Joel Williams ~ Despite all my rage I am still just a rat in the cage

Joel Williams

An eye for an eye will only make the whole world blind

les informations en vrac

› J’ai quitté mon Canada natal pour tirer un trait sur mon passé, ou du moins essayer de l’oublier. Même si au fond je sais que c’est impossible, me coucher dans ce même lit, parcourir les mêmes parcs, sentir les mêmes odeurs… Sans elle… Je ne peux plus.

› Je m'interdis toute forme de sentiment depuis le drame. Prendre le risque d’aimer, de vivre pour l’autre, à travers l’autre. Pour au final tout perdre brutalement. Je ne suis pas physiquement mort, mais je « vis » comme tel depuis. Ne plus jamais ressentir cette douleur, quitte à ne plus rien ressentir du tout.

› J’ai une peur maladive des clowns (mais ça c'est secret !). Ça remonte à mon enfance. Un goûter d’anniversaire, une fête surprise organisée par mes parents. Un clown. Le clown, classique en apparence, visage blanc, gros nez rouge, sourire démesurément grand etc… et surtout une trop grosse dose de crack dans les narines. Le voilà débouler derrière moi, le maquillage en vrac comme si son visage venait de fondre à l’acide. Il me poursuit en aboyant, de la bave plein la gueule, agitant ses mains pour m’attraper… Bordel j’ai cru y passer, jusqu’à ce qu’il se fasse stopper net par le gros poing de mon père en plein dans son pif. Alors oui c’était la drogue, mais le traumatisme reste là et la simple vision d’un clown me donne envie de chialer comme une fillette.

› Mes parents sont morts jeunes. Mon père une partie de chasse qui tourne mal, une cartouche en pleine tête. Et ma mère un foutu cancer des poumons. Fulgurant. Elle n’avait jamais touché une clope de sa vie. L’ironie du sort qu’elle disait. Orphelin à 16 ans, veuf à 45.

› A mon retour de la guerre d’Irak en 2010, toutes ces choses que j’ai vu, toutes ces horreurs, ça m’a bousillé. J’ai dû tuer de mes propres mains, des pères, des frères, des fils… Comme l’humanité a pu en arriver là bordel… Je n’étais plus le même homme, je faisais bonne figure au début, pour elle. Puis j’ai commencé à devenir agressif, à m’en vouloir d’avoir cette vie si parfaite, si confortable. Alors j’ai commencé à boire, beaucoup. La journée j’allais au bar, d’autres anciens soldats s’y trouvaient aussi. On se racontait nos histoires, buvant à la santé de ceux qui n’avaient pas eu notre chance. Tu parles d’une chance…  

› Mon psy est le seul à qui je parle de tout ça. L’armée m’y a forcé. Comme si ça pouvait changer quelque chose. Ce qui est vu est vu, ce qui est fait est fait. Une partie de moi est morte à mon retour… et l’autre… avec elle.

› Si je devais citer mes qualités, hm… pas facile. Je pense être quelqu’un de confiance. Encore faut-il que quelqu’un ressente l’envie de se confier à moi.  Honnêtement pour le reste, je vois pas.

› J’ai un tatouage sur la cuisse droite. Je ne saurais pas dire ce qu’il représente. Je me suis réveillé avec un matin, l’autre soldat retraité n’en avait aucun souvenir non plus. Parfois les blackouts ont du bon, parfois moins.

› Je passe beaucoup de mon temps à faire du sport. Non pas pour cultiver mon corps comme tous ces minots de la télé, mais parce que c’est la seule chose qui me canalise. La seule chose qui m’empêche de foutre mon poing dans la gueule du premier connard venu. Je passe toute ma rage là-dedans.

› Je veux reprendre une activité. Je ne vois pas laquelle. Je n’ai fait que tuer pendante plusieurs années. Et entre nous qui voudrait embaucher un ancien marines alcoolique et dépressif ?

les indiscrétions sur le joueur

Code:

<pris>Hugh Jackman ›</pris> joel williams

   

l'histoire de ma vie

An eye for an eye will only make the whole world blind

"Alors Joel, prêt pour le départ ? Pour une nouvelle vie ? Comment vous sentez-vous depuis notre dernier entretien ?"

Par où commencer doc, ma femme me manque. Ma fille me manque, ce qui me manque le plus c’est de n’avoir jamais eu l’occasion de lui dire je t’aime et de la serrer dans mes bras.

Comment je me sens ? Coupable. Coupable de ne pas avoir été là à temps, coupable d’avoir trop picolé pour venir la chercher à la sortie du boulot. Coupable qu’elle se soit fait renverser par un foutu ivrogne dans mon genre enceinte de notre fille. Encore deux mois et je pouvais la serrer dans mes bras. Juste deux petits mois…

Sans cesse ce même rêve où ce flic m’appelle, Mr Williams votre femme a eu un accident, vous devriez venir à l’hôpital rapidement. Et je ressens tout, chaque sensation, chaque vertige que j’ai pu ressentir ce jour-là. Mon cœur qui s’est mis à taper tellement fort que j’ai cru en mourir, ma tête a tourné comme après une grosse cuite, mais je n’en étais qu’à ma cinquième bière… Je revois ce taxi réticent que j’ai dû menacer pour qu’il m’emmène voir ma femme.

Ma femme… ou plutôt son corps, sans vie. Je suis désolée Mr Williams, elle est décédé à son arrivée. Je ressens la douleur physique de mon poing contre le mur, comme si chacune de mes phalanges venaient de se briser. C’était le cas de deux d’entre elles. La douleur mentale, plus violente que n’importe qu’elle autre douleur, celle qui t’arrache les tripes, celle qui te donne la gerbe tellement t’as mal. C’est comme si ton corps se vide de son sang, t’as froid, et ces oreilles qui bourdonnent putain, ça s’arrête pas. Jusqu’à devenir fou.

Je revois son corps frêle, presque pas amoché, juste quelques petites coupures et autres ecchymoses à la con. Comment peut-on mourir en ayants si peu de blessures, c’est impossible. Son petit ventre de femme enceinte encore tout rond. L’enfant non plus n’a pas survécu je suis désolée… On n’y croit pas sur le moment. On refuse d’y croire. On voudrait se réveiller, c’est forcément un cauchemar, ça n’arrive qu’aux autres ça. Ça n’arrive qu’aux autres, jusqu’au jour où…

Alors maintenant ma vie c’est quoi doc ? Je viens vous voir une fois par semaine, depuis deux mois. Vous savez quel jour on est ? Ma fille aurait dû naitre aujourd’hui. Et moi je suis là, dans se fauteuil miteux, face à vous vieux bonhomme qui ne pensez qu’au joli chèque que je vais vous laisser. Je ne suis rien pour vous. Vous pensez probablement à ce que vous allez bien pouvoir faire en sortant. Qu’est-ce que votre femme vous aura fait à bouffer ce soir ? Vous priez surement pour ne pas avoir à bouffer les restes. Tout ça n’a tellement pas d’importance. Tous nos petits tracas, nos questions existentielles, suis-je assez mince, musclé, ai-je assez de pognon jusqu’à la fin du mois… tout ça n’a pas la moindre foutue importance.

Pourquoi faut-il avoir tout perdu pour en prendre conscience…
Alors oui je pars. Mais je ne commence rien, je suis déjà mort.

"Je vais bien."