the past is back (tawbe)

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La journée avait débutée dans la mauvaise humeur, mais sur la fin, elle avait pris une allure joyeuse, presque inattendue. Le vendredi, je n’aimais pas ça, je trouvais ça chiant, à ne pas avoir le droit de partir sur le terrain et d’étudier les dossiers. C’est le vendredi que je me rendais compte que moi, ce que j’aime dans mon job, c’est le terrain et non la paperasse. Je ne supporterais pas de faire ça tous les jours, c’est vraiment trop ennuyant. Si c’est intéressant, c’est aussi très chiant. C’est quand je commençais à en avoir sérieusement marre qu’elle était arrivée. Maggie. Aussi belle qu’au premier jour, les mêmes mimiques, la même bouille qui me fait totalement fondre, c’est comme ci les onze années de séparation avait été, en une seconde, oubliées. C’était si fort, ce qu’il s’était passé, la sentir contre moi, son souffle sur mon visage, sa main dans mes cheveux. Et puis me rendre compte qu’en fait, elle est certainement mariée, ce qui avait provoqué un grand vide dans ma poitrine, une nouvelle fois. Je ne sais pas pourquoi je ressentais quelque fort pour Maggie, alors que je ne la connaissais même plus. Onze longues années nous ont séparées, et j’avais changé, tout comme Maggie. Nous étions redevenus des étrangères toutes les deux, nous n’avions que le souvenir comme connaissance de l’autre. Ce jour là, je devais achever ma journée de travail à vingt-heure, mais comme à mon habitude, je décide de rentrer plus tard à la maison, Tawny sait qu’elle ne doit pas m’attendre. Et puis, les retrouvailles avec Maggie m’avaient prises plus d’une heure, et j’avais pris du retard dans les dossiers. Quand elle était repartie, je m’y étais remis, et je savais qu’une longue soirée m’attendait, ici. Je ne prends pas le temps de manger, et grignote simplement des barres énergétiques, histoire de tenir au moins jusqu’à mon retour à la maison, car il me reste quand même plus d’une demi-heure de route pour rentrer. Mais ma tête était restée ailleurs toute la soirée, en pensant à Maggie, et à notre relation pendant notre adolescente, si passionnelle et amoureuse. Ma boss termine finalement par me foutre dehors, et je sors du boulot vers minuit, et part en direction d’Island Bay, la fatigue commençant à se faire ressentir.

J’arrive chez moi vers une heure du matin, et tente de ne pas faire trop de bruit, pour ne pas réveiller Tawny qui dort certainement. Enfin, vu l’heure, je n’en suis pas certaine mais bon. Je caresse rapidement Greezly, et monte prendre une douche, pendant que le chien s’installe devant la porte. Je réfléchie, réfléchie à cette journée tout en me savonnant, puis me rince en soupirant. Je laisse la paume de douche devant mon visage pendant une dizaine de minutes, pour réfléchir, avant de finalement éteindre l’eau, et d’enfiler ma nuisette parme. J’ai envie de parler à Tawny, ma sœur, de lui dire tout ce qui se passe dans mon cœur en ce moment, mais elle semble dormir, et elle ne fait pas de bruit, putain, ça fait chier. Je pars en direction de ma chambre, en soupirant, et quand j’entre, je fronce les sourcils. Il faut que j’en parle à Tawny putain. Je fais demi-tour, et arrive dans sa chambre comme une mamie, les cernes bien présente, et la robe de chambre en velour. J’allume en grand la lumière. « Taw, je peux dormir avec toi ? » Je m’approche de son lit, et m’installe à côté d’elle, sans même attendre sa permission. Après tous, ici, c’est chez moi. Je soupire, et crache le morceau. « Maggie est revenue. »

Je sursaute en sentant une main à ma taille et me retourne à la hâte, les sourcils froncés. « Putain tu m’as fait peur ! » C’est juste une de mes collègues, Luna. Dès que je sens quelqu’un qui me touche, c’est plus fort que moi je pense à Kaylian. J’aurai rêvé que ce soit elle. Ça commence à me faire chier d’ailleurs cette histoire. Pourquoi je fais que penser à elle alors que quand je la vois j’ai juste envie de l’étrangler. C’est quand même bizarre. « T’as fini ton service ? » Je jette un oeil à ma montre, il est 22 heures. « Ah, ouais. » J’avais dit que je passerai la nuit à la caserne pour les aider si besoin, mais franchement là j’ai plus envie de rien. J’ai passé la journée à répéter avec mon groupe pour un concert la semaine prochaine ici même au Fox et cette salope de Kaylian m’a annoncé en arrivant qu’il n’aurait pas lieu. D’où mon envie plus pressante de la découper en rondelles. Je ne suis pas vraiment d’humeur ce soir, je vais appeler la caserne pour annuler, et me terrer chez moi - enfin chez Bee - avec Greezly dans mon lit et un bon bluray. « Ok, bah j’y vais alors ! » Je passe derrière le bar pour saluer tous mes collègues et une fois fait, je sors du bar, casque à la main. Va savoir pourquoi, j’ai envie d’une clope. Après en avoir taxée une à un inconnu dans la rue, j’enfourche ma moto, la démarre et reste dessus le temps de quasiment finir ma cigarette. Ouais, une douche brûlante en rentrant, bouffer n’importe quoi, et attendre que Bee rentre pour lui raconter ma journée de merde. Je sais qu’elle doit rentrer tard, on verra si j’arrive à l’attendre.

Une fois à la maison je gare ma moto dans la petite cour, laissant la place à Phoebe de garer sa voiture, et je rentre. Greezly me fait une fête monumentale et j’éclate de rire une fois ses pattes sur mon ventre. « Ouais, du calme mon grand, je vais te donner à manger ! » A peine le mot magique prononcé que le golden couleur crème s’agite en tournant en rond. Je lui sers sa gamelle de croquette et pendant qu’il mange, je retire mes affaires une à une et les laisse traîner comme à mon habitude. Mon casque sur le bar, mes bottines en vrac au milieu du salon, mon blouson de moto sur le dossier du canapé, et je monte à l’étage pour aller prendre ma douche. Je laisse bien sûr mes fringues en boule dans la salle de bain, ne remets pas la serviette sur le porte serviette, et ne rebouche pas la crème hydratante. Phoebe doit m’aimer vraiment très fort pour me supporter… Je redescends chercher de quoi me goinfrer, choisis un DVD et remonte dans ma chambre, Greezly a déjà pris place au pied de mon lit et nous partageons mon paquet de Doritos goût nachos. Il a raison d’adorer ça, c’est les meilleurs. Le temps file et je me laisse aller à m’endormir, épuisée par ma journée. Je ne sens même pas Greezly descendre du lit en entendant la porte d’entrée s’ouvrir. Je reste bien confortablement dans les bras de Morphée, les bruitages de ce film d’action japonais me berçant bien étrangement.

