l'histoire de ma vie
every time I close my eyes it's like a dark paradise.
“there was a difference between being stuck and choosing to stay. between being found and finding yourself.”
« Heaven, cambre plus ton dos ! » Je soupire et je fais de mon mieux pour essayer de satisfaire Madame Campbell. Mes pieds me font souffrir, je me sens tirée dans tous les sens. Je pense que cela se voit sur mon visage crispé que je ne suis pas à l'aise. La musique continue, les pas s’enchaînent, trop rapidement à mon goût. Finalement, au bout de quelques minutes qui me paraissent interminables, la chorégraphie s’arrête. Ça y est, c’est la fin du cours. Je peux enfin respirer. Je déteste ça. Je déteste la danse classique. J’ai l’impression d’étouffer à chaque fois que je cambre mon dos, que je lève la tête, que j’exécute un pas. Cela fait bientôt deux ans que j’enseigne à la Joffrey Academy of Dance, à New York. Mes parents sont si fiers de moi. Ils m’appellent tous les jours, pour savoir si je suis la meilleure, quand est-ce que sera la prochaine représentation, si je ne mange pas trop. Ils ne veulent pas savoir comment je vais, si j’aime ce que je fais. Cela leur est égal. Mon avis n’a jamais compté de toute façon. Vingt ans que je vis ainsi, et je commence à en avoir ras-le-bol.
« Allez, fais pas cette tête ! Tu veux qu’on aille manger chez Angelica Kitchen ? » J’hausse les épaules et accepte. Callie est la seule personne qui arrive à me faire sourire. C’est ma colocataire. Enfin, elle est bien plus que ça. Sans elle, je crois bien que je n’aurais pas tenu plus d’un jour dans cet enfer. J’adore la regarder sourire. Elle ne sourit pas souvent, la plupart du temps elle est très concentrée, parfois trop stressée. Cette école, c’est toute sa vie. Elle ne veut pas décevoir ses parents. Elle veut réussir, à tout prix. Elle n’a jamais compris pourquoi je continuais à danser ici si je n’en avais pas envie. Ce n’est pas aussi simple.
« Je reste pour toi. », lui disais-je souvent. Et puis elle rigolait, naïvement, avant de m’offrir un baiser furtif. Callie n’était pas vraiment à l’aise à propos de notre relation. Elle pensait que c’était une distraction, que ses parents seraient furieux s’ils l’apprenaient. Mais je m’en fichais. Tout ce que je voulais, c’était elle. Si j’avais pu sécher tous les cours de danse pour me blottir dans ses bras et sentir son parfum sucré, je l’aurais fait. Mais Callie avait une vision bien différente de la mienne, et je devais me contenter de ce qu’elle voulait bien me donner. Mais je m’en fichais. Je m’en fichais parce que je savais que tant qu’elle était là, tout irait bien.
« Callie, je peux te poser une question ? » Nos respirations sont encore haletantes, nos corps encore chauds. Mon cœur bat à mille à l’heure. Je remets bien la couverture pour que nous n’attrapions pas froid, pendant que que je sens son corps nu se serrer encore plus que le mien. J’adore ça. J’adore sentir son corps chaud contre le mien, entendre sa respiration, sentir son odeur si agréable.
« Je t’écoute. » murmure-t-elle au bout d’un moment. Je crois bien qu’elle va s’endormir dans quelques minutes, alors je caresse ses cheveux et lui offre un baiser sur son front.
« Tu ne voudrais pas t’enfuir avec moi ? J’étouffe ici, tu le sais bien. J’aimerais qu’on parte ensemble, loin, dans une petite ville, et qu’on passe notre temps à s’embrasser. » C’est ce que j’ai toujours voulu, mais je n’ai jamais pensé à lui demander. Mais je suis sûre d’une chose : je ne peux pas passer un jour de plus ici. Je veux partir. Loin de mes parents, loin de cette pression constante, loin de tout. Avec elle. Elle ne répond pas tout de suite, et je sens mon cœur s’accélérer peu à peu. Je ne sais pas pourquoi j’ai si peur.
