alcohol doesn't solve any problem but, then again, neither does water + Noemi

alcohol doesn't solve any problem but neither does water

Noemi ○ Eleonor

« Leo passe les frites s’te plait ! » 19h ; son service au fastfood était bientôt terminé. Eleonor y allait quelques soirs par semaines pour dire de gagner un peu d’argent et de ne pas trop dépendre de son frère Laszlo. Elle n’avait pas envie d’être un boulet et puis, c’est toujours plaisant de pouvoir gagner en indépendance et se payer soi-même ses affaires. « Chef oui chef ! » répliqua-t-elle en rigolant, tendant à son collègue le paquet de frites chaudes et bien grasses. A force de travailler dans un fastfood, elle en devenait dégoutée de la malbouffe. Ce n’était bien sûr pas cela qui allait l’empêcher de manger une bonne pizza ou même un kebab mais les frites c’était fini pour elle ; rentrer tous les soirs en puant la graisse et la friture c’était un châtiment bien suffisant, elle n’allait pas en plus de ça rentrer de nouveau dans un fastfood pendant son temps libre. « Hey Leo, on va boire un verre au Foxglove après le service, ça te dit de venir ? » Avant de répondre, elle vérifia qu’elle n’avait pas d’appels manqués ou de messages de la part de ses frères et sœurs. RAS ; rien à signaler. « Ouais par contre je dois passer chez moi prendre une douche, j’vous rejoindrai là-bas ! » Elle y était déjà allée quelques fois au Foxglove mais très peu souvent en vérité. D’ailleurs, elle ne parvenait même pas à se souvenir de la dernière fois qu’elle y avait mis les pieds. C’était avant le décès de sa mère, ça c’était certain. Ca aussi, c’était bizarre ; aller dans des endroits, faire telles ou telles choses et se dire « la dernière fois que j’ai été là, la dernière fois que j’ai fait ça, elle était encore là ». Ca lui donnait envie de ne pas y aller, de ne pas refaire ces choses, elle avait l’impression de perdre une partie du lien qu’elle avait avec sa mère. C’était ridicule, du moins elle essayait de s’en persuader. De toute façon, il fallait bien avancer non ? Une fois son service terminé, elle reprit donc le bus et rentra chez elle.  Enfin, chez eux puisqu’elle n’était évidemment pas la seule à vivre dans cette maison, oh que non. D’ailleurs, elle n’osait pas trop dire à ses frères qu’elle comptait sortir ce soir. C’était la première fois et elle ne savait pas trop comment ils allaient réagir. Et puis merde, elle était majeure non ? Elle prit donc sa douche, se changea rapidement puis fila prendre de nouveau un bus pour rejoindre le Foxglove. En chemin, elle envoya un texto à sa sœur «  Je sors avec des collègues, dis rien aux autres stp dis que je suis chez une copine pour bosser merci jtm » Elle soupira, secouant nerveusement son portable. Dix minutes plus tard, elle arriva à destination, un nœud à l’estomac. Elle ne savait même pas trop pourquoi elle stressait, mais elle n’était pas forcément très à l’aise. « Hey les gars, vous avez commencé sans moi à ce que je vois » C’était clair même, ses collègues n’avaient plus l’air très sobre. « Vous abusez, ça fait qu’une heure que vous êtes là » Elle commanda une piña colada et alla s’asseoir à leur table. Ils discutèrent pendant une heure ou deux, parlant de tout et de rien, et les verres défilèrent à leur table. Leo n’en avait pas bu tant que ça, juste deux piña colada, un rosé et un mojito mais la pauvre n’était pas au courant de la loi universelle qui dit qu’il ne faut PAS faire de mélange. La soirée se termina doucement, certains étaient déjà partis, il ne restait plus que Leo et un couple. « J’dois rentrer, je vais y aller » Elle ne s’était pas vraiment rendue compte de son état jusqu’à ce qu’elle se lève. « Wow » C’était donc ça, les effets de l’alcool dont tout le monde parlait. « Tu veux qu’on te ramène Leo ? » Elle secoua la tête en signe de négation et remis sa veste, se bataillant avec sa manche pendant une bonne dizaine de seconde. « Nan nan, nan c’est bon j’vais euhm prendre le dernier… le dernier bus » Les deux tourtereaux se regardèrent un instant puis haussèrent les épaules. « Comme tu veux, allez ciao on s’voit la semaine prochaine »