Mais c’est quand je sens la lumière s’allumer d’un seul coup que je me réveille, grognant avant d’enfouir ma tête sous ma couette. « Taw, je peux dormir avec toi ? » Je me redresse d’un seul coup, les yeux fermement clos, en position assise, sourcils froncés. « Tu éteins cette lumière IMMEDIATEMENT ! » Je prends un ton sec mais Bee sait bien que même quand je suis très énervée ou de mauvais poil, jamais ô grand jamais je ne m’énerverai sur elle. Elle s’exécute et éteinte la lumière avant que je me laisse tomber mollement contre le matelas. La jeune femme s’approche et me rejoins dans mon lit. Je n’ai pas besoin d’ouvrir les yeux que je sens sa robe de chambre en velours absolument hideuse, et je me promets de lui acheter un truc joli genre kimono en soie ou un truc du genre pour son prochain anniversaire. Si je tiens jusque là. « Maggie est revenue. » Je me redresse à nouveau tel un automate sur lequel on aurait appuyé sur un bouton. Je tends le bras pour trouver le bouton de ma lampe de chevet et mes yeux s’habituent à la lumière en se posant sur le visage de ma soeur de coeur. « Quoi ? Ça y est ? » Ah là d’un coup je suis réveillée. « Mais raconte ! Comment tu sais ? Tu l’as vue ? » Je suis si excitée que je ne me mets pas de barrière quant à la demande de Maggie. Je suis au courant de son retour depuis 6 mois. Enfin je vais pouvoir arrêter de mentir à Bee sur le retour de son âme soeur.

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Tawny et moi, on étaient potes depuis toujours. Nous avions grandi ensemble, voisines, copines, puis super copines, puis meilleures amies, et maintenant, Tawny est comme ma sœur. Tawny, c’est quelqu’un qui ne me ressemble pas vraiment sur certains points, mais je dirais que c’est notre différence qui fait notre force, notre amitié, notre fraternité. Elle a toujours été là pour moi, dans les moments les meilleurs, comme dans les pires. Elle est celle qui a essuyé mes larmes quand Maggie est partie. Celle qui m’a aidé à découvrir que j’aimais aussi les femmes. Elle est même celle qui m’a appris à me masturber, enfin, entre autre. Tawny et moi, je dirais même que c’est comme si nous étions âme sœur, non dans l’amour, mais dans l’amitié. Un lien très fort nous unis. Quand je suis rentrée ce soir là,  c’était à Tawny que je voulais parler, uniquement elle, mais elle dormait. J’étais partie prendre une douche, enfilant ma nuisette parme et ma robe de chambre de grand-mère en velours, qu’elle déteste. Mais moi, je l’aime bien, ma robe de mamie. Ne souhaitant pas la réveiller, j’étais repartie dans ma chambre, mais j’avais rapidement fais demi-tour pour aller voir Tawny, finalement, et lui demander si je pouvais dormir avec elle, en allumant la lumière au passage. Tawny se redresse, et je rigole. « Tu éteins cette lumière IMMEDIATEMENT ! » J’éteins la lumière, puis m’approche de son lit, et m’y installe, confortablement. Je soupire, et lâche le morceau. Maggie est de retour. Je ne dis rien de plus, et Greezly saute entre nous, et je le pousse un peu, car clairement, il pue car je dois le laver depuis la semaine dernière. Tawny se redresse d’un bon, et je la regarde faire, et elle allume la lumière. La luminosité me fait plier les yeux, déjà habitué à la pénombre de la pièce, et je regarde Tawny en grimaçant. « Quoi ? Ca y est ? » Je la fixe. Comment ça, ça y est ? Je fronce les sourcils, et souris, bêtement. Oui, Maggie est de retour, après onze années. « Pourquoi ça y est ? » Je lui souris, et Tawny reprend à nouveau la parole. « Mais raconte ! Comment tu sais ? Tu l’as vue ? » Je fronce une nouvelle fois les sourcils, avec un mauvais pressentiment. Tawny semble encore plus excitée que je le pensais, et même un peu trop je crois. En attendant, elle semble avoir à nouveau de l’énergie, et c’est tant mieux. Je ne sais pas vraiment quoi lui répondre, alors que les retrouvailles ont été à la base assez simple. Elle est venue au commissariat, tous simplement. Mais la complexité de mes sentiments m’empêche de me dire que tous est aussi simple. Et puis en parler à Tawny me perturbe, car la dernière fois que j’ai vu Maggie, et que j’ai appris son départ, on sait toutes les deux comment ça a terminé. Mal. On a presque couchées ensemble, à cause de l’alcool, et je me souviens encore du mal de crâne du lendemain matin, et l’excuse de la gastro à ma mère pour mes vomissements. Finalement, je décide de faire simple. « Elle est venue au boulot. Putain Taw, elle est de retour. » Ma dernière phrase montre à quel point je suis étonnée. Choquée même, de son retour, que je n’attendais plus. Pendant ces onze années, je n’ai cessé de chercher Maggie, mais jamais je ne l’ai trouvé, et j’ai souvent pensé que finalement, elle était peut être morte. En y pensant, je soupire, et tombe dans les bras de Tawny. « Je suis perdue, je suis contente, mais je sais pas trop, quelque chose me chagrine, c'est bizarre. » Je relève la tête vers elle, la mine démoralisée. Je suis vraiment heureuse que Maggie soit de retour, mais il y a un truc que j'aime pas, que je sens pas trop. J’ai un mauvais pressentiment, vraiment.

