we'll be united. (simone)

   

Simone Ocean

quand on est jeune et con.

   
   

les informations en vrac

(FLUO) Couleurs colorées qui teintent la peau, dissimulent les nuances bleutées que prend l’épiderme à la tombée de la nuit glacée. Simone, elle aime quand c’est flashy, que ça lui donne des couleurs, que c’est pailleté et voyant. Simone, elle aime être remarquer, c’est presque un besoin vital. (OCEAN) Lola, elle a peur de l’eau. Les vagues qui lèchent le récifs de leur langue acérée et de température négative, les vagues qui marquent les pierres pour les rendre moins élimées. Le cœur qui se serre devant cette étendue bleutée, horizon qui disparaît peu à peu dans un dégradé de bleu. Simone, elle aime l’eau, elle aime perdre ses mirettes sur les différentes teintes, sur les différents éléments… Mais Simone, elle nage pas. Simone, elle a peur. Simone, elle est phobique, même. (GOODBYE) Lola, elle a déjà aimé. Une fois. Unique, qui reste dans l’cœur comme une petite piqûre de rappel. Elle fait la grande et l’intouchable, la bonne Simone, mais en vérité, elle a eu l’cœur en état d’ébriété. Il était beau, pas forcément friqué, il partageait ses idéaux. Mains enlacées, palpitants qui se murmurent de nouvelles chansons… Mais il s’est moqué. Son myocarde, il l’a piétiné. Il jouait. Il promettait à Simone la prostituée qu’il viendrait l’enlever de son empire de misère, qu’il l’élèverait dans la haute société… Et Simone, elle y a cru. Et Simone, elle est tombée, s’est cassée les dents et les ongles. Opales océanes dévorées par les flammes, écœurées par l’idée d’aimer à en perdre la raison, à en perdre son diapason. Palpitant enfermé dans une cage glacée, intouchable désormais, protégé à jamais. (VOL) Simone, elle a peur de l’eau, mais elle a pas l’vertige. Simone, elle adore les sensations fortes. Des fois, quand elle a l’cœur noyé sous l’chagrin (un chagrin qu’elle comprend pas vraiment), elle s’imagine en train de voler. Les bras lancés dans des directions opposés, les jambes suspendues au-dessus du vide, Simone devient un colibri qui s’élance entre les nuages, apprécie l’aspect cotonneux contre ses joues arrondies. Dans la réalité, Simone n’est qu’une voleuse de pacotille, un caméléon habile qui se joue autant des gens qu’eux se sont joués d’elle un jour… Ou qu’ils le feront plus tard. Elle vole, à sa manière, pour éviter de devenir Icare et sombrer dans la déchéance, crasse d’une ville et d’une vie défavorisée s’accrochant à ses belles plumes toutes en pureté. (CAFÉ) Simone, elle sait pas commencer sa journée sans une tasse de café. Pourtant, ça lui détruit le bide un peu, avec tout le lait qu'elle met dedans. Elle met beaucoup de sucre dedans, et même comme ça, c'est pas vraiment suffisant... La douche achève le processus du réveil. (NORMES) Lola, elle a essayé longtemps, de se cantonner à toutes les belles paroles chantonnées par maman. « Fais-ci. Fais-ça. Fais pas ça. » Et Lola acquiesçait, et Lola essayait… Et Lola n’aimait pas. A côté de ça, le beau et talentueux Aiden Ocean, qui réussissait tout avec brio. Les meilleures écoles qui se l’arrachaient. Simone, elle préférait perdre le bout de ses escarpins coûteux entre les ruelles sales et délabrées, entre les corps occupés à s’alcooliser. Elle préférait être la princesse des rues, la princesse des déchus plutôt qu’une princesse de plus dans ce château doré de style français que se partagent tous les gens fortunés. Simone, ça lui allait pas d’être une courtisane de plus à la cour de Louis XIV. Elle voulait être la meilleure, la plus haute, la plus enviée… Sans avoir à se fouler. (RÊVES ÉTHÉRÉS) La gamine Ocean, elle voulait pas sombrer. Les addictions, c’est pour les pauvres, ceux qui ont une vie loin de celle qu’ils avaient imaginé… Mais tu vois maman (elle s’imagine raconter), la vie que j’ai aujourd’hui, c’est pas forcément celle que j’ai voulu. C’est celle que j’ai eu, que j’ai prise, pour échapper aux griffes de papa. Pour échapper au carcan qui m’étouffait et que tu avais créé. (Elle a l’imagination débordante, Simone, discutant avec elle-même pour recréer des scènes du passé). Alors Simone sombre, Simone attrape une nouvelle bouteille avec un geste expert, enroule ses longs doigts fins autour du goulot délicat et l’amène à ses lèvres. Et elle boit, elle avale, avec plus d’avidité que quand elle se trouve avec des clients. C’en est presque sensuel, quand elle boit… Parce qu’elle boit pour oublier. Qu’elle boit pour rêver. Alcoolique anonyme reconvertie depuis que la rédemption a tapé à sa porte en la personne de Mack. (LIBERTÉ) La vie, pour Lola, ne vaut la peine d’être vécue que si l’on est dépourvu de ses chaînes. Alors Simone, elle a jamais eu envie d’être attachée, que ce soit à une famille, à des amis, à n’importe quoi. Simone, elle a besoin d’ça pour respirer, pour pas étouffer, pour qu’sa tête reste sur ses épaules. Elle a jamais vraiment vidé tous ses cartons en arrivant à Island Bay d’ailleurs, parce qu’elle est toujours sur le qui-vive. Parce qu’elle a besoin de s’dire qu’elle pourra partir dès qu’elle se sera trop attaché… Mais des fois, Simone, elle se sent seule, parce qu’elle s’attache pas vraiment. (ANIMAUX) Simone, elle a toujours voulu avoir des animaux de compagnie. Elle aimerait bien, mais elle a du mal à s'en occuper... C'est déjà difficile de s'occuper d'elle-même alors d'une tierce personne qui réclame à manger trois fois par jours... Un poisson rouge, elle a essayé. Il s'appelait Monsieur Bob et il est décédé le ventre arrondi vers le haut du bocal au bout de quelques jours. Et Simone, elle a été qu'un tout petit peu triste. Elle avait pas eu le temps de l'apprécier, et il était pas très causant. (DANSE) Elle aime toujours bien pourtant Simone de danser. C’est pas comme avant, c’est pas comme ces souliers qui lui défonçaient les pieds. C’est libre, et la liberté, c’est important pour Simone. Elle bouge comme elle veut, ça suit une musique qui lui plaît, qui est dynamique. Ca change rien, ça la dérange pas de se dénuder pour danser. Au final, elle se sent différente quand elle danse. C’est plus vraiment Simone, c’est un être intermédiaire, dénué de tout son passé, de toutes les épreuves douloureuses traversées. Et puis quand la musique s’arrête, la vie reprend, le rêve s’étiole, et ça lui donne un peu envie d’pleurer. Mais Simone, elle pleure jamais, c’est pour les faibles.