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Noemi ○ Eleonor

Les lumières artificielles m’agressant les yeux, le brouhaha de la vie qui s’anime, les groupes qui rient, les couples qui s’embrassent, le son de la musique du groupe Loud Silence qui retentit dans nos oreilles, à danser ensemble derrière le bar. Oui, c’est bien samedi soir au foxglove, et encore une fois, l’ambiance est à son apogée. Ce soir, je suis la seule manager, et les deux gérants ne sont exceptionnellement pas là alors c’est assez difficile mais c’est vivant. Clairement je m’éclate, j’adore mon boulot et mon équipe c’est indéniable. Malgré tout, le sous effectif de ce soir n’est pas évident à gérer. Heureusement, mes deux meilleures collègues m’aident volontairement à gérer l’équipe, et plus particulièrement la dernière arrivée, Burton. Autant dire qu’elle se débrouille pas mal, et je vois très bien que notre meilleure barmaid, Tawny prend un malin plaisir à lui donner des ordres, me faisant sourire à chaque fois. Ces deux là trainent ensemble, se touche, et j’ai compris au dernier enterrement de vie de jeune fille qu’ils se passaient officiellement quelque chose entre elles. Tawny n’est pas au meilleur de sa forme en ce moment, mais cette Loïs semble apporter un peu de joie dans sa vie et ma foi c’est pas plus mal. Le service est intensif, et la fin de la soirée arrive à grand pas, les clients partent petit à petit, et mes collègues ne tardent pas à partir. Je rattrape Tawny juste devant la porte, pour la féliciter une nouvelle fois, parce qu’elle est la meilleure et je tiens à lui rappeler une nouvelle fois. Je la charme, elle le sait très bien, et je m’en amuse. Je n’ai pas envie de coucher avec elle parce que je ne couche pas avec mes collègues, mais il faut avouer qu’elle est quand même pas mal. Loïs a de la chance, elle est jeune et déjà elle est avec une pro. Le sourire aux lèvres, les yeux brillant. « Ma belle t’as géré ce soir ! J’en toucherais un mot à Kay, voir si elle peut pas faire un truc. » Genre une petite prime. Je lui fais un doux clin d’œil. « Maintenant rentre, va dormir. Ou t’amuser avec la petite remarque. » Un second clin d’œil, et la voilà qui s’éloigne doucement. Je me retourne pour m’avancer à nouveau vers le bar afin de faire la fermeture, et remarque qu’une jeune fille est encore là. C’est pas moi qui me suis occupée d’elle ce soir, mais vu son état, je pense qu’elle a bien bu. Je m’approche de la gamine en souriant, en posant ma main sur son épaule. Elle est vraiment jeune, peut-être à peine majeure et je ne sais pas trop comment elle doit rentrer mais je ne peux pas la laisser partir seule maintenant. « Toi, tu t’appelles comment ? On vient te rechercher ? » Je la regarde en souriant, et passe derrière le bar pour attraper un verre pour le remplir d’eau, et le déposer devant elle avec un doliprane qu’on garde derrière le bar. « Prend ça, tu vas être déchirer demain matin sinon. » Je lui souris.

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Noemi ○ Eleonor

Wow, l’alcool ce n’était vraiment pas pour elle. Combien de verres avaient-t-elles bu, encore ? A peine trois, selon ses souvenirs… Alors pourquoi avait-elle l’impression que tout bougeait autour d’elle ? C’était le flou dans sa tête, elle avait du mal à réfléchir clairement. Elle n’avait tellement pas l’habitude de boire, de se sentir comme ça, elle ne savait pas du tout comment réagir. Merde, et si quelqu’un avait mis un truc pas net dans son verre ? Non ce n’était pas possible, elle était restée assise toute la soirée sans quitter son verre des yeux. Eleonor tourna la tête dans tous les sens, s’apercevant que le bar était maintenant vide. Bon, au moins, aucun mec louche ne la suivra jusqu’à son arrêt de bus. Elle s’appuya sur la table, essayant de reprendre ses esprits. Lorsqu’elle releva la tête, son regard croisa celui d’une jeune femme qui s’était avancée jusqu’à elle, une main sur son épaule ; blonde, plus âgée qu’elle et souriante. « Toi, tu t’appelles comment ? On vient te rechercher ? » Eleonor fronça les sourcils un instant, réfléchissant à ce qu’elle allait dire. Était-ce courant que les barman ou barmaid s’intéressent ainsi à la vie de leur client ? Elle n’en avait aucune idée. Ou était-elle à ce point dans un mauvais état ? « Eleonor et euhm non j’dois prendre mon busss »  Elle passa ses mains sur son visage et ferma les yeux en soupirant. Seigneur, qu’est-ce qu’il lui avait pris de boire autant ?! Elle regarda la jeune femme disparaître derrière le bar, avant de revenir avec un verre d’eau et un doliprane. « Prend ça, tu vas être déchirer demain matin sinon. » Leo ne se fit pas prier et s’assit pour avaler le médicament avec un peu d’eau. « Déchirée ? Mais euh j’ai rien bu » C’est vrai quoi, elle n’avait pas bu tant que ça et Leo n’était pas du genre à être « déchirée », pour qui la prenait-elle ? Elle avala donc son doliprane ainsi que l’entièreté du verre d’eau. « Et t…vous, vous appelez comment ? »