Je suis pas souvent ronchon, ou alors quand c’est le cas, ça passe rapidement. Et puis il est carrément impossible d’en vouloir de quoi que ce soit à Phoebe, même si elle allume la lumière comme ça sans crier gare. J’ai envie de la mordre. Mais je me ravise quand je comprend qu’elle ne vient pas squatter mon lit pour une raison que j’ignore, non elle a besoin de parler. Pour dire quoi ? Qu’elle a eu une journée pourrie au boulot ? Moi aussi, alors qu’elle vienne se blottir contre moi, dodo et on en parle plus. Mais au lieu de ça, elle lâche la bombe. Et cette bombe se prénomme Maggie. « Pourquoi ça y est ? » Je ne dis rien pour le moment, beaucoup trop euphorique qu’elles se soient enfin revues. D’un coup je me sens réveillée et beaucoup moins bougonne. Je ne pense pas encore au moment où il va falloir que je dise à ma meilleure amie et soeur de coeur que ça fait six mois que je suis au courant que Maggie, mon autre meilleure amie et âme soeur de la première, est en ville. Non mais le bordel je vous assure ! Je suis à genoux dans le lit, droite comme un i, seulement vêtue de ma culotte et d’un maillot de hockey d’une équipe canadienne. J’attends qu’elle parle, qu’elle me dise, bordel mais ça fait onze ans qu’on attend tous ça ! Pas moi la première, mais presque ! Et depuis six mois n’en parlons pas. J’en peux plus de garder ce putain de secret, ça va me rendre chèvre. « Elle est venue au boulot. Putain Taw, elle est de retour. » « Au boulot ? » Je fronce les sourcils, espérant que Maggie n’ait pas eu de gros ennuis pour devoir se rendre chez les flics. Bee me tombe dans les bras en soupirant. « Je suis perdue, je suis contente, mais je sais pas trop, quelque chose me chagrine, c'est bizarre. » Et bah tu m’étonnes ! Mag est fiancée, rien que ça ! Bon ok c’est son meilleur ami et il est gay, enfin quand même ! « Pourquoi quelque chose te chagrine ? Elle t’a dit quoi ? Vous avez parlé de quoi ? » Ça fait des mois que je la joue petite souris, que j’attends d’être partie de la maison pour envoyer des messages à Maggie pour ne surtout pas que Phoebe tombe dessus, et je les supprime systématiquement. J’ai bien fait attention de ne pas la demander en amie sur les réseaux sociaux et je check son instagram sans m’y abonner. D’ailleurs, heureusement que Bee n’a pas l’adresse parce qu’elle aurait fait un arrêt cardiaque en voyant la dernière photo qu’a posté Maggie. J’essaie donc d’en savoir un peu plus sur ce qu’a pu lui dire Maggie, sur ce que Phoebe peut bien ressentir de si étrange… « Hey ! Tu vas pas déprimer ! C’est génial qu’elle soit rentrée ! » Surtout maintenant que Bee n’a plus personne dans sa vie ! « Je suis trop heureuse que vous vous soyez enfin vues ! Enfin retrouvées quoi… » Je commende à m’embrouiller les pinceaux, il est tard, et la nuit est loin d’être finie…

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Maggie est de retour, pour de bon, et rien que d’y penser, ça me fou des frissons. Ces onze années ont été tellement longues, que de la revoir, ça me fou presque le cafard. En rentrant à la maison, c’est naturellement que j’étais allée rejoindre Tawny dans son lit, pour en parler avec elle. Si elle dormait à moitié quand je suis arrivée, elle est maintenant plus que réveillée, et son comportement est un peu étrange, elle est trop euphorique et ne semble même pas surprise. « Au boulot ? » Je la regarde, et hoche la tête. Je ne sais pas si Maggie est vraiment venue pour moi, car à la base, si elle venait, c’est pour porter plainte. Elle s’est fait volée son sac, et rien que d’y penser, j’espère que la plainte va être rapidement résolue, même si je sais que le service des plaintes de vols est débordé en ce moment. Et puis je suis complètement perdue, nos retrouvailles ont été intenses en émotions, et même en sentiments. J’ai l’impression de ressentir la même chose qu’auparavant, mais différemment à la fois, quelque chose d’excitant mais à la fois d’étrange, bizarre. Je m’écroule dans les bras de Tawny, et lui explique ce que je ressens. C’est confus, c’est flou, mais surtout, j’ai un mauvais pressentiment. « Pourquoi quelque chose te chagrine ? Elle t’a dit quoi ? Vous avez parlé de quoi ? » Je relève la  tête  vers ma sœur de cœur, une tête fatiguée et paumée, vraiment. Ce qui me chagrine, avant tout, c’est sa bague. Sa bague qui ressemble vraiment beaucoup à une bague de mariage, même si elle m’a assuré que non, enfin, que c’était compliqué. Je soupire, et m’adresse à Tawny, de manière complètement démoralisée. « On a pas vraiment parlé… tu sais, on s’est collée l’une à l’autre, et on avait même pas besoin de parler, il y  avait les gestes et les battements du cœur qui traduisaient nos pensées. » Je regarde Tawny. Elle est vraiment, vraiment étrange, et je n’aime pas ça du tout. Je remonte un peu la couverture sur moi, et caresse Greezly, qui n’attend que ça. Je ne sais pas vraiment si je dois lui parler de la bague de Maggie. J’en sais rien. Au pire, tant pis, elle saura me dire ce que je dois imaginer, elle. « Je, je crois qu’elle est mariée, en fait. Elle avait une bague. » Je reprends ma respiration. « Elle m’a assuré que non, mais je sais pas, elle était bizarre Tawny. » Je regarde Tawny. Je ne sais même pas pourquoi ça devrait me préoccuper, après tout, nous ne sommes même pas ensemble Maggie et moi, et puis surtout, onze ans, c’est long, et si elle s’est mariée, je n’ai rien à dire là-dessus. « Ca me déprime Taw. » Je la regarde avec une petite mine, et Tawny rencaisse rapidement, avec sa bonne humeur. « Hey ! Tu vas pas déprimer ! C’est génial qu’elle soit rentrée ! » Je lui souris. C’est vrai, c’est génial, mais voilà, onze ans quand même, c’est long. J’imagine qu’elle pouvait revenir avant… je balaye cette idée de mes pensées, car après tout, j’aurais pu essayer de la trouver en faisant plus d’efforts. « Je suis trop heureuse que vous vous soyez enfin vues ! Enfin retrouvées quoi… » Je fronce les sourcils, une nouvelle fois. Tawny me cache quelque chose, je le sens, et mon boulot m’a appris à voir les personnes qui cachent quelques choses. Je me décale un peu, et la regarde. « Tawny, t’es vraiment bizarre. Tu me caches un truc ou quoi ? » Je la regarde, et perd mon sourire. Tawny me cache quelque chose, j’en suis maintenant certaine.