« Heaven, tu sais bien que je ne peux pas. Ma place est ici. » Je soupire. Je ne sais pas pourquoi j’espérais autre chose que cette réponse. Depuis le début, Callie a été très claire : elle est heureuse ici. Que je sois là ou non, ça lui est égal. Je ne suis qu’une distraction pour elle, une fille qui la fait sourire et qui lui fait oublier son stress toutes les nuits, en la couvrant de baisers et de caresses. Rien de plus.
« Tu penses vraiment que ta place est ici, ou c’est tes parents qui le pensent ? » Je ne sais pas pourquoi je l’attaque comme ça. Je sais que c’est un sujet sensible.
« Je ne partirai pas, Heaven. » dit-elle, dans un soupir. Je me mords les lèvres. J’ai envie de pleurer.
« Donc pour toi je ne signifie rien ? Je ne compte pas assez pour que tu plaques tout pour moi ? » Je sens la colère monter de plus en plus en moi. Ma décision est prise. Je m’en vais. Mais je ne veux pas partir sans elle. Je ne sais pas comment je pourrais m’en sortir sans elle.
« Je n’ai jamais dit ça. Ne confonds pas tout. » Elle ne me regarde pas. J’ai l’impression qu’elle s’en fiche de moi. Et ça fait mal. Vraiment mal.
« Tu sais quoi Callie ? Va te faire foutre. » Ah, elle ose enfin me regarder. Je vois dans ses yeux une incompréhension totale.
« Tu crois que tu as vraiment un avenir ici ? Regarde autour de toi : vous êtes toutes pareilles. Pâles, beaucoup trop maigres, beaucoup trop rigides. Vous ne profitez de rien, vous ne savez qu’exécuter ce qu’on vous demande. Quand tu auras terminé cette école, rien ne te dit que tu seras une grande danseuse, que quelqu’un voudra bien de toi. » La gifle arrive bien plus vite que je ne le prévois. Je sens ses yeux devenir humides. Elle sait que j’ai raison. Elle sait que je la rendrais beaucoup plus heureuse qu’elle ne l’est à présent. Mais elle ne peut pas l’admettre, et ça me rend folle. Je me lève et me rhabille rapidement, essayant d’éviter son regard. Une fois que je suis prête, je me rapproche d’elle et lui dis :
« Ne viens pas te plaindre si dans trois ans tu te retrouves au chômage, à l’hôpital, ou même en centre de désintoxication. » Elle me fait les yeux ronds.
« Oui, je suis au courant pour ça. » Je fouille dans son placard et lui montre son paquet de cocaïne qu’elle pensait avoir si bien caché.
« T’es en train de foutre ta vie en l’air, pour quelque chose qui n’en vaut même pas la peine. T’es pathétique. » Des sanglots éclatent, mais je m’en fiche. Je lui ai proposé une alternative. Je lui ai proposé une chance d'être heureuse, vraiment heureuse, mais elle n’en a pas voulu. Tant pis. Tant pis pour elle.
“come and take a walk on the wild side, let me kiss you hard in the pouring rain.”
« On ferme dans dix minutes mademoiselle. » Je lève la tête, et j’aperçois un homme très brun, avec des yeux très noirs. Un mince sourire s’affiche sur ses lèvres, mais je peux lire la fatigue sur son visage. Je jette un coup d’œil à ma montre et essuie les quelques larmes qui ont coulé sur mon visage. Il est tard, beaucoup trop tard.
« Je suis désolé, je n’avais pas vu l’heure. » dis-je, timidement. Son regard sur moi me perturbe. Je l’entends rire.
« Ce n’est rien. Et puis, je ne pourrais pas refuser une aussi bonne cliente ! Sérieusement, vous n’avez pas mangé de hamburgers depuis combien de temps ? » Il rigole de bon cœur, et j’essaie de faire de même, mais je n’y arrive pas. Je n’ai pas envie de rire. Je baisse la tête et je sens que les larmes vont ressurgir. Bordel. L’homme en face de moi semble intrigué, et s’assoit à côté de moi.
« Je suis désolé, je ne voulais pas vous vexer. Tout va bien ? » Non. Tout ne va pas bien. Rien ne va jamais de toute façon. Je pose mon regard sur lui. Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai envie de me confier à lui, alors que c’est un parfait inconnu. Il y a quelque chose de rassurant dans son visage. Alors je soupire un grand coup. Et je lui dis tout. Absolument tout. Je ne le verrai plus jamais. Je m’en fiche de savoir ce qu’il pense de moi. J’ai juste besoin de quelqu’un. Quelqu’un à qui parler.
