Il est capable de filer plus vite que Severus Rogue confronté à une bouteille de shampoing.

 

Rhea Lestrange

'Cause that's you and me both

 
 

les informations en vrac

La famille ça a toujours été quelque chose de sacrée à tes yeux. Tu as vu le jour au sein d'un couple aimant, tu étais désirée, tout comme le gnome. Ton gnome. Tu donnerais tout juste pour le voir sourire. Parce qu'Icare c'est ta vie. T'as pas envie qu'il se brûles les ailes, tu veux qu'il sente le soleil et non qu'il fonde. Tes parents n'ont pas eu besoin de te confier la mission de le protéger quand tu as vu cette bouille, tu as su. Tu as su que c'était ton job. Qu'envers et contre tout, tu ferais de sa vie un paradis, qu'il garderait son âme de gosse. C'était sa mission et t'as tout fait pour, même te sacrifier pour qu'il ne voit pas à quel point tu avais sombré … Lestrange envers et contre tout. La folie vous importe peu, parce que vous savez d'où vous venez. Que ces deux êtres s'aimaient à la folie. Il ne reste plus que vous à présent. ♫ Ta mère c'était un joyaux, un diamant brute. Icare en est son portrait craché, la folie de ton père en plus. Tu as eu le temps de les voir joyeux, de partager quelques moments de bonheur avec ces deux êtres. À tes yeux personne ne pourra jamais prendre leur place. Ils ont tenté, mais ils ont échoués. Malheureusement pour toi, tu as dû jouer le rôle de « maman » , mais ça ne te plaisait pas. Tu préférais celui de grande sœur. Tu as pris soin de tout dans la maison, parce que c'était normal à tes yeux. Que tu voulais pas qu'ils vous attrapent. Tu ne voulais pas partir. Gamine tu méprisais déjà ceux qui vous jugeaient, ces gamines qui se moquaient de ton père. Juste parce qu'il n'était pas « normal », il a perdu l'amour de sa vie, à tes yeux ses réactions étaient normales. Tu fonçais toujours la tête baisser pour leur fermer leurs clapets. Personne ne devait se moquer de ton père. Et puis y a eu ce jour… Ce jour que tu n'arrêtes pas de ressasser, ton erreur … Ta stupide erreur qui a mis un terme à tout ça. C'est ta faute et tu n'en démordras pas. ♫ T'avais neuf ans à l'époque, mais tu t'en souviens comme ci c'était hier. Ton frère. Ton père. Et cet homme. Ce représentant des forces de l'ordre. C'est peut-être pour ça que tu n'aimes pas l'autorité. Tu as toujours eu une dent contre eux et pire après ce jour-là. A cause de ta stupide erreur, de ton manque d’inattention, tu t'es faite repérer. Te retrouvant devant des gens qui t'interrogeaient. Ils voulaient savoir tout sur toi et surtout : pourquoi tu volais cette paire de basket. Tu n'as rien dit. Parce que tu n'es pas de ce genre là. Que tu te devais de protéger ton père et ton frère. T'avais que neuf ans, mais t'as rapidement compris le sens de la vie. Pourtant ils ont finis par te conduire à la maison. Vous enlevant un peu plus tard. Tu te revois tenir la main de ton frère dans cette voiture. Le tenir contre toi dans ce lit blanc. Rager contre la dame de l’accueil qui voulait vous séparer. Parce que c'était  « mieux » et surtout « les règles ». T'as jamais cédé. Ensemble ou rien. Et se fut ensemble. Cette petite main tu l'as toujours gardé dans la tienne. ♫ Nouveau pays. Nouvelle langue. Il t'a fallu du temps avant de t'y habitué. Toi petite italienne, qui ne rêvait que de ta chaleur du sud. De ses odeurs que tu sentais en remontant la rue pour allez chez toi. Tu t'es retrouvé dans cette ville, Island bay. Ce dégoût pour ces gens qui voulaient faire de toi la parfaite petite « princesse » titre qui t'a toujours répugné. T'aimes pas être dans une idée préconçue de la société. Toi à neuf ans, tu ne rêvais pas au prince charmant, mais à ce batteur qui viendrait te chercher à moto. Parce qu'avouons-le : c'est plus cool d'avoir les cheveu dans le vent et ça pue moins. Tu n'aimais