l'histoire de ma vie
She had trouble with herself
Naissance à Naples (Italie)
« Ciao tesoro, come stai ? » disait Norina le visage légèrement penché vers son nouveau-né. La jeune maman glissa le bout de son index contre la joue du bébé endormi dans ses bras. Paisible, Norina ne pu s'empêcher de sourire en regardant avec attention sa fille.
« Tu es magnifique... » ajouta-t-elle en laissant une petite larme couler. Après avoir vécu une grossesse facile, Norina pensait réellement que le bonheur existait. Jonathan son mari, avait accepté la demande de sa femme pour accoucher à Naples alors qu'il aurait voulu que son bébé naisse à Wellington. Mais, par amour pour la jeune femme, le Directeur de Communication aurait pu lui céder n'importe quoi tant il l'aimait.
« Olivia, mon bébé. » souriait le jeune père en glissant son index dans la main du nouveau-né. A cet instant là, rien ne pouvait lui gâcher son bonheur. Il se pencha pour embrasser le front de sa femme avec tendresse et douceur en ajoutant tout bas pour ne pas réveiller leur enfant.
« Merci de m'avoir donné le plus beau bébé. » Norina ferma ses paupières sous le geste de son mari en ne cessant de sourire avec délicatesse.
« Merci à toi de m'avoir donné la vie que j'ai toujours voulu avoir. »13 ans
« PAPA ! » criait Olivia de sa chambre. Jonathan se leva d'un bond du canapé avant de courir à toute allure dans les escaliers.
« Chérie qu'est-ce qui se passe ?! » s'exclamait-il en poussant la porte de la chambre de l'adolescente. Olivia se tenait debout devant lui habillée d'une robe blanche tâchée de peinture sèche.
« Mais qu'est-ce que .. ? » « Regarde ce que ta fille a fait ! Dis-lui de s'en prendre à quelqu'un d'autre mes vêtements ne sont pas à sa disposition ! » râlait-elle en passant ses mains dans ses cheveux.
« Je peux pas aller à ma représentation comme ça ! Fais quelque chose je t'en supplie ! » Le père de famille esquissa un sourire amusé en posant sa main contre sa bouche.
« Non è divertente. » le regardait-elle en fronçant des sourcils. Olivia devait jouer un morceau au piano devant tous les parents d'élèves inscrits au conservatoire de musique en ce dimanche matin et bien évidemment, Maddalena avait ruiné sa matinée.
« Je suis sûr qu'il y a une explication à ça, elle n'a que onze ans et Maddie voulait peut-être te faire une blague. » disait-il tendrement en penchant sa tête sur le côté. Très proches, Olivia et sa petite sœur étaient liées par un amour fusionnel qui ne cessait de grandir avec l'âge. Pourtant, aujourd'hui, la blonde aurait bien voulu se passer de ce petit jeu qui l'agaçait au plus haut point.
« Mets ta robe orange, elle est jolie et elle te va bien. » s'exprimait Jonathan en franchissant la porte de la chambre pour partir.
« Eww non jamais. Ca se voit que t'es un garçon. » riait-elle en faisant une mine de dégoût. La blonde retira sa robe customisée par sa petite sœur en lâchant un second rire. Bien sûr que ce problème vestimentaire était secondaire, seulement ce matin en se réveillant, l'adolescente était profondément sous pression et son stress n'arrangeait absolument pas les choses. Au fond d'elle, Olivia savait qu'elle n'en voudrait plus à sa sœur avant la fin de la journée.
16 ans
« Monsieur Hill m'a dit que tes notes n'étaient pas terribles depuis quelques semaines. Il y a quelque chose dont tu voudrais me parler ? » demandait Norina assise au bord du lit de l'adolescente. Olivia ne rencontrait pas de problèmes de comportement au lycée, plutôt calme en cours, elle se défoulait surtout lors des interclasses en riant avec ses amis et discutant de divers sujets. Là n'était pas le coeur du problème. Le soucis c'est qu'elle avait rencontré un garçon il y a quatre mois et qu'aujourd'hui il est avec une autre.