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Noemi ○ Eleonor

Le service au Foxglove est ce soir vraiment difficile, il y a un monde fou, et puisque nous sommes en sous effectif, ça n’arrange rien. La soirée se déroule sans péripéties, et je m’oblige à remercier mon équipe pour leur aide, et plus particulièrement Tawny. Une fois fait, je retourne vers le bar et y découvre une jeune fille, à peine majeure qui est visiblement pas dans un état très… elle est pas à jeun quoi. Je m’approche d’elle en déposant ma main sur son épaule pour lui demander comment elle s’appelle, mais surtout si quelqu’un vient la rechercher. Vu son état, il est hors de question de la laisser partir seule, c’est mon devoir de manager. De citoyenne, aussi. « Eleonor et euhm non j’dois prendre mon busss »   Je secoue la tête, et passe derrière le bar pour lui servir un verre d’eau et attraper un doliprane. J’ai comme l’impression que je risque de passer un peu plus de temps ici, mais surtout que je ne suis pas prête de partir si personne ne vient la rechercher. Et je doute que dans l’état où elle est, qu’elle veuille vraiment rentrer chez elle. Surtout que vu son âge, elle doit encore vivre avec ses parents. Je repasse derrière le bar pour déposer le verre d’eau et le doliprane en face d’elle, et m’assoie sur le tabouret à côté. Elle ne tarde pas à prendre le médicament, et je souris, un peu rassurée qu’elle m’ait écouté. « Déchirée ? Mais euh j’ai rien bu » Je ris doucement pour ne pas la brusquer. J’ai comme l’impression qu’elle n’a pas l’habitude de boire, ça doit être sa première fois ou le début du moins. « Je peux t’assurer que tu as un peu trop bu. » Je lui souris amicalement, et pose à nouveau ma main sur son épaule quand elle reprend la parole. « Et t…vous, vous appelez comment ? » Je continue de sourire, ne tardant pas à répondre. « Noemi. Mais tu peux me tutoyer tu sais. » Je me lève à nouveau pour m’approcher de la porte du bar pour appuyer sur le rouleau électrique afin de terminer la fermeture, en veillant à bien fermer à clé. De toute façon, personne ne viendra la rechercher par ici, et au pire, il y a la porte des employés. « On ne t’as jamais appris qu’il ne fallait pas faire de mélange ? Tu as quel âge ? T’es encore jeune pour boire comme ça quand même. » Je m’approche à nouveau d’elle en souriant. J’ai pas forcément envie de lui faire la morale maintenant, c’est pas ma fille ni même ma sœur, mais bon voir qu’une minette de son âge vient se déchirer la gueule pour je ne sais quelle raison, c’est pas agréable non plus.

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Noemi ○ Eleonor

« Je peux t’assurer que tu as un peu trop bu. » Leo fronça les sourcils, faisant la moue. Elle n’aimait pas trop ce petit ton que la demoiselle prenait. Elle se prenait pour qui, au juste ? Pour sa mère ? Bon, pour cette fois Leo passa l’éponge. Elle n’était pas en état de se disputer ou de se rebeller. Elle se contenta donc de lui demander comment elle s’appelait. « Noemi. Mais tu peux me tutoyer tu sais. » Noemi. Leo se répéta le prénom plusieurs fois dans sa tête pour essayer de ne pas l’oublier. Assise à une table, elle regarda Noemi se lever et fermer le bar. C’est à cet instant qu’un vent de panique se leva en elle. Elle se leva brusquement, effrayée. Pourquoi fermait-elle tout à clés ? Non, non, non, Leo voulait partir, elle ne voulait pas rester là dans ce bar. Elle devait rentrer chez elle, elle n’avait même pas dit à Murphy dans quel bar elle allait, ils allaient s’inquiéter. « On ne t’as jamais appris qu’il ne fallait pas faire de mélange ? Tu as quel âge ? T’es encore jeune pour boire comme ça quand même. » Et revoilà le ton moralisateur. Mais ce n’était pas ce qui préoccupait Eleonor à cet instant, c’était plutôt l’idée d’être enfermée, saoule, dans un bar avec une parfaite inconnue à une heure tardive. Alors quand elle vit la jeune femme s’approcher d’elle, elle eut d’abord un mouvement de recul avant de lever la main et de l’abattre sur la joue de la demoiselle. Choquée par ce qu’elle venait de faire, Leo recula, se tripotant les mains nerveusement. « Pardon, pardon je sais pas ce qui m’a pris je … » Merde, si la blonde hésitait encore entre l’assassiner ou la garder séquestrée dans le sous-sol de son bar, désormais son choix allait être vite fait. Ca ne lui ressemblait tellement pas de lever la main sur quelqu’un, de s’emporter ainsi, elle ne se reconnaissait pas. Peut-être était-ce sous l’influence de l’alcool ou par peur, elle n’en savait rien, tout ce qu’elle savait c’est qu’elle n’avait pas confiance en cette jeune femme et qu’elle se sentait terriblement mal de l’avoir giflée. Maintenant elle allait sans doute la prendre pour une racaille alcoolique, mon dieu que penserait sa mère.