« Pas tellement... Je viens de quitter une école de danse très prestigieuse et très chère, et mes parents ne veulent plus m’adresser la parole. Je n’ai nul part où aller, pas de travail, rien. Mais ce n’est pas le pire. » Les larmes montent petit à petit, et je respire un bon coup pour poursuivre.
« Elle est morte. Callie est morte. » Silence. Il ne s’attendait sûrement pas à ça. Il me prend alors dans ses bras et je me laisse faire, parce que c’est tout ce dont j’ai besoin. Je n’arrive pas à y croire. Je n’arrive pas à accepter qu’elle ne sera plus jamais là. Que je ne pourrai plus jamais la toucher, lui parler, sentir son odeur. J’ai l’impression que mon monde vient de s’écrouler.
« C’est de ma faute… J’ai lui ai dis des choses horribles avant de partir, mais je ne pensais pas… Je ne pensais pas qu’elle mettrait fin à ses jours aussi soudainement… » J’éclate en sanglots. Je ne sais pas si c’était vraiment à cause de moi. A cause de ce que je lui ai dis. Mais je m’en veux. Je m’en veux terriblement. J’aurais dû savoir qu’elle était sensible et qu’elle avait des problèmes. Je le savais au fond, mais je ne voulais pas le voir, je voulais simplement profiter du goût de ses lèvres, et pouvoir m’évader pendant un moment avec elle. Quelle putain d’égoïste je suis. J’ai envie de me frapper. L’homme me laisse pleurer dans ses bras, je dois sûrement être en train de lui ruiner sa chemise, mais qu’importe. J’ai juste besoin de pleurer, encore et encore. Il caresse mes cheveux et me murmure des paroles rassurantes pendant un long moment. Après, je ne me souviens plus très bien. Je me rappelle m’être endormie dans ses bras et m’être réveillée sur son canapé, encore un peu fatiguée.
« Bonjour Heaven ! » Je ne me rappelle pas lui avoir dis mon prénom, mais qu’importe. Je lui offre un joli sourire et me relève doucement.
« Bonjour. Merci de m’avoir hébergé… euh… » Je suis un peu embarrassée.
« Stanley. Mais tu peux m’appeler Stan. » Je regarde autour de moi. C’est un petit appartement, pas très lumineux. Rien ne semble rangé et la vaisselle ne semble pas avoir été faite depuis des lustres, mais je fais abstraction. Ce n’est pas le moment de faire des manières. Je le vois s’affairer dans tous les sens alors je me lève et lui demande :
« Je peux emprunter ta douche ? » Il acquiesce et continue de préparer ses affaires. Il s’arrête un moment pour me regarder.
« Ecoute Heaven, je sais qu’on ne se connaît pas, mais tu peux rester ici si tu veux, le temps de trouver quelque chose. Et puis, je pourrais essayer de négocier avec mon patron pour qu’il puisse te prendre en tant que serveuse au restaurant où je travaille. Je sais que ce n’est pas génial, mais c’est un début, non ? » Je souris et j’accepte, sans réfléchir. Je suis complètement perdue. Je ne sais pas ce que je dois faire, mais mieux vaut commencer quelque part. Je ne veux pas être triste toute ma vie. Je dois passer à autre chose. Petit à petit. Stanley claque la porte et je me dirige vers la douche. L’eau chaude coule sur mon corps, et je me sens tout de suite un peu mieux. Pourtant, je ne peux m’empêcher d’éclater en sanglots. Encore. Je ne sais pas comment je suis censée surmonter ça. Mais je vais y arriver. Il le faut.