pas les barbies, mais les playmobils et tout autres jeux de gars. Tu jouais au lego avec ton frère parce que c'était fun de le voir inventer des histoires hors du temps… comme ton père. Alors oui il t'a fallu du temps pour t'y faire à cette ville. Tu t'y es faite, mais jamais à ces gens. Ceux qui sont devenus tes « tuteurs ». Tu n'as jamais voulu d'eux dans ta vie, aussi « gentils » soient-ils. ♫ T'es rapidement passée du côté « obscur » de la vie. Allant toujours plus loin dans l'interdit. Les fréquentations. La clope. L'alcool. Le sexe. Puis la drogue. Tu fus une de ces gamines précoces, avides de nouveauté. Parce que l'ennuie tu en as horreur et surtout que tu voulais tout faire pour les faire rager. Tu étais en mal être. Besoin d'expulser toute cette rage. Recherchant un peu d'amour autre que sous ton toit familiale. Tu ne voulais pas être là et tu leur as parfaitement fait comprendre. À tes yeux, ils ne se sont jamais battus pour tenter de te comprendre ou quoique ce soit. Ils voulaient un fils, ils ont eu toi en lot. Une corvée à leurs yeux, c'est ce que tu ressentais. Alors tu t'es fait un plaisir de leur rendre la vie dure. ♫ Puis la sentence est tombée : pensionnat. Ils ont voulu t'exiler loin de lui. Loin de ton rayon de soleil. T'as été trop loin. Tu as poussé le vice hors des limites. Sur le coup tu t'en foutais. Tu ne pensais pas qu'ils mettraient leurs menaces à exécution. Et pourtant … tu as du subir l'uniforme, la rigueur. Un moment douloureux de ta vie, mais tu y as fait de bonne connaissance. Et puis tu as pu rester loin d'eux. Y avait que lui qui te manquait. Sauf qu'à l'époque tu n'étais pas fréquentable. ♫ Parce que les conneries ne se sont pas arrêtés là. Tu as doucement sombré. Au point de te perdre. Oublier qui tu étais et d'où tu venais. Tes repérés tu les avais oublié aux bras de cet apollon. Il t'a fait croire monts et merveilles. T'avais dix sept ans et rien dans la tête. Tu n'aurais pas pu te douter des représailles. Du fait qu'à cause de lui tu as perdu une amie. Une partie de ton être. Alors ouais t'as enchaîné les soirées, les railles. T'as bien profité. Puis tu t'es réveillée. Sur ce putain de fauteuil, dans ce putain de couloir. Les poils hérissés. Seule. Plus personne. Parce qu'il avait pris la fuite. Qu'elle n'était plus là… et qu'elle ne le sera plus jamais. ♫ Ils ne t'ont pas sauvés de cet enfer. Tu t'y es sauvée toute seule. T'avais pas le choix. T'as rassemblé le peu de courage qu'il te restait. Affrontant les conséquences de tes actes. T'as bien morflé, douillé pour cet acte. Qui n'était pas le tien, mais fallait un responsable. Tu portes d'ailleurs son prénom sur tes côtes. Symbole de votre amitié.  Une façon de l'avoir toujours dans la peau. Les cicatrices sur tes mains renvoient à tes heures de services communautaires. Tu t'en es sortie, mais pas la tête haute. Honteuse de tes actes. Il t'a fallu du temps avant d'accepter la nouvelle toi et de reprendre goût à la vie. ♫ Le temps a fini par guérir tes plais. Tu t'es reconstruise. T'as appris de tes conneries. Tu as refait confiance en la vie. T'as mal bougé. Installable sur tous les plans. Tu as pas mal voyagé, parce que tu voulais découvrir le monde. Tu savais qu'ils ne voudraient pas que tu reviennes. Surtout pas avec tes antécédents. Ils n'auraient jamais voulu que tu reviennes ainsi dans la vie de ton soleil. Tu ne voulais pas que par ta faute il se brûle les ailes, comme tu as fait. Se fut dur de se tenir loin de lui. De ne pas pouvoir prendre de nouvelles. De ne pas être là pour les étapes importantes de sa vie. De l'aider tout simplement… mais c'était le mieux. Parce que tu n'étais pas « fréquentable » à l'époque. Et puis ce mail est arrivé. Te rendant le sourire et le goût de la vie. Tu t'es battue pour qu'il soit fière de toi. Et