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Noemi ○ Eleonor

Cette jeune adulte a vraiment trop bu, c’est indéniable. Elle ne semble pas apprécier cette affirmation que je lui offre, mais visiblement, ce n’était pas une rebelle puisqu’elle se contente de me demander comment je m’appelle. Je lui répond avant de me lever pour partir fermer le rideau du bar, et la porte à clé. Je retourne ensuite vers elle, m’asseyant à ses côtés et reprend mon air de maman pour lui demander quel âge elle a, et lui dire qu’elle est trop jeune pour être ivre à ce point. Et cette fois-ci, j’ai l’impression que son air de petite fille sage change brutalement, et c’est ma joue qui en paye les conséquences. « Hé du calme ! » Je fronce les sourcils en la regardant. Je pose ma main sur ma joue pour la frotter un peu, elle a de la force cette petite c’est fou quand même ! La jeune fille recule d’un coup, et je me lève. « Pardon, pardon je sais pas ce qui m’a pris je … » Je secoue la tête, et prise d’une pulsion à cause de la fatigue mais aussi l’envie de lui faire peur, je me rapproche d’elle. « Non mais tu t’es cru qui pour taper une pauvre SDF ?! » Je lui soulève le menton, avant de lui attraper ses mains. « C’est parce que j’pue c’est ça ?! Mais tu pues aussi ma pauvre gamine ! Et si tu continues de boire, tu vas te trouver dans le même état que moi, j’t’assure ! » Je reste avec ma mine en colère deux secondes de plus, avant d’exploser de rire en regardant sa tête. Putain, j’suis trop conne, j’aurais pu m’en prendre une deuxième. Je dépose ma main sur son épaule en souriant, pour essayer de la canaliser. « Ca va, je rigole, panique pas. » Je lève les yeux au ciel, et la prend par la main pour la trainer avec moi jusque derrière le bar. Au point où elle en est, je sais pas trop si le mieux c’est d’appeler quelqu’un de sa famille, ou l’inviter à dormir ici. J’ai déjà testé le canapé de la salle des managers, quand j’étais vraiment SDF avant mon boulot chez les Manning, et c’est plutôt confortable. Plus qu’un banc, et au moins, elle sera en sécurité. « Eleonor, je peux pas te laisser rentrer chez tes parents dans cet état là. On a un canapé ici si tu veux. » Ouais bon, il va quand même falloir prévenir ses parents parce que sinon, ils vont être morts d’inquiétude les pauvres. « Donne ton téléphone, je vais prévenir tes parents. On va dire que tu dors chez une copine ok ? » Je lui souris d’une manière amicale. J’veux pas la torturer ni lui donner d’emmerdes, juste la protéger des dangers de la rue quand on est déchiré comme elle.

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Noemi ○ Eleonor

« Hé du calme ! » Leo s’était immédiatement rendue compte de la connerie qu’elle venait de faire et se confondait en excuses. Elle était terriblement embarrassée et honteuse d’avoir osé lever la main sur cette femme qu’elle connaissait à peine et qui, à priori, ne lui avait fait aucun mal. « Non mais tu t’es cru qui pour taper une pauvre SDF ?! » Noemi lui releva le menton et lui attrapa les mains, la faisant sursauter. Leo haussa les sourcils, surprise et effrayée à la fois. « Q-Quoi ? » Une SDF ? De quoi parlait-elle ?! « C’est parce que j’pue c’est ça ?! Mais tu pues aussi ma pauvre gamine ! Et si tu continues de boire, tu vas te trouver dans le même état que moi, j’t’assure ! » Était-ce l’alcool qui lui brouillait l’esprit ou est-ce que ce que racontait cette femme était réellement insensé ? « N-Non, non pas du tout Madame… »  Peut-être qu’en lui montrant plus de respect elle se calmerait et la laisserait partir, ou du moins Eleonor l’espérait. Au bout de quelques instants, Noemi éclata de rire avant de déposer sa main sur l’épaule de Leo comme pour la rassurer. « Ca va, je rigole, panique pas. » Elles ne devaient pas avoir le même humour, car Eleonor n’avait pas du tout trouvé ça drôle. « Haha, elle était bonne… » Hypocrite. Mais bon, à dix-huit ans, qui ne l’est pas un peu ? Noemi la pris par la main et l’entraîna derrière le bar, et Eleonor se laissa faire. Elle était épuisée et avait juste envie de dormir, elle n’avait plus envie de se prendre la tête avec toute cette situation incongrue et puis surtout elle n’avait pas envie de donner à Noemi d’autres idées de blagues à lui faire. « Eleonor, je peux pas te laisser rentrer chez tes parents dans cet état là. On a un canapé ici si tu veux. » Leo soupira, terriblement gênée. « J’te jure c’est la première fois, je fais pas ça d’habitude, je suis pas comme ça »  Et c’était vrai, c’était bien la première fois que Leo se retrouvait dans un tel état au point de ne pas pouvoir rentrer chez elle. Et qu’allait penser Laszlo ? Elle ne pouvait pas lui dire qu’elle avait dormi ici, et encore moins qu’elle avait bu. « Donne ton téléphone, je vais prévenir tes parents. On va dire que tu dors chez une copine ok ? » Leo releva la tête quand Noemi prononça le mot « parents ». Sa mère n’était plus là et son père… Elle ne pouvait pas prévenir son père. Déjà parce que ce n’était pas son week-end et elle n’avait pas envie de le déranger, et ensuite parce qu’elle n’avait pas envie d’entendre ses leçons de morales et ses conseils bienveillants. « N-Non, pas mes parents, il faut prévenir mon frère. » Elle lui tendit son téléphone portable, un peu à contre-cœur. « C’est Laszlo. Dis-lui bien que je dors chez une copine hein. Dis que je suis chez Olivia, s’te plait. »

