put your best dress on (Zomi 1)

( o u t f i t )

Je déteste les soirées de gala. Je ne m’y sens pas à ma place, même si j’y ai été traînée plus d’une fois par Megan. Elle adorait traîner dans ce genre d’endroit, là où ça pue le fric. Je crois que ça me rappelle de trop mauvais souvenirs… « Bouge ton boule, t’en es où ? » Je trépigne, réouvre trois de mes cartons dans lesquels j’avais commencé à ranger des affaires. Il faut que je me rende à l’évidence, je vais bientôt devoir déménager. Où ? J’en sais encore rien. Louer un box et trouver un canapé à squatter mer paraît pour le moment la meilleure solution. Mon chapeau ! Je l’avais oublié celui-ci.

Une bonne heure plus tard, c’est Joey qui vient me chercher en sifflant de voir ma tenue. « Ma parole, t’as mis le paquet ! » Je lève les yeux au ciel. Pas l’impression d’avoir vraiment ‘mis le paquet’, mais en tout cas j’ai fait un effort. Si mon père me voyait habillée comme ça, je pense qu’il ferait une syncope ! Nous arrivons assez rapidement à l’endroit où se trouve la soirée de gala. Tout le monde est bien habillé, tout le monde joue le jeu, rien à voir avec les soirées étudiantes en jean basket où le seul objectif est de boire le plus de bières dans la même soirée. Ce soir, c’est champagne. Enfin une coupe ou deux, pas plus.

La fameuse coupe à la main, je balaye les environs, et laisse traîner mes oreilles quand j’entends le prénom de ma tutrice, qui est aussi celle de Joey. La voilà qui se marre, et en la regardant, je lui demande sans poser la question ce qui peut bien se raconter. Il y a des milliers de rumeurs sur tous les gens qui travaillent dans cet hôpital, ça ne serait pas la première sur elle. « Kim les a vues se rouler des galoches la semaine dernière à la sortie d’un bar… » Je plisse les yeux pour le terme ‘galoches’, et suis du regard l’endroit que me montre mon amie. « Davis ? N’importe quoi elle est mariée. Et hétéro en plus. » « Oui bah écoute peut-être que ça dérange pas son mari ! » L’image de ces deux femmes magnifiques en train de s’embrasser langoureusement me retourne le ventre, j’ai du mal à savoir dans quel sens. Est-ce que ça me dégoûte ou au contraire… non non. Chacun fait bien ce qu’il veut. « C’est quoi cette tête ? » « Rien tu me fais chier ! » Elle joue les choquées, mais c’est pas la première fois que je lui dis. Et de cette manière. Elle a tendance à trop parler, et même si je l’adore, elle me fatigue. « Oh et puis ça lui fera pas de mal à la Hajar de s’envoyer en l’air un peu. Elle nous les brisera moins… » Je soupire et finis ma coupe d’un seul trait. « Tu parles, j’suis sûre qu’elle s’envoie en l’air régulièrement, ça change rien à son niveau de j’emmerde le monde. » « Ouais t’as raison, elle pu le… » « …cul. » Je me marre avec elle, mais sens pourtant cette chaleur ni agréable ni désagréable là dans le creux de mon ventre, la même qui me ronge dans mes rêves. Bordel comme si c’était le moment…

Je choisis d’aller faire un tour, picorer au niveau du buffet, et je reviens chercher une nouvelle coupe auprès d’un serveur qui passait avec son plateau, alors qu’une main me la vole au passage. Evidemment, ça ne pouvait être qu’elle. « Je suis sûre que vous en avez déjà piqué une ou deux à d’autres personnes avant celle-ci. » Je n’insinue pas qu’elle a l’alcool facile, juste que c’est une emmerdeuse.

Dans cet hôpital - et dans beaucoup d’endroit où les gens travaillent beaucoup je crois - les choses se savent très vite. J’avoue que cette information qui m’est parvenue ne m’est pas d’une grande utilité, et je ne suis de toute façon pas très friande des ragots. Impossible de démêler le faux du vrai, et ça peut vite poser problème. Ce que je sais par contre c’est que ma tutrice aime les femmes. J’ignore si elle aime aussi les hommes - entre nous j’ai du mal à l’imaginer avec l’un d’entre eux - mais il est clair que de connaître cette information m’a quelque peu perturbée, lorsque j’ai compris. Ça pourrait me passer au-dessus, ça devrait même, mais il a fallu que je me rende à l’évidence. Elle n’est pas la seule à l’hôpital, il y en a même une dans notre service, qui adore se pavaner avec des arc en ciel partout. L’angoisse pour moi qui n’assume pas réellement mes propres préférences.