« Non. » disait-elle couverte jusqu'au cou avec sa couverture. Le tout était de ne pas regarder sa mère dans les yeux de peur qu'ils trahissent ses émotions. Norina avait le don de toujours trouver ce qui se tramait dans la vie de ses filles d'un simple regard, surtout avec Olivia qui n'arrivait décidément pas à cacher ses ressentis.
« C'est à cause d'Ekaitz ? D'ailleurs qui appelle son enfant comme ça ? » se demanda la mère de famille en haussant des sourcils. Olivia se redressa pour prendre appui sur son avant bras étonnée.
« Qui a craché le morceau ? C'est Maddie encore ? Je vais la tuer.» soupira-t-elle en se laissant retomber sur son lit double.
« Non et tu ne tueras personne, j'ai seulement entendu une de tes conversations téléphoniques hier soir et ça n'a fait que confirmer mes doutes quand j'ai été à la réunion parents-professeurs ce matin. » Élève moyenne, Olivia ne s'était jamais fait remarquer en classe. A vrai dire, à part les bosseurs, qui voulait bien être assis au premier rang ? Elle, en l’occurrence. Du moins, elle n'avait pas le choix. Pour mieux voir le tableau de la salle de classe, il était nécessaire pour l'adolescente de s'installer tout devant à cause de sa myopie. Honteuse, elle n'avait jamais avoué à ses amis qu'elle portait des lunettes. Il était temps d'ailleurs qu'elle demande à ses parents des boites de lentilles.
« Ca va c'est rien. J'ai juste besoin de déprimer quelques jours et après tu reverras Olivia. » disait-elle en affichant une petite moue à sa mère. Peu inquiète, Norina glissa une mèche brune derrière l'oreille de sa fille avant de déposer un baiser contre le bout de son nez en ajoutant.
« Avec le temps tu te rendras compte que ce n'était pas si grave. »22 ans
« Bonjour pourrais-je avoir votre billet et une pièce d'identité au nom du billet ? » C'était plaisant de travailler dans un lieu aussi agréable. Bagages, tableaux d'affichages inscrivant toute sorte de destination, larmes, câlins… Olivia ressentait beaucoup de choses dans cet aéroport rien qu'en discutant avec certains voyageurs.
« Oh wahou. L'Argentine ? » « Je pars rejoindre mon époux. » confirma la brune en lui tendant son passeport.
« Il travail là-bas en tant que boulanger et on attendait le bon moment pour s'y installer définitivement. Vous y êtes déjà allée ? » ajouta-t-a la femme un sourire aux lèvres.
« Non, mais j'aimerais beaucoup. » affirma Olivia un peu rêveuse.
La jeune femme retira son uniforme dans sa voiture garée sur le parking employé afin d'enfiler une tenue civile. C'était une assez longue journée et il était temps qu'elle rentre chez elle auprès de son petit-ami pour se reposer. Sa mère n'avait jamais acceptée Ekaitz depuis le lycée. Norina voyait constamment sa plus grande fille rentrer en larmes alors qu'elle habitait encore dans la maison familiale et ça la rongeait. C'était un amour très destructeur, un peu trop, mais depuis la fin du lycée certaines choses avaient changées et certains points s'étaient envolés. Ensemble depuis l'âge de dix-sept ans, le couple ne s'était jamais réellement séparé de plus de quelques semaines. L'été ils voyageaient ensemble et parcouraient l'Europe, l'Asie ou l'Amérique du Nord en sac à dos, Ekaitz l'avait même suivi à Paris durant un an pour comprendre le droit international au sein d'une fac réputée. Ils vagabondaient à travers les villes et seul leur amour les encourageaient à continuer sur cette voie là l'été. Seulement, depuis qu'Olivia a obtenu son diplôme il y a deux ans, Ekaitz voyageait avec ses amis sans sa copine qui n'avait jamais les mêmes vacances que lui. Et quand elle posait des jours en commun, ce n'était jamais assez suffisant pour visiter un pays. Le jeune homme était encore étudiant en fac de Droit et souhaitait être au barreau dans quelques années. Passionné par ses études et travaillant d'arrache-pied toute l'année, dès que l'été approchait il avait ce besoin constant de vadrouiller dans un autre continent. Ce n'était malheureusement plus la priorité d'Olivia qui préférait économiser pour que le couple s'installe dans une grande maison comme ils avaient prévu depuis plusieurs années auparavant. Depuis le décès de son meilleur ami l'année dernière,Olivia se rendit compte qu'il fallait absolument qu'elle réalise ses plus grands rêves avant de disparaître à son tour. Ekaitz vivait son deuil différemment en profitant de chaque instant présent pour s'aventurer vers l'inconnu. Quant à la jeune femme, elle s'était assagie en donnant le meilleur d'elle-même dans le piano et dans son travail obtenu à ses 20 ans.