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Noemi ○ Eleonor

Après que la jeune adolescente m’ait foutu une gifle, je ne peux m’empêcher de me faire passer pour une SDF en colère, pour lui faire un peu peur. Une simple blague, qu’elle prend finalement au sérieux. « Q-Quoi ? N-Non, non pas du tout Madame… »  Je ne tarde pas à exploser de rire, et reprend mon sérieux pour essayer de la rassurer. Elle paniquait vraiment, c’est fou. Enfin remarque heureusement que je ne m’en suis pas pris une deuxième ou quoi, j’aurais pu finir à l’hosto vu sa force. « Haha, elle était bonne… » Je sais très bien qu’elle n’est pas sérieuse, vu sa tête il y a cinq minutes. J’ignore un peu, et l’entraîne par la main derrière le bar, puis vers la salle de repos des managers. Elle ne pourra pas partir avant un bon moment, alors autant lui proposer de dormir un peu. Ça lui fera du bien, je le sais mieux que personne. « J’te jure c’est la première fois, je fais pas ça d’habitude, je suis pas comme ça »  Je la regarde en souriant, puis me rend à l’évidence. Cette gamine n’est pas une alcoolique, et j’ai même envie de l’aider maintenant. Alors sans hésitation, je lui demande son téléphone pour prévenir ses parents, en imaginant qu’elle dort chez une copine. Je sais que c’est la meilleure des solutions, mais quand je relève la tête vers la jeune fille, j’ai l’impression d’avoir dit un truc qui ne fallait pas. « N-Non, pas mes parents, il faut prévenir mon frère. » Je fronce un peu les sourcils, et attrape son portable. « C’est Laszlo. Dis-lui bien que je dors chez une copine hein. Dis que je suis chez Olivia, s’te plait. » Je lui souris en hochant la tête, et me dépêche de taper le sms pour l’envoyer au fameux Laszlo, et pose ensuite le portable sur la petite table basse. Je regarde Eleanor, et range un peu le canapé pour qu’elle puisse s’allonger. « Va y, allonges-toi. Je serais là si tu veux. Et surtout si tu as besoin de vomir, tu me préviens ok ? » Je grimace un peu en y pensant. J’espère simplement qu’on ne va pas en arriver là, quand même. « Et demain je te ramène chez toi à la première heure, tu partiras pas seule. On sait jamais. » Ok, mode fille au pair activée. Je lui souris un peu, et retire mes sandales avant de m’asseoir dans le petit fauteuil en face du canapé. « T’as mangé ou pas ? On a des gâteaux ici si t’as faim. » Je lui souris.

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Noemi ○ Eleonor

Leo devait le reconnaître ; elle avait eu un pincement au cœur quand Noemi lui avait parlé de ses parents. Ce n’était pas sa faute, elle ne pouvait savoir mais la douleur était encore vive. Elle faisait tout pour le cacher mais la plaie était encore là, béante et brûlante. Elle détestait ça, être dans cette situation tellement embarrassante. Elle aurait aimé que le monde entier soit courant que sa mère était morte afin qu’on cesse de faire ces gaffes. Elle n’avait pas envie de devoir s’en charger elle-même, de devoir déballer sa vie à des inconnus. Ca mettait les gens mal à l’aise, ils se sentaient coupables, ils répétaient les traditionnels « Sincères condoléances », « Je suis là si tu as besoin », … Que des conneries. Elle ne supportait plus qu’on lui dise ces phrases bateau et qu’on la regarde avec pitié. Et puis, si elle se laissait aller d’autres diront « Il y a pire dans la vie, arrête de te plaindre. C’est logique que les parents partent avant les enfants ». Elle le savait tout ça, putain. Elle savait qu’elle avait de la chance ; elle avait un toit, une famille, de quoi se nourrir, elle allait au lycée, … Quand elle voyait son petit frère Eliott, ça la renforçait dans l’idée de garder la tête haute et de faire semblant de rien. Elle n’avait pas le droit de se plaindre, de pleurer devant lui. Elle avait eu la chance de grandir avec sa mère alors que son frère lui ne l’avait connue que pendant sept petites années. Peut-être même que dans quelques années il l’aura oubliée, il n’aura plus de souvenirs. Leo se contenta donc de répondre que c’était plutôt son frère Laszlo qu’il fallait prévenir, et non ses parents. Elle lui tendit son téléphone et Noemi envoya le texto avant de commencer à débarrasser ce qui se trouvait sur le canapé. « Va y, allonges-toi. Je serais là si tu veux. Et surtout si tu as besoin de vomir, tu me préviens ok ? » Eleonor s’assit sur le dit canapé, appuyant son bras nonchalamment sur l’accoudoir, sa tête contre sa main. « Mmm, merci mais ça va aller, j’crois… Je t’ai dit que j’avais pas beaucoup bu » Jusqu’à maintenant, elle n’avait pas vraiment envie de vomir, elle se sentait juste épuisée. Et elle avait un peu faim aussi. «  Et demain je te ramène chez toi à la première heure, tu partiras pas seule. On sait jamais. » Leo hocha la tête positivement, reconnaissante. « T’as mangé ou pas ? On a des gâteaux ici si t’as faim. » Eleonor se redressa un peu, soudainement beaucoup moins fatiguée. Elle n’avait pas mangé depuis seize heures et commençait sérieusement à avoir faim. « Sérieux ? Ouais je veux bien, merci mais t’es pas obligée de faire tout ça pour moi, tu m’dois rien tu sais. En plus je sais même pas si je saurai les acheter tes gâteaux… »