Je n’ai pas du tout envie d’imaginer Samira avec la gynéco, même si je vois bien qu’elles sont proches, ça fait longtemps que ça dure, mais il n’empêche que les penser autrement que des amies me met les nerfs en pelote. Je choisis d’aller me changer les idées avec une coupe de champagne puisque de toute évidence, le ragot fait vite le tour, et que je n’ai aucune envie d’entendre cette rengaine toute la soirée. Manque de bol, c’est face à la principale intéressée que je me retrouve. « Tu sais Ghorbani, il y a beaucoup d'autres serveurs qui trainent dans les parages. Je crois qu'il y a même un mixologue quelque-part là-bas. » Toujours cette façon de s’adresser aux gens de manière passive agressive. Impossible de savoir si elle se fout de ma gueule ou si elle me donne simplement une information. Je tente de rester impassible. « Il paraît. » moi aussi je sais jouer, et elle sait que c’est le cas. Le ping pong est fréquent entre nous. « Et sache que c'est ma première coupe. Et si j'étais à ta place, j'éviterais de trop boire ce soir. On ne sait jamais. » J’arque un sourcil. La voilà, sa tendance à piquer quand elle croit avoir été piquée. « Pas besoin de vous justifier, je n’avais fait aucune allusion. » Je choppe effectivement une coupe sur le plateau d’un serveur qui passait près de moi, et lève mon verre en direction de ma tutrice, sans pour autant faire tinter mon verre avec le sien, n’exagérons rien. Nous n’avons rien à fêter. « Pour information, moi aussi c’est la première. »[/color] Mensonge. Je bois une gorgée et manque de m’étouffer en l’entendant me dire « En tout cas, t'es très en beauté ce soir. » Est-ce qu’elle vient de me faire un compliment ? Vraiment ? Je sens la chaleur me monter aux joues, on va dire que c’est le champagne. « Hm. Merci. Vous êtes pas mal non plus. » J’ai essayé de pas regarder, de pas loucher sur sa veste de smoking ouverte quasiment jusqu’à son nombril. Essayé de ne pas imaginer le reste, ce qu’il y a en dessous. C’est plus facile quand elle a sa blouse. Là, c’est la porte ouverte sur l’imaginaire, celui-là même qui hante mes nuits depuis quelques temps. Reprends-toi, Ghorbani !!

Je me racle un peu la gorge, et fonce dans le tas sans réfléchir. « Vous devez avoir les oreilles qui sifflent… j’espère que c’est pas trop douloureux. » Je fronce un peu le nez dans une grimace mignonne, alors que j’ai toute son attention. « Le bruit court que votre amitié avec une certaine obstétricienne aurait grimpé d’un échelon. » Je hausse les épaules et mon regard se déporte un peu, comme pour signifier que ça m’est égal. « Je ne viens pas à la pêche aux infos, les histoires de ce genre ça m’a jamais intéressée, c’était juste pour que vous soyez au courant. » Nouvelle gorgée, ça va descendre plus vite que prévu…

Je devrais avoir l’habitude avec elle, de ce genre d’échange qui bouleverse la dynamique de notre lien. Quand je parle de lien, je parle de celui professionnel qui nous ordonne de travailler l’une avec l’autre, et qui, de fait, lui donne une certaine emprise puisqu’elle est ma tutrice. J’ai toujours eu un peu de mal avec l’autorité, et encore plus avec les gens qui se sentaient suffisamment supérieurs pour avoir envie de m’écraser. Samira sait très bien depuis le début que je ne suis pas du genre à me laisser faire, et nos régulières joutes verbales en sont la preuve. Pourtant, elle n’a jamais fait en sorte de me mettre sur la touche, au contraire. C’est bien qu’elle estime que mon travail vaut ce qu’il vaut.