J’essaie de comprendre, de suivre. Maggie est de retour, je le sais depuis six mois et je n’attendais que le jour où elle allaient enfin pouvoir se voir, se parler, se retrouver pour de bon. Je n’attends que ça depuis onze ans, et d’autant plus depuis six mois. Phoebe était en couple avec Scott et j’ai préféré prévenir Maggie, pas qu’elle ne l’apprenne par quelqu’un d’autre. Mais Maggie elle, est dans une fausse idylle avec son meilleur ami, alors je ne le prends pas véritablement en compte. Pour moi, elles sont toutes les deux libres, et je veux qu’elles se retrouvent pour de bon. Et si je dois les enfermer quelque part à double tour pendant des jours, je crois que j’en serai capable. « On a pas vraiment parlé… tu sais, on s’est collée l’une à l’autre, et on avait même pas besoin de parler, il y  avait les gestes et les battements du cœur qui traduisaient nos pensées. » Je souris, un large sourire émerveillé. J’ai rêvé de leurs retrouvailles depuis si longtemps. Pour moi, elles sont les âmes soeur par excellence. Je veux dire, y’a mes pères aussi, ils s’aiment. Mais Phoebe et Maggie, j’ai assisté à la naissance de leur amour, sa destruction aussi quand Mag est partie. Alors je voudrais vraiment que tout se reforme, peu à peu, doucement, mais qu’elles redeviennent ce qu’elles ont été, qu’elles vivent enfin leur amour au grand jour. « Je, je crois qu’elle est mariée, en fait. Elle avait une bague. Elle m’a assuré que non, mais je sais pas, elle était bizarre Tawny. » Et voilà. La bague. Putain mais elle est obligée de se pavaner avec son gros diamant ? Vraiment Mag, tu crains ! Je me promets de lui envoyer un message dès demain matin. Elle n’a plus personne à qui prouver qu’elle est hétéro, qu’elle vase marier avec un mec. Pourquoi continue-t-elle de faire croire ça à tout le monde ? « Ca me déprime Taw. » Je refuse de la laisser déprimer. Alors je me redresse un peu, et, enjouée, je lui fais comprendre que c’est une merveilleuse nouvelle, qu’elle n’a pas le droit de se laisser abattre. Mais je crois que j’ai mis la puce à l’oreille de ma meilleure amie. Merde. « Tawny, t’es vraiment bizarre. Tu me caches un truc ou quoi ? » Mon coeur s’accélère, merde. Je fronce un peu les sourcils, cherchant une issue à tout ça. Mais il n’y en a pas, je n’ai pas le droit de continuer à lui mentir. Je viens passer mes mains sur mon visage pour le frotter et tenter de retrouver un semblant d’esprit. Après avoir soupiré, je me lance. « Oui bon… tu vas me détester, et je suis désolée mais je pouvais pas te le dire. Promets moi que tu m’en voudras pas ! » Je vois le regard de ma meilleure amie s’assombrir. « Bee j’ai pas eu le choix, j’te promets ! » Elle veut savoir, et je ne compte pas faire durer le suspense plus longtemps. Je soupire et lâche finalement le morceau. « Maggie est revenue depuis un petit moment déjà. Tu étais en couple avec Scott, et elle m’a fait promettre de ne rien te dire. J’ai promis tu comprends ? » Je sais qu’elle va m’en vouloir, mais il faut qu’elle comprenne que Maggie était ma meilleure amie aussi, bien sûr, ce n’est pas comparable à Phoebe qui est comme ma soeur, mais quand même. Je n’ai pas pour habitude de trahir mes amis.

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Maggie est de retour. Après onze longues années, elle semble de retour, enfin, et nos retrouvailles ont été rudes, merveilleuses mais en même temps, c’est comme ci j’étais en pleine overdose. En overdose d’un amour oublié qui ressurgit, sans prévenir avant. En rentrant à la maison, j’étais paumée, et c’est naturellement que j’étais partie en parler à Tawny, ma sœur, enfin du moins, c’est tout comme. Je lui explique tout, de nos retrouvailles intenses en émotion, jusqu’à sa bague qui me perturbe, et qui me laisse à croire qu’elle est mariée, ce qui serait, on se l’accorde, complètement normal. Mais voilà, je ne sais pas pourquoi je ressens tout ça, autant de jalousie, d’amour pour une femme que je n’ai pas vu depuis onze ans, pour une femme à qui je pense quand je couche avec quelqu’un. Je n’ai jamais cessé de penser à elle, jamais. Je regarde ma sœur, qui est vraiment bizarre. Je sais qu’elle cache un truc, je le sens, et je n’hésite pas une seconde à lui faire remarquer. Elle fronce les sourcils, et frotte son visage de ses mains. Je fronce mes sourcils aussi, et la regarde, un peu inquiète. « Oui bon… tu vas me détester, et je suis désolée mais je pouvais pas te le dire. Promets moi que tu m’en voudras pas ! » Mon regard change immédiatement d’humeur, et je sens que la colère va venir prendre la place à la déprime. « Bee j’ai pas eu le choix, j’te promets ! » Je la  fixe. « Putain, accouche bordel. » Elle soupire, et crache. « Maggie est revenue depuis un petit moment déjà. Tu étais en couple avec Scott, et elle m’a fait promettre de ne rien te dire. J’ai promis tu comprends ? » On peut voir la détresse de mon visage passer peu à peu à l’incompréhension totale. Maggie est là depuis combien de temps ? Pourquoi Tawny était au courant ? Pourquoi le fait que je sois en couple avec Scott ai été un frein, sachant que ça fait quand même plus d’un mois et demi que je ne suis plus avec lui ? Je fixe Tawny, et souffle, clairement bien énervée. « Attend, tu rigoles là ? » Je fronce les sourcils, et hausse un peu le ton. « Depuis combien de temps Maggie est là ? DEPUIS COMBIEN DE TEMPS TAWNY ? » Je la fixe, et me lève, d’un bond. Je ne suis pas quelqu’un qui s’énerve facilement, mais là, il y a de quoi clairement. Si ça  se trouve, Maggie est là depuis bien longtemps. Depuis peut être des années, alors que moi, je pensais qu’elle était morte, ou presque. Je fixe ma meilleure amie, et lui pousse légèrement l’épaule, pour la faire parler. « Répond putain ! » Je passe mes mains sur mon visage pour essayer de me calmer, et me met dos à elle, quelques instants pour respirer. Le temps de comprendre vraiment ce qu’il se passe. Je me rassois sur le bord du lit, toujours dos à Tawny. Je ne comprends rien, je comprends plus. Pourquoi elles m’ont cachées une chose pareille ? « Putain Tawny, pourquoi tu ne m’as rien dit ? Pourquoi ? » Je n’ose même pas me retourner, et reste dos à elle, et me mord la lèvre, nerveuse.

