Heather Elisabeth Storm : "De retour dans ma ville natale"

l'histoire de ma vie

petite citation pour faire joli

Je ne peux pas dire que mon enfance ait été malheureuse ou heureuse. A l’âge de 6 ans, j’ai été envoyé dans l’une des meilleures pensions d’Island Bay. Mon père ayant fait fortune dans le commerce de yacht de luxe et ma mère étant dirigeante d’une entreprise de mode, tous les deux n’avaient pas vraiment le temps de s’occuper de moi. Je ne les voyais quasiment jamais et je passais même mes vacances scolaires avec « Louna », ma gouvernante personnelle qui s’était occupée de moi, depuis ma naissance. Honnêtement je n’avais jamais manqué de rien. Tous les autres enfants de la pension, avaient exactement le même profil familial : Une mère et un père absents. Ce n’est qu’en grandissant que je compris ce qui me manquait. En voyant des familles dans un parc, en regardant avec envie des familles se promenaient dans la rue, j’avais compris  que je n’avais pas la même enfance que les autres. Je rêvais, d’une balançoire dans un jardin, je rêvais que ma mère me raconte une histoire avant de me coucher, des choses qui peuvent vous semblez banales mais qui caractérisent tellement le bonheur d’un enfant. Ma grand-mère n’avait de cesse de répéter que le mariage de mon père et de ma mère étaient un mariage de convenance. A l’époque je ne comprenais pas vraiment le sens de ces mots. Il s’agissait, en réalité, de réunir deux grosses familles fortunées. Ma mère : Suzanne Burton était l’exemple type de l’épouse modèle qui s’était mariée en suivant la tradition. Quant elle avait découvert que mon père la trompait, elle n’avait même pas demandé le divorce. Elle s’était contentée de faire comme si rien ne se passait pour sauver l’image de leur couple. Rien n’était plus important pour elle que les médias et l’apparence. Quand il demanda le divorce pour épouser une jeunette de 20 ans, ma mère fut profondément dévastée alors que la presse à scandale ne parlait que de cela. C’était la première fois que je voyais ma mère pleurer. La première fois que je la voyais montrer une émotion. Cette épreuve nous avait rapprochée. Elle semblait devenir plus humaine, plus attentive à mon égard et c’est tout naturellement qu’elle avait demandé ma garde exclusive.

A mes 17 ans, elle rencontra John Sawyers, un homme d’une gentillesse inouïe. Entre eux, ce fut un véritable coup de foudre et c’est tout naturellement qu’ils décidèrent d'emménager ensemble. Ce mariage transforma véritablement ma mère, notre relation  et m’enchanta littéralement. J’aimais beaucoup John, il était adorable avec moi. Ce mariage me permettait de découvrir ce qu’était une vraie famille. Terminée les pensions, bonjour le lycée. Je devenais une jeune femme normale sans rang, sans considération quant à mon argent. Veuf, John avait deux enfants : Gabriella avec qui je m’entendais immédiatement et Sean….Oh mon dieu…Sean.

Rien qu’en évoquant son nom je replongeais automatiquement dans une multitude de souvenirs…J’avais également honte…Honte, parce qu’il m’attirait. Oui, vous avez bien lu, mon demi-frère par alliance m’attirait irrémédiablement. Au départ, je pensais que c’était mes hormones d’adolescentes qui me jouaient des tours mais non…Je n’avais jamais été autant attiré par garçon que par lui. Notre relation avait débutée par un rituel bien innocent, nous nous retrouvions le vendredi, discutions de choses et d’autres et très vite j’avais compris que je me voilais la face : je l’aimais. Nous n’avions pas besoin de parler pour nous comprendre, de simples regards nous suffisaient. Et lorsque je compris que mes sentiments étaient réciproques, ma vie fut bouleversée à jamais.  Entre Sean et moi c’était une évidence, une évidence qui malheureusement ne pouvait pas exister. Nos parents étaient mariés, nous étions frères et sœurs. Et pourtant je l’aimais d’un amour inconditionnel. Notre relation demeura secrète. Pendant un an, je vivais un bonheur indescriptible. Mais plus le temps passa, plus ce secret nous pesa. J’avais envie de vivre ma relation avec lui au grand jour. J’avais envie d’avoir des projets. Mais nous ne pouvions pas… La situation étant trop lourde à gérer, la rupture semblait inévitable même si cette dernière me dévasta littéralement. Dans la maison, nous nous parlions à peine. Du jour au lendemain, on s’efforçait à faire comme si tout cela n’avait jamais existé….Je me souviendrais toujours du jour où j’étais rentrée dans sa chambre, découvrant que toutes ses affaires avaient disparues…Sean était parti…Sean était parti sans explication, sans même me dire au revoir…Du jour au lendemain, il avait disparu de ma vie…