Mais ce soir, il y a quelque chose d’impalpable qui me questionne. Pourquoi me fait-elle un compliment ? L’alcool ? Je crois que c’es la première fois que je la vois boire, puisque nos contacts ne se font que dans l’enceinte de l’hôpital. « Pas mal ? C'est tout ? J'espérais un peu mieux que ça... » Elle s’attendait à quoi au juste ? Que je lui dise qu’elle est plus sexy que n’importe qui dans cette salle ? Que son décolleté est indécent et qu’il me donne envie de passer les mains dedans ? Holly shit Zora reprends toi ! Je me contente d’un haussement d’épaules traduisant un je-m’en-foutisme latent. Pas mal. C’es tout ce qu’elle aura.

Pourtant je n’ai pas envie que cet échange s’en tienne là, et je n’ai pas immédiatement conscience du risque que je prends en parlant d’un sujet personnel la concernant. Jusque là, tous nos échanges n’avaient été que professionnels. Une limite est franchie, et je m’en rends compte très rapidement. « De quelles rumeurs tu parle ? » Sa voix est descendue de quelques notes, au même titre que de quelques décibels. Presque inaudible, rauque, beaucoup trop sexy pour que ce soit volontaire. La voilà qui s’approche, près, très près. Je peux sentir son souffle sur ma peau, et mon coeur qui tambourine dans ma poitrine. Je ne recule pas, reste statique sans la quitter des yeux. Camper sur mes positions, assumer mes paroles. Pour la première fois elle fait la même taille que moi, et c’est encore plus intimidant, même si je ne montre rien. « Je fais ce que je veux de mon temps libre. Avec qui je veux. Ou pas. » Mon regard oscille entre ses yeux iris brunes, retenant mon souffle. « Et tu diras aux autres que si j'apprends qu'ils ont ne serait-ce qu'abordé le sujet, je m'assurerais que leur seule perspective d'avenir dans la médecine soit l'incinération de déchets médicaux. » Des menaces. Je ne suis pas sans savoir qu’elle pourrait bien les mettre à exécution si son honneur est en danger. Je n’ai aucun doute là dessus. Pourtant, elle ne me fait pas peur, sa tentative d’intimidation me donne tout au plus de la matière à agrémenter mes rêves les plus intimes.

Finalement, elle se recule d’un pas et dans le même temps me prive d’une proximité à laquelle j’avais pris secrètement goût. « De toute façon, quoi que tu ait entendu, il doit bien y avoir la moitié des ragots qui ne sont que des foutaises. » Un fin sourire étire mes lèvres, alors que je hoche la tête. « C’est vrai. » dis-je en finissant à mon tour le contenu de ma coupe. Pourtant, le comportement et le langage non verbal de la chirurgienne en dit long. « Vous êtes amies. Des amies ont bien le droit de sortir pendre un verre… » Et fourrer sa langue dans la bouche de l’autre… Je n’ai pas été témoin de cette scène, mais l’entendre a bien suffit à faire grimper mon sang de quelques degrés. « Si vous saviez à quel point j’en ai rien à foutre des rumeurs… » Je hausse les épaules et balaye la salle de mon regard un poil nonchalant. « Si on devait s’arrêter à ça, on ne serait même plus capables de travailler correctement. » Je dépose ma coupe sur le plateau d’un serveur qui passait à l’instant, et reporte mon regard sur ma supérieure. « Je n’ai pas dit que j’y croyais, à ces rumeurs. Je voulais simplement vous prévenir, si un jour ça vous arrive aux oreilles, que vous y soyez préparée. » Comme si je lui faisais une faveur, tu parles. « Et puis, elle est très convoitée… ces rumeurs vous érigent au rang de reine. » Je ris cette fois un peu, comme pour dédramatiser la situation, même si je sais que je prendre un risque démesuré. Est-ce que je le fais volontairement pour voir si elle va à nouveau revenir me parler aussi près avec sa voix rauque ? Peut-être bien…

Je ne vais mentir à personne, je m’attendais à ce qu’elle entre dans une sombre colère en lui parlant de cette histoire de ragots. Pas la concernant parce que ceux là sont nombreux, mais surtout concernant sa potentielle relation avec son amie gynécologue. J’ignore pour le moment si sa colère est due à la réalité de la rumeur ou simplement parce qu’elle veut protéger son amie de ladite rumeur. Quoi qu’il en soit, elle change de comportement et malgré moi j’y prends goût. Loin de moi l’idée de la pousser plus loin dans ses retranchement, je joue la carte de la sécurité en lui affirmant que je n’en ai rien à faire de ces rumeurs. Même si de toute façon, Samira en a probablement rien à faire non plus que j’y crois ou non. Moi ou les autres c’est du pareil au même n’est-ce pas ?