Dernière édition par Eleonor Ziegler le Ven 28 Avr - 16:34, édité 1 fois

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Noemi ○ Eleonor

Je ne sais pas réellement pourquoi j’ai ce besoin de protéger cette jeune fille. Peut-être parce que j’ai cet instinct qu’on appelle « maternel » et qui me permet d’être fille au pair, ou bien parce que je sais à quel point c’est dangereux de boire. Je ne suis pas un exemple en la matière, à son âge, je me défonçais déjà littéralement le corps pendant les soirées, et je dormais souvent dehors, ne pouvant pas rentrer chez la famille où je travaillais dans cet état. Personne ne peut venir la rechercher, et c’est pourquoi je lui propose de dormir ici, au foxglove, dans la salle de repos des managers, où trône un canapé. Je dormais dedans il y a quelques mois, et je sais qu’il est confortable. Je ne tarde pas à lui demander son téléphone pour prévenir ses parents, ou plutôt son frère en l’occurrence, un certain Laszlo. Le message envoyé, je désencombre le canapé pour qu’elle puisse s’installer, ce qu’elle fait sans tarder. Je lui demande de me prévenir si elle a besoin de vomir, c’est important. Déjà pour qu’elle ne s’étouffe pas dedans, on sait jamais, mais aussi pour qu’elle ne bousille pas le canapé et ses fringues. « Mmm, merci mais ça va aller, j’crois… Je t’ai dit que j’avais pas beaucoup bu » Je lui souris un peu. Elle insiste sur le fait qu’elle n’a pas beaucoup bu, et je décide de ne rien dire. Si ça se trouve, elle tient très bien l’alcool, ça ne veut rien dire. En tout cas, j’espère qu’elle a raison et qu’elle ne vomira pas. Je lui propose ou plutôt lui annonce que je la ramènerais chez elle le lendemain, et elle hoche la tête sans broncher. Je lui demande si elle a mangée, précisant qu’on a des gâteaux ici. Je ne sais pas trop si c’est une bonne idée, mais peut-importe. « Sérieux ? Ouais je veux bien, merci mais t’es pas obligée de faire tout ça pour moi, tu m’dois rien tu sais. En plus je sais même pas si je saurai les acheter tes gâteaux… » Je secoue vivement la tête. « Franchement, réfléchis pas et profites. Je préfère te surveiller plutôt que d’être poursuivi pour non assistance ou je ne sais quoi parce qu’il t’ait arrivé un truc ou quoi. » Je lui souris, et me lève pour aller chercher le paquet de gâteau. Des trucs un peu bizarres, des spéculos. J’en sors un paquet individuel, et le lui tend. « Tiens, j’espère que t’aimes. » Je me retourne pour attraper un yaourt dans le petit réfrigérateur réservé pour nous, et attrape rapidement une cuillère avant de venir me reposer dans le fauteuil en face d’elle. « T’as un soucis avec tes parents ? Il faut pas t’inquiéter tu sais. Ils ont été dans le même état que toi un jour. » Je lui souris, loin de me douter que je suis peut-être en train de faire une énorme gaffe.

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Noemi ○ Eleonor

« Franchement, réfléchis pas et profites. Je préfère te surveiller plutôt que d’être poursuivi pour non assistance ou je ne sais quoi parce qu’il t’ait arrivé un truc ou quoi. » Leo sourit, amusée et à la fois touchée. Ce n’était pas tous les jours qu’elle croisait des gens avec une telle bonté. A sa place, beaucoup se seraient contenté de la mettre dehors et de fermer le bar pour être tranquille. Elle avait eu de la chance de tomber sur une personne aussi généreuse que Noemi. « Tiens, j’espère que t’aimes. » Il ne fallait pas lui dire deux fois ; Eleonor attrapa le paquet de biscuits et s’empressa de l’ouvrir pour commencer à manger. Elle ne prêta même pas vraiment attention à Noemi qui s’en allait s’asseoir en face d’elle. « T’as un soucis avec tes parents ? Il faut pas t’inquiéter tu sais. Ils ont été dans le même état que toi un jour. » Leo s’arrêta de manger un instant, déstabilisée par ce que la jeune femme venait de lui demander. Elle baissa les yeux une seconde, réfléchissant à ce qu’elle allait bien pouvoir répondre. Mentir, ou dire la vérité ? Si elle mentait, Noemi risquait de lui poser encore cinquante questions sur ses parents, et Leo n’avait absolument pas envie d’en parler pendant des heures. Et si elle révélait la vérité, l’affreuse vérité, elle risquait de se mettre à pleurer et elle n’en avait pas du tout envie non plus. « Ouais je me doute… » Elle avait d’ailleurs entendu son père et sa belle-mère se disputer à plusieurs reprises à cause de l’alcool. Ca lui faisait un peu de peine quand ça arrivait ; elle les avait toujours connu ensemble, Ema faisait partie intégrante de sa famille. « Mais j’ai aucun soucis avec eux. Enfin pas vraiment… C’est juste que… » Dans un sens, si, elle avait des soucis avec ses parents. Sa mère l’avait abandonnée, elle ne s’était pas assez battue et son père semblait faire exprès de ne rien comprendre à ce que Leo ressentait. Elle dévia son regard, ne voulant pas regarder Noemi dans les yeux et prendre le risque de pleurer. « Ma mère n’est plus là. Je vis avec mon frère maintenant, c’est pour ça que je t’ai demandé de lui envoyer le texto. C’est tout. » Leo força un sourire, espérant dédramatiser un peu la situation et ne pas paraître trop affectée par ce qu’elle venait de dire. « Je suppose que j’ai cassé l’ambiance là, désolée je voulais pas t’embêter avec ça. »