   

les indiscrétions sur le joueur

   
   

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<pris>suki waterhouse ›</pris> simone ocean

       

   

l'histoire de ma vie

love me until you'll die.

   Papa et maman et leurs demandes à la con. Les soupirs lascifs qui s’échappent des lèvres rosées quand maman entonne une fois de plus son sermon : « Simone, tu dois aller à l’école de danse. » Et Simone, elle cache pas son désintérêt. Les souliers qui abîment le bout de ses pieds, les tutus trop serrés qui s’insèrent entre ses fesses parfois, les mèches blondes (un peu plus foncées par endroits) qui se hissent devant les mirettes pour l’empêcher de faire des mouvements correcte.
Et la professeur. Stricte, austère, le regard acéré, les lunettes qu’elle remonte sur le bout de son nez comme une bibliothécaire. Simone, elle aime pas ça. Simone, elle préférerait sans doute faire de la musique… Quoi que, pas du piano. De la guitare. Electrique, qui défonce les tympans. Un truc bien rock, un truc dans son genre.
« Tu t’es encore faite remarquer, Simone. » elle ronchonne maman. Et papa il exprime son soutien, la toise d’un regard noir. A l’école, c’est pas trop ça non plus. Simone, elle fait un peu exprès… Parce que Simone, ça lui va pas, cette vie bien rangée qu’on a prévu pour elle. Parce qu’elle est née dans une bonne famille, elle doit être parfaite ? Mais être parfaite, c’est fatiguant, éreintant. Aller à des cours supplémentaires en rentrant de l’école primaire, avoir le sentiment que sa tête va exploser… Travailler pour être la première de la classe en rentrant tard le soir, se coucher quand la lune est haute parce que travailler c’est plus important que dormir. « Mais je suis qu’une enfant… » elle aimerait rétorquer. Sauf qu’elle peut pas. Papa et maman, c’est les monstres de Simone. Simone qui ouvre toujours trop sa grande bouche pour déblatérer un tas de conneries et d’insanité, débauche au bout des lèvres et des seins… Simone qui ose jamais rien dire quand papa et maman la fixent avec ce regard qu’ils ont toujours, juste avec elle.
Puis Simone, elle a un frère. Et lui, il est jamais embêté par maman et papa, jamais regardé comme Simone par eux… Lui, il est parfait. Y’a l’envie et la jalousie qui lui dévorent les entrailles, grignotent sa raison et sa bonne volonté. Simone, elle a pas été faite dans l’même moule… Simone, elle préfère les rues délestées, les rues dévastées, les âmes déchiquetées et déchirées par les regrets, les endroits moches, sales et dépourvus d’humanité dans la ville. Ces endroits où les mecs menaçants sont autant présents que les chiens errants.
Et puis Papa, des fois, il vient dans son lit. Il fait rien de très répréhensible, rien de trop grave mais y’a ses doigts qui suivent les courbes de Simone, s’en amourachent un instant pour finalement les délaisser et continuer son exploration. Simone, elle en a assez. L’école, c’est pas pour elle. La cuillère en or dans la bouche, c’est pas pour elle. Simone, elle étouffe. Simone, elle meurt d’être trop protégée. Et puis on en parle pas, de tous les à côté, de Papa qui s’insinue toujours à ses côtés à la nuit tombée. Non, ces choses là, on en parle jamais… « Pourquoi t’es pas contente, pourquoi t’es pas heureuse Simone ? T’es issue de la jeunesse dorée » qu’on arrête pas de lui rabâcher. « Oui mais la jeunesse dorée c’est pas aussi beau et facile qu’il n’y paraît » elle finit toujours par lâcher. Elle dit rien de plus, elle veut pas être plainte…