La chirurgienne reprend une distance convenable alors que ma respiration se calme doucement. Je la regarde se servir d’un amuse bouche et suis ce dernier jusqu’à ses lèvres, avant de baisser les yeux par peur de me brûler. J’aurai dû reprendre une coupe, au risque qu’elle me réprimande. C’est le moment d’affirmer que son amie est très convoitée dans plusieurs services, par les hommes comme les femmes d’ailleurs.  « Qui ça ? Kiana ? Elle est surtout très mariée. » Certes. Mais il y en a certains que ça n’empêche pas d’aller voir ailleurs. La blonde a l’air de quelqu’un de tout à fait respectable mais on ne connaît pas les gens. Les imaginer ensemble me procure un long frisson que je n’arrive pas à comprendre. « Et je ne suis pas une reine. Enfin... sauf au bloc. » Cette fois un sourire étire mes lèvres, plus ou moins discrètement. Samira n’est pas du genre à se venter, ses talents elle les montre à ses internes sur le terrain, pas par des mots. Il faut être alerte et observateur pour arriver à la suivre, deux qualités dont je fais preuve et qui m’ont sauvé la vie plusieurs fois ces dernières années à ses côtés.

« En tout cas, tu fais bien de ne pas te fier aux rumeurs. Nous sommes des femmes de science. Les faits sont la seule chose qui importe. » Si seulement. Quand on passe sa vie dans la même enceinte que des dizaines de personnes, tout s’articule autour de ce groupe plus ou moins bien constitué. Les feux de l’amour dans la vraie vie. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai ouvert une porte et retrouvé deux internes ou même des médecins en train de s’embrasser goulûment. Ou pire. De mon côté, je reste plutôt à l’écart de tout ça. Je viens pour faire mon travail et ressors juste pour dormir et pour me nourrir, au mieux. Quelle vie de merde quand on y pense ! Tout ça pour plaire à papa…

« Simple curiosité, qu'est-ce qui se raconte sur moi ? » Je reviens sur terre à la question de ma tutrice et repose mon regard sur son visage harmonieux. Simple curiosité ? Tu m’en diras tant… « Si je devais noter toutes les rumeurs vous concernant, je n’aurai plus de temps pour parfaire mon apprentissage orthopédique. » Je ris un peu et flanche finalement lorsqu’un serveur nous propose des coupes de champagne. J’en tends une à Samira et en garde une pour moi. Elle n’est pas obligée de la boire après tout, je ne compte pas l’y forcer. « Ce qui en ressort c’est d’un côté que vous feriez bien d’avoir une vie sexuelle active en dehors pour arrêter d’être sur nos dos, et de l’autre que vous êtes une croqueuse de femmes et qu’aucune ne vous résiste. » Je hausse les épaules, enfonçant ma main libre dans la poche de mon pantalon à pinces. « Je vous épargne les suppositions sur votre passé de strip teaseuse … » Je vois son visage changer et cette fois je ris beaucoup plus naturellement. Oui, je suis en train de me foutre d’elle, et ça me fait rire. Est-ce que le dragon me fera payer mon audace dès demain à l’hôpital, on verra bien. « Je plaisante. Il n’y a pas tant de rumeurs en dehors de qui pourrait potentiellement partager votre lit. Sûrement beaucoup de jalousies, j’imagine. »