Bee me secoue pour que je lui dire, que je lui dire enfin ce que je cache depuis des mois. Faut croire que je suis une bonne comédienne si elle n’a rien réussi à voir. Ça fait six mois que je boue de l’intérieur de ne pouvoir le lui dire, plein de fois j’ai rêvé et lui sauter au cou pour lui dire que Maggie était là, qu’elle était à Island Bay. Mais je ne pouvais pas trahir Maggie. Pourtant je savais que le jour où elles se retrouveraient, on saurait, tous, que ça finirait bien. Je le sais, je le sens. Je connais Phoebe, et je sais que Maggie aussi a encore des sentiments pour elle. Leur histoire est inachevée, elle a pris fin sans qu’elles ne le veuillent alors qu’elle venait tout juste de commencer. Ce n’était pas juste, et aujourd’hui elles ont le droit et la chance de pouvoir poursuivre cette aventure magnifique. « Attend, tu rigoles là ? » Voilà, elle est énervée. Elle ne s’énerve pas souvent Bee, je déteste quand elle le fait, et c’est pire encore quand c’est contre moi. « Depuis combien de temps Maggie est là ? DEPUIS COMBIEN DE TEMPS TAWNY ? » Je sursaute presque en sentant la pression de sa voix compresser ma cage thoracique. Merde, merde, réponds. Est-ce que je dois lui dire ? Je ne sais plus ce que je dois faire, je me sens soudainement perdue. « Répond putain ! » me dit-elle en poussant mon épaule et je souffle un peu. « Six mois ! Six moi… elle est là depuis six mois. Je suis la première personne qu’elle a contacté quand elle est arrivée, elle m’a tout raconté, et m’a fait promettre de ne pas t’en parler. Si tu n’avais pas été en couple elle m’aurait sûrement pas demandé de ne rien dire. J’ai essayé de lui faire comprendre qu’elle devait venir te voir, mais elle a rien voulu savoir. » Phoebe reste dos à moi et ça me fend le coeur. Elle s’assied, dos à moi, je me sens désemparée. Mon coeur bat si vite, je déteste quand on s’engueule. « Putain Tawny, pourquoi tu ne m’as rien dit ? Pourquoi ? » Je sens l’émotion dans sa voix et je m’en veux soudainement. Peut-etre que j’aurai dû lui dire, trahir la promesse faire à Maggie. Mais est-ce que j’aurai pu me regarder dans un miroir ? « Je pouvais pas. J’avais promis. » Je m’approche doucement d’elle, pose une main sur son épaule et mon font contre cette dernière, doucement, en espérant qu’elle ne me repoussera pas. « Elle te racontera, tu comprendras pourquoi elle ne voulait pas chambouler ta vie à nouveau. Bee je t’en prie ne m’en veux pas… » Doucement je viens m’agenouiller contre son dos et j’entoure mes bras autour de son ventre, glissant mon visage dans son cou. « Excuse-moi. »

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Ca y est, la bombe est lancée. Tawny était au courant du retour de Maggie, avant moi, celle qui devrait être au courant la première, car après tout, même si Tawny a souffert, je suis celle qui a le plus souffert de son départ. Je ne suis pas quelqu’un qui m’énerve rapidement, mais là, je pète un plomb, littéralement, je hurle presque, et tous se bouscule dans ma tête, dans mon cerveau. Mes émotions, mon ressenti, ces onze années loin d’elle. Savoir que peut être, pendant tous ce temps, Maggie n’était pas si loin que perturbe, et me déstabilise. Je pourrais être violente, je crois bien. « Six mois ! Six moi… elle est là depuis six mois. Je suis la première personne qu’elle a contacté quand elle est arrivée, elle m’a tout raconté, et m’a fait promettre de ne pas t’en parler. Si tu n’avais pas été en couple elle m’aurait sûrement pas demandé de ne rien dire. J’ai essayé de lui faire comprendre qu’elle devait venir te voir, mais elle a rien voulu savoir. » Je reste dos à elle. Six mois, c’est à la fois court, et long. Il y a six mois, j’ai fais une fausse couche, et j’imagine que j’aurais peut être eu moins de mal à m’en remettre si j’avais eu Maggie à mes côtés. Ma fausse couche m’a traumatisé, vraiment, et même si je sais que c’est une étape de ma vie, je pense que j’aurais préféré que Maggie ai été là, pour me consoler. Elle savait le faire mieux que personne, avant. Tawny, c’est comme ma sœur, et elle m’a consolé, elle m’a écouté, mais ce n’est pas la même chose que si ça avait été Maggie, je le sais. Je lui demande pourquoi elle ne m’a rien dit, et je sens ma colère diminuer, pour laisser place à la détresse profonde. Tawny était au courant putain. J’ai perdu six mois, six mois de Maggie. « Je pouvais pas. J’avais promis. » Je la sens se rapprocher de moi, sa main sur son épaule me réconforte, et je sens son front se poser dessus. Je ne la repousse pas, mais soupire. Je sais ce que c’est les promesses, je sais. Mais bon sang, parfois, elles doivent être brisées, et c’est ce que Tawny aurait du faire, cette fois ci. « Elle te racontera, tu comprendras pourquoi elle ne voulait pas chambouler ta vie à nouveau. Bee je t’en prie ne m’en veux pas… » Elle se colle à mon dos, et passe ses bras autour de moi, et cale sa tête dans son cou. Je penche la mienne pour la poser sur celle de Tawny. Je vois Maggie demain soir, et désormais, je ne suis plus si sereine. Je ne sais pas à qui je dois en vouloir, si je dois en vouloir à Maggie, ou si je dois en vouloir à Tawny. J’en sais rien. Je sens les larmes monter, des larmes de fatigue certainement, mais aussi d’émotion. Je suis tellement fatiguée, que je n’arrive même plus à me contrôler. Et puis je n’aurais jamais du m’énerver comme ça contre Tawny… enfin je crois. « Excuse-moi. » Je la pousse légèrement, et me retourne pour la prendre contre moi. Je ne sais pas vraiment quoi dire, je suis tellement faible, que j’arrive même pas à lui en vouloir vraiment. J’aurais pu lui faire la gueule, mais je sais que je n’y arriverais même pas. J’aime trop Tawny, j’ai trop besoin d’elle. « Tu aurais du m’en parler Tawny. » Je baisse un peu les yeux, et ravale mes larmes. « Tu ne sais pas ce que j’ai ressenti pendant onze ans, tu ne t’imagines même pas. » Les larmes montent à nouveau, et je décide de tout lui avouer, des choses dont je ne lui ai jamais parlé jusqu’à aujourd’hui. « Si je n’ai jamais pu avoir de relations sérieuses, c’est car j’aimais encore Maggie. » Je respire, puis poursuis. « Pendant le sexe, je pensais à Maggie, et il m’est arrivée plusieurs fois d’hurler son prénom, et de me tromper de personne. Si tu savais comme c’est humiliant de penser à quelqu’un autre. » Les larmes coulent le long de mes joues. Je ne contrôle plus rien. « Je n’ai jamais, jamais ressenti d’orgasme depuis Maggie. J’ai faillit, plusieurs fois, mais jamais je n’ai réussi à me libérer comme avec Maggie. Je suis désolé de te parler de ça, mais putain Tawny, si tu savais ce que je ressens en ce moment. » Je cale ma tête dans son cou, à mon tour. « Je la vois demain soir Taw. Chez Pepe & Ronni. Je ne sais même pas ce que je vais pouvoir lui dire, si je dois lui en vouloir. Aide-moi Taw. »