« Je suis désolé. » Il semble complètement perdu. Il me prend la main et je sursaute un peu. Je me laisse faire malgré moi, mais je n’ose pas le regarder. J’ai encore le goût du sang dans la bouche, et je ne sens presque plus ma mâchoire. Je tremble encore un peu, je n’arrive pas à réaliser ce qu’il se passe. Cela fait bientôt cinq ans que je vis avec Stanley. Nous vivons toujours dans son petit appartement, à défaut de pouvoir s’offrir mieux. Stanley n’était pas du tout la personne que j’attendais. Derrière ce visage a priori chaleureux, se cache en fait un homme très sombre et tiraillé. J’ai découvert qu’il était impliqué dans des activités illégales diverses. Des vols et des braquages principalement. Rien de « grave », de ce que je sache. J’ai découvert qu’il se droguait souvent. Il y a sûrement d'autres choses qu'il faisait et que j'ignorais, mais bon. Je ne connaissais rien au monde. Je sortais d’une vie soi-disant parfaite, d'une famille extrêmement riche, d'une éducation irréprochable. Mais avec Stanley, j’avais l’impression de commencer une autre vie. Je travaillais, vraiment dur, même si mon patron me traitait comme de la merde. Je sortais avec les collègues, de temps en temps. Au début, tout semblait parfait. Je n’avais pas une vie très trépidante et riche, mais j’étais heureuse. Stanley était attentionné, drôle, bienveillant. Il faisait toujours tout pour que je me sente bien. Mais cela n’a duré qu’un temps. Je ne me rappelle pas exactement du moment où tout a basculé, mais aujourd’hui, il n’est plus le même. Ou alors il me montre une autre facette de lui, que j’aurais préféré ne pas voir. Stanley a commencé à me battre. Au début, ce n’était rien. Il me tirait les cheveux et me criait dessus, me disait que je n’étais qu’une bonne à rien, que j’aurais mieux fait de rester dans mon école de danse, que je n’étais qu’une pourrie gâtée qui avait une vision trop naïve du monde. Et puis, il a commencé à me menacer, à me donner des coups, à me frapper, encore et encore. Une fois, il a même pointé son arme sur moi. Je n’avais jamais eu aussi peur de ma vie. Mais je restais. Je ne sais pas trop pourquoi d’ailleurs. Je pensais que ce n’était que passager. Qu’il avait sûrement bu, et qu’il avait passé une journée stressante. J’étais naïve. Stupide même. Mais je l’aimais, et je ne voulais pas que notre relation s’arrête. Et puis parfois, il était calme, il me faisait un chocolat chaud et on regardait un film dans le salon, sous notre plaid. Parfois, il me disait qu’il m’aimait, qu’il ne savait pas pourquoi il était violent avec moi, qu’il n’avait jamais été aussi heureux qu’avec moi, qu’il se rattraperait. Et je le croyais, parce qu’il semblait tellement sincère. Je pense que lui-même ne savait pas pourquoi il agissait ainsi. Alors je le pardonnais, et nous continuions à vivre notre vie ensemble. Et puis, j’ai commencé à boire de plus en plus, quand il n’était pas là. J’ai commencé à ne plus aller au travail, à passer mes journées à pleurer, à ne penser à rien, à boire pour oublier la douleur. Je n’allais jamais à l’hôpital, même si je saignais beaucoup. Je ne voulais pas qu’on pose des questions sur Stanley. Je ne voulais pas lui poser de problèmes, il aurait été furieux. J’étais devenue l’ombre de moi-même. Je ne savais pas ce que je faisais encore avec lui, je ne savais pas qui j’étais. Tout ce que à quoi je pensais, c’est si Stanley allait rentrer de bonne humeur ou non. J’avais perdu mon sourire, je ne me maquillais plus, je mangeais n’importe comment. La seule personne qui pouvait me réconforter, c’était Stanley, ironiquement. Notre relation n’était pas saine, je le sais bien. Je l’aimais autant que j’avais peur de lui. Je savais que ça n’était pas normal, au fond. Mais je ne voulais pas me l’avouer. Je ne voulais pas être seule. Tout ce que je voulais, c’était lui. J’étais complètement folle de lui. Les marques sur mon corps s’accumulaient, les litres de vin rouge que je buvais à huit heures du matin aussi, mais qu’importe. Je ne pouvais pas arrêter notre relation, parce que je savais que je serais complètement perdue sans lui. Parce que je l’aimais de toutes mes forces et c’était la seule chose qui me faisait tenir : de savoir que lui m’aimait aussi.
“every day is like a start. ups and downs, tears and laugh. we never stop, just fight.”