Il est rare d’avoir ce genre d’échange avec elle. Depuis toutes les années que je me trouve sous ses ordres, je n’ai jamais eu l’occasion de me retrouver face à elle dans un contexte comme celui-ci, à pouvoir discuter de choses qui ne concernent pas - vraiment - le travail. Je dois dire que c’est plutôt agréable, et je la découvre autrement. Après tout ce temps, c’est inattendu. Elle veut savoir ce qui se dit dans son dos, c’est légitime, et j’y réponds avec beaucoup de sincérité, jusqu’à me foutre un peu d’elle. Mais c’est de bonne guerre je pense, et je ne vois pas pourquoi elle se mettrait en colère, puisque je la taquine simplement. « Toi tu perds rien pour attendre. » Est-ce que j’apprécie un peu trop cette dynamique, sans doute. Il ne faut pas que j’y prenne goût, je sais pertinemment que demain, au retour à l’hôpital, je vais redevenir son interne, et rien d’autre. Je ne dis pas que ce soir je suis plus que ça, mais cet échange m’y laisse croire. Souriante et fière de ma taquinerie, je choisis de boire une 2ème coupe de champagne.

La chirurgienne passe sa main dans son cou, comme si elle était tendue, fatiguée, ou peut-être stressée ? J’ai du mal à l’imaginer stressée je dois dire, en dehors du boulot en tout cas. Et puis ça a le don de me rendre toute chose, mais je ne montre rien. Elle reprend mes réponses, comme pour analyser les mots, les rumeurs qui courent sur elle. Son résumé est à peu de chose près ce que je peux entendre, disons qu’elle l’a remisé à sa sauce. « […] Faudrait qu'ils se décident. C'est soit l'un, soit l'autre. Je peux pas être abstinente et Casanova réincarnée. » Je ris un peu, parce que je suis bien d’accord avec elle, il n’y a rien qui va. J’ai plutôt tendance à pense à la deuxième situation pour ma part, je l’imagine très séductrice, même si on ne l’a jamais vue fricoter avec personne à l’hôpital. Pourtant, ce ne sont pas les rumeurs qui manquent à ce sujet, et celle qui court à propos de la gynécologue n’est qu’une parmi tant d’autres. « Mais dommage pour la carrière de strip-teaseuse. J'aurais pu te faire une lapdance pour fêter la fin de ton internat. » Je manque de m’étouffer avec la gorgée de champagne que je viens de mettre dans ma bouche, et les bulles m’irritent fortement la trachée. Merde alors. « Dommage oui. » que je marmonne dans ma moustache après avoir à peu près réussi à me remettre de mon étouffement. « Tu devrais peut-être rester loin de moi. Les gens risquent de penser qu'on couche ensemble toutes les deux. » Je la regarde cette fois avec une mine interdite. Est-celle vraiment en train de dire ce qu’elle vient de dire ? Et voilà qu’elle en rajoute une couche. « Ça ne m'étonnerait pas qu'ils disent déjà ça dans notre dos, histoire d'expliquer pourquoi je suis moins terrible avec toi qu'avec les autres. » Pourquoi mon coeur se met à battre plus vite d’un coup. Un regard plus ou moins discret derrière mon épaule et je remarque que mes collègues - et amis pour certains - regardent effectivement dans notre direction. « Non non je n’ai jamais rien entendu de ce genre. Je pense que je serai au courant s’il y avait une rumeur qui courait sur nous. » Je hausse les épaules pour me donner un air détaché. « Et puis, j’imagine que je ne suis pas votre genre. » Je finis ma 2ème coupe de champagne, et me promets de ne pas en boire davantage au risque de commencer à dire ou faire n’importe quoi. « Moins terrible ? Permettez-moi d’en douter. » Je lui adresse cette fois un petit sourire en coin, plus complice que je ne l’aurai voulu. J’ai encore cette histoire de lap dance qui me trotte dans le cerveau, je sais que ça ne va pas aider mes rêves nocturnes, il va falloir que je trouve un moyen de me défaire de ces images, de mon imagination qui pourrait me faire partir loin, très loin. J’ai un coup de chaud d’un seul coup, on va mettre ça sous le coup du champagne. « En y pensant, je crois que je ne suis juste pas assez intéressante pour que des rumeurs courent sur moi… Que les gens nous imaginent ‘coucher ensemble’, c’est me donner trop d’importance… » Parler d’elle et moi couchant ensemble, je ne pensais pas pouvoir un jour le prononcer, et surtout pas face à elle. Si Joey entendant ça, elle se foutrait bien de ma gueule…