Je savais que ce jour arriverait, je savais qu’elle finirait par le savoir et je redoutais que ça arrive. Parce que forcément elle m’en voudrait, au moins un peu. Sa colère est légitime et c’est bien parce que je me sais fautive que je ne dis rien. J’encaisse simplement sans rien dire et je serre les mâchoires en l’entendant crier. Et puis une fois à peu près calmée, je réponds à ses questions, calmement, et finis par venir la prendre dans mes bras, lui demandant pardon. Elle me pousse de manière à pouvoir se retourner et elle se blottit dans mes bras. Phoebe a vécu des choses vraiment pas drôles. Moi à côté j’ai eu la belle vie, mais je me dis que si je suis là c’est pas pour rien, j’ai mon rôle à jouer avec elle, et la rassurer, la calmer, la consoler, c’est ce que je dois faire. C’est ma mission. « Tu aurais du m’en parler Tawny. » « Je sais. » Elle a envie de pleurer je le sais, je la connais par coeur. Je replace une de ses mèches de cheveux derrière son oreille et la laisse prendre le temps qu’elle voudra, pour me parler ou pour ne rien dire, peu importe, je serai là. « Tu ne sais pas ce que j’ai ressenti pendant onze ans, tu ne t’imagines même pas. » Je secoue un peu la tête. Bien sûr que non je ne sais pas, je n’ai jamais vécu l’amour, et je n’ai jamais perdu l’amour, ni même retrouvé. Ce genre de sentiments, c’est flou pour moi. Phoebe, je l’aime, mais je l’aime comme ma soeur, c’est pas comme quelqu’un qu’on aime avec qui on a envie de passer sa vie. « Si je n’ai jamais pu avoir de relations sérieuses, c’est car j’aimais encore Maggie. » Je garde ma meilleure amie contre moi et caresse son dos comme pour l’inciter à poursuivre. Ce qu’elle me dit là, je le sais déjà. Mais si ça lui fait du bien de le dire alors qu’elle le dise. « Pendant le sexe, je pensais à Maggie, et il m’est arrivée plusieurs fois d’hurler son prénom, et de me tromper de personne. Si tu savais comme c’est humiliant de penser à quelqu’un autre. » Elle ne peut pas me voir, mais j’ai souri. Parce que mis hors contexte, je trouve ça mignon qu’elle ait continué de crier de prénom de Maggie avec d’autres personnes. Et en même temps ça devait être tellement douloureux, je ne peux qu’imaginer. « Je n’ai jamais, jamais ressenti d’orgasme depuis Maggie. J’ai faillit, plusieurs fois, mais jamais je n’ai réussi à me libérer comme avec Maggie. Je suis désolé de te parler de ça, mais putain Tawny, si tu savais ce que je ressens en ce moment. ». Je la serre un peu plus contre moi. « Ne t’excuse pas, tu sais qu’on peut parler de tout, n’aies pas honte de me dire des trucs comme ça. Je comprends. Enfin je peux imaginer comme ça a été difficile. Mais maintenant elle est là. » Phoebe cale sa tête dans mon cou et je la laisse faire, passant ma main dans ses cheveux tendrement. « Je la vois demain soir Taw. Chez Pepe & Ronni. Je ne sais même pas ce que je vais pouvoir lui dire, si je dois lui en vouloir. Aide-moi Taw. » Je secoue un peu la tête. « Tu vas discuter avec elle, elle va te raconter, et tu comprendras que tu ne peux pas lui en vouloir. C’est pas de sa faute tout ça, elle avait rien demandé. Et c’est pas de ta faute non plus si elle est partie Bee. » Je dépose un baiser sur son front, ça me rappelle ce jour où Maggie est partie, quand j’ai retrouvé Phoebe désemparée. Mais j’ose espérer que l’avenir est meilleur cette fois. « Vous allez vous retrouver j’en suis sûre. Je sais qu’elle t’aime toujours. Et toi… on sait. » Je souris et la serre un peu plus fort contre moi. J’ai espoir que tout s’arrange.