Et à seize ans, c’est la coupe pleine d’une eau croupie. A seize ans, elle en peut plus, Simone, de devoir cacher le démon qui grignote son âme et de devoir jouer les anges alors qu’elle est déchue. Simone quitte la maison, Simone quitte tout. Et elle se sent libre pour la première fois de sa vie, joli colibri goûtant enfin à une liberté tant désirée, si chérie. Mais le colibri n’est pas habitué à pouvoir voler de ses propres ailes, le colibri n’est pas habitué à ne plus avoir de l’argent qui tombe facilement et qu’il n’a qu’à ramasser… Alors Simone tombe. Simone se heurte à la réalité, et elle se blesse.
A dix-sept ans, elle utilise ses courbes affriolantes comme moyen de gagner sa vie. Elle offre les orgasmes et la jouissance sur un plateau, corps violé, corps déprécié, corps usité. Un objet, voilà tout ce que c’est… Les fluides qui se mêlent, les souffles qui s’emmêlent, les cuisses écartées à en avoir des crampes, l’habitude qu’elle ne parvient pas à prendre. Et le goulot des jolies bouteilles qu’elle case entre ses lèvres pulpeuses pour oublier tous ces corps qui l’ont possédé. Elle est pas triste, Simone, c’est trop une battante pour ça… Mais elle est désillusionnée. La vie, c’était facile avant. Chiant, nul, mais facile. Et elle brûle de retrouver ça, Simone. Elle veut pas galérer toute sa vie, elle veut pas être dégoûtée de l’amour entre deux corps, deux comètes qui s’entrechoquent.
Elle doit faire quelque chose. Ca ne suffit pas, les quelques billets qu’elle parvient à cacher sous l’oreiller après que l’homme se soit enfuis, les râles de plaisir décadents avec lui, le regard dédaigneux posé sur la pute juste bonne à sucer, à aimer, à se faire défoncer. C’est la réalité du métier… Alors Simone, elle réfléchit. Être pute, ça la pèse. Être pute de luxe, c’est plus évident pour se faire de l’argent. Le truc, c’est que Simone elle est pas assez intelligente pour envisager de faire autre chose de sa vie… Simone, elle a même pas de diplômes.
Simone, elle commence à mentir. « Je m’appelle Ruby, j’ai vingt-trois ans. Je suis escort. » qu’elle déblatère. Elle dit vingt-trois quand elle atteint à peine et difficilement les vingt. Elle est bonne Simone, on lui a toujours dit depuis le collège et même le lycée… Ca fait longtemps que c’est devenu une femme. Et être pute de luxe, c’est plus gratifiant. Les hommes sont plus respectueux (ils paient plus cher), et des fois, Simone elle a même pas besoin de découvrir la poitrine et d’offrir sa peau laiteuse à des mains baladeuses. Des fois, Simone, elle accompagne juste un homme riche qui l’habille un peu mieux dans des réceptions mondaines… Mais c’est rare. On a pas tous la chance d’être pretty woman. Elle attend patiemment de trouver le bon pigeon qui lui offrira un paquet d’argent sur un plateau, qui s’amourachera de la manipulatrice aux yeux de biches… De découvrir un secret dont elle pourra tirer parti pour finalement exiger une pension alimentaire conséquente et se faire entretenir pour le reste de sa vie.
Simone, elle pensera à l’amour plus tard, quand elle pourra se le permettre.
Elle commence à piquer de l’argent à côté, voire quelques cartes bancaires qu’elle fera flamber avant que cette dernière ne soit invalidée. Jusqu’à ce qu’elle vole le con de trop, qu’elle commence à se faire un nom alors qu’elle changeait tout le temps d’identité. Simone, c’est un caméléon en apprentissage, mais elle est pas encore si douée… Alors elle fuit, pour éviter d’avoir les flics à dos, pour éviter de devoir rembourser. Parce que Simone, elle a déjà tout dépensé. Simone, elle voit jamais très loin.