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Noemi ○ Eleonor

Je tente d’expliquer à la jeune fille que ce que je fais est normal, et que c’est mieux pour elle. La jeune adolescence esquisse un sourire, et j’en fais de même, rassurée qu’elle ne dise rien et qu’elle soit heureuse de ce que je fais pour elle. En soit c’est normal, mais je sais très bien que c’est aussi trop rare. Combien de personnes l’auraient laissé partir sans même s’inquiéter de son état ? Beaucoup. Je la regarde s’installer avant de me lever à mon tour pour partir chercher des gâteaux, et lui tend un paquet de gâteau. Elle ne tarde pas à se jeter dessus, et je ris un peu, avant de m’installer à nouveau dans le fauteuil. Je me tourne vers elle, et ma curiosité l’emporte encore une fois, et j’essaie de comprendre les soucis qu’il y a avec ses parents en précisant qu’eux aussi ont été un jour dans le même état qu’elle. Elle s’arrête de manger, et je fronce un peu les sourcils. « Ouais je me doute… » Je lui souris un peu, mais ne dis rien, en attente de nouvelles informations peut-être plus précise. « Mais j’ai aucun soucis avec eux. Enfin pas vraiment… C’est juste que… » Je fronce un peu les sourcils, et me replace bien dans mon fauteuil, en posant le pot de yaourt désormais vide sur la table basse. Visiblement, cette ado a un souci avec ses parents ou bien un truc qui s’en rapproche. Et je ne suis pas au bout de mes peines. « Ma mère n’est plus là. Je vis avec mon frère maintenant, c’est pour ça que je t’ai demandé de lui envoyer le texto. C’est tout. » Je grimace un peu, je ne m’attendais pas à une révélation pareille. Et son père dans tout ça ? Ok Noemi tu fermes ta gueule. Je la regarde avec une petite tête désolé. « Ah, mince. » Je soupire un peu. « Je suppose que j’ai cassé l’ambiance là, désolée je voulais pas t’embêter avec ça. » Je secoue vivement la tête.  « Mais non t’inquiète ! » Je lui souris un peu. « Tu as besoin d’en parler ? Tu sais, moi aussi ma mère n’est plus là. » Enfin, c’est pas vraiment ça puisque j’ai été adopté. Mais je n’ai plus ma mère biologique, je ne l’ai jamais eu d’ailleurs. Enfin, ça doit être différent j’imagine.

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Noemi ○ Eleonor

« Ah, mince. » Ouais, « mince ». Leo ne s’était pas vraiment attendue à cette réponse, mais elle ne lui en voulait pas. De toute façon, il n’y avait pas de bonnes réponses à ce genre d’annonce. Et puis, si les rôles avaient été inversés, Leo n’était pas certaine qu’elle aurait trouvé les mots justes. C’est juste que ça faisait bizarre comme réponse « Ah, mince ». Genre « T’as perdu tes clés ? Ah mince, c’est bête ».  Eleonor s’excusa d’avoir cassé l’ambiance, embarrassée. C’est vrai que l’alcool aidait un peu à parler, à se dévoiler davantage mais ce n’était pas forcément une bonne chose. « Mais non t’inquiète ! » Noemi sourit, ce qui la rassura un peu ; apparemment, elle ne l’avait pas effrayée. « T’es gentille » Trop gentille, même. Peut-être avait-elle une bonne étoile, finalement.  « Tu as besoin d’en parler ? Tu sais, moi aussi ma mère n’est plus là. » Leo haussa les sourcils, surprise. Elle n’avait jamais rencontré quelqu’un ayant un vécu similaire au sien – ou plutôt, comme elle n’en parlait à personne, elle ne se doutait pas qu’elle n’était pas la seule orpheline du pays. Il y avait ses frères et sœurs, bien sûr mais ce n’était pas pareil, elle ne pouvait pas leur parler. C’était trop dur, chacun vivait la situation trop différemment pour qu’ils puissent se comprendre. « Sérieux ? » Elle était réellement surprise. Noemi avait l’air tellement bien dans sa peau, elle ne s’en serait jamais doutée. Ou peut-être que tout cela était une comédie, comme pour elle. Ca lui faisait tellement bizarre de s’ouvrir ainsi, à une fille qu’elle connaissait à peine en plus. Et en même temps, ce n’était pas si terrible. « J’suis désolée. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » Bon, elle devait avouer qu’elle préférait l’écouter raconter son histoire plutôt que de raconter la sienne. Elle avait déjà la gorge nouée, rien qu’à imaginer lui en parler. Ca faisait plus de six mois qu’elle gardait tout pour elle, qu’elle ne versait pas une larme, elle risquait d’imploser à n’importe quel moment. « Et… Comment tu fais ? Je veux dire… Moi j’arrive pas à oublier. J’essaye, j’essaye vraiment mais ça me fait tellement mal… » Sa voix se brisa sur ses derniers mots, les larmes commençant à lui monter aux yeux. Bien sûr qu’elle n’arrivait pas à oublier sa mère. Comment l’oublier, en même temps ?