tu continues encore. ♫ T'as jamais eu froid aux yeux. Tu ne mâches pas tes mots. Tes amies t'ont longtemps surnommés  « la folle », « la bête », « la chieuse », juste parce que tu savais ce que tu voulais. Que tu ne te taisais jamais, ô que non. Tu ne laissais personne te marchait sur les pieds.. Sauf lui, mais erreur de jeunesse. Qui n'en fait pas ? Tu as un sale caractère et tu le sais. Tu l'as toujours revendiquer. Celui qui n'aime pas : qu'il trace sa route. C'est à prendre ou à laisser. Tu ne veux plus changer pour quelqu'un ou alors faut vraiment que cette personne te marque… Et autant dire que ce n'est pas encore arrivé. ♫ Tu aimes la musique. Elle joue sur tes émotions. Tu ne conçois pas une vie sans un air. Tu ne supportes pas rester plus de deux minutes dans le silence. Ça t'effraies. Tu n'aimes pas t'entendre penser. Tu as bien souvent tout le temps tes écouteurs sur les oreilles. Lorsque tu es de bons pieds tu les retires et te laisser aller sur la musique. Profitant de chaque décibel. ♫ Tu n'as plus confiance dans l'espèce masculine à cause de ton ex. Tu n'attendais rien de lui et pourtant il a su te transporter. Te faire de nouveau croire en l'amour. Te faire des promesses d'infinies. Vous aviez tout. Tout pour que tu sois bien. Et au final ton petit monde a volé en milles étoiles. Tu as pris tes affaires et retour à la case départ. Parce qu'il ne méritait pas tes larmes. Et puis toute façon il n'y avait plus rien pour toi là-bas. Tu as pris soin de saccager son appartement, le rendant … invivable. Il n'a jamais voulu te mettre sur le bail ? Il en paye les frais à présent. Quand à sa pouffe, elle a juste reçu ses talons dans le pare-brise de sa voiture. Ça lui apprendra à coucher avec des mecs en couple. Oui, il ne faut pas te chercher, mais tu pars du principe que la vengeance est un plat qui se mange froid.  Messieurs vous êtes intéressés : fuyez. Si vous êtes courageux, car elle vaut le détour … Parce qu'une Rhéa amoureuse, ça vaut tout l'or du monde. ♫ Tu n'es pas très féminine, surtout pas dans ta manière de parler ou de te comporter, mais ça lui arrive de l'être. Bien sûr tu ne passes pas une heure dans la salle de bain. En cinq minutes s'est expédié. Tu es naturelle. Quoiqu'il arrive, mais tu as ce petit côté féminin qui ressort sous tes vêtements. Oui, tu as un pêché mignon : les sous vêtements. Tu aimes te sentir féminine en dessous de ton tee-shirt XL. Tu t'en fous si personne ne les voit, c'est avant tout pour toi toute cette dentelle. ♫ Gamine tu passais ton temps à courir. Tu n'as pas perdu cette habitude, le sport c'est ton échappatoire. Tu adores te dépenser et relever différents challenge. À tes yeux c'est une bonne drogue, plus douce et moins dangereuse que celle que tu as testé par le passé. Tu ne commences jamais une journée sans un bon footing. Tu aimes te lever tôt et courir pendant que le soleil se lève dans ton dos. Une bonne musique dans les oreilles et tu pars. Dans ces moments là, rien ne t'arrêtes. ♫ Tu reviens en ville, pour ton frère. Ce besoin d'être près de lui, de le retrouver, puis aussi pour un nouveau départ. Tu sens que tu en as besoin. Tu as entendu parler de ses amies. De sa bande de pote. Tu es contente pour lui. Tu aimes le sentir entourer. Il t'a même prêté son canapé le temps que tu trouves un petit chez toi. Ce qui est chose faite à présent .. Tu as même connaissance avec ce gars, ce voisin.. étrange. Qui ne cesse d'être là dans les pires situations. Oui parce que tu maintiens que ce n'était pas de ta faute si ta main s'est retrouvée coincer dans ta boîte aux lettres… c'était juste un concours de circonstance … Et il a joué au preux chevalier. Ça t'a soûlé sur le coup, mais tu ne peux pas nier que t'as apprécié, parce qu'il a un sourire qui te donne envie d'y revenir …