Elle arrive en Nouvelle-Zélande, à Island Bay, dans le but de tout recommencer. Sa famille n’existe plus à ses yeux, puisqu’ils n’ont jamais cherché à avoir de ses nouvelles ou même à l’aider. Elle avait souhaité s’émanciper ? Grossière erreur. Elle était morte à leurs yeux, et faisait tout pour les oublier… Chose qui n’était pas véritablement compliquée.
Et puis elle est apparue, la blonde. Mack. Simone qui montre les crocs à l’idée qu’elle lui pique son trottoir et ses clients. Elle a vingt-huit ans, la jeunesse qui flétrit lentement. Et Mack, elle lui propose d’arrêter de vendre son corps, d’offrir ses seins à la vue de tout un chacun, de se geler les miches dans des jupes trop courtes. Elle lui propose de se dévêtir dans un endroit chauffé, un endroit où elle pourra danser. Simone, elle a jamais aimé la danse classique, mais la danse de striptease c’est pas la même chose. La danse qu’elle propose à présent est plus sensuelle, plus libre… Et la liberté, y’a que ça qui lui tienne vraiment à cœur, Simone.
Mack, elle tient ce club (le Sapphire) avec quelqu’un d’autre : Rhys. Elle est véritablement reconnaissante, Simone, de l’opportunité qu’ils lui ont offert. Même si elle offre toujours sa peau pâle aux mirettes désireuses d’y poser les doigts et d’y imprimer leurs empruntes, elle n’accuse plus les longues nuits à se regarder dans un miroir et à n’y voir qu’un bout de viande qu’on se prête. Et puis elle aime bien, Simone, être regardée… Elle a oublié comment on faisait, quand on était qu’une inconnue parmi tant d’autres. Mais récemment, Simone a eu une nouvelle idée. Et souvent, les idées de Simone sont fort bonnes, mais finissent rarement de la manière qu’elle l’avait espéré. « Tant pis ! » qu’elle s’est dit. « Faut tenter » qu’elle a ajouté. Elle a bien flairé que Rhys a de l’argent, que Rhys est plutôt avenant… Même s’il y a quelque chose entre Mack et lui, Simone est déterminée : Rhys lui appartiendra bientôt, lui offrant un diamant et une vie aisée en quelques baisers enfiévrés échangés. Il va l’aimer, il ne peut pas en être autrement…
Le plan est lancé.
Les destins seront bientôt scellés.