« T’étais canon ce soir Heaven ! » Je remercie gentiment Siobhan, avant de continuer à me démaquiller. Stanley est en prison. Il s’est fait arrêter lors d’un braquage de banque, me laissant seule. Je lui en ai voulu pendant tellement longtemps, mais maintenant je me dis que c’est un bien pour un mal. J’ai déménagé dans un appartement encore plus petit, et j’ai été engagée dans une compagnie de cabaret burlesque. Je n’ai pas un rôle très important, mais ça paie mon loyer. Et puis, j’aime ça. J’aime me faire belle, m’habiller de façon sexy, sentir tous les regards sur moi. Etant donné que les représentations ne sont que le soir, j’ai du temps pour moi la journée. J’ai consulté un psychologue, j’ai arrêté de boire, j’ai commencé à me lever tous les matins pour courir à Central Park. Je ne sais pas où j’ai trouvé la force pour aller mieux, mais je l’ai fait. Mes parents ne m’adressent toujours pas la parole, mais je m’en fiche. Je vais voir Stanley en prison, de temps à autre. Je n’arrive pas vraiment à tourner la page, ni à lui en vouloir. Mon psychologue me conseille de couper les ponts avec lui, de lui faire savoir à quel point il m’a fait souffrir, de l’insulter, mais je ne veux pas l’écouter. Je sais que je n’ai plus rien à faire avec lui, que je ne méritais pas d’être traitée comme tel, mais je m’en fiche. Quelque part, je pense que je l’aimerais toujours un peu. Même si je n’arrive pas à me détacher de lui, je prends du temps pour moi. Je vais mieux. Je parle plus, je suis plus ouverte. Il m’arrive parfois d’avoir des périodes de vide, où je ne pense à rien et où j’ai juste envie de pleurer ou de frapper quelqu’un. Je ne sais pas trop qui je suis. Où j'en suis. Je fais des efforts. Tellement d’efforts. J’avance, peu à peu. Et pour la première fois depuis longtemps, j’ai retrouvé le sourire. Je crois que c’est le plus important.
Island Bay. Je ne sais pas trop ce que je fais ici, à vrai dire. Tout ce que je sais, c’est que je me suis lassée du cabaret burlesque, et qu’après la tournée effectuée dans de nombreux pays en Nouvelle-Zélande, je n’avais plus envie de danser à présent. J’avais commencé à m’intéresser à cette danse à New York. Ça m’avait permis d’oublier tout ce qui s’était passé, et de me sentir femme. Mais maintenant, je crois que j’ai trop dansé, qu’il faut que je trouve autre chose à faire, de complètement différent. C’est sûrement ce à quoi je pensais quand j’ai accepté l’offre d’emploi d’assistante personnelle de Parker Lane. Evidemment, cela n’aurait pas été drôle si je ne connaissais pas déjà cette femme. Nous avions eu une aventure de quelques mois quand j’étais venue en tournée à Island Bay. Elle avait réussi à me faire oublier Stanley, ce qui n’était pas forcément facile. Elle avait réussi à me faire sentir vivante, à me faire sentir belle, comme si j’étais redevenue moi-même en quelque sorte. Mais elle a eu trop peur de s’engager et elle a décidé d’arrêter notre relation, ce que j’avais plutôt mal pris sur le coup. Depuis, j’ai voyagé en Nouvelle-Zélande, avec le peu d’argent que j’avais économisé, à la recherche d’un déclic, de quelque chose. Mais rien. Je ne sais pas trop ce que je suis censée faire. Aussi bien professionnellement que personnellement. Je n’arrive pas à oublier Callie. Je n’arrive pas à oublier Stanley. Et je me surprends à penser un peu trop à Parker. Je n’arrive pas à laisser le passé derrière moi, voilà mon problème. Je ne sais pas si j’y arriverai un jour. J’envie tellement tous ces gens bien entourés et qui savent exactement ce qu’ils veulent faire dans la vie. Peut-être que je saurais moi aussi, un jour. En attendant, je mets un pied devant l’autre, et je continue d’avancer, chaque jour. Comme beaucoup d’autres gens le font dans le monde. Après tout, je ne suis qu’un être parmi tant d’autres. Qu’une âme perdue parmi tant d’autres.
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Sujet: heaven ϟ the road is long, we carry on. (