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Noemi ○ Eleonor

Tentant de comprendre ce qu’il se passe avec ses parents, la jeune fille ne tarde pas à m’expliquer que sa mère n’est plus là, et que le fameux frère a qui j’ai envoyé un sms est aussi son tuteur. Elle s’excuse d’avoir casser l’ambiance, et je secoue vivement la tête en la rassurant. « T’es gentille » Je lui souris, et ne tarde pas à lui proposer de m’en parler un peu, en lui expliquant que moi aussi, j’ai perdu ma mère. Je ne suis pas un dragon qui obligerait cette gamine, ou plutôt sa victime à l’obliger de parler, et c’est pour ça que je n’insisterais pas. Elle semble surprise, et ça ne m’étonne pas vraiment. Peu de personnes s’imaginent que j’ai été adoptée et seules celles qui me connaissent vraiment arrivent à le percevoir. J’attrape mon élastique autour de mon poignet pour me faire une queue de cheval histoire d’être plus à l’aise, et me tourne vers elle quand elle recommence à parler. « J’suis désolée. Qu’est-ce qu’il s’est passé ? » J’hausse un peu les épaules. Je ne sais pas trop par où commencer. Mon périple a été long, que ce soit lorsque j’ai été abandonné ou quand j’ai été adopté. Ne jamais trouver ma place dans ma famille adoptive, me sentir comme un déchet. C’est assez différent de cette fille, parce qu’elle, elle aimait sa mère. Elle en avait une. Moi je ne sais pas vraiment si j’en ai réellement eu une un jour, alors je décide de prendre sa question autrement. « Je n’ai jamais eu de mère. J’ai été abandonné, ma mère était une… une pute. Tu vois le truc ? Bref, elle a pas assumé. » Je soupire. « J’ai été adopté, mais j’ai jamais vraiment eu de mère. C’est comme si elle n’avait jamais été là. Que ce soit ma mère adoptive ou biologique. » Je lui souris, et me lève un peu pour venir m’asseoir près d’elle, manquant presque de faire tomber mon téléphone de ma poche. Je le pose sur la surface sécurisée de la table basse,  à côté de celui de la jeune fille, et m’assoie enfin. « Et… Comment tu fais ? Je veux dire… Moi j’arrive pas à oublier. J’essaye, j’essaye vraiment mais ça me fait tellement mal… » Sa voix se brise, et je grimace un peu quand je regarde l’humidité s’installer dans ses yeux. Instantanément, je pose ma main sur son épaule, pour la rassurer. « Eleonor, tu n’oublieras pas ta mère. Elle t’a aimé. Plus que tout j’en suis sûre. » Je lui souris, et glisse ma main sur sa joue pour essuyer une larme. « Il ne faut pas que tu te concentre sur ça, tu dois vivre ta vie, c’est ce qu’elle voudrait pour toi. Et puis y penser ça te rend mal, et ce n’est pas ce que ta mère veut. » Je lui souris.

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Noemi ○ Eleonor

« Je n’ai jamais eu de mère. J’ai été abandonné, ma mère était une… une pute. Tu vois le truc ? Bref, elle a pas assumé. J’ai été adopté, mais j’ai jamais vraiment eu de mère. C’est comme si elle n’avait jamais été là. Que ce soit ma mère adoptive ou biologique. » Leo écoutait Noemi avec attention, ou du moins avec autant d’attention qu’elle pouvait donner dans son état. Elle se sentait de plus en plus fatiguée, à cause de l’alcool mais aussi à cause de toutes les émotions qui la submergeaient. « Oh… » fut tout ce qu’elle parvint à dire. Leur histoire respective était dramatique mais très différentes, et c’était difficile pour elle d’imaginer ce que Noemi avait traversé et ressenti. C’est pourquoi elle décida d’en apprendre un peu plus sur sa façon de gérer le deuil, même si ce n’était pas le même genre de deuil qu’elle. « Eleonor, tu n’oublieras pas ta mère. Elle t’a aimé. Plus que tout j’en suis sûre. » Noemi était maintenant assise à côté d’elle, une main sur son épaule et un sourire qui se voulait rassurant. Leo ferma les yeux un instant et se mordit les lèvres, essayant de reprendre ses esprits. « Il ne faut pas que tu te concentre sur ça, tu dois vivre ta vie, c’est ce qu’elle voudrait pour toi. Et puis y penser ça te rend mal, et ce n’est pas ce que ta mère veut. » Une partie d’elle avait envie de lui crier qu’elle n’en savait rien de ce que sa mère voulait ou non, et l’autre avait juste envie de se reposer un peu et de croire à ces belles paroles. « T’as peut-être raison…Je sais pas, j’ai plus trop envie d’en parler. » Leo avait vraiment du mal à s’ouvrir, et quand elle le faisait, ça ne durait que quelques minutes avant qu’elle ne se referme comme une huître. Mais elle ne voulait pas non plus blesser Noemi, ce n’était pas contre elle. Ses difficultés à en parler commençaient à lui causer des problèmes, notamment avec son père, alors elle n’avait pas envie de se mettre une autre personne à dos. «T’es pas fâchée ? J’suis vraiment fatiguée, ne le prends pas mal » Leo se frotta les yeux, essuyant ses larmes au passage. Elle attendit que Noemi se lève pour s’allonger sur le canapé, prête à aller dans les bras de Morphée. « Noemi… ? » Elle marqua une pause de quelques secondes, avant de reprendre « … Merci. T’es vraiment… Cool. »