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Maggie est de retour, ça y est, et même si je sais maintenant que Tawny était au courant avant moi, je n’arrive pas à être en colère face à elle. Tawny, c’est comme une sœur, presque ma sœur, et je n’ai jamais réussi à lui faire la tronche, même pour les choses les plus grave. Je lui dois tout, il faut dire. Elle a été là dans les pires moments comme dans les meilleurs, elle a réussi à s’abstenir de coucher avec moi quand Maggie est partie. Je dois tout à Tawny, complètement tout. Mais malgré tout, elle aurait du m’en parler, ça n’excuse en rien son comportement. Je n’hésite d’ailleurs pas à lui dire. « Je sais. » Tandis que je ravale mes larmes, elle place une de mes mèches derrière mon oreille, et je me lance. J’ai besoin de me confier à Tawny, là, maintenant, et je ne lui donne pas le choix. Elle me doit bien ça. Je commence par lui dire qu’elle n’imagine pas ce que j’ai ressenti pendant onze ans, et elle secoue la tête. Tawny n’a jamais connu l’amour, je le sais, je le vois au quotidien, elle est volage, et si cela me fait de la peine parfois, je me dis que finalement, elle a bien raison, car l’amour, ça fait mal. Très mal. Et je le sais. Je poursuis mon monologue, et Tawny me garde contre elle, en caressant mon dos, pour m’inciter à poursuivre, ce que je fais, sans gêne aucune. Je lui annonce, me confie, que pendant les relations sexuelles, j’hurlais Maggie, j’hurlais son prénom, car je pensais sans cesse à notre première et dernière nuit toutes les deux. C’était tellement intense, que jamais, ô non jamais je n’ai trouvé égal à Maggie. Les larmes coulent le long de mes joues, et je poursuis, en me confiant encore plus intimement, et lui avoue que je n’ai jamais ressenti d’orgasme depuis Maggie, avant de m’excuser de lui parler de tout ça. C’est tellement intime, peut être même trop, et même si je sais que ma sœur de cœur est ouverte, je ne sais pas si elle est ravie d’entendre ça sur moi. Elle me serre contre elle, et me coupe dans mon élan. « Ne t’excuse pas, tu sais qu’on peut parler de tout, n’aies pas honte de me dire des trucs comme ça. Je comprends. Enfin je peux imaginer comme ça a été difficile. Mais maintenant elle est là. » Je hoche la tête. Je sais que Tawny est sans tabou, mais à ce point quand même, c’est incroyable, et je l’aime pour ça. On peut parler de n’importe quoi avec elle, jamais elle ne m’en voudra, je le sais. Ou alors elle me le dira, mais discrètement. « Elle est là, oui, mais elle est mariée. » En réalité, je n’en sais rien, j’en suis même pas sûre, mais rien que d’y penser, j’ai le cafard. Je suis dans le doute par rapport à ça, et j’aime pas ça. Je cale ma tête dans son cou, et elle glisse sa main dans mes cheveux, et je la serre tendrement. Je change rapidement de sujet, enfin du moins, de thème, et lui demande de l’aide. Demain, je vais au restaurant avec Maggie, et je ne sais même pas quoi lui dire. « Tu vas discuter avec elle, elle va te raconter, et tu comprendras que tu ne peux pas lui en vouloir. C’est pas de sa faute tout ça, elle avait rien demandé. Et c’est pas de ta faute non plus si elle est partie Bee. » Je relève la tête vers elle. Bien sûr, j’ai envie de comprendre, mais je ne suis pas certaine d’être prête à entendre la vérité. Je ne le sens pas trop, et je ne sais pas encore ce que je ressens pour Maggie. Elle embrasse mon front, et je lui décroche un léger sourire. C’est la meilleure pour me réconforter. « Pas de ma faute… enfin j’aurai pu cacher mes sentiments, je connaissais sa famille, c’était évident Taw. Tombe jamais amoureuse, c’est trop affreux, vraiment. » Je hoche la tête. « Vous allez vous retrouver j’en suis sûre. Je sais qu’elle t’aime toujours. Et toi… on sait. » Je lui souris, et elle me serre contre elle. Je la serre une dernière fois, et me décale, un peu. « J’ai peur que ce ne soit pas son cas. » Je respire et poursuis. « Enfin… vu nos retrouvailles, tous me laissait à croire qu’elle ressentait encore des choses, mais on a tellement changé. » Je pense soudain, à la nuit suivant le départ de Maggie. Je me remets à paniquer, et prend mon visage dans mes mains, avant de la relever vers Tawny. « On ne doit pas lui parler de nous… je pense que ce n’est pas utile. » Je la fixe. Je n’ai pas besoin de lui en dire plus, je sais que Tawny va comprendre à quoi je fais référence.

Je trouve mignon que Phoebe s’excuse de parler de sexe avec moi. C’est ma meilleure amie, ce sujet n’est pas tabou. Encore la semaine dernière je lui ai raconté - heureusement sans entrer dans les détails - ma partie de jambes en l’air avec ma patronne. Ça l’a fait rire, forcément, mais moi j’avais jamais ressenti un truc pareil, une osmose de ce type. « Elle est là, oui, mais elle est mariée. » Je fronce les sourcils et secoue la tête. « Non, elle est pas mariée Bee, juste fiancée, mais c’est… enfin elle t’expliquera. » Je préfère qu’elle ne fasse pas de cauchemar cette nuit dans l’idée de savoir que la femme de sa vie est mariée. Non, elle ne l’est pas. Mais je ne me sens pas légitime de lui avouer l’histoire de Maggie, sa fausse idylle avec son meilleur ami gay. Je pense que ce n’est pas du tout une bonne idée, c’est à Maggie de lui expliquer tout ça, pas à moi. Elle me demande ce qu’elle doit faire demain quand elles se reverront. J’essaie d’être de bon conseils mais surtout de la rassurer. Parce que si je suis novice en matière de sentiments, je suis experte en matière de relations. Donc là, il faut juste qu’elle soit naturelle et qu’elle ne parte pas vaincue. « Pas de ma faute… enfin j’aurai pu cacher mes sentiments, je connaissais sa famille, c’était évident Taw. Tombe jamais amoureuse, c’est trop affreux, vraiment. » « N’importe quoi ! Cacher tes sentiments et ne jamais vivre ce que tu as vécu avec elle, aussi court soit-il ? Ne dis pas que tu regrettes je ne te croirai pas. Et je vois bien que l’amour ça fait mal, mais ça se contrôle pas. Et le jour où je vais tomber amoureuse, c’est toi qui devra m’aider ! » Je ris un peu et la rassure à nouveau en lui disant que je suis sûre que Maggie l’aime toujours. Ce que Bee ne semble pas avoir ressenti. « J’ai peur que ce ne soit pas son cas. » Je fronce un peu les sourcils, attendant qu’elle me dise le fond de sa pensée. « Enfin… vu nos retrouvailles, tous me laissait à croire qu’elle ressentait encore des choses, mais on a tellement changé. » Ça c’est sûr qu’elles ont changé, grandit, mûri. Elles ont vécu des tas de choses indépendamment, mais elles se retrouvent aujourd’hui, libres de tout sentiment avec quelqu’un, je suis certaine qu’elle vont retrouver le chemin de leur amour passé. D’après ce que je sens, il est encore présent en chacune d’elle. « On ne doit pas lui parler de nous… je pense que ce n’est pas utile. » Je plisse un peu les yeux, amusée, et finis par rire pour tourner tout ça à la dérision. « Evidemment ! Je vais pas aller lui dire ‘bon écoute, j’ai failli coucher avec Phoebe deux jours après toi, mais pour notre défense on était bourrées' ! » Je continue de rire. « Ça va y’a pas mort d’hommes, on a rien fait au final, ça n’a jamais rien signifié. Mais bien sûr, ça restera toujours notre secret ! » Je lui souris et viens déposer un baiser sur sa joue. « Allez, arrête de stresser. Et puis faut dormir maintenant, t’as une grosse journée pleine d’émotions qui t’attend demain. Tu veux dormir avec moi ? Greezly prend déjà pas mal de place mais on doit pouvoir se serrer ! »