 

les indiscrétions sur le joueur

 

l'histoire de ma vie

A la guerre et en amour, tous les coups sont permis.

« Rhéa Eppings » Je ne bouge pas. Je sais que son regard est pointé sur moi, mais je ne bougerais pas. « Rhéa. » Elle insiste. « Ce n'est pas mon nom. » Je passe devant elle, sans un regard, avant de prendre place dans son fauteuil, confortable. Au prix où on la paye encore heureux qu'il soit confortable. « Alors, tu sais pourquoi tu es là ? » Elle me fixe, attendant sûrement une réponse de ma part, mais qu'elle rêve. Je ne lui ferais pas ce plaisir. Ils m'ont forcé à venir ici, mais ils me forceront pas à parler. « Tes parents… - c'est pas mes parents. » Je ne supporte pas qu'on dise ça. Ils ne sont pas mes parents et ne seront jamais mes parents. Mes vrais parents sont loin, trop loin. Je me racle la gorge et tourne le regard. Ils pensent quoi ? Qu'en m'emmenant ici, je vais parler et devenir une bien gentille fifille. Je ne suis pas leur poupée. Ils ne feront pas de moi ce qu'ils veulent. Toute façon, ils ne voulaient pas de moi. Je le sais et elle le sait. Oui, elle a beau faire comme-ci elle ignorait qui j'étais, elle sait ce qu'elle doit dire ou ne pas dire. « D'après eux ça serait bien que tu te confies et parles de ce que tu ressens. » La blague. Un rire s'échappe de ma bouche. Que je parle de ce que je ressens ? On m'a arraché à ma terre natale, à mon père, ma patrie, ma vie. Tout ça pourquoi ? Parce que j'ai merdé, j'ai fait une toute petite erreur et me voilà à dix milles lieux de ma maison, de ma vraie maison. Pas cette maison, elle est trop parfaite, pas un plie de travers. Tout ici me fait horreur, a commencé par la langue. Cet anglais qu'on ma forcé à parler, apprendre, mon italien c'est ce qui m'a toujours défini. « Rhéa je me doute que ça ne doit pas être facile pour toi. » Je braque mon regard sur elle. Sérieusement ? « parce que vous pensez vraiment me sortir un speech de la sorte et vous attendre à ce que je me confie ? Vous pensez vraiment savoir ce qui se passe dans ma tête et surtout me comprendre ? » Oui, je suis mauvaise, mais je ne supporte pas qu'on me dise ça. Elle ne peut pas comprendre. Je doute qu'à neuf ans, elle fut envoyer dans une autre famille que la sienne, pire dans un autre pays. Alors non, elle ne peut pas comprendre ce que je vis depuis maintenant quatre ans. Ici c'est une prison à mes yeux. J'ai fait une erreur et on m'envoie dans cette prison. Je veux partir.