Etant convaincu que tout cela était de ma faute, je m’étais réfugiée dans les études. Chaque coin de rue me rappelant automatiquement mon amour de jeunesse, j’avais décidé de quitter Island Bay pour la faculté de Colombia, à New York, afin d’entamer des études de médecine. Maman était à la fois bouleversée et fière de mon départ. A Harvard, je m’étais complètement reconstruite me faisant de nombreux amis sur le campus. Major de ma promotion, j’avais choisi la médecine urgentiste comme spécialité, désireuse de partir en humanitaire pour aider d’autres personnes.

J’enchaînais véritablement  les missions : Afghanistan, Vietnam, Afrique Jusqu’à cette fameuse mission en Lybie où je devais accompagner un groupe de journaliste tout en aidant des blessés. Une simple  mission  humanitaire qui a bouleversé mon existence…A chaque fois que je ferme les yeux, je revis chaque instant. «  Le bâillon étouffait mes cris lorsqu'une main puissante agrippa mon bras pour me faire descendre. Aveugle, un sac sur la tête, mes pieds s'entremêlaient alors que cette lourde de main comprimait mon bras pour me mener dans un endroit inconnu. On me jeta à terre, mes genoux heurtant le sol avec violence et lorsque je tentais de me relever, je percevais le poids d'un canon frôlant mon dos. Apparemment, nos agresseurs souhaitaient que l'on reste à genoux. En une fraction de seconde, ils ôtèrent nos bandeaux et relevant doucement la tête, je découvrais avec effroi l'expression de leurs visages : une haine profonde ».

Nous avions été kidnappés : Clay, Charly et moi. Je  me revois les supplier de ne pas me faire de mal alors qu’ils m’infligeaient les pires supplices. Nous étions battus, nous mourrions de faim, de soif et l'angoisse de ne pas savoir ce qu'il comptait faire de nous, nous rongeait tour à tour. Je restais là à subir leurs tortures en me demandant combien de temps encore...Combien de temps encore allais-je devoir attendre avant d'être libérée ?  Sans Clay, je n’aurais pas survécu. Il était mon seul soutien dans cet enfer. Il avait réussi à trouver une faille dans notre tombeau. Au cours de cette intense marche dans le désert où le soleil brûlait notre peau et où je luttais pour ne pas m’évanouir, je repensais à ma famille, à mes amis et à Sean. Lorsque mes jambes fragiles avaient cédées, je revivais nos instants « Un vent d'air chaud dans ma nuque. Le bruit des vagues. La caresse du soleil sur ma peau. Assise sur la plage, je regardais Sean s'avancer vers moi d'un pas décidé. Des gouttes roulaient sur son torse nu provenant de sa chevelure mouillée. Il me regarde, me sourit. Nos rires résonnent. Le contact de ses lèvres sur ma bouche me laisse muette, rêveuse. Avec douceur, il caresse mes cheveux et me murmure «  Je t'aime ». » Les souvenirs. C'était les dernières choses que l'on ne pouvait pas m'enlever. Les dernières choses que mes ravisseurs ne pouvaient pas briser.   Les seules choses qui me maintenaient en vie alors que je perdais conscience pour peut-être mourir…

J’étais restée environ deux jours entre la vie et la mort à l’ambassade américaine. Clay, à mon chevet. Les gens autour de nous répétaient que c’était un miracle que nous ayons survécu dans ce maudit désert, que nous avions de la chance. De la chance ? En me regardant dans le miroir je remarquais avec effroi que chaque parcelle de mon corps était recouvert de cicatrices et de marques multiples. J’étais amaigrie et la lueur de vie qui me caractérisait si bien avait quittée mes yeux.  Je n’étais plus la même. J’étais comme…brisée. Dès mon retour à New York, mes amis me regardaient avec pitié me surnommant la Survivante. Les images de Charly se faisant abattre tel un animal devant moi me revenaient sans arrêt à l’esprit avec un étrange sentiment de culpabilité. Pourquoi étais-je en vie et lui non ?

Il fallait que je parte. Il fallait que je tente de retrouver une vie normale loin de cette agitation, dans un endroit où personne ne saurait ce que j’avais vécu. Du jour au lendemain, j’avais pris le premier avion pour Island Bay, ma ville natale, bien décidée à reprendre ma vie en main.