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La bague que portait Maggie à son annulaire me perturbe, vraiment, et elle est restée très vague sur la réponse à ma question. Résultat des courses, je ne sais pas si elle est mariée ou non, mais j’imagine que oui, et qu’elle ne veut pas me le dire, et je décide d’en parler à Tawny, en lui avouant que même si elle est là, c’est comme ci elle ne l’était pas car elle est mariée. Elle secoue la tête, et réplique aussitôt. « Non, elle est pas mariée Bee, juste fiancée, mais c’est… enfin elle t’expliquera. » Je la fixe. Ouais, donc elle est fiancée, et donc, elle est prise. Je frissonne, et cale ma tête dans son cou, pour réfléchir. Maggie n’est pas mariée, elle est fiancée, ça y est, je le sais. Je soupire un peu, et nous passons sur un autre sujet, et pas des moindres, et demande à Tawny de m’aider pour demain soir, pour notre rendez-vous avec Maggie, car je ne sais même pas de quoi je vais bien pouvoir parler. Nous nous sommes tellement éloignées, qu’elle est à la fois une étrangère pour moi et une forte connaissance, et c’est un drôle de sentiment que je ressens. Si Tawny me rassure en disant que ce n’est pas de ma faute, je réplique aussitôt en expliquant que j’aurais pu cacher mes sentiments, en lui conseillant au passage de ne jamais tomber amoureuse. « N’importe quoi ! Cacher tes sentiments et ne jamais vivre ce que tu as vécu avec elle, aussi court soit-il ? Ne dis pas que tu regrettes je ne te croirai pas. Et je vois bien que l’amour ça fait mal, mais ça se contrôle pas. Et le jour où je vais tomber amoureuse, c’est toi qui devra m’aider ! » Elle rigole, et me rassure en me disant que Maggie m’aime toujours. C’est vrai que je n’aurais jamais été capable de cacher mes sentiments, je l’aimais bien trop pour ça, mais je pense que j’aurais du l’empêcher de le dire à ses parents, et de garder cette relation secrète, exclusive, au moins jusqu’à notre majorité. Je soupire un instant, et souris discrètement en pensant au jour où Tawny tombera amoureuse. Je lui souhaite, du plus profond de mon cœur, et puis, en même temps, j’espère que ça sera simple. Mais l’amour n’est pas simple, c’est ça le soucis. « Essaie de trouver une bonne personne alors déjà, et évite les femmes mariées et trop âgées, tu vois de quoi je parle. » Je lui donne un petit coup de coude, évoquant sa relation avec sa patronne. Je ne suis pas vraiment pour… je trouve ça trop bizarre. Mais bon, ce n’est pas vraiment mes affaires. Enfin, un peu quand même, car si jamais, c’est moi qui vais ramasser Tawny à la petite cuillère. Je repense soudainement à la nuit où nous avions fahit coucher ensemble, Taw et moi, et je recommence à paniquer, un peu, et dis à Tawny que je pense qu’il ne faut pas en parler à Maggie. Elle rigole, et je la regarde. « Evidemment ! Je vais pas aller lui dire ‘bon écoute, j’ai failli coucher avec Phoebe deux jours après toi, mais pour notre défense on était bourrées' ! » Elle continue de rire, et je l’accompagne, ce qui me permet de déstresser un peu. « Ouais, clair. » « Ça va y’a pas mort d’hommes, on a rien fait au final, ça n’a jamais rien signifié. Mais bien sûr, ça restera toujours notre secret ! » Je secoue un peu la tête. On a rien fait, ouais c’est sûr. Mais bon, on est quand même allées loin, et elle le sait très bien. Je l’ai même caressé. Je baisse un instant la tête, et Tawny dépose un léger baiser sur ma joue. Je lui souris, et elle reprend la parole. « Allez, arrête de stresser. Et puis faut dormir maintenant, t’as une grosse journée pleine d’émotions qui t’attend demain. Tu veux dormir avec moi ? Greezly prend déjà pas mal de place mais on doit pouvoir se serrer ! » Je me tourne vers Greezly en rigolant. C’est vrai qu’il prend pas mal de place, ce chenapan. Je baille, de manière involontaire, et regarde Tawny en remontant un peu la couette sur moi, car je commence à avoir un peu froid. « Ouais, dormons ensemble, comme à l’ancienne. » Je lui fais un clin d’œil, et m’allonge, doucement dans son lit, en poussant Greezly qui part finalement s’installer à nos pieds. Je me colle un peu à Tawny, comme un koala à sa  branche. « Merci d’être là. Je t’aime tellement tu sais. » Je relève les yeux vers elle en souriant. Tawny, c’est encore mieux qu’une sœur. Nous nous endormons rapidement, l'une contre l'autre, comme quand nous étions gamine.