Je fixe mes mains. Les écorchures sont encore là. Je tremble, j'ai envie d'être ailleurs. Loin. Je fuis son regard depuis déjà dix bonnes minutes. J'ai toujours détesté ce genre d'endroit et une fois de plus : on m'y oblige. On m'oblige à venir ici, à parler de moi, dire ce que je ressens. J'ai pas envie de tout ça. Ce n'est que des conneries, ce n'est pas un psy à deux balles qui va m'aider. Ce dont j'ai besoin c'est d'elle. Je l'ai laissé tomber. Je l'ai lâchement abandonné … pourquoi ? Un plaisir de plus. Et elle a succombé. Le rail de trop comme on dit dans le coin. Et lui ? Quedal. Il m'a planté. Il a pris les jambes à son cou et s'est tiré. Me laissant écoper de ses emmerdes. C'est lui qui devrait être là et non moi. J'ai rien fait. Enfin si. Je l'ai abandonné. J'aurais dû être là pour elle. J'aurais dû lui tenir ses cheveux, mettre mes doigts dans sa gorge, l'empêcher de partir. La retenir. Qu'elle soit toujours à côté de moi. Que je puisse voir à nouveau son sourire. Il était si radieux, chaleureux. Je renifle, remontant mon sweet sur les mains. Essuyant au passage la larme qui s'échappe. C'est encore trop frais. J'ai pas besoin d'être là. « Je te forcerais pas à parler, mais je vois ici que tu as un parcours difficile ... » Et voilà, il coupe enfin le silence. Je rabats mes jambes contre moi. J'en ai rien à faire de mettre mes pieds sur son fauteuil. Mon regard toujours dirigé vers cette fenêtre. Ce que je sais faire de mieux : contempler, rêver, imaginer, idéaliser. Je rêve d'un ailleurs, mieux que ma vie actuellement. Je rêve de sa bouille, de le serrer contre moi, de lui parler, d'entendre le son de sa voix. Je rêve qu'il ait une vie bien meilleur que la mienne. Parce qu'il le faut. Il faut que l'un de nous deux s'en sorte. Qu'un de nous deux soit heureux. « Rhéa .. » Il insiste. Persiste à vouloir me faire parler. Je ne change pas de regard. À quoi bon ? Il va me dire que ça me ferait du bien. Un discours de plus dans la liste. Je n'en suis pas à mon premier. Ils disent tous pouvoir, m'aider, mais qui le peut vraiment ? Au bout d'un moment, je finis par poser mon regard sur lui. « Ma mère est mort peu de temps après  la naissance de mon frère. J'ai dû assumer son rôle parce que mon père a perdu la tête. Il s'est concentré sur ses expériences, mon frère était fasciné par ce personnage. Moi aussi. Et j'ai tout foutu en l'air. J'avais que neuf ans et j'ai tout merdé ! Et depuis ma vie est un enchaînement de connerie. Je viens de perdre la seule personne, hormis mon frère qui ne m'ait jamais jugée ! Je l'ai perdu à cause de mon erreur. Parce que j'ai été lâche et égoïste. Que je paye les prix de ses conneries. J'assume parce que dans le fond c'est c'que j'mérite ! Alors doc ! Vous allez faire quoi pour moi ? Me filer des médocs parce que je suis instable ? Capable du pire comme du meilleur ? Ou alors vous allez continuer à me réciter vos pseudos discours.. vous êtes pas le premier qu'on m'envoie voir et si les autres n'ont pas réussi. J'vois pas c'que vous pouvez faire de plus ! » Je reporte mon regard vers la fenêtre. Je n'ai plus qu'à attendre les trente minutes restantes, avant de sortir d'ici. Je sais qu'il ne dira rien. Il va se contenter de prendre des notes, de m'analyser, puis il dira « à la semaine prochaine » parce qu'ils disent tous ça. Je suis un cas, un dossier de plus qui se passe de main en main. Qui voudra sauver cette pauvre fille ? Pas lui. Quoiqu'il pourra se montrer téméraire, mais soyons réaliste. J'ai pas envie qu'on me sauve.