23 ans
Alors qu'elle balançait ses jambes dans le vide du haut des rochers, Olivia pensait à ce qu'était devenu Ekaitz et comment se passait son année à la fac. Cela faisait plusieurs mois aujourd'hui qu'ils ne s'étaient pas parlés et c'est avec le coeur lourd qu'Olivia essayait d'avancer. Il y a six mois, en rentrant de son travail Olivia découvrait deux valises dans le couloir qui menait vers le salon. Intriguée, elle avança petit à petit en retirant sa veste pour la déposer sur le porte-manteau.
« Ekaitz ? » disait-elle en fronçant des sourcils.
« Viens à Paris avec moi encore un an. » Le jeune homme était debout face à elle près de la baie vitrée. Olivia se demandait combien de temps était-il resté ainsi avant qu'elle n'arrive et pourquoi avait-il un visage aussi dur ?
« Comment ça je ne comprends pas... » demandait-elle en s'approchant de lui perdue.
« Je pars demain matin à Paris dans la même fac que la dernière fois, en plus ils m'ont proposé un stage sympa. Tu pourrais être transférée à l'aéroport de Roissy et on trouvera un petit appartement sur place ? Qu'est-ce que t'en dis ? » Ekaitz posa ses mains sur les hanches de la jeune femme un léger sourire aux lèvres.
« Mais attends, t'as prévu ça depuis quand ? » demandait-elle perplexe toujours les sourcils froncés.
« Depuis mon réveil ce matin. Ils ont accepté mon dossier là-bas et j'ai eu la confirmation ce matin. J'ai envie de vivre une autre aventure avec toi, en plus tu pourrais retrouver tes amis de l'association ! » Olivia se détacha doucement de son petit-ami en sentant les larmes monter.
« On aurait pu en discuter ensemble au moins. J'étais même pas au courant de ta demande, t'as fait ça derrière mon dos ? » Ses jambes tremblaient, il fallait absolument qu'elle s'assoit avant de tomber.
« Tu vois, tu peux pas simplement donner une réponse ? Tu viens oui ou non ? Ta valise est déjà prête. » La jeune femme regarda une nouvelle fois le visage de l'étudiant qui avait l'air de lui poser un dernier ultimatum. Elle n'était pas prête, pas tout de suite. Pourquoi partir et s'enfuir si vite alors qu'ici tout allait beaucoup mieux ? Voyager était vraiment une drogue pour le garçon et Olivia le prenait qu'à cet instant précis. Il était prêt à sacrifier sa petite-amie pour son goût du voyage.
« Non. » avoua-t-elle tout bas le visage baissé.
« Comment ? » demanda-t-il les yeux écarquillés.
« Non je ne viens pas. Je t'attendrais si tu veux mais je ne peux pas partir, pas tout de suite. » Et ce qu'elle ne voulait pas faire arriva, elle lâcha prise en laissa une larme rouler le long de sa joue.
« Alors quand bon sang ? Quand on aura 60 ans ?! Je n'ai pas envie que tu m'attendes. Je veux que tu viennes avec moi. S'il te plaît, viens. » disait-il en s'approchant de la jeune femme l'air suppliant.
« Non Ekaitz, je peux pas. »En repensant à cet instant elle s’effondra en cachant son visage entre ses mains. Il lui manquait terriblement et ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'elle lui manquait plus que tout et qu'il était décidé à abandonner Paris pour retrouver la blonde.