtemps déjà… Mais ce fut alors qu’elle vit Jo arriver. Noomi aimait bien Jo. Elle avait pas l’air d’un fossile, contrairement à plein d’autres. Elle lui fit alors de grands signes, espérant capter son attention. Et espérant que son arrivée puisse la sortir de ce mauvais pas par la même occasion.

@noomi savalas

Depuis qu’Aria est à l’école, j’essaie d’y passer le plus de temps possible et de participer aux activités ouvertes aux parents. L’organisation de la kermesse, une après-midi crêpes, une sortie au zoo… Récemment, j’ai même proposé à sa classe de venir visiter la caserne et les enfants étaient ravis, surtout ma fille. Voir la fierté dans ses yeux me rend tellement heureuse que j’essaie de le faire le plus possible. Avec mon emploi du temps chargé, ce n’est pas toujours simple, et cela fait maintenant quelques semaines que je n’ai pas eu l’occasion d’organiser quelque chose. En début de semaine, nous avons reçu un e-mail invitant des parents à aider l’école pour un spectacle organisé en fin d’année. Une répétition avait lieu aujourd’hui. Par chance, je n’étais pas de garde et j’ai répondu par la positive pour ma présence et celle de ma fille. Nous devions préparer les enfants avant de revenir à l’école en début de soirée. Si les enfants les plus âgés ont pu rester jusqu’à l’heure du spectacle, les plus petits devaient rentrer à la maison pour se reposer. La fin de semaine est toujours difficile pour nos petits marmots et Aria a dormi deux heures en rentrant cet après-midi. Elle tentait souvent de refuser la sieste ces derniers temps, mais cette fois-ci, elle ne s’était pas fait prier et s’était endormie dans la voiture sur le chemin du retour. Ma petite tête blonde réveillée, nous avions commencé à la préparer. Une belle robe de couleur verte, avec des petites ailes de fées en plastique, des collants blancs et des ballerines. Le rôle des petites filles de sa classe ? Les fées des jardins. Original, mais Aria était plus que ravie de pouvoir se déguiser ainsi. Nous avions pris la direction de l’école et nous voici maintenant arrivées. Je descends ma fille de la voiture, et cette dernière court en direction de son groupe de meilleurs copains. Je souris à la voir et la suis jusque dans l’école où nous attend le reste du groupe. “Aria, fais attention !” dis-je à ma fille alors qu’elle est en train de s’emmêler les pieds, prête à tomber la tête la première. Ma fille rigole un peu avant d’hocher la tête et pars dans son coin. Pendant ce temps, je cherche du regard Noomi, la seconde organisatrice du spectacle. Je la vois me faire des signes et je m’approche d’elle en souriant. “Hey ! Comment ça va ?” demandais-je. Le brouhaha dans la salle est assez fort et je peine à me faire entendre. “Je pense qu’on devrait peut-être essayer de calmer un peu les troupes. On ne s'entend plus par ici, ils sont surexcités.” Je ris un peu. À la place des enfants, j’aurai été surexcité moi aussi alors je comprends cet engouement.

j'ai zappé, on en a pas parlé, Noomi et Jo se sont déjà rencontrées avant ? elles se connaissent ?

Calmer des enfants de cette tranche d’âge ? Noomi se demandait parfois si c’était possible. Surtout dans un contexte pareil. C’était un peu comme les soirs d’Halloween ; les enfants étaient intenables et puis y avait tout ce sucre… Ou les matins de Noël. Ben là, c’était pareil. Parfois, y avait juste à subir. Mais elles étaient pas là pour ça, plutôt pour donner un coup de main, quoi que ça veuille dire. Puis si ça voulait dire aider à maintenir l’ordre – ou en tout cas un semblant -, alors let’s go. Mais avant ça :
« Ça va super et toi ? »
Ça lui ressemblait bien à la grecque de mettre la charrue avant les bœufs. Ce qui la faisait parfois paraître un brin mal élevée. A quoi bon attendre une réponse à cette question puisqu’à peu près à chaque fois, c’était la même. Ça va. Les gens disent toujours que ça va même quand ça va pas parce que le contraire provoque la plupart du temps un blanc dans la conversation. Personne n’est habitué à s’entendre répondre qu’en fait, ça va pas et du coup, personne n’est jamais préparé à y répondre par autre chose qu’un : « ah… mais ça va s’arranger, j’en suis sûr. ». Ce qui expliquait donc que, la plupart du temps, elle zappait complètement cette question. A moins qu’elle sorte par réflexe. Ce qui arrivait parfois aussi. Bref. En ce qui la concernait, tout baignait, Noomi avait parfois l’impression d’être sur un petit nuage depuis qu’elle était fiancée. Et même s’il y avait toujours son ex-mari dans les parages pour lui gâcher un peu la vie, elle était ravie de remarquer que, bien souvent, il passait au second plan, maintenant. Soit, pour en revenir à la proposition de Jo, la blonde eut alors un sourire en coin.
« J’crois qu’j’ai une idée, pour ça. »
Avisant le piano auquel personne n’était encore assis pour le moment, elle le désigna du doigt, et de sa voix de stentor, expliqua :
« Si vous vous tenez tranquilles, vous aussi vous aurez droit à un petit spectacle de notre part juste avant le lever de rideau. Qu’est-ce que vous en dites ? »
Autant y aller au chantage directement. Ce qui pourrait mettre Jo dans l’embarras mais allez, elle était pompier, elle était pas du genre à avoir froid aux yeux, pas vrai ?