« J'te récupère là dans une heure. » Il m'attrape par la taille et je me laisse faire. Je laisse repartir sur sa moto. C'est à contre cœur que je rentre dans ce bâtiment. Un énième rendez-vous chez le psy. J'ai vingt deux ans et j'en suis toujours là : des séances chez le psy. D'après mon « entourage » ça me fait du bien. Jules trouve ça naze, mais bon lui le jour où il s'ouvrira … ce n'est pas gagné. La porte s'ouvre à peine ai-je franchi le seuil de la salle d'attente. J'en conclus que je suis pile à l'heure. Parfait, pas besoin d'attendre dans cette pièce. Ma patience a toujours eu des limites. Il me sourit et m'invite à prendre place. Je dépose le casque à mes pieds. « Alors Rhéa, quoi de beau depuis la dernière fois ? Toujours des cauchemars où ils sont nuancés. » Lui il ne perd pas de temps.  C'est ça que j'aime bien chez lui. « Ils sont toujours présent, mais me font moins « mal » qu'avant … lorsque ça survient, j'me réveille et puis y a Jules. » ça m'fait sourire de penser ainsi. Qui aurait cru que je retomberais amoureuse. Que je me sentirais bien, limite proche du bonheur. J'ai trouvé un job en tant que serveuse et je dois dire que je ne suis pas trop mal dans ce rôle. On a pris un appartement, oui « on » autant dire que c'est tout nouveau pour moi. « J'arrête pas de repenser à lui, j'me demande si ce n'est pas le bon moment pour reprendre contact mais j'ai peur ... » Je commence à jouer avec mes doigts. Oui, je suis nerveuse. « C'est normal, cela fait un moment que vous lui avez parlé. Vous avez peur qu'il vous rejette, mais c'est votre frère ... » Mon gnome et il n'a pas tort. C'est vrai que j'ai peur qu'Icare me rejette. Je n'ai pas été présente durant ces dernières années. Je me suis barricadée dans ma bulle. Le rejetant, mais c'était pour lui. Je ne voulais pas qu'il voit ce que j'étais devenue. « J'ai peur qu'il ne comprenne pas que j'ai fait ça pour lui… J'suis pas fière de ce que j'étais à l'époque et j'suis en transition pour le devenir, mais j'veux pas qu'il se focalise sur ça... » Je sais ce qu'il va me dire et j'ai raison puisqu'il le dit. Je ne peux pas savoir, s'en avoir essayé. Il faut que je prenne le risque. Sauf que ce n'est pas aussi facile que ça. À chaque fois que je me retrouve devant son adresse mail ou son numéro, je bloque. Je me dégonfle et passe à autre chose. Jules me comprend pour ça, il n'ose pas recontacter son frère, on est dans le même panier. Qui vivra verra, comme il le dit si bien. Sauf que la trouille m'habite. Et s'il ne voulait plus de moi dans sa vie ? Je le comprendrais, mais j'aurais tellement de mal à l'accepter. Parce que j'ai peut-être stoppé tout contact, mais y a pas un jour ou j'ai cessé de penser à lui… et lui ? Est-ce qu'il pense à moi. À notre famille, la vraie … toutes ces questions que je me pose et dont j'aurais les réponses que j'y le contacte.. si je prends mon courage à deux mains. De tout ce que j'ai affronté, j'ai l'impression que celle-ci est la plus dure … les travaux d'intérêts me paraissent comme une rigolade à côté de ce coup de fil. Peut-être parce que dans le fond ça me tient plus à cœur que réparer mes erreurs …

Je souffle. Mon regard se perd sur ses diplômes, elle me sourit. Je l'aime bien. Elle a l'air cool et plutôt douée dans son domaine. Heureusement pour elle. « Comment ça va aujourd'hui ? » Je joue avec mon cordon. La vraie réponse ? Je sais que c'est ça qu'elle veut. « J'sais pas trop. J'pense que oui. Je me reconstruis. J'ai trouvé un appart', de quoi faire mon trou. Du boulot et avec l'équipe ça va. J'ai mon frère à côté de moi… j'pense que je devais dire que ça va. » Deux mots, un sentiment. Elle continue de noter en gardant son sourire. Est-ce que je vais vraiment bien ? Un mois que je suis ici et tout s'enchaîne super vite. En même temps, je n'ai pas pris le temps de souffler. Depuis que j'ai  eu le droit à cette « surprise » … j'ai pris mes affaires et pouf me voilà ici. J'ai pris soin de me venger avant. Jules et ses pseudos conneries, ça m'apprendra à faire confiance à un mec. Tous les mêmes. « Et ce sentiment. » hein ? Je redresse les yeux vers elle. Je vais croire qu'elle lit dans mes pensées. « J'sais pas trop, hormis Icare j'évite la gente masculine le plus possible. J'sais que je peux être imprévisible. Suffit de voir ma réaction avec mon voisin ...» Je souris en y repensant. Le pauvre, je n'y suis pas allée de mains mortes avec lui. « Vous l'avez recroisé ? » Bonne question. « J'crois, mais j'suis pas sûre, toute façon, il doit me prendre pour une cinglée. Il n'aurait pas tort, mais j'sais pas. Quand j'suis en présence d'un homme, j'peux être capable du pire comme du meilleur. Ça me renvoie tellement à tout ce bordel. » Soit mon passé avec les hommes. On peut pas dire que je fus gâté. « Toute façon je sais que j'suis pas prête pour une nouvelle histoire. J'compte adopter des chats et finir vieille fille ! Ça me fera le plus grand bien. » Elle paraît amuser par ma réponse. « Vous ne pensez pas à reprendre contact avec lui ? » Toucher. Quand je dis qu'elle est douée. « J'sais pas trop. J'ai retrouvé sa trace, mais j'ai peur de ce qui s'y cache. Puis j'dois en parler à Icare. J'sais pas ce qu'il en pense, je sais qu'au fond ça nous ferait du bien, à tous les trois… fin j'en sais rien. » C'est pas quelque chose que j'aime encore aborder facilement. Ma famille, mon père, mes racines. C'est une partie de moi qui m'effraie … une partie que j'ai enfouie au fond de mon coeur et j'ai peur des conséquences. De tout ce que ça va impliquer. J'ai tourné la page sur mes rancunes, sur mes déceptions. Je ne suis plus la même, enfin j'ai toujours ce caractère de merde. Je me fous toujours dans des situations improbables mais j'ai peur.. Peur de décevoir la gamine au fond d'moi et surtout Icare.. « Vous savez ce qu'on va faire. » Elle m'intrigue, je fronce les sourcils. « Je vous mets au défi de parler à votre voisin et de voir ce qu'il en ressort. - Vous voulez que je me ridicule encore plus ou que je finisse au poste de police ? » Je la regarde amuser par ses propos. Apparemment elle paraît sérieuse. « On sait jamais, la vie nous surprend toujours... » ça c'est sûr. Qui aurait cru que je finirais par aller voir un psy de mon plein grès. J'ai vingt six ans et je suis toujours derrière ce bureau. Plus de treize ans qu'on me force à consulter. Qu'on pense que ça peut m'aider et voilà qu'à présent, j'y vais de mon propre sort … la vie est vraiment imprévisible … et j'ai peur de ce qui m'attend au